Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a effectué une visite jeudi à Saïda, grande ville du Liban-Sud, d'où il a affirmé que le projet de son gouvernement était la « restauration de l'Etat », réclamant une fois de plus que l'armée israélienne se retire des zones encore occupées de la bande frontalière et cesse ses attaques.
Cette visite intervient une semaine après que le président de la Chambre, Nabih Berry, avait violemment critiqué le gouvernement Salam, l'accusant de se désintéresser complètement des habitants du Liban-Sud. Nawaf Salam avait répondu aux critiques dans la foulée, en rappelant notamment cette tournée, effectuée « moins de 48 heures après l’obtention de la confiance de notre gouvernement. » Au cours de sa tournée, il s'est rendu au Sérail gouvernemental, à l'hôpital public de la ville, au port et dans une usine de tri des déchets, accompagné des ministres de l'Environnement Tamara El-Zein, des Travaux publics et des Transports, Fayez Rassamny, et de l'Énergie et de l'Eau, Joe Saddi, selon notre correspondant sur place, Mountasser Abdallah.
S'exprimant depuis le Sérail, il a souligné qu'il aurait dû venir plus tôt dans la ville, regrettant des « circonstances » qui ont à plusieurs reprises retardé cette visite. « Ma présence aujourd’hui vise à réaffirmer que l’État est là », a-t-il lancé, soulignant que le projet de son gouvernement est « la restauration de l’État ». Cela passe selon lui par un « renforcement des appareils sécuritaires, en augmentant leurs effectifs, leurs salaires et leurs équipements ». Une nécessité alors que le mandat de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) devrait se terminer fin 2026, « ce qui requerra de l'armée et des forces de sécurité de combler le vide » dans la zone au sud du Litani. Dans ce cadre, le gouvernement oeuvre à l'organisation d'une conférence internationale « dans les deux mois à venir » pour soutenir les institutions sécuritaires.
Il a encore exprimé son « optimisme » quant à l'organisation prochaine d'une autre conférence internationale « pour la relance économique et la reconstruction », alors que le gouvernement n'a actuellement « pas les moyens suffisants » pour reconstruire. Une reconstruction que le gouvernement « s'engage » à lancer et que M. Salam réclame « depuis le premier jour », a-t-il souligné, alors que Nabih Berry avait également mis le gouvernement en garde contre un refus de convoquer le Parlement si le projet de budget envoyé par le cabinet ne contient pas un financement de la reconstruction. « J'espère que nous recevrons des aides, car ce qui est arrivé jusqu’à présent ne suffit pas. Nous disposons d’un prêt de 250 millions de dollars de la Banque mondiale, et j’espère que le Parlement se réunira bientôt pour l’approuver », a-t-il poursuivi.
Concernant la situation générale dans le Sud, M. Salam a réitéré son appel à un retrait total de l'armée israélienne des zones encore occupées et à un arrêt immédiat des opérations militaires et des agressions israéliennes, qu’il a qualifiées de « violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu ». Le gouvernement suit par ailleurs de près et de manière « continue » la question des prisonniers libanais détenus par Israël.
Nawaf Salam avait déjà effectué une tournée au Liban-Sud, en février dernier, sous un angle politico-sécuritaire. Il s'était rendu à Tyr, Marjeyoun, Khiam et Nabatiyé, peu après le retrait israélien de la plupart des zones que son armée occupait au Liban-Sud, à la suite de la dernière guerre contre le Hezbollah.
Le président du Conseil avait lancé sa visite dans l’hôpital turc de la ville, qui avait été inauguré en grandes pompes en 2010. Destiné à devenir une référence dans le traitement des grands brûlés, qui fait défaut dans la région, l’hôpital turc n'a jamais réellement ouvert ses portes par manque de financements. Sauf partiellement dans le contexte de l'escalade israélienne au Liban au cours de l'automne dernier, afin de faire face à l’afflux de blessés, alors que les attaques de l'État hébreu avaient rendu inopérants huit hôpitaux dans le pays. Nawaf Salam a « pu constater de près les besoins de l’établissement », rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), en discutant notamment avec la présidente du conseil d’administration de l'hôpital, Mona Tiriaki, ainsi que plusieurs employés.
Depuis l'hôpital gouvernemental de Saïda, il a relevé les « grands besoins » de la ville et ses infrastructures. « Je ne ferai pas de promesses que nous ne pouvons pas tenir, mais nous travaillerons dans la mesure de nos moyens pour répondre à ces besoins, comme dans toutes les régions du Liban », avait-il indiqué. De son côté, le directeur de l'établissement, Ahmad Sammadi, a souligné que « le principal obstacle pour les hôpitaux publics est d’assurer la continuité du paiement des salaires du personnel, et il est nécessaire d’établir un mécanisme clair pour les verser sans retard. » Le député local Abdel Rahman Bizri, qui est également médecin, présent lors de la visite, avait pour sa part plaidé pour la création d’un centre de radiothérapie pour le traitement du cancer dans les hôpitaux publics.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsL’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a organisé, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, la municipalité de Anjar et le gouvernement de la République de Corée, une visite de terrain marquant la clôture du projet « Renforcement de la résilience des réfugiés et des communautés hôtes ».
Financé par la Corée du Sud, ce projet vise à améliorer les moyens de subsistance, promouvoir la durabilité environnementale et renforcer la préparation face aux catastrophes naturelles. La visite a réuni l’ambassadeur de Corée du Sud, Gyu-Seok Joon, la représentante de la FAO au Liban, Noura Ouraabah Haddad, le président de la municipalité, Strak Howattian, et plusieurs responsables du ministère de l’Agriculture.
Le projet a permis de doter Anjar d’une unité municipale de réponse multisectorielle – un camion équipé pour lutter contre les incendies et les inondations – ainsi que d’un système de pompage d’eau solaire. Il a également appuyé des campagnes de sensibilisation et des formations sur la gestion des risques naturels, l’agriculture durable et la restauration des paysages.
Selon l’ambassadeur Joon, cette initiative « incarne la forme la plus durable de l’aide, celle qui autonomise les populations et protège l’environnement ». Pour la FAO, elle illustre « comment la coopération internationale et la participation locale peuvent transformer la vie des communautés vulnérables ».
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLes familles de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis plus de trois ans, ont alerté jeudi sur la situation de leurs proches dont « la survie » est désormais en jeu selon elles, et exhorté l'Etat français à les faire libérer immédiatement.
« Chaque jour de détention qui passe engage la responsabilité de l'Etat français sur la survie de Cécile et Jacques », a estimé Noémie Kohler, soeur de Cécile, lors d'une conférence de presse. La jeune femme a confié avoir échangé brièvement mardi avec eux, « pendant huit minutes en visio » sous haute surveillance. « C'était un appel de détresse », a-t-elle confié. « Ils m'ont dit qu'ils étaient épuisés ». Ils sont « à bout de forces », a-t-elle poursuivi, ajoutant que sa soeur lui a clairement dit qu'elle ne pourrait endurer encore « trois mois ou même quelques semaines de détention ».
De son côté, Anne-Laure Paris, fille de Jacques Paris, a souhaité se faire « la porte-parole de son épuisement, de son désespoir, de sa détresse et de sa colère ». « Mon père m'a dit: +Je regarde la mort en face+ », a-t-elle dit. L'avocate de la famille Kohler, Me Chirinne Ardakani, a souligné que leur détention était l'une des plus longues infligées à des Français dans le monde, après celle d'Ingrid Bettencourt en Colombie entre 2002 et 2008.
Les proches des deux détenus ont par ailleurs estimé qu'il y avait « une rupture de confiance avec les autorités françaises qui ont retiré leur plainte auprès de la Cour internationale de justice ». La CIJ a annoncé le 25 septembre avoir abandonné, à la demande de la France, une requête contre l'Iran au sujet de la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris qui sont, selon Paris, « retenus comme otages d'Etat ».
« Nous ne savons toujours pas où ils sont détenus depuis leur transfert forcé en juin » pendant la guerre des 12 jours avec Israël, s'est également indignée Noémie Kohler. Les proches ont aussi confirmé l'annonce de la condamnation à 17 ans de prison pour Jacques Paris et à 20 ans pour Cécile Kohler. L'agence du pouvoir judiciaire iranien avait annoncé le verdict mardi mais n'avait communiqué aucun détail sur l'identité des deux condamnés.
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