L'Organisation internationale du travail (OIT), touchée comme beaucoup d'organisations par une réduction internationale des financements, traverse une crise financière « grave » et « sans précédent », a averti lundi son directeur général. Les Etats-Unis sont, à hauteur de 22%, le principal bailleur de fonds de l'OIT, au rôle important pour la protection des travailleurs à travers le monde. Mais Washington, en retard sur ses cotisations 2024 et 2025, doit à l'organisation plus de 173 millions de dollars, alors que Donald Trump procède depuis son retour à la Maison Blanche à d'importantes coupes dans l'aide internationale.
« La crise financière à laquelle nous faisons face est grave, elle est sans précédent si on regarde les dernières décennies, et elle affecte déjà notre capacité à répondre aux attentes de nos mandants », a déclaré le directeur général de l'OIT, Gilbert Houngbo, à l'ouverture de la 355e session du Conseil d'administration de l'organisation. Et les Etats-Unis ne sont pas les seuls à ne pas payer. Le montant global des impayés s'élève à environ 250 millions de francs suisses (environ 271 millions d'euros), « soit près d'un tiers » du budget, a détaillé M. Houngbo. L'OIT a publié le 28 octobre un document avec des propositions de réforme organisationnelle selon deux scénarios financiers.
Le premier scénario table sur « une réduction limitée mais soutenue de la valeur réelle du budget ordinaire », alors qu'un deuxième prévoit « un déficit notable pouvant atteindre jusqu'à 20 pour cent en 2026-27, dans l'hypothèse où une part importante des contributions au budget ordinaire ne serait pas recouvrée ». « En toute franchise, honnêteté intellectuelle oblige: seul le scénario 2 reflète la réalité à laquelle nous devons nous préparer », a ajouté l'ancien Premier ministre du Togo lundi, évoquant une « trajectoire imposée par les faits ». L'organisation, fondée en 1919, prévot une amélioration de sa trésorerie au début de 2026 grâce aux paiements anticipés de plusieurs Etats. « Mais cela ne changera pas la donnée fondamentale : nous devons ajuster nos crédits budgétaires et réduire notre base de dépenses d'au moins 20 pour cent », a insisté M. Houngbo.
Plusieurs pistes sont à l'étude, dont le gel des recrutements, la réduction du nombre de postes, la délocalisation de certaines activités, notamment à Turin, ou la location d'une partie de ses bureaux à Genève. Le document indique que dans l'hypothèse où la réduction nécessaire du budget s'élèverait à 93,2 millions, il serait nécessaire de supprimer environ 285 à 295 postes. La fermeture d'une cinquantaine de projets américains de l'OIT qui dépendaient du financement américain a déjà conduit l'organisation « à devoir licencier environ 200 membres » du personnel sur environ 3.500 globalement, avait indiqué M. Houngbo en mai.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsL'armée israélienne a affirmé lundi matin avoir éliminé la veille un « représentant local » du Hezbollah à Mansouri (caza de Tyr), au Liban-Sud.
Selon notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah, une frappe de drone israélien a touché aux alentours de 23h le véhicule de Mohammad Ali Choueikh, originaire de Mansouri et directeur d'une école du village. Le Hezbollah a admis que la victime était l'un de ses responsables.
Dans une publication sur X, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee a affirmé que Mohammad Choueikh était un « représentant local » du Hezbollah et que ce dernier était « chargé de gérer les relations entre la formation chiite et les habitants du village sur les questions militaires et économiques. Il facilitait aussi la saisie de biens privés » au service du parti.
Réagissant au ciblage du directeur d'école, la ministre de l'Éducation Rima Karamé a lancé un « appel à la conscience mondiale et aux pays influents en vue d'appliquer le principe de neutralité aux écoles, aux enseignants et aux élèves » . Elle a aussi appelé « les responsables des établissements scolaires à persévérer dans leur résistance et leur travail éducatif assidu, et à rester solidaires dans leur détermination à faire progresser l'éducation au Liban face à cette agression impitoyable ».
Lundi matin, le village de Aïtaroun, dans le caza de Bint Jbeil, a été la cible de tirs intenses de l’artillerie israélienne. Vers 11h, un drone israélien a largué à quatre reprises des grenades assourdissantes sur la localité. Face à ces attaques répétées, les habitants se sont confinés chez eux sur ordre de la municipalité, qui a également demandé la fermeture des commerces.
Selon notre correspondant Mountasser Abdallah, la municipalité avait été préalablement informée par les forces de sécurité qu’une cible locale allait être visée par l’armée israélienne. Elle a alors évacué son siège et pris toutes les mesures de précaution nécessaires. L’armée libanaise prévoit par ailleurs d’établir un nouveau poste dans la zone de Khanouk, à Aïtaroun, afin de renforcer sa présence et son déploiement en périphérie.
Dans l’après-midi, le ministère libanais de la Santé a indiqué qu’un citoyen avait été blessé à Kfarchouba, dans le caza de Hasbaya, par une grenade larguée par un drone. Notre correspondant avait rapporté qu’un petit drone israélien avait tiré sur un berger dans ce même village, tuant plusieurs moutons.
Tout au long de la journée, des survols de drones israéliens ont été signalés au-dessus de la ville de Saïda et de sa périphérie sud, à Zahrani, ainsi qu’au-dessus du village de Naqoura, dans le caza de Tyr. Des survols à basse altitude ont également été observés au-dessus de Zahlé et de plusieurs villages du centre de la Békaa. A Beyrouth aussi des drones israéliens ont survolé la capitale et ses environs durant toute la journée.
De son côté, la porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), Kandice Ardiel, a déclaré lundi à la chaîne de télévision locale LBCI qu’un processus avait commencé pour réduire le nombre de Casques bleus déployés sur le terrain dans le sud du Liban, en raison des coupes budgétaires à l’échelle de l’ONU. Elle a précisé que la plupart des retraits de troupes seraient effectués dans les semaines à venir. Quelques heures avant ces déclarations, le commandant de la Finul, le général Diodato Abagnara, s'était rendu à la municipalité de Naqoura, où il a été informé des dégâts et des destructions d'infrastructures subis par le village à la suite de la récente guerre, selon un communiqué de la Finul.
Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques quasi quotidiennes au Liban-Sud et dans la Békaa, accusant la formation pro-iranienne de chercher à reconstituer ses capacités militaires. Dans ce contexte tendu, la chaîne israélienne 13 a rapporté dimanche que le système de sécurité israélien « recommande une guerre au Liban qui pourrait durer plusieurs jours ».
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsPlus de 22 millions de personnes, dont beaucoup d'enfants, pourraient mourir de causes évitables d'ici 2030 en raison des coupes budgétaires dans l'aide étrangère des Etats-Unis et de pays européens, selon une étude internationale obtenue lundi en exclusivité par l'AFP. Ces conclusions sont une mise à jour d'une étude réalisée plus tôt cette année, qui se concentrait uniquement sur les conséquences des coupes dans l'aide étrangère réalisées par Donald Trump, notamment le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), et qui projetait 14 millions de décès supplémentaires.
La nouvelle étude tient compte des réductions de l'ensemble de l'aide publique au développement, alors que le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne par exemple ont réduit leur aide aux pays en développement. « C'est la première fois en 30 ans que la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis réduisent tous leur aide en même temps », confie à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Gonzalo Fanjul, de l'Institut pour la santé mondiale de Barcelone (ISGlobal). « Les pays européens ne sont pas comparables aux Etats-Unis, mais lorsqu'on les considère dans leur ensemble, le coup porté au système d'aide mondial est extraordinaire. C'est absolument sans précédent », dit-il.
Les résultats de cette étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains ont été soumis lundi à la revue The Lancet Global Health et sont en attente d'une évaluation. Elle s'appuie sur des données montrant comment l'aide a permis de réduire le nombre de décès dans le passé, en particulier grâce à la prévention face au VIH, au paludisme et la tuberculose.
Dans le pire des scénarios impliquant des coupes budgétaires massives, la nouvelle étude prédit 22.6 millions de décès supplémentaires d'ici 2030, dont 5.4 millions d'enfants de moins de cinq ans, par rapport à une situation inchangée. A l'autre extrême, une réduction plus modérée de l'aide étrangère entraînerait 9.4 millions de décès supplémentaires, selon cette étude.
Peu après son entrée en fonction, le président américain, sous l'impulsion du milliardaire Elon Musk, a réduit de plus de 80% l'aide étrangère des Etats-Unis. Il a aussi démantelé l'USAID, qui était la plus grande agence d'aide au monde ayant distribué quelque 35 milliards de dollars au cours de l'exercice 2024.
Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a déclaré que cette aide ne servait pas les intérêts fondamentaux des Etats-Unis, soulignant notamment que des pays bénéficiaires avaient voté contre les Etats-Unis aux Nations unies. Témoignant devant le Congrès, M. Rubio a nié que les coupes dans l'aide américaine aient causé des décès et a accusé les détracteurs d'être tributaires du « complexe industriel des ONG ».
Au lieu de chercher à combler ce déficit, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont également réduit leur aide en raison de leurs propres contraintes budgétaires et de l'augmentation des dépenses de défense après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Parmi les principaux pays donateurs, l'aide du Japon est restée relativement stable au cours des deux dernières années.
Au-delà de la cessation immédiate de certains programmes d'aide, l'étude relève que ces réductions affectent aussi des politiques publiques « laborieusement mises en place au cours de décennies de coopération internationale ». M. Fanjul reconnaît la nécessité pour les pays de s'affranchir à terme de l'aide internationale, en particulier concernant leur dépendance vis-à-vis du financement de la lutte contre le VIH. Mais, dit-il, « le problème réside dans la rapidité et la brutalité du processus ».
Davide Rasella, principal auteur de cette étude, souligne lui que l'administration Trump a promis 20 milliards de dollars pour soutenir l'Argentine. Or, dans le contexte mondial, l'aide au développement « ne représente rien d'énorme », affirme-t-il, en ajoutant que les décideurs politiques « modifient les budgets sans vraiment se rendre compte du nombre de vies qui sont en jeu ».
L'étude a été financée par la Fondation Rockefeller et le ministère espagnol de la Recherche. « Ces données constituent un signal d'alarme urgent pour le monde entier », a affirmé un porte-parole de l'organisation philanthropique basée à New York.
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