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 Le CRIEUR DE LA VILLENEUVE

Journal participatif


Publié le 06.03.2024 à 09:31

Joyau du quartier, le parc de la Villeneuve, renommé parc Jean Verlhac en 1998, est le centre du quartier. Lieu de rencontre, de jeu, refuge contre la chaleur en été, les usages du plus grand parc de Grenoble (presque 17 hectares, sans compter son prolongement le parc La Bruyère) sont multiples. La plus grande partie fut terminée en 1973, juste avant l’arrivée de Jean-Paul Cugno, habitant et jardinier qui fut responsable des espaces verts pour la Villeneuve pendant près de 30 ans. Le Crieur vous invite à un tour du parc en sa compagnie, à la rencontre de ses arbres emblématiques et de l’esprit du paysagiste Michel Corajoud.

« Quand je suis arrivé en 1974, j’étais impressionné par ce parc. Il partait d’une volonté des élus de l’époque, en lien avec les urbanistes du quartier, de regrouper l’habitat pour dégager de la surface au sol, pour faire un parc d’une quinzaine d’hectares. C’était merveilleux ! Des quartiers nouveaux, on en connaissait partout, mais les espaces verts n’étaient aménagés qu’autour. Dans le milieu des paysagistes, ça faisait râler : quand les architectes bâtiment s’étaient exprimés, il ne restait que deux trois bouts de terrain pour les paysagistes. Je caricature un peu, mais c’était l’esprit. Un parc au centre, c’était révolutionnaire ! C’est un des derniers grands ensembles construits en France, mais il dissonait complètement avec les autres.

« La Ville avait créé un poste de technicien pour suivre la fin de l’aménagement du parc de la Villeneuve, au titre du service d’entretien des espaces verts. C’est pour cela que j’ai été recruté en 1974. Quand je suis arrivé, le parc n’était pas tout à fait terminé. Le lac était à peine fini. L’architecte-paysagiste Michel Corajoud, le concepteur du parc de la Villeneuve, avait déjà une renommée, du prestige. Je me disais que j’avais de la chance de côtoyer un gars comme ça. Une pointure, plein d’idées, hyper dynamique ! Je ne le voyais pas à chaque fois, à la fin de l’aménagement du parc, il ne devait venir que tous les deux mois, pour les ajustements. J’ai dû avoir une dizaine de séances de travail avec lui.

« Dans leur passion, les architectes-paysagistes proposaient des choses mais nous, les jardiniers, derrière, on n’avait pas les moyens d’entretenir tout ça. C’est normal, l’architecte, qu’il soit bâtiment ou paysagiste, est un créateur, un artiste. Nous, on était un peu les empêcheurs de tourner en rond, alors que les projets nous plaisaient ! Par exemple : les buttes, c’est très sympathique mais pour l’entretien, la tonte, c’était infernal ! On devait travailler avec du matériel d’agriculture de montagne.

« Mon travail a beaucoup été marqué par les réflexions des habitants, notamment les unions de quartier, mais aussi les copropriétés. On ne faisait pas de plans, surtout des discussions. L’achat de végétaux se faisait sur le budget le fonctionnement de la Ville. Au service entretien des espaces verts, on faisait des petites modifications, lors des travaux d’hiver, en interne, par exemple planter cinq arbres à un endroit. Dans les quartiers sud [de Grenoble], il y avait cinq ou six équipes : Villeneuve parc, Malherbe, Village Olympique, deux pour les extérieurs de la Villeneuve. Environ 30-40 personnes en tout.

« Parfois, je me suis pris des volées de bois vert parce que je modifiais l’esprit initial du parc. Ce que j’ai toujours dit, c’est que les jardins sont quelque chose de vivant. Déjà parce que les végétaux eux-mêmes le sont, mais aussi parce que les gens veulent des choses différentes, il y a des modes, chacun a sa petite touche. Je me suis beaucoup inspiré des parcs de la fin du 19e siècle, avec des grands arbres.

« Je ne sais pas si c’est le plus beau parc de Grenoble, mais c’est celui qui a le plus de personnalité. Notamment grâce aux buttes. Les enfants jouent dessus, se cachent. C’est une idée géniale, uniquement avec des formes douces. On dirait des volcans éteints d’Auvergne. C’est le parc le plus original ! »

Le parcours effectué dans le parc pour réaliser cette interview. (fonds de carte : Ville de Grenoble)

1 La façade du 10 galerie de l’Arlequin

« Cette façade était complètement nue. J’ai fait planter des séquoias. Ce n’est pas dans l’esprit de départ, mais les séquoias ont un très grand développement. Ce bosquet casse la dureté de la façade. Les ginkgos aussi ont un très grand développement, avec un très beau feuillage d’automne. Ce sont des arbres qui vieillissent bien et qui résistent à la sécheresse.

« À l’origine, le sol ici est argileux, de la bonne terre. Mais pendant la construction, ils ont accumulé les déchets, les gravats. On a dû faire des grandes fosses d’arbres pour pouvoir planter.

« Deux des séquoias sont malheureusement malades, ils dépérissent. Il y a plein de causes possibles, mais les voir dépérir me crève le cœur… »

2 Le peuplier noir de la crique nord

« Celui-là c’est le Vénérable. C’est un ancêtre, c’est un peuplier noir qui était déjà là avant la création du parc [plusieurs photos de cet arbre sont à retrouver dans le n° 76 du Crieur de novembre 2023, ndlr]. Quand je suis arrivé en 1974, j’avais la trouille qu’il ne meure, car le tronc avait été enterré, avec un remblai d’un mètre. Mais il s’en est remis. On pourrait aussi l’appeler le miraculé. Des arbres comme cela, ce sont des monuments végétaux. Il a été témoin de tellement de choses, quand il y avait encore l’aéroport. À mon avis, il a sûrement cent ans, mais on a tendance à surestimer l’âge des arbres urbains. »

3 L’allée des Tilleuls

« Ici, un grand mail de tilleuls argentés avait été planté. Mais ça n’allait pas, ça ne poussait pas. Il y en a même qui crevaient. Il y avait un problème. On a fait un sondage du sol et on a eu l’explication tout de suite : on est tombé sur une zone complètement compactée. En se renseignant auprès d’architectes de la Ville, on a appris que, pendant la construction de l’Arlequin, c’était une voie de chantier pour les camions. On a tout arraché. C’était un chantier d’ampleur, il a fallu obtenir de l’argent. On a loué une grosse pelle mécanique avec un godet preneur. On a fait des grands trous pour passer à travers l’argile. On a rechargé avec des matériaux drainants et on a replanté avec de magnifiques sujets, la même espèce. Et c’est parti ! Quand on voit l’allée des Tilleuls, ça fait plaisir, on se dit qu’on a pas travaillé pour rien !

« Ici, au milieu du mail, il y avait un peuplier d’Italie, très éructé. Mais les peupliers d’Italie ne vivent pas très vieux et il a dépéri. Pour Corajoud, il dissonait dans son mail, mais il a eu l’intelligence de le garder. »

4 Au pied de la butte du grand toboggan

« Ces platanes, c’est moi qui les ai fait planter. Je m’étais fait remonter les bretelles. On me disait : « Mais il y en a partout en ville ! » Non, il y en a partout en ville mais en alignement, martyrisés, tondus, taillés, massacrés. Pour ceux-là, je me suis inspiré des villages de Provence et du jardin de ville, avec des grands arbres, peu taillés. Je ne sais pas si Corajoud les a vus, mais pour lui, les platanes, c’était le truc ringard. Lui, c’était le créateur, il faut le respecter. Mais l’œuvre, le jardin, doit évoluer. »

5 Le nord-est du parc

« Pour les jardiniers, c’est « la grande partie ». Là, à part quelques arbres qui datent d’avant le parc [voir Crieur n° 76, ndlr], des vieux saules et des peupliers, c’était une grande plaine dégagée. Les habitants me disaient que ça manquait d’arbres. On a planté des hêtres classiques. Je me disais que si on pouvait donner aux générations futures des grands arbres, autres que les peupliers. Avec un bémol : on ne savait pas à l’époque – enfin, on le savait mais on ne pensait pas que ça [jouerait autant] – que les hêtres souffrent du dérèglement climatique. Les hêtres n’aiment pas les étés chauds.

« Pour éviter le côté « vieille France », je n’avais pas proposé des hêtres pourpres, qui sont pourtant très appréciés. Pareil pour les conifères qui ont été plantés, ça faisait ringard. Il n’en reste pas moins qu’ils sont jolis et qu’on peut les intégrer dans les parcs modernes.

« Corajoud n’a jamais habité ici, moi si. Quand je voyais en été les gens qui recherchaient de l’ombre, ça m’interpellait. Il y a les grands plans, mais il y aussi le vécu. À l’époque, je n’imaginais pas que les choses allaient virer comme ça, même si les étés grenoblois étaient déjà pénibles en terme de sécheresse. On ne parlait pas des îlots de fraîcheur, mais le terme est bien. »

Les séquoias et les ginkgos à l’entrée du parc, côté 10 galerie de l’Arlequin, en novembre 2023. (photo : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve) Le peuplier, surnommé « l’Ancien » ou « le Vénérable », entre le collège Lucie Aubrac et la piste d’athlétisme, en octobre 2023. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve) L’allée des Tilleuls et le peuplier d’Italie, aujourd’hui disparu, au tout début du quartier. Photo non-datée, vers 1973. (photo : Honoré Parise, La Maison de l’image) Les peupliers de la partie nord-est du parc, qui datent également d’avant la création du parc, en octobre 2023. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve) Étude pour la conception des buttes du parc de la Villeneuve, par Michel Corajoud, non-datée (image extraite de la revue Espaces Verts, n° 25, 1970)

Le parc, Corajoud et les autres
Le parc de la Villeneuve se présente avec une épine dorsale nord-sud, formée d’originellement huit buttes. Numérotées de 1 à 8 en partant du sud (la butte 4, ou B4, étant ainsi celle du grand toboggan), les deux plus septentrionales ont été arasées pour construire le nouveau collège.
Deux grands mails plantés d’arbres, dont l’allée des Tilleuls, se rejoignent à angle droit au niveau de la plus grande butte. La géométrie très droite de ces grands mails, au niveau du sol, se superpose aux formes créées par les buttes, presque sans en tenir compte. Ainsi, les deux mails ne se rejoignent pas au sommet d’une butte mais un peu plus bas. Le parc est complété par une place centrale, la place Rouge, par des jeux pour enfants et par un lac artificiel.
Comme le reste du quartier, il fut aménagé par tranches. La majeure partie, à l’ouest du chemin du parc, le fut ainsi de 1971 (construction des premières buttes avec le remblai des bâtiments) à 1973 (mise en service du lac). Les derniers aménagements, côté Baladins-Géants, le furent en 1982 mais le parc avait déjà subi des transformations à cette date. Il fut dessiné par des membres de l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA), en particulier le paysagiste Michel Corajoud. Des études de l’Agence d’urbanisme aidèrent à son dimensionnement et à définir les usages, tandis que la volonté des élus de la Ville, le maire Hubert Dubedout en tête, aboutit à un espace très végétal. Le parc aurait ainsi dû accueillir de nombreux terrains de sport mais ceux-ci furent relégués en bordure pour ne pas le surcharger.
Dans la revue Espaces verts, en 1970, alors que les travaux de l’Arlequin venaient à peine de commencer, Michel Corajoud écrivait : « Le parc sera encadré. Pour augmenter le sentiment de son étendue, il fallait en estomper le cadre. […] Pour cela, deux moyens seront utilisés : le premier consiste à noyer le pied des bâtiments dans une masse d’arbres plantés très serrés ; ces arbres vont créer une frontière floue et mouvante qui adoucira les bords du parc ; au centre, en modelant le sol avec des buttes artificielles, on créera, par ce second moyen, en premiers plans, des écrans. Écrans qui donneront des vues toujours changeantes, au piéton, soit qu’il se trouve au pied, sur, ou entre deux buttes. Il jugera ainsi l’étendue de son parc de différentes manières. Il n’aura plus que très rarement la possibilité de le voir dans son entier. Ces buttes offrent l’avantage d’agrandir sensiblement le parc. »
« Le rôle du paysagiste n’est pas de contredire l’urbanité volontaire en ponctuant la ville d’îlots de « fausse vraie nature ». Il doit, avec des matériaux propres à l’urbain, recréer de toutes pièces un cadre qui, par référence, donne à la ville des capacités émotives identiques à celles rencontrées dans la nature. La ville est un paysage en soi, nouvelle nature qui porte en elle des valeurs d’échange et de spectacle comparable à celles des sites naturels. »
Le parc de la Villeneuve a un petit frère : le parc des Coudrays à Élancourt-Maurepas (Yvelines), lui aussi dessiné par l’AUA, dont Corajoud, à partir de 1970. Bien que deux fois plus petit, il s’inspire directement de celui de la Villeneuve : buttes, place centrale, bassin, amphithéâtre.

Le parc de la Villeneuve
Maîtrise d’ouvrage : Société générale d’entreprises (Paris), pour le gros œuvre, et paysagiste Fernand Marie (Grand-Quevilly (76)), pour les plantations.
Maîtrise d’œuvre : Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA, Bagnolet (93)), plus particulièrement le groupe CCH (Michel Corajoud, Henri Ciriani, Borja Huidobro). La plupart des membres de l’AUA habitant en région parisienne, le projet fut suivi à Grenoble par Vincent Sabatier.


Publié le 12.02.2024 à 11:07

Deux membres de la table de quartier de la Villeneuve explique le fonctionnement de ce groupe où les habitants peuvent s’exprimer sur les problématiques du quotidien.

Avez-vous déjà entendu parler de la table de quartier de la Villeneuve ? Il s’agit d’un espace citoyen qui réunit des habitants et des associations de la Villeneuve pour améliorer le quotidien.

La table de quartier mène des actions de sensibilisation en direction des habitants sur de nombreux sujets : le droit à la ville des femmes, le droit à l’alimentation, le droit au logement ou encore la prévention. Vous avez sûrement déjà croisé ses membres lorsqu’ils installent une table en bas des immeubles pour aller rencontrer des habitants, discuter des problèmes de la montée et envisager ensemble des solutions.

Comment s’organise la table de quartier ? Une rencontre mensuelle a lieu tous les mois lors d’un repas qui a lieu souvent au Barathym pour soutenir le lancement de l’activité de la crêperie associative. Nous commençons par un tour de table pour que chacun puisse s’exprimer et donner son avis. Ce premier tour de table permet de se rendre compte de la diversité des projets menés par les membres de la table de quartier : soutenir les familles qui ont des problèmes de logement, des ateliers artistiques, des actions portées par les femmes et de discuter des futurs projets.

Les premières tables de quartier ont été créées à Montréal, au Canada. Suite au rapport « Pour une réforme radicale de la politique de la ville », rédigé par Mohamed Mechmache et Marie Hélène Bacqué en 2013, ces tables de quartier ont inspiré les conseils citoyens créés dans les quartiers en politique de la Ville (lire l’article Tout comprendre aux tables de quartier).

Un conseil citoyen, sous le nom local de table de quartier, a ainsi été créé à la Villeneuve en 2015 par la ville de Grenoble et la préfecture. Mais, suite à des blocages avec les institutions et à des désaccords internes, lorsque des habitants ont voulu organiser un référendum d’initiative citoyenne sur les démolitions de logements sociaux (lire les articles « Pour ou conter les démolitions de HLM ? » et Référendum Arlequin : large victoire du non aux démolitions), la table de quartier a périclité.

Un des blocages a été que ces tables de quartier ne respectaient pas un principe fondamental : l’autonomie de fonctionnement. En effet, leurs principes sont clairs : « Dans un souci d’indépendance, les tables de quartier se positionnent comme des instances souveraines et autonomes vis-à-vis des pouvoirs publics. Cela signifie que ceux-ci ne peuvent pas être à l’initiative de la création d’une table, n’ont pas de pouvoir sur son fonctionnement et n’influencent pas ses décisions. »

Fort de ce constat, des habitants ont repris les choses en main pour créer une table de quartier : un espace citoyen créé par et pour les habitants en toute autonomie. Cette approche a été renforcée lors du passage du tour de France de la Coordination Pas sans nous en novembre 2021 (lire l’article « Il faut réveiller les consciences »). Les membres des tables de quartier participent également à des formations nationales de Pas sans nous, comme il y a quelques semaines où une dizaine d’habitants sont allés à Orléans. Des discussions ont eu lieu sur le pouvoir d’agir des femmes, le droit à l’alimentation et les mobilisations citoyennes.

En 2024, les occasions seront nombreuses pour rencontrer et participer à la table de quartier de la Villeneuve afin de continuer à améliorer le quotidien !


Publié le 07.02.2024 à 16:56

La concertation sur les nouveaux projets de rénovation urbaine, dont l’aménagement du lac de la Villeneuve, s’est tenue du 4 septembre au 15 octobre 2023. Les résultats, marqués par une forte opposition au projet du lac, ont été présentés au conseil métropolitain du 22 décembre dernier. Sans remise en question.

Un mois et demi de concertation dans un quartier de 10 000 habitants donne… 521 contributions. Pas énorme mais dans l’ordre de grandeur du nombre de voix de la liste Grenoble en commun, du maire Éric Piolle, en 2020, avec 730 suffrages à la Villeneuve. Rappel nécessaire car la municipalité actuelle évoque fréquemment sa légitimité issue des élections municipales.

Cette concertation auprès des Villeneuvoises et des Villeneuvois de Grenoble (mais aussi du côté de la Villeneuve d’Échirolles), du 4 septembre au 15 octobre, portait sur les dossiers inclus dans la clause de revoyure (lire l’article Les 10 et 90 galerie de l’Arlequin rénovés, les 110 et 120 non) du projet de rénovation urbaine du quartier. Parmi les chantiers prévus : la démolition de l’ancienne école des Charmes (qui abritait jusqu’à peu la Régie de quartier et qui a été rénovée dans le cadre de l’Anru 1, il y a un peu plus de dix ans), la réhabilitation des 10, 60 sud et 90 galerie de l’Arlequin, la transformation de l’ancienne piscine Iris, la réhabilitation du Patio et, sujet sensible, la transformation du lac de la Villeneuve pour le rendre baignable (lire à ce sujet l’article Le lac baignable, une fausse bonne idée ?).

Certains projets ne rencontrent pas d’opposition, comme la réhabilitation des 60 sud et 90 galerie de l’Arlequin ou la réhabilitation du gymnase de la Rampe. La transformation de l’ancienne piscine Iris est approuvée, même si 11 des 42 contributions regrettent qu’elle ne soit pas rénovée en piscine.

Concernant la réhabilitation du 10 galerie de l’Arlequin (25 contributions lors de la concertation), si le rapport note que « l’enjeu de mixité sociale et d’amélioration du « vivre ensemble » est apprécié », il souligne aussi qu’« une partie importante des contributions exprime leur opposition à la démolition en cours [elle est maintenant terminée, ndlr] du 20 galerie de l’Arlequin ».

Quant à la démolition de l’ancienne école des Charmes, située au pied du 10-20 Arlequin, difficile d’avoir l’avis des habitants car seules quatre contributions ont été recensées. Trois personnes s’y opposent et une est neutre, indique le rapport.

Dans l’ensemble, le rapport note « un attachement patrimonial fort » au quartier.

Lac, je boirai de ton eau

Le principal sujet, de loin, reste la transformation du lac, avec près de 420 contributions. Une forte opposition au projet est exprimée : 57 % d’opinions négatives, 29 % neutres et 14 % positives. « Si la plupart [des contributions] s’accordent à considérer que les enjeux visés sont louables, […] c’est le contenu du projet et sa mise en œuvre qui leur pose problème. », détaille le rapport. Les auteurs rappellent d’ailleurs que le projet du lac a fait l’objet d’une pétition, dans le cadre dispositif d’interpellation citoyenne, avec plus de 1000 signataires.

Parmi les griefs, la mise en place de barrières autour du lac ; la fermeture du chemin du Parc qui longe le lac ou encore un coût d’investissement trop important (4,2 millions d’euros HT selon la Ville) par rapport au bénéfice d’une baignade autorisée. Les commentaires positifs pointent, eux, « les économies d’eau […], limiter l’accès aux chiens […], la création d’un espace de détente ».

Quel sens donner à cette opposition au projet ? Le rapport opte pour l’argument classique en démocratie représentative : si les habitants s’opposent au projet ce n’est pas parce qu’ils l’estiment mauvais, c’est parce que, d’après le rapport, ils n’y ont rien compris ! « D’une manière générale, on note de nombreuses contributions qui traduisent une méconnaissance du projet de rénovation urbaine. », tente d’expliquer le rapport.

La conclusion est du même acabit. Si « la Ville de Grenoble […] a bien entendu l’ensemble des demandes et craintes des contributeurs », il n’y aura ni remise en question du projet, ni modification substantielle. Le maître-mot de cette conclusion est « communiquer ». Six occurrences en une page ! « Il faut d’ores et déjà largement communiquer sur les modalités de fonctionnement et de gestion du futur lac. » ; « Il sera nécessaire pour la Ville de Grenoble de communiquer largement sur les conditions techniques de maintenance » ; « de communiquer largement sur le règlement intérieur » ; « il est important de communiquer sur l’ensemble des futurs aménagements » ; « de continuer à affiner et communiquer sur les coûts d’investissements » ; « de préciser et communiquer sur l’évaluation des futurs coûts de gestion et faire preuve de pédagogie ». Vous allez bien finir par adhérer à ce projet, non ?

Lors d’une réunion publique sur la rénovation urbaine, le 28 septembre au Patio, pendant la concertation, Gilles Namur, adjoint aux Espaces publics, à la Nature en ville, à la Biodiversité et à la Fraîcheur [sic], aux Mobilités mais aussi à la Circulation, au Stationnement, à la Réglementation de la publicité et enfin aux Pré-contentieux [resic], avait lancé, à propos du lac, « Nous ne sommes pas du tout dans un projet de co-construction. » Ce qui a le mérite d’être clair.


Publié le 25.01.2024 à 17:34

Des salariés du milieu associatif de la Villeneuve ont recueilli le témoignage d’habitants et d’habitantes du quartier contre la loi « asile et immigration ». De larges pans de la loi ont été censurés, plus tard dans la journée, par le Conseil constitutionnel.

Ce jeudi 25 janvier au matin, des salarié.es d’associations du quartier de la Villeneuve se sont mis.es en grève pour protester contre l’adoption, en décembre 2023, de la loi « asile et immigration ». Ils et elles étaient une dizaine à organiser un piquet de grève devant le Patio pour informer et échanger avec les passant.es sur cette loi.

Durant la matinée, plusieurs dizaines de personnes se sont arrêtées à la table pour partager un café et leurs réactions par rapport à la loi. « Accueillir l’autre, c’est la fierté d’une communauté, d’un pays. », explique ainsi une salariée qui travaille au Patio. « Cette loi n’est pas constitutionnelle, c’est Macron qui fait sa loi ! », réagit une habitante.

Le recueil des paroles récoltées auprès des habitants et des habitantes du quartier. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Ils et elles nous ont partagé leurs inquiétudes sur leur situation ou celle de proches et le sentiment de rejet qui accompagne cette loi. « En raison de nos origines, de nos handicaps, on est discriminé.e.s alors qu’on a des droits ! Peu importe ce qu’on fait, on est toujours des étrangers. Il faut que ça change ! » Ils et elles ont pointé l’idéologie « fasciste » et « raciste » qui transparait dans la loi et accompagne le débat politique : « La montée du racisme, c’est partout ! » Contrôle et évaluation des profils des personnes autorisées à s’installer dans le pays, préférence nationale et différence de traitement dans l’accès aux droits et aux systèmes de solidarité, etc. « On désunit les peuples au lieu de les unir, ça fout tout en l’air. »

Les personnes rencontrées étaient heureuses de pouvoir partager leurs réflexions et témoignages. Ils et elles ont manifesté leur soutien pour une mobilisation collective, leur envie de faire des actions, de mieux s’organiser et de s’informer sur cette loi.

Nous avons donc poursuivi la discussion au Barathym, ce qui a donné lieu à la proposition d’organiser une réunion publique dans le quartier pour recueillir les inquiétudes et questionnements des habitant.es, informer sur le contenu de la loi et fournir une aide juridique aux personnes concernées. Cette rencontre devrait avoir lieu courant février.

Ces salarié.es associatif.ves se sont mis.es en grève car les associations sont en première ligne dans l’accompagnement des publics touchés par ces mesures. Ils et elles s’inquiètent de la détérioration des capacités à les soutenir dans leurs démarches au quotidien. Les associations de quartier et de solidarité en général sont très au courant de la violence et de la précarisation qui résultent de cette loi et des précédentes. En effet, elle s’inscrit dans la continuité d’une politique raciste, évitant de traiter des réels problèmes sociaux comme la précarité. Au contraire, les valeurs véhiculées par cette loi et les débats politiques qui en découlent prônent la hiérarchisation des personnes face aux droits en fonction de leurs origines, réelles ou supposées, alimentant une vision raciste et erronée de la réalité de ce pays.

Le Conseil constitutionnel, saisi à la fois par des députés de gauche, des sénateurs de gauche, la présidente de l’Assemblée nationale et même le président de la République, a rendu sa décision le même jour, jeudi 25 janvier en fin d’après-midi. Il censure la majorité des articles qui faisaient le plus polémiques dans la loi, notamment ceux concernant le regroupement familial, la caution pour étudier en France, l’amende pour le délit de séjour irrégulier en France, l’allongement de la durée de séjour obligatoire pour le versement de certaines prestations sociales et les inégalités d’hébergement d’urgence entre Français et étrangers victimes d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). L’instauration de quotas migratoires par le Parlement est également partiellement censurée. Toutefois, certains articles de la loi, notamment ceux imposant un « respect des principes de la République » et l’instauration d’un juge unique (au lieu de trois précédemment) à la Cour nationale du droit d’asile sont validées.


Publié le 24.01.2024 à 14:54

C’était annoncé depuis plusieurs mois. Deux ans après la fermeture de la boulangerie, le bureau de tabac de la place du marché de la Villeneuve a baissé le rideau définitivement.

Arlequin, Arlequin, Arlequin, morne place ! C’est un nouveau commerce qui disparait à la Villeneuve. Le bureau de tabac Le Yaz, installé sur la place du marché, a définitivement fermé fin décembre 2023. C’était le dernier commerce subsistant sur la place. Malgré la diversification des services, comme la vente de cafés à emporter ou la livraison de colis, le commerce tournait de moins en moins bien. Il avait déjà cessé de vendre la presse fin 2022.

Dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier, le local actuel du bureau de tabac, au 100 galerie de l’Arlequin, devait être démoli et le commerce réinstallé dans des locaux neufs, en bas du 110 galerie de l’Arlequin. Mais ce projet a accumulé de nombreux mois de retard (en 2018, le transfert était prévu pour le deuxième trimestre 2021 ; fin 2021, il était prévu pour janvier 2023 ; en janvier 2024, les travaux n’ont toujours pas commencé), laissant le bureau de tabac le seul commerce ouvert sur la place. Ce qui a grandement compromis, selon le gérant Mourad Bouteldja, la survie du commerce.

À noter qu’avec la fermeture du bureau de tabac, Le Crieur perd encore un lieu de diffusion du journal.

Seuls quatre commerces subsistent dans le quartier :

  • le taxiphone de l’Arlequin, au 110 galerie de l’Arlequin ;
  • la pharmacie Arlequin, également au 110 galerie de l’Arlequin ;
  • la pharmacie des Géants (pharmacie de Constantine), au 60 place des Géants ;
  • le snack Le Rhumel, au 50 place des Géants.

Par ailleurs, deux commerces associatifs sont toujours ouverts : le café-crêperie Le Barathym, au Patio, et le restaurant L’Arbre fruité, au 80 galerie de l’Arlequin. Un petit pôle commercial fonctionne encore à La Bruyère.

La liste des commerces qui ont fermé depuis 2014, date de création du Crieur, est impressionnante. Il y a dix ans, neuf commerces animaient encore la place du marché. Depuis, l’opticien a fermé, tout comme la boulangerie, la boucherie-épicerie, le bar-snack, un des deux magasins de vêtements et, donc, le bureau de tabac. L’autre magasin de vêtements a déménagé au Village Olympique, l’épicerie sur l’avenue Marie-Reynoard et la ressourcerie associative dans le parking-silo à côté de l’arrêt de tram La Bruyère.

Outre le transfert du bureau de tabac, le projet de rénovation de la place du marché prévoit la construction d’une nouvelle boulangerie, qui aurait dû ouvrir… début 2023 ! En mai 2023 (lire l’article La grande désillusion des commerces), la Métro et la Ville annonçaient finalement une ouverture pour septembre 2024. Vu l’état du chantier, cela semble compromis.


Publié le 23.01.2024 à 16:43

Patrick Gacia, habitant et militant associatif du quartier, est mort mercredi 13 décembre 2023.

Il est né en 1948 à Saint-Hilaire-du-Touvet, en Isère. D’abord psychologue à la clinique Dumas, à la Tronche, il travaille ensuite à l’hôpital de Saint-Égrève. Il s’installe avec sa femme Annie en 1978 à la Villeneuve, au quartier 2. Le couple a eu deux enfants, Christophe et Alfred. Patrick Gacia a attrapé la polio dans les années 50 et en a gardé des séquelles physiques. Partisan résolu de la vaccination, il militera beaucoup pour la vaccination de la population lors de pandémie de covid-19, racontant son histoire personnelle autour de lui.

Patrick Gacia fut un membre actif du relais des 3V, communauté catholique qui regroupe les habitants des quartiers Villeneuve, Village Olympique et Vigny-Musset. Il était impliqué dans plusieurs associations du quartier, notamment l’union de quartier Baladins-Géants et Villeneuve Debout.

Alain Manac’h, également membre de Villeneuve Debout, a lu le texte suivant lors de la cérémonie funéraire pour Patrick Gacia, mercredi 20 décembre 2023 au centre œcuménique Saint-Marc. Nous le partageons avec son autorisation.

« Pour Patrick
« Parfois, comme ça, dans la vie il y a des trous qui s’ouvrent sous vos pieds sans qu’on s’y attende. Des trous géants dont on se demande comment ils sont apparus, et on se demande aussi pourquoi ils sont si vastes, si profonds. Tellement profonds qu’on a peur de s’en approcher au risque de s’y perdre. Et on comprend qu’ils seront durs à combler ces trous… Et pourtant c’est une certitude, ces trous viennent de la disparition… d’une disparition… aujourd’hui celle de Patrick.

« Patrick nous avons envie de te comparer aujourd’hui à ces lutins malins et bienveillants de nos légendes anciennes, de ceux qui agissent en toute discrétion pour le bien des uns et celui des autres. Ces lutins qui travaillent dans l’ombre pour que les choses avancent, pour que les projets se réalisent, pour que la pensée ne s’arrête pas, qu’elle sorte de la banalité. Pour que les actions soient harmonieuses et bien construites mais aussi pour que le soir les tables soient rangées, et les salles nettoyées…

« Tu étais au cœur de l’entre-gens, comme un trait d’union entre toutes les personnes quelles qu’elles soient. Chacun aujourd’hui, même ceux qui ne savent pas te nommer te connaissent. Ils sont au bord de ce trou béant, alignés dans ton souvenir avec cette vague interrogation discrète et peut être secrète : zut et maintenant comment on va faire ?

« Comment on va faire pour continuer… Il y a tellement d’exemples où tes petites mains de lutin bienveillant, surgissaient pour nous faire sortir de l’embarras, chacun ici pourrait raconter cent exemples de cette capacité à agir dans ton engagement.

« Celles et ceux que tu accompagnais et je dis avec précaution que tu accompagnais, de l’Union de Quartier à Villeneuve Debout en passant par d’autre multiples engagements ont le souffle coupé… Nous aurons besoin de temps. Nous en sommes convaincus nous retrouverons force et énergie dans ton souvenir !

« Patrick, comme dans les légendes tu étais un faiseur de Paix prônant le débat et l’écoute bienveillante plus que l’invective ! dans nos réunions nous aimions entendre tes analyses pertinentes, tes modérations, tes rappels au bon sens, façon de rendre concrètes nos ambitions, nous préservant de nos suffisances. Et nous aimions aussi entendre tes exigences…

« Alors à nous maintenant de maintenir, d’activer ta nouvelle présence, sans doute en continuant d’organiser des ateliers bricolage pour confectionner des objets inspirés et utiles aux fêtes de quartier ! Ou de mettre en scène des situations festives et de convivialité comme Villeneuve Plage ! Ou encore de proposer des défis originaux, tels que le banquet des 1000 couverts. Ce banquet où, comme en atteste cette autre histoire d’un certain Pierre Corneille dans la tirade du Cid, : nous étions trois au démarrage et voila que nous fûmes 1000 à l’arrivée.

« Récemment dans nos échanges nous avions ensemble décidé de lever le pouce. Nous voulions nous accorder une année blanche pour nous poser à nouveau les questions que nous avions laissées sur le bord du chemin dans la précipitation des actions… Nous sommes obligés de réussir… pour toi. C’est une exigence, un quasi devoir. Aussi nous aimerions mettre ce temps de travail et de reconstruction sous ta haute vigilance et nous le nommerons de ton nom. Aussi nous le dédions d’avance à Annie et vos enfants.
Mon cher Lutin… tes faiblesses ont été ta force, ton rayonnement en atteste encore, et puisque ton engagement était sans faille nous aimerions terminer cet hommage en citant Emmanuel Mounier, qui n’est pas qu’un lycée ou un arrêt de tram mais un philosophe grenoblois, chantre de l’engagement citoyen, de l’élévation de la personne et de la participation citoyenne, avant que ce ne soit une expression à la mode… d’ailleurs tu n’aimais pas qu’elle soit aujourd’hui quelque peu dévoyée. Mounier nous dit : « Il faut d’abord que chacun apprenne à se tenir debout tout seul. La personne c’est la puissance d’affronter le monde, l’opinion, la lâcheté collective. C’est la capacité de faire silence, de se recueillir, d’alterner la vie intérieure et la vie exposée : c’est le goût du risque, le courage intellectuel, l’irréductible assurance de celui qui sait pourquoi, éventuellement, mourir ».
20/12/2023


Publié le 09.01.2024 à 13:07

Dédales et des gens, l’émission pour se retrouver à la Villeneuve, est une émission télé, enregistrée en public et diffusée en direct mercredi 6 décembre 2023 sur YouTube. Elle est produite par la Maison de l’image et le Crieur de la Villeneuve.

Pour plus d’informations sur l’émission, voir cet article : Dédales et des gens, l’émission pour se retrouver à la Villeneuve.


Publié le 08.01.2024 à 15:57

Assemblages en Transition est un projet culturel qui propose de construire des structures artistiques à partir d’objets délaissés, récoltés dans les dépôts sauvages. Il montre les possibilités du réemploi et met en lumière le problème des déchets.

Des canettes suspendues, des tubes, des morceaux de bois, des objets usagés. Passants de la Villeneuve, peut-être avez vous vu ces objets bizarres, à mi-chemin entre la sculpture et le dépôt d’ordures, dans le parc du quartier. Ces structures artistiques ont été créées par le projet Assemblages en transition.

Ce projet a été mené par l’artiste plasticienne Ariadna Sar et la Régie de Quartier, qui a financé sa réalisation dans le cadre d’un marché public de la Ville de Grenoble. Le développement technique et conceptuel de cette expérience a été apporté par le fab lab de La Machinerie, portée par la Régie de quartier, un lieu d’invention, de création et de réparation mis à la disposition des habitants, rue des Peupliers. Le projet a comporté plusieurs étapes, notamment une balade avec un caddie pour ramasser les matériaux qui donneront vie à ces structures.

Pour réussir la construction de ces assemblages, un chantier de bricolage à été ouvert pendant l’été 2023 derrière le Patio. Des habitants de tous âges ont participé à l’assemblage de ces formes modulaires avec l’équipe du projet. Cet atelier, sur l’espace public, a permis de constater que ce type d’activité attire les jeunes du quartier.

Avec ces assemblages, il s’agit de porter un regard différent sur les encombrants. Ils ouvrent le dialogue sur la pratique du réemploi dans l’installation artistique et l’invention de nouvelles formes, guidées par une logique de circularité des moyens, vers avenir soutenable. Les assemblages ont aussi permis une expérience pédagogique pour la fabrication des structures de manière simple, inspirées par les constructions géodésiques.

Dans le cadre de la méthodologie de fabrication de ces structures, la mise en condition des différents objets récupérés rend hommage, entre autres, au chariot de supermarché. Élément très présent sur le territoire et d’autant plus utile dans la démarche créative et pratique de collecter et déplacer les matériaux. Les constructions abouties ont aussi l’intention d’ajouter, comme en bas du 60 galerie de l’Arlequin, un peu de poésie dans le quotidien des habitants.


Publié le 18.12.2023 à 16:01

Pour ce deuxième épisode des photos de la Villeneuve, Le Crieur a voulu s’intéresser au lac du quartier. Depuis sa construction en 1973, il a servi de lieu de baignade aux enfants et, parfois, aux adultes, de la Villeneuve. Au moment où la concertation pour le projet de rénovation du lac se termine, voici un petit retour en images sur l’histoire de ce bassin.

S’il y a bien un lieu emblématique de la Villeneuve, c’est son lac. Zone de vie intense en été, endroit de contemplation en hiver, le lac artificiel est un des atouts indéniables du quartier.

Les premières esquisses du projet de parc de la Villeneuve, dessinées en 1969 par le paysagiste Michel Corajoud, semblent déjà comporter un bassin. L’équipe de conception de la Villeneuve s’inspire du lac du Village Olympique de Munich, mais aussi, plus proche de nous, du lac du parc Bachelard.

Avant même sa construction, le lac est prévu comme lieu de baignade, en particulier pour les enfants. Une réunion de l’équipe Villeneuve, en mai 1972, sur la « réalisation d’un lac de faible profondeur », note que le bassin doit être « ouvert à la baignade ». Sa réalisation fut, en revanche, loin d’être aisée. Car à l’emplacement prévu du lac reste une ancienne gravière, sans doute utilisée pour les travaux du Village Olympique puis comblée. Mais des études géotechniques montrent que le sol reste instable. Il est fait appel à une société de Longjumeau pour effectuer un compactage dynamique de la surface du lac et des buttes environnantes : une grue laisse tomber, à intervalles réguliers, une masse de huit tonnes depuis une hauteur de 12 mètres.

Démarré en décembre 1972, le compactage est terminé en février 1973. Le site est alors prêt à accueillir les travaux de construction de la dalle. Mais les premiers habitants, arrivés presqu’un an auparavant, s’impatientent. « Vous comprendrez bien l’urgence de cette opération [de construction du lac] qui par les bénéfices que tireront dans les mois prochains tous les enfants de la Ville Neuve devrait aider la population à patienter sur les finitions des chantiers en cours. », écrit Michel Corajoud en 1973. « Je vous demande donc de précipiter le démarrage des travaux du lac et d’établir les plannings du parc en conséquence. » Les travaux de terrassement, de construction de dalle et de son revêtement commencent en juin 1973 pour se terminer en octobre.

Il est rapidement approprié par les habitants même si des problèmes d’étanchéité et de gestion des déchets s’installent. Puis la baignade est ensuite interdite, sans que cela n’empêche des foules d’enfants de s’y baigner.

Le lac fait l’objet d’un projet de rénovation afin de le rendre officiellement baignable (lire l’article, Le lac baignable, une fausse bonne idée ?). Le projet, vivement contesté par une partie des habitants, a été soumis à une concertation réglementaire qui vient de se terminer. Nuls doute que ses résultats vont être intensément scrutés.

  • Un enfant sur un radeau au beau milieu du lac de la Villeneuve, en avril 1974 (Jean Pottier, Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 1736t001099).
  • Des déchets s’accumulent sur la berge du lac, photo non-datée, vers 1973 (Honoré Parise, La Maison de l’image).
  • Vue aérienne du quartier. Le lac, en eau, est bien visible au centre de la photo, photo non-datée, 1973 (Jean-François Parent, Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 18 FI 702).
  • Le lac en eau juste après sa construction, en octobre 1973 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 616 W 4).
  • Le lac en eau juste après sa construction, en octobre 1973 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 616 W 4).
  • Plan du lac de la Villeneuve signé par l'Atelier d'urbanisme et d'architecture (AUA), plus particulièrement par Enrique Ciriani, Michel Corajoud et Borja Huidobro, mai 1973. On distingue les deux buttes, qui existent toujours, ainsi qu'un projet de passerelle, jamais construite, pour les relier. Le nord est à droite. (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 17 Z 369).
  • Compte-rendu d'une réunion de l'équipe Villeneuve (qui réunit les services techniques de la Ville de Grenoble, la Société d'aménagement du département de l'Isère (SADI), des cabinets de conseil et l'Atelier d'architecture et d'urbanisme) sur le "lac du parc urbain", où sont discutées les possibilités techniques de construire un lac pour la baignade, notamment des enfants, 2 mai 1972. (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 17 Z 368).
  • Plan du compactage dynamique réalisé pour construire le lac de la Villeneuve, de décembre 1972 à février 1973, par la société Louis Ménard, qui existe toujours, janvier 1973. (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 17 Z 370).
  • Des ouvriers terminent la dalle de la pataugeoire de la place Rouge, prolongement du lac de la Villeneuve, photo non-datée, vers 1974 (Honoré Parise, La Maison de l’image).
  • Les buttes et les étendues d’herbe de la Villeneuve transformées en plage, en juillet 1979 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 15 FI 779).
  • Un enfant et son chien naviguent sur un radeau sur le lac de la Villeneuve, photo non-datée (Jean-François Parent, Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 18 FI 533).
  • Des enfants se baignent dans le lac de la Villeneuve, photo non-datée, sans doute 1981 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 3 FI 147).
  • Vue du lac depuis la butte de l'Indien, en 1985 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 3251 W 171).
  • Des familles se retrouvent sur le parvis de la piscine Iris, à côté du lac de la Villeneuve, en septembre 1987 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 15 FI 731).
  • Des enfants se baignent dans le lac de la Villeneuve, en août 1995 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 3251 W 156).
  • Des enfants font du bateau pendant une édition de Villeneuve Plage, en juillet 2019 (Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve).

Publié le 18.12.2023 à 14:02

Au cours de l’année scolaire 2022-2023, la parution de la version papier du Crieur a été pour le moins chaotique. Aucun numéro entre juin 2022 et mars 2023, puis trois numéros, en avril, mai et juin (respectivement sur les commerces, la rénovation urbaine et un portrait de Street Coiff) et puis c’est tout. Bien loin d’un mensuel. Faut dire que depuis plus d’un an, Le Crieur réalise un gros boulot sur l’histoire du quartier, notamment d’archivage et de présentation de photos historiques de la Villeneuve. Plus de recherches mais moins de temps pour publier des articles.

La diffusion de la version papier du média est aussi menacée par la disparition des commerces dans le quartier (lire les n° 35, 64, 66 et 71).

On s’est quand même dit que ça serait bien que le journal continue de paraître parce qu’il y a toujours des sujets à traiter dans le quartier et qu’on n’aura jamais fait le tour de la Villeneuve. On a donc opté pour réduire la production d’articles mais continuer à faire paraître un numéro tous les mois, dix mois par an (sauf donc en juillet et en août), en alternant numéros de photos d’archives et numéros « classiques » avec articles, reportages et enquêtes.

De grandes photos, à ramener chez soi, à découper et à collectionner !

Ce premier épisode de la série est consacrée, actualité oblige, à la piscine Iris, dont les travaux de transformation en halle couverte viennent de commencer.

À l’occasion du début des travaux de transformation de l’ancienne piscine Iris en « Halle des Iris », Le Crieur vous propose un retour en photo sur la piscine du quartier.

Ouverte en 1975, la piscine Iris faisait partie de l’opération « 1000 piscines », lancée en 1969 par le gouvernement, qui visait à couvrir le territoire français, notamment les grands ensembles, de piscines publiques. Plusieurs piscines-types seront conçues, dont les célèbres piscines Tournesol. Une cinquantaine de piscines Iris, dont celle de la Villeneuve, ont été construites en France entre 1973 et 1976. Avec leur toit rétractable, les piscines Iris permettaient un fonctionnement tout au long de l’année.

Des générations d’enfants du quartier ont ainsi appris à nager dans ce bassin. La piscine Iris de la Villeneuve a été fermée en 2015 par la municipalité. Laissée à l’abandon depuis, elle est au centre d’un projet porté par une association, la Halle des Iris, qui vise à la transformer en lieu de bien-être (lire les numéros 25, 37 et 54 du Crieur). La création d’un hammam-sauna fait partie des hypothèses de travail.

Les travaux de la première étape, qui consiste à rénover l’enveloppe pour transformer la piscine en halle non-chauffée, ont commencé en septembre 2023 et sont financés par l’Anru. Une pergola sera également créée, le bassin recouvert et le solarium rénové pour en faire un carré de jardin aromatique. Quatre mois de travaux sont prévus pour un coût de 900 000 €. La halle pourra ainsi être utilisée pour des événements dans le quartier, en attendant que l’argent nécessaire à son aménagement intérieur – bureaux, hammam, espaces à définir – soit réuni. Ce qui sera une autre paire de manches.

  • Le solarium de la piscine, avec en arrière-plan l’Arlequin, en juillet 1979 (Archives municipales et métropolitaines de Grenoble, 15 FI 797).
  • Une vue générale de la piscine avec au fond la copropriété des Hauts-du-Parc et les bâtiments allée de la Colline en cours de construction, en juillet 1979 (AMMG, 15 FI796).
  • Une vue de la piscine avec son extension construite, photo non-datée mais postérieure à 1994 (AMMG, 3251 W 173).
  • Une vue du bassin de la piscine en activité en juillet 1979 (AMMG, 15 FI 798).
  • Le parvis de la piscine en cours d'aménagement avec, à l'arrière-plan, l'Arlequin et le gymnase de la Rampe, en juillet 1975 (AMMG, 3 F 300).
  • Le parvis de la piscine en cours d'aménagement avec, à l'arrière-plan, la copropriété Grand Parc en cours de construction, en juillet 1975 (AMMG, 3 F 300).
  • La piscine Iris vue par l'arrière, vers 1978-1979 (AMMG, 3 F 300).
  • Une vue de la piscine avec son extension construite, photo non-datée mais postérieure à 1994 (AMMG, 3251 W 173).
  • Plan promotionnel de la piscine Iris, date inconnue (AMMG, via Florian Golay, Étude de faisabilité pour la transformation de la piscine Iris, 2019).
  • Photo de la maquette de la piscine Iris, date inconnue. (Ministère de la Jeunesse et des Sports, Équipements sportifs et socio-éducatifs, Éditions du Moniteur, 1972, via Élise Nale, L’État et architecture, le cas des piscines publiques construites en France (1961-1976), 2015).
  • Vue du parvis entre la piscine Iris (à gauche) et le lac (à droite, non-visible), avec au fond l'Arlequin et le gymnase de la Rampe,
  • Des habitants discutent sur des bancs, sur le parvis de la piscine Iris, à droite, avec, au fond, les résidences Ampelopsis et Cascatelles, photo non-datée, vers 1977 (AMMG, 616 W 4).
  • Une femme marche à proximité de la piscine Iris en activité, photo non-datée, vers 1977. Au fond, de gauche à droite, l’École d'architecture, la résidence Grand Parc et l'Arlequin. (AMMG, 616 W 4).
  • Vue des travaux de transformation de l’ancienne piscine Iris, en septembre 2023 (photo : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve)

END

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