Le Conseil des ministres a approuvé jeudi l'octroi d'une aide financière aux militaires à la retraite et en service actif, et s'est penché sur la reconstruction des zones affectées par le dernier conflit entre Israël et le Hezbollah, tout en évitant le dossier épineux du désarmement du parti chiite. La question du vote de la diaspora a également été abordée, mais le gouvernement n'a finalement pas prolongé les délais pour l'inscription des électeurs de la diaspora.
Le gouvernement a accordé des aides pour les mois de novembre et décembre 2025 aux militaires en service actif et à la retraite, ainsi qu'aux familles des personnes considérées comme des martyrs militaires, a indiqué le ministre de l'Information, Paul Morcos, à la fin de la réunion. « Les allocations familiales pour le secteur public seront multipliées par 20 », a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement avait promulgué la plupart des points à l'ordre du jour.
Les anciens soldats se sont mobilisés à maintes reprises pour faire revaloriser leurs salaires, fortement touchés par la vive dépréciation de la livre libanaise. Les rémunérations des militaires en service et des fonctionnaires ont également pâti de cette dépréciation et de la profonde crise économique qui sévit depuis 2019.
Dans la matinée de jeudi, le ministre des Finances, Yassine Jaber, a abordé la question des aides aux militaires, plus particulièrement les aides financières aux familles des soldats tombés au combat, lors d'une réunion avec le ministre de la Défense, Michel Menassa. M. Jaber a indiqué avoir préparé un projet de décret multipliant par 20 le montant des allocations familiales pour les militaires et l’avoir transmis au Conseil de la fonction publique. Il a également annoncé qu’il étudiait la possibilité de doubler l’allocation scolaire pour les enfants des militaires retraités, à l’instar des militaires en service actif. Les deux ministres ont enfin convenu de créer des commissions conjointes pour fixer les modalités des aides au logement accordées aux familles des soldats tombés sur le champ de bataille, ainsi que pour le règlement des montants dus pour l’occupation de propriétés utilisées par l’armée libanaise (acquisitions et mise à disposition) depuis 2012 jusqu’à aujourd’hui.
Loi électorale
Concernant la question polémique du vote de la diaspora, le ministre de l'Information a annoncé que le gouvernement « va bientôt soumettre au Parlement un projet de loi modifiant la loi électorale ». Cette annonce peut surprendre dans la mesure où le gouvernement avait déjà transmis, jeudi dernier au Parlement, un projet de loi revêtu du caractère de double urgence prévoyant la suspension de l'article 112 de la loi électorale. Celui-ci limite la représentation parlementaire des expatriés à seulement 6 sièges, trois musulmans et trois chrétiens, alors qu'une majorité de parlementaires appellent à ce que les Libanais de la diaspora puissent voter pour tous les 128 députés. Or, le président du Parlement refuse d'inscrire ce projet de loi à l’ordre du jour, ce qui a causé un défaut de quorum lors des deux dernières sessions législatives.
Cette semaine, le gouvernement de Nawaf Salam a apporté son concours à cette proposition, en approuvant un projet de loi destiné à geler l’article en question en prévision des législatives de mai 2026. Il était également prévu de garder la porte de l’enregistrement des expatriés ouverte jusqu'à la fin de l’année, mais l'extension de ce délai n'a finalement pas été approuvée jeudi, « pour des raisons légales », selon Paul Morcos. Il a révélé que le gouvernement a abordé la possibilité, pour les électeurs de la diaspora, de présenter des demandes pour voter à distance, dans le cas où l'amendement de la loi électorale est promulgué après la fin des délais d'inscription des électeurs de l'étranger.
Dédommagement après la guerre avec Israël
M. Morcos a également déclaré que le cabinet « s'est penché sur la reconstruction, ainsi que les répercussions des agressions israéliennes et de la double explosion au port de Beyrouth (le 4 août 2020) et le dédommagement des personnes concernées ». Le dossier de la reconstruction des zones dévastées par la guerre de treize mois entre Israël et le Hezbollah fait débat à l'heure actuelle. Le parti chiite insiste pour que les autorités libanaises financent la reconstruction. La communauté internationale, elle, conditionne toute reconstruction au désarmement du Hezbollah. C'est dans ce contexte qu'Israël a bombardé à maintes reprises des engins de chantier ces dernières semaines. Le parti pro-iranien, lui, refuse de remettre son arsenal.
Abordant la question du désarmement des milices au Liban, les Forces libanaises (FL) ont adressé une question au gouvernement concernant « le suivi de la mise en œuvre de sa décision de charger l'armée libanaise du retrait des armes illégales de toutes les organisations, y compris les factions palestiniennes présentes sur le territoire libanais ». Le gouvernement a chargé la troupe, en septembre, d'appliquer son plan pour le désarmement des milices, Hezbollah en tête. Le désarmement des factions palestiniennes a également été lancé dans certains camps du pays.
La semaine dernière, le gouvernement a débattu du désarmement des milices, en particulier le Hezbollah. Le commandant en chef de l'armée, le général Rodolphe Haykal, a présenté le rapport mensuel de la troupe, chargée de mettre en œuvre la stratégie des autorités pour le monopole des armes.
Le ministre de l'Information a par ailleurs démenti la publication d'une circulaire visant à restreindre les transferts financiers ou sa discussion au sein du Conseil des ministres, affirmant que « ce type de sujet relève uniquement de la compétence de la Banque du Liban ».
Sur un autre plan jeudi, le Conseil des ministres a nommé Adel Gerges Chabab directeur général du ministère de l'Industrie.
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