À quelques jours du premier anniversaire de l’accord de cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité que « dans l’intérêt de la stabilité et de la sécurité que le Liban et Israël disent rechercher, le moment du dialogue et des négociations c’est maintenant ».
Évoquant l’évolution du contexte régional, lors d’un briefing consacré à la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006), aux côtés du secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, Mme Hennis-Plasschaert a estimé que « des opportunités uniques » s’offrent au Liban et à Israël : le premier « doit saisir ce moment » et le second « le doit également ». Elle a rappelé que la présence des forces israéliennes au nord de la Ligne bleue et l’intense activité militaire israélienne à travers le pays constituent toujours » des violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban ». Selon elle, le statu quo « ne sert ni les intérêts stratégiques d’Israël ni ceux du Liban » et représente « un avertissement clair d’une instabilité plus grande à venir, si ce c'est pas aujourd'hui, alors demain ».
La coordinatrice spéciale a par ailleurs indiqué que depuis la trêve, « des progrès notables ont été accomplis sur certains dossiers, tandis que d’autres demeurent au point mort. Le temps presse. Le Liban ne peut plus se permettre d’être perçu comme traînant les pieds, ni sur sa participation au dialogue, ni sur l’établissement d’un monopole des armes aux mains de l’État ».
Tout en saluant les progrès réalisés par l’armée libanaise dans la lutte contre les armes détenues par des acteurs non étatiques, notamment au sud du Litani, Mme Hennis-Plasschaert a rappelé la nécessité pressante d’une approche gouvernementale globale pour étendre l’autorité de l’État. « L’armée, seule, ne peut pas donner vie à la résolution 1701 », a-t-elle indiqué.
La coordinatrice spéciale a également souligné que les réformes au Liban sont tout aussi urgentes, notamment pour débloquer les financements indispensables à la relance et à la reconstruction. « Le Liban doit saisir cette fenêtre d’opportunité, plutôt que de retomber dans les surenchères politiques internes qui ont paralysé le pays pendant bien trop longtemps », a-t-elle dit.
Jeudi, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a réitéré que le Liban était prêt à dialoguer avec Israël et solliciterait l'aide des États-Unis pour faciliter les négociations, estimant que les raisons pour lesquelles Tel-Aviv n'a pas encore répondu à cet appel à négocier étaient « un mystère » pour lui. Dans une interview publiée jeudi par l'agence Bloomberg, il a par ailleurs assuré que le désarmement du Hezbollah « suit son cours », tout en appelant à mieux équiper l'armée libanaise, à l'heure où l'État hébreu intensifie ses frappes aériennes contre le parti chiite au Liban-Sud.
En effet, un an après l'entrée en vigueur de la trêve négociée par les États-Unis et la France, les tensions restent vives. L'État hébreu s'est acharné mercredi sur le Liban-Sud, frappant plusieurs localités après des avertissements et des appels à évacuer les lieux lancés en ligne, et a tué mardi 13 Palestiniens dans trois frappes dans le camp de réfugiés de Aïn al-Héloué. L’armée israélienne occupe toujours au moins six collines du côté libanais de la frontière et poursuit des bombardements quasi quotidiens - dans cette région et dans la Békaa - qu’elle justifie par la nécessité d’empêcher une résurgence militaire du Hezbollah, soutenu par l’Iran, dans la zone frontalière.
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