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03.12.2025 à 08:02

La Cour des comptes relance le débat sur l'imposition du patrimoine (et ça tombe bien !)

Équipe de l'Observatoire

Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), organisme rattaché à la Cour des comptes, vient de publier un rapport accompagné de plusieurs rapports thématiques sur l'imposition du patrimoine. Ses travaux portent tout à la fois sur les revenus du patrimoine, sa détention et sa transmission (vente de biens, donations, successions, etc). Les premières réactions sont éclairants : le Medef est déjà vent debout contre les préconisations du CPO qui, si elles étaient mises en œuvre, feraient (…)

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Texte intégral (945 mots)

Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), organisme rattaché à la Cour des comptes, vient de publier un rapport accompagné de plusieurs rapports thématiques sur l'imposition du patrimoine. Ses travaux portent tout à la fois sur les revenus du patrimoine, sa détention et sa transmission (vente de biens, donations, successions, etc). Les premières réactions sont éclairants : le Medef est déjà vent debout contre les préconisations du CPO qui, si elles étaient mises en œuvre, feraient davantage contribuer les plus aisés.

Les travaux du CPO dressent plusieurs constats, déjà connus, mais qui ont le mérite d'être rappelés. On les résumera ainsi. Dans son ensemble, la fiscalité du patrimoine est complexe et inégalitaire. Les revenus des foyers les plus aisés ont augmenté de manière plus importante que ceux du reste de la population, de même que leur patrimoine, ce qui a contribué à l'accroissement des inégalités entre les ménages français. La taxation des donations et successions présente certes des taux élevés, mais qui s'appliquent à une assiette fortement réduite par différents dispositifs dérogatoires dont l'impact est croissant. Ces dispositifs se cumulent à des fins d'optimisation fiscale : assurance-vie, démembrement de propriété ou encore le fameux pacte Dutreil. Enfin, cette fiscalité est source de distorsions économiques.

Le CPO déplore aussi la diversité des stratégies d'évitement de l'impôt, par voie d'optimisation ou de fraude, notamment au plan international. Le rapport rappelle notamment que « La libre circulation des capitaux a facilité leur exode vers des paradis fiscaux. Si la détention d'actifs à l'étranger n'est pas illégale en soi, elle ouvre la possibilité d'accumuler du patrimoine et des revenus sans les déclarer au fisc domestique ». Le rapport précise que, si peu de contribuables se domicilient à l'étranger pour éviter les droits de succession, l'évitement de l'impôt est massif en matière d'imposition du stock de patrimoine. Il valide une fois de plus les travaux qui dénoncent l'ampleur de l'évasion fiscale. Le CPO confirme les estimations selon lesquels 8% de la richesse mondiale est logée dans les paradis fiscaux, cette proportion pouvant atteindre 15 % dans l'Europe occidentale...

Les travaux du CPO ont plusieurs mérites. Ils relancent la nécessite d'une réforme de la fiscalité du patrimoine. Et ce d'autant plus que la dynamique démographique va se traduire par des transferts massifs de richesses, notamment parmi les personnes aisés et très riches. Ils portent sur l'ensemble de la fiscalité du patrimoine, en englobant par exemple des impôts dont on débat peu, les droits de mutation à titre onéreux, souvent nommés « droits de notaire » dans le langage courant (ce sont les impôts payés à l'occasion de la vente d'un bien immobilier notamment). Ils mettent en lumière les nombreux dispositifs qui permettent de réduire l'impôt. Enfin, ils montrent, dans leur préconisation, la nécessité d'imposer une partie des revenus logés dans les holdings, ce que proposait, dans une version plus ambitieuse, Gabriel Zucman avec son projet d'impôt plancher sur les milliardaires.

Le CPO aura toutefois eu la très mauvaise idée d'abaisser le plafond des livrets d'épargne réglementés. Si cette proposition n'aurait de fait concerner qu'une minorité de personnes (rappelons que, s'agissant du livret A, pour un tiers des épargnants, le montant des dépôts est inférieur à 1.500 euros), elle a suscité des cris d'orfraie au sein de certains responsables politiques. Ceux-ci, en faisant valoir cette mesure sans l'expliquer, tentent en réalité de décrédibiliser un rapport qui, sur le fond, porte davantage sur un rééquilibrage fiscal dont ils ne veulent pas puisque ce sont les mêmes qui se sont farouchement opposés à la taxe Zucman et à toute mesure relevant la contribution des ultrariches et des multinationales.

Car le sens profond des propositions du CPO est ailleurs. On relèvera notamment les deux scenarii qu'il propose.
Le CPO propose un premier scénario : imposer les revenus logés sur une longue durée au sein de holdings contrôlées par un nombre limité de personnes physiques et plafonner les possibilités d'optimisation de l'imposition des transmissions de patrimoine en établissant une contribution différentielle sur les hauts patrimoines pour les successions et les donations, hors transmissions au conjoint survivant.
Le second scénario propose de créer un impôt différentiel sur la fortune personnelle, non plafonné, à un taux modéré et portant sur l'ensemble du patrimoine détenu hors biens professionnels, de restreindre le champ du pacte Dutreil aux seuls actifs professionnels, d'allonger de deux ans la durée d'engagement nécessaire pour bénéficier de l'exonération partielle et de rabaisser le taux d'exonération partielle de 75 à 50 %.

Ces deux scenarii ne visent pas à augmenter le rendement global de l'imposition du patrimoine, mais à mieux la répartir. C'est un premier pas. Pour Attac, qui porte d'autre propositions, plus volontaristes, les travaux du CPO sont cependant très utiles, tant dans les données qu'ils livrent que dans des préconisations qui prennent de facto le contre-pied de ce que veulent le pouvoir et les ultrariches.
De quoi donner l'envie de poursuivre le combat pour une juste répartition des richesses favorisée, notamment, par une véritable justice fiscale.

01.12.2025 à 20:19

La lettre n°2 de l'Observatoire de la justice fiscale - 1er décembre 2025

Équipe de l'Observatoire

C'est peu de dire que, sur le front budgétaire, l'actualité a été riche et les débats intenses. Comme depuis sa création, l'Observatoire de la justice fiscale a souhaité contribuer au débat, en montrant notamment que, en France comme dans les autres pays, la question de la justice fiscale n'était pas un simple slogan mais bel et bien une nécessité, pour ne pas dire une urgence sociale, écologique et économique. Dans la période, les contre-vérités sont nombreuses et il n'est pas toujours (…)

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C'est peu de dire que, sur le front budgétaire, l'actualité a été riche et les débats intenses. Comme depuis sa création, l'Observatoire de la justice fiscale a souhaité contribuer au débat, en montrant notamment que, en France comme dans les autres pays, la question de la justice fiscale n'était pas un simple slogan mais bel et bien une nécessité, pour ne pas dire une urgence sociale, écologique et économique. Dans la période, les contre-vérités sont nombreuses et il n'est pas toujours évident de distinguer le vrai du faux. Puisse ce second numéro de la lettre de l'Observatoire y contribuer, en revenant sur nos publications de la période récente.

lof_02_ok.pdf

17.11.2025 à 11:03

Les prélèvements obligatoires plombent l'activité économique ? Tout faux...

Équipe de l'Observatoire

Combien de fois avez-vous entendu cet argument selon lequel toute hausse du niveau de prélèvements obligatoires serait néfaste pour la croissance et pour l'activité économique ? Plutôt qu'un long développement, nous répondrons ici en deux temps en montrant que : 1/ c'est au sein des pays riches, même libéraux, que le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé, 2/ la hausse du niveau des prélèvements obligatoires n'a pas nui à l'activité économique, au contraire.
** Les pays (…)

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Texte intégral (929 mots)

Combien de fois avez-vous entendu cet argument selon lequel toute hausse du niveau de prélèvements obligatoires serait néfaste pour la croissance et pour l'activité économique ? Plutôt qu'un long développement, nous répondrons ici en deux temps en montrant que :
1/ c'est au sein des pays riches, même libéraux, que le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé,
2/ la hausse du niveau des prélèvements obligatoires n'a pas nui à l'activité économique, au contraire.

Les pays pauvres présentent le taux de prélèvements obligatoires sur PIB les moins élevés

Rappelons le cœur du débat : lorsque le taux de prélèvements obligatoires (PO) est faible, ceci signifie que la couverture du système de protection sociale est faible et/ou que les services publics sont peu nombreux. Par conséquent, pour avoir le même niveau de couverture sociale ou accéder aux mêmes services que dans des pays comme la France, le niveau de cotisations payés aux acteurs privés (assurance santé privée, système éducatif privé, etc) est élevé.

• En 2022, le ratio moyen impôts/PIB (recettes fiscales totales, cotisations de sécurité sociale comprises, en pourcentage du PIB) des 36 pays africains couverts par l'étude de l'OCDE s'élevait à 16.0 %.

• En 2022, au sein de l'Union européenne, le moyen impôts/PIB s'élève à 40 %, précision étant apportée que la valeur du PIB y est beaucoup plus élevée.

Au-delà, à titre d'exemple, le taux de prélèvements obligatoires est d'environ 35 % aux États-Unis, le pays du néolibéralisme dont le système de sécurité sociale est géré très largement par le secteur privé. Mais globalement, dans les pays riches, le taux de prélèvements obligatoires rapporté au PIB est nettement plus élevé que dans les pays pauvres.

Depuis plus de 60 ans, la hausse du taux de prélèvements obligatoires a accompagné la croissance économique

Les deux courbes qui suivent sont également très instructives : elles montrent tout simplement que, historiquement, la hausse du taux de prélèvements obligatoires sur le PIB n'a pas bridé la croissance économique (nous reprenons ici le terme « croissance », bien connu de la population, sans ouvrir le débat sur la nature et l'impact de la croissance). Au contraire, elle l'a accompagnée.

Ceci s'explique aisément . Il est ici essentiel de rappeler le rôle des dépenses publiques dans la fameuse « croissance économique ». En effet, une hausse de l'investissement public engendre une hausse du revenu national plus importante. Les dépenses publiques se substituent également à la demande privée en période de crise, comme l'ont montré les plans de relance suite à la crise financière de 2008 et à la crise Covid. Lorsqu'elles financent l'éducation, elles permettent une hausse du capital humain et de la production (selon les théories dites de la croissance endogène). Il en va de même lorsqu'elles financent la recherche publique, puisque cela permet un développement du progrès technique.

Dit autrement, l'activité économique a besoin de travailleuses et travailleurs bien formé·es, ce qui est le rôle du système éducatif, assuré très majoritairement par le service public en France. Elle a également besoin de personnes en bonne santé, ce qui est possible grâce au système de santé géré par la Sécurité sociale. Elle a enfin besoin d'infrastructures (et d'investissements publics (et face au changement climatique, les besoins sont immenses) et de personnes qui consomment, ce qui est notamment rendu possible par le système de redistribution, qui assure un certain niveau de revenus, etc.

Le discours sur le « poids » des prélèvements obligatoires mérite mieux que des idées fausses ressassées dans le seul but d'appauvrir l'action publique et la protection sociale et de créer les conditions de leur prise en charge par le secteur marchand. Lequel se financera, bénéfice en plus, avec des prélèvements privés.

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