LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs Revues MÉDIAS
Equal Times
Souscrire à ce flux
Travail, Droits humains, Culture, Développement, Environnement, Politique, Économie, dans une perspective de justice sociale.

Accès libre Edition trilingue Anglais - Espagnol - Français

▸ les 20 dernières parutions

17.11.2025 à 12:24

Mauvaises vibrations : la nouvelle norme sur les vibrations mécaniques est-elle à la hauteur ?

Principale cause de blessure au travail en Suède, les lésions dues à l'exposition régulière aux vibrations mécaniques toucheraient des dizaines, voire des centaines de milliers de travailleurs dans le monde, alors que personne ou presque n'en parle.
Ces lésions dues aux vibrations transmises aux mains et aux bras (également connues comme syndrome vibratoire mains-bras ou HAVS, selon l'acronyme anglais) résultent généralement d'une exposition prolongée aux vibrations produites par le type (…)

- Actualité / , , , , , , ,
Texte intégral (2278 mots)

Principale cause de blessure au travail en Suède, les lésions dues à l'exposition régulière aux vibrations mécaniques toucheraient des dizaines, voire des centaines de milliers de travailleurs dans le monde, alors que personne ou presque n'en parle.

Ces lésions dues aux vibrations transmises aux mains et aux bras (également connues comme syndrome vibratoire mains-bras ou HAVS, selon l'acronyme anglais) résultent généralement d'une exposition prolongée aux vibrations produites par le type de machines-outils portatives (meuleuses, pilonneuses, scies rotatives, clés à chocs et perforateurs, pour n'en citer que quelques-unes) utilisées par les travailleurs dans des secteurs tels que la construction, l'industrie manufacturière, l'industrie de la pierre et la sylviculture.

« On voit des jeunes d'à peine 19 ans qui souffrent de séquelles à vie en raison de l'utilisation de ces machines », déplore Johan Torstensson Aas, coordinateur santé et sécurité pour Byggnads, un syndicat suédois représentant plus de 100.000 travailleurs de la construction.

Les types de lésions et de maladies causées par le syndrome HAVS affectent les mains, les poignets et les bras, ce qui a un impact à la fois sur la capacité d'une personne à accomplir son travail et à effectuer des tâches quotidiennes simples.

La lésion professionnelle la plus courante est un trouble communément désigné comme « doigt blanc dû aux vibrations ». Il s'agit d'une variante du phénomène de Raynaud dans lequel l'utilisation d'outils à main vibrants endommage de manière permanente les vaisseaux sanguins, les nerfs et les muscles, entraînant un blanchiment des doigts, ainsi qu'une diminution de la force de préhension et de la dextérité des doigts. D'autres symptômes incluent le syndrome du canal carpien et le syndrome de Dupuytren, également appelé « maladie des Vikings », qui se caractérise par la formation de bosses dans la paume de la main, entraînant une déformation progressive d'un ou plusieurs doigts vers la paume.

Après des années de discussions et des décennies de recherche et de sensibilisation sur ce sujet, qui ont abouti, en 2023, à la 15e Conférence internationale sur les vibrations main-bras à Nancy, en France, où les participants ont discuté de la manière d'évaluer les chocs mécaniques transmis à la main (en anglais « hand transmitted mechanical shock » ou HTS) et les vibrations à haute fréquence (également appelées « ultra-vibrations » ou UV), une nouvelle norme visant à protéger les travailleurs contre ces traumatismes fait actuellement l'objet d'un vote final. La norme qui en résultera devrait être rendue publique d'ici janvier 2026.

La norme ISO 5349-3, parfois désignée sous la référence 5349 Partie 3 ou sous son titre complet Vibrations mécaniques – Mesurage et évaluation de l'exposition des individus aux vibrations transmises à la main – Partie 3 : Évaluation de chocs isolés ou répétés en utilisant la gamme de fréquences couverte par l'ISO 5349-1, est un addendum à l'ISO 5349-1, qui a été publiée pour la première fois en 1986 avant d'être mise à jour en 2001. La norme ISO 5349-1 décrit les critères généraux pour mesurer les vibrations en vue de l'évaluation du risque de HAVS, mais elle n'inclut pas les chocs. La norme ISO 5349-3 prévoit pour la première fois de mesurer les fréquences de vibration jusqu'à 1250 Hz ainsi que les HTS (il convient toutefois de noter qu'il n'existe aucune recommandation sur ce qui constitue un niveau de choc sûr, dans la mesure où ce niveau n'a jamais été mesuré auparavant).

Le chercheur suédois Hans Lindell est une éminence mondiale en matière d'impact de l'exposition humaine aux vibrations et aux chocs transmis par la main, ayant travaillé sur cette question pendant plus de 35 ans. Entre 2014 et 2024, il a dirigé le projet de recherche pionnier « Zero-Vibrations Related Injuries », qui visait à éliminer toutes les blessures liées aux vibrations sur le lieu de travail. Aujourd'hui, il poursuit ses recherches dans le cadre du Research Institute of Sweden (RISE), tout en animant le Comité technique de l'ISO (ISO/TC 108/SC 4/WG 3) chargé d'élaborer cette nouvelle norme. Selon lui, le nouveau Réglement européen sur les machines, qui remplacera la directive européenne existante sur les machines et deviendra une loi nationale dans les 27 États membres de l'UE le 20 janvier 2027, a donné l'impulsion nécessaire à l'élaboration de la norme ISO 5349-3. « La norme actuelle, ISO 5349 Partie 1, ne prend pas en compte les risques liés aux pics d'accélération », explique M. Lindell. Ces risques sont toutefois pris en compte dans le nouveau Règlement sur les machines, qui impose aux fabricants et aux fournisseurs de machines de déclarer l'amplitude maximale de l'accélération résultant de vibrations répétitives. La norme ISO 5349-1 est une norme harmonisée, ce qui signifie qu'elle soutient le Règlement sur les machines en établissant une présomption de conformité. La norme a toutefois dû être mise à jour afin d'être conforme au nouveau Règlement.

Mais voilà où les choses se compliquent. « D'une part, cette nouvelle norme est une excellente initiative », signale M. Lindell. « Il est enfin reconnu que les accélérations maximales, les chocs et les vibrations impulsives ont un impact sur la santé des opérateurs de machines. »

Cependant, la nouvelle norme ne tient pas compte des chocs à haute fréquence supérieurs à 1.250 Hz, qui, selon M. Lindell, constituent la grande majorité des chocs et sont de loin les plus dangereux. Il explique qu'étant donné le délai de 42 mois accordé entre l'adoption du nouveau Règlement sur les machines en 2023 et son entrée en vigueur en 2027, l'industrie des outils électriques ne considérait pas être en mesure de mettre à jour ses produits ou ses équipements de mesure suffisamment rapidement si des valeurs plus basses étaient fixées. Un compromis a donc été trouvé. « Par conséquent, cette nouvelle norme [Partie 3] ne couvrira qu'environ 5 % des vibrations [de choc] qu'elle visait à prévenir. Ce qui est évidemment problématique. »

En réponse à cela, M. Lindell et son Comité technique ISO planchent actuellement sur une nouvelle norme, ISO 5349 Partie 4, qui vise à mesurer les ultra-vibrations jusqu'à 10.000 Hz, couvrant ainsi la majeure partie des vibrations de choc. « La norme ISO 5349-4 présente l'avantage d'être très moderne, car nous ne devrons plus nous appuyer sur une norme de mesure/équipement [ISO 8041 sur la réponse humaine aux vibrations] qui remonte à près de 40 ans et qui est vraiment obsolète. » Cependant, « cela nécessitera la mise à niveau de tous les systèmes de mesure actuellement présents sur le marché », explique Torstensson Aas. « C'est ce qui fait actuellement l'objet de discussions et c'est à ce niveau que nous devons exercer une pression [sur l'industrie] ».

Un problème subsiste toutefois, voire plusieurs.

« Alors que les fabricants doivent désormais indiquer la valeur moyenne de l'amplitude maximale dans le mode d'emploi de leurs produits, aucune limite n'est encore fixée quant à l'intensité des vibrations d'une machine », explique Torstensson Aas, qui note qu'il existe « des machines si puissantes qu'une personne ne peut les manipuler que pendant 30 secondes, sans que cela ne pose de problème en termes de leur commercialisation. Comment est-ce possible ? Même si on respecte les règles, des travailleurs continueront à se blesser. »

Il y a également la question de l'accès des travailleurs et des employeurs aux règles mêmes qui sont censées garantir la santé et la sécurité des opérateurs de machines. « On ne peut pas s'assurer que les normes sont respectées si les gens n'y ont pas accès », explique le syndicaliste suédois, faisant référence au fait que les normes sont des documents élaborés en privé et protégés par le droit d'auteur, et qui doivent être achetés. Bien qu'un récent arrêt de la Cour européenne de justice ait statué que le grand public devait avoir librement accès aux normes harmonisées, « cela reste compliqué. Il faut déposer une demande, et même dans ce cas, l'accès est limité à la lecture seule. Il est essentiel que l'accès aux normes soit libre et ouvert », affirme Torstensson Aas.

Tout ceci soulève la question : pourquoi les fabricants sont-ils autorisés à lancer des produits aussi dangereux sur le marché ? Bien que le guide officiel pour l'application de la directive machines stipule que les fabricants doivent « concevoir et mettre en œuvre des mesures visant à réduire la génération de vibrations à la source », les mesures prises sont loin d'être suffisantes, selon les défenseurs de la santé et de la sécurité au travail. Et ce, malgré le fait que le projet Zero Vibration ait développé plusieurs prototypes d'outils à faibles vibrations et d'accessoires anti-vibrations pour les machines existantes. Parmi les exemples, on peut citer un amortisseur de vibrations à calibrage automatique (ATVA) pour les marteaux pneumatiques, l'insertion d'une bague d'équilibrage à roulement à billes pour réduire les vibrations sur les machines rotatives, ou encore l'application d'une fine couche de mousse polymère sur les machines existantes. Toutes ces solutions sont peu coûteuses – l'option à roulement à billes revient à environ 1 € par unité une fois produite à grande échelle – et ont eu un impact considérable sur les vibrations : il a été démontré que le revêtement en polymère réduisait jusqu'à 80 % les pics d'accélération des vibrations à haute fréquence. Pourtant, dans l'ensemble, les fabricants n'utilisent toujours pas ces options.

« Les effets néfastes des vibrations sont largement connus, mais même lorsque les coûts sont faibles, le fait est que les personnes qui achètent ces outils ne sont pas celles qui les utilisent, de sorte que très souvent, elles optent simplement pour le prix le plus bas », explique M. Lindell. Ce qui a pour conséquence, toujours selon M. Lindell, que le marché des machines à faibles vibrations est peu développé et que les incitations pour les fabricants à réduire les vibrations sont limitées. M. Torstensson Aas partage cet avis : «

Les fabricants de ces machines répondent à la demande des clients. Si personne ne demande des machines à faibles vibrations ou des mesures de réduction des vibrations et qu'aucune réglementation ne les y oblige, les fabricants ne se donneront pas la peine de le faire. »

Cela revient en somme à transférer « la responsabilité de protéger les travailleurs aux travailleurs et aux employeurs, ce qui est une tâche impossible dans la plupart des lieux de travail », explique M. Lindell.

Il évoque aussi un autre obstacle : « Ces blessures touchent une catégorie de travailleurs dont la voix n'est peut-être pas très entendue. Si ce type de blessures touchait des cols blancs, nous ne serions certainement pas dans cette situation », affirme-t-il, établissant un parallèle avec les efforts considérables déployés en Suède il y a quelques années pour protéger les travailleurs sensibles aux champs électromagnétiques émis par les appareils électroniques. « Bien qu'il n'existe aucune preuve médicale réelle à ce sujet, par pure précaution, les employeurs et l'industrie ont déployé des efforts considérables pour réduire ces émissions électriques provenant des écrans d'ordinateur. Si l'on compare cela à ce qui est fait aujourd'hui pour les lésions dues aux vibrations, le contraste est frappant. En effet, malgré des preuves médicales abondantes depuis plus de 100 ans, très peu de mesures ont été prises. »

Pour Torstensson Aas, il est urgent et essentiel d'introduire des limites strictes sur les vibrations des machines, mais aussi sur le niveau d'UV. « Ce que je ne comprends vraiment pas, et c'est peut-être la plus grande faille des normes et des règles, c'est comment est-il possible de commercialiser un produit dangereux, susceptible de rendre les gens malades et de les blesser à vie, alors qu'il existe d'autres options ? Nous avons des limites sur le bruit, la vitesse, les émissions dans l'atmosphère, alors pourquoi n'y a-t-il pas de limites concernant les vibrations de ce type d'outils ? Pourquoi existe-t-il deux produits qui font exactement la même chose, mais dont l'un peut être utilisé pendant huit heures sans causer de blessures et l'autre seulement pendant 15 minutes en raison de la puissance de ses vibrations ? Les fabricants devraient être tenus de respecter des limites claires afin de garantir la santé et la sécurité des travailleurs », insiste le syndicaliste suédois.

14.11.2025 à 05:00

La précarité des pompiers forestiers et le manque de vision face au changement climatique laissent l'Europe à la merci d'incendies de plus en plus incontrôlables

Été après été, les feux de forêt ravagent des zones de plus en plus étendues de l'Europe. Depuis le début de l'année 2025, plus d'un million d'hectares sont partis en fumée sur le continent, dont plus de la moitié entre le Portugal (278.121 hectares) et l'Espagne (391.938 hectares), où les incendies dévastateurs d'août et septembre derniers ont révélé de manière tragique la profonde précarité des conditions de travail et des ressources, de même que dans certains cas, une préparation (…)

- Actualité / , , , , , , ,
Texte intégral (2676 mots)

Été après été, les feux de forêt ravagent des zones de plus en plus étendues de l'Europe. Depuis le début de l'année 2025, plus d'un million d'hectares sont partis en fumée sur le continent, dont plus de la moitié entre le Portugal (278.121 hectares) et l'Espagne (391.938 hectares), où les incendies dévastateurs d'août et septembre derniers ont révélé de manière tragique la profonde précarité des conditions de travail et des ressources, de même que dans certains cas, une préparation insuffisante des effectifs.

Leur situation scandaleuse place ces travailleurs, et la société dans son ensemble, dans une situation de risque potentiel injustifié face aux incendies d'été qui, sous l'effet du changement climatique, deviennent plus importants, plus voraces et plus difficiles à maîtriser, et touchent des latitudes de plus en plus septentrionales du continent.

Les Européens – et leurs responsables politiques – n'en sont pas encore pleinement conscients, mais ces incendies ne sont pas comme avant. « Malheureusement, la tendance est à des incendies de plus en plus graves, non pas en quantité, mais en ampleur », explique dans un entretien avec Equal Times Roberto Cribeiro, agent environnemental de la Xunta (le gouvernement régional de Galice, au nord-ouest de l'Espagne) pour la comarque de Ferrolterra.

« Les incendies de cinquième génération, qui saturent les dispositifs d'urgence en raison de la simultanéité des foyers et de leur extrême virulence, et ceux de sixième génération, de plus en plus imprévisibles, modifient les conditions météorologiques de la zone et sont, pour un temps, inextinguibles. Sous l'effet du changement climatique, ces incendies surviennent de plus en plus au nord et cessent d'être l'apanage du pourtour méditerranéen », avertit-il.

M. Cribeiro possède plus de 30 années d'expérience dans le nord-ouest de la péninsule ibérique, la région où se concentrent les plus grandes plantations d'eucalyptus du continent. Pendant des heures, nous avons arpenté avec lui les pistes de montagne de la Sierra de la Capelada, sur la côte nord-ouest de l'Espagne, où la culture de ces arbres à croissance rapide et économiquement rentables, arrivés d'Australie il y a un siècle et demi et convoités par les industries du bois et du papier, a jusqu'à présent permis de limiter le nombre d'incendies, tout en introduisant un important facteur de risque. « L'eucalyptus est pyrophile, c'est-à-dire qu'il brûle facilement et survit aux flammes, suivant une stratégie évolutive qui consiste à éliminer les autres espèces concurrentes », explique M. Cribeiro.

L'agent déplore le dépeuplement, l'exode rural et l'absence de gestion adéquate des terres, autant d'éléments qui rendent la prévention plus difficile que jamais. En attendant, il prévient que pas même la côte nord humide de l'Espagne n'est épargnée. En effet, on dénombre en été de plus en plus de jours où sévissent les redoutables conditions dîtes « 30/30/30 » (soit plus de 30 degrés de température, moins de 30 % d'humidité et des vents de plus de 30 km/h, généralement en provenance de l'Atlantique).

Le risque d'une Europe en proie aux flammes

« Les incendies sur lesquels je suis intervenu en 2005 n'étaient pas ceux de 2015, ni ceux de cette année en Galice », convient Ángel Rubio, pompier forestier du gouvernement régional d'Andalousie (au sud de l'Espagne) et coordinateur chargé de l'action climatique et de la transition écologique juste auprès de l'UGT. « Ces incendies laissent présager le pire pour l'avenir. J'ignore si ces phénomènes majeurs pourraient toucher d'autres régions d'Europe de la même manière, mais nous avons assisté à l'apparition simultanée d'incendies dans les pays de l'arc méditerranéen, ce qui a obligé des pays présentant un risque moindre à transférer leurs ressources de secours, sans que le système européen ne s'effondre pour l'instant, et je ne suis d'ailleurs pas sûr si ce scénario pourrait se produire à court terme », a déclaré M. Rubio à Equal Times.

Ce n'est pas de la science-fiction, insiste-t-il : « Nous avons déjà vécu des phases de simultanéité du Portugal, de l'Espagne, de la France et de l'Italie aux Balkans, à la Grèce et à la Turquie. Si l'Europe centrale venait s'y ajouter, entraînant un possible effondrement du système tout entier, cela dépendrait avant tout de la météo »... et donc, du changement climatique.

« C'est précisément là, au centre de l'Europe, que se trouvent les grandes réserves forestières d'Europe, et si une situation de blocage anticyclonique se produit, avec des vagues de chaleur continues et un manque de précipitations, on obtient alors un cocktail parfait capable d'engendrer un scénario assez complexe », explique-t-il.

Les pays d'Europe centrale et septentrionale ne sont pas encore habitués ni préparés à des incendies de cette ampleur : « Pourvu que je me trompe, mais au vu de la rapidité avec laquelle les incendies ont évolué depuis le début du siècle, et de la manière dont nous sommes passés en Espagne de la lutte contre les incendies de forêt à la nécessité de nous concentrer sur la protection et l'évacuation des populations, je ne considère pas impossible, d'ici cinq ou six ans, un scénario dans lequel l'Europe entière serait débordée. » « Cela mérite réflexion », insiste-t-il, « car ces dernières années, l'évolution a été exponentielle ».

Avec une telle précarité, impossible d'éteindre les incendies en hiver

La péninsule ibérique a déjà connu des incendies de forêt aux proportions dantesques, tels que ceux survenus en 2017 au Portugal et, en particulier, ceux qui ont fait rage en 2025 en Espagne, où l'émoi social a été immense, et ce pendant plusieurs semaines. Les médias n'ont cessé de répéter qu'en réalité, « les incendies sont éteints en hiver », car ce qui est apparu au grand jour, c'est une réalité du travail insoutenable, qui perdure depuis des années, sans améliorations : la précarité scandaleuse, la saisonnalité et le manque de ressources des pompiers forestiers, qui souffrent non seulement de salaires indignes pour un travail à haut risque, mais aussi d'un manque d'équipement adéquat et, bien souvent, d'un manque de formation professionnelle adéquate, sans compter une organisation du travail qui se traduit par des heures de travail littéralement exténuantes.

Pour un pays qui depuis trois décennies ne cesse d'accroître sa masse forestière (laquelle représente aujourd'hui 56 % de son territoire), l'Espagne n'investit que 0,08 % de son PIB dans la prévention et l'extinction des incendies. À cela s'ajoute le fait que cette compétence relève des gouvernements autonomes, de sorte que chaque région dispose d'une gestion et de ressources différentes.

« Si on se représentait la structure d'aménagement et de gestion du territoire telle une chaise, la précarité existante représenterait un pied cassé », affirme lors d'un entretien avec Equal Times Anxo Pernas, responsable galicien des pompiers forestiers au sein de la centrale syndicale espagnole CCOO.

Il met en garde contre l'incompatibilité des approches, même dans des communautés limitrophes dirigées par des gouvernements de même bord politique (en l'occurrence, de droite) : « En Galice, on tend vers le public, et en Castille-et-Léon vers le néolibéralisme le plus crasse, avec une détérioration totale du modèle de gestion », basé sur la privatisation, la temporalité et une réduction radicale des dépenses. « En tant que gestionnaire public, ce que vous ne pouvez pas faire, c'est vous désengager et affirmer que la Castille-et-Léon ne peut pas se permettre de maintenir un service de prévention et d'extinction des incendies toute l'année », rappelle-t-il. Un propos d'ailleurs partagé en 2018 par son conseiller régional à l'environnement, qui parlait d'“absurdité”, de “gâchis” et de “dilapidation de fonds publics”. »

« Pour eux, il n'y a que la rentabilité économique qui compte, or la Constitution garantit un usage social de l'environnement ». Pour le protéger, il faudrait « des conditions professionnelles, et non des conditions minimales » et ne pas « jouer avec un service qui ne relève, en partie, guère plus que du volontariat ».

Il est également nécessaire de « gérer le territoire de l'Espagne vide », car à l'heure actuelle, estime-t-il, les investissements sont réalisés lorsque le mal est déjà fait, et « est-ce que nous gagnons quoi que ce soit en dépensant des millions dans l'extinction alors que nous ne faisons pas d'investissements dans la prévention » ? Il s'agit de trouver le juste milieu. Si seulement les corps de sapeurs-pompiers étaient inactifs toute la journée, mais maintenus en service de garde tout au long de l'année. Un tel cas de figure supposerait qu'il y ait surtout de très petits incendies, maîtrisés, ce qui représenterait une gestion efficace du territoire : empêcher la formation d'incendies si importants que, au lieu de les éteindre, nous devrions nous concentrer sur l'évacuation des zones habitées.

Le Portugal trace la voie à suivre, mais ce n'est pas suffisant

Bien que le traumatisme de l'été ait donné lieu à des initiatives prometteuses, dans de nombreuses régions espagnoles, la leçon n'a pas encore été tirée, contrairement à ce qui s'est passé au Portugal, le pays européen le plus touché par ce problème jusqu'à présent. « Les incendies de 2017 ont marqué une rupture profonde dans le modèle de gestion et ont conduit à une réforme structurelle du système », a expliqué dans un entretien avec Equal Times Bruno Reis, pompier de Covilhã et délégué du Syndicat des travailleurs de l'administration locale (STAL).

Une agence unique a été mise sur pied pour coordonner la prévention, l'extinction et la récupération des zones touchées, ainsi qu'un système de gestion intégrée des incendies de forêt, ce qui a impliqué « une professionnalisation accrue des agents de la protection civile, une augmentation des équipes permanentes, une modernisation technologique et une amélioration de la coordination opérationnelle ». Le résultat n'a pas tardé à se faire sentir et « entre 2018 et 2022, nous avons constaté une réduction significative de la superficie moyenne des zones incendiées et une augmentation de l'efficacité de notre réponse sur le terrain », précise M. Reis.

Pour ce pompier, il faut sortir du court-termisme budgétaire et « privilégier la prévention et la gestion active du territoire, avec une professionnalisation complète » de l'ensemble des personnels impliqués.

Il s'agit de « mettre en œuvre un changement de paradigme, de passer d'une approche essentiellement réactive à une vision proactive et adaptative » aux nouvelles circonstances, dit-il, et ici la précarité « a une incidence directe sur l'efficacité et la sécurité des opérations de prévention et de lutte contre les incendies de forêt » : les bas salaires, les contrats temporaires, la pénurie de ressources adéquates et les cadences de travail épuisantes entraînent une fatigue chronique et une forte rotation du personnel, ce qui se traduit par une « perte de l'expérience accumulée ». De fait, « l'atténuation de la précarité ne doit pas être abordée comme un enjeu du travail », conclut M. Reis, « mais bien comme un élément structurel de l'efficacité opérationnelle et de la sécurité collective ».

L'austérité tue. Il faut plus de pompiers dans la région méditerranéenne

Après l'Espagne et le Portugal, en 2025, l'Italie et la Grèce ont également connu des incendies de forêt simultanés avec respectivement 84.141 et 47.819 hectares brûlés. En Italie, les pompiers s'occupent principalement des zones urbaines, alors que la prévention dans les zones forestières est assurée par des volontaires et les carabiniers. Ainsi, la coordination – au niveau de l'État – est bonne, mais la précarité des conditions de travail complique la relève générationnelle pour ces tâches, explique Nunzio de Nigris, représentant syndical de la Confédération générale italienne du travail pour la fonction publique (FP-CGIL).

« Nos besoins les plus urgents concernent la pénurie de personnel », qui nous oblige souvent à déplacer des ressources d'une région à l'autre, en fonction de l'urgence, et « la pénurie d'équipements de sécurité », qui complique les tâches de décontamination à la suite d'interventions sur des incendies.

En Grèce, qui a connu cet été « des dizaines de départs de feu chaque jour dans tout le pays », bien que seuls quelques-uns se soient transformés en incendies de grande ampleur, le gros problème réside dans « l'excès d'heures supplémentaires, dû à l'état d'urgence permanent et à l'attribution de tours de garde illégaux », a expliqué à Equal Times Nikos Lavranos, président de la Fédération panhellénique des syndicats de sapeurs-pompiers (POEYPS).

Le manque d'effectifs est pesant : la Grèce compte environ 15.500 pompiers permanents et 2.500 pompiers de renfort saisonniers. Cependant, au moins 3.500 nouvelles recrues seraient nécessaires au cours des deux ou trois prochaines années pour compenser les pertes d'effectifs en cours. « En définitive, les pompiers éteignent le feu avec tous les moyens disponibles, mais la pratique des heures supplémentaires non rémunérées doit cesser, et un cadre juridique complet doit être mis en place pour garantir leur sécurité et leur santé au travail, afin de réduire le nombre de décès et de blessures que nous avons malheureusement subis à nouveau cette année », insiste M. Lavranos. « Le changement climatique ne laisse pas de place à la complaisance », poursuit-il.

Un avis partagé par Pablo Sánchez Centellas, coordinateur pour les autorités locales, les pompiers et les services publics à la Fédération syndicale européenne des services publics (EPSU), à Bruxelles. « Chaque année – et en 2025, nous avons déjà atteint un record – la superficie des forêts détruites continue d'augmenter, alors que les investissements locaux nécessaires ne sont toujours pas à la hauteur », déplore-t-il. « Nous avons besoin d'un engagement sérieux de la part des autorités, ce qui implique qu'il faille mettre fin aux mesures d'austérité qui limitent la bonne marche de ces activités. L'austérité tue non seulement les travailleurs, mais aussi la planète », a-t-il conclu.

12.11.2025 à 09:20

« Un emploi décent et un cadre de droit » : Comment la formation et la syndicalisation peuvent-elles aider l'autonomisation des femmes en migration au Sénégal

Mathilde Dorcadie

À Dakar, dans les locaux de l'UNSAS, la deuxième centrale syndicale du Sénégal, l'air brûlant est chargé de rires et de voix féminines, mais portent également le souvenir de récits parfois douloureux. C'est ici, que depuis 2022, le RAFEM, le Réseau d'Appui aux Femmes et Enfants en Migration s'est, petit à petit, construit avec une idée : accompagner des dizaines de femmes de tout horizon dans leur quête d'intégration et d'autonomie.
« La migration est avant tout un mouvement de (…)

- Actualité / , , , , , ,
Texte intégral (1769 mots)

À Dakar, dans les locaux de l'UNSAS, la deuxième centrale syndicale du Sénégal, l'air brûlant est chargé de rires et de voix féminines, mais portent également le souvenir de récits parfois douloureux. C'est ici, que depuis 2022, le RAFEM, le Réseau d'Appui aux Femmes et Enfants en Migration s'est, petit à petit, construit avec une idée : accompagner des dizaines de femmes de tout horizon dans leur quête d'intégration et d'autonomie.

« La migration est avant tout un mouvement de main-d'œuvre », rappelle d'emblée Fambaye Ndoye, présidente du RAFEM et responsable du département de la protection sociale à l'UNSAS. « Si l'on interroge les causes profondes [des mouvements migratoires], on trouve essentiellement la quête d'un travail, si possible décent. Il était donc logique que les syndicats s'engagent ».

Le Sénégal est souvent présenté, à juste titre, comme étant un pays d'émigration importante. D'après l'Organisation internationale des migrations (OIM) et l'OCDE, près de 50% des candidats au départ déclarent que celui-ci est motivé par le besoin de sortir du chômage ou du manque d'opportunités de travail. Si une grande partie d'entre eux se tournent vers l'Europe (France, Italie, Espagne) ou vers les Etats-Unis et les pays du Golfe, près d'un tiers des Sénégalais émigrent pour travailler sur le continent, dans des pays comme la Gambie, le Mali ou la Mauritanie.

Mais le Sénégal est aussi un pays de destination des travailleurs migrants, en majorité venus d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Mali, Gambie, Mauritanie). Une réalité liée en partie à la « libre circulation » en vigueur entre les pays de la CEDEAO, et une relative stabilité politique au sein de la région.

Campagnes de sensibilisation aux droits des migrants

L'UNSAS n'a pas attendu la crise méditerranéenne de la fin des années 2010, qui a vu de nombreux migrants mourir en mer, pour se saisir de la question. Dès 2007, la centrale collabore avec le syndicat espagnol CCOO et l'Organisation internationale du travail (OIT) sur des projets liant migration et conditions de travail, puis, lors du congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI) à Dakar, où Fambaye Ndoye développe son expertise de ses questions et entame une première phase de sensibilisation avec de nombreux acteurs, développe des projets pour le RSMMS (le Réseau syndical pour les migrations dans l'espace méditerranéen et subsaharien) et ATUM-Net (African Trade Union Migration Network)

S'ensuivent des actions sur les « sites de départ », ces plages d'où s'élancent les embarcations précaires vers les Canaries. L'UNSAS alerte sur les dangers de la migration irrégulière, mobilise les autorités religieuses et coutumières. « Il y a eu beaucoup de morts, beaucoup de disparus, les jeunes se lançaient dans un mouvement de suicide collectif », raconte-t-elle.

« Ça nous a fait un tilt. Nous avons suivi ensuite des formations de renforcement de capacités, puis nous avons mis en place le premier réseau intersyndical sur la migration avec le BIT ». En 2018, Mme Ndoye mène également une grande campagne pour interpeller les ambassades du Golfe sur les conditions de travail de la diaspora, notamment des travailleuses domestiques.

La bascule vers les femmes migrantes

Puis vient la crise sanitaire et économique causée par la Covid-19. En 2020, alors que la Convention 190 de l'OIT contre les violences et le harcèlement en milieu de travail est adoptée, l'UNSAS décide d'enquêter sur les réalités spécifiques des femmes migrantes, internes au niveau du Sénégal, à l'étranger ou « de retour ». Avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert, une étude est lancée.

Intitulée Voix des travailleuses migrantes du Sénégal, elle repose sur une méthodologie inédite : des entretiens audio via WhatsApp, réalisés en pleine pandémie. « Nous avons recueilli plus de 60 témoignages, souvent interrompus par les larmes », raconte Mme Ndoye. Au final, 20 récits sont publiés, dévoilant la dureté des parcours : exploitation, absence de droits, vulnérabilité et isolement. « Après ces histoires, nous ne pouvions pas rester les bras croisés », tranche Mme Ndoye.

Un obstacle juridique surgit cependant : la loi ne permet pas aux migrantes de créer leur propre syndicat. L'UNSAS contourne la difficulté en adossant une structure associative.

« On s'est dit qu'on ne pouvait pas créer un syndicat de migrantes et diriger ce syndicat n'étant pas nous-mêmes migrantes. Il fallait vraiment penser à une autre forme d'organisation ».

Le RAFEM est ainsi créé avec pour mission d'organiser, d'accompagner et de viser l'autonomisation des femmes migrantes. Soutenu par la Fondation Friedrich Ebert et des partenaires comme le Fonds pour les femmes francophones (XOESE), le réseau lance son premier programme : « 3F » pour « Formation, Formalisation, Financement ».

Trente-cinq femmes, sénégalaises de retour ou immigrées venues de Guinée, du Togo, du Mali, du Cameroun, de la RD Congo, de la Mauritanie, du Bénin, du Cap-Vert ou de la Sierra Leone, intègrent la cohorte inaugurale. Leur parcours commence par des formations sur leurs droits en général et des cours d'éducation financière. Puis vient le temps de l'apprentissage pratique : les femmes se forment à de nouveaux métiers de l'artisanat, tels que la teinture de tissus, la fabrication de savon ou d'eau de javel. Le groupe de femmes a choisi lui-même les activités qu'elles souhaitaient apprendre.

Fatma Ba, migrante de retour d'Arabie saoudite, raconte : « Je ne savais pas faire de savon ni du batik. C'est ici que j'ai tout appris. Cela m'a permis de diversifier mes activités, et même de former d'autres femmes ».

Avec d'autres camarades, elle intègre un GIE (un Groupement d'intérêt économique), créé par le RAFEM pour légaliser les activités commerciales. Certaines vendent désormais leurs produits sur les marchés, d'autres transmettent leurs compétences en tant que formatrices, ce qui est un débouché supplémentaire vers l'autonomisation.

« En tout cas, moi, je ne vais pas faire partie de celles qui vont retourner [à l'étranger], parce que j'ai des choses à faire ici », souligne Mme Ba.

Mme Ndoye explique le principe de la démarche : « On ne peut pas se contenter de dire aux gens ''Ne partez pas'', alors que vous ne les accompagnez pas à trouver du boulot. Les syndicats doivent être en amont de l'emploi. C'est-à-dire que nous devons mieux nous investir dans la création d'opportunités. S'il n'y a pas de travail, il n'y a pas de travailleurs. Donc, pas de syndicat. Nous avons aussi cette mission. C'était l'idée du RAFEM, puisque le syndicat encadre les travailleurs, on s'est dit que nous devions aussi ''créer'' des travailleurs. »

Le RAFEM ne se limite pas aux aspects économiques. Avec le soutien du service juridique de l'UNSAS, il accompagne aussi les migrantes dans leurs démarches administratives, qu'il s'agisse de régularisation de leurs statuts ou même d'affaires matrimoniales ou fiscales. « Sans intégration, je pense que les migrants ne se sentent pas vraiment à l'aise pour développer une activité économique, que ce soit dans le formel ou dans l'informel. Le syndicat, c'est la première cellule d'intégration sociale », explique-t-elle encore.

Un réseau multiculturel et solidaire et des défis persistants

La diversité du réseau pose des défis, notamment linguistiques. Les Sierra-Léonaises parlent anglais, les Congolaises ou Camerounaises jonglent entre français et langues locales. « Mais avec Google Traduction, on se débrouille », plaisante Mme Ndoye. La perte de participantes en cours de route est par ailleurs inévitable : certaines retournent dans leur pays d'origine, d'autres repartent en migration pour suivre une autre opportunité.

Pour autant, le RAFEM poursuit sa route. Une deuxième cohorte de femmes est en projet. « On ne va pas refaire les mêmes activités professionnelles, on veut diversifier », assure la coordinatrice qui expose des pistes comme les métiers de la restauration ou du tourisme. L'UNSAS et le RAFEM sont à la recherche de partenaires pour soutenir la formation de ce nouveau groupe d'une trentaine de femmes. La stabilité financière du projet est également un objet de préoccupation, car les fonds propres du syndicat sont limités, bien qu'il continue à enregistrer l'affiliation de nouveaux membres, dont les participantes de la cohorte.

En avril 2024, une conférence régionale à Dakar a donné une visibilité inédite au RAFEM. Ministère du Travail, Ministère de la Femme et Ville de Dakar manifestent leur intérêt pour ce projet pilote et innovant. « La mairesse s'est engagée à intégrer le RAFEM dans les programmes sociaux de la ville », se félicite Ndoye, qui parle de déposer un projet auprès du fonds municipal pour l'entrepreneuriat féminin.

Tandis qu'une certaine reconnaissance institutionnelle se dessine, le modèle inspire aussi au-delà des frontières. Des camarades syndicalistes d'autres pays africains, invitées à célébrer la Journée internationale de la Femme Africaine en 2024 et 2025, ont exprimé leur souhait de créer des réseaux similaires. Un moment inspirant, à l'image du RAFEM, puisque, comme le conclut Fambaye Ndoye : « Nous sommes composées de plusieurs nationalités, nous voulons incarner vraiment l'unité africaine en miniature ».

3 / 20
  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
Le Canard Enchaîné
La Croix
Le Figaro
France 24
France-Culture
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE ‧ RUSSIE
Courrier Europe Centrale
Desk-Russie
Euractiv
Euronews
Toute l'Europe
 
  Afrique du Nord ‧ Proche-Orient
Haaretz
Info Asie
Inkyfada
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
L'Orient - Le Jour
Orient XXI
Rojava I.C
 
  INTERNATIONAL
CADTM
Courrier International
Equaltimes
Global Voices
I.R.I.S
The New-York Times
 
  OSINT ‧ INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
Global.Inv.Journalism
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Hors-Serie
L'Insoumission
Là-bas si j'y suis
Les Jours
LVSL
Médias Libres
Politis
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Reseau Bastille
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Curation IA
Extrême-droite
Human Rights Watch
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
🌓