LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie BLOGS Revues Médias
Chayka HACKSO et Viciss HACKSO
Souscrire à ce FLUX

HACKING SOCIAL

Le hacking social est une méthode .../... qui tend à transformer les environnements sociaux vers plus d’autodétermination des personnes, plus d’altruisme, plus d’autotélisme, plus d’intelligence sociale, émotionnelle et cognitive dans les structures et systèmes...

▸ les 10 dernières parutions

07.02.2025 à 16:03

🎥 En finir avec le harcèlement scolaire

Chayka Hackso

Disponible aussi sur viméo (et téléchargeable) :  Disponible aussi sur peertube : En finir avec…

L’article 🎥 En finir avec le harcèlement scolaire est apparu en premier sur Hacking social.

Texte intégral (2467 mots)

Disponible aussi sur viméo (et téléchargeable) : 

Disponible aussi sur peertube : En finir avec le harcèlement !

Précédemment, nous avons étudié quelques exemples de fausses bonnes solutions dans la lutte contre le harcèlement scolaire. Cela n’aurait guère d’intérêt si par la suite nous ne présentions pas des pistes concrètes à l’appui de la littérature scientifique.

Dans cette dernière partie, nous allons voir ce qu’il est possible de mettre en place vis-à-vis de l’enfant harcelé, ainsi que des harceleurs, des autres élèves, de l’équipes éducatives. Nous ferons aussi le point sur ce qui fonctionne en termes de sensibilisation et de prévention. Enfin, nous verrons comment mettre en place un cadre plus autonomisant à l’école, transformer l’école pour mettre fin au harcèlement scolaire.


Les précédentes parties


Partie 1 :  

Dispo aussi sur peertube : Le harcèlement scolaire, c’est quoi ? 

Partie 2 :

Dispo aussi sur peertube : Cette école qui détruit ! (Le harcèlement scolaire : partie 2)

Partie 3 :

 

Dispo aussi sur peertube  : Punition, uniforme scolaire : de bonnes solutions contre le harcèlement scolaire ? 


Musiques


  • «This is your story », de Junya Nakano, Final Fantasy X Soundtrack, 2001
  • « Starlight Rise », «Nova», de The Flight, Horizon Forbidden West: Burning Shores, 2023
  • « Exposure», de The Flight, Horizon Zero Dawn: The Frozen Wilds Original Soundtrack, 2017
  • « billharper.mp3», «m0rphine.aac», de Mac Quayle, Mr. Robot (vol.1-7), 2015-2019
  • « The Nexus Eye», de Chris Tilton, Assassin’s Creed Nexus (Original Game Soundtrack), 2023
  • « Yummy-yummies (Quina’s Theme, Qu’s Marsh) », de Mattias Haggstrom Gerdt, Final Fantasy IX: Worlds Apart, 2015
  • « Milky Way (Explore) », de Ben Prunty, FTL (Faster Than Light), 2012
  • « The Mission», « We Are Citizens», de Olivier Deriviere, Dying Light 2 Stay Human (Original Game Soundtrack), 2022
  • « Part Organic Part Digital», Subnautica Below Zero, Ben Prunty, 2021
  • « Farewell», de Lena Raine, Celeste: Farewell (Original Soundtrack), 2019
  • « Seed», « Blue Fields», de Nobuo Uematsu, Final Fantasy VIII, 1999
  • « Besaid», de Eddy Creek Masashi, Final Fantasy X HD remaster, 2013

 


Bibliographie


  • Blosnich, J., & Bossarte, R. (2011). Low‐level violence in schools: Is there an association between school safety measures and peer victimization?. Journal of school health, 81(2), 107-113.
  • Craig, W. M., Pepler, D. J., Murphy, A., & McCuaig-Edge, H. (2010). What works in bullying prevention. Preventing and treating bullying and victimization, 215-241.
  • Craig W, Harel-Fisch Y, Fogel-Grinvald H, Dostaler S, Hetland J, Simons-Morton B, Molcho M, de Mato MG, Overpeck M, Due P, Pickett W; HBSC Violence & Injuries Prevention Focus Group; HBSC Bullying Writing Group. A cross-national profile of bullying and victimization among adolescents in 40 countries. Int J Public Health. 2009 Sep;54 Suppl 2(Suppl 2):216-24
  • Demol, K., Verschueren, K., Salmivalli, C., & Colpin, H. (2020). Perceived teacher responses to bullying influence students’ social cognitions. Frontiers in psychology, 11, 592582.
  • Evans, C. B. R., Fraser, M. W., & Cotter, K. L. (2014). The effectiveness of school-based bullying prevention programs: A systematic review. Aggression and Violent Behavior, 19(5), 532–544
  • Farrington, D.P. and Ttofi, M.M. (2009), School-Based Programs to Reduce Bullying and Victimization. Campbell Systematic Reviews, 5: i-148
  • Galand, B., Baudoin, N., & Hospel, V. (2014).  » School and classroom effects on bullying and peer victimization. In 28th International Congress of Applied Psychology.
  • Galand, Le harcèlement à l’école, Mythes et réalités, Retz, 2014
  • Henry, D., Guerra, N., Huesmann, R., Tolan, P., VanAcker, R., & Eron, L. (2000). Normative influences on aggression in urban elementary school classrooms. American Journal of Community Psychology, 28, 59–81.
  • Kochenderfer-Ladd, B., & Pelletier, M. E. (2008). Teachers’ views and beliefs about bullying: Influences on classroom management strategies and students’ coping with peer victimization. Journal of school psychology, 46(4), 431-453.
  • Merle, P. (2017). La classe: un lieu de violence scolaire. Eduquer, 12-14.Merrell, K. W., Gueldner, B. A., Ross, S. W., & Isava, D. M. (2008). How effective are school bullying intervention programs? A meta-analysis of intervention research. School Psychology Quarterly, 23, 26–42
  • Merle, P. (2015). L’élève humilié: l’école, un espace de non-droit?. Puf.
  • Merrell, Kenneth & Juskelis, Michael & Tran, Oanh & Buchanan, Rohanna. (2008). Social and Emotional Learning in the Classroom: Evaluation of Strong Kids and Strong Teens on Students’ Social-Emotional Knowledge and Symptoms. Journal of Applied School Psychology. 24. 209-224. 10.1080/15377900802089981.
  • Murayama, K., & Elliot, A. J. (2012). The competition–performance relation: A meta-analytic review and test of the opposing processes model of competition and performance. Psychological Bulletin, 138(6), 1035–1070
  • Paluck, E. L., Shepherd, H., & Aronow, P. M. (2016). Changing climates of conflict: A social network experiment in 56 schools. Proceedings of the National Academy of Sciences113(3), 566-571.
  • Paluck, E. L., & Shepherd, H. (2012). The salience of social referents: A field experiment on collective norms and harassment behavior in a school social network. Journal of Personality and Social Psychology, 103, 899–915
  • Pepler, D., Jiang, D., Craig, W., & Connolly, J. (2008). Developmental trajectories of bullying and associated factors. Child development, 79(2), 325-338.
  • Reeve, J. (2016). Autonomy-supportive teaching: What it is, how to do it. In Building autonomous learners: Perspectives from research and practice using self-determination theory (pp. 129-152). Singapore: Springer Singapore.
  • Robers, S., Zhang, J., Truman, J., & Snyder, T. D. (2012). Indicators of school crime and safety: 2011 (Report No. NCES 2012-002/NCJ 236021). Washington, DC: U.S. Department of Education and U.S. Department of Justice
  • Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2017). Self-determination theory: Basic psychological needs in motivation, development, and wellness. The Guilford Press
  • Salmivalli, C., Laninga‐Wijnen, L., Malamut, S. T., & Garandeau, C. F. (2021). Bullying prevention in adolescence: Solutions and new challenges from the past decade. Journal of Research on Adolescence, 31(4), 1023–1046.
  • Tolmatcheff, C., Hénoumont, Klée, E., & Galand, B. (2019). Stratégies et réactions des victimes et de leur entourage face au harcèlement scolaire: une étude rétrospective. Psychologie française, 64(4), 391-407.
  • Troop-Gordon, W., & Ladd, G. W. (2015). Teachers’ victimization-related beliefs and strategies: Associations with students’ aggressive behavior and peer victimization. Journal of abnormal child psychology,43, 45-60.

    dispo gratuitement en ebook ici : https://www.hacking-social.com/2021/09/17/en-toute-puissance-manuel-dautodetermination-radicale/

  • Viciss Hackso, En toute puissance, manuel d’autodétermination radicale, Hacking Social, 2021
  • Waasdorp TE, Fu R, Perepezko AL, Bradshaw CP. The Role of Bullying-Related Policies: Understanding How School Staff Respond to Bullying Situations.
  • Walton, G. M., & Wilson, T. D. (2018). Wise interventions: Psychological remedies for social and personal problems. Psychological Review, 125(5), 617–655
  • Whitney, I., & Smith, P. K. (1993). A survey of the nature and extent of bullying in junior/middle and secondary schools. Educational Research, 35(1), 3–25
  • Xiao, S. X., Hoffer, A., Martin, C. L., & Jenkins, D. L. (2022). Early adolescents’ gender typicality and depressive symptoms: The moderating role of parental acceptance. The Journal of Early Adolescence, 42(6), 822–840

 


Documents vidéo


  • « Harcèlement scolaire : la faute aux adultes ? », Envoyé Spécial, 2023
  • « École : en finir avec le harcèlement », de Gicqueau & Oultaf, 2023

 


Merci !!


Vous pouvez nous soutenir via :

Merci à vous tous pour votre soutien !

 

 

L’article 🎥 En finir avec le harcèlement scolaire est apparu en premier sur Hacking social.

25.01.2025 à 15:43

Un point sur le (cyber)harcèlement et la déshumanisation 

Chayka Hackso

Sur bluesky, nous avons fait deux fils au sujet du harcèlement et de la déshumanisation.…

L’article Un point sur le (cyber)harcèlement et la déshumanisation  est apparu en premier sur Hacking social.

Texte intégral (2604 mots)

Sur bluesky, nous avons fait deux fils au sujet du harcèlement et de la déshumanisation. Au vu de harcèlements déshumanisants en cours dans certaines communautés et sur certaines cibles, il semblait nécessaire de (re) préciser ce que cela recoupait. Si vous n’avez pas encore migré sur ce réseau (pour nous c’est le cas) ou si vous souhaitez les partager sur d’autres réseaux, ou les lire plus tranquillement, les voici rassemblés.

Sur le harcèlement, le thread de Chayka

Pour les personnes qui ne savent pas ce qu’est le harcèlement, on peut citer notamment trois critères [j’y fais notamment référence dans mes vidéos sur le harcèlement scolaire, je tire mes sources de là] :

1. Répétition d’un acte (ou type d’acte) portant préjudice, individuellement et/ou en groupe

2. Caractère non accidentel

3. Rapport asymétrique

1. La répétition d’un acte n’a pas être faite par une unique personne, ni à être répétée X nombres de fois. Par exemple, si vous tombez sur quelqu’un de manière virulente, même si vous trouvez cela légitime, que la personne vous signale qu’elle ne souhaite pas poursuivre l’échange, voire qu’elle vous indique que cela lui fait mal (qu’elle est à bout par exemple, qu’elle se sent dépasser par ce qui se passe, etc.), mais que vous continuez avec la même insistance, voire que vous menacez de continuer, vous avez déjà franchi une limite, et plus encore si vous n’êtes pas seul à le faire et que vous le savez.

2. Le caractère non accidentel ne signifie pas que vous aviez l’intention explicite de faire du tort à une personne (car ça, la plupart du temps, rares sont ceux qui le souhaitent et l’assument), ça signifie juste qu’on ne saurait expliquer tel comportement par de l’ignorance, de la maladresse ponctuelle. À savoir que cela peut mieux se comprendre par le point 1. : dès lors que vous le répétez plusieurs fois, malgré des appels à ce que ça s’arrête, difficile de plaider le caractère accidentel (maladresse, ignorance, etc.).

Attention : ne pas confondre avec le fait qu’une personne qui a eu des préjudices puisse elle-même prendre la parole pour se défendre, souvent confondu au fait qu’elle « relance », donc que c’est de sa faute, que c’est elle qui harcèle. Là encore, le point 1. et 3. permettent d’éviter la confusion.

3. Très important : toute forme de harcèlement repose sur des logiques de domination. Soit cela passe par un rapport asymétrique effectif : une personne avec une énorme visibilité par exemple qui s’en prend à une personne ayant moins de visibilité. Ou par d’autres types de rapports propre aux dominations sociales préexistantes, notamment en termes de genre : un homme qui va avec insistance faire « la leçon » à une femme par exemple, tenter d’avoir à tout prix l’ascendance (« j’ai raison, tu as tort » !). Je ne cite pas l’exemple par hasard : le cyberharcèlement touche très majoritairement les femmes :

« Les femmes sont 20 % moins susceptibles que les hommes d’utiliser l’Internet, mais 27 fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement ou de discours de haine en ligne, lorsqu’elles le font ». https://unric.org/fr/les-femmes-sont-les-premieres-victimes-du-harcelement-en-ligne/ 

On remarquera d’ailleurs en terme de domination le caractère souvent absolutiste des personnes qui font ça : « elle a tort ! », « j’ai raison », « elle a fauté », etc.

Notons aussi qu’une personne peut avoir effectivement à la base commis une erreur, une faute, cela ne change rien au fait que ça justifierait une insistance forte qui dès lors peut devenir un harcèlement.

Gros soutien à toutes les personnes qui ont pu subir ou subissent encore cela.

Sur la déshumanisation, le thread de Viciss

Déshumaniser c’est toujours attribuer une facette infériorisation de la cible (“stupide”, “fragile”, “débile”, etc.) et une facette de forte puissance (“a de l’influence”, “a du pouvoir”, “contrôle en secret ceci cela”) attribuée à la cible.

On lui prête un pouvoir d’influence et de contrôle secret, tout en la dégradant comme la pire des merdes. Cela parait contradictoire, mais dans les études révèle une fonction sociale à ce phénomène : permettre de l’agresser sans aucun réveil de l’empathie, puisque la cible serait une menace légitime – manipulatrice, contrôlante, etc. L’abattre serait donc un bienfait prosocial pour tous dans leur narratif, ou ce qui serait juste à faire. L’aspect infériorisant permet aussi d’éteindre l’empathie, un peu comme on l’éteint lorsqu’on s’attaque aux punaises de lit, des poux et autres petits insectes dits “nuisibles”.

Je parle de ça parce que je me demande si les discriminations quotidiennes – racisme, sexisme, classisme, validisme, etc. – me semblent être sur la version de l’infériorisation très souvent, mais quand l’aspect complotiste de puissance débarque, j’ai l’impression que cela accompagne toujours la franche agression et la légitimation de l’agression : ce serait normal d’insulter, de pourrir la cible parce que sa “puissance” devait être démantelée pour le bien de tous.

Il y un narratif très propangandiste qui à la fois convainc les autres de faire la même chose parce que ce serait “juste”, parce que cela sauverait, et cela protège instantanément l’agresseur ou le groupe agresseur, lui permet de continuer et qu’il se donne une image vertueuse à la batman par exemple.

Bref, si ça parait étonnant pour les cibles de soudainement se voir attribuer une puissance d’influence, parfois même faire rire (tellement c’est un fantasme autour de faits mal compris ou bâti sur des mensonges), cela coïncide aussi avec un déverrouillage de l’agression qui est totalement assumée par l’individu qui la commet.

Dans la littérature, souvent on voit que le but de la déshumanisation est de voler à l’autre ce qu’il a, matériellement comme symboliquement, et cela s’inscrit dans une pensée de voir le social comme un jeu d’échecs, qui veut transformer le social en jeu d’échecs, et gagner en prenant une à une les forces de l’autre en l’écrasant.

Bref tout ça pour dire que lorsque quelqu’un qui vous infériorisait (ça pouvait être perceptible ou non) commence ensuite à passer à l’attaque, tout en faisant courir des rumeurs de puissance, d’influence, basée sur des mensonges et interprétations fantasmatiques (parfois énormes), c’est qu’il veut non plus vous exclure ou vous laissez à la place d’inférieur, mais vous abattre. Pour vous voler quelque chose que vous avez (symboliquement ou matériellement).

C’est difficile en tant que cible de prendre conscience de tout cela surtout si l’on est en PLS, à cause des agressions ou discriminations, mais ce que m’ont appris des témoignages précieux de personnes déshumanisées, c’est que la dignité est alors une quête en soi, quête de résistance. La vérité ne sera jamais entendue par les déshumanisateurs, tout sera recouvert de mensonges, les déshumanisés prennent des torrents de merde à la gueule. La résistance est de rester debout, digne, d’avancer et de nourrir ce qu’il y a de précieux en nous/dans notre groupe, de le cultiver, de ne jamais les laisser être détruit en les cultivant.

Je pense à trois bouquins de groupes particulièrement ciblés, à savoir les natifs des Amériques “nous sommes des histoires” et des mères de toutes les couleurs, parfois queers, dont on trouve cette résistance digne “baby on fire escape” ainsi que le témoignage des survivants au génocide de 1994 au Rwanda “La stratégie des antilopes”.

Vous me direz que ces exemples ne sont pas comparables. Oui, c’est différent en termes de ravagement, mais il y a néanmoins quelque chose de commun, et pour cela je citerais Zoe Quinn : elle prend la métaphore d’un restaurant où certains se feraient servir un plat avec une petite crotte à côté de leur sandwich, et d’autres qui auraient carrément un sandwich à la merde. Là, on pourrait rajouter à sa métaphore que le restaurateur se permettrait aussi, de force, de gaver de merde certains clients, jusqu’à ce que mort s’ensuive, et il ferait ça sur tous les gens d’une même culture, sur des générations.

Dans tous les cas, la politique de ce restaurateur n’est nullement acceptable et doit cesser, ne doit pas être reproduite, même si à ce restaurant, on a pour l’instant le privilège de ne pas être servi avec une petite crotte ou pire.

Et spoiler, on peut tous avoir reproduit inconsciemment ou sciemment la politique de ce restaurateur, en le justifiant avec les “meilleures” des raisons, qui classe les bons clients des “mauvais” à punir. On adopte cette politique pour retrouver une puissance perdue ou jamais acquise, parfois avec le prétexte de se défendre ou parce qu’on estimerait que l’autre le “mérite”.


Pour aller plus loin sur ces questions / Sources


 

  • On a fait une série sur le harcèlement ici :

  • On s’est demandé ce qui motivait à les personnes à harceler, déshumaniser et agresser ici dans ce dossier :

⬛ [AM1] Pourquoi être motivé à faire du mal à autrui ?

  • On a parlé de cyberharcèlement dans le contexte du gaming ici :

♦Le gamer « no-life », un autoritaire ??

  • Un livre très complet et accessible en français sur l’infra-humanisation (et qui explique aussi la déshumanisation) : L’humanité écorchée : Humanité et infrahumanisation  Jacques-Phillippe Leyens.

 

  • Crash override, Zoë Quinn : l’histoire d’un harcèlement de masse par sa cible et comment elle a tenté de changer les choses à ce sujet. Son site donne des conseils très utile au cible pour se protéger : http://www.crashoverridenetwork.com/

 

  • Baby on fire escape : Creativity, Motherhood, and the Mind-Baby Problem, Julie Phillips, témoignages rassemblés de femmes artistes, autrices et comment elles ont fait face à des sexismes gigantesques dans leurs carrières, parfois réussissant à tenir bon (et leurs conseils sont précieux), parfois étant détruite par celui ci.

 

  • Nous sommes des histoires, collectif : Keavy Martin , Lee Maracle , Jeannette Armstrong, Thomas King (…) Des auteurs autochtones racontent leur rapport à l’écrit selon leur culture, comme moyen de résister au colonialisme, sauvegardé ce qui a tenté d’être détruit, décoloniser les esprits et s’opposer aux oppressions que leur peuple subit.

 

  • La stratégie des antilopes, Jean Hatzfeld, témoignages de survivants au génocide de 1994 au Rwanda, on y trouve des témoignages de la façon dont ils se sont reconstruits ainsi que les épouvantables horreurs à surmonter. (je conseille aussi tous les livres de Hatzfeld à ce sujet qui permettent de voir la question sur plusieurs angles).

 

  • Dixon, Lakshmi, Piepzna-Samarasinha (2020) Beyond Survival, Strategies and Stories from the Transformative Justice Movement comment des personnes discriminées arrivent à lutter contre les diverses agressions à leur égard, à travers des processus de justice transformatrice (dont on avait parlé également ici)

 

  • Staub, E. (1999). The roots of evil: Social conditions, culture, personality, and basic human needs. Et aussi Staub, E. (2004). The social psychology of good and evil. Étude du pire de l’humain comme du meilleur : on voit les racines de la déshumanisation comme celle de l’altruisme, sous l’angle de psychologie sociale et de l’histoire.

 

* L’image d’en-tête a été trouvée ici (on sait pas qui est l’autrice ou auteur) on l’a juste redimensionnée https://www.culture-games.com/capsule-technique/le-cyberharcelement

L’article Un point sur le (cyber)harcèlement et la déshumanisation  est apparu en premier sur Hacking social.

10.12.2024 à 11:08

Un point sur le HPI et le QI : mauvais diagnostic, racisme, bourgeoisie ???

Viciss Hackso

Je profite de la sortie d’une vidéo de PsykoCouak encore absolument passionnante où il revient…

L’article Un point sur le HPI et le QI : mauvais diagnostic, racisme, bourgeoisie ??? est apparu en premier sur Hacking social.

Texte intégral (3421 mots)

Je profite de la sortie d’une vidéo de PsykoCouak encore absolument passionnante où il revient avec Mélanie Dolidon sur tous les mythes autour du haut potentiel intellectuel (ou quotient intellectuel), pour glisser quelques autres ressources et informations, notamment sur des questions de créativité, de racisme autour du QI, et d’appropriation bourgeoise du HPI.

Voici la vidéo en question, allez la voir vraiment, c’est un entretien limpide, très agréable et en plus très bienveillant envers toutes les perspectives autour du QI :

Attention à partir de maintenant, je vais faire comme si vous aviez vu la vidéo, donc mes propos pourraient apparaitre bizarre si vous ne l’avez pas vu.

À noter que c’est précisément les mythes autour du HPI qui pose un sacré problème, notamment le fait de rendre invisible d’autres diagnostics ou encore l’identification au fait d’être HPI, alors que cela ne dit pas grand-chose de l’identité de la personne, les HPI pouvant être totalement différents les uns des autres. Mais tout le monde a pu faire des erreurs en associant  certaines caractéristique de personnalité et haut QI, car il y avait moins d’avancée et moins d’éclairages sur d’autres troubles neurodéveloppementaux comme l’autisme par exemple. Et je plaide coupable (pour des discussions en privé, je ne pense pas en avoir parlé en public), j’ai pu aussi avoir certains de mes profs de psycho le faire, confondant profil autistique avec HPI par exemple, puis corriger cette erreur plusieurs années après.


Une certaine représentation du génie et de la créativité ?


J’ai également l’impression que le stéréotype du HPI se confond avec des visions du monde que l’on peut avoir aussi sur le « génie » et la créativité en général, avec ce stéréotype du « savant fou » ou de « l’artiste torturé », du talent artistique ou scientifique qui semble inné chez des figures comme Einstein, Mozart, etc. Nos cultures occidentales ont eu tendance à associer talent/intelligence/créativité avec l’individu hors pair se démarquant par un talent exceptionnel, et s’opposant à une masse plus bête ou plus conventionnelle. À une époque, c’était associé au divin, puis cela s’est individualisé à partir de la renaissance jusqu’aux lumières, à une essence individuelle à développer. Le génie y a été associé à un rebelle, à quelqu’un qui pense différemment, qui est ostracisé pour cela (ou souffre de son talent hors norme)… bref vous voyez là réapparaître le stéréotype du HPI sous une autre étiquette qui est plus ancienne, qu’est celle du génie créatif.

Or c’est une représentation de la créativité qui est extrêmement réduite, car elle n’est formulée que par un occident très individualiste (autrement dit, encore plus prégnant aux USA, d’autres contrées occidentales peuvent avoir des visions plus collectivistes). Des lectures que j’ai pu avoir, la psychologie a malheureusement participé à individualiser la créativité, la conceptualiser comme une qualité voire comme une essence personnelle au début des recherches dans les années 50.

Pour démystifier ces idées de l’intelligence, du talent comme une essence qu’on aurait ou pas,  je vous conseille vivement l’ouvrage de Samah Karaki qui, tout en démystifiant le mérite, est également incroyablement bien fait et salvateur :

Le talent est une fiction, Déconstruire les mythes de la réussite et du mérite, Samah Karaki

Le QI, « l’arme » de l’extrême droite ?


Mais pour revenir au QI, il pose aussi un énorme problème lorsqu’il est digéré par des visions du monde autoritaire,  qui vont interpréter les chiffres de façon raciste. Ces chiffres sont généralement fournis par des influenceurs d’extrême droite qui sont aller jusqu’à  inventer des moyennes de QI pour certaines populations. Voici une formidable vidéo, très complète, qui permet de jeter une lumière sur ces manipulations d’extrême droite :

La encore, excusez moi, mais je vais faire comme si vous aviez vu cette deuxième vidéo très riche, qui revient sur tous les arguments et les raisons pour lesquelles l’extrême droite s’empare du QI et comment elle trafique tout pour sa propagande.

Ne croyez donc jamais cette carte des QI pour avoir une information sur votre propre intelligence, en fonction de la moyenne du pays dont vous êtes originaires. Que ce soit en votre faveur ou votre défaveur.  D’une part, parce que quantité de chiffres sont faux, parfois inventés, parfois trafiqués de façon absolument malhonnête, et qu’ensuite un score national n’a aucune valeur de prédiction pour votre score personnel.
Votre score personnel ne peut être obtenu qu’en passation chez un psy qui le fera bien (et certainement pas sur internet), parce qu’il y a des épreuves uniquement orales, nécessitant une mémoire de travail qui n’est pas évaluable via internet.
Et en plus, ce score peut être amené à bouger : de nombreuses épreuves sont extrêmement sensibles à vos divers états, car elles mesurent la mémoire de travail et l’attention, hors celles-ci bougent en fonction de votre stress, de votre fatigue, d’état de dépression ou d’événement où seriez à plat, de pressions sociales que vous pourriez avoir sur le dos (par exemple, si vous faites partie d’une catégorie habituellement préjugée comme étant « stupide », que ce soit être une femme ou être une personne racisée, vous pourrez ressentir une pression supplémentaire ; les psys ne sont pas non plus à l’abri d’opérer inconsciemment leurs préjugés positifs et négatifs durant la passation).


Le gros QI, Arme de distinction bourgeoise ?


Une personne m’avait dit un jour qu’elle avait entendu que des familles bourgeoises payaient le prix fort pour obtenir un diagnostic HPI pour leurs enfants. Je n’ai pas d’informations françaises à ce sujet, par contre récemment j’ai trouvé ça pour les Usa :

https://www.testingmom.com/

 

Ceci est un site qui, pour un certain prix, prépare les enfants à tous les tests qu’ils pourraient avoir, scolaire, mais aussi les tests d’intelligence tels que passé par les psychologues.

 

Un échantillon des tests pour lesquels ils entrainent les enfants ; par exemple la WISC, la WPPSI, les matrices de raven, le stanford binet sont des tests d'intelligence ; noter aussi le TTCT torrance test qui est un test de créativité, mais qui au USA est utilisé avec ceux du QI comme servant à recruter les élèves dans des écoles pour petits génies.
Un échantillon des tests pour lesquels ils entrainent les enfants ; par exemple la WISC, la WPPSI, les matrices de raven, le stanford binet sont des tests d’intelligence ; noter aussi le TTCT torrance test qui est un test de créativité, mais qui aux USA est utilisé avec ceux du QI comme servant à recruter les élèves dans des écoles pour petits génies.

Et en fouinant les commentaires des parents qui ont fait appel à ses services, le but est très clair : faire entrer leurs enfants dans les écoles spécialisées pour surdoués et petit génies, ou autres écoles qui demandent des performances et des scores très élevés.

https://www.testingmom.com/testimonials/

Aux USA, les tests de QI mais aussi d’autres comme ceux de créativité, sont extrêmement utilisés pour le recrutement, l’acceptation dans certaines écoles. Comme les écoles publiques sont parfois peu argentées, mal notées, les parents font tout pour faire admettre leurs enfants ailleurs. Alors ils les entraînent à devenir des petits génies. Et c’est tout l’enjeu du test qui est renversé : alors qu’avant on utilisait ces tests pour détecter des facilités ou difficultés, voilà maintenant qu’il n’a aucune différence avec une épreuve scolaire dans laquelle il s’agit de performer. Et seuls ceux qui ont les moyens peuvent ainsi s’entraîner, ce qui augmente l’injustice.

À noter que je précise que les tests de créativité pourraient aussi recevoir leur lot de critiques, exactement comme celles qui lient le racisme avec le QI qu’on a vu précédemment avec la vidéo de PDH. Le test de Torrance est complètement dans une culture occidentale très individualiste, avec une conception extrêmement étroite de ce qu’est la créativité, à savoir une unique pensée divergente se distinguant des idées conventionnelles et faisant fi de la morale. Or dans les cultures asiatiques, par exemple en Chine, la créativité est conçue comme devant prendre son essor dans une tradition qui est renouvelée, et la nouvelle idée se doit d’être socialement utile, morale au regard du collectif. Ce qui peut induire le fait que la personne testée va donner moins de réponses variées, car elle exclue d’office les réponses immorales. Le test ne prend pas cela en compte du tout, car il se base sur le nombre d’idée originales que la personne peut fournir : autrement dit, une personne très sadique pourrait potentiellement obtenir un très haut score car elle pourrait générer des idées vicieuses que des gens non sociopathes n’ont pas. Et une personne très créative mais avec une culture chinoise pourrait avoir un score bas de créativité car elle n’évoquerais que des idées éthiques soigneusement choisie pouvant servir aux personnes en général.

A noter que la notion de créativité va de toute manière devoir évoluer très fortement, pour une toute autre raison (qui démontre ces failles à mon sens). Chat GPT obtient des scores beaucoup plus élevés que beaucoup d’humains aux tests de créativité (Torrance) :

L’originalité des machines : l’IA passe le test de Torrance – ScienceDirect

Ce qui ne veut pas dire à mon sens qu’il est plus « créatif » que nous (seulement qu’il arrive plus à mettre en œuvre une pensée divergente), mais qu’il y a une limitation aux tests de créativité qui sont basés sur une définition restreinte de la créativité.

Actuellement, j’étudie de nouveaux modèles de la créativité qui au contraire la situe hors de l’individu comme étant un phénomène social très collectif ; si cela vous intéresse quelques ressources pour voir ces modèles non étasuniens, non dans l’aveuglement individualiste, ou provenant de cultures qui ont d’autres définitions, plus collectives et sociales, de la créativité :

  • [Modèle scientifique de la créativité sociale, non individualisant]
  • [un modèle scientifique de la créativité, d’un point de vue non individualiste et davantage systémique]
    • Mihaly Csiskzentmihalyi (2014) , The system model of creativity
  • [les différences de la perception de la créativité entre occident et la Chine]
    • Weihua Niu, Robert J. Sternberg (2006)  The Philosophical Roots of Western and Eastern Conceptions of Creativity
    • Niu, W., & Sternberg, R. (2002). Contemporary studies on the concept of creativity: The East and the West. 
  • [la créativité chez les femmes artistes, écrivains, face à la question de la maternité ; on y voit de grandes différences de conceptions et de gestion entre les époques et les cultures]
    • Julie Phillips, (2022) Baby on the fire escape
  • [créativité, scientifique et artistique, chez les peuples autochtones ; le paradigme de la créativité y est totalement différent]
    • Marie-Hélène Jeannotte, Jonathan Lamy, Isabelle St-Amand (2019) Nous sommes des histoires – Réflexions sur la littérature autochtone
    • Shawn Wilson, (2008) Research Is Ceremony: Indigenous Research Methods
Si vous avez d’autres sources qui parlent de la créativité, expliquée à travers d’autres cultures que celle occidentales n’hésitez pas à les partager ! C’est ce que j’étudie en ce moment, ça serait formidable de pouvoir étendre cette liste.

Faut-il tout jeter à la poubelle, QI, HPI  ?


Aux démystifications du QI et du HPI, j’ai pu voir des gens sur le net jeter en bloc tout ce qui concerne le QI : oui, il y a en rejeter les mythes sapants, en première urgence à mon sens les associations racistes et discriminatoires qu’on peut en faire, qui sont intrinsèquement épouvantables et d’une fausseté sidérante. Se vanter de son haut QI sous prétexte d’une appartenance à un groupe est tout aussi ridicule, se vanter tout court de ça me semble ridicule : un score (au QI ou en créativité) ne prédit pas la réalisation géniale, le devenir « Einstein » ou autre génie, parce que ce qui est pertinent dans ces histoires de découvertes et d’avancée de la science, de l’art ou de la technologie, sont mille et un facteurs sociaux passés malheureusement sous silence. Et notamment des facteurs pas très jolis parfois, comme nécessitant l’oppression ou l’exploitation de tas de personnes pour en extirper la valeur et se la réapproprier.

Ceci étant dit, lorsque les tests de QI sont rangés à leur place, c’est-à-dire comme étant des outils parmi d’autres qui mesurent précisément une petite part de comment va la mémoire de travail, l’attention, le raisonnement perceptif et le raisonnement verbal à un instant T (ce qui n’est qu’une partie de ce qu’on appelle intelligence), que c’est situer dans un contexte bien renseigné, cela peut être utile pour aider la personne. Par exemple un enfant avec un TDAH pourrait avoir des scores bas en mémoire de travail et attention, ce qui peut aider à diagnostiquer le TDAH ou confirmer le diagnostic ; si celui-ci est par exemple très haut en raisonnement perceptif, cela peut donner une piste sur ce qui passera bien à l’école ou pour l’aider à apprendre. Un score haut à un endroit peut être l’indice de comment aider la personne à performer malgré une difficulté. Être conscient que le raisonnement verbal est composé de questions culturelles qui vont mettre en difficulté quelqu’un dont ce n’est pas la culture, permet de choisir d’autres outils (par exemple préférer les versions dans la langue et culture maternelle de la personne).
Être anti QI n’aidera pas à démystifier les mythes et à remettre l’outil à sa place, voire vraiment ce qu’il est : le problème est situé dans les usages racistes (et ça pourrait être le cas pour d’autres outils), les usages inégalitaires pour se distinguer (les pratiques d’entraînement dont on parlait), les mécompréhensions de l’outil qui ne mesure que très peu d’aspects de ce qu’on entend par intelligence.

Bref, le problème est à mon sens dans certaines visions du monde qui tronquent ou colorent les choses d’une façon qui sert des intérêts personnels ou idéologiques pas super pour quantité de personnes. En changeant de vision dessus, en augmentant les perspectives grâce à toutes ces démystifications et les diverses avancées, je pense qu’on peut tous y gagner. La créativité et l’intelligence, a mon humble avis, se perçoit dans la façon dont les gens arrivent à apporter un jeu particulier dans les games sociaux qu’ils peuvent vivre, puis il y a une intelligence ou une créativité qui émerge comme phénomène, grâce à l’interaction des personnes et ce qu’elles se donnent toutes ensemble. Mais ça, c’est une histoire dont je parlerais plus tard.

L’article Un point sur le HPI et le QI : mauvais diagnostic, racisme, bourgeoisie ??? est apparu en premier sur Hacking social.

23.11.2024 à 12:42

[blog] Diminuer la distance sociale liée aux préjugés avec des histoires : une étude

Viciss Hackso

Toujours en mode blog (donc comme je vous ais expliqué ici, rapide, peu élaboré et…

L’article [blog] Diminuer la distance sociale liée aux préjugés avec des histoires : une étude est apparu en premier sur Hacking social.

Texte intégral (1238 mots)

Toujours en mode blog (donc comme je vous ais expliqué ici, rapide, peu élaboré et visant surtout le partage), je vous partage cette recherche que je trouve très intéressante dans les idées qu’elle soulève :

(trouvée sur le bluesky de son auteur, ici : Yasin Koc: « We published this article in a special issue after a small group meeting in Ottawa – it became the most cited article in the issue with its 100th citation today. We examine why attitudes toward Syrian refugees are so negative, and how can we shift them spssi.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/… » — Bluesky « 

La question du pouvoir des histoires m’a particulièrement intéressée :

 » « La lecture d’une histoire qui dépeint les réfugiés en tant qu’individus et présente leur vie quotidienne pourrait réduire efficacement la déshumanisation des réfugiés, et à son tour, la réduction de la déshumanisation pourrait être un mécanisme important par lequel le contact par procuration peut exercer ses effets. Enfin, les interventions de lecture d’histoires sont efficaces pour généraliser le changement d’attitude positive envers l’ensemble du groupe parce que le lecteur, en tant qu’observateur extérieur, ne différencie pas les caractéristiques individualisantes du membre de l’exogroupe (Hewstone et Brown, 1986). »

Ce n’est pas la première fois que je croise l’idée que des histoires ait un effet bénéfique sur la diminution des préjugés. Mais le mystère qui m’intrigue, c’est comment, IRL, amener les autoritaires à voir ces histoires ou ne pas les rejeter direct en mode « Fakes news ! Mensonges ! ». Sachant qu’en plus, on remarque dans les polémiques actuelles et accusations de wokisme qu’il suffit de la présence d’un noir, d’un LGBT ou autre, pour que le contenu soit rejeté et tenté d’être détruit par l’envahissement dans les commentaires négatifs un peu partout. Et ce, même si ce n’est pas une histoire particulièrement à visée de diminution de la deshumanisation, mais juste une simple présence de personnes diverses. c’est donc un vrai casse tête, s’ils veulent rien apprendre d’autrui, même si ça serait un bénéfice pour eux aussi de s’ouvrir et d’abandonner leurs deshumanisations.

A noter que l’étude démontre une diminution de la distance sociale, mais pas des préjugés ; ceci étant dit présenter des histoires a le mérite d’être simple, et peut être qu’avec du temps et d’autres méthodes, ils pourraient diminuer :

 » Cette étude fournit des preuves préliminaires d’une intervention simple mais réussie ; Cependant, cela soulève de nombreuses questions pour les recherches futures dans ce domaine, principalement pour déballer les mécanismes sous-jacents de la réduction de l’anxiété intergroupe. Une possibilité pourrait être que la lecture d’une histoire sur les réfugiés syriens ait pu améliorer les connaissances des participants sur l’exogroupe, qui est un médiateur bien connu pour le lien contact-préjugés (Pettigrew et Tropp, 2008). En l’absence de contact réel, les participants peuvent utiliser ces informations obtenues par procuration pour mettre à jour leurs stéréotypes négatifs sur les réfugiés syriens promus par les médias populistes et le discours politique. De cette façon, ces nouvelles informations pourraient alors réduire les inquiétudes et l’anxiété des participants à l’idée d’interagir avec eux. De plus, les réfugiés syriens sont toujours présentés comme un groupe homogène qui fuit la guerre, cherche refuge, mais qui sont aussi dangereux et représentent une menace pour la sécurité et un fardeau économique pour les pays d’accueil. Cela peut entraîner leur déshumanisation, ce qui a des conséquences néfastes sur les relations intergroupes (Goff, Eberhardt, Williams et Jackson, 2008). En effet, une étude récente a révélé que la déshumanisation flagrante des réfugiés musulmans en Europe est répandue, et qu’elle est fortement liée aux attitudes anti-réfugiés (Bruneau, Kteily et Laustsen, 2018), avec des résultats similaires à ceux des travaux précédents (par exemple, Esses, Veenvliet et Medianu, 2013). La lecture d’une histoire qui dépeint les réfugiés en tant qu’individus et présente leur vie quotidienne pourrait réduire efficacement la déshumanisation des réfugiés, et à son tour, la réduction de la déshumanisation pourrait être un mécanisme important par lequel le contact par procuration peut exercer ses effets. Enfin, les interventions de lecture d’histoires sont efficaces pour généraliser le changement d’attitude positive envers l’ensemble du groupe parce que le lecteur, en tant qu’observateur extérieur, ne différencie pas les caractéristiques individualisantes du membre de l’exogroupe (Hewstone et Brown, 1986). » Yasin KocJoel R. Anderson 2018

 

 

L’article [blog] Diminuer la distance sociale liée aux préjugés avec des histoires : une étude est apparu en premier sur Hacking social.

19.11.2024 à 11:17

[blog] Une étude qui montre que les intervenants sur des catastrophes ont des croyances erronées sur l’humain

Viciss Hackso

Comme expliqué précédemment (ici) je vais commencer à repartager rapidement les infos ou autres que…

L’article [blog] Une étude qui montre que les intervenants sur des catastrophes ont des croyances erronées sur l’humain est apparu en premier sur Hacking social.

Texte intégral (522 mots)

Comme expliqué précédemment (ici) je vais commencer à repartager rapidement les infos ou autres que je trouve intéressantes sur le site (ainsi que bluesky), donc ne vous attendez pas à un article élaboré, c’est juste du partage rapide de ce que je trouve intéressant.

Ce matin je suis tombée sur cette étude : Unraveling Myths: Assessing Beliefs in Disaster Management Misconceptions Among First Responders and the General Public – ScienceDirect

(sur bluesky ici : (14) John Drury: « Unraveling Myths: Assessing Beliefs in Disaster Management Misconceptions Among First Responders and the General Public www.sciencedirect.com/science/arti… » — Bluesky )

En résumé, voici l’abstract traduit :

« L’objectif de l’étude était d’examiner l’ampleur des idées fausses parmi les premiers intervenants et le public concernant le comportement lors de catastrophes. L’étude transversale a été menée à l’aide d’un questionnaire quantitatif structuré comprenant 25 énoncés, dont 19 étaient des idées fausses. Les répondants comprenaient > 500 premiers intervenants (policiers, fournisseurs de services médicaux d’urgence et pompiers) et des membres du public.
Les résultats ont montré que les premiers intervenants croient à certaines idées fausses dans une plus grande mesure que le grand public, comme leur croyance que la panique, l’évacuation de masse et le désordre public sont des comportements caractéristiques lors des catastrophes.
Comme les premiers intervenants sont tenus de faire preuve d’expertise dans la prédiction du comportement humain lors de catastrophes, les résultats démontrent une lacune substantielle dans leurs connaissances et leurs croyances. La recherche souligne la nécessité de développer des mécanismes pour réduire les idées fausses et améliorer les compétences en matière de gestion des catastrophes.

Vous l’aurez compris, les experts croient qu’en cas de catastrophe c’est comme dans un film hollywoodien et que l’humain fait n’importe quoi, alors qu’en vrai non, les gens peuvent être calmes et réfléchis. Or cette croyance que l’humain est mauvais ou con est problématique, car ça influence sur nos comportements vis à vis des autres (par exemple être turbo autoritaire quand c’est un contexte dangereux), ce qui a des effets négatifs sur la gestion de la situation à problème. Le serpent se mord la queue.

La solution selon cette recherche ? Se débarrasser de ces croyances erronées 🙂

L’article [blog] Une étude qui montre que les intervenants sur des catastrophes ont des croyances erronées sur l’humain est apparu en premier sur Hacking social.

14.11.2024 à 19:00

On fait quoi avec Twitter / x ? Et les autres réseaux ?

Viciss Hackso

Depuis la reprise de Twitter par Elon Musk et encore plus depuis son ascension au…

L’article On fait quoi avec Twitter / x ? Et les autres réseaux ? est apparu en premier sur Hacking social.

Texte intégral (5549 mots)

Depuis la reprise de Twitter par Elon Musk et encore plus depuis son ascension au pouvoir aux côtés de Trump, vous êtes nombreux à partir de « X » pour privilégier d’autres plateformes. De notre côté, difficile de faire des statistiques exactes, mais nous voyons environ une centaine de followers sur le compte d’Hacking social qui semble être parti et semble s’être réparti à la fois sur BlueSky ou Mastodon qui ne cessent d’augmenter en nombre d’abonnés. Ce ne sont que des suppositions, parce que vous pourriez très bien être de nouveaux abonnés qui n’étaient pas sur Twitter, et des désabonnés étant des gens ne se réabonnant pas ailleurs.

Mais même sans parler de ces actualités politiques, de nombreux créateurs ou participants actifs de ce réseau social le quittaient régulièrement ou trouvaient des solutions pour s’en éloigner : 

car l’ambiance négative, le militantisme déconnant, la violence, le tapis rouge déroulés par Musk pour les promoteurs de l’autoritarisme, le harcèlement et autres comportements toxiques devenaient insupportables.

Le réseau pouvait aussi être mis à distance, car toxique pour la concentration (ça c’est un peu commun à tous les réseaux) et pour l’humeur parce que beaucoup de choses incitaient à la colère, au stress, et sans pourtant que celle-ci ne soit forcément utile à un changement social positif quelconque (mais personnel, si).

PsykoCouac en parle très bien dans sa dernière vidéo :

Mon expérience, via le compte HS que je gère depuis 2014 et mon compte personnel depuis 2020, était que lorsqu’un tweet perçait, qu’importe son contenu, c’était l’assurance qu’au bout d’un certain nombre de vues/retweet, les réponses deviennent de plus en plus virulentes, et ce parfois de façon totalement arbitraire (de l’énervement sur des sujets pourtant pas très polémiques). Et je ne vous parle même pas d’à quel point la pluie de notifications, de commentaires devient rapidement ingérable.

Gardez en tête que pour nous, un tweet qui perce n’est pas connecté au fait d’avoir plus de visibilité sur un de nos contenus, et il y a ce paradoxe que parfois le tweet de présentation d’un article est assez peu liké/partagé, mais l’article lui même peut être très consulté. Les stats que vous voyez sur Twitter sont très peu informatives du succès ou non d’un contenu sur le site, parce que le gros du trafic vient de Google. Par exemple, tous les matins, un vieil article sur les retards au travail datant de 2014 est encore consulté, ce qui me fait toujours autant rigoler.

Selon notre expérience en fonction de la configuration de nos réseaux, lorsque qu’un de nos tweets dépasse les 100 likes ou pire, les 100 partages, là ça commence à dépasser notre communauté habituelle et les remarques désagréables voire des attaques commencent à pleuvoir en masse. Y compris lorsque celui-ci ne concerne pas une question qu’on n’aurait imaginé polémique. Je me rappelle par exemple d’un tweet où je partageais une étude qui expliquait que la procrastination était liée à la honte. Dès qu’il a connu son petit « succès », les gens ont commencé à s’énerver en voulant m’expliquer que non, absolument pas, que la procrastination c’était juste une question de flemme et rien d’autre. J’ai l’impression que lorsqu’un contenu est attribué comme ayant du « succès » (c’est-à-dire le nombre de likes ou de retweet), les gens peuvent considérer que ce « succès » est injuste, injustifié, et ils veulent rétablir l’ordre ou un équilibre en montrant que eux, non ils désapprouvent, trouvent que c’est de la merde, ou faux, ou tout ce que vous voulez. Ce n’est pas tant le contenu seul qui énerve, mais qu’il ait un certain nombre de likes et de partages qui incite les gens à vouloir se positionner « contre » ou « pour » ou l’attaquer pour diminuer l’impression de « succès » : ça me semble un combat assez inutile, voire parfois totalement contreproductif, car les réactions rémunèrent à présent, qu’elles soient positives ou négatives.

Chayka a pu faire l’étrange expérience qu’on pouvait lui faire des reproches ou lui donner des leçons (surtout depuis qu’elle a transitionné, curieux) dès lors qu’elle essayait de partager un contenu anodin sous un angle positif, ou encore qu’elle essayait sans grande ambition de contrebalancer une ambiance de dooming par quelques messages se voulant non fataliste, comme si tout était fait pour que tout le monde aille vers le bas, persiste dans une colère contre-productive ou dans un dooming désengageant.

Mais il peut y avoir pire.

Sur ce réseau, il m’est arrivé aussi d’être mise sous pression pour ne pas m’exprimer et que les autres cessent d’être sympas avec moi, même sans inclure le dépassement de cette frontière des 100 likes. J’ai subi une shitstorm initiée par un zététicien critique de la zététique, très peu connu, et qui n’a pas apprécié que je dise que « je n’aime plus la zététique » (appelons-le « G. » pour un zeste d’anonymat). J’ai supprimé le tweet, me suit excusée (après qu’il ait agi avec virulence), mais il a considéré que ce n’était pas assez, pas assez bien fait.

Pendant quelques jours il s’est acharné à se plaindre de moi et à me faire passer pour une personne insupportable sur Twitter en public, en privé et dans ses sphères sur discord. Ce travail de sape et sa position d’influenceur dans cette petite commu a convaincu certains qui se sont joints à cette campagne pour dire à quel point j’étais odieuse, des personnes qui ont cessé de nous parler du jour au lendemain. Ils ont commencé à déformer les faits, inventer des choses absolument fausses sur moi (des personnes choquées par ce travail de sapage en coulisse nous ont fait part ce qui se passait dans ces groupes sans qu’on puisse faire quoique ce soit puisqu’ils initiaient tout cela en privé pour ensuite donner l’impression de réactions non coordonnées et spontanés sur Twitter)

Mais ce qui m’a fait le plus mal c’est que des personnes bienveillantes ont voulu me protéger en lui parlant et s’en sont pris plein dans la poire : et ça, c’est devenu un cauchemar pour moi, car en tant que créatrices de contenu sur le net, je suis quand même bien rodée à toutes sortes d’attaques. Mais que mon cas serve à harceler d’autres, non, ça c’était insoutenable : j’ai dû donc appeler les gens à cesser de m’apporter leur soutien, surtout public ou en discussion avec G. et sa sphère. Je ne pouvais donc pas parler de ce qui se passait dans les détails en off ni me défendre avec les preuves collectées de son harcèlement et ses insultes, parce que c’était le risque qu’il s’acharne sur d’autres ou ne reparte dans les tours. J’ai donc préféré laisser ce petit monde se confirmer entre eux à quel point j’étais une espèce de monstre à leurs yeux. En privé néanmoins, j’ai eu des soutiens d’autres personnes de la sphère qui m’ont vraiment fait plaisir, s’ils tombent ici par hasard, merci beaucoup à eux, ils se reconnaîtront, je pense.

Mais suite à cela pendant des semaines, je n’ai pas pu partager quoique ce soit tant une sphère me tombait dessus alors que je sélectionnais sciemment un ton et des sujets qui n’avaient rien à voir avec la zététique, ils me tombaient dessus ainsi que les personnes que je partageais. Ça m’a tué non pas de devoir supprimer mes tweets, mais que les personnes que je partage soit aussi forcées de le faire, tant ils foutaient la pression.

Progressivement je m’en suis remise et j’ai reconnecté de façon positive avec certains de la sphère esprit critique/zet notamment à l’occasion d’évènements IRL (merci la Belgique et ceux qui y étaient présents ;)) et je pense que j’ai évité cette conséquence dangereuse de tous les mettre dans le même paquet. Seulement sur place, des spectateurs zet m’ont dit qu’ils aimeraient savoir les bails, les noms pour pouvoir inspecter ces histoires avec leurs outils critiques, et pouvoir mettre clair le champ de la zététique en se dissociant de ces comportements antisociaux. Mais j’étais coincé par la peur des représailles ou la peur de déclencher une shitstorm sur eux. J’en suis venu donc indirectement à protéger un gars sexiste qui m’avait plongé dans la boue. Encore une fois. Un jour, va falloir que je prenne d’autres décisions à ce sujet, je ne peux pas continuellement couvrir et protéger des gens qui me voit comme une ennemie en sans m’insulter et me réduire moi-même, et ça c’est un problème à régler.

De son côté, Chayka a vu Twitter/X devenir de plus en plus toxique, notamment sur les questions LGBTQIA+. Suite à l’histoire avec la zététique et à d’autres, elle a aussi modifié ses comportements sur les réseaux sociaux, n’hésitant pas à supprimer ses propres messages dès le moindre signe de quiproquo, de mésinterprétations, voyant à quel point cela pouvait tourner vite au vinaigre, parfois pour un rien. Ces derniers mois, elle s’est rendue compte qu’elle supprimait de plus en plus de messages qu’elle venait de poster, non plus de manière préventive mais de manière quasi automatique tant elle a vu des situations partir en vrille pour pas grand-chose, tant tout était devenu tendu sur Twitter. Elle ne voyait plus l’intérêt de continuer ainsi, s’est adonnée à ne plus évoquer certaines thématiques qui pourtant la passionnent, et a décidé de commencer à s’éloigner de Twitter X.

Pourquoi rester ?

Harcèlement, menace, ambiance de colère et de haine, terrain du militantisme déconnant, terrain de jeu des autoritaires les plus violents, sexisme, transphobie, structure poussant aux réactions vives entraînant malentendus et quiproquo infernaux, vaste contrée de la désinformation et des manipulations (géo) politiques….

Vous me direz alors, pourquoi rester sur ce réseau de la mort ?

Notre activité est née fin 2013 : à cette époque, on est encore sur une culture du net où les blogs ont encore la côte, et les réseaux sociaux, encore assez jeunes, sont plutôt utilisés comme au service des blogs et sites plutôt que l’inverse.

Concrètement un créateur de contenu, voire un média classique publiait un contenu sur son site ou sur sa plateforme de base, puis le postait sur un réseau social : cela lui permettait de prévenir de la nouveauté du contenu, voire de faire connaître à d’autres. Puis les gens consultaient (ou non) le contenu, et commentaient sur le site, le blog, le média. Les scandales et tout autre bazar se faisaient alors à domicile et pas sur le terrain des réseaux sociaux. J’ai vu progressivement les médias classiques restreindre de plus en plus leur espace commentaire, parce qu’effectivement, que les gens ne parlent que de trucs hors sujet, d’une faute d’orthographe, voire poste 40 fois d’affilée le même message de haine devait être épuisant à gérer, comparé à une absence de commentaires. C’était pas plus mal que l’enfer des haters et trolls soient localisés hors des sites finalement. Et progressivement, pour HS, les commentaires aussi se sont fait davantage sur les RS avec la disparation de la culture des blogs pour une culture plus centrée sur les RS.

La culture du blog et de cet internet sans la domination des RS, c’était donc d’autres habitudes : on utilisait fin des années 2000 des agrégateurs de flux RSS : c’était un machin où tu rentrais toutes tes adresses préférées de blog bd, blog d’auteur, site de médias, et ça te faisait ton fil d’actualité personnalisé comme on peut le voir sur un réseau social, sauf qu’aucun algo ne rajoutait des contenus que tu n’avais pas choisis ou y glissait les contenus aimés ou partagé des amis ou imposé via la pub. Certains n’en utilisaient pas et faisaient la tournée de leurs sites préférés.

Le blog de Mélaka né de cette époque et je le mets en illustration car non seulement j’ai toujours adoré son travail, mais en plus je le vois actuellement revivre comme au temps de la culture des blog, notamment une très forte activité sur le site lui-même, mais sans pour autant que ce soit corrélé aux réseaux sociaux. Bref tout ça pour dire aux plus jeunes qui n’ont pas connu cette époque qu’on peut réussir à être suivi/écouté sans que cela passe par percer sur les réseaux sociaux, qui peuvent n’être qu’un outil utilisé à notre service et non notre lieu d’exercice, encore aujourd’hui.

Puis progressivement, j’ai vu des gens se mettre à directement faire leur contenu sur le réseau social et n’avoir pas leur plateforme à eux : l’avantage était clairement l’immédiateté de la discussion et des feedbacks ; pour qu’un blog suscite l’attention et les commentaires, ce n’était clairement pas aussi immédiat, il fallait avoir construit au moins une petite communauté avant que ça se produise, et ceux qui le pouvaient étaient ceux qui avaient pris le train d’internet tôt, sautant sur les innovations dès qu’elles arrivaient, quittant les vieilleries avant qu’elles ne pourrissent.

Donc les réseaux sociaux ont vraiment permis une grosse libération de l’expression non pas parce que de l’espace d’expression était ouvert (c’était déjà le cas avant) mais parce qu’ils pouvaient être entendus, écoutés, avoir un feedback plus facilement. Tu pouvais disserter sur la crotte de ton enfant sur Facebook, photo à l’appui, le réseau social était organisé d’une certaine façon que tu aurais forcément un public qui réagirait, des plus proches, puis de moins proches grâce à des partages touchant des gens de plus en plus éloignés.

Twitter avait cet atout singulier d’avoir permis l’accès à la discussion ou le fait d’être entendu par des gens inaccessibles au quotidien, et en France j’ai l’impression que même dès 2008 voire avant, les journalistes avaient fortement investi la plateforme, suivis par à peu près tout le monde, célébrités, entreprises, artistes, chercheurs, politiciens… tous étaient relativement accessibles. J’entendais un militaire spé cybersécu l’autre jour qui disait que la puissance, la richesse « matérielle » d’un pays n’était pas garante de puissance de propagande, que des petits groupes pouvaient en démontrer parfois plus en termes de propagandes réussies. Les barrières étaient rompues et ça a pu être très favorable à des formes d’horizontalité qui n’existait pas du tout avant. Jamais par exemple un artiste pouvait savoir qu’on disait à nos potes à quel point son concert avait été génial, et nous montrer qu’il avait entendu et était content par son like. Plus généralement, ça a donné des interactions absolument mémorables qui sont difficilement envisageables IRL : Twitter a pu être sacrément drôle et terrain de memes, de situations improbables, qui ont fait vraiment aimé ce réseau.

En 2022, l’histoire du potiron : 

Voilà une raison pour laquelle beaucoup ont favorisé Twitter plus que n’importe quel autre réseau social : la connexion sociale était rapide, facile, spontanée, supprimant des barrières. L’information y circulait vite et de toute part, ainsi les journalistes ont très vite investi le réseau parce que oui, pour n’importe quel évènement, il pouvait y avoir une personne sur place qui avait fait une vidéo et qui la partageait, ce qui les intéressait pour leur travail.

Nous avions préféré investir ce réseau plutôt que d’autre pour ces raisons : c’était une façon rapide de partager nos contenus, d’en discuter sur le vif, mais c’était aussi le réseau où je trouvais le plus d’informations pouvant m’être utile directement dans notre travail, puisque c’était le seul où je pouvais avoir l’actualité des collègues créateurs sur le net, savoir les préoccupations de tel ou tel chercheur, tel artiste, tel hacker et prendre la température sociale et politique autour d’un sujet.

Mais l’actualité politique du réseau est catastrophique et les manipulations (géo) politiques qui y ont cours ne date pas d’hier (on en avait parlé dans les liens ci dessous ).

⬛ Comment manipuler les élections ? L’affaire Cambridge Analytica [CA1]

⬛ Twitter est-il « WOKE » ?

⬛ En bref : le trollling anti-gauche

De plus, la monétisation possible à présent incite les gens à opter pour la stratégie d’être gratuitement provocant, de dire n’importe quoi pour faire réagir, parce que ça rapporte. C’était une stratégie déjà bien connue qui avait cours sur les médias classiques, puis sur YouTube. En France, le premier souvenir sur le net que j’ai à ce sujet est l’émergence du raptor dissident qui a construit son audience comme ça : il faisait des vidéos crachant sur tel autre youtubeur ayant plus d’abonnés que lui, avec un maximum d’insultes, comme ça le youtubeur réagissait en retour, ce qui le faisait connaître auprès de communautés plus larges. On participait à son succès et sa popularité en se plaignant de lui, encore plus si on avait une grosse commu. C’est la même dynamique avec une masse de comptes twitter qui ne font que provoquer pour attirer l’attention et les gens peuvent calquer ces comportements y voyant comme une norme à suivre sans voir la stratégie à l’œuvre derrière.

Nos décisions

Au vu de toutes ces situations, il faut pour hacking social une autre politique d’utilisation de ce réseau. Alors voilà ce que nous avons décidé pour l’instant :

  • nous maintenons le compte d’hacking social tel quel, car il suit déjà depuis longtemps des politiques de rupture avec twitter/x, on n’y fait que partager nos contenus (ou parfois tweets d’autres personnes parlant de nos contenus), ou celui d’autres qui sont en liens possibles avec notre ligne éditoriale.

 

  • je maintiens mon compte perso mais par contre il va suivre la même politique que le compte d’hacking social. Fini les threads et divers écrits : à la place, je posterais directement un lien vers un post comme celui-ci voire carrément plus court comme pourrait l’être un tweet avec un lien. [update du 20/01/25] Nos comptes personnels ont été supprimés. 

 

  • Afin que ces posts faits spontanément ne soient pas confondus avec le plus gros travail des vidéos, des dossiers ou des articles, qui eux nécessitent souvent des mois de recherches et de création, et ils seront rangés dans une nouvelle catégorie « blog ». Ces posts n’auront pas d’image d’entête. Mon but personnel est de tenter de pouvoir réussir à exprimer ce que je me suis autocensurée depuis des années à cause de la réaction des RS. Cette autocensure concerne (liste non exhaustive, j’en ai parlé plus en détail ici) :
    • mes propres réflexions/analyses/idées sur des questions variées ou métacognitives (sur notre activité par exemple)
    • les thèmes « constructifs/positifs » ou potentiellement liés à des affects positifs (qui génèrent parfois une forte haine)
    • et enfin l’autocensure dont j’ai le plus honte, à savoir de ne plus réussir à partager les contenus que je trouve particulièrement bons, utiles, enthousiasmants, y compris dans la veine de notre ligne édito (que j’autocensurais sans m’en rendre compte, car j’avais peur que ça génère des attaques sur la personne partagée ou que le contenu se fasse pourrir), etc.

J’ai testé cette nouvelle catégorie « blog » avec quelques récents posts que j’avais mis initialement sur twitter (oui j’ai fait zéro effort de présentation, c’est le but) : 

Les fakes news serait diffusées par motivation à dénigrer l’ennemi.

Une méta-analyse qui montre qu’être hypercontrolant sur les enfants, c’est tout naze

  • Je serais moins présente sur les réseaux en général donc ne vous attendez pas à des réponses rapides. Si c’est urgent, préférez utiliser notre mail. Là ce n’est pas tant à cause de Twitter, mais parce que des projets en cours ont besoin d’une attention décuplée, je ne peux pas réinvestir un autre réseau social.

Quant à Chayka, elle a décidé de se désinvestir de son compte personnel sur Twitter. Elle continuera à y partager des liens, contenus, éventuellement à répondre à certains sujets comme elle l’entend, mais elle privilégiera d’autres réseaux (ou pas). Elle ne fera plus de Threads directement sur Twitter X, et quand ce sera le cas, cela sera un copier coller provenant d’autre part. Il est probable qu’elle fasse aussi des contenus ponctuels sur le site à la place, utilisant X uniquement comme partage de lien. [update du 20/01/25] Chayka a également supprimé son compte personnel. 

  • Pour plus de clarté générale, sur le site en haut, si vous cliquez sur productions, j’ai essayé de ranger mieux les contenus, comme cela en cliquant sur « vidéos », « dossier » ou autre vous tomberez sur le dernier « gros » contenu que nous avons fait dans ce format, ce qui évite que tout soit mélangé pêle-mêle. Peut-être que je ferais des améliorations sur le site à ce sujet plus tard.

Je n’avais pas pensé à les poster sur le site parce que ça ne me semblait pas un travail assez approfondi, mais il est temps que je me rappelle que j’ai le titre de blogueuse et que celui-ci ne m’exige pas en principe de devoir fournir 10 pages de sources étudiées de long en large sur des années pour justifier chacune de mes phrases ou idées qui ont le droit d’être personnelles, venant de mon opinion, sans pour autant que les question du « faux » ou « vrai », « validé scientifiquement » n’entrent en jeu tant que je suis honnête sur la question et que je précise d’où je parle. Et j’ai le droit de philosopher, d’émettre des hypothèses, de poser des questions qui me sont miennes et tenter des réponses, comme à chacun. Il est temps d’en finir avec cet (auto ?) gazlight parfois sacrément sexiste que j’ai beaucoup trop introjecté et qui m’a rendu honteuse que de parler en mon nom.

Ce post n’est absolument pas une invitation à faire de même, parce que ces décisions sont liées à notre contexte tout de même très particulier et donc elles ne seraient très certainement pas pertinentes vis-à-vis d’autres contextes. Quitter à jamais Twitter, préférer la gestion à un community manager, déléguer la gestion du compte à une autre personne, troller par l’humour, persister pour résister, bref toutes ces stratégies ont leurs raisons et peuvent répondre aux besoins et aux buts que vous vous donnez, c’est pour cela que j’insiste sur le fait qu’il n’y a pas une seule bonne solution ni de meilleures, parce que chacun a un contexte, des conditions, des besoins différents. Svp, n’interprétez pas mes propos sous l’angle moraliste, car je ne fais qu’expliquer mon choix, je préfère vraiment que les gens fassent comme ils le sentent au mieux pour eux. Ce post visait juste à vous informer des changements que nous allons opérer tant sur les réseaux sociaux que sur le site et ne parler que de notre expérience limitée.

Nos comptes bluesky :

Notre compte mastodon :  

L’article On fait quoi avec Twitter / x ? Et les autres réseaux ? est apparu en premier sur Hacking social.

6 / 10
 Persos A à L
Mona CHOLLET
Anna COLIN-LEBEDEV
Julien DEVAUREIX
Cory DOCTOROW
EDUC.POP.FR
Marc ENDEWELD
Michel GOYA
Hubert GUILLAUD
Gérard FILOCHE
Alain GRANDJEAN
Hacking-Social
Samuel HAYAT
Dana HILLIOT
François HOUSTE
Tagrawla INEQQIQI
Infiltrés (les)
Clément JEANNEAU
Paul JORION
Michel LEPESANT
Frédéric LORDON
Blogs persos du Diplo
LePartisan.info
 
 Persos M à Z
Henri MALER
Christophe MASUTTI
Romain MIELCAREK
Richard MONVOISIN
Corinne MOREL-DARLEUX
Fabrice NICOLINO
Timothée PARRIQUE
Emmanuel PONT
VisionsCarto
Yannis YOULOUNTAS
Michaël ZEMMOUR
 
  Numérique
Christophe DESCHAMPS
Louis DERRAC
Olivier ERTZSCHEID
Olivier EZRATY
Framablog
Francis PISANI
Pixel de Tracking
Irénée RÉGNAULD
Nicolas VIVANT
 
  Collectifs
Arguments
Bondy Blog
Dérivation
Dissidences
Mr Mondialisation
Palim Psao
Paris-Luttes.info
ROJAVA Info
 
  Créatifs / Art / Fiction
Nicole ESTEROLLE
Julien HERVIEUX
Alessandro PIGNOCCHI
XKCD
🌓