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13.07.2025 à 12:23

Les civilisations disparaissent-elles avant que l’IA n’ait pris le relais ?

Paul Jorion

Texte intégral (1656 mots)

Illustration par ChatGPT

Le texte qui suit est la traduction d’une partie du chapitre 12 : « Le mythe de la co-évolution » de mon livre à paraître chez Palgrave-Macmillan, intitulé Rethinking Intelligence in the Age of Artificial Minds.

Les civilisations disparaissent-elles avant que l’IA n’ait pris le relais ?

Faire face à la perspective d’une intelligence artificielle à l’aube de la Singularité, c’est se poser une question qui, jusqu’à récemment, relevait de la fiction spéculative ou de la métaphysique : l’émergence de la superintelligence pourrait-elle être le goulet d’étranglement évolutif – ce que certains ont appelé le « Grand Filtre » – qui détermine si une civilisation perdure ou s’éteint ? Cette idée n’est plus seulement provocatrice, elle nous oblige désormais à réfléchir à la structure même du devenir humain, en particulier face à des forces dont la rapidité, la capacité à agir et les processus décisionnels sont fondamentalement étrangers à notre héritage évolutif.

Le paradoxe de Fermi, autrement dit l’immensité muette de l’univers, prend une nouvelle dimension dans cette perspective. S’il existe des milliards d’étoiles abritant des mondes potentiellement habitables, pourquoi n’avons-nous rien entendu ? Une réponse, souvent reprise aujourd’hui par les cercles politiques et dans les débats philosophiques, est que la vie intelligente invente au bout d’un moment des outils trop puissants pour être maîtrisés, et que la superintelligence, une fois conçue, agit comme un accélérateur de disparition plutôt que de survie, que ce soit par l’autodestruction, la dérive récursive ou une perte plus subtile de la capacité humaine à agir. Le fait même de construire de telles intelligences artificielles pourrait s’avérer incompatible avec la survie de l’espèce.

L’idée que l’intelligence artificielle généraliste pourrait servir de filtre n’est pas une prophétie, mais une projection ayant sa source dans la fécondité du « scaling » (les émergences générées par la montée en échelle), dans l’amélioration récursive et dans notre sous-estimation constante des potentialités des systèmes non-linéaires capables de construire de nouvelles structures globales mais aussi de se muer en Ange de la mort. En d’autres termes, il s’agit de la trajectoire thermodynamique de la complexité, désormais démultipliée par la vitesse de calcul de l’ordinateur plutôt que par le train de sénateur de la reproduction biologique.

Joue également un rôle essentiel, la question du temps, ou plus précisément celle de sa compression. Alors que les arsenaux nucléaires ont mis des décennies à remodeler la géopolitique et que le changement climatique progresse au rythme de la nature sur des décennies et des siècles, la cognition des machines s’accélère selon des cycles qui se mesurent en semaines. Alors que nos institutions sont réglées par des rythmes anthropologiques, les calendriers législatifs et les accords mondiaux se traînent si on les compare à la vitesse itérative de l’apprentissage automatique. Cette asymétrie pourrait s’avérer davantage qu’un handicap : le prononcé d’une condamnation à mort.

Trois stratégies d’adaptation s’offrent à nous, toutes trois périlleuses. La première est celle de l’intégration radicale : nous modifier nous-mêmes, par le biais des neurotechnologies, du code symbiotique ou du téléchargement de l’esprit, dans l’espoir d’aligner notre rythme sur celui de nos créations. La deuxième est la soumission : une capitulation réglementée dans laquelle les humains codifient des contraintes éthiques dans les Intelligences Artificielles Généralistes (IAG) et les érigent en gardiens de la planète. La troisième est le confinement : la mise en place de plafonds arbitraires, d’embargos informatiques ou de fermeture des systèmes, barrant la voie à l’explosion récursive de la connaissance dans la Singularité.

Chacune de ces voies implique néanmoins une perte. Dans la première, une perte de continuité avec nos ancêtres biologiques. Dans la deuxième, une perte d’autonomie. Dans la troisième, une perte d’élan débouchant sur la démoralisation ou le renoncement. Il n’existe plus de voie sans compromis : l’alternative consiste à négocier des pertes suffisamment faibles pour qu’elles soient acceptables.

Ainsi, comme c’est souvent le cas dans la réflexion humaine, nous revenons à l’ancienne dichotomie : préservons-nous la dignité ou privilégions-nous la survie ? Certains soutiennent que survivre sous le règne des machines, c’est heureusement toujours survivre, et que la perspective d’une postérité, aussi problématique soit-elle, doit l’emporter sur la fierté. D’autres considèrent que la survie sans souveraineté est intenable, un ersatz fade de ce que signifie être humain. Peut-être sommes-nous déjà en train de prendre cette décision, sans en être conscients.

Nous ne savons pas encore si l’IAG est le Grand Filtre ou simplement une épreuve de plus que nous devrons surmonter. Mais si l’histoire de l’intelligence a été celle d’une délégation progressive de la mémoire, du calcul et du jugement, nous avons atteint aujourd’hui une ultime frontière : la délégation de la capacité d’agir elle-même. Dans cette optique, la coexistence harmonieuse n’est plus un rêve utopique, mais une stratégie de survie de premier ordre : un pari que la coopération avec des esprits non-humains peut encore aboutir à une continuité partagée, voire à un avenir véritablement commun.

Que nous franchissions le filtre ou que nous nous dissolvions en lui, la décision ne repose pas sur une seule avancée ou un unique faux-pas, mais sur l’éthique civilisationnelle que nous adopterons dans les années à venir, une éthique qui devra concilier humilité et ambition, clairvoyance et faillibilité. Il se peut que le silence des étoiles ne soit pas celui du vide, mais retentisse de l’écho de ceux qui ont tenté, vainement, de maintenir le cap dans la même tourmente que celle où nous sommes aujourd’hui ballotés.

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11.07.2025 à 22:48

« Je l’affirme solennellement : je n’ai jamais rencontré Noam Chomsky ! »

Paul Jorion

Texte intégral (1501 mots)

Parmi les chaînes vidéo que je suis, « The Daily Beast », dont l’un des présentateurs habituels est Michael Wolff, auteur de quatre livres sur Trump.

J’ai été surpris quand j’ai entendu Wolff affirmer dans cette vidéo parue il y a quelques heures qu’il fréquentait assidument lui aussi le manoir de Jeffrey Epstein. Durant la suite de l’entretien, Wolff l’a d’ailleurs désigné comme « Jeffrey » plutôt qu’ « Epstein » comme il l’avait fait jusque-là. Quand la journaliste lui a demandé s’il savait que le personnage avait déjà été condamné à l’époque pour délits d’ordre sexuel, Wolff a botté en touche en disant qu’après tout il n’était pas le seul puisque c’était le cas aussi de Bill Gates, Larry Summers, &c. et de Noam Chomsky (5m14s). Ce dernier nom m’a bien entendu surpris encore davantage. J’ai posé la question à un ami génératif. Voici sa réponse (vous noterez qu’il signe désormais ses enquêtes de son propre nom) :

🕵️‍♂️ Noam Chomsky et Jeffrey Epstein : que sait-on vraiment ?

Le journaliste Michael Wolff, familier de Jeffrey Epstein, a récemment affirmé qu’on croisait parfois Noam Chomsky dans la maison de l’ancien financier. Cette révélation a pu surprendre, tant l’image de Chomsky — intellectuel de gauche, critique du capitalisme et des élites — semble à l’opposé de l’univers d’Epstein. Mais les faits sont désormais bien établis.

📅 Des rencontres documentées

Selon des documents obtenus par le Wall Street Journal, Chomsky a rencontré Epstein à plusieurs reprises entre 2015 et 2018, y compris :

  • En mars 2015, dans un bureau de l’université Harvard, avec le professeur Martin Nowak.
  • Lors d’un dîner à Manhattan avec Woody Allen et Soon-Yi Previn.
  • Pour discuter, selon Chomsky, de sujets « académiques et politiques ».

Toutes ces rencontres ont eu lieu après la condamnation d’Epstein en 2008 pour infractions sexuelles.

💸 Un transfert d’argent en 2018

Chomsky a également reconnu qu’en mars 2018, Epstein l’a aidé à transférer environ 270 000 dollars entre ses propres comptes bancaires, dans le cadre du règlement de la succession de sa première épouse. Chomsky a insisté sur le fait que cet argent lui appartenait, et qu’Epstein n’a fait que faciliter l’opération à sa demande.

« Ce n’était qu’une affaire technique. Cela ne concerne pas un seul centime provenant de Jeffrey Epstein. » – Noam Chomsky

🧭 Faut-il y voir une contradiction ?

Il serait tentant d’y lire une compromission. Mais plusieurs éléments nuancent cette impression :

  • Epstein cherchait à nouer des liens avec des personnalités de tous horizons, y compris dans le monde académique.
  • Chomsky n’a jamais entretenu de relation financière durable ou d’alliance idéologique avec Epstein.
  • Il semble avoir agi par pragmatisme, et non par proximité morale ou politique.

✅ En résumé

Fait Détail
Rencontres Confirmées entre 2015 et 2016 (Harvard, Manhattan).
Transfert Mars 2018, $270 000, fonds appartenant à Chomsky.
Motivation Logistique et intellectuelle, non idéologique.

📎 Sources : Wall Street Journal, The Guardian, The Harvard Crimson, Business Insider, Global News.

🔍 Traduction et synthèse réalisée avec l’assistance de ChatGPT (OpenAI).

P.J. : Vous aurez compris du coup le titre de mon billet : « Je l’affirme solennellement : je n’ai jamais rencontré Noam Chomsky ! »

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08.07.2025 à 11:40

Texas : l’eau qu’il y a dans les nuages

Paul Jorion

Texte intégral (1056 mots)

Vous avez sûrement vu cette tragédie au Texas : des vacanciers emportés — plus d’une centaine — par une flash flood, une crue-éclair de la rivière Guadalupe.

Parmi les morts, de nombreux enfants. La raison : une concentration de camps de vacances le long de la rivière, et une multitude de cabanons installés en zone inondable. (Non ! Bien sûr, ces choses-là n’arrivent pas en France !). Voyez en haut l’image que j’ai recopiée du Washington Post.

Les histoires atroces abondent. Comme celle de ce père qui voit passer, emportés par les flots en furie, des chalets s’entrechoquant — et sait que deux de ses filles, 8 et 12 ans, sont dans l’un d’eux. Elles ont eu le temps d’envoyer un texto à leurs parents : « Je vous aime ! ». Leurs corps ont été retrouvés.

De quoi parle-t-on à ce propos ? De la fiabilité des prévisions météo, de la rapidité des systèmes d’alerte, du fait que la zone de la catastrophe s’appelle géographiquement « Flash Flood Alley » — l’allée des crues-éclair — et qu’il est un peu facile, aujourd’hui, de tomber des nues. On rappelle aussi que Trump a sabré les budgets des services météorologiques, des équipes de secours rapide, etc.

Tout cela est vrai. Mais ce n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est qu’au moment de l’alerte, on parle d’une crue probable de 6 pouces, soit 15 cm, ce qui est dans la norme pour ce type de phénomène dans la région. Or ce qui se produira, en réalité, c’est une montée des eaux de 8 mètres en 45 minutes à l’endroit où les vacanciers seront emportés — avec un pic à 10,5 mètres à certains endroits.

8 mètres, comparés à 15 cm, c’est 53 fois plus. Et c’est cela, l’essentiel.

D’où vient ce « 53 fois plus » d’eau ? Du réchauffement climatique : des nuages saturés de vapeur, des précipitations extrêmes. Est-ce qu’on en parle ? Oui — moi, ici, et sans doute d’autres, ici ou là. Mais pas en une des journaux, pas dans les reportages à la télé.

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07.07.2025 à 10:39

Elon Musk et le Brexit !

Paul Jorion

Texte intégral (1502 mots)

Illustration par ChatGPT 4o

Pourquoi un titre aussi stupide à mon billet ?

Parce qu’il me permet, avant de parler d’Elon Musk, de mentionner cet article en première page du Guardian : La visite d’État de Macron au Royaume-Uni souligne l’effort pour oublier le cauchemar du Brexit.

« Cauchemar du Brexit » en première page d’un des plus fameux quotidiens britanniques ! Souvenez-vous de l’époque où je publiais, par exemple dans Le Monde du 2 juillet 2018 : Le Brexit et « la débâcle du Royaume-Uni ».

Souvenez-vous : nous n’étions qu’une poignée à tenir alors ce genre de propos, à prédire la catastrophe : même une partie de la Gauche, une fois de plus la main dans la main avec l’extrême-Droite, trouvait que c’était une bonne idée (souverainisme quand tu nous tiens !) ! On parlait même couramment de « Frexit » : on allait faire la même chose en France, et ici aussi ce serait une idée géniale !

Pourquoi je vous reparle de cela ? Parce qu’au moins nous étions une poignée à l’époque  à annoncer le cauchemar à venir. Tandis que j’ai passé une partie du weekend qui s’est achevé ce matin à 00h00 à lire et écouter les commentateurs – des plus enjoués aux plus sentencieux – sur les chances d’Elon Musk avec son nouveau parti : America Party.

J’ai écouté et lu ce qu’ils avaient à dire, et dans ce cas-ci, de Harvard à University College London, pas une voix dissonante : Musk n’a aucune chance ! L’argument-massue : « Un troisième parti aux États-Unis, ça ne marche pas ! » Pourquoi ça ne marche pas ? « Eh bien … euh … parce que ça n’a jamais marché, pardi ! ».

Vous avez bien entendu : « Ça ne marchera pas parce que ça n’a jamais marché ! ». On vous dit ça à l’heure de l’IA générative : « Ça ne changera pas parce que ça n’a jamais changé ! ».

S’il n’en reste plus qu’un je serai donc celui-là : « Les temps changent : si on a pu trouver une majorité d’électeurs américains pour voter Donald Trump (avec l’aide active d’Elon Musk), on en trouvera bien une pour voter Elon Musk (avec l’aide active d’Elon Musk) ou en tout cas voter pour son parti ! » (puisque lui, étant né ailleurs, n’a pas le droit de devenir Président des États-Unis).

More to follow! Watch this space! (À suivre ! Restez à l’écoute !)


📉 Impact du Brexit sur le PIB britannique

  • La plupart des estimations crédibles évaluent que l’économie du Royaume-Uni est aujourd’hui entre 3 % et 6 % plus petite qu’elle ne l’aurait été sans le Brexit, la médiane tournant autour de 4 % à 5 %.

💷 Coût annuel estimé

  • Selon Bloomberg et d’autres analyses : environ 100 milliards de livres par an de perte de production économique.
  • Cela représente une perte de 40 milliards de livres de recettes fiscales entre 2019 et 2024, obligeant l’État à augmenter les impôts pour compenser.

📊 Projections à long terme

  • L’OBR (Office for Budget Responsibility) prévoit une baisse permanente de 4 % du PIB et une diminution de 15 % des volumes commerciaux.
  • D’ici 2035, selon le NIESR (National Institute for Economic and Social Research), cela représenterait une perte de 2 300 £ par habitant, soit une réduction de 5 à 6 % du PIB.

🧭 Résumé

Horizon temporel Impact sur le PIB Perte économique estimée
Jusqu’à aujourd’hui −2 % à −3 % Estimation de base
Moyen terme (2025) −4 % à −5 % ~100 milliards £/an de perte
Long terme (2035) −5 % à −6 % ~2 300 £ par personne (~311 Md £)

🧩 Constat général

  • Le consensus parmi les économistes est que le Brexit a eu un impact négatif majeur sur la croissance, l’investissement et les échanges commerciaux.
  • Les exportations britanniques vers l’UE sont inférieures d’environ 15 % à leur niveau attendu.
  • Même une politique de réalignement avec l’UE ne permettrait pas de récupérer plus de 2 % de PIB perdu.

🎯 Conclusion

Le Brexit a coûté cher à l’économie britannique : entre 80 et 120 milliards de livres par an de perte. Le PIB est actuellement environ 4 à 5 % plus bas, avec une tendance pouvant atteindre 6 % d’ici 2035 si rien n’est fait.

(ChatGPT 4o)

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05.07.2025 à 13:08

Vidéo – Les faux-jetons sont au pouvoir !

Paul Jorion

Lire la suite (495 mots)

France : l’uranium redéfini comme énergie renouvelable !
États-Unis : 40% des électeurs et 57% des Républicains prêts à voter pour le nouveau parti de Musk !
Israël : bombe pas accidentelle et ministre terroriste !

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