Amnesty International a affirmé jeudi que « le génocide des Palestiniens commis par Israël à Gaza se poursuit sans relâche malgré le cessez-le-feu » fragile en vigueur depuis le 10 octobre. Sollicité par l'AFP, le ministère israélien des Affaires étrangères n'avait pas fourni de réponse sur ces allégations en début de soirée.
Par le passé, Israël a rejeté régulièrement et vigoureusement comme « mensongères », « antisémites », ou « fabriquées de toutes pièces » les accusations de génocide à Gaza portées à son encontre par Amnesty International, d'autres ONG de défense des droits humains, des experts de l'ONU ou encore certains pays comme l'Afrique du Sud qui le poursuivent devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Après plus de deux ans de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, une trêve fragile est entrée en vigueur le 10 octobre sous la pression des Etats-Unis.
Malgré cela, « Israël restreint sévèrement l'entrée des denrées et le rétablissement des services essentiels à la survie de la population civile », écrit Amnesty International dans un rapport citant de nombreux témoignages d'habitants de Gaza et plusieurs études internationales, notamment de l'ONU.
« Le fait de fournir une aide limitée à quelques-uns ne signifie pas que le génocide a pris fin ni que l'intention d'Israël a changé », ajoute le texte en référence à l'aide humanitaire ayant pu entrer dans la bande de Gaza ces dernières semaines.
Le document cite également le déplacement forcé de population ou encore des insuffisances dans l'autorisation des évacuations médicales comme autres preuves, selon l'ONG, qu'un génocide est en cours à Gaza. Le petit territoire palestinien a été ravagé par la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste sur Israël le 7 octobre 2023.
« Le cessez-le-feu risque de créer l'illusion dangereuse d'un retour à la normale pour les gens qui vivent à Gaza », note Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty, dans le communiqué accompagnant le rapport. « Le monde ne doit toutefois pas se laisser berner », ajoute-t-elle, affirmant que « le génocide perpétré par Israël n'a pas pris fin ».
L'ONG a accusé pour la première fois Israël de commettre un génocide à Gaza en décembre 2024. L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.221 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Plus de 69.799 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, dont 352 par des tirs israéliens depuis le 10 octobre, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe FBI a annoncé jeudi avoir lancé une enquête pour terrorisme après que deux militaires de la Garde nationale ont été grièvement blessés la veille à Washington par un tireur, identifié comme un ressortissant afghan ayant servi au côté de l'armée américaine en Afghanistan.
Qualifiée d' »embuscade » par les autorités, l'attaque a suscité une réaction immédiate de Donald Trump, qui a promis de renforcer ses politiques anti-immigration. « Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'expulsion de tout étranger de quelque pays que ce soit qui n'a pas sa place ici ou qui n'apporte aucun avantage à notre pays », a insisté le président américain dans une adresse télévisée. Il s'est engagé à « réexaminer » le cas de chaque personne arrivée en provenance d'Afghanistan sous le gouvernement de son prédécesseur démocrate Joe Biden.
Le suspect a été identifié par les autorités comme Rahmanullah Lakanwal, un Afghan de 29 ans, aux Etats-Unis depuis 2021. Il a traversé le pays en voiture depuis l'Etat de Washington, dans le nord-ouest du pays, pour se rendre dans la capitale fédérale, sur la côte est, a déclaré jeudi la procureure de Washington, Jeanine Pirro, lors d'une conférence de presse. Là, il a mené une attaque « ciblée » contre des militaires de la Garde nationale, ouvrant le feu « sans provocation, comme dans une embuscade ».
Ces derniers mois, Donald Trump a envoyé des membres de ce corps de réserve de l'armée dans plusieurs villes démocrates, contre l'avis des autorités locales, disant ces renforts nécessaires pour lutter contre la criminalité et l'immigration illégale. Cette décision a suscité plusieurs recours judiciaires et des accusations d'autoritarisme venant de l'opposition. Armé d'un revolver Smith & Wesson, le suspect a tiré sur deux militaires avant d'être « neutralisé » par d'autres gardes nationaux. Les deux militaires, âgés de 20 et 24 ans, ont été grièvement blessés et se trouvent dans un état critique, a précisé Mme Pirro.
Le tireur était toujours hospitalisé jeudi sous haute surveillance. La procureure a indiqué qu'il ferait face à trois chefs d'agression armée avec intention de tuer. Son mobile reste inconnu. Selon le directeur de la CIA, John Ratcliffe, il avait travaillé avec l'armée américaine en Afghanistan avant d'être exfiltré vers les Etats-Unis. « Nous enquêtons pleinement sur cet aspect de son passé », a déclaré le directeur du FBI, Kash Patel, lors de la conférence de presse.
La police fédérale a lancé une enquête internationale pour terrorisme et se penche également sur d' »éventuels complices » dans le pays ou à l'étranger, a-t-il indiqué. Il a ajouté que les autorités menaient des perquisitions en lien avec l'enquête, y compris au domicile du suspect, dans l'Etat de Washington.
Rahmanullah Lakanwal était arrivé aux Etats-Unis un mois après le retrait précipité des forces américaines d'Afghanistan pendant la présidence du démocrate Joe Biden, en août 2021, dans le cadre d'une opération mise en place pour aider les Afghans ayant collaboré avec les Américains.
Des responsables du FBI, de la CIA et du ministère de la Sécurité intérieure ont affirmé qu'il n'avait pas fait l'objet d'un examen minutieux à son arrivée et avait bénéficié des politiques d'accueil jugées laxistes mises en place après le retrait chaotique des troupes américaines d'Afghanistan.
« C'est ce qui arrive dans ce pays lorsque des personnes qui n'ont pas fait l'objet d'un examen minutieux sont autorisées à entrer », a lancé Jeanine Pirro.
Les autorités américaines ont annoncé après l'attaque suspendre pour une durée indéfinie le traitement des demandes d'immigration concernant des ressortissants afghans.
AfghanEvac, une organisation chargée d'aider des Afghans à s'établir aux Etats-Unis après le retrait américain d'Afghanistan de 2021, a toutefois assuré que la communauté afghane était soumise à « des vérifications de sécurité (...) parmi les plus approfondies » en matière d'immigration.
« L'acte violent et isolé de cet individu ne doit pas servir d'excuse pour définir ou rabaisser toute une communauté », a mis en garde le président de l'organisation, Shawn VanDiver.
Selon le département d'État américain, plus de 190.000 Afghans sont arrivés aux États-Unis depuis la prise de pouvoir des talibans.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLa France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni ont « fermement » condamné jeudi « l'augmentation massive » de la violence des colons contre les civils palestiniens et appelé Israël à protéger la population de Cisjordanie.
« Ces attaques doivent cesser. Elles sèment la terreur parmi les civils et sapent les efforts actuels visant à établir la paix et à assurer la sécurité durable de l'État d'Israël lui-même », soulignent les ministres des Affaires étrangères des quatre pays dans un communiqué commun.
« Le nombre d'attaques a atteint de nouveaux sommets », déplorent les ministres allemand Johann Wadephul, britannique Yvette Cooper, français Jean-Noël Barrot et italien Antonio Tajani, soulignant que le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) en a rapporté 264 en octobre.
« Il s'agit du plus grand nombre d'attaques de colons en un mois depuis que les Nations Unies ont commencé à les recenser en 2006 », précisent-ils.
Ils appellent le président israélien Isaac Herzog, le Premier ministre Benjamin Netanyahou ainsi que d'autres hauts responsables politiques et militaires à « traduire en actes » leurs condamnations verbales.
Ils exhortent le gouvernement israélien « à faire répondre de leurs actes les auteurs de ces violences ».
Ils saluent par ailleurs « la nette opposition » du président américain Donald Trump à l'annexion de la Cisjordanie, et réitèrent leur propre opposition « à toute forme d'annexion, qu'elle soit partielle, totale ou de facto, ainsi qu'aux mesures de colonisation violant le droit international ».
Ils rappellent que depuis l'approbation officielle, en août 2025, de la création de la colonie E1 qui va fragmenter davantage la Cisjordanie, « la construction de plus de 3.000 logements a été approuvée ces trois dernières semaines, ce qui porte à 28.000 le nombre de nouveaux logements approuvés depuis janvier, un chiffre jamais atteint auparavant ».
« Nous appelons le gouvernement israélien à revenir sur cette politique », écrivent les ministres.
Enfin, ils dénoncent « le refus persistant du gouvernement israélien de reverser à l'Autorité palestinienne les recettes fiscales qui lui reviennent », jugeant ce refus « injustifiable ».
Le déblocage de ces recettes combiné à l'extension du système bancaire correspondant entre banques israéliennes et palestiniennes, ainsi que l'augmentation des montants transférés en shekels (devise israélienne) sont autant de mesures « essentielles pour les citoyens palestiniens et la capacité de l'Autorité palestinienne à assurer des services publics ».
« Un effondrement financier de l'Autorité palestinienne ne ferait que nuire à la stabilité de la région et à la sécurité même d'Israël », concluent-ils.
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