Emmanuel Macron a défendu jeudi, dans une interview à une télévision israélienne, sa décision de reconnaître un Etat palestinien, « meilleure manière d'isoler le Hamas » à ses yeux, tout en condamnant une fois de plus vivement l'offensive à Gaza qui « détruit totalement » la « crédibilité » d'Israël.
« Reconnaître un Etat palestinien c'est simplement décider de dire +la perspective légitime du peuple palestinien, et ce qu'il endure aujourd'hui, n'a rien à voir avec le Hamas », a dit le président français à la chaîne 12.
Il a plaidé la cause de son plan, qui accompagnera son annonce formelle lundi à l'ONU, estimant qu'il s'agissait d'un « processus » censé « déclencher une série de nouveaux comportements et de nouveaux engagements ». L'Assemblée générale de l'ONU a déjà adopté à une large majorité ce plan qui exclut clairement le mouvement islamiste palestinien de toute gouvernance future.
« Donc la reconnaissance d'un Etat palestinien est la meilleure manière d'isoler le Hamas », qui lui ne veut pas de la solution à deux Etats mais veut « vous détruire », a-t-il expliqué.
Selon Emmanuel Macron, dont la décision est vivement critiquée par les autorités israéliennes, « l'approche de votre gouvernement, de quelques ministres particulièrement, est de détruire la possibilité d'une solution à deux Etats ».
« Il y avait urgence », notamment en raison des menaces d'annexion de la Cisjordanie occupé, « c'était la dernière occasion avant que proposer la solution à deux Etats ne devienne totalement impossible », a-t-il insisté.
Interrogé par la chaîne 12, le président français a également reconnu qu'il avait « proposé de se rendre » en Israël en amont de la réunion de la semaine prochaine à New York pour expliquer sa position, avant que les autorités israéliennes refusent sa venue. Il a ajouté vouloir continuer à « travailler » avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qu'il « respecte ».
Pour autant, il a estimé qu'Israël était en train de « détruire totalement » son « image et sa crédibilité » dans l'opinion publique mondiale, en raison des victimes civiles à Gaza.
« Israël a obtenu des résultats uniques en termes de sécurité », « mais mener ce genre d'opérations à Gaza est totalement contreproductif et, je dois le dire, c'est un échec », a dit le président français.
Selon lui, pour « briser le cercle vicieux », « le Hamas doit être détruit, démantelé », mais « l'approche militaire » n'est « pas suffisante ».
Emmanuel Macron, qui a assuré ne pas prendre de telles décisions pour des raisons de politique intérieure, a encore déploré de voir « les positions françaises (...) déformées ». « Cela nous rend non seulement malheureux, mais même en colère », a-t-il affirmé.
Il a laissé planer la menace de sanctions économiques contre Israël si la nouvelle phase de l'offensive à Gaza, « une énorme erreur », devait se poursuivre.
Enfin, au sujet des appels à boycotter l'Eurovision si Israël y participe, le président français répond « ne pas être favorable au boycott » de manière générale.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsPlusieurs centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de France jeudi à l'appel des syndicats, lors d'une journée de grèves et de manifestations destinée à peser sur les choix budgétaires du Premier ministre, nommé la semaine dernière en pleine crise politique.
La CGT, l'une des deux principales centrales syndicales, dit avoir comptabilisé « plus d'un million de personnes » à travers la France, sa patronne Sophie Binet affirmant que la journée est « un succès ». Ce chiffre est supérieur à celui de la dernière grande mobilisation contre la réforme des retraites, en juin 2023, qui avait réuni 900.000 personnes selon ce même syndicat.
Les autorités ont, elles, fait état de plus de 500.000 manifestants dans le pays, dont 55.000 à Paris, lors d'un défilé qui a donné lieu à quelques heurts en fin de journée.
Jeudi soir, les leaders syndicaux ont annoncé qu'une décision quant à la suite donnée au mouvement serait prise vendredi.
C'est la deuxième journée de mobilisation en huit jours en France, toujours dans l'attente d'un gouvernement après la nomination de son troisième Premier ministre en à peine plus d'un an. Le 10 septembre, une journée baptisée « Bloquons tout » et lancée sur les réseaux sociaux avait mobilisé 200.000 personnes selon les autorités.
Outre Paris, quelques défilés ont également été émaillés d'incidents, notamment à Nantes (ouest) et Lyon (centre-est).
Au total, selon le ministère de l'Intérieur, 181 personnes avaient été interpellées à 18H00 (16H00 GMT) par l'important dispositif (80.000 forces de l'ordre) déployé dans le pays. Onze membres des forces de l'ordre et onze autres personnes, dont un journaliste, ont été blessés dans les incidents qui ont émaillé les cortèges.
Cette journée d'action intervient dix jours après la nomination d'un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, confronté au même défi que son prédécesseur, François Bayrou: proposer un budget permettant d'assainir les comptes publics de la nation, dont la dette atteint 114% du PIB.
La mobilisation s'oppose aux mesures budgétaires (coupes dans les services publics, réforme de l'assurance-chômage, gel des prestations sociales...) envisagées dans un plan d'économies de 44 milliards d'euros défendu par M. Bayrou. Et qui ont valu à son gouvernement, alliant le centre droit et la droite, d'être renversé par les députés le 8 septembre.
« Quand on voit combien les plus riches peuvent se gaver sur notre dos et (qu')on demande encore plus aux classes populaires de se serrer la ceinture, au bout d'un moment, ce n'est plus possible », confie Paul, technicien de 29 ans rencontré dans le cortège parisien, qui n'a pas voulu donner son nom de famille.
Même dépit à Lyon, chez Bruno Cavelier, 64 ans. « Je suis pessimiste: quel que soit le gouvernement, c'est la même chose », estime ce plombier chauffagiste à la retraite. « Rien n'a changé, c'est de pire en pire même. Chaque jour les plus riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent ».
Sur le terrain, la situation a été perturbée notamment dans les transports parisiens, avec une circulation restreinte aux heures de pointe, mais relativement fluide sur le reste du territoire.
Le ministère de l'Education nationale a fait état de 17% d'enseignants grévistes. Des blocages partiels ou fermes de quelques dizaines de lycées ont été enregistrés.
Les pharmaciens se sont également mobilisés pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Selon le syndicat de pharmaciens FSPF, environ 18.000 officines sont fermées sur 20.000.
Désormais, partis politiques et syndicats scruteront la réponse de Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre du président Emmanuel Macron depuis qu'il a dissous l'Assemblée nationale en juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - qui a promis des « ruptures » sur le fond et la forme lors de sa prise de fonctions.
Il mène une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.
Le chef de file de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, présent dans la manifestation de Marseille (sud-est), a, lui, de nouveau réclamé le départ d'Emmanuel Macron. « Le président, c'est lui le chaos », a-t-il déclaré.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsDonald Trump a exprimé jeudi sa déception à l'égard de Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a lui appelé à « accentuer la pression » sur le président russe.
Le président américain a quitté le Royaume-Uni en fin d'après-midi, après sa deuxième visite d'Etat dans le pays, marquée par un accueil fastueux du roi Charles III et des entretiens avec Keir Starmer.
Elle s'achève sans annonce majeure au niveau politique ou diplomatique.
Donald Trump a par ailleurs reconnu son désaccord avec Keir Starmer sur la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien, et appelé le chef du gouvernement britannique à arrêter l'immigration irrégulière, quitte à faire appel à l'armée.
Le président a loué « le lien indéfectible » entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. « Nous serons toujours amis », a-t-il dit, lors de la conférence de presse à la résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer à Chequers, à 70 kilomètres au nord-ouest de Londres.
Sur l'Ukraine, le dirigeant républicain a semblé admettre être dans l'impasse. Le conflit « que je pensais être le plus facile à résoudre était » la guerre en Ukraine, « en raison de mes relations avec le président Poutine, mais il m'a laissé tomber. Il m'a vraiment laissé tomber », a-t-il déclaré.
Nous devons « accentuer la pression » sur Vladimir Poutine, a redit Keir Starmer, qui se positionne depuis des mois comme un intermédiaire entre Donald Trump et les Européens sur ce sujet.
« Ce n'est que lorsque le président (Trump) a exercé une pression sur Poutine que celui-ci a réellement montré une certaine volonté d'agir », a affirmé le chef du gouvernement britannique.
Les deux dirigeants ont clairement affiché leurs divergences à propos de la question d'une reconnaissance d'un Etat palestinien, envisagée par Keir Starmer.
Cela pourrait intervenir dès ce week-end, selon le Times, avant des discussions lundi à l'Assemblée générale de l'ONU.
« Je suis en désaccord avec le Premier ministre sur ce point, il s'agit là de l'un de nos rares désaccords », a déclaré M. Trump.
« La situation à Gaza est intolérable », a répété de son côté Keir Starmer.
A propos de l'immigration, sujet crucial pour les deux pays, Donald Trump a jugé que la situation du Royaume-Uni était « très similaire » à celle des Etats-Unis. L'immigration clandestine « détruit les pays de l'intérieur », a-t-il dit, appelant son interlocuteur à lutter contre: « Peu importe si vous appelez l'armée, peu importe les moyens que vous utilisez ! »
Plus de 31.000 migrants sont arrivés en bateau sur les côtes anglaises depuis le début de l'année, un record pour cette période de l'année.
Keir Starmer a dit vouloir « intensifier » les expulsions de migrants dans le cadre de l'accord signé cet été avec la France, après le renvoi jeudi matin d'un premier ressortissant indien.
Avant la conférence de presse, Donald Trump et Keir Starmer ont signé un accord de coopération technologique, déjà concrétisé par l'annonce de dizaines de milliards d'investissements des deux côtés de l'Atlantique.
« C'est un négociateur coriace », a dit en souriant le président Trump à propos de Keir Starmer.
Cet accord permettra à « l'Amérique et nos alliés britanniques de dominer l'avenir de l'intelligence artificielle », a-t-il promis.
Ce partenariat porte sur des domaines comme l'IA, l'informatique quantique et du nucléaire.
Keir Starmer s'est félicité du « plus grand programme d'investissement de ce type de toute l'histoire britannique ».
Sur les droits de douane, en revanche, Keir Starmer est visiblement resté sur sa faim. Il espérait conclure de longues négociations pour obtenir une exemption des 25% appliqués sur l'acier britannique, promise début mai.
Cette séquence politique et économique s'est tenue au lendemain de la fastueuse visite du président américain au château de Windsor, où il a été reçu par le roi Charles III.
Lors du somptueux banquet d'Etat mercredi soir, Donald Trump a affirmé que cette visite d'Etat, sa deuxième après celle de 2019, était « l'un des plus grands honneurs de (sa) vie ».
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