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12.04.2025 à 16:57

Le déficit commercial entre les États-Unis et l’Union européenne : un déséquilibre plus structurel qu’il n’y paraît

Charlie Joyez, Maitre de Conférence en économie, Université Côte d’Azur

Quelle est la réalité du déficit entre les États-Unis et l’Union européenne ? Quels biens sont concernés ? Y a-t-il des évolutions alarmantes ? Nos réponses en six graphiques.
Texte intégral (1698 mots)

Pour justifier sa politique unilatérale de droits de douane, le président des États-Unis Donald Trump mobilise le déficit commercial de son pays, notamment vis-à-vis de la « méchante » Union européenne. Quelle est la réalité de ce déficit ? Quels biens sont concernés ? Y a-t-il des évolutions alarmantes ?


L’aversion proclamée de Donald Trump pour les déficits commerciaux l’a rapidement poussé, dès le début de son second mandat, à dénoncer un déficit excessif (bien qu’exagéré) des États-Unis envers l’Union européenne (UE). Le taux historique de 20 % de droits de douane imposé aux importations européennes, annoncé en avril 2025 et suspendu depuis, vise tout d’abord à réduire ce déficit bilatéral. Malgré cette pause dans la politique des droits de douane, il convient d'étudier en détail la composition des causes du déficit entre les États-Unis et l'Union européenne.

Ce déséquilibre commercial entre les États-Unis et l’UE s’est en effet largement et rapidement dégradé ces dernières années, jusqu’à atteindre 169 milliards de dollars en 2023 (données de la base pour l’analyse du commerce international (Baci)), soit environ 0,6 % du PIB des États-Unis cette année-là.

Mais, au-delà de cette dégradation, il est possible de voir des changements structurels à l’œuvre qui sont inquiétants pour les États-Unis et pour leur compétitivité vis-à-vis du partenaire européen.

Aggravation récente du déficit

Le déficit commercial des États-Unis envers l’Union européenne n’est pas récent, et existe dès la création de l’UE au milieu des années 1990. Toutefois, il s’est largement aggravé ces dix dernières années, comme le montre la figure 1 ci-dessous. Cette détérioration s’explique facilement : la demande outre-Atlantique était stimulée par une croissance bien plus forte qu’en Europe.


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En effet, depuis 2008, la croissance cumulée des États-Unis atteint 27 % contre seulement 16 % dans l’UE. Une seconde raison est l’appréciation relative du dollar (inférieur à 0,8 € jusqu’en 2014, autour de 0,9 € depuis), rendant les biens européens moins chers pour le consommateur américain. Réciproquement, cet écart de taux de change limite la compétitivité des biens « Made in USA » sur le marché européen.

Cependant, cette évolution est également structurelle. Cela est visible si l’on regarde la composition des exportations de chacun, comme le reporte la figure 2, ci-dessous.

Les exportations européennes vers les États-Unis ne changent pas beaucoup sur la période, on remarque seulement une augmentation de la part de la section VI de la classification « Harmonized System » correspondant aux industries chimiques (et pharmaceutiques), de 20 % à 30 % du total. Les exportations européennes sont donc surtout concentrées sur les sections VI, XVI (machines et appareils) et XVII (matériel de transport) qui représentent, à elles seules, deux tiers des exportations européennes vers les États-Unis.

Fortes exportations de pétrole

À l’inverse, dans les exportations américaines vers l’UE, la part de l’industrie chimique se maintient (légèrement supérieure à 20 %), mais les autres points forts traditionnels (qui étaient, comme l’Europe, les sections XVI et XVII) diminuent assez sensiblement au profit des exportations de la section V (minéraux) et, tout particulièrement, de pétrole, depuis 2022.


À lire aussi : Décrochage de croissance entre la France, l’UE et les États-Unis : l’urgence d’un choc de productivité


Les exportations états-uniennes deviennent dès lors nettement plus concentrées que les exportations européennes, même si la tendance est notable dès 2020.

Cette concentration des exportations de chaque bloc dans leurs domaines respectifs va de pair avec une diminution du commerce intrabranche, c’est-à-dire de flux croisés (importations et exportations) de biens similaires, comme le montre l’indice de Grubel et Llyod :

Déficit en termes de valeur ajoutée

L’analyse ci-dessus, malgré son intérêt, reste profondément biaisée pour identifier ce qu’il y a d’« états-uniens » qui est consommé en Europe, et inversement. En effet, dans l’économie globalisée actuelle, les biens exportés des États-Unis vers l’UE ne sont pas forcément fabriqués aux États-Unis. À vrai dire, une part non négligeable de la valeur ajoutée de chaque exportation provient de l’étranger, et parfois même du pays « importateur ».

Ainsi une vision plus correcte des déficits bilatéraux consiste à regarder le déficit commercial non plus en valeur brute, mais en valeur ajoutée. C’est toute l’ambition du programme Trade in Value Added (Tiva) de l’OCDE. D’après ces données, qui s’arrêtent en 2020, le solde commercial en valeur ajoutée est encore plus à l’avantage de l’Union européenne à 27 que le solde commercial brut.

Ainsi, le solde commercial en valeur ajoutée diverge de plus en plus du solde commercial brut qui est au centre des discussions. En 2020, le déficit en valeur ajoutée est 1,79 fois supérieur au déficit observé en valeur brute, contre un rapport de 1,06 en 2000 !

Les consommateurs américains consomment donc de plus en plus de la valeur ajoutée créée en Europe – à travers la hausse des importations de l’UE, mais pas seulement. Et si la réciproque est vraie pour les consommateurs européens, jusqu’en 2019, la tendance est nettement moins marquée.

Complexité des biens échangés

Enfin, une dernière dimension à étudier est la qualité des exportations de chaque partenaire dans cette relation bilatérale. En effet, les spécialisations commerciales sont plus ou moins bénéfiques dans le sens qu’elles peuvent favoriser le pays exportateur ou, au contraire, se révéler perdantes pour lui.

Par exemple, un pays dont l’économie s’enferme dans une trop forte spécialisation en biens primaires risque de voir le déclin de l’industrie et à terme de la croissance, comme l’illustre l’exemple du « mal Hollandais » ou les « malédictions des ressources naturelles ».

Ce potentiel bénéfique des paniers de spécialisation a été labellisé « complexité économique ». Il se calcule à la fois pour chaque bien (un bien est-il plus ou moins « complexe » à produire ?), mais aussi au niveau des États (un pays exporte-t-il des biens complexes ou non ?).

Si, au début de la période observée, les scores de complexité des deux partenaires étaient similaires, et ce jusqu’en 2017 (voire supérieurs pour les États-Unis avant 2010), la complexité des biens exportés de l’UE vers les États-Unis augmente tendanciellement depuis 2015, quand elle baisse drastiquement depuis 2017 aux États-Unis. La forte spécialisation des États-Unis dans les combustibles fossiles et l’abandon relatif de la spécialisation dans l’industrie pèse donc sur la complexité des biens échangés.

Et les services ?

Les États-Unis voient donc leur déficit commercial avec l’Union européenne se dégrader fortement depuis dix ans. Cependant, ce déficit apparent est encore moins marqué que le décrochage du commerce en valeur ajoutée entre les deux blocs. Cela va de pair avec une réorientation structurelle des exportations américaines vers une plus grande part de ressources naturelles, qui explique une concentration des exportations, une plus faible part des échanges intrabranches dans le total et un décrochage de la complexité des exportations américaines, qui pourrait à terme profiter à l’Union européenne.

France 24, 2025.

Toutefois, il convient de noter que toutes ces observations ne prennent en compte que le solde du commerce en biens et ignorent la dimension du commerce de services.

On sait déjà que la prise en compte de ce commerce de services réduit des deux tiers le déficit commercial bilatéral des États-Unis avec l’Union européenne, grâce à leurs monopoles dans les nouvelles technologies.

Cependant, cela ne change pas notre conclusion principale, à savoir que ce décrochage dans le solde commercial des biens démontre un changement structurel profond des exportations américaines vers l’UE, qui abandonnent l’industrie de pointe pour se concentrer sur les deux autres extrémités du spectre : les ressources naturelles et les services numériques.

The Conversation

Charlie Joyez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

12.04.2025 à 16:55

Pour lutter contre la désinformation sur les réseaux, tirer des leçons de la régulation audiovisuelle

Winston Maxwell, Directeur d'Etudes, droit et numérique, Télécom Paris – Institut Mines-Télécom

Nicolas Curien, Professeur émérite honoraire du CNAM, Académie des technologies

L’asymétrie entre la régulation des chaînes de télé et de radio et les réseaux sociaux est de moins en moins justifiée. La régulation pourrait être adaptée pour les algorithmes.
Texte intégral (2054 mots)

Les députés socialiste Thierry Sother et écologiste Jérémie Iordanoff tirent la sonnette d’alarme : l’outil principal de l’Union européenne pour lutter contre la désinformation sur les réseaux, le règlement sur les services numériques (DSA), est une « digue fragilisée ».

De la même façon, Viginum, le service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères, décrit la facilité avec laquelle l’algorithme de TikTok a pu être manipulé pour torpiller les élections roumaines et souligne que le même phénomène pourrait se produire en France, à travers TikTok ou d’autres grands réseaux.


La dérive désinformationnelle aujourd’hui observée sur les réseaux sociaux, et en particulier sur X, constitue un sérieux motif d’inquiétude, selon les députés Thierry Sother et Jérémie Iordanoff, qui appellent à mieux mobiliser les armes disponibles, voire à en créer de nouvelles. Le Brésil par exemple n’a pas hésité à interdire X sur son territoire jusqu’à ce que le réseau se conforme aux exigences d’un juge.

À la recherche de nouveaux outils réglementaires, la régulation de la radio et de la télévision, médias depuis longtemps confrontés au problème de désinformation, peut être une source d’inspiration.

Une telle approche nécessiterait d’être adaptée au fonctionnement des réseaux sociaux, en particulier en l’appliquant aux algorithmes de recommandation, qui sont à la source des bulles d’informations qui piègent les internautes.

Une asymétrie réglementaire entre réseaux sociaux et audiovisuel

Comme rappelé dans le rapport parlementaire, le règlement européen sur les services numériques (ou DSA) impose aux grands réseaux sociaux de déployer des outils pour enrayer la désinformation. Le DSA ne les oblige certes pas à vérifier chaque contenu posté par les utilisateurs, mais à mettre en place des mesures techniques appropriées pour réduire l’impact des contenus préjudiciables. Ceci représente une avancée majeure par rapport à la situation antérieure, en établissant un équilibre entre, d’un côté, la liberté d’expression sur les réseaux et, de l’autre, la protection des institutions et des citoyens européens contre des attaques perpétrées par l’intermédiaire de ces mêmes réseaux.

Au titre du DSA, la Commission européenne a entamé des procédures d’enquête et de sanction mais, selon les députés, les effets « tardent à se faire sentir et les investigations tendent à repousser l’action » : de fait, aucune sanction n’a été infligée à ce jour.

Ainsi que l’explique un récent rapport de l’Académie des technologies auquel les auteurs de cet article ont contribué, la désinformation est un phénomène ancien, que les règles de pluralisme ont su endiguer dans les médias audiovisuels, tout en préservant la liberté d’expression.

Dès lors, pourquoi ne pas appliquer ces mêmes règles aux grands réseaux sociaux ? Contrairement à ces derniers, les services audiovisuels sont strictement encadrés : selon le Conseil d’État, l’Arcom doit veiller à ce que les chaînes assurent une expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion. Cette autorité a ainsi suspendu, en mars 2022 puis mars 2025, la diffusion de plusieurs chaînes de télévision russes, en raison de manquements manifestes à l’honnêteté de l’information.

Si TikTok était un service audiovisuel, il aurait sans doute déjà encouru de lourdes sanctions, voire des interdictions d’émettre. Pourquoi une telle différence de traitement ?


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Asymétrie de moins en moins justifiée

Trois principales raisons sont invoquées.

Tout d’abord, les réseaux sociaux ne choisissent pas les contenus postés par les utilisateurs, ils ne font que les héberger ; ils ne poussent pas un programme vers des téléspectateurs, les internautes venant chercher les contenus comme dans une bibliothèque. Aujourd’hui, ce motif de non-régulation semble beaucoup moins pertinent qu’au début des années 2000. En effet, les algorithmes de recommandation sélectionnent la plupart des contenus et les dirigent de manière ciblée vers les utilisateurs afin que ceux-ci restent connectés, avec, pour résultat, l’augmentation des recettes publicitaires des plateformes.

Ensuite, les réseaux sociaux n’exercent pas le même impact que la télévision. En 2013, la CEDH a ainsi rejeté l’idée que les réseaux sociaux auraient une influence équivalente à celle de la télévision, en estimant que

« les choix inhérents à l’utilisation d’Internet et des médias sociaux impliquent que les informations qui en sont issues n’ont pas la même simultanéité ni le même impact que celles qui sont diffusées à la télévision ou à la radio ».

Ce raisonnement, recevable au début des années 2010, ne l’est clairement plus aujourd’hui, alors que 53 % des jeunes de 15 à 30 ans s’informent principalement à travers les réseaux sociaux, l’incidence relative de la télévision s’étant significativement réduite.

Enfin, les canaux hertziens de la télévision constituent une ressource rare, propriété de l’État. Les chaînes qui exploitent ce spectre radioélectrique, ce qui n’est pas le cas des services numériques, doivent en retour respecter des obligations de service public, comme le pluralisme. Cet argument perd de sa force aujourd’hui, car l’évolution des marchés numériques a spontanément créé une rareté de choix pour les internautes, en plaçant quelques grandes plateformes en position oligopolistique de gate keepers dans l’accès à l’information.

Si la diversité des contenus disponibles en ligne est théoriquement quasi infinie, leur accessibilité effective est quant à elle régie par le petit nombre des algorithmes des plus grandes plateformes. Le pouvoir né de cette concentration sur le marché de l’accès à l’information justifie pleinement une régulation.

Vers des algorithmes pluralistes…

À l’évidence, la « matière » régulée ne serait pas les contenus postés sur les plateformes par les utilisateurs, mais l’algorithme de recommandation qui organise les flux et capte l’attention des visiteurs. Cet algorithme devrait être considéré comme un service de télévision et se voir imposer des règles de pluralisme, à savoir l’obligation de mettre en avant des informations impartiales et exactes et de promouvoir la diversité des opinions exprimées dans les commentaires.

Si l’idée d’un « algorithme pluraliste » apparaît séduisante, la complexité de sa mise en œuvre ne peut être ignorée. Considérons un individu qu’un algorithme a piégé à l’intérieur d’une bulle informationnelle et qui se trouve donc privé de pluralisme. S’il s’agissait d’un service de télévision, il conviendrait d’inclure dans le flux les points de vue de personnes en désaccord avec les contenus prioritairement mis en avant. Une approche difficile à appliquer à un algorithme, car elle exigerait que celui-ci soit capable d’identifier, en temps réel, les messages ou personnes à insérer dans le flux pour crever la bulle sans perdre l’attention de l’internaute.

Une approche alternative consisterait à accorder une priorité croissante à la diffusion d’informations issues de tiers de confiance (fact-checkers), au fur et à mesure que l’utilisateur s’enfonce dans un puits de désinformation. Ce dispositif s’approche de celui des community notes utilisé par X ; des chercheurs ont néanmoins montré qu’il n’est pas assez rapide pour être efficace.

Selon une troisième approche, les messages provenant de sources identifiées comme problématiques seraient coupés. Ce procédé radical a notamment été utilisé par Twitter en 2021, pour suspendre le compte de Donald Trump ; son emploi est problématique, car la coupure est une procédure extrême pouvant s’apparenter à la censure en l’absence d’une décision de justice.

Mesurer le degré d’artificialité, une approche qui fait ses preuves

Une dernière approche envisageable s’inspire des instruments multifactoriels utilisés par les banques dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. Les contenus seraient marqués d’un score de risque de désinformation et les scores élevés « dépriorisés » dans le système de recommandation, tandis que seraient rehaussés les poids des informations issues de sources journalistiques plus fiables.

Le score de risque serait calculé à partir d’au moins deux critères : le degré d’artificialité dans la diffusion du message, indiquant la vraisemblance du recours à des bots ; et le degré d’artificialité dans la création du contenu, indiquant la vraisemblance d’une génération par l’IA. Un tel indicateur double est proposé par l’Académie des technologies dans son rapport. Des outils d’IA vertueux pourraient par ailleurs aider au calcul du score, ou encore à l’identification d’informations de confiance, permettant de contrer les messages litigieux.

Les plateformes objecteront qu’une obligation de pluralisme violerait la liberté d’expression. C’est en réalité tout le contraire : selon la Cour européenne des droits de l’homme, le pluralisme préserve la liberté d’expression et le débat démocratique, en prévenant la manipulation de l’opinion.

Le pluralisme a fait ses preuves dans l’audiovisuel, il est temps désormais de l’appliquer aux grands réseaux sociaux, même si les modalités techniques restent à définir.

The Conversation

Winston Maxwell fait partie du groupe de travail sur l'IA Générative et la mésinformation de l'Académie des Technologies. Il a reçu des financements de l'Agence nationale de Recherche (ANR).

Nicolas Curien est membre fondateur de l'Académie des technologies, où il a piloté en 2023-2024 le groupe de travail "IA générative et mésinformation". Il a été membre du Collège du CSA (devenu Arcom), de 2015 à 2021, et membre du Collège de l'Arcep, de 2005 à 2011.

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