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Nicolas VIVANT

Directeur de la stratégie numérique de la ville d’Échirolles

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28.05.2024 à 12:10

Résistance au changement et logiciels libres

Nicolas Vivant

Selon Wikipédia, « La résistance (ou aversion) au changement ou immobilisme, consiste à désirer, et tenter d'obtenir par diverses formes de comportements d'opposition, le maintien du statu quo par procrastination ». Michel Crozier, sociologue des organisations (et grand ami du capitalisme triomphant), la définit comme « l'expression raisonnable et légitime des risques que comporte le changement pour les acteurs », introduisant deux notions (raisonnable et légitime) qu'il n'est pas inutile d'interroger : (...)

- Pensées furtives
Texte intégral (3269 mots)

Selon Wikipédia, « La résistance (ou aversion) au changement ou immobilisme, consiste à désirer, et tenter d'obtenir par diverses formes de comportements d'opposition, le maintien du statu quo par procrastination ». Michel Crozier, sociologue des organisations (et grand ami du capitalisme triomphant), la définit comme « l'expression raisonnable et légitime des risques que comporte le changement pour les acteurs », introduisant deux notions (raisonnable et légitime) qu'il n'est pas inutile d'interroger : dans un contexte de transition subie (le dérèglement climatique, par exemple), la résistance est-elle raisonnable et légitime ?

Cette problématique de la résistance au changement n'est donc pas spécifique au numérique : elle est un frein, plus ou moins puissant, à toute évolution, toute remise en cause d'un ordre existant.

Alors comment expliquer qu'elle soit si prégnante dans les projets de passage aux logiciels libres ? En réalité, elle se pose de la même façon pour les logiciels propriétaires, mais elle est prise en compte depuis très longtemps. Un passage direct de Windows 95 à Windows 11, par exemple, serait vécu comme une catastrophe par la plupart des utilisateurs. Mais les changements introduits dans le fonctionnement, dans l'ergonomie et dans l'expérience utilisateur en général ont été suffisamment progressifs pour que la résistance soit contenue à des niveaux acceptables.

Changement progressif, facteur temps, introduction de nouvelles fonctionnalités, communication, mimétisme, accoutumance lors de la formation, il y a des leçons à retenir dans la façon de procéder de ces acteurs privés qui, aujourd'hui, se sont imposés comme une évidence auprès des utilisateurs que nous sommes.

Et puis un rappel : l'objectif prioritaire d'un service informatique ne peut pas être de mettre en place les logiciels libres. La priorité, c'est de mettre à la disposition des services/départements les meilleurs outils pour qu'ils puissent effecteur convenablement les tâches qui leur sont confiées.

Les types de résistants

La configuration idéale est celle dans laquelle gouvernance, service informatique et utilisateurs sont acteurs du projet. Mais plus la structure est de taille importante et moins celle-ci est probable, évidemment.

Les gestionnaires et décideurs⋅euses : souvent responsables de l'approbation des décisions d'achat de logiciels, ils peuvent avoir des préoccupations concernant la viabilité et la stabilité des solutions open source, en particulier si elles sont habituées à travailler avec des fournisseurs de logiciels propriétaires bien établis. Les questions de support et de responsabilité peuvent également être un facteur : il peut y avoir une perception de risque plus élevé associé à l'utilisation de logiciels sans garantie ou soutien formel.

Les services informatiques : il n'est pas rare que les professionnel⋅les de l'informatique, en charge de la mise en œuvre et de la maintenance des logiciels expriment des réserves. Ils/elles peuvent être préoccupé⋅es par les problèmes de compatibilité, craignant que les logiciels libres ne fonctionnent pas bien avec les systèmes existants. Il y a aussi parfois une perception que les logiciels open source sont moins sécurisés ou plus difficiles à prendre en charge, ce qui peut conduire à des inquiétudes quant à la charge de travail supplémentaire ou aux risques potentiels pour la sécurité. Un changement peut également être vécu comme une remise en cause des compétences de l'équipe, et un bouleversement d'une certaine « hiérarchie » basée sur les connaissances.

Les utilisateurs⋅trices : il s'appuient sur les logiciels au quotidien et peuvent légitimement s'inquiéter, en particulier s'ils sont habituées à un logiciel propriétaire spécifique et se sentent à l'aise dans son utilisation. L'apprentissage d'un nouveau système peut sembler intimidant et certain⋅es utilisateurs⋅trices peuvent craindre que le logiciel open source soit plus complexe ou moins convivial.

Les fournisseurs de logiciels propriétaires : les entreprises qui vivent des logiciels propriétaires peuvent également résister au passage à des solutions libres. Ils reprennent parfois des lieux communs ou idées reçues pourtant éculées. Il n'est pas inhabituel qu'ils exagèrent les risques associés aux logiciels open source pour protéger leurs intérêts commerciaux. Ces fournisseurs peuvent parfois avoir des relations bien établies avec les organisations et influencer défavorablement décideurs et utilisateur.

Deux situations sont fréquentes :

La gouvernance est à l'origine du projet mais le service informatique pour des raisons variables, ne met pas en oeuvre.

Si le manque de compétence dans l'équipe est en cause mais que la volonté de déployer existe, un effort d'accompagnement (formation et communication) est nécessaire avant d'entamer le projet. Car faire mal est pire que de ne pas faire : cela peut décourager durablement les utilisateurs⋅trices et inscrire, dans les esprits, un lien direct entre logiciel libre et mauvais fonctionnement.

Si l'équipe n'est pas convaincue que le changement est une bonne idée, la situation se complique mais elle n'est pas désespérée pour autant. La solution : une attention particulière portée aux profils recrutés. Chaque opportunité de recrutement peut/doit se concrétiser par l'embauche d'un employé qui a des compétences et une appétence et pour les logiciels libres. Cela peut certes prendre du temps, mais sans ce virage dans le positionnement, il y a de fortes chances que le projet soit voué à l'échec, soit parce que le travail ne sera pas fait, soit (et c'est pire) parce qu'il sera mal fait.

Le service informatique est moteur, sans soutien de celles et ceux qui ont le pouvoir de décision.

Plusieurs approches sont possibles dans ce cas :

échanger sur les avantages des logiciels libres. Inutile de mettre en avant une litanie d'arguments, aussi pertinent soient-ils. On ne fait pas de logiciel libre pour le plaisir d'en faire, mais pour mieux répondre à un besoin, à une thématique qu'on souhaite adresser. Mieux vaut donc cibler le discours en fonction des préoccupations de celle ou celui qui doit prendre la décision : souveraineté numérique et propriété intellectuelle, respect des données personnelles, économies, cybersécurité, stabilité et vitesse de réaction, sobriété numérique, vendor locking évité, correspondance avec les valeurs de la structure, les angles d'approche sont nombreux. Prenez le temps de bien les connaître et de construire un argumentaire, écrit ou oral, qui s'appuie sur ceux qui seront partagés par vos interlocuteurs⋅trices.

choisir de ne pas parler d'open source et de logiciels libre : axer tout le discours sur l'adéquation de la solution proposée avec le besoin identifié. Si la question est posée, l'évacuer rapidement. Cela peut également s'appliquer aux utilisateurs⋅trices : la priorité est de leur donner les moyens de faire leur travail dans de bonnes conditions, et le choix du libre peut tout à fait ne pas être mis en avant.

Les types de résistance

Familiarité et confort : les gens ont tendance à résister au changement lorsqu'ils sont à l'aise et habitués à un système existant. Plus un logiciel leur semble simple et efficace et plus leur inquiétude sera grande. Certain-es ont dû fournir un effort conséquent pour disposer des compétences leur permettant de s'acquitter de leurs tâches quotidiennes. L'apprentissage d'un nouveau logiciel peut leur sembler intimidant et le simple fait d'utiliser une interface différente peut être mal vécu.

Pression culturelle : certaines professions sont intimements liées, dès la période de formation, à des solutions propriétaires. Les graphistes, par exemple, sont en immense majorité des utilisateurs⋅trices de Macintosh et de la suite de création graphique d'Adobe.

Compatibilité et intégration : les organisations ont souvent des systèmes complexes et des processus parfois bien établis. Les problèmes de compatibilité ou de difficultés d'intégration avec les systèmes existants, réels ou supposés, sont souvent évoqués comme un frein au changement.

Peur du déclassement : passer d'un système couramment utilisé à un environnement plus inhabituel peut être vécu comme un déclassement, une dégradation des conditions de travail. Pour celles et ceux qui sont sensibles à cette crainte, la gratuité ou la singularité de l'outil sont autant d'indices d'un fonctionnement moins qualitatif. La peur de la marginalisation, de la différence, sont des moteurs puissants de la résistance.

Peur de revivre une migration mal gérée : un projet de migration vers un logiciel libre, annoncé, revendiqué et qui se passe mal peut avoir des effets terribles pour le futur. L'utilisateur⋅trice associe presque systématiquement « open source » (ou logiciel libre) et dysfonctionnement.

Les moyens d'avancer : une stratégie de migration claire, adaptée, systématique... et souple.

Une stratégie de migration efficace doit prendre en compte l'ensemble de ces situations et les adresser, sous peine de courir à l'échec. On peut être compétent, convaincu de l'utilité, de l'intérêt ou de l'urgence de choisir une autre voie dans la mise en oeuvre du numérique et échouer. Ces convictions, que je partage, n'ont pas leur place dans une stratégie de migration. Au contraire, elles peuvent faire obstacle à une écoute attentive et à la prise en compte des craintes exprimées (directement ou indirectement) par les utilisateurs⋅trices. Méfions nous de notre enthousiasme et partons du principe qu'il est rarement partagé.

Mais foin des considérations théoriques et autres déclarations péremptoires, voici un exemple de projet de migration (à Linux, pour l'exemple) qui prendrait justement, et dans la mesure du possible, en compte les écueils évoqués.

Le choix du meilleur outil

Avant d'entamer la migration, un important travail de préparation doit être réalisé, en interne. Il permet de :

vérifier que l'outil (la distribution de Linux, par exemple) s'intègre parfaitement dans l'environnement informatique tel qu'il est (et pas tel qu'on aimerait qu'il soit). Cette intégration avec l'existant s'appréhende de manière étendue, pour garantir la compatibilité avec les systèmes communs (annuaire informatique, systèmes d'impression, serveur de fichier, etc.) et l'ensemble des logiciels utilisés au quotidien. Cela suppose une bonne connaissance des besoins métiers et habitudes prises sur les postes clients.

sélectionner une distribution qui se rapproche le plus possible de ce que les gens connaissent déjà (Windows ou MacOS, typiquement). Cela permet de minimiser l'impression d'un changement important... et donc l'effort de formation nécessaire pour une adoption en douceur. Un passage de Windows 11 à Ubuntu sera toujours plus difficile qu'un passage à Zorin OS, distribution qui s'efforce justement de ressembler à Windows.

négocier, avec les décideurs⋅euses, une migration qui ne s'appuie sur aucun d'objectif chiffré, ni daté. Cette condition permet d'adapter l'effort de migration au niveau de résistance rencontré. Elle donne au service la latitude de réagir en cas de problème, de monter progressivement en compétence et de fournir aux utilisateurs⋅trices un niveau de service à la hauteur de l'importance du projet. Un objectif de migration à 100% est illusoire, et il faut l'affirmer dès le début du projet. Des problèmes de compatibilité (avec des solutions fournies par des partenaires, par exemple) peuvent se présenter et compromettre la migration de certains utilisateurs. La résistance culturelle peut également être si forte que, dans certains cas, renoncer est la meilleure des solutions.

prévoir des solutions de contournement : des problèmes d'incompatibilité avec des logiciels métier peuvent se poser, qu'il ne faut pas négliger. Envisager des moyens de les faire fonctionner est indispensable sous peine d'impacter sérieusement la migration. Un accès à un serveur RDP sous Windows permet, avec le client Remmina pour Linux, de résoudre énormément de ces cas (logiciels avec client lourd pour Windows, accès à Excel dans le cas d'incompatibilité avec des solutions tierces, etc.)

prévoir une communication sur le sujet : partager la stratégie de migration, préciser que l'objectif n'est pas de passer tout le monde au libre, affirmer qu'il n'y aura pas de migration contrainte, penser à mettre en avant les « petits plus » et les avantages (pour les utilisateurs⋅trices, pas pour la gouvernance) du changement, bref : rendre, autant que possible, le changement désirable.

Une expérimentation à petite échelle

Dans les premiers temps de la migration, il est indispensable de limiter le nombre de postes concernés, et de s'adresser à un public choisi. Ce beta-test permet de réaliser les derniers ajustements et de s'assurer qu'en condition opérationnelle il répond effectivement au besoin, avec le niveau de qualité attendu. Sur un parc de 500 utilisateurs⋅trices il peut concerner, par exemple, une dizaine de personnes. On prendra soin de sélectionner des profils d'utilisation variés, et d'intégrer plusieurs décideurs⋅euses-clés (pour une validation facilitée du passage aux étapes suivantes).

Un appel au volontariat

La meilleure façon d'entamer effectivement la migration est de commencer par un appel au volontariat. « Vous voulez utiliser Linux ? Nous l'installons et nous le maintenons ! ». Cette étape a plusieurs vertus. Elle permet :
d'augmenter le parc installé sans résistance au changement (ou avec une résistance très faible). Cela participe de la montée en compétence progressive de l'équipe ;
faire naître la nouvelle solution dans l'environnement informatique de la collectivité ou de l'entreprise. Le simple fait qu'une utilisation de Linux au quotidien apparaisse dans les usages permet de lever un certain nombre de doutes sur la faisabilité d'une évolution ;
pouvoir communiquer sur une migration effectivement démarrée.

Dans mes différentes expériences, cette phase (additionnée au beta-test), maintenue pendant 1 an, a permis de migrer 5% du parc environ.

Une phase d'incitation

Proposer systématiquement Linux lors de la remise d'une nouvelle machine permet également de faire exister la solution et d'élargir le champ des possibles sans contrainte pour les employé⋅es. Après une phase d'appel au volontariat, cela permet d'équiper des gens qui ont vu fonctionner Linux chez d'autres, ont pu en mesurer certains des avantages et ont développé une curiosité pour le sujet.

Cette phase permet d'installer l'utilisation de Linux comme une alternative crédible au sein de la structure et de l'asseoir, au niveau du service informatique, dans un fonctionnement standardisé. Après quelques années (2 à 3 ans, typiquement), 10% à 20% du parc peut ainsi être migré.

Le libre par défaut ?

Si les phases précédentes se sont globalement bien déroulées et que la présence de postes clients sous Linux n'est plus une surprise dans l'environnement de la structure, pourquoi ne pas en faire le système d'exploitation par défaut ?

Dans ce cas, il faut garder à l'esprit que certains postes, pour les raisons exposées ci-dessus, ne pourront/devront pas être migrés :

parce que des logiciels métiers peuvent être vraiment incompatibles avec Linux ;
parce que la résistance culturelle est trop forte. Il convient de garder à l'esprit que, pour certaines professions (les graphistes, typiquement), une migration à Linux peut être socialement très coûteuse. Leur demander de changer nécessite un effort de formation énorme (ceux qui comme moi ont fait l'effort de passer de Photoshop à GIMP comprendront de quoi je parle) et peut leur donner le sentiment, conscient ou pas, d'une marginalisation importante dans leur milieu (alors même qu'il n'y a pas d'obstacles techniques et fonctionnels objectifs). S'il n'est pas inintéressant de travailler le sujet quand c'est possible, il ne faut certainement pas commencer par adresser ces populations. Renoncer peut même être sage.

L'accompagnement, la formation

Si une bonne stratégie de migration permet de minimiser l'effort de formation nécessaire pour le passage à une solution libre, c'est un point qu'il ne faut pas négliger. Prévoir des sessions de formation permet de répondre à plusieurs types de demandes :
des demandes de montée en compétence (pour une utilisation plus ou moins avancée) ;
des inquiétudes liées à la nouveauté (alors que le niveau de la personne est suffisant pour pouvoir fonctionner en autonomie). Ce deuxième point est important : au delà des aspects techniques, la formation est vécue comme un moment d'échange et d'écoute avec ceux qui ont proposé (et qui mettent en oeuvre) le changement. Elle est l'affirmation que le service a conscience de ce qui peut parfois être perçu (à tort ou à raison) comme un effort important.

Le positionnement doit être : comment puis-je faire sous Linux (ou avec LibreOffice, par exemple), ce que je sais déjà faire sous Windows (ou sous Microsoft Office) ? Partir, en complément d'une formation générale, d'exemple concrets fournis par les employé⋅es et travaillés ensemble, est une très bonne idée.

De nombreux⋅ses acteurs et actrices de l'écosystème peuvent vous aider à mettre en oeuvre, en lien avec le service des ressources humaines, des prestations d'accompagnement et/ou de formation. Vous pouvez aussi faire le choix, si la charge de travail de l'équipe le permet, de sessions organisées en interne.

L'échange avec les autres acteurs

Échanger avec des collègues qui ont déjà dû gérer une migration de ce type est une très bonne idée. Cela permet de s'inspirer de pratiques et d'outils qui ont fait la preuve de leur efficacité dans un contexte approchant. Des écueils importants et de nombreuses fausses bonnes idées peuvent être utilement évités. Des noms de prestataires qui ont donné satisfaction peuvent également être partagés.

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06.04.2024 à 16:13

Un land allemand libéré

Nicolas Vivant

Ce texte est une traduction d'un communiqué de presse en allemand intitulé « Einstieg in den Umstieg » publié par le land allemand Schleswig-Holstein, sur son site web, le 3 avril 2024. Neuvième état allemand en nombre d'habitants et douzième pour sa superficie, sa capitale est Kiel.
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Le Schleswig-Holstein mise à l'avenir sur un poste de travail informatique numériquement souverain dans l'administration du Land - c'est ce que vient de décider le cabinet.
Indépendant, durable, sûr : le (...)

- Articles traduits
Texte intégral (1208 mots)

Ce texte est une traduction d'un communiqué de presse en allemand intitulé « Einstieg in den Umstieg » publié par le land allemand Schleswig-Holstein, sur son site web, le 3 avril 2024. Neuvième état allemand en nombre d'habitants et douzième pour sa superficie, sa capitale est Kiel.

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Le Schleswig-Holstein mise à l'avenir sur un poste de travail informatique numériquement souverain dans l'administration du Land - c'est ce que vient de décider le cabinet.

Indépendant, durable, sûr : le Schleswig-Holstein sera une région pionnière en matière de numérique et le premier Land à introduire un poste de travail informatique numériquement souverain dans son administration régionale. Avec une décision du cabinet d'introduire à grande échelle le logiciel open source LibreOffice comme solution bureautique standard, le gouvernement a donné le coup d'envoi de la première étape vers la souveraineté numérique totale du Land, d'autres étapes suivront.

Les données des citoyens restent en sécurité

« L'avenir de l'administration est basé sur le cloud, l'automatisation, les algorithmes et les données. Nos applications informatiques fonctionneront donc à l'avenir comme des services en nuage sur Internet. En conséquence, les grands fabricants de produits informatiques courants transfèrent de plus en plus leurs applications sur Internet. Nous n'avons aucune influence sur les processus d'exploitation de ces solutions et sur le traitement des données, y compris sur une éventuelle fuite de données vers des pays tiers. En tant qu'État, nous avons la responsabilité envers nos citoyens et nos entreprises de veiller à ce que leurs données soient en sécurité chez nous et nous devons nous assurer que nous sommes toujours maîtres des solutions informatiques que nous utilisons et que nous pouvons agir en toute indépendance. Assurer la souveraineté numérique est au moins aussi important que la souveraineté énergétique », déclare le ministre du numérique du Schleswig-Holstein, Dirk Schrödter.

Une place numérique forte en Europe

« Mais la voie de la souveraineté numérique suit aussi une boussole claire en matière de politique industrielle. Ma vision d'une place numérique forte en Europe peut ainsi devenir réalité, car nous ne devons plus dépenser nos budgets publics uniquement en droits de licence, mais investir dans de véritables services de programmation de notre économie numérique nationale, créant ainsi de la valeur et des emplois sur place. Nos objectifs en matière de développement d'un marché unique numérique commun sont des solutions et des services numériques souverains que nous mettons en réseau. En tant qu'administration nationale, nous utilisons le trésor des données pour garantir, à l'intérieur du pays, des innovations ouvertes, des chaînes de création de valeur numériques et la prospérité ».

Nous prenons la souveraineté numérique au sérieux

Selon Schrödter, la souveraineté numérique fait partie intégrante de la stratégie numérique et du programme de travail du gouvernement régional. « Les produits actuels du poste de travail informatique standard ne permettent pas d'atteindre cet objectif. Nous prenons la souveraineté numérique au sérieux et allons de l'avant : le changement décidé pour les logiciels Office est une étape importante, mais ce n'est que le début de la transition : le passage aux logiciels libres pour le système d'exploitation, la plateforme de collaboration, le service d'annuaire, les procédures spécialisées et la téléphonie suivra ».

Avec la décision du cabinet, le gouvernement du Land a donné un début concret à la transition des logiciels propriétaires vers des systèmes open source libres et ouverts, ainsi qu'au poste de travail informatique numériquement souverain pour les quelque 30 000 employés de l'administration du Land. Par logiciel propriétaire, on entend des applications numériques dont l'utilisation et le traitement ultérieur sont fortement limités par les droits d'auteur et les conditions de licence. De plus, une offre existe souvent en relation avec des prestations d'exploitation et de centre de calcul, ce qui permet au fournisseur de conserver la souveraineté du produit.

Meilleure sécurité informatique, rentabilité, protection des données

Le passage à des solutions open source est un élément important pour le maintien de la souveraineté numérique. L'utilisation de logiciels open source permet également d'améliorer la sécurité informatique, la rentabilité, la protection des données et la collaboration entre les différents systèmes. Outre le développement de logiciels à source ouverte, l'objectif est également de mettre à disposition les futurs résultats de développement du pays sous des licences libres.

Les six piliers d'un poste de travail informatique numériquement souverain

Les éléments du poste de travail informatique numériquement souverain sont mis en place dans le Schleswig-Holstein dans six piliers de projet au total :

  • Passer de Microsoft Office à LibreOffice
  • Passage du système d'exploitation Microsoft Windows à Linux
  • Collaboration au sein de l'administration du Land et avec des personnes externes : utilisation des produits open source Nextcloud, Open Xchange/Thunderbird en combinaison avec le connecteur AD d'Univention pour remplacer Microsoft Sharepoint ainsi que Microsoft Exchange/Outlook.
  • Conception d'un service d'annuaire basé sur l'open source pour remplacer Microsoft Active Directory
  • Inventaire des procédures spécialisées en termes de compatibilité et d'interopérabilité avec LibreOffice et Linux
  • Développement d'une solution de téléphonie basée sur l'open source pour remplacer Telekom-Flexport

Offre de formation complète du personnel

L'utilisation de LibreOffice en tant que suite bureautique standard dans la communication entre les ministères et les autorités se fait à court terme et son utilisation est obligatoire. Si le changement ne peut pas être effectué rapidement en raison de conditions techniques ou professionnelles, des exceptions possibles seront convenues. Une offre de formation complète et à bas coût est disponible pour les collaborateurs et est mise à jour en fonction des besoins. En outre, la gestion centrale des technologies de l'information du Land fournit un soutien au personnel lors de l'introduction de LibreOffice.

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03.04.2024 à 20:42

OSQI

Nicolas Vivant

Ce texte est une traduction d'un article intitulé « OSQI » publié par Tim Bray, sur son site web « ongoing » le 1er avril 2024.
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Je propose la création d'un ou plusieurs « Open Source Quality Institutes ». Un OSQI est une organisation du secteur public qui emploie des ingénieurs en logiciel. Sa mission serait d'améliorer la qualité, et en particulier la sécurité, des logiciels libres populaires.
Pourquoi ? - La porte dérobée XZ Utils (disons simplement #XZ) est à l'origine de ce qui m'a conduit à (...)

- Articles traduits
Texte intégral (2741 mots)

Ce texte est une traduction d'un article intitulé « OSQI » publié par Tim Bray, sur son site web « ongoing » le 1er avril 2024.

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Je propose la création d'un ou plusieurs « Open Source Quality Institutes ». Un OSQI est une organisation du secteur public qui emploie des ingénieurs en logiciel. Sa mission serait d'améliorer la qualité, et en particulier la sécurité, des logiciels libres populaires.

Pourquoi ? - La porte dérobée XZ Utils (disons simplement #XZ) est à l'origine de ce qui m'a conduit à cette idée. Si vous vous penchez sur cette histoire, il devient évident que la vulnérabilité clé n'était pas technique, mais était liée au fait qu'un grand nombre de logiciels open source sont sous-maintenus ou négligés, parce qu'ils ne s'appuient pas sur une logique commerciale permettant de payer des gens pour s'en occuper. Ce qui est un problème, parce qu'il existe de bonnes raisons de payer des gens pour les attaquer.

D'autres activités humaines essentielles ne sont pas rentables, comme l'enseignement supérieur, la qualité de l'eau potable et la réglementation financière. Pour ces activités, nous créons des structures non capitalistes telles que des universités, des instituts et des agences, parce que la société a besoin que ces choses soient faites, même si personne ne peut gagner de l'argent en les faisant.

Je pense que nous devons accorder plus d'attention à la qualité en général, et à la sécurité en particulier, des logiciels libres qui sont devenus la plate-forme sous-jacente de plus ou moins notre civilisation. D'où l'OSQI.

Ils veulent notre peau - Pour moi, les deux grandes leçons de #XZ sont d'abord le manque de ressources pour soutenir une infrastructure open source cruciale, mais ensuite et surtout la démonstration que les attaquants sont nombreux, compétents et patients. Nous savions déjà que les attaquants étaient nombreux et compétents, mais cet épisode, où l'attaquant était déjà bien implanté dans le projet dès mai 2022, a ouvert quelques yeux, dont les miens.

L'avantage, pour les différents types de malfaiteurs, de subvertir les pièces maîtresses de l'infrastructure open source est incalculable. Nous avons repéré #XZ ; combien en avons-nous manqué ?

Qu'est-ce que l'OSQI ? - C'est une organisation créée par un gouvernement national. Il est évident que plus d'une nation peut avoir un OSQI.

La grande majorité du personnel serait composée d'ingénieurs logiciels relativement expérimentés, avec un petit pourcentage de personnes paranoïaques non spécialisées dans la sécurité informatique. Il est possible de faire beaucoup avec seulement 250 personnes, et le coût supporté serait insignifiant pour un gouvernement important.

Puisqu'il est évident que toutes les entreprises du monde ayant un chiffre d'affaires d'un milliard ou plus dépendent de l'open source, il serait raisonnable d'imposer une taxe de, disons, 0,1 % du chiffre d'affaires à toutes ces entreprises, pour aider à soutenir ce travail. L'argent n'est pas un problème.

Structure - La sélection des progiciels qui feront l'objet de l'attention de l'OSQI sera laissée à l'organisation, bien qu'il y ait des possibilités pour quiconque de demander une vérification. L'organisation de l'ingénierie pourrait être relativement horizontale, la plupart des personnes accordant une attention individuelle à des projets individuels, puis des équipes ad hoc se formant pour la construction d'outils ou la gestion de crise lorsqu'un truc comme #XZ se produit.

Pourquoi y travaillerait-on ? - Le salaire serait correct ; moins que chez Google ou Facebook, mais un salaire décent de fonctionnaire. Il n'y aurait aucun soupçon que votre employeur essaie de rendre pire quoi que ce soit ; en fait, vous commenceriez à travailler le matin avec la certitude que vous essayez d'améliorer le monde. Le télétravail serait le mode de travail par défaut, de sorte que vous pourriez vivre dans un endroit où un salaire qui ne serait pas tout à fait celui de Google vous permettrait d'avoir un mode de vie très confortable. Il y aurait des vacances décentes, des avantages sociaux et (*ahem*) une pension de retraite.

Et il y a une certaine catégorie de personnes qui trouverait une joie quotidienne dans le fait de jeter un coup d'œil, de fouiller et de perfectionner des paquets open source dont dépendent des millions de programmeurs et (indirectement) des milliards d'êtres humains. Il y a quelques décennies, j'en aurais fait partie.

Je ne pense pas que le recrutement soit un problème.

Quels sont donc les objectifs et les non-objectifs de l'OSQI ?

Objectif : sécurité - Cela doit passer en premier. Si tout ce que l'OSQI accomplit est de déjouer quelques attaques du type de #XZ, et de rendre la vie plus difficile à ceux qui les commettent, c'est très bien.

Objectif : construction d'outils - Je pense qu'il est désormais acquis que les plus grandes surfaces d'attaque de l'open source sont les réseaux de dépendance et les outils de build. Ce sont des problèmes importants et complexes, mais faisons preuve d'audace et plaçons la barre haut :

Les logiciels libres doivent être construits de manière déterministe, vérifiable et reproductible, à partir de snapshots de code source signés. Ces snapshots doivent être exempts d'artefacts générés ; chaque élément du snapshot doit être écrit et lisible par l'homme.

Par exemple : comme l'a dit Kornel, sérieusement, rétrospectivement, #autotools lui-même est un risque massif pour la sécurité de la chaîne d'approvisionnement. Je ne plaisante pas ! Sauf que le réflexe de tout le monde c'est « Comment vous allez faire, ce truc est interdépendant avec à peu près tout ».

Il existe des alternatives ; je connais CMake et Meson. Sont-elles suffisantes ? Je n'en sais rien. Il est évident que GNU AutoHell ne peut pas être balayé de tous les recoins organiques dans lequel il se cache et qu'il infecte, mais chaque projet dont il sera éliminé présentera moins de danger pour le monde. Je pense que l'OSQI aurait la possibilité de faire de réels progrès sur ce front.

Non-objectif : fonctionnalités - L'OSQI ne devrait jamais investir de ressources techniques dans l'ajout de fonctionnalités intéressantes aux paquets open source (à l'exception peut-être des outils de build et de test). La communauté open source déborde d'énergie pour ajouter de nouvelles fonctionnalités, la plupart provenant de personnes qui veulent prendre le taureau par les cornes ou qui font face à un réel blocage au travail. Ils sont bien mieux placés pour apporter ces améliorations que n'importe qui à l'OSQI.

Objectif : maintenance - Beaucoup trop de paquets deep-infra sont de moins en moins maintenus au fur et à mesure que les gens vieillissent, sont débordés, fatigués, malades ou morts. Alors que j'écrivais ceci, un appel à l'aide m'est parvenu de Sebastian Pipping, l'excellent mainteneur d'Expat, le parser XML le plus populaire au monde, mais qui n'est pas supporté et n'est pas financé.

Et oui, il s'inscrit une tendance, qui comprend notamment le désormais célèbre paquet XZ Utils.

Je pense donc qu'une tâche utile pour l'OSQI serait de prendre en charge (idéalement partiellement) les tâches de maintenance pour de nombreux projets open source qui ont un ratio élevé d'adoption par rapport au support. Dans certains cas, l'OSQI devrait prendre une forme moins intensive, que nous appellerons « life support » [maintien en vie], où l'OSQI s'occupe des rapports de vulnérabilité mais refuse catégoriquement d'aborder les demandes de fonctionnalités, aussi triviales soient-elles, et rejette tous les PR à moins qu'ils ne viennent de quelqu'un qui est prêt à prendre en charge une partie de la charge de la maintenance.

L'un des avantages d'avoir des professionnels rémunérés qui s'en chargent est qu'ils peuvent éviter le type de harcèlement par ingénierie sociale que l'attaquant de #XZ a infligé au mainteneur de XZ-Utils (voir l'excellente chronologie de Russ Cox) et qui est malheureusement trop courant dans le monde de l'open source en général.

Objectif : analyse comparative - L'efficacité est un aspect de la qualité, et je pense qu'il serait parfaitement raisonnable que l'OSQI s'engage dans l'analyse comparative et l'optimisation. Il y a une raison non évidente à cela : #XZ a été démasqué lorsqu'un spécialiste de Postgres a remarqué des problèmes de performance.

Je pense qu'en général, si vous êtes une personne mal intentionnée et que vous essayez d'introduire une porte dérobée dans un paquetage open source, il sera difficile de le faire sans introduire des problèmes de performance. Je préconise depuis longtemps que les tests unitaires et/ou d'intégration devraient inclure un ou deux points de référence, juste pour éviter les régressions de performance bien intentionnées ; s'ils handicapent aussi les méchants, c'est un bonus.

Objectif : éducation et évangélisation - Le personnel de l'OSQI développera un pool commun de compétences approfondies pour rendre les logiciels libres plus sûrs et plus performants, et plus particulièrement pour détecter et repousser de multiples types d'attaques. Ils doivent les partager ! Blogs, conférences, etc. Il m'est même venu à l'esprit qu'il pourrait être judicieux de structurer l'OSQI en tant qu'institution éducative, autonome ou en tant qu'école supérieure de quelque chose d'existant.

Mais ce dont je parle, ce n'est pas d'articles dans le JACM avec comité de lecture, mais ce que mon père, professeur d'agriculture, appelait « vulgarisation » : transmettre les résultats de la recherche directement à ceux qui pratiquent.

Non-objectif : élaborer des normes - Le monde compte suffisamment d'organismes de normalisation. Je pourrais cependant imaginer que des employés de l'OSQI participent à l'IETF, à l'IEEE, au W3C ou à d'autres organismes, en travaillant sur des normes relatives à l'infosec.

Ce qui m'amène à...

Non-objectif : litiges - ou toute autre activité liée à l'application de la législation. L'objectif de l'OSQI est de résoudre les problèmes, de créer des outils et de partager les enseignements tirés de l'expérience. Cela sera plus facile si personne (à l'exception des attaquants) ne les considère comme une menace et si le personnel n'a pas à penser à la façon dont son travail et ses conclusions seront présentés devant un tribunal.

Et un non-objectif connexe...

Non-objectif : licences - L'intersection entre la catégorie de personnes qui feraient de bons ingénieurs OSQI et celles qui se soucient des licences open source est, heureusement, très réduite. Je pense que l'OSQI devrait accepter le paysage des licences qui existe et travailler dur pour éviter de penser à sa théologie.

Non-objectif : certification - Une fois que l'OSQI existera, l'appellation « certifié par l'OSQI » pourrait voir le jour. Mais ce serait une erreur ; l'OSQI devrait être une organisation d'ingénieurs ; le coût (mesuré par la bureaucratie requise) de la certification serait astronomique.

Objectif : transparence - L'OSQI ne peut pas se permettre d'avoir des secrets, à la seule exception des vulnérabilités fraîchement découvertes mais encore non divulguées. Et lorsque ces vulnérabilités sont divulguées, l'histoire de leur découverte et de leur caractérisation doit être partagée, entièrement et complètement. Cela semble être une base minimale pour construire le niveau de confiance qui sera nécessaire.

Paranoïa nécessaire - J'ai expliqué plus haut pourquoi l'OSQI pouvait être un lieu de travail agréable. Il y aura cependant un inconvénient : vous perdrez une partie de votre vie privée. Si l'OSQI réussit, il deviendra une cible de grande valeur pour nos adversaires. Dans le cours naturel des choses, de nombreux employés deviendront des committers sur des paquets populaires, ce qui augmentera leur attrait en tant que cibles pour les pots-de-vin ou le chantage.

Je me souviens d'un jour où un responsable de la sécurité d'un géant de l'Internet m'a dit : « Nous avons des milliers d'ingénieurs, et mon travail m'oblige à croire qu'au moins l'un d'entre eux a aussi un autre employeur ».

Je pense donc que l'OSQI doit employer un petit nombre d'experts paranoïaques en sécurité traditionnelle (pas en Infosec) pour surveiller leurs collègues, contrôler leurs finances et se méfier d'une manière générale. Ces personnes s'occuperaient également de la sécurité physique et de la sécurité du réseau de l'OSQI. Parce que les attaquants attaqueront.

Prononciation - Rime avec « bosky » [NDT : verdoyant], bien sûr. De plus, les personnes qui y travaillent sont des OSQIens. J'ai déposé le nom de domaine « osqi.org » et j'en ferai joyeusement don dans le cas, assez improbable, où cette idée aboutirait.

Vous êtes sérieux ? - Oui. Sauf que je ne parle plus avec la voix d'un employeur puissant. [NDT : Tim a travaillé pour de grands acteurs économiques de la tech]

Écoutez : pour le meilleur ou pour le pire, l'open source a gagné. [Note de l'auteur : pour le meilleur, bien sûr]. Cela signifie qu'il est devenu une infrastructure cruciale de la civilisation, que les gouvernements devraient activement soutenir et entretenir, tout comme les routes, les barrages et les réseaux électriques.

Ce n'est pas tant que l'OSQI, ou quelque chose de semblable, soit une bonne idée ; c'est que ne pas essayer d'atteindre ces objectifs, en 2024, est dangereux et insensé.

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24.03.2024 à 18:39

À l'occasion du 35e anniversaire du web : lettre ouverte

Nicolas Vivant

Ce texte est une traduction d'un article intitulé « Marking the Web's 35th Birthday : An Open Letter » publié par Tim Berners Lee, inventeur du Web, sur le site de la Web Foundation.
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L'espoir originel
Il y a trois décennies et demie, lorsque j'ai inventé le web, sa trajectoire était impossible à imaginer. Il n'y avait pas de feuille de route pour prédire son évolution, c'était une odyssée captivante remplie d'opportunités et de défis imprévus. L'ensemble de son infrastructure était sous-tendu par (...)

- Articles traduits
Texte intégral (1571 mots)

Ce texte est une traduction d'un article intitulé « Marking the Web's 35th Birthday : An Open Letter » publié par Tim Berners Lee, inventeur du Web, sur le site de la Web Foundation.

***

L'espoir originel

Il y a trois décennies et demie, lorsque j'ai inventé le web, sa trajectoire était impossible à imaginer. Il n'y avait pas de feuille de route pour prédire son évolution, c'était une odyssée captivante remplie d'opportunités et de défis imprévus. L'ensemble de son infrastructure était sous-tendu par l'intention de permettre la collaboration, d'encourager la compassion et de générer de la créativité - ce que j'appelle les 3 C. La première décennie du web a tenu ses promesses : le web était décentralisé, avec une longue traîne de contenus et d'options, il créait de petites communautés plus localisées, donnait des moyens d'action aux individus et favorisait une énorme valeur ajoutée. Pourtant, au cours de la dernière décennie, au lieu d'incarner ces valeurs, le web a contribué à les éroder. Les conséquences sont de plus en plus importantes. De la centralisation des plateformes à la révolution de l'intelligence artificielle, le web constitue la couche fondamentale de notre écosystème en ligne - un écosystème qui remodèle aujourd'hui le paysage géopolitique, entraîne des changements économiques et influence la vie des gens dans le monde entier.

État des lieux

Il y a 5 ans, lorsque le web a eu 30 ans, j'ai dénoncé certains des dysfonctionnements causés par le fait que le web est dominé par l'intérêt personnel de plusieurs entreprises qui ont érodé les valeurs du web et conduit à des ruptures et à des préjudices. Aujourd'hui, cinq ans plus tard, alors que nous fêtons le 35e anniversaire du web, les progrès rapides de l'IA ont exacerbé ces préoccupations, prouvant que les problèmes du web ne sont pas isolés, mais plutôt profondément liés aux technologies émergentes.

Il y a deux questions claires et liées à aborder. Le premier est l'ampleur de la concentration du pouvoir, qui contredit l'esprit décentralisé que j'avais envisagé à l'origine. Cela a segmenté le web, avec une lutte pour garder les utilisateurs accrochés à une plateforme afin d'optimiser les profits grâce à l'observation passive du contenu. Ce modèle commercial d'exploitation est particulièrement grave en cette année d'élections qui pourrait déboucher sur des troubles politiques. Le second problème est aggravé par le marché des données personnelles qui a exploité le temps et les données des gens en créant des profils profonds qui permettent de faire de la publicité ciblée et, en fin de compte, de contrôler l'information dont les gens sont nourris.

Comment cela s'est-il produit ? Le leadership, entravé par un manque de diversité, s'est détourné d'un outil au service du bien public pour le soumettre aux forces capitalistes qui aboutissent à la monopolisation. La gouvernance, qui devrait corriger cette situation, n'y est pas parvenue, les mesures réglementaires étant dépassées par le développement rapide de l'innovation, ce qui a creusé un fossé entre les avancées technologiques et une surveillance efficace.

L'avenir dépend de notre capacité à réformer le système actuel et à en créer un nouveau qui serve véritablement les intérêts de l'humanité. Pour y parvenir, nous devons décloisonner les données afin d'encourager la collaboration, créer des conditions de marché dans lesquelles une diversité d'options prospère pour alimenter la créativité, et passer d'un contenu polarisant à un environnement façonné par une diversité de voix et de perspectives qui favorisent l'empathie et la compréhension.

Niveau fixé

Pour transformer véritablement le système actuel, nous devons à la fois nous attaquer aux problèmes existants et soutenir les efforts des individus visionnaires qui travaillent activement à la construction d'un nouveau système amélioré. Un nouveau paradigme est en train d'émerger, qui place l'intention des individus plutôt que l'attention au cœur des modèles économiques, nous libérant ainsi des contraintes de l'ordre établi et nous redonnant le contrôle de nos données. Porté par une nouvelle génération de pionniers, ce mouvement cherche à créer un web plus centré sur l'humain, conformément à ma vision initiale. Ces innovateurs sont issus de diverses disciplines - recherche, politique et conception de produits - et sont unis dans leur quête d'un web, et des technologies qui y sont liées, qui nous servent et nous donnent les moyens d'agir. Bluesky et Mastodon ne se nourrissent pas de notre engagement mais créent tout de même des groupes, Github fournit des outils de collaboration en ligne et les podcasts contribuent à la connaissance de la communauté. À mesure que ce paradigme émergent prend de l'ampleur, nous avons l'occasion de redessiner un avenir numérique qui donne la priorité au bien-être, à l'équité et à l'autonomie de l'être humain. Il est temps d'agir et d'embrasser ce potentiel de transformation.

Changement fondamental

Comme le souligne le « Contrat pour le web », une multitude de parties prenantes doivent collaborer pour réformer le web et guider le développement des technologies émergentes. Des solutions de marché innovantes, comme celles que j'ai mises en évidence, sont essentielles à ce processus. La législation avant-gardiste des gouvernements du monde entier peut faciliter ces solutions et aider à gérer le système actuel de manière plus efficace. Enfin, en tant que citoyens du monde entier, nous devons nous engager et exiger des normes plus élevées et une plus grande responsabilité pour nos expériences en ligne. Le moment est venu d'affronter les lacunes du système dominant tout en catalysant des solutions transformatrices qui responsabilisent les individus. Ce système émergent, riche en potentiel, est en train de se développer et les outils de contrôle sont à notre portée.

Une partie de la solution réside dans le protocole Solid, une spécification et un mouvement visant à fournir à chaque personne son propre « data store personnel en ligne », connu sous le nom de POD. Nous pouvons restituer la valeur qui a été perdue et restaurer le contrôle des données personnelles.

Avec Solid, les individus décident de la manière dont leurs données sont gérées, utilisées et partagées. Cette approche a déjà commencé à prendre racine, comme on peut le voir en Flandre, où chaque citoyen a désormais son propre POD après que Jan Jambon a annoncé, il y a quatre ans, que tous les citoyens de Flandre devraient avoir un POD.

C'est l'avenir de la propriété et du contrôle des données, et c'est un exemple du mouvement émergent qui est sur le point de remplacer le système actuel dépassé.

Appel à l'action

La réalisation de ce mouvement émergent ne se fera pas du jour au lendemain - il faut soutenir les personnes qui mènent la réforme, qu'il s'agisse de chercheurs, d'inventeurs ou de défenseurs. Nous devons amplifier et promouvoir ces cas d'utilisation positifs et nous efforcer de faire évoluer l'état d'esprit collectif des citoyens du monde. La Web Foundation, que j'ai cofondée avec Rosemary Leith, a soutenu et continuera de soutenir et d'accélérer ce système émergent et les personnes qui en sont à l'origine. Cependant, il est nécessaire, urgent, que d'autres fassent de même, qu'ils soutiennent les dirigeants moralement courageux qui se lèvent, qu'ils collectivisent leurs solutions et qu'ils renversent le monde en ligne dicté par le profit en un monde dicté par les besoins de l'humanité. Ce n'est qu'alors que l'écosystème en ligne dans lequel nous vivons tous atteindra son plein potentiel et fournira les bases de la créativité, de la collaboration et de la compassion.

Tim Berners-Lee
12 mars 2024

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16.03.2024 à 19:15

DSI, travaillons notre autonomie !

Nicolas Vivant

Il n'est pas rare que les DSI se plaignent d'augmentations significatives des coûts de licences et des abonnements, sans réaliser que nous sommes victimes d'un système. Tout, dans le marketing autour des outils informatiques et dans les choix stratégiques nationaux, incite à une augmentation de la dépendance vis-à-vis des fournisseurs : doctrine « cloud au centre », applications qui, du jour au lendemain, ne sont plus accessibles qu'en mode Software as a Service (SaaS), licences qui ne sont plus (...)

- Pensées furtives
Texte intégral (1362 mots)

Il n'est pas rare que les DSI se plaignent d'augmentations significatives des coûts de licences et des abonnements, sans réaliser que nous sommes victimes d'un système. Tout, dans le marketing autour des outils informatiques et dans les choix stratégiques nationaux, incite à une augmentation de la dépendance vis-à-vis des fournisseurs : doctrine « cloud au centre », applications qui, du jour au lendemain, ne sont plus accessibles qu'en mode Software as a Service (SaaS), licences qui ne sont plus disponibles que sous forme d'abonnement…

Les collectivités locales sont en difficulté. La cause ? Des recettes en chute libre :

  • non-augmentation des impôts (devenue un incontournable des politiques de tout bord) ;
  • nouvelles compétences transférées aux collectivités sans compensation suffisante ;
  • baisse des dotations et des subventions reçues ;
  • financements de plus en plus partiels des projets.

Contraintes de présenter des budgets à l'équilibre, elles doivent baisser leur niveau de dépense dans les mêmes proportion... et donc le niveau de service public qu'elles proposent.

Et c'est dans ce contexte que s'impose, dans les esprits, un système de dépendance et d'augmentation non négociable des coûts. Un service informatique qui, aujourd'hui, fait le choix de O365 et de WMWare, du « tout Cloud » et d'applications en mode SaaS, met en danger sa stabilité budgétaire, et donc celle de sa collectivité. Belle injonction contradictoire.

Comment mettre en œuvre une véritable transformation numérique, gérer un périmètre qui augmente inéxorablement (puisque, de plus en plus, tout est « connecté ») dans un contexte financier de plus en plus contraint ?

En attendant une hypothétique prise de conscience des acteurs, nous sommes contraints de travailler l'autonomie de nos systèmes. Un choix qui ne va pas de soi, tant il s'oppose au discours dominant et à la formation reçue par celles et ceux qui sont en responsabilité. À Échirolles, le choix des logiciels libres s'inscrit dans cet effort et nous permet de maintenir le cap. Et le changement ne concerne pas que les aspects financiers.

Une plus grande efficacité

En étant autonome, la DSI est capable de prendre rapidement des décisions stratégiques et opérationnelles sans avoir besoin de passer par un processus de validation long et complexe auprès d'autres services ou directions. Elle peut ainsi explorer de nouvelles technologies et solutions innovantes qui contribuent à améliorer les processus internes et externes de la collectivité.

L'autonomie de la DSI facilite également, grace à l'utilisation de protocoles standard et interopérables, l'intégration et la coordination des divers systèmes informatiques. Ceci inclut non seulement les logiciels et matériels propriétaires mais également les plateformes cloud tierces, les outils open-source et autres technologies connexes. La bonne intégration de ces composants assure une expérience utilisateur plus fluide et plus homogène.

Elle dispose des moyens nécessaires pour adopter une posture proactive en termes de surveillance et d'optimisation des performances informatiques, anticipant ainsi les dysfonctionnements potentiels et minimisant les temps d'arrêt involontaires.

Dans un monde dominé par les données et l'automatisation, l'autonomie de la DSI permet à l'entreprise de tirer pleinement parti des opportunités offertes par la transformation numérique. La mise en oeuvre de l'IA, de l'IoT, de l'analytique avancée et d'autres technologies innovantes devient alors plus accessible, sans mettre en danger la souveraineté de la structure, ni les données des administrés.

Une meilleure qualité de service

Une DSI autonome se donne les moyens de comprendre les besoins spécifiques de chaque direction et service. En conséquence, elle peut fournir des solutions informatiques adaptées, alignées sur les véritables besoins.

Elle est généralement bien positionnée pour standardiser et simplifier ses architectures informatiques grâce à sa capacité à prendre des décisions rapides et indépendantes concernant les choix technologiques. Ces efforts de normalisation peuvent conduire à une diminution des coûts et à une augmentation de l'efficacité. Perçue comme un partenaire des autres directions plutôt qu'un simple prestataire de services, elle devient un pivot important de tout projet en transversalité.

Une meilleure gestion des risques

Gagner en autonomie, c'est être en mesure de mettre en place des politiques de sécurité et de gouvernance plus efficaces pour protéger les actifs numériques de la collectivité contre les menaces extérieures telles que les cyberattaques.

C'est aussi être mieux placé pour faire face aux perturbations imprévues et les crises majeures. Avec une grande autonomie, la DSI peut rapidement adapter les systèmes informatiques pour soutenir les nouveaux modèles de travail hybrides ou virtuels, garantissant ainsi la continuité des activités de la collectivité. Un travail sur la résilience du SI peut être mené, sans être impacté par l'éventuelle indisponibilité d'un prestataire.

Des coûts contrôlés

Une DSI autonome dispose d'une meilleure maîtrise de ses dépenses informatiques, ce qui lui permet de mieux planifier et gérer son budget. Elle peut ainsi optimiser les investissements et, libérée des coûts fixes de licences et d'abonnements, investir dans la formation, l'assistance au déploiement ou la mise en oeuvre de projets lourds et consommateurs en temps.

Elle finance de l'humain, fait plus souvent appel à des partenaires proches et participe à l'animation de l'écosystème local plutôt que d'investir à fonds perdus dans des groupes internationaux dont on connaît la propension à échapper à l'impôt, et donc au financement des services publics.

Une équipe de qualité

Une DSI autonome peut offrir un environnement de travail stimulant et créatif où les professionnels de l'informatique ont la liberté de tester de nouvelles idées et de résoudre des problèmes complexes.

Elle a la capacité de proposer un cadre de travail attractif et dynamique et, parce qu'elle facilite la transition vers des solutions informatiques durables, respectueuses de l'environnement et conformes aux normes éthiques et légales en vigueur, elle est davantage susceptible d'attirer et de retenir, en travaillant avec la Direction des Ressources Humaines, les profils IT les plus talentueux et motivés.

Une cooperation facilitée

Les licences open source encouragent intrinsèquement l'implémentation de formats de données et protocoles standards, facilitant ainsi l'interconnexion et la cohabitation entre divers systèmes d'information hétérogènes. Cette aptitude à dialoguer nativement avec des environnements variés favorise la mutualisation des ressources en supprimant artificiellement les barrières historiquement induites par les logiques propriétaires.

Les logiciels libres sont conçus selon une architecture modulaire, articulée autour de blocs fonctionnels relativement indépendants. Cette granularité volontairement accentuée autorise des combinaisons quasi illimitées, permettant ainsi de composer des chaînes de valeur ajoutée originales et contextualisées. En somme, l'open source fluidifie la mutualisation en élargissant le champ des possibles et en simplifiant l'agrégation des expertises complémentaires.

Loin d'être synonyme d'enfermement, le travail sur l'autonomie et l'utilisation des logiciels libres favorise, par les possibilités de fédération qu'il offre, la coopération entre collectivités.

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18.01.2024 à 09:26

AlpOSS : jeudi 21 mars 2024 à Échirolles

Nicolas Vivant

Le 21 mars 2024, la ville d'Échirolles coorganise, avec Belledonne Communications (éditeur de Linphone) et OW2 (communauté open source à destination des professionnels) l'événement AlpOSS.
Un événement de plus ?
En France, les événements consacrés aux logiciels libres ne manquent pas : JdLL (Lyon), RPLL (Lyon), Capitole du Libre (Toulouse), Open Source Experience (Paris). Pourquoi créer un nouvel événement ?
Les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à privilégier, quand c'est (...)

- Pensées furtives
Texte intégral (1552 mots)

Le 21 mars 2024, la ville d'Échirolles coorganise, avec Belledonne Communications (éditeur de Linphone) et OW2 (communauté open source à destination des professionnels) l'événement AlpOSS.

Un événement de plus ?

En France, les événements consacrés aux logiciels libres ne manquent pas : JdLL (Lyon), RPLL (Lyon), Capitole du Libre (Toulouse), Open Source Experience (Paris). Pourquoi créer un nouvel événement ?

Les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à privilégier, quand c'est possible, les logiciels libres. Mais comment identifier les logiciels qui correspondent effectivement aux besoins de nos services ? Qui sont les prestataires qui peuvent nous aider ? En l'absence de marketing et sans nous déplacer dans des événements (parfois lointains), il n'est pas simple de rencontrer les professionnels susceptibles de nous aider dans nos choix. Des associations (l'Adullact, par exemple) permettent aux collectivités d'échanger entre elles. D'autres (OW2, le CNLL, etc.) favorisent les échanges entre professionnels. Certaines sont dédiées aux développeurs, aux universitaires, aux chercheurs...

Ateliers, stands, présentations et moments informels : nous avons souhaité réunir ces deux mondes dans un même événement afin d'échanger, dans différentes configurations, sur les sujets qui nous sont communs.

À Échirolles ?

Le bassin de vie grenoblois est riche en collectivités qui s'appuient au quotidien sur des logiciels libres, en entreprises qui proposent des produits ou des services et en associations qui en encouragent l'utilisation. La ville d'Échirolles est particulièrement active dans ce domaine. Dans le cadre de nos fonctions, il nous est arrivé à maintes reprises de découvrir des entreprises ou des associations locales... en nous déplaçant dans des événements à Paris, à Lyon, à Montpellier ou à Toulouse. À chaque fois, la surprise a été grande. Nous ignorions, par exemple, que Linphone était développé par une entreprise de Grenoble. Notre première rencontre avec Combodo, une entreprise pourtant échirolloise, s'est produite à Paris, lors d'une édition d'Open Source Expérience.

Il nous a semblé nécessaire, parce que notre territoire est particulièrement bien doté en entreprises, en associations et en collectivités diverses d'organiser un événement local.

Pour parler de quoi ?

Les collectivités n'ont pas toutes les mêmes besoins. Certaines, de taille importante, disposent de leur propre service informatique et de compétences internes. Elle peuvent donc déployer et maintenir des solutions en autonomie. D'autres, en revanche, ont besoin (ou font le choix) de s'appuyer sur des prestataires pour fournir à leurs administré·e·s les services les mieux adaptés. Les modèles d'affaire choisis par les entreprises peuvent être déterminants dans les choix des collectivités et faciliter, ou au contraire freiner, l'adoption d'une solution. Les acteurs économiques sont-ils au fait des contraintes des collectivités ? Des obligations liées au code de la commande publique ? Les collectivités comprennent-elles les contraintes des prestataires auxquels elles font appel ? La difficulté que peut représenter, pour une petite structure, la réponse à un appel d'offre ?

Nombreux sont les sujets sur lesquels il nous semble intéressant d'échanger et de confronter nos points de vue.

Pour qui ?

Si la priorité est donnée aux entreprises et collectivités du bassin de vie grenoblois, notre événement est ouvert à toutes et tous, et des acteurs régionaux et nationaux ont prévu de participer. Les thèmes que nous proposons d'aborder sont divers, et sont susceptibles d'intéresser un public varié :
→ Comment favoriser la souveraineté numérique à l'échelon local ?
→ Quels sont les différents modèles d'affaire de l'open-source ?
→ Quelles solutions de communication unifiée pour les collectivités ?
→ Quels outils collaboratifs ?
→ ...et toute autre sujet que vous pourriez trouver intéressant dans le cadre de cet événement.

Alpes Numérique Libre, le collectif des DSI concernés par les logiciels libres, est partenaire d'AlpOSS 2024. Nous espérons une participation importante des collectivités locales.

Pour celles et ceux qui ne peuvent pas (ou ne souhaitent pas) se déplacer, nous avons prévu de diffuser l'ensemble des présentations en direct sur le serveur Peertube de la ville d'Échirolles : https://video.echirolles.fr. Elles seront ensuite disponibles en vidéo à la demande sur ce même serveur.

Des entreprises autour de Grenoble ?

Nous avons identifié (et espérons échanger avec) plus d'une vingtaine d'acteurs économiques locaux qui s'investissent dans les données ouvertes et les logiciels libres :

  • Algoo (développement, infogérance, migration, hébergement...)
  • Alpilink (services cloud, hébergement...)
  • Apitux (logiciels libres et OpenStreetMap)
  • Belledonne Communications (éditeur de Linphone)
  • Bonitasoft (plateforme BPM)
  • Combodo (éditeur d'iTop)
  • Digital-Liance (communications unifiées et infrastructures réseaux)
  • Association Flossita (promotion et défense des logiciels, ressources libres et standards ouverts)
  • ILL (Institut Laue-Langevin, science et technologies neutroniques)
  • INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique)
  • OpenGo (accompagnement, formation)
  • Probesys (éditeur d'AgentJ, prestataire de services informatiques)
  • Sleede (conception de sites web)
  • Smile (intégration et infogérance)
  • TeemIP (éditeur d'une solution de gestion des adresses IP)
  • TelNowEdge (solutions managées de VOIP, réseaux, gestion de parc informatique, téléphonie et outils collaboratifs)
  • Tetras Libre (conseil, recherche et développement en informatique)
  • Enalean (éditeur de Tuleap : gestion de produits, planning Agile, suivi de projets, gestion des tests et développement)
  • Vates (virtualisation)
  • Webu (développement web, hébergement...)

Pour en savoir plus...

Consultez notre site Web : https://alposs.fr
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Consultez notre événement sur LinkedIn

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