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Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Think tank français spécialisé sur les questions géopolitiques et stratégiques

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07.05.2024 à 16:45

Le monde selon Poutine : la doctrine Karaganov

Victor Pelpel

Le nouveau rapport russe de politique étrangère et de défense qui avait été publié en 2023 sous la direction de Sergueï Karaganov a récemment été traduit en français par Le Grand Continent. Succédant à la doctrine Primakov, ce document stratégique … Suite
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Le nouveau rapport russe de politique étrangère et de défense qui avait été publié en 2023 sous la direction de Sergueï Karaganov a récemment été traduit en français par Le Grand Continent. Succédant à la doctrine Primakov, ce document stratégique développe les nouvelles orientations de la Russie et traduit les ambitions de Vladimir Poutine à l’égard des États non occidentaux, qualifiés, non pas sans sens, de « majorité mondiale ». Cette désignation fait figure de rappel à l’Occident, lui rappelant qu’il est marginal sur le plan démographique et permet d’éviter l’emploi peu apprécié en Russie du terme « global ». Depuis le début de la guerre en Ukraine, Moscou identifie de multiples intérêts à se rapprocher d’une partie des États de cette « majorité mondiale ». Sa réorientation stratégique vers ces derniers lui permet de déjouer les sanctions occidentales et de s’inscrire dans un véritable contre-poids à l’Occident. Si les pays non occidentaux ne sont pas nécessairement antioccidentaux, les experts russes estiment qu’il y a là une opportunité pour Moscou de « désoccidentaliser » le monde, de protéger le « pluralisme idéologique » et de redéfinir une architecture mondiale multipolaire. En d’autres termes, le rapport Karaganov nous donne la vision du monde selon Vladimir Poutine où la Russie veut s’inscrire dans un ensemble visant à contrer l’influence de l’Occident.

L’analyse de Pascal Boniface.

07.05.2024 à 16:43

Xi Jinping en France : soixante ans de relations franco-chinoises contrastées

admin_iris

Pour la première fois depuis 2019, le président chinois Xi Jinping observe une visite d’État en France les 6 et 7 mai 2024. C’est en réalité une tournée européenne puisque ce dernier poursuivra son périple en Serbie et en Hongrie, … Suite
Texte intégral (1258 mots)


Pour la première fois depuis 2019, le président chinois Xi Jinping observe une visite d’État en France les 6 et 7 mai 2024. C’est en réalité une tournée européenne puisque ce dernier poursuivra son périple en Serbie et en Hongrie, deux pays marqués par une forte présence économique chinoise. Alors que Pékin et Paris célèbrent le soixantième anniversaire de leurs relations diplomatiques, quel est l’état des rapports franco-chinois ? Quels sont les enjeux stratégiques de la venue de Xi Jinping au moment où la guerre en Ukraine occupe une place importante de la politique étrangère française ? Éléments de réponse avec Emmanuel Lincot, chercheur associé à l’IRIS, professeur à l’Institut catholique de Paris et auteur de Le très grand jeu. Pékin face à l’Asie centrale.

Xi Jinping entame une tournée de plusieurs jours en Europe en commençant par la France les 6 et 7 mai. Quels sont les enjeux de cette visite d’État en France, marquant la célébration des soixante ans de relations diplomatiques entre les deux pays ? Quel est l’état des relations entre Pékin et Paris ?

Il y a tout d’abord cet anniversaire qui est important puisqu’en Chine, 60 ans marquent la fin d’un cycle. Ce cycle a été marqué par une histoire parfois tourmentée, et des échanges désormais profondément déséquilibrés. Le déficit commercial pour la France n’a cessé de se creuser et des menaces de taxation pour certains produits français destinés au marché chinois confirment ce que nous observons partout ailleurs : la guerre économique est durablement installée. La Chine n’a pas d’autre choix que d’exporter massivement ses surplus de production (voitures électriques…) pour maintenir un niveau de croissance sérieusement en difficulté et va se heurter vraisemblablement à son tour à des taxations européennes. Tout cela ne présage rien de bon. Sur le plan stratégique, la Chine ne changera pas sa position vis-à-vis de la Russie. Au reste, cyniquement, elle n’a aucun intérêt à ce que le conflit avec l’Ukraine cesse. Ce conflit affaiblit chaque jour un peu plus la Russie, en voie de devenir la vassale de Pékin, et retient les Américains sur le front européen pour les écarter de l’enjeu taïwanais. La Chine n’a pas davantage intérêt à ce que le conflit israélo-palestinien cesse, tout simplement parce que le monde musulman pèse pour elle davantage et que cette guerre compromet le projet mis en œuvre à la fois par les Indiens et leur partenaire israélien, l’IMEC (l’India Middle East European Corridor) ; un projet concurrent à celui des Nouvelles Routes de la soie développé par Pékin. Dans ce contexte, la France et la Chine vont traverser une zone de turbulences, et pour longtemps. La dégradation de leurs relations va survenir après les élections américaines (novembre 2024) ; lesquelles, et quel qu’en soit le résultat, vont accélérer cette guerre économique. Rétrospectivement, en 1964, Pékin sortait de son isolement diplomatique provoqué par sa rupture avec Moscou en jouant la carte française, et partant pour se rapprocher ainsi de l’Occident. 60 ans après, Pékin renforce son partenariat avec Moscou et entre dans une logique de confrontation avec l’Occident. Mais la Chine a sans doute beaucoup plus à perdre dans ce renversement.

La guerre en Ukraine va occuper une place importante dans l’agenda politique de cette visite. Comment se positionne la Chine à l’égard du conflit russo-ukrainien ? Qu’attend Emmanuel Macron de son homologue chinois sur ce sujet ainsi que sur les autres grands dossiers internationaux ?

Nous n’avons rien à attendre des Chinois sur la guerre en Ukraine pour les raisons exprimées plus haut. De même que nous n’avons pas grand-chose à espérer des Américains, car cette guerre est une composante parmi d’autres qui oppose le duopole russo-chinois à Washington. La solution ne peut donc venir que des Européens eux-mêmes. Ce qui intéressant ici c’est de voir que la Chine, par ailleurs très attachée au principe du respect de la souveraineté des États, ne se prononce pas, comme on le sait, sur l’agression russe. Cette ambiguïté permet d’intimider par ailleurs les Occidentaux sur la question de Taïwan. Les Américains, par un effet de loupe, en font le prochain conflit alors qu’il me paraît fondamentalement difficile à envisager pour la Chine. Au reste, la Chine a une expérience suffisamment ancienne de savoir gagner une guerre sans combattre. De ce point de vue, Emmanuel Macron a raison de ne pas vouloir entraîner la France, de toute évidence à ses dépens et sans en avoir les moyens, dans une confrontation belligène au sujet de Taïwan. De même qu’il a raison de s’opposer à l’ouverture d’un bureau de l’OTAN à Tokyo. Désamorcer le risque d’un conflit sino-américain, chercher une troisième voie est la vocation historique, d’aucuns diraient « gaullienne », de la France. Cette troisième voie doit s’appliquer dans le domaine de l’écologie aussi et en la matière, il y a davantage d’appuis à espérer du côté chinois que du côté américain. En somme, vous l’avez compris, nous sommes les alliés des Américains mais nous ne partageons pas les mêmes intérêts.

Quels sont les objectifs de la tournée européenne de Xi Jinping ? Pour quelles raisons le président chinois poursuit-il sa tournée en Serbie et en Hongrie après avoir quitté la France ?

C’est une façon d’annoncer la suite, et qui est : nous, Chinois, souhaitons donner la priorité au développement de nos relations avec des pays qui affichent leur proximité de vue avec Moscou et avec nous. Dont acte. In fine, Xi Jinping recevra Vladimir Poutine à son retour à Pékin. Ce qui me conforte dans l’idée que Xi Jinping ne changera pas sa position vis-à-vis de la Russie. En somme, il existe désormais trois Europe. En premier lieu, la France, seule puissance nucléaire militaire de l’Union européenne, seule puissance de l’Union européenne à être membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, et la présence de Madame Von der Leyen aux côtés d’Emmanuel Macron pour recevoir Xi Jinping était là pour rappeler que la France et les autorités de Bruxelles faisaient bloc face à la Chine. L’Allemagne, en second lieu, tentée par l’aventure de faire cavalier seul hier vis-à-vis de la Russie, aujourd’hui vis-à-vis de la Chine ; le chancelier Olaf Scholz s’étant rendu quelques jours plus tôt à Pékin. L’Europe des Balkans, enfin, et qui est la plus vulnérable. C’est l’Europe qui tourne le dos à Bruxelles. En d’autres mots, la visite de Xi Jinping est révélatrice des tensions fortes qui existent entre les Européens.

06.05.2024 à 15:37

Une jeunesse américaine vent debout contre Netanyahou

Coline Laroche

Jodie est une jeune femme d’une vingtaine d’années, originaire de la Nouvelle-Angleterre. Cheveux bruns ondulés encadrant un visage délicat et des yeux expressifs, elle peut faire penser à Ali MacGraw, la star du film Love Story. Inscrite à l’école de … Suite
Texte intégral (929 mots)

Jodie est une jeune femme d’une vingtaine d’années, originaire de la Nouvelle-Angleterre. Cheveux bruns ondulés encadrant un visage délicat et des yeux expressifs, elle peut faire penser à Ali MacGraw, la star du film Love Story. Inscrite à l’école de droit de l’université Columbia, la prestigieuse Columbia Law School, elle loue une chambre dans le quartier de Washington Heights à quelques stations de métro de là.  Lorsque je la rencontre, c’est la première fois qu’elle participe à l’occupation d’un campus.

La très réputée université de Manhattan est l’épicentre depuis plusieurs semaines d’un mouvement qui se répand comme un feu de poudre sur les campus américains de part et d’autre des États-Unis – et bien au-delà. Mouvement en soutien à la cause palestinienne qui voit se dresser vent debout contre la guerre que conduit Benyamin Netanyahou dans la bande de Gaza, la jeunesse d’un pays pourtant connu pour être le plus proche allié d’Israël.

« Le 7 octobre a été une horreur. Mais on ne doit pas répondre à la violence par une autre forme de violence encore plus grande », me dit Jodie, assise fasse à un café dans un Starbucks où se sont réfugiés en ce mardi 30 avril de nombreux étudiants après une nouvelle intervention musclée des forces de l’ordre. Celle-ci faisant suite à celle qui avait eu lieu le 18 avril précédent à la demande de la présidente de l’université, Nemat « Minouche » Shafik, regardée depuis avec désapprobation par la quasi-totalité de la faculté.

« Israël a bien sûr le droit de se défendre, mais pas de la sorte ! », ajoute mon interlocutrice. « C’est à un véritable massacre auquel on assiste ! Une démocratie ne peut pas se comporter ainsi ! Je ne vois pas de différence entre ce qu’il se passe à Gaza et ce que Poutine fait en Ukraine ou Xi Jinping avec les Ouïghours. ». Tout est dit.

Deborah, une camarade de Jodie, véritable athlète de plus d’un mètre quatre-vingt-dix qui affiche fièrement un tee-shirt où est inscrit le slogan « Not in my Name », se joint à nous. « Je suis juive, lance-t-elle d’emblée, mais il est hors de question que je cautionne ce qui ressemble à un début de génocide. »

En entendant le mot « génocide », Jodie poursuit dans la même veine : « Votre président Macron a récemment déclaré que la France aurait pu arrêter le génocide au Rwanda mais n’a pas eu la volonté de le faire. Je ne sais pas si c’est vrai, mais ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, sous ses yeux, se déroule quelque chose qui y ressemble, et il ne fait rien ! »

« Même chose avec Biden, ajoute Deborah. Il passe son temps à critiquer Netanyahou et à répéter qu’une attaque de Tsahal sur Rafah causerait des dommages inacceptables, mais il continue à leur livrer des armes ! » Une fois encore, tout est dit.

Jodie fait partie de ces dizaines de milliers d’étudiants américains qui, tout en condamnant les actions terroristes du Hamas début octobre ainsi que les prises d’otages, protestent avec force contre les crimes de guerre de l’armée israélienne. Elles et ses amis militent ardemment pour que, au-delà d’un cessez-le-feu qui ne serait être que provisoire, la solution à deux États soit enfin sérieusement relancée. Plusieurs milliers de ces étudiants ont déjà été arrêtés.

Deborah, elle, a rejoint début novembre les nombreux activistes juifs qui militent pour plus de justice en faveur des Palestiniens. Activistes le plus souvent soutenus par la communauté juive new-yorkaise, qui, bien que très attachée à l’existence de l’État hébreu, et d’ailleurs peut-être en partie pour cela, n’en a pas moins conscience de la nécessité d’une solution équitable et durable pour les deux peuples en conflit.

On est loin ici des hordes de « militants antisémites » qui, selon certains médias français et Bernard-Henri Lévy en particulier, terroriseraient les campus américains. Bien qu’il y ait quelques cas regrettables de judéophobie, ils demeurent isolés et sont immédiatement condamnés par la quasi-entièreté des manifestants.

En voyant les deux jeunes femmes s’éloigner, souriant au « V » de la victoire que Deborah adresse malicieusement à un officier de police sous le regard des caméras du monde entier, rassemblées devant l’entrée de l’université, je me demande ce que l’avenir réserve à Israël après s’être ainsi coupé d’une bonne partie de ce qui sera demain l’élite américaine.

 

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Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.

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