« Il est vrai que les élections législatives sont une revendication nationale et qu’il est fondamental qu’elles se tiennent dans les délais constitutionnels (…) mais dans la situation actuelle, il semble évident que des obstacles se dressent devant leur tenue dans de telles circonstances. » Par ces mots, insérés dans un communiqué publié par l’Agence nationale d'information (Ani, officielle), Neemat Frem, député indépendant du Kesrouan, a lancé lundi pour la première fois l’idée d’un report sans délai précis.
Le député indépendant Ghassan Skaff, récemment décédé, avait présenté une proposition de loi pour un report jusqu’à l’été, et le leader druze Walid Joumblatt a avancé, dans une interview télévisée la semaine dernière, que les élections seraient repoussées de quelques mois, mais la déclaration de M. Frem va clairement plus loin, estimant que « sans un calme véritable et un arrêt des agressions (israéliennes), le climat ne sera pas propice à un scrutin ».
L’une des principales raisons invoquées par le député est liée à la polémique autour du vote des expatriés : la loi actuelle prévoit qu’ils doivent voter pour six députés supplémentaires, mais sans que les décrets exécutifs n’aient été publiés, et une proposition de loi leur permettant de voter pour les 128 députés suivant leur circonscription au Liban, soutenue par une majorité de parlementaires, s’oppose au refus du chef de l’Assemblée, Nabih Berry.
« Cette proposition de loi ne figure toujours pas à l’ordre du jour du Parlement, ce qui nous met face à une situation impossible : une loi en vigueur mais inapplicable, et une proposition applicable mais pas adoptée », a estimé Neemat Frem.
L’autre raison invoquée par le député est la guerre, qui se poursuit au Liban-Sud et parfois dans d’autres régions comme la Békaa. Malgré le cessez-le-feu du 27 novembre 2024 qui a mis officiellement fin au conflit entre le Hezbollah et Israël, les violations israéliennes en territoire libanais restent quotidiennes, faisant de nouvelles victimes, pour la plupart des membres du Hezbollah, mais aussi des civils.
« Organiser des élections législatives pendant que la guerre se poursuit et que du sang est versé tous les jours n’est pas de nature à opérer un changement significatif et réel dans le paysage politique », a poursuivi M. Frem, craignant que « le seul changement palpable ne soit la formation d’un nouveau gouvernement, sans garantie qu’il soit plus performant que le gouvernement actuel ».
Pour lui, « tant que les violations israéliennes se poursuivent et que de nouveaux martyrs tombent tous les jours, les résultats des élections ne refléteront pas la volonté réelle des électeurs, mais le résultat d’une simple réaction de la communauté chiite, puisque personne ne peut voter contre le sang et les martyrs ».
Le député du Kesrouan a reconnu « qu’il n’y a pas encore de position unifiée de la part des députés souverainistes à ce propos, mais les développements sur le terrain pourraient nous faire réviser nos priorités, de façon à ce que la question de l’arrêt de l’hémorragie sécuritaire et militaire, et la maîtrise des armes, deviennent la porte d’entrée de toute opération politique et électorale ».
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe pape Léon XIV a appelé lundi à mettre un terme à la « violence antisémite » et à la « haine » au lendemain de l'attentat perpétré à Sydney pour la fête juive de Hanouka, qui a fait au moins 15 morts.
« Je confie au Seigneur les victimes de l'attentat terroriste perpétré hier contre la communauté juive de Sydney. Assez de ces formes de violence antisémite ! Nous devons extirper la haine de nos cœurs », a lancé le pontife américain dans un discours au Vatican.
Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés a dénoncé lundi les coupes budgétaires dans l'aide humanitaire cette année, les qualifiant d' « irresponsables » dans un contexte d'exploitation et d'instrumentalisation des réfugiés.
« L'année écoulée a été marquée par une succession de crises : une véritable tempête », a déclaré Filippo Grandi, à l'ouverture d'une réunion de suivi du Forum mondial sur les réfugiés, à Genève.
Il a cité les « atrocités sans fin commises au Soudan, en Ukraine, à Gaza et en Birmanie », mais a également dénoncé « l'effondrement soudain, drastique, irresponsable et sans vision à long terme de l'aide internationale ».
Le financement du HCR a été réduit de 35% depuis le début de l'année. Et de nombreuses autres organisations internationales font face à d'importantes baisses de l'aide internationale, en particulier depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche cette année, alors que les Etats-Unis ont traditionnellement été le principal donateur humanitaire.
Cette situation « dévaste le secteur humanitaire, infligeant tant de souffrances inutiles dans son sillage », a relevé M. Grandi.
Il a également souligné que 2025 avait aussi été une année durant laquelle « les réfugiés ont été fréquemment vilipendés et désignés comme boucs émissaires dans tant d'endroits ».
« Leurs souffrances sont cyniquement exploitées par les trafiquants à des fins lucratives et leur situation est instrumentalisée par les politiciens pour gagner des voix en vue des élections », a dénoncé le Haut-Commissaire, dont le mandat s'achève à la fin de l'année et qui aura passé 10 ans aux commandes de l'organisation.
Il a également pointé du doigt le « contexte mondial dans lequel la haine est de plus en plus autorisée à répandre des divisions racistes ».
Des engagements des bailleurs sont attendus lors de cette réunion à Genève au moment où le HCR est confronté à une crise profonde, alors que le nombre de personnes déplacées de force dans le monde, estimé à la mi-2025 à 117,3 millions, a presque doublé en 10 ans.
Les coupes opérées par Washington, qui fournissait auparavant plus de 40% du budget du HCR, conjuguées à des restrictions budgétaires dans d'autres grands pays donateurs, ont contraint l'organisation à supprimer plus d'un quart de ses effectifs depuis le début de l'année, soit près de 5.000 collaborateurs.
Cette réunion intervient peu après l'annonce vendredi de la nomination par le chef de l'ONU, Antonio Guterres, de l'ex-président irakien, Barham Saleh, à la tête du HCR. Sa nomination doit encore être approuvée par l'Assemblée générale de l'ONU.
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