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27.05.2025 à 17:05

BD : L’Héritage du dodo (épisode 5)

Mathieu Ughetti, Illustrateur, vulgarisateur scientifique, Université Paris-Saclay

Franck Courchamp, Directeur de recherche CNRS, Université Paris-Saclay

La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Découvrez en exclusivité les 10 épisodes de la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp.
Texte intégral (695 mots)

La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Découvrez en exclusivité, chaque mercredi, les 10 épisodes de la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp. Dans l’épisode 5, on s’intéresse aux insectes, aux oiseaux et aux migrations.


L’Héritage du dodo, c’est une bande dessinée pour tout comprendre à la crise du climat et de la biodiversité. Chaque semaine, on explore la santé des écosystèmes, on parle du réchauffement climatique mais aussi de déforestation, de pollution, de surexploitation… On y découvre à quel point nous autres humains sommes dépendants de la biodiversité, et pourquoi il est important de la préserver. On s’émerveille devant la résilience de la nature et les bonnes nouvelles que nous offrent les baleines, les bisons, les loutres…

On décortique les raisons profondes qui empêchent les sociétés humaines d’agir en faveur de l’environnement. On décrypte les stratégies de désinformation et de manipulation mises au point par les industriels et les climatosceptiques. Le tout avec humour et légèreté, mais sans culpabilisation, ni naïveté. En n’oubliant pas de citer les motifs d’espoir et les succès de l’écologie, car il y en a !

Retrouvez ici le cinquième épisode de la série !

Ou rattrapez les épisodes précédents :

Épisode 1
Épisode 2
Épisode 3
Épisode 4


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Une BD de Franck Courchamp & Mathieu Ughetti
Qui sommes-nous ?

Republication des planches sur support papier interdite sans l’accord des auteurs


Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds Axa pour la Recherche a soutenu près de 700 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs originaires de 38 pays. Pour en savoir plus, consultez le site Axa Research Fund ou suivez-nous sur X @AXAResearchFund.

The Conversation

Cette BD a pu voir le jour grâce au soutien de l’Université Paris Saclay, La Diagonale Paris-Saclay et la Fondation Ginkgo.

Mathieu Ughetti ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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27.05.2025 à 09:33

Tri à la source : comment les collectivités gèrent-elles les déchets alimentaires ?

Service Environnement, The Conversation France

Toutes les collectivités doivent proposer une solution de valorisation des déchets alimentaires. Compost ou méthanisation, ces pratiques transforment nos restes en ressources.
Texte intégral (1000 mots)

La nouvelle obligation du tri à la source pour les collectivités, en vigueur depuis début 2024, permettra d’éviter l’incinération ou l’enfouissement de biodéchets qui auraient pu être valorisés pour produire des amendements organiques ou du biogaz, explique Muriel Bruschet, de l'Ademe.


Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, les collectivités doivent proposer à leurs habitants une solution de tri à la source et de valorisation de l’ensemble de leurs déchets alimentaires. En 2017, les biodéchets (soit les déchets alimentaires et déchets verts) représentaient 1/3 des ordures ménagères en France.

Cette nouvelle étape permet d’éviter l’incinération ou l’enfouissement, tout en valorisant ces déchets qui auront deux destinations principales : les amendements organiques (agriculture) et le biométhane (énergie).


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Cette réglementation est le fruit d’un long processus débuté en 2010, repris en 2015 pour en fixer l’échéance au 1ᵉʳ janvier 2025. L'Union européenne a finalement repris cette mesure et en a avancé l’échéance à 2024.

La loi n’étant pas punitive, la seule sanction est indirecte : la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), qui s’applique aux poubelles noires, va passer de 17 (2019) à 65 euros la tonne (2025). Les collectivités ont donc intérêt, en principe, à en diminuer le volume.

Deux choix s’offrent à elles : la gestion de proximité ou la collecte. Dans le premier cas, il s’agit de compostage individuel ou partagé. Dans le second cas, les biodéchets sont collectés et envoyés vers une unité de traitement : soit une compostière industrielle, soit un méthaniseur.

Compostage ou méthanisation

Commençons par l’usage le plus répandu, le compostage. Au cours de ce processus qui dure entre 4 et 6 mois et fait monter la température des biodéchets jusqu’à 70 °C, la matière se transforme en compost. Ce dernier est ensuite revendu au milieu agricole et va enrichir le sol en matière organique, lui conférer une meilleure rétention de l’eau et limiter l’érosion des sols. Il diminue en parallèle les besoins en engrais, dont l’usage augmente à mesure que les sols se dégradent.

L’autre possibilité est la méthanisation : sous l’action de microorganismes naturellement présents dans les biodéchets, la matière organique, confinée en enceinte fermée en l’absence d’oxygène (contrairement au compostage), subit une fermentation anaérobique et se dégrade. De cette réaction est obtenue du biogaz ainsi qu’une fraction solide – le digestat – qui est soit recompostée soit épandue directement sur des sols agricoles.

Enjeux d'acceptabilité

Le choix va surtout répondre à des enjeux territoriaux. Dans les zones qui pratiquent l’élevage, les méthaniseurs sont nombreux, car ils permettent d’en valoriser les effluents. Dans le sud de la France au contraire, les plates-formes de compostage sont plus nombreuses, puisque les cultures sont plutôt maraîchères (vergers, viticulture, etc.).

Où installer les nouvelles plates-formes ? Comment adapter l’existant ? À cela se mêlent des enjeux d’acceptabilité, ces solutions pouvant générer des nuisances selon l’endroit où elles se trouvent. Des études sont en cours pour évaluer les coûts et les bénéfices environnementaux associés.


Ce texte est la version courte de l’article écrit par Muriel Bruschet (Ademe).

The Conversation

Cet article a été édité par le service Environnement de The Conversation à partir de la version longue écrite par Muriel Bruschet (Ademe).

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26.05.2025 à 16:53

Avenir énergétique de la France : le texte du gouvernement est-il à la hauteur des enjeux ?

Marc Fontecave, Professeur, titulaire de la chaire de chimie des processus biologiques au Collège de France, membre de l'Académie des sciences, Collège de France

Yves Bréchet, Professeur à Monash University (Australie) et membre de l'Académie des sciences, Monash University

Que penser de la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ? Pour l’Académie des sciences, le texte souffre de plusieurs incohérences.
Texte intégral (3101 mots)

Que penser de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) dévoilée en mars 2025 ? Pour l’Académie des sciences, qui a livré un avis sur la question, le texte souffre de plusieurs incohérences. En misant sur la surproduction, une telle politique pourrait entraîner une volatilité accrue des prix de l’électricité, accélérer la dégradation des capacités nucléaires, en cas de sous-utilisation, et enfin affecter la stabilité des réseaux électriques sur le territoire.


C’était un texte attendu de longue date. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit fixer les objectifs de la politique énergétique nationale à l’horizon 2035, a été rendue publique en mars 2025. Il s’agit d’une version révisée, faisant suite à une première version soumise à la consultation publique organisée à la fin de l’année 2024.

Ce document se donne notamment l’ambition de transformer notre système énergétique pour réduire sa dépendance vis-à-vis des ressources carbonées fossiles tout en garantissant la sécurité d’approvisionnement. Est-il à la hauteur des enjeux climatiques et énergétiques ?

Après avoir procédé à son analyse rigoureuse, l’Académie des sciences a récemment diffusé un avis sur cette nouvelle PPE assorti de recommandations. Nous en livrons ici les principaux messages.

Nucléaire et barrages, un bon point de départ

Commençons par rappeler quelques spécificités du mix énergétique français. L’électricité constitue 26 % de la consommation d’énergie totale des Français. Comme l’a montré le dernier bilan électrique de RTE, l’intensité carbone de notre production électrique, soit 21,3 g équivalent CO2 par kilowatt-heure (kWh) en 2024, est l’une des plus faibles du monde.

Cette production remarquablement décarbonée, nous la devons à des choix de politique énergétique anciens, dictés notamment par une exigence de souveraineté énergétique. Ce sont eux qui ont doté la France d’un parc nucléaire et de barrages hydrauliques. Bas carbone et pilotables, ces infrastructures fournissent plus de 80 % de notre électricité.

Le barrage de Monteynard en Isère. David Monniaux/Wikipedia, CC BY-SA

Depuis, ces sources historiques ont été complétées par des productions éoliennes et solaires, ce qui conduit à une part de la production d’électricité d'origine renouvelable qui atteignait 28 % en 2024. Même s’il s’agit d’un excellent point de départ, ce n’est pas le point d’arrivée d’une trajectoire de politique climatique.

Une telle trajectoire doit viser à diminuer notre dépendance vis-à-vis des ressources fossiles. Elles représentent aujourd’hui 58 % de notre consommation d’énergie finale et nous coûtent chaque année en moyenne environ 60 milliards d’euros.


À lire aussi : Climat : le casse-tête de la « stratégie nationale bas carbone »


Électrification et défossilisation, un défi à court terme

Nous consommons du pétrole, du gaz et du charbon pour les transports, le chauffage et l’industrie. Il faut bien comprendre qu’il n’est pas possible, même en diminuant notre consommation totale, de remplacer complètement et à court terme ces sources, même si on peut espérer y substituer – en partie – des combustibles alternatifs renouvelables (en grande partie issus de la biomasse : bois, biogaz, biocarburants…), comme le soulignait un autre avis de l’Académie des sciences en janvier 2024.

Dans ces conditions, la seule issue réside dans l’électrification de plusieurs secteurs. D’abord celui des transports, au travers des véhicules électriques, mais également de l’habitat, en déployant davantage de pompes à chaleur, et enfin dans l’industrie, en y développant l’hydrogène vert et l’acier vert et les fours électriques. Ceci constitue donc aujourd’hui un axe clé de toute politique énergétique, en France, en Europe et dans le monde.

En parallèle, il est nécessaire de développer les politiques de sobriété énergétique. Il s’agit d’optimiser les dépenses énergétiques industrielles, les rendements des convertisseurs d’énergie, d’améliorer l’isolation des bâtiments et d’alléger les transports au sol et aériens. C’est ce double effort de sobriété énergétique et d’électrification de notre économie qui nous permettra de remplir nos objectifs de sortie progressive des énergies fossiles.

Évidemment, une telle augmentation à venir de la consommation électrique, tant absolue que relative, doit être assurée par augmentation de la production d’électricité, toujours bas carbone. Mais il y a quelques règles à respecter de façon rigoureuse.

La plus importante sans doute est que, dans un monde sans capacités de stockage d’électricité à grande échelle, comme c’est le cas aujourd’hui, il faut disposer d’un socle significatif de capacités de production à la fois pilotables (dont le niveau de production peut être modulé en fonction de la demande) et dotées de mécanismes d’inertie suffisants(fournis par des volants d'inertie, qui aident à stabiliser le réseau après une interruption de la production. Cela tient à la capacité des rotors à continuer pendant un certain temps à tourner à la bonne fréquence et à convertir l'énergie cinétique de rotation en électricité.)

Aujourd’hui, ces mécanismes permettent le meilleur contrôle de la fréquence des réseaux électriques, en particulier en sortie de centrales thermiques et nucléaires.

Il faut donc limiter la part des sources d’énergie intermittentes, sous peine d’instabilités. Ou en tout cas, ne l'accroître qu’à un rythme permettant le développement de moyens de stockage électrique en complément, pour que ces ressources soient pilotables et sûres pour la stabilité du réseau électrique.


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En 2021, une étude conjointe de RTE et de l’AIE identifiait les conditions permettant d’intégrer davantage de sources d’énergies intermittentes au mix électrique : la disponibilité de capacités pilotables pour assurer à tout moment une puissance au moins égale à la puissance demandées (éventuellement à l'aide de réserves opérationnelles), le renforcement des réseaux électriques et enfin la disponibilité de capacités de stockage à toutes les échelles de temps. Aujourd’hui, aucune n’est satisfaite.

Dans ce contexte, une course non maîtrisée à l’installation de capacités intermittentes pourrait conduire à des difficultés croissantes de contrôle de la stabilité du système électrique.


À lire aussi : Blackout dans le sud de l’Europe : une instabilité rare du réseau électrique


Les problèmes pointés par l’Académie des sciences

Dans son avis sur le texte final de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), proposé par le gouvernement en mars 2025, l’Académie des sciences a donc sonné l’alerte. D’une certaine façon, elle rejoint l’avis public du haut-commissaire à l’énergie atomique, rendu public un mois plus tôt.

Si l’Académie se félicite de voir enfin disparaître de la politique énergétique française la perspective de la fermeture de réacteurs nucléaires en parfait état de fonctionnement, elle s’étonne de voir, pour l’horizon 2035, une addition massive de production électrique – de l’ordre de 200 TWh – à une production qui atteint déjà 540 TWh.

Le premier problème, c’est que cet objectif de production s’appuie sur une hypothèse d’augmentation équivalente de la consommation électrique.

Or, cette hypothèse ne prend pas en compte le fait bien établi, comme le montre le graphe ci-dessous, que, contrairement aux espoirs d’électrification de la société, la consommation électrique de la France diminue globalement depuis 2017. La tendance est la même dans les autres grands pays européens. Cette consommation atteignait 449 TWh en 2024, et rien n’indique un renversement fulgurant à venir de cette tendance pour les prochaines années.

Évolution de la consommation électrique en France. RTE, Fourni par l'auteur

Cette baisse de la consommation tient à plusieurs facteurs :

  • le premier est l’effort de sobriété que s’imposent les ménages et les secteurs industriels, confrontés à un prix de l’électricité excessif ;

  • le deuxième est lié à un retour de la désindustrialisation, qui conduit à une baisse de la consommation d'électricité de l'industrie ;

  • le troisième tient à la difficulté, économique mais aussi technologique, que pose l’électrification des usages. Le déploiement des voitures électriques ne progresse que lentement, l’hydrogène issu de l’électrolyse de l’eau est toujours trop inefficace en termes de rendements et trop cher, les e-carburants ne sont pas accessibles à des coûts raisonnables, le secteur sidérurgique est en grande difficulté et a mis en pause les projets de production d’acier vert (produit par hydrogénation ou électrolyse des oxydes de fer)…

Si une certaine surcapacité a des vertus, notamment car elle permet d’exporter de l’électricité – comme nous l’avons fait à hauteur de 100 TWh en 2024 pour une facture de 5 milliards d’euros, rien ne justifie d’aller beaucoup plus loin. Une surcapacité excessive conduirait par ailleurs à une gestion plus contrainte de l’équilibre entre l’offre et la demande. De plus, une telle sous-utilisation des équipements contribuerait à augmenter les coûts de production au kWh.

L’Académie des sciences soulève dans son avis un second problème posé par le texte de la PPE3. Celui-ci tient au fait que l’énergie additionnelle visée à l’horizon 2035 sera exclusivement fournie par des énergies renouvelables variables et non pilotables : l’éolien pour une centaine de TWh et le solaire pour une centaine de TWh également.

On comprend bien que l’enjeu est de permettre à la France de montrer à la Commission européenne qu’elle respecte les engagements communs de construire un système électrique reposant à 42,5 % sur des énergies renouvelables.

Mais atteindre un tel niveau sous des délais si courts aura plusieurs conséquences délétères.

  • Tout d’abord, une volatilité accrue des prix de l’électricité, avec des périodes de plus en plus fréquentes de prix très élevés – ou à l'inverse, de prix négatifs. Cette dernière situation survient, sur les marchés de gros, lorsque l'offre excède la demande dans des proportions trop importantes, ce qui oblige les producteurs à payer pour que leur électricité soit consommée, souvent pour éviter d'arrêter et de redémarrer des centrales, une procédure complexe et coûteuse.

  • La nécessité, pour assurer l’équilibre entre offre et demande, d’une modulation excessive de la production nucléaire. Ceci entraînera des contraintes sur la gestion du parc électronucléaire et un sous-emploi de ce parc, ce qui est coûteux au plan économique et induit des risques de dégradation des réacteurs.

  • Enfin, cela entraînera des tensions sur les réseaux électriques, qu’il faudra adapter. La variabilité de la production d'ENR est source d'incertitudes quant aux adaptations à mettre en place. Ceci ajoutera des coûts supplémentaires considérables au fonctionnement du système énergétique.

Ne pas « mettre la charrue avant les bœufs »

Construire une politique énergétique rationnelle nécessite une réflexion à long terme qui doit intégrer non seulement la production d’électricité mais également son stockage, son transport, sa distribution et sa consommation pour les différents usages.

Une telle politique doit donc, pour éviter des surproductions excessives très coûteuses, mieux estimer les besoins réels des consommateurs et les contraintes nouvelles en termes de réseaux et de stockage électriques. Ceci doit passer par des évaluations rigoureuses.

Pour cela, elle doit également mieux prendre en compte les difficultés objectives de l’électrification de la société et admettre la nécessité de mener des recherches pour la réussir, sans se voiler la face sur les échelles de temps nécessaires.

Il importe de ne pas « mettre la charrue avant les bœufs ». Assurons-nous d’abord de la pérennité de notre parc électronucléaire, qui est à la fois décarboné et pilotable. Et ne développons les énergies renouvelables (qui peuvent être, en effet, déployées plus rapidement) qu’à la mesure des besoins réels de consommation, au rythme de notre capacité à moderniser le réseau électrique pour en assurer la stabilité et à assurer l’équilibre entre sources variables et sources pilotables. Ceci devra d’ailleurs être complété par des capacités de stockage qui restent à développer.


Le colloque « Les grands enjeux de l'énergie », co-organisé par l'Académie des sciences et l'Académie des technologies, se tiendra les 20 et 21 juin 2025 en partenariat avec The Conversation et Le Point. Inscription gratuite en ligne.

The Conversation

Marc Fontecave est membre du comité de prospective en énergie de l'Académie des sciences. Il est également l'auteur de l'avis de l'Académie des sciences sur la PPE3.

Yves Brechet est membre du comité de prospective en énergie de l'Académie des sciences.

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22.05.2025 à 12:32

Ces pays qui ont réussi à réduire pesticides et engrais chimiques en accompagnant les agriculteurs

Raja Chakir, Directrice de recherche en Économie de l'Environnement, Inrae

Armand Favrot, Doctorant en mathématiques appliquées, Inrae

Hajar Guejjoud, Postdoctoral researcher, Inrae

Thierry Brunelle, Chercheur en Économie, Cirad

Tom Saade, Doctorant en biogéochimie, Inrae

Pour réduire les pesticides ou les engrais chimiques, il faut que les agriculteurs aient intérêt à le faire et soient accompagnés dans ces changements.
Texte intégral (2059 mots)
En trente ans, le Danemark a réduit de moitié ses excédents d’azote. Birgit Fostervold/Flickr, CC BY

Pour que les pratiques agricoles évoluent, il faut que les agriculteurs aient intérêt à le faire et soient accompagnés dans ces changements. Certains pays ont ainsi réussi à réduire durablement l’utilisation de pesticides et engrais chimiques. Voici comment.


En France, en Allemagne, aux Pays-Bas, c’est une petite musique qui monte : celle des agriculteurs assaillis sous les contrôles et les réglementations environnementales qui menacent la viabilité de leurs exploitations. Une petite musique devenue un cri de colère lors de manifestations un peu partout en Europe, en 2024, et qui a permis de faire retirer en France, par exemple, la version renforcée du plan Écophyto.

L’agriculture se retrouve ainsi à jongler entre plusieurs objectifs : nourrir une population mondiale croissante, assurer un revenu décent aux agriculteurs, tout en protégeant la santé humaine et l’environnement pour la génération actuelle mais aussi pour les générations futures.

Un exemple frappant est celui des intrants chimiques, notamment les engrais synthétiques et les pesticides. Ces derniers répondent à des besoins essentiels : nourrir les plantes et protéger les cultures contre les maladies et les ravageurs. Mais l’utilisation excessive de ces intrants a des effets néfastes sur la biodiversité, sur la qualité des sols, des eaux et de l’air et sur la santé publique.

Par ailleurs, plus les engrais et pesticides chimiques sont utilisés, moins ils se révèlent efficaces sur le long terme, car les sols se dégradent, et les organismes pathogènes développent des résistances, créant ainsi une spirale de dépendance aux intrants chimiques. C’est pourquoi, il devient nécessaire de réduire leur utilisation.

La bonne nouvelle, c’est que de nombreuses alternatives existent pour réduire leur usage sans pour autant compromettre la production agricole. Cependant, ces pratiques sont encore peu utilisées, car les agriculteurs ne sont que très peu encouragés à le faire sur le plan économique et parce que ces alternatives sont parfois plus difficiles à mettre en œuvre que les solutions chimiques. Mais des pays montrent aujourd’hui que, en accompagnant les agriculteurs, des changements rapides de paradigme peuvent avoir lieu.

Décharger les agriculteurs d’un fardeau

De fait, réduire l’utilisation des intrants chimiques ne peut pas reposer uniquement sur les agriculteurs. Bien que leur rôle soit central, leurs choix en matière d’intrants sont souvent contraints par des obligations contractuelles, économiques et réglementaires.

La transition vers une agriculture plus durable ne peut donc reposer seulement sur leurs épaules. C’est en réalité l’ensemble des acteurs de la chaîne agroalimentaire, industrie agrochimique, distributeurs, consommateurs et législateurs qui doit être mobilisé. Les politiques publiques ont un rôle clé à jouer pour inciter les fabricants d’intrants agricoles à orienter leur production vers des alternatives moins nocives.

De leur côté, les consommateurs peuvent peser sur les pratiques agricoles en privilégiant des produits moins dépendants aux intrants chimiques, à condition toutefois d’y avoir accès et d’être correctement informés. Seule une approche systémique, répartissant équitablement les responsabilités, permettra d’éviter que le poids de la transition ne repose sur des agriculteurs souvent soumis à de fortes contraintes économiques.

Pour cela, il existe plusieurs types de mesures dont certaines ont déjà été testées sans grand succès, comme l’instauration de taxes ou de subventions. Mais pour être efficaces, elles doivent être mises en œuvre de façon à ce que chaque acteur ait la possibilité de modifier ses habitudes et ses pratiques et puisse contribuer à une agriculture durable. Allier incitations économiques, pédagogie, et, lorsque la santé humaine ou environnementale est en jeu, interdictions, constitue une approche prometteuse pour encourager chacun à réfléchir à ses choix et à repenser son rapport aux intrants chimiques.


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Les initiatives danoises ou suisses

L’implication des différents acteurs a eu un impact significatif dans plusieurs pays, notamment européens, qui ont réussi à concilier sécurité alimentaire et réduction de la pollution agricole.

Par exemple, le Danemark, souvent cité comme modèle de réussite, a réduit de 50 % en trente ans (1980-2012) ses excédents d’azote chimiques et organiques néfastes pour les sols et la biodiversité et imputables à la surutilisation d’engrais. Pour cela, le pays a associé des mesures allant de l’action volontaire à une réglementation stricte en impliquant à la fois les agriculteurs et les producteurs d’intrants agricoles.

Un point clé a été de combiner les mesures de façon à rendre la nouvelle réglementation attractive économiquement et à en limiter le coût financier pour les acteurs concernés. Ainsi, la mise en place d’une réglementation interdisant les fortes concentrations de bétail, combinée à la promotion d’une alimentation animale améliorée et à l’instauration de quotas sur les taux de fertilisation, s’est révélée particulièrement efficace pour réduire les excédents d’azote.

Une solution serait ainsi d’inciter le secteur de production d’intrants chimiques, qui a la particularité d’être très concentré et donc plus facile à réglementer à offrir des solutions techniques meilleur marché aux agriculteurs.

De son côté, la Suisse a lancé un label « sans pesticides » pour le pain, avec 50 % de la production de blé désormais certifiée avec ce label, soutenue par des paiements directs et des primes garantis par l’État, encourageant ainsi les agriculteurs à réduire leur utilisation de produits chimiques.

Ici, l’engagement des consommateurs par un système de label et des prix compétitifs a été la clé. Bien que la production domestique ne représente qu’environ un quart de la consommation de blé en 2022, cette approche intermédiaire entre agriculture conventionnelle et biologique montre qu’il est possible de concilier faisabilité pour les agriculteurs et objectifs de durabilité environnementale. Ces labels constituent ainsi une autre solution intéressante pour offrir des débouchés aux produits à bas intrants, car les études montrent que les consommateurs ont une préférence pour ce genre de produits.

Cependant, pour que la réussite des politiques de réduction d’intrants chimiques soit complète, il est important de ne pas réfléchir qu’à une échelle nationale, sans quoi nous n’obtiendrons que des déplacements d’usages d’intrants chimiques entre pays, plutôt qu’une réduction nette à l’échelle mondiale.

Les accords commerciaux internationaux, tels que l’accord de libre-échange actuellement discuté avec les pays du Mercosur, doivent constituer des vecteurs pour garantir que les efforts réalisés par un pays ne soient réduits à néant par un surcroît de production dans d’autres pays où les mêmes réglementations ne s’appliqueraient pas.

À un niveau plus global, l’Union européenne, à travers sa stratégie « De la ferme à la fourchette » et sa politique agricole commune (PAC), vise à réduire l’usage des pesticides de 50 % et des engrais de 20 % d’ici 2030, tout en soutenant financièrement des pratiques, comme l’agriculture de précision et l’utilisation d’engrais organiques. Cette stratégie cherche également à promouvoir des chaînes d’approvisionnement alimentaires durables et à renforcer la résilience du secteur agricole face aux défis climatiques.

D’autres initiatives comme le plan Écophyto en France et l’agriculture naturelle en Andhra Pradesh (Inde) illustrent des stratégies concrètes qui démontrent que durabilité et productivité peuvent coexister grâce à des alternatives écologiques, des incitations adaptées, et un accompagnement technique pour les agriculteurs. Cependant, ces initiatives n’ont pas pu aboutir entièrement, rencontrant des obstacles qui ont freiné leur pleine réalisation.

Enfin, il est aussi essentiel de penser aux pays en développement dans ces efforts. En adaptant les solutions à leurs besoins spécifiques, nous pourrons soutenir des pratiques agricoles durables tout en tenant compte des réalités économiques. Une coopération internationale sera ainsi nécessaire pour partager des idées et mettre en place des solutions efficaces à l’échelle mondiale.


La première version de cet article a été rédigée dans le cadre d’un atelier The Conversation, animé par Thibault Lieurade et organisé dans le cadre des Young Researcher Days du projet Cland. Nous remercions chaleureusement Nicolas Guilpart et David Makowski pour leur relecture attentive et leurs commentaires constructifs. Nos remerciements vont également à Raia Massad, qui a coanimé l’atelier, pour son accompagnement précieux.

The Conversation

Raja Chakir a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (projets CLAND ANR-16-CONV-0003 et FAST ANR-20-PCPA-0005) ainsi qu'un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon Europe de l'Union européenne (projet LAMASUS n° 101060423).

Armand Favrot, Hajar Guejjoud, Thierry Brunelle et Tom Saade ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

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22.05.2025 à 12:13

L’État indien du Sikkim est-il vraiment « devenu » 100 % bio ?

Sébastien Bainville, Enseignant-chercheur en économie rurale, Institut Agro Montpellier

Claire Aubron, Institut Agro Montpellier

Marie Dervillé, Économiste de l'agriculture, École Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole (ENSFEA)

Olivier Philippon, Agronome, Montpellier SupAgro

Le Sikkim, un État du nord de l’Inde, communique de plus en plus sur le fait d’avoir une agriculture bio entièrement sans pesticide.
Texte intégral (4596 mots)
Si le Sikkim peut se targuer d’avoir un agriculture 100 % biologique, c’est moins du fait d’une action politique récente que par le statu quo qui a perduré dans cette région exclue de la « révolution verte ». Sapna Tharani/Flickr, CC BY

Cet État du nord de l’Inde communique de plus en plus sur le fait d’avoir une agriculture entièrement sans pesticide. En réalité, il a surtout été exclu de la « révolution verte » des années 1960 et dépend aujourd’hui des États voisins pour nourrir sa population.


Situé au nord-est de l’Inde, le Sikkim est l’un des plus petits États de la fédération, sa superficie dépasse à peine celle du Finistère. Mais, depuis quelques années, il fait de plus en plus parler de lui. Tapez « Sikkim » sur un moteur de recherches et vous découvrirez de nombreux articles expliquant, souvent avec enthousiasme, que l’agriculture de cette région est devenue 100 % bio. Un petit miracle dans un pays où l’agriculture est souvent très intensive.

De fait, en général, l’agriculture indienne est plutôt citée pour illustrer la « révolution verte », que ce soit pour en souligner les bienfaits ou en dénoncer les méfaits. Le pays est en effet parvenu à l’autosuffisance céréalière une décennie à peine après son indépendance et, aujourd’hui, il se classe parmi les premiers producteurs mondiaux.

Ce succès a largement reposé sur la diffusion à grande échelle de variétés de cultures à haut potentiel de rendement, couplée à un recours massif aux engrais de synthèse et plus tard aux pesticides.

L’irrigation et la multiplication des cycles ont aussi été essentielles. Très tôt cependant, de nombreux auteurs ont pointé les limites de cette révolution verte.

Accessible à la frange la plus aisée des agriculteurs, elle aurait exclu des masses de paysans pauvres. En outre, l’usage intensif des intrants de synthèse et un recours excessif à l’irrigation auraient eu des conséquences particulièrement néfastes pour l’environnement.

Un État qui s’est proclamé « totalement bio »

Petit État himalayen frontalier avec le Népal, la Chine et le Bhoutan, le Sikkim s’est donc, lui, récemment démarqué de cette dynamique historique. En 2003, son gouverneur annonçait sa volonté de transformer le Sikkim en « total organic state » (« État totalement bio »).

En cause :

« L’application et l’utilisation incontrôlées et désordonnées d’intrants chimiques, dangereuses pour la vie des êtres humains et du bétail. »

Dès lors, des programmes de promotion de l’agriculture biologique furent lancés, on chargea des centres d’excellence biologique de conduire des expérimentations et on accorda des subventions pour les fosses de compostage…

En 2010, l’État poursuivit ces efforts dans le cadre de la Sikkim Organic Mission, projet qui dura jusqu’en 2015. À cette date, le gouvernement interdit toute utilisation d’intrants chimiques, sous peine de lourdes sanctions : amende de 25 000 à 100 000 roupies, soit de 350 à 1 400 euros et jusqu’à 3 mois de prison.

Dans un contexte où de nombreux pays, notamment occidentaux, s’interrogent sur la transition agroécologique, cette décision radicale a suscité l’intérêt des médias internationaux. Comment, en effet, des agriculteurs peuvent-ils exercer leur métier sans recourir aux engrais de synthèse, aux herbicides ou aux pesticides, et qui plus est dans un pays émergent ?

La réponse à cette question se trouve dans les particularités tout à la fois géographiques et historiques de cet État indien. N’ayant pas connu la révolution verte, l’agriculture du Sikkim n’est en fait pas devenue biologique, elle l’est plutôt restée.

En déclarant le Sikkim, « organic state », le gouvernement local a ainsi nommé un état de fait plutôt qu’enclenché un changement majeur.


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Une cardamome cultivée en agroforesterie

Si l’agriculture du Sikkim est donc avant tout traditionnelle, elle demeure néanmoins particulièrement ingénieuse. Dans ce piémont himalayen, l’habitat dispersé se concentre aux altitudes moyennes (moins de 2 000 mètres) où les températures hivernales sont plus clémentes.

Les maisons sont généralement situées à mi-pente et les parcelles se répartissent en trois terroirs : on trouve au-dessus des maisons des plantations de cardamome sous couvert forestier ; autour des maisons, des jardins intensément cultivés nommés bari et, en dessous, des parcelles de riz nommées khet.

Originaire d’Inde, la cardamome, fruit souvent considéré comme la reine des épices, a trouvé ici de bonnes conditions écologiques. Pour mettre en place une plantation, les paysans défrichent une parcelle de forêt en veillant à conserver certaines essences, telles que l’aulne népalais ou le mûrier noir appréciés pour leurs qualités de bois d’œuvre. La plantation est ensuite réalisée sous ce couvert arboré qui maintient une bonne humidité, tempère la chaleur estivale et protège les pieds des gelées hivernales. Ces systèmes agroforestiers demandent peu de travail, le couvert arboré assurant la reproduction de la fertilité des parcelles et contenant le développement des mauvaises herbes. Un travail de désherbage au cours du cycle s’ajoute néanmoins à la récolte.

Plantation de cardamome sous couvert d’aulne népalais. Constantino D’Amico, Fourni par l'auteur

Autour des habitations, une association complexe de cultures et d’élevage

Dans les bari autour des habitations, on cultive des associations complexes de plantes annuelles et pérennes. Le maïs occupe néanmoins une place centrale. Aux variétés hybrides qui n’expriment tout leur potentiel qu’avec des engrais de synthèse, on préfère une variété locale, un maïs blanc. De haute taille, celui-ci permet de surcroît de disposer, avec les cannes, d’une source d’alimentation pour le bétail.

Ce maïs blanc est généralement associé à des plantes couvrantes (courge, moutarde brune) et des légumineuses (pois, haricots, soja).

Récolté début juillet, le maïs peut être suivi d’un cycle de millet ou de légumes d’hiver (chou-fleur, brocoli, radis ou carotte). Ces parcelles sont par ailleurs bordées d’arbres fruitiers (bananier, prunier ou papayer) ou fourragers (Saurauia napaulensis et Ficus hookeri), leurs feuilles étant consommées par les animaux d’élevage.

Bari, où cultures de maïs et de courge sont associées. Constantino D’Amico, Fourni par l'auteur

C’est d’ailleurs aussi à proximité des habitations que l’on garde les animaux. Chaque exploitation possède une ou deux vaches, parfois une paire de bœufs pour la traction et quelques chèvres. Cette proximité facilite la traite, mais permet aussi d’accumuler les déjections en un seul et même lieu. Celles-ci, mélangées à des fougères collectées en forêt permettent de disposer d’un fumier que l’on épand régulièrement sur les parcelles de bari.

L’alimentation des animaux repose avant tout sur des fourrages prélevés quotidiennement en forêt. Elle implique cependant de parcourir des chemins escarpés chargé d’une hotte (doko) pleine d’herbes, de feuilles et de branches. Avec ces fourrages peu digestibles on prépare une soupe, le dana, à laquelle on ajoute des grains de maïs.

À gauche, transport de fourrage de la forêt vers l’étable. À droite, préparation de la ration des vaches, le dana
À gauche, transport de fourrage de la forêt vers l’étable. À droite, préparation de la ration des vaches, le dana. Romane Bizieau/Sébastien Bainville, Fourni par l'auteur

Des casiers de riz qui nécessitent un travail intense

En deçà des maisons se trouvent les parcelles de riz, les khet. Le riz basmati (variétés Tabrey et Chirakey) est semé en pépinière au mois de juin. Avec la mousson, les eaux de ruissèlement boueuses s’accumulent rapidement dans les casiers entourés de diguettes et le repiquage s’effectue en juillet. Le riz continue ainsi son cycle sans trop de concurrence avec les mauvaises herbes et dans d’assez bonnes conditions de fertilité.

On cultive aussi des lentilles sur les diguettes de façon à valoriser au mieux ces parcelles étroites, fruit d’un intense travail de terrassement. Une irrigation gravitaire d’appoint permet, en acheminant un complément d’eau depuis une source jusqu’aux casiers, de prévenir un éventuel déficit pluviométrique.

Après cinq ou six mois, le riz ayant été récolté, les khet sont consacrés à un cycle de pommes de terre, éventuellement suivi d’un cycle de maïs, ou bien laissés en jachère. Dans ce dernier cas, on dispose d’une ressource fourragère moins coûteuse en travail, les animaux pouvant pâturer ces parcelles pas trop éloignées.

Repiquage du riz sur une parcelle de Khet
Repiquage du riz sur une parcelle (khet). Sébastien Bainville, Fourni par l'auteur

Le Sikkim historiquement exclu de la révolution verte

Les paysans du Sikkim ont donc su adapter leurs systèmes de culture et d’élevage à un environnement passablement contraignant. Ils montrent ainsi qu’il est bel et bien possible dans cette région de pratiquer l’agriculture sans recourir au moindre intrant de synthèse.

On aurait cependant tort d’y voir la démonstration des bienfaits d’une politique ambitieuse. Ces systèmes ne découlent nullement des récentes décisions gouvernementales, ils sont en réalité très anciens et n’ont été que peu modifiés par les réorientations politiques.

Rappelons tout d’abord que le Sikkim est entré tardivement dans l’Union indienne, en 1975. À cette date, la révolution verte était enclenchée depuis longtemps dans le reste du pays. Mais, surtout, celle-ci a reposé sur la diffusion de variétés de culture sélectionnées dans les conditions bien éloignées de celles du petit État de montagne. En effet, pour faciliter leur travail de sélection, les chercheurs avaient choisi de se placer dans des conditions où la pression des mauvaises herbes serait contenue, les risques de sécheresse nuls et l’ensoleillement élevé.

En un mot, les efforts ont avant tout porté sur la riziculture irriguée de saison sèche. Un État comme le Sikkim se prête très mal à la mise en culture de ce type de riz. En saison sèche (hiver), les sources se tarissent et, avec l’altitude, les températures deviennent rapidement incompatibles avec les exigences du riz. En saison des pluies (été), les nuages de mousson s’accumulent dans ce piémont himalayen où l’ensoleillement est des plus réduits. Enfin, le relief impose des investissements colossaux dans la constitution de terrasses exiguës.

Autant d’obstacles que ne connaissait pas le delta du Gange du Bengale-Occidental voisin, rapidement devenu le premier producteur de riz du pays. Dans cet État, les variétés de saison sèche (riz boro) se sont diffusées dès la fin des années 1960. Répondant particulièrement bien aux engrais minéraux, ils permettaient d’atteindre des rendements supérieurs à 3 tonnes de riz non décortiqué par hectare. De plus, leur cycle court autorisait la double culture annuelle avec les variétés traditionnelles (aus et aman) de saison des pluies .

Les variétés encore utilisées de nos jours au Sikkim présentent des rendements bien inférieurs (à peine deux tonnes par hectare) et un seul cycle est pratiqué. En outre, les systèmes de culture du Sikkim nécessitent bien plus de travail, ne serait-ce que du fait de l’entretien des casiers rizicoles qu’impose une forte pente couplée à des précipitations abondantes.

Il en résulte une productivité brute du travail plus de deux fois inférieure à celle qu’on observe dans le delta du Gange : 8 kg par jour de travail contre 20 kg. Cette différence de productivité du travail est importante, car, dès l’entrée du Sikkim dans la fédération indienne, ses agriculteurs ont dû affronter une rude concurrence pour le riz, mais aussi pour le maïs ou les pommes de terre.

Des populations nourries en grande partie par l’importation

Cette concurrence s’est trouvée accentuée, à partir de 1978, par l’application au Sikkim du « Public Distribution System » (PDS), déjà à l’œuvre dans le reste du pays. Avec ce système, l’État fédéral fournissait aux plus pauvres des aliments à prix subventionné. Une partie des excédents d’un État comme le Bengale-Occidental s’est ainsi trouvée disponible au Sikkim à prix très bas dans les magasins alimentaires dédiés (fair price shops).

Dès lors, si les familles paysannes du Sikkim ont continué à pratiquer une agriculture biologique, leur alimentation a pour sa part largement reposé sur des importations de riz cultivé suivant des techniques on ne peut plus conventionnelles. Il en est de même de l’alimentation des vaches, une partie non négligeable de leur ration est constituée aujourd’hui de maïs provenant, lui aussi, de l’État voisin.

Peu à peu, les agriculteurs du Sikkim se sont donc tournés vers ce qui apparaissait comme leur avantage comparatif, la cardamome, dont les prix sur le marché national et international évoluaient plus favorablement que ceux du riz. On a assisté, dès le milieu des années 1980, à une baisse des surfaces dévolues à la culture du riz, certains khet étant abandonnés à la friche, et à une extension des plantations de cardamome.

Cette dernière s’est malheureusement soldée par une multiplication des agents pathogènes. Dès les années 2000, les attaques de champignon (Phytophthora meadii) sont devenues systématiques, entraînant une chute de moitié des rendements. Quelques paysans eurent alors recours aux fongicides, mais leur usage fut rapidement interdit. La recherche sélectionna alors de nouvelles variétés (ICRI-Sikkim-1 ou ICRI-Sikkim-2) qui, pouvant être cultivées en plein soleil, se sont avérées moins sujettes aux attaques fongiques. De nouvelles plantations sont depuis mises en place sur les khet où la réduction des surfaces rizicoles se poursuit.

Un exode rural inexorable

L’agriculture du Sikkim a dû aussi faire face à la concurrence des autres secteurs de l’économie, qui ont rapidement offert de meilleures rémunérations. Aujourd’hui, en dehors des plantations de cardamome en plein soleil, aucune activité agricole ne permet de dépasser notablement le niveau de rémunération d’une journée de travail dans la capitale Gangtok.

Comparaison de la rémunération du travail des principaux systèmes de culture et d’élevage avec le salaire urbain moyen. Bailleul et Bizieau, Fourni par l'auteur

Cette comparaison avec les salaires urbains s’impose d’autant plus que de tels emplois ne manquent pas.

Depuis une quarantaine d’années, le Sikkim est devenu une destination touristique de plus en plus prisée. Ce tourisme avant tout indien a engendré une croissance urbaine rapide et de gros besoins de main-d’œuvre, notamment dans la construction et l’hôtellerie. Cette demande de main-d’œuvre, même peu qualifiée, est à l’origine d’un véritable exode rural et si tous ne sont pas partis, dans la plupart des familles paysannes, un membre au moins travaille aujourd’hui en ville. Cette urbanisation a d’abord joué en faveur de la capitale, Gangtok, mais, depuis quelques années, des villes secondaires comme Namchi connaissent une évolution similaire.

L’agriculture du Sikkim est donc aujourd’hui bel et bien « biologique », dans la mesure où les agriculteurs ne font pas appel aux intrants de synthèse. Mais il serait erroné d’attribuer cette situation aux seules politiques mises en œuvre depuis une dizaine d’années.

À l’exception de la cardamome, les agriculteurs n’ont d’ailleurs pas bénéficié de la structuration de filières biologiques. Déclarer le Sikkim « organic state » a sans doute contribué à renforcer l’image « verte » d’un État de plus en plus dépendant du tourisme.

Cette appellation est néanmoins trompeuse, car, dans cet État, peu peuplé (85 hab/km2, contre plus de 300 en moyenne nationale), l’alimentation de la population, y compris agricole, repose largement sur des importations en provenance d’États limitrophes où les pratiques agricoles sont des plus conventionnelles. Du fait de la concurrence de ces mêmes importations, il est bien difficile pour les familles paysannes de vivre de leur activité. La pluriactivité est, de ce fait, généralisée et l’exode rural s’intensifie.

The Conversation

Bainville Sébastien a reçu des financements du métaprogramme METABIO de l'INRAE (2020-2023) et de l'Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre du projet ANR-21-CE03-0016: Transindiandairy (2021-2026).

Claire Aubron, Marie Dervillé et Olivier Philippon ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

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21.05.2025 à 16:10

De GRTgaz à NaTran : face à l’enjeu de décarbonation, quel avenir pour les infrastructures gazières françaises ?

Virginie Cartier, Energies Renouvelables, Economie Circulaire, Innovations Environnementales, RSE, UCLy (Lyon Catholic University)

Elisabeth Cazier, chercheuse, Nantes Université

Alors que GRTgaz s'est renommé NaTran début 2025, la consommation de gaz naturel devrait continuer à baisser. Il s’agit d’adapter le réseau gazier français à de nouveaux vecteurs énergétiques.
Texte intégral (2389 mots)

Alors que GRTgaz s'est renommé NaTran début 2025, la consommation de gaz naturel devrait continuer à baisser. En cause, un contexte géopolitique tendu, auquel s'ajoute la nécessité de décarboner le secteur de l'énergie. Dans ces conditions, les politiques énergétiques doivent s'adapter… et les infrastructures gazières aussi.


Ces dernières années, la consommation de gaz naturel en France a fortement diminué, en raison de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, la hausse des prix et une réglementation relative à la construction neuve favorisant l'électricité.

Malgré tout, le réseau gazier français reste robuste, avec des interconnexions européennes multiples et des infrastructures adaptées – des réseaux de transport et de distribution, des infrastructures de stockages souterrains et des terminaux gaziers. L'avenir du secteur repose donc sur l'adaptation de ces infrastructures à d'autres vecteurs énergétiques.

La France, tout comme l'Union européenne au travers d'initiatives comme le plan RePowerEU, encouragent cette transition énergétique pour renforcer la sécurité d'approvisionnement et réduire la dépendance au gaz fossile d'ici à 2050.

Le fait que GRTgaz, le principal gestionnaire français du transport de gaz, soit devenu en janvier 2025 NaTran (pour Nature, Transport et Transition), pose question. Cela correspond-t-il à un changement de modèle économique ? À l'adaptation des infrastructures gazières à d'autres vecteurs énergétiques ?

Plus largement, la baisse de consommation de 5,5 % du gaz naturel en France en un an a-t-elle un impact sur l'équilibre financier des opérateurs gaziers ? Quelles impulsions proposent l'Europe (par le biais du plan RePowerEU) et la France dans le cadre de la prochaine Programmation pluriannelle de l’énergie (PPE) ?

Dans cet article, nous dressons un panorama de la situation actuelle et explorons les solutions envisagées pour sauvegarder ces infrastructures dans le cadre des politiques énergétiques françaises et européennes.

Une baisse de la consommation de gaz naturel

Notons en premier lieu que les opérateurs d'infrastructures observent une baisse notable de la consommation de gaz en France, consécutive à la guerre en Ukraine.

Alors que la Russie, fournisseur historique des pays européens, représentait en 2019 près de 41 % des importations gazières de l'UE par gazoduc et par terminaux méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié. Cette part est tombée à 14 % en 2023 avant de remonter à 18 % en 2024. L'interruption de la livraison de gaz russe a mis en évidence la dépendance énergétique européenne.


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La crise ukrainienne a également engendré une importante hausse du prix du gaz, de +70 % et +110 % par rapport à 2021, avec un prix moyen du gaz naturel facturé aux ménages français pouvant atteindre jusqu'à 96 €/MWh. Dès l'été 2022, les consommateurs, qu'ils soient industriels ou particuliers, ont donc été incités à la sobriété.

Par conséquent, la consommation brute de gaz naturel en France est passée de 474 TWh en 2021 à 361 TWh en 2024, ce qui représente une baisse de près de 23 %.

Evolution de la consommation de gaz en France entre 2021 et 2024. NaTran, Teréga, GrDF -- Analyse : Natran, Fourni par l'auteur

Cette évolution s'inscrit aussi dans le cadre de la réglementation énergétique française RE2020, en vigueur depuis janvier 2022, qui favorise le choix de l'électricité par rapport au gaz naturel afin d'améliorer la performance énergétique sur les logements neufs et lors des rénovations énergétiques.


À lire aussi : Les politiques publiques de rénovation énergétique des logements sont-elles efficaces ?


Un réseau gazier français robuste

En France, la gestion du réseau de transport de gaz naturel est partagée entre deux opérateurs, NaTran et Teréga (anciennement TIGF), qui exploitent respectivement 32 600 km et 5 100 km de réseau.

Ce réseau intègre des points d'interconnexion aux frontières avec plusieurs pays européens : la Norvège par Dunkerque, la Belgique par Taisnières, l'Allemagne par Obergailbach, la Suisse par Oltingue et l'Espagne par Larrau et Biriatou.

Ces réseaux relient les points de livraison aux différents points névralgiques :

  • Quinze sites de stockage souterrain. Ils permettent une grande flexibilité de livraison grâce à de l'injection de gaz lorsque la consommation est faible, comme en été, et de soutirage en période de forte consommation, comme en hiver.

  • Quatre terminaux méthaniers. Ces usines regazéifient le gaz naturel liquéfié qui arrive par méthaniers des pays producteurs. Le gaz ainsi obtenu est injecté dans le réseau de transport. En octobre 2023, un terminal flottant a été mis en service au Havre afin de compenser la perte du gaz russe.

Alors que la France s'est fixée pour objectif de ne plus recourir au gaz naturel fossile en 2050, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) préconise l'adaptation des réseaux pour transporter du gaz décarboné, en injectant du biogaz ou de l'hydrogène bas carbone après adaptation des canalisations.

L'espoir du biogaz

La méthanisation (ou digestion anaérobie) consiste en la dégradation de substrats organiques à l'aide de microorganismes en l'absence d'oxygène, générant ainsi du biogaz composé de biométhane (50-70 %), de dioxyde de carbone (30-50 %) et d'eau. Les substrats utilisés correspondent à des biodéchets, avec, en France, une dérogation de 15 % maximum de substrats en poids/an par des cultures alimentaires ou énergétiques cultivées à titre de culture principale.

S'il est injecté sur le réseau, le biogaz est purifié afin de respecter les spécifications réglementaires. Ainsi, en 2024, 13,9 TWh de biométhane, produit sur 731 sites de méthanisation ont été injectés, ce qui correspond à 4 % de l'énergie renouvelable en France. Le biogaz participe donc à la décarbonation du système gazier, avec des objectifs d'injection qui figurent dans la dernière PPE.

À noter cependant que l'Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le coût de production du biométhane est compris entre 55 et 90 euros par MWh. En comparaison, après une période de prix élevés en 2022 (début de la guerre en Ukraine), le prix moyen du gaz naturel sur le marché français s'élevait à 34 euros par MWh en 2024. L'opérateur NaTran estime qu'il pourrait atteindre 45 euros par MWh en 2025.

Aujourd'hui donc, le prix du biogaz n'est pas encore concurrentiel, sauf si le prix du gaz naturel s'envole.

Injecter de l'hydrogène bas carbone

La deuxième option envisagée est d'utiliser l'hydrogène comme vecteur énergétique. Il « peut changer la donne pour l'Europe », selon Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne lors de son discours du 14 septembre 2022. « Nous devons passer du marché de niche au marché de masse pour l'hydrogène » a-t-elle affirmé, mettant ainsi en avant l'importance de cette molécule pour l'avenir énergétique de l'Europe.

Selon son processus de production, l'hydrogène est désigné par différentes couleurs : gris s'il est obtenu par reformage du gaz naturel, bleu s'il est obtenu par reformage du gaz naturel couplé à la capture de dioxyde de carbone, vert lorsque produit par électrolyse de l'eau à partir d'électricité d'origine décarbonée et enfin rose si l'électricité est d'origine nucléaire, et blanc s'il est extrait du sous-sol.

Seuls les hydrogènes qualifiés de bleu, rose et vert sont actuellement considérés comme « bas carbone ».

L’hydrogène peut alors être acheminé vers l'utilisateur selon deux procédés :

  • Soit l'hydrogène est injecté à hauteur de 5 à 10 % pour enrichir le gaz transporté. Aucune modification d'équipement est alors nécessaire, que ce soit pour l'opérateur (détendeurs de pression, compresseurs) ou pour l'utilisateur final (brûleur). Cependant, avant le déploiement large d'un tel procédé, certains verrous réglementaires, économiques et techniques sont à lever.

  • Soit l'hydrogène injecté est pur, sans mélange avec le gaz transporté. Dans ce cas, une conversion partielle des canalisations est nécessaire. Elle permettrait d'économiser de 50 à 80 % des investissements par rapport à la construction d'un nouveau gazoduc.

Selon l'Observatoire européen de l'hydrogène, le coût actuel de l'hydrogène décarboné s'élève à environ 7 euros/kg, ce qui est supérieur au coût de l'hydrogène gris (non décarboné) évalué à 3,5 euros/kg. Pour optimiser les coûts de l'hydrogène bas carbone, les producteurs étudient la possibilité d'améliorer les technologies, d'augmenter les rendements de production, d'utiliser des matériaux plus performants afin de développer cette filière.


À lire aussi : L’économie de l’hydrogène, ou quand le rêve de Jules Verne se confronte aux réalités industrielles


Un environnement favorable en France et en Europe ?

À l'échelle européenne, le plan RepowerUE a lancé comme objectif la réduction de la dépendance énergétique de l'Union européenne et de renforcer la sécurité d'approvisionnement avec, en particulier, le développement de l'hydrogène décarboné.

En France, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) établi par les pouvoirs publics prévoit un important développement de la production de biogaz, avec comme objectif d'atteindre 50 TWh à l'horizon 2035 contre 12 TWh en 2023. La troisième PPE propose d'ailleurs de promouvoir le biogaz et l'hydrogène bas carbone.

Cependant, pour atteindre ces objectifs, des investissements financiers des pouvoirs publics et des entreprises sont indispensables. Dans un document récent, la Commission de régulation de l’énergie évalue le coût de l'adaptation des réseaux gaziers pour l'hydrogène et le biogaz entre 6 et 9,7 milliards d'euros d'investissement d'ici à 2050.

The Conversation

Salariée d'une filiale d'Engie (Storengy) jusqu'en 2012.

Elisabeth Cazier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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