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10.07.2024 à 23:22

Ambitions célestes : que réalise et prépare la Chine dans l’espace pour 2024 ?

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Le 26 février, la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), développeur de séries de

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Le 26 février, la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), développeur de séries de fusées et principale force motrice de l’industrie spatiale de la République Populaire de Chine (RPC), a dévoilé son « Livre Bleu » annuel, révélant les ambitions spatiales chinoises pour 2024. Cette année, qui coïncide avec le 75ème anniversaire de la République Populaire de Chine, est particulièrement importante dans la réalisation des visions du 20ème Congrès du Parti. Elle marque une étape déterminante dans l’atteinte des objectifs du 14ème plan quinquennal et dans l’accélération des efforts pour établir la Chine comme la première puissance spatiale à l’horizon 2030.

La Chine a établi des objectifs de grande envergure pour l’année prochaine, avec la planification d’environ 100 missions de lancement, un chiffre qui pourrait marquer un nouveau record historique. Environ 70 missions, pilotées par la CASC, prévoient de mettre en orbite plus de 290 engins spatiaux et de déployer des projets d’ingénierie spatiale cruciaux. Parmi ces projets, on compte les lancements inauguraux des fusées Longue Marche-6C et Longue Marche-12, les missions de lancement de vaisseaux cargos Tianzhou-7 et -8, les missions de lancement de vaisseaux avec équipage Shenzhou-18 et -19, ainsi que deux missions de retour avec équipage pour Shenzhou-17 et -18. La Longue Marche-12 s’élancera depuis le tout premier site de lancement commercial de vaisseaux spatiaux du pays, situé dans la ville de Wenchang, sur l’île provinciale de Hainan dans le sud de la Chine.

En outre, la quatrième phase du projet d’exploration lunaire sera avancée avec le lancement du Queqiao-2, le satellite relais destiné à faciliter les communications entre la face cachée de la Lune et la Terre, et du rover Chang’e-6 via la fusée Longue Marche-5, tentant le premier retour d’échantillons depuis le Pôle Sud de la face cachée de la Lune dans le bassin Aitken. D’après l’Administration spatiale nationale chinoise, la mission Chang’e-6 accueillera à son bord des équipements scientifiques en provenance de France, d’Italie, de Suède ainsi que de l’Agence spatiale européenne, tandis qu’un module de charge utile conçu au Pakistan prendra place sur son orbiteur. Selon la CASC, le programme chinois de missions habitées sur la Lune a pour ambition d’accomplir une série d’objectifs diversifiés, incluant l’atterrissage, la mobilité, l’échantillonnage, la recherche, et le retour, afin d’envoyer des taïkonautes sur le sol lunaire avant 2030. L’initiative est également conçue pour développer et consolider les capacités autonomes de la Chine dans le domaine des missions lunaires habitées.

Le plan d’exploration lunaire de la Chine

En 2024, la CASC s’engage à amplifier la production de sa nouvelle génération de vaisseaux spatiaux habités, incluant les innovants Chang’e-7 et Tianwen-2. Parallèlement, la CASC planifie le déploiement d’un satellite de détection de la salinité des océans, un satellite de surveillance électromagnétique et une sonde astronomique développée conjointement par la RPC et la France. De plus, la CASC s’apprête à produire plus de 200 lots de fusées de lancement et à finaliser plusieurs contrats importants pour des satellites commerciaux et des exportations de satellites complets. Tournant son regard vers l’avenir, la CASC vise à accomplir des avancées technologiques majeures, telles que le retour d’échantillons de Mars, l’exploration du système Jupiter, et la mise en place de stratégies pour la défense planétaire contre les astéroïdes.

Enfin, la CASC prévoit d’élargir l’application des systèmes de navigation Beidou. Ainsi, la CASC a annoncé la poursuite de ses efforts pour mettre au point un système satellite, dédié à la télédétection commerciale, « système de nouvelle génération en quatre dimensions ». Сe réseau débutera avec le déploiement des satellites SuperView (Gaojing) et s’étoffera pour inclure un total d’au moins 28 satellites. Ces satellites seront équipés de diverses technologies avancées, comprenant des capteurs optiques de haute résolution, des capteurs optiques à large couverture, des capteurs radar également de haute résolution, et une gamme étendue d’autres types de satellites spécialisés dans la télédétection commerciale. La CASC s’engage à intégrer de manière continue les technologies satellitaires dans de nouveaux secteurs, contribuant ainsi au développement économique des régions stratégiquement importantes.

Les objectifs atteints en 2023

En 2023, la Chine a réalisé 67 missions de lancement, se classant deuxième au monde, et a développé puis lancé 221 engins spatiaux, battant des records nationaux en termes de nombre de lancements et de satellites. La série de fusées Longue Marche a effectué 47 lancements avec un taux de réussite de 100 %, dépassant ainsi le total de 500 lancements, tandis que 20 autres ont été réalisés par des fusées commerciales. En revisitant l’année écoulée, le secteur spatial chinois a maintenu un rythme soutenu de lancements réussis et ordonnés, avec une augmentation rapide du nombre de satellites produits et une amélioration continue de ses capacités de développement.

Sur le plan de la coopération internationale, la RPC a mené des activités d’échange et de discussion, de partage de données, de coopération technique, de services d’application et d’éducation culturelle spatiale, favorisant le développement de l’initiative BRI et contribuant à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, souligne la CASC dans son rapport.

Enfin, bien que l’espace soit dominé par les États-Unis avec environ 45% des 220 lancements effectués en 2023, la Chine, avec près de 30% de ces lancements, aspire à renforcer ses capacités spatiales, avec la Lune comme objectif à court terme. Mieux encore, en 2023, l’entreprise privée chinoise Space Pioneer s’est distinguée en devenant la première start-up à atteindre l’orbite lors de son premier essai, et ce, sans recourir à la propulsion solide, avec son lanceur Tianlong-2.

Les avancées du programme spatial chinois dans la première moitié de 2024

Le 3 février 2024, la Chine a mis en orbite le premier satellite commercial doté d’intelligence artificielle, nommé Rongpiao ou Xingshidai-18. Lancé depuis les eaux au large de la ville de Yangjiang, dans la province du Guangdong au sud de la Chine, par la fusée Smart Dragon-3 (SD-3), ce satellite a été développé par la société Guoxing Aerospace Technology Co., Ltd. Sa mission principale est de valider en orbite l’algorithme d’intelligence artificielle Synaesthesia Fusion. Il est également conçu pour intégrer des capacités de plateforme à distance pour les futurs réseaux de communication. Lors de ce lancement, la SD-3 a également placé en orbite le satellite égyptien NExSat-1, marquant ainsi le premier lancement international de la fusée.

D’autre part, le géant de l’automobile chinois Geely a lancé 11 satellites en orbite basse depuis le Centre de lancement de satellites de Xichang, situé dans le Sichuan. Ces satellites, destinés à améliorer la navigation des véhicules autonomes de Geely, sont équipés de capacités de télédétection utilisant l’intelligence artificielle. Geely prévoit de porter le nombre de ses satellites en fonctionnement à 72 d’ici 2025 et envisage de développer à terme un réseau de 240 satellites.

Le 23 février, la Chine a procédé au lancement du satellite classifié TJS-11 (Tongxin Jishu Shiyan-11) à bord de la fusée Longue Marche 5, le lanceur le plus puissant du pays, depuis le Centre de lancement de satellites de Wenchang, situé sur l’île de Hainan. Peu de détails ont été divulgués sur le satellite, si ce n’est qu’il sera principalement utilisé pour des expériences de communication en multi-bandes et haute vitesse. Cependant, certains observateurs suggèrent que cette série de satellites géosynchrones classifiés pourrait servir les intérêts militaires chinois. Plus tard en mai, la Chine a envoyé dans l’espace son premier satellite de communication, Smart SkyNet-1 01, placé en orbite terrestre moyenne, qui se situe au-dessus de l’orbite terrestre basse et en dessous de l’orbite géostationnaire. Il est important de noter que la Chine a exprimé son opposition à la militarisation de l’espace, bien que l’espace soit considéré par les grandes puissances mondiales comme un enjeu crucial pour la défense et la sécurité.

Exploration lunaire

Fin février, l’Agence chinoise des vols spatiaux habités (CMSA) a annoncé les noms de ses nouvelles avancées dans le domaine spatial : l’atterrisseur lunaire chinois « Lanyue » (« Embracing the Moon ») et le nouveau véhicule de transport spatial « Mengzhou » (« Vaisseau de rêve »). Le « Mengzhou » existe en deux versions : une destinée à transporter trois astronautes vers la Lune et une autre conçue pour remplacer le vaisseau actuel Shenzhou, avec une capacité de transporter jusqu’à sept astronautes entre la Terre et la station spatiale Tiangong, en orbite depuis près de trois ans. Le nom « Lanyue » est un hommage à un poème du premier président de la Chine, Mao Zedong (1893-1976). Les fusées Longue Marche-10 joueront un rôle central dans ces missions, en propulsant « Mengzhou » et « Lanyue » vers l’espace.

Le 2 juin, la Chine a réussi pour la deuxième fois à se poser sur la face cachée de la Lune avec la sonde Chang’e 6, qui avait décollé le 3 mai à bord d’une fusée Longue Marche 5 depuis le centre spatial de Wenchang, situé sur l’île de Hainan. L’atterrisseur s’est posé dans la région du bassin Pôle Sud-Aitken, l’un des plus grands cratères d’impact du système solaire, situé sur la face cachée de la Lune. Les objectifs de cette mission incluent le retour sur Terre d’échantillons de sol lunaire d’environ 4 milliards d’années, conformément aux plans décrits dans le « Livre Bleu » en février. Pour collecter ces échantillons, l’appareil est équipé d’un foret et d’une main robotisée.

À bord de Chang’e 6 se trouve également DORN, le premier instrument français actif sur la Lune, chargé d’étudier le radon, un gaz radioactif produit en continu dans le sol lunaire. Le 4 juin, le module d’ascension de la Chang’e 6 a décollé de la surface lunaire, emportant des échantillons de la face cachée. Ces échantillons ont été ramenés sur Terre le 25 juin avec succès. La capsule contenant ces échantillons, larguée par la sonde à l’aide d’un parachute, a atterri dans le nord de la Chine, selon les informations du média chinois CGTN. La Chine devient ainsi le premier pays à avoir collecté et ramené sur Terre des échantillons de la face cachée de la Lune.

Il convient de rappeler que la mission Chang’e-5 avait déjà rapporté des échantillons de la face visible de la Lune en décembre 2020, les premiers depuis 1976. Avant la Chine, seuls les États-Unis et l’URSS avaient réussi à ramener du sol lunaire sur Terre. Cette nouvelle réussite marque une avancée significative pour le programme spatial chinois, qui ambitionne d’envoyer une mission habitée sur la Lune d’ici 2030

Néanmoins, la Chine ne se concentre pas uniquement sur l’exploration lunaire. En effet, des scientifiques chinois ont mis au point un prototype de moteur nucléaire pour vaisseau spatial, destiné à des voyages vers Mars. En effet, ce nouveau moteur place le vaisseau comme un concurrent direct de la fusée Starship de SpaceX, d’après le journal South China Morning Post, s’appuyant sur un article publié dans le journal Scientia Sinica Technologica de l’Académie des Sciences Chinoise. Selon les chercheurs, la puissance du réacteur nucléaire atteint 1,5 MW, soit sept fois celle du système développé par la NASA. Ils estiment que ce vaisseau spatial équipé d’un moteur nucléaire pourrait réaliser le trajet de la Terre à Mars en seulement trois mois, alors que la fusée Starship de SpaceX pourrait nécessiter au moins sept mois pour atteindre la planète rouge.

Ascension des lanceurs lourds privés


Les lanceurs lourds, longtemps réservés aux puissances spatiales pour des missions vers des orbites géosynchrones ou interplanétaires, sont désormais aussi un enjeu majeur pour l’industrie privée chinoise. Le 11 janvier 2024, Orienspace, une société commerciale chinoise, a lancé sa première fusée, Gravity-1, depuis un navire en mer. Ce vol inaugural, qui a mis en évidence l’impressionnante capacité d’accélération de la fusée, a marqué Gravity-1 comme la plus puissante fusée à propulsion solide jamais lancée et le plus grand lanceur commercial chinois avec une capacité de charge utile de 6,5 tonnes en orbite basse. Parallèlement, Space Pioneer développe le lanceur Tianlong-3, qui rivalise avec Gravity-1 en tant que plus lourd lanceur privé chinois. Utilisant des moteurs TH-12 partiellement imprimés en 3D, ce lanceur réutilisable prévoit de mettre en orbite jusqu’à quinze tonnes. Avec des vols prévus dès juillet 2024, Space Pioneer envisage également une version améliorée capable de transporter jusqu’à cinquante tonnes et une version plus légère pour le vol habité et le tourisme spatial. Ces développements illustrent l’ambition croissante de la Chine dans le secteur compétitif des lanceurs lourds.

Au cours de la première moitié de l’année 2024, la Chine a nettement accentué son empreinte spatiale, multipliant les missions innovantes et les avancées technologiques majeures. Ces initiatives, couplées à l’ascension de lanceurs lourds, démontrent l’ambition de la Chine de devenir une superpuissance spatiale, capable de rivaliser avec les leaders mondiaux tout en ouvrant de nouvelles voies pour l’exploration interplanétaire et la défense des intérêts terrestres dans l’espace.


Par Oksana ZAITSEVA, Analyste Diplomatie Spatiale chinoise auprès de l’OFNRS

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06.07.2024 à 10:52

L’aciérie chinoise de Tsingshan au Zimbabwe lance sa production

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Le géant chinois du nickel Tsingshan Holding Group a démarré la production de son usine

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Le géant chinois du nickel Tsingshan Holding Group a démarré la production de son usine sidérurgique d’un milliard de dollars dans le centre du Zimbabwe, a déclaré un responsable de l’entreprise.

La Dinson Iron and Steel Company de Tsingshan produira 600 000 tonnes métriques d’acier au carbone par an durant la première phase de ses opérations, a déclaré le directeur du projet Wilfred Motsi aux journalistes lors d’une visite de l’usine.

« Nous avons commencé à produire de la fonte brute, qui est une matière première utilisée pour la production d’acier. D’ici juillet, nous commencerons à produire de l’acier au carbone », a déclaré M. Motsi.

Il n’a pas précisé la durée de la première phase.

Tsingshan, l’un des principaux producteurs de nickel au monde, a réalisé d’importants investissements au Zimbabwe ces dernières années.

Outre l’aciérie, Tsingshan possède également des entreprises de ferrochrome, de charbon à coke et d’extraction de lithium dans ce pays d’Afrique australe. La société a également construit une centrale thermique de 50 mégawatts à Dinson.

L’aciérie produira de l’énergie supplémentaire grâce au gaz produit par son four, afin de répondre à 20 % de ses besoins en électricité. L’entreprise prévoit également de construire une centrale solaire afin de réduire l’impact des pénuries d’électricité au Zimbabwe sur ses activités.

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26.06.2024 à 22:08

Le Vietnam et la Chine à travers les Nouvelles Routes de la Soie

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Depuis sa première élection en 2013, Xi Jinping encourage la diplomatie chinoise par le biais

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Depuis sa première élection en 2013, Xi Jinping encourage la diplomatie chinoise par le biais de son projet des Nouvelles Routes de la Soie, aussi appelées, Belt and Road Initiative, traduite en français par Initiative Ceinture et Route. Très présent dans les pays d’Asie du Sud-Est, il est étrangement encore peu développé au Vietnam. Retour avec ce dossier sur les relations parfois complexes entre la Chine et le Vietnam, ainsi que les coopérations en lien avec les nouvelles routes de la soie.

Le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh était en visite hier à Pékin où les Nouvelles Routes de la Soie ont été une nouvelle fois au coeur des discussions. Et surtout la volonté de créer une « Communauté sino-vietnamienne de destin partagé avec une signification stratégique« .

Histoire des relations sino-vietnamiennes

Le Vietnam et la Chine ont des relations complexes en raison de caractéristiques qui les rapprochent et des faits historiques qui les confrontent. Les deux pays partagent une frontière commune de plus de 1000 km et sont tous deux des Républiques socialistes. Cependant, leurs relations diplomatiques sont régulièrement mises à l’épreuve.


Les deux pays ont alterné périodes de tensions et relations pacifiques. La Chine a longtemps occupé le Vietnam laissant derrière elle une culture vietnamienne nettement modifiée. Pourtant, la Chine a soutenu financièrement et militairement le Vietnam lors de la guerre d’Indochine (1956-1954) et le Nord Vietnam lors de la guerre du Vietnam (1955-1975). En 1979, la guerre sino-vietnamienne éclate suite à l’envahissement du Cambodge par le Vietnam, qui était alors un allié de la Chine.

Depuis 1991 les relations entre les deux pays s’améliorent et se consolident afin de créer des échanges durables. En effet, en 1991 est signé le premier accord de coopération économique entre la Chine et le Vietnam. En 2008, les deux pays établissent un partenariat stratégique global. Pour célébrer le 15ᵉ anniversaire de la création de ce partenariat entre les deux parties, le Président chinois s’était rendu à Hanoï faisant prévaloir le « destin commun » qui unit le Vietnam et la Chine. Lors de cette visite 36 documents seront signés pour solidifier les relations sino-vietnamiennes.

Le Vietnam est un pays membre du projet des Nouvelles Routes de la Soie, mais ne joue qu’une part mineure dans le projet chinois. Le Vietnam étant un pays de l’Asie du Sud-Est ayant accès à la mer de Chine méridionale tout comme la Chine, cette dernière investit sans miser essentiellement sur cette collaboration.

Accords de coopération

Les transports

L’initiative la Ceinture et la Route est développée au Vietnam depuis de nombreuses années et des projets colossaux sont encore en cours à ce jour. Par exemple, un chemin de fer reliant la ville de Kunming, dans la province du Yunnan à la ville portuaire de Haïphong, financé par des fonds chinois pour améliorer les échanges commerciaux entre les deux pays.


En plus de développer des voies ferroviaires entre les deux pays, l’entreprise CRCC construit aussi des infrastructures uniquement sur le territoire vietnamien. La société China Railway Construction Corporation (CRCC) a de nombreux projets en cours au Vietnam. En 2023, le président de la société a déclaré avoir établi un projet visant à relier trois villes vietnamiennes, Lao Cai, Hanoï et Haïphong.

La société chinoise China Railway Engineering Corporation (CREC) a construit en 2021 la ligne de métro Cat Linh-Ha Dong à Hanoï. Cette ligne de métro a facilité les déplacements de près de 20 millions de passagers et amélioré considérablement les transports publics dans la capitale. Le Président de la CREC a souligné l’importance de cette construction en mentionnant qu’elle a été inaugurée lors du 10ᵉ anniversaire de la coopération sino-vietnamienne.

Par ailleurs, des sociétés de transports de marchandises vietnamiennes et chinoises unissent leurs forces pour relier la ville de Chongqing aux différents pays de l’ASEAN en passant par le Vietnam ou du Vietnam vers l’Europe via la Chine.

Le commerce

Lors de la 12ᵉ session du Comité de coopération économique et commerciale entre les deux pays, en novembre 2023, la Chine a affirmé sa volonté d’établir une coopération plus durable avec le Vietnam. Coopération pour assurer un meilleur maillon dans la chaîne d’import-export qui répondrait aux besoins des deux nations.

La Chine souhaite faciliter le transit du plus grand nombre possible de produits agricoles vietnamiens, conseillant même aux entreprises vietnamiennes de travailler conjointement avec différentes structures chinoises, comme les douanes. Les Chinois adorent manger du durian, ce qui implique des importations massives d’autres pays pour fournir suffisamment de fruits. L’importation de durians vietnamiens est possible depuis fin 2022 et est actuellement fortement encouragée. En avril 2024, les durians vietnamiens représentaient 31,8 % des importations de durian en Chine.

Dès lors, la Chine joue un rôle commercial important pour le Vietnam. En 2023, la Chine était le deuxième exportateur de produits vietnamiens.

Parallèlement, la Chine investit dans les provinces du nord du Vietnam, lui permettant de contrôler l’origine des produits qu’elle souhaite ensuite exporter. Ces investissements concernent principalement les domaines du textile et des télécommunications, comme les usines fabriquant des vêtements ou des composants électroniques. Par exemple, en 2011, la société Tencent, une multinationale chinoise spécialisée dans les services internet, a investi dans Zalo, le réseau social vietnamien le plus utilisé ces dernières années.

Education

De nombreuses entreprises chinoises sont à présent implantées au Vietnam, un grand nombre d’adolescents vietnamiens apprennent le mandarin en vue de trouver un bon emploi au sein de ces entreprises. Le gouvernement chinois a compris qu’il était essentiel que la Chine ait le pouvoir d’enseigner sa culture aux étrangers. La Chine offre donc des bourses aux étudiants vietnamiens, sachant que cela affectera considérablement le nombre d’étudiants en échange qui, à l’origine, ne pouvaient pas forcément se permettre de payer ce type de programme éducatif.

La Chine et le Vietnam ont signé un « accord d’échange éducatif » qui stipule que les deux pays doivent offrir 150 bourses d’études chaque année. En Chine, les Vietnamiens vont pouvoir apprendre le mandarin, qu’ils soient des étudiants de premier cycle ou des étudiants de licence. Et le Vietnam fait de même pour les Chinois, qui peuvent venir dans une université vietnamienne pour apprendre le vietnamien.

Contentieux diplomatiques

Désaccords bilatéraux

Les autorités vietnamiennes ont besoin de la participation financière chinoise pour développer leurs infrastructures, mais doivent également entretenir une bonne entente avec les États-Unis qui pourrait déboucher sur des accords de coopération tels que ceux conclus avec la Chine. Les entreprises chinoises sont plus présentes au nord du Vietnam qu’au sud en raison de leur passé communiste commun. Au Sud, les entreprises américaines ou coréennes sont plus répandues. Cette « diplomatie du bambou », évoquant la fragile alternance des relations vietnamiennes entre la Chine et les États-Unis, affecte aussi le développement de la BRI au Vietnam.

Les investissements chinois sont les bienvenus pour le développement économique qu’ils apportent au pays. Toutefois, les conditions intrinsèques aux projets de la BRI ne sont pas clarifiées par les autorités chinoises. En effet, les coûts des infrastructures sont souvent plus élevés que prévu, les appels d’offres jugés non transparents sont fréquents, ce qui place le Vietnam dans une position inconfortable face à la puissance chinoise. En outre, il est possible que les projets nuisent à la sécurité du travail et causent des dommages environnementaux.

Les projets de la BRI pourraient rendre le Vietnam encore plus dépendant, le développement du pays semblant à la merci des investissements chinois.

Les tensions territoriales en mer de Chine méridionale perdurent, aucune concession n’est envisagée. Pour la Chine comme pour le Vietnam, la mer de Chine méridionale joue un rôle clé dans les relations diplomatiques que les deux parties entretiennent avec le reste du monde. Cette mer située au centre de la région de l’Asie du Sud-Est est un point de passage central des flux maritimes internationaux. En effet, il donne accès au détroit de Malacca, le détroit le plus fréquenté au monde.

Depuis les années 2010, la Chine investit dans les îlots en vue d’agrandir son territoire dans cette mer regorgeant d’hydrocarbures et autres ressources rares.

Fiery Cross (Iles Spratleys) développée par la Chine (2009 à gauche et 2015 à droite)

À présent, c’est au tour du Vietnam de construire des récifs, des atolls. Les deux pays affirment leur présence sur ces îlots comme « historiquement justifiée », en soutenant que leurs peuples respectifs étaient les détenteurs des lieux.

Récif Pearson développé par le Vietnam (mai 2022 à gauche et décembre 2022 à droite)

La construction de ces infrastructures pourrait mener à une aggravation des relations sino-vietnamiennes pour l’acquisition des ressources naturelles se trouvant en mer de Chine méridionale et influer sur les échanges commerciaux entre les deux pays.

Tensions régionales

Les autorités vietnamiennes ne paraissent plus faire confiance aux projets de la BRI, car ceux lancés précédemment tardent à être inaugurés. Les pays voisins, tels que le Laos ou le Cambodge, ont un nombre d’infrastructures supérieur au Vietnam et un taux de réalisation des projets bien plus élevé.

L’ASEAN dont est membre le Vietnam, ne parvient pas à limiter l’extension des différents pays revendiquant des îlots en mer de Chine méridionale, n’améliorant pas les relations entre la Chine et ses voisins. Des tensions dans une mer qui est l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde paraissent être inévitables. Chaque pays limitrophe à la mer de Chine méridionale revendique des ZEE (Zones Économiques Exclusives) différentes, qui selon chaque tracé se confondent.

Carte de la mer de Chine méridionale avec les tracés du territoire maritime revendiqué par chaque pays limitrophe

Les ressources se trouvant en mer de Chine méridionale pourraient pousser le Vietnam à se lier à d’autres pays afin de faire valoir ses revendications au préjudice de celles de la Chine. Le Vietnam cherche en effet à nouer de nombreuses alliances notamment avec des puissances asiatiques comme l’Inde ou les Philippines, mais principalement avec les États-Unis, la superpuissance rivale de la Chine. Fin 2023, le gouvernement vietnamien s’est entretenu avec le Président américain, annonçant une coopération stratégique entre les États-Unis et le Vietnam.

Les superpuissances américaines et chinoises jouent un rôle majeur dans les tensions diplomatiques en mer de Chine méridionale. Les deux parties consolident leurs relations pacifiques avec le Vietnam, en favorisant essentiellement les échanges commerciaux.

Selon l’ambassadeur vietnamien aux États-Unis, Nguyen Quoc Dung, le Vietnam souhaite développer des bonnes relations avec toutes les puissances sans choisir de camp.


Par Marion DEMANGE, Rédactrice au Pôle Asie de l’OFNRS

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