02.07.2025 à 18:24
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Pascal Boniface · Réveiller la France ! Avec Dominique de Villepin | Entretiens géopo Dans un contexte de délitement de l’ordre international, la force prenant peu à peu le pas sur la diplomatie, la place et le rôle de la France sur l’échiquier mondial sont remis en cause. Traditionnellement, sa politique étrangère s’est toujours caractérisée par une singularité au sein du monde occidental et par son attachement à des principes forts. Dès lors, la position de la France est scrutée lorsque la Russie envahit l’Ukraine, lorsque le Proche-Orient s’embrase après le 7 octobre 2023, ou lorsque Donald Trump déroge au droit international en s’impliquant militairement en Iran. Mais depuis plusieurs années, la diplomatie française marque le pas et peine à se distinguer. Un constat duplicable à l’échelle de l’Union européenne qui, malgré son potentiel, ne cesse de faire preuve de divisions face aux grands défis qui s’imposent à elle.Quels leviers la France doit-elle mobiliser pour restaurer la singularité de son action diplomatique ? Quels facteurs expliquent la montée en puissance du militarisme à l’échelle internationale ? Quels sont les principaux freins à la consolidation d’une Europe stratégique, unie et influente sur la scène mondiale ? Autant d’enjeux abordés par Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères français, auteur de l’ouvrage « Le pouvoir de dire non » (édition Flammarion).
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Dans un contexte de délitement de l’ordre international, la force prenant peu à peu le pas sur la diplomatie, la place et le rôle de la France sur l’échiquier mondial sont remis en cause. Traditionnellement, sa politique étrangère s’est toujours caractérisée par une singularité au sein du monde occidental et par son attachement à des principes forts. Dès lors, la position de la France est scrutée lorsque la Russie envahit l’Ukraine, lorsque le Proche-Orient s’embrase après le 7 octobre 2023, ou lorsque Donald Trump déroge au droit international en s’impliquant militairement en Iran. Mais depuis plusieurs années, la diplomatie française marque le pas et peine à se distinguer. Un constat duplicable à l’échelle de l’Union européenne qui, malgré son potentiel, ne cesse de faire preuve de divisions face aux grands défis qui s’imposent à elle.
Quels leviers la France doit-elle mobiliser pour restaurer la singularité de son action diplomatique ? Quels facteurs expliquent la montée en puissance du militarisme à l’échelle internationale ? Quels sont les principaux freins à la consolidation d’une Europe stratégique, unie et influente sur la scène mondiale ?
Autant d’enjeux abordés par Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères français, auteur de l’ouvrage « Le pouvoir de dire non » (édition Flammarion).
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02.07.2025 à 16:11
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Ils sont Bangladais, Afghans, Sénégalais, Ivoiriens, Syriens, Égyptiens, Somaliens, Guinéens… Ils représentent un infime pourcentage des millions de personnes qui, chaque année, sont poussées à quitter leur domicile à cause des dégradations environnementales, de la guerre ou de l’extrême pauvreté. Trois mécanismes souvent intimement liés. Ces personnes se retrouvent côte à côte dans des embarcations de fortune, composant un équipage improbable et fluctuant, à l’image du « Sud global » dont elles sont originaires.Ils viennent frapper aux portes d’une Europe qui semble nier leur existence, comme le devoir de leur porter une vitale assistance humanitaire. Les mécanismes qui poussent des individus à tenter un périlleux voyage qui a coûté la vie à plus de 30 000 personnes depuis 2014 font partie des enjeux plus universels de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tient à Séville du 30 juin au 3 juillet 2025. Cette conférence a des objectifs ambitieux, que tous les clignotants semblent pourtant mettre en péril : elle proposera de doubler l’enveloppe annuelle de l’aide publique au développement (APD) et de tripler le montant des prêts octroyés par les banques multilatérales de développement[1]. Ces propositions faisant partie du « Compromis de Séville » qui sera soumis pour approbation à la fin de la conférence. Début 2025, l’effondrement des financements états-uniens destinés à l’aide internationale, celle de l’action humanitaire d’urgence, représente environ 15 % de l’aide publique au développement et aura constitué en amont de la rencontre de Séville une déflagration aux conséquences désastreuses pour les populations les plus exposées. Les États-Unis contribuaient à environ un tiers (67 milliards de dollars) à l’enveloppe annuelle mondiale[2]. Leur désengagement avait été précédé en 2024 de premiers signaux avant-coureurs. On avait ainsi déjà assisté à un recul de 7 % de l’enveloppe globale[3] de l’APD. Mais la réduction de l’aide n’est pas le fait […]
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Ils sont Bangladais, Afghans, Sénégalais, Ivoiriens, Syriens, Égyptiens, Somaliens, Guinéens… Ils représentent un infime pourcentage des millions de personnes qui, chaque année, sont poussées à quitter leur domicile à cause des dégradations environnementales, de la guerre ou de l’extrême pauvreté. Trois mécanismes souvent intimement liés.
Ces personnes se retrouvent côte à côte dans des embarcations de fortune, composant un équipage improbable et fluctuant, à l’image du « Sud global » dont elles sont originaires.
Ils viennent frapper aux portes d’une Europe qui semble nier leur existence, comme le devoir de leur porter une vitale assistance humanitaire.
Les mécanismes qui poussent des individus à tenter un périlleux voyage qui a coûté la vie à plus de 30 000 personnes depuis 2014 font partie des enjeux plus universels de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tient à Séville du 30 juin au 3 juillet 2025.
Cette conférence a des objectifs ambitieux, que tous les clignotants semblent pourtant mettre en péril : elle proposera de doubler l’enveloppe annuelle de l’aide publique au développement (APD) et de tripler le montant des prêts octroyés par les banques multilatérales de développement[1]. Ces propositions faisant partie du « Compromis de Séville » qui sera soumis pour approbation à la fin de la conférence.
Début 2025, l’effondrement des financements états-uniens destinés à l’aide internationale, celle de l’action humanitaire d’urgence, représente environ 15 % de l’aide publique au développement et aura constitué en amont de la rencontre de Séville une déflagration aux conséquences désastreuses pour les populations les plus exposées. Les États-Unis contribuaient à environ un tiers (67 milliards de dollars) à l’enveloppe annuelle mondiale[2]. Leur désengagement avait été précédé en 2024 de premiers signaux avant-coureurs. On avait ainsi déjà assisté à un recul de 7 % de l’enveloppe globale[3] de l’APD. Mais la réduction de l’aide n’est pas le fait des seuls États-Unis.
Avant même les décisions couperets prononcées par les États-Unis, d’autres pays avaient annoncé leur intention de réduire leur contribution à la solidarité internationale : France[4], Royaume-Uni[5], Allemagne[6], Belgique[7] pour n’en citer que quelques-uns déjà connus.
La brutalité et l’absence de négociation sur les modalités et les cibles des désengagements opérés par l’équipe gouvernementale de M. Trump rendent cette baisse cumulée des financements particulièrement dramatique. C’est dire combien les objectifs annoncés dans le projet de « Compromis de Séville » paraissent difficiles à atteindre.
L’illusion d’un monde cloisonné
Par touches successives, il s’initie ainsi, parmi les États les plus riches, une dynamique qui signe une folle indifférence face à la pauvreté, mais aussi aux dégradations environnementales et aux anthropozoonoses qui peuvent en découler du fait des dommages infligés aux forêts primaires. Aucune frontière ne saurait pourtant servir d’illusoire « Ligne Maginot » étanche et infranchissable pour contenir les dangers mondialisés qui caractérisent aujourd’hui les interdépendances d’un monde globalisé[8].
On ne peut être indifférent, en Europe, en Amérique du Nord comme partout dans les pays à revenus élevés, aux multiples outrages portés à la planète, bientôt aggravés par la relance d’une industrie extractive mutilante et prédatrice. Pas plus qu’on ne peut être indifférents aux stratégies de survie que traduisent les déplacements massifs – actuels et à venir- de populations ni aux conflits que peuvent générer ces différents phénomènes.
Deux chiffres disent d’emblée le fossé abyssal déjà en place face aux inégalités mondiales. L’enveloppe de l’APD mondiale alimentée par les pays de l’OCDE représentait 230 milliards de dollars en 2023, tandis que les « remises migratoires » – sommes transférées par les migrants vers leurs pays d’origine – se sont élevées cette année-là à 830 milliards, dont 650 à destination de pays à revenus faibles ou moyens[9]. Ces sommes constituent la bouée de sauvetage des populations les plus déshéritées. Elles traduisent, de fait, l’indissociable équilibre, pour la survie des populations, entre ici et là-bas.
Il n’est pas possible d’accepter l’idée que, face à ces interdépendances sans frontières, nous pourrions, dans les pays les plus riches, nous désintéresser des différents mécanismes qui détruisent l’égalité des chances partout dans le monde. Qu’une réaffirmation décomplexée du chacun pour soi, dans la consommation comme dans la solidarité mondiale, pourrait désormais servir de nouveau mantra politique. Et que cela serait sans conséquence, à long terme, sur une paix durable…
Ainsi, dans un monde où, à horizon 2100, la population du continent africain pourrait représenter 40 % de l’humanité[10], il ne peut être question, sans séismes à venir, de détourner le regard des réalités en construction. Sur ce continent, comme ailleurs où existent des fragilités majeures, nous ne pouvons pas nous affranchir de cette attention à l’Autre, par réalisme si ce n’est par générosité.
Nous devons collectivement résister à la stratégie du chacun-pour-soi et à la loi du plus fort que promeuvent les nouveaux dirigeants des États-Unis et leurs affidés en Europe et ailleurs. Il faut résolument œuvrer à inventer un nouveau modèle de solidarité. Ce qui implique de créer les conditions d’un élargissement notable du nombre de pays contributeurs pour les fonds gouvernementaux, comme la diversification des sources pour les fonds privés.
S’impose dès lors une nouvelle répartition du pouvoir d’agir et de décision au sein de la gouvernance d’un système à rebâtir. Il émerge, dans les prolongements du séisme en cours, de nouveaux combats pour refondre en profondeur les stratégies et modalités de la solidarité internationale. Là est le véritable enjeu de la Conférence de Séville pour qu’elle n’accouche pas de formules incantatoires, d’emblée irréalistes et sans lendemain, sans définir concrètement les bases d’un nouveau système financier reconfiguré dans sa surface comme dans son pilotage.
Sans cela, il est illusoire d’empêcher des migrations à tout prix, traduisant une logique de désespérance là d’où partent les migrants. Ce qu’illustre la formulation poignante de la poétesse d’origine somalienne Warsan Shire[11] :
« Il faut que tu comprennes
Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau
À moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre ferme ».
[1] UN News. « Sevilla Conference On Development Financing Shows Optimism For Multilateralism » 25 juin 2025. https://news.un.org/en/story/2025/06/1164936
[2] IDDRI. « Aide publique au développement européenne : un démantèlement sous les radars ? », s. d. https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/billet-de-blog/aide-publique-au-developpement-europeenne-un
[3] OCDE, Données préliminaires de l’aide publique au développement en 2024, 17 avril 2025. https://one.oecd.org/document/DCD(2025)6/fr/pdf
[4] Ricard, Philippe, et Julien Bouissou. « En France, la Chute des Aides Au Développement Consterne les ONG et Complique Encore la Diplomatie Présidentielle » . Le Monde.fr, 6 décembre 2024. https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/14/en-france-la-chute-des-aides-au-developpement-consterne-les-ong-et-complique-encore-la-diplomatie-presidentielle_6393784_3234.html
[5] « GB-Démission de la Ministre Au Développement Après la Réduction du Budget Consacré À L’aide Internationale ». Boursorama, 28 février 2025. https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/gb-demission-de-la-ministre-au-developpement-apres-la-reduction-du-budget-consacre-a-l-aide-internationale-c7cab59f68a5928df7629bdc24d224ee
[6] Riegert, Bernd, et Reliou Koubakin. « La Diplomatie Allemande Économise Sur L’aide Humanitaire ». dw.com, 26 novembre 2024. https://www.dw.com/fr/berlin-veut-reduire-l-aide-humanitaire-de-moitie-dans-le-monde/a-70351971
[7] Kiesel, Par Véronique. « Le Secteur Belge de L’aide Au Développement Catastrophé Par la Baisse de 25 % de Son Budget ». Le Soir, 6 février 2025. https://www.lesoir.be/653734/article/2025-02-06/le-secteur-belge-de-laide-au-developpement-catastrophe-par-la-baisse-de-25-de
[8] « # 4 – Le défi de la sécurité globale – Éditions Parole ». Éditions Parole | MAISON D’ÉDITION DE LIVRES, 8 janvier 2024. https://www.editionsparole.fr/produit/4-le-defi-de-la-securite-globale/
[9] Ratha, Dilip. « Les envois de fonds des migrants ont ralenti en 2023 — et cela mérite toute notre attention ». Banque mondiale | Blogs (blog), 10 juillet 2024. https://blogs.worldbank.org/fr/voices/les-envois-de-fonds-des-migrants-ont-ralenti-en-2023-cela-merite-toute-notre-attention
[10] Statista. « Forecast : World Population, By Continent 2100 », 13 février 2025. https://www.statista.com/statistics/272789/world-population-by-continent/
[11] Vielle, Laurence, et Laurence Vielle. « La poétesse Warsan Shire donne une voix forte et émouvante au drame des migrants qui quittent leur maison – RTBF Actus ». RTBF, 16 octobre 2020. https://www.rtbf.be/article/la-poetesse-warsan-shire-donne-une-voix-forte-et-emouvante-au-drame-des-migrants-qui-quittent-leur-maison-10604652
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02.07.2025 à 12:03
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Ce samedi 28 juin 2025 a été signé un accord de paix historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous l’égide étasunienne. Après de nombreuses tentatives de pacification infructueuses, un consensus semble avoir été trouvé entre les deux États alors que la situation se dégradait, sur les plans humanitaire, politique et diplomatique. Dans quel contexte le processus de négociation s’inscrit-il ? Quelle fut l’influence américaine dans la résolution du conflit ? Cet accord est-il voué à se pérenniser ? Le point avec Bruno Aubert, directeur de recherche à l’IRIS, ancien ambassadeur de France en République démocratique du Congo.
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Ce samedi 28 juin 2025 a été signé un accord de paix historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous l’égide étasunienne. Après de nombreuses tentatives de pacification infructueuses, un consensus semble avoir été trouvé entre les deux États alors que la situation se dégradait, sur les plans humanitaire, politique et diplomatique. Dans quel contexte le processus de négociation s’inscrit-il ? Quelle fut l’influence américaine dans la résolution du conflit ? Cet accord est-il voué à se pérenniser ?
Le point avec Bruno Aubert, directeur de recherche à l’IRIS, ancien ambassadeur de France en République démocratique du Congo.
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