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27.09.2025 à 18:31

Quand le néolibéralisme « touche le sol »

danah

Dans la liseuse, le passionnant essai de l’historien marxiste Harry Harootunian, Marx after Marx, History and Time in the Expansion of Capitalism (2015), dans lequel il tire les enseignements d’une vie consacrée à l’étude de la vie sociale et intellectuelle japonaise au XXème siècle pour « déprovincialiser » Marx, en se dégageant d’une explication purement européano-centrée du…

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Texte intégral (1469 mots)

Dans la liseuse, le passionnant essai de l’historien marxiste Harry Harootunian, Marx after Marx, History and Time in the Expansion of Capitalism (2015), dans lequel il tire les enseignements d’une vie consacrée à l’étude de la vie sociale et intellectuelle japonaise au XXème siècle pour « déprovincialiser » Marx, en se dégageant d’une explication purement européano-centrée du capitalisme, au profit d’un ancrage en Asie, Afrique et Amérique Latine.

cup‧columbia‧edu/book/marx-aft

 

 

 

 

 

Cet ouvrage rejoint nombre d’études qui se sont engagées dans cette voie ces dernières années : je songe par exemple au livre de Sandro Mezzadra et Brett Neilson, The Politics of operation, Excavating Contemporary Capitalism, qui m’a bien occupé cet été (et tant d’autres ces dernières années qui m’ont permis de comprendre le caractère polymorphe et hybride du capitalisme, ses capacités à absorber les différentes manières d’habiter le monde, les formes multiples de la violence par laquelle il assujettit environnement et populations pour en extraire la valeur, et les formes tout aussi multiples de résistance qu’il rencontre et engendre.

dukeupress‧edu/the-politics-of

 

 

 

 

EDIT : si vous vous intéressez à la question des théories néolibérales qui ont émergé dans les pays du Global South au XXè siècle, notamment dans la période décolonial, je vous conseille le recueil d’études Market Civilizations: Neoliberals East and South, qui fournit des points de départ pour s’orienter dans ce domaine embarrassant (pour les tenants d’une théorie purement top-down – du genre, les néolibéraux occidentaux qui imposent leurs thèses sur des « dehors » vierges de toute théorie politiques et économiques antérieures. Beaucoup d’intellectuels des colonies ont fait leurs études en Europe notamment, et les versions du capitalisme néolibéral post-colonial émergent la plupart du temps de ces interactions. D’où les variations observables quand le capitalisme ou le néolibéralisme « touchent le sol » en Asie, en Afrique, en Amérique Latine etc.. Le capitalisme japonais n’est pas le capitalisme chinois qui n’est pas le capitalisme à l’indonésienne ou le capitalisme au Chili etc… Ces différences se fabriquent dans le croisement de l’histoire et de la géographie locales, mais relèvent aussi des productions intellectuelles locales.

press‧princeton‧edu/books/hard

 

Toujours aussi fasciné par la richesse de l’œuvre de Marx, qui se déploie au fur et à mesure de la publication de ses textes, et les fruits qu’on peut tirer de ses observations notées sur un carnet, des intuitions qui émerge de son inlassable curiosité.

 

Un extrait (traduit vite fait) de l’introduction :

« La théorie sociale moderne n’a pas seulement cherché à protéger le présent des contaminations du passé historique en les dissociant définitivement, dans la pure tradition moderniste, dans la mesure où le présent capitaliste était reconnu comme ayant déjà absorbé ses antécédents. En faisant appel à une logique binaire d’oppositions telles que moderne et prémoderne, avancé et arriéré, rationnel et irrationnel, voire à des différenciations géographiques entre l’Occident et l’Orient, la contrainte de cette organisation dyadique a rendu obligatoire de considérer le passé comme un continent historique dont le présent moderne devait désormais se séparer et qu’il devait éliminer, car il ne pouvait y avoir de mélange adultéré ou de signes persistants d’un passé survivant. Le souvenir de ces vestiges serait immédiatement considéré comme une interférence (ou une contradiction rétrograde) avec la modernité ou le capitalisme. Une façon d’empêcher la « contagion » de l’histoire de s’insinuer dans le présent moderne était de considérer celui-ci, ainsi que son autre non-moderne, le passé, comme appartenant à des registres temporels différents, même s’ils pouvaient paradoxalement être immanents l’un à l’autre ou simplement coexister chronologiquement. À cet égard, la théorie sociale moderne et sa traduction en sciences sociales opérationnelles semblaient excessivement désireuses de maintenir le présent à distance et à l’abri de la contamination historique que représentait le passé.

(…)

Ce que propose l’appel à la conceptualisation marxiste de la subsomption formelle, c’est une issue à la fois à la vulgate marxiste et aux récits historiques bourgeois modernisateurs contraints de remplir les agendas téléologiques du capitalisme qui ont prétendu à une trajectoire unique partout dans le monde. Une telle perspective nous oblige à prendre en compte la nécessité concomitante de voir l’« efficacité » des pratiques et des institutions, ainsi que le rôle joué par les temporalités inégales produites par l’incorporation et la métabolisation des passés dans le présent. À cet égard, les multiples exemples de la manière dont la logique du développement a été pensée et médiatisée par une réflexion approfondie sur les circonstances historiques héritées et les conditions locales contemporaines ont révélé la forme possible d’une histoire mondiale que Marx avait annoncée plus tôt et qui restait à écrire. La très grande inégalité partagée par différents présents remet en question l’affirmation illusoire de l’inévitable accomplissement du capitalisme partout dans le monde et ses prétentions à l’uniformité, et incite à considérer les exemples attestant de résistances réussies aux formes dominantes du capitalisme au-delà de l’Euro-Amérique. L’attention portée aux différentes façons dont le capitalisme s’est développé dans des lieux et à des moments singuliers et spécifiques confirme la décision de Marx de privilégier la scène mondiale reflétée dans la formation du marché mondial comme principe organisateur principal dans la conception de toute histoire mondiale possible. L’examen des différences indiquées par les différentes histoires, comme l’ont proposé les philosophes de Kyoto avant la Seconde Guerre mondiale, et les combinaisons inégales de vestiges capitalistes et précapitalistes exigeaient de prendre en compte leurs histoires singulières et spécifiques, dont les significations échappaient aux contaminations de la « raison de l’histoire » afin de restaurer la contingence dans le texte historique. Si le capitalisme n’a pas réussi à contrôler complètement le mélange inégal, les pratiques et les institutions incarnant les différentes temporalités historiques qu’il a conservées du passé pour servir la poursuite de la valeur, c’est parce qu’il avait besoin de produire de l’inégalité comme condition de sa propre pérennité. »

(Harry Harootunian, Marx after Marx, History and Time in the Expansion of Capitalism (2015)

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27.09.2025 à 18:28

Cette ville où je vis

danah

Choses vue et entendues ce matin à la promenade en ville (les rues au-dessus de chez moi) (ce pourquoi j’adore cette ville) Une dame qui nettoie le pare-brise de sa voiture avec une éponge – j’ai à peine le temps de dire bonjour (on ne se connaît pas), elle m’explique : « J’ai bien fait d’attendre…

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Texte intégral (585 mots)

Choses vue et entendues ce matin à la promenade en ville (les rues au-dessus de chez moi)

(ce pourquoi j’adore cette ville)

Une dame qui nettoie le pare-brise de sa voiture avec une éponge – j’ai à peine le temps de dire bonjour (on ne se connaît pas), elle m’explique : « J’ai bien fait d’attendre l’orage avant de nettoyer les crottes de pigeon ! Maintenant, avec ce qui est tombé hier, elle est propre comme un sou neuf. J’ai juste à fignoler ! »

Un peu plus loin, par la fenêtre d’un de ces très chouettes logements sociaux (des immeubles bourgeois restaurés par les offices HLM qui ont fière allure – pas de gentrification ici), une voix un peu cassée, un peu traînante, au téléphone (je tends l’oreille) : « Ce matin j’étais allé chercher mon pain tranquillement et ça s’est bien passé, tu vois, j’étais pas excité. Je crois que c’est la bonne dose non ? »

Plus bas, en empruntant un des innombrables escaliers qui se faufilent entre les ruelles, j’entends ahaner et pester : un monsieur, casquette vissée sur la tête, qui fait une pause en soufflant fort en me croisant. Je lui fais : « elle est dure cette ville hein ! Vous venez de tout en bas ? » Lui : « Oui. C’est là qu’on se dit qu’on a bien vieilli »

Et, dans une courette, je vois un jeune homme en survêtement se glisser hors d’une fenêtre du deuxième étage, et avec une souplesse étonnante, descendre en prenant des appuis gracieux sur une poutre en bois, puis un affleurement rocheux avant de se laisser tomber, en arrivant sur ses deux jambes, sur le trottoir, et repartir tout joyeux comme si c’était là une manière tout à fait normale de se déplacer dans la ville (je connais cette fenêtre : il y a deux jeunes adolescentes qui s’y montrent parfois et que je salue quand je vais promener Iris : un rendez-vous galant peut-être ? Mais aussi, éventuellement, puisque je connais ce jeune homme pour le croiser tous les jours et que j’ai eu vent de ses activités la livraison d’une marchandise illicite ? Ou bien les deux !)

Ensuite, forcément, les chats du quartier qui viennent quémander leur câlin quotidien à grands renforts de miaou – ça grince un peu dents parce que je n’ai que deux mains et qu’ils sont trois. Doucement les loustics ! Y’en aura pour tout le monde !

Note : cette nuit, les militants du 10 septembre ont collé leur affiches (sur les poubelles). L’une d’elle est franchement très réussie. Et surtout, pas de slogan « dégagiste », pas de « machin dehors ». Pas mal !

Si vous êtes curieuses ou curieux de savoir à quoi ressemble cette ville, je prends régulièrement des photographies que je présente en vrac ici :

outsiderland.com/photography/i

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27.09.2025 à 18:23

La responsabilité inter-générationnelle (avec Stephen Gardiner)

danah

« Il y a quelque chose d’immoral, qu’une génération ne pense pas à la génération suivante, qui lui impose, sans lui dire, de payer » Oui, François Bayrou, comme souvent, tu trouves les mots justes. C’est exactement ce que à quoi nous nous employons, chaque jour que le diable fait sous le régime du capitalocène (ou de…

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Texte intégral (906 mots)

« Il y a quelque chose d’immoral, qu’une génération ne pense pas à la génération suivante, qui lui impose, sans lui dire, de payer »

Oui, François Bayrou, comme souvent, tu trouves les mots justes. C’est exactement ce que à quoi nous nous employons, chaque jour que le diable fait sous le régime du capitalocène (ou de l’anthropo-obscene pour reprendre la formule d’Erik Swyngedouw) : nous fabriquons avec zèle un monde qui devient chaque jour de plus en plus inhabitable, et nous en laissons le fardeau aux générations qui nous succéderont (certaines sont déjà de ce monde, ce sont nos enfants, et d’autres ont déjà péri, notamment dans les zones de sacrifice de l’extraction globale)

Stephen Gardiner, dans un chapitre stimulant du recueil : Climate Ethics. Essential Readings, Oxford University Press, USA (le texte date de 2010), proposait un calcul moral apocalyptique (qui montre évidemment les accablantes limites de l’approche utilitariste, mais passons..)

« 1. le changement climatique n’est pas un phénomène statique. En n’agissant pas de manière appropriée, la génération actuelle ne se contente pas de transmettre un problème existant aux générations futures ; elle l’aggrave. D’une part, elle augmente les coûts de la lutte contre le changement climatique : ne pas agir maintenant accroît l’ampleur du changement climatique futur et de ses effets. D’autre part, elle augmente les coûts d’atténuation : ne pas agir maintenant rend le changement plus difficile car cela permet d’investir davantage dans les infrastructures basées sur les combustibles fossiles dans les pays développés et surtout dans les pays moins développés. Par conséquent, l’inaction augmente les coûts de transition, rendant les changements futurs plus difficiles que les changements actuels. Enfin, et c’est peut-être le plus important, la génération actuelle n’aggrave pas le problème de manière linéaire. Au contraire, elle accélère rapidement le problème, puisque les émissions mondiales augmentent à un rythme considérable (…)

2, une action insuffisante peut faire souffrir inutilement certaines générations. Supposons qu’à l’heure actuelle, le changement climatique affecte gravement les perspectives des générations A, B et C. Supposons ensuite que si la génération A refuse d’agir, l’effet se poursuivra plus longtemps et nuira aux générations D et E. L’inaction de la génération A peut alors s’aggraver de manière significative. En plus de ne pas aider les générations B et C (et probablement aussi d’augmenter l’ampleur des dommages qui leur sont infligés), la génération A nuit maintenant aux générations D et E, qui seraient autrement épargnées. D’un certain point de vue, cela pourrait être considéré comme particulièrement grave, puisqu’on pourrait dire que cela viole un principe moral fondamental : « Ne pas nuire ».

3, l’inaction de la génération A peut créer des situations où des choix tragiques doivent être faits. Une génération peut mal agir si elle met en place un ensemble de circonstances futures qui obligent moralement ses successeurs (et peut-être même elle-même) à faire souffrir d’autres générations, soit inutilement, soit plus qu’elles ne l’auraient fait autrement. Supposons, par exemple, que la génération A puisse et doive agir maintenant pour limiter le changement climatique de manière à ce que la génération D soit maintenue en dessous d’un certain seuil climatique crucial, mais que tout retard signifie qu’elle franchira ce seuil. Si le dépassement du seuil impose des coûts importants à la génération D, sa situation peut être si désastreuse qu’elle est obligée de prendre des mesures qui nuiront à la génération F – comme l’émission d’encore plus de gaz à effet de serre – qu’elle n’aurait pas eu besoin d’envisager autrement. Ce que je veux dire, c’est ceci. Dans certaines circonstances, des actions qui nuisent à d’autres personnes innocentes peuvent être moralement autorisées pour des raisons de légitime défense, et de telles circonstances peuvent se présenter dans le cas du changement climatique. L’affirmation est donc la suivante : s’il existe une exception de légitime défense à l’interdiction de nuire à des tiers innocents, la génération A peut se comporter mal en créant une situation telle que la génération D est obligée de faire appel à l’exception de légitime défense et inflige ainsi des souffrances supplémentaires à la génération F. De plus, comme dans le cas du PIP (pure intergenerational problem) de base, ce problème peut devenir itératif : peut-être que la génération F doit elle aussi faire appel à l’exception de légitime défense et infliger ainsi des dommages à la génération H, et ainsi de suite. »

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27.09.2025 à 18:20

Naturaliser les souffrances psychiques – encore un délicieux exemple

danah

Un bel exemple (vaguement dégueu aussi, faut l’admettre) de naturalisation de nos souffrances psychiques – avec ce titre prometteur : « Pourquoi nourrir le microbiote intestinal pourrait résoudre la dépression et l’anxiété ? »‘ À lire ici dans Nature (hé oui, c’est donc du sérieux, relu par les pairs !) Alors déjà, le mot important dans le…

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Texte intégral (881 mots)

Un bel exemple (vaguement dégueu aussi, faut l’admettre) de naturalisation de nos souffrances psychiques – avec ce titre prometteur : « Pourquoi nourrir le microbiote intestinal pourrait résoudre la dépression et l’anxiété ? »‘

À lire ici dans Nature (hé oui, c’est donc du sérieux, relu par les pairs !)

Alors déjà, le mot important dans le titre c’est « pourrait », parce que, à lire l’article, il n’y a rien de garanti quand même. On en serait plutôt au stade de l’hypothèse pas claire et de la plus grande confusion. Mais bon. C’est prometteur de « RÉSOUDRE » la dépression et l’anxiété. Il y a des financements à récupérer. Peu importe si, dans les faits, on nagedans la plus grande incertitude.

Et donc, la naturalisation, tellement radicale qu’elle en devient comique (involontairement). Qu’on comprenne bien ce que j’entends par naturalisation : c’est l’effacement total de toute ébauche de récit, comme si la dépression, l’anxiété (??), et toutes les autres pathologies lancées au petit bonheur la chance dans cette étude (la bipolarité, les TOC, tout y passe, on ne sait jamais, avec un peu de bol, on va taper juste), comme si toutes ces pathologies (quoiqu’on entende par là), n’avaient absolument rien à voir avec l’existence, la biographie, la vie sociale, affective, les accidents de la vie etc etc.. Pas un mot qui rattache les patients aux récits qu’ils pourraient produire si on les écoutaient cinq minutes (or, moi je suis un vieux con, je persiste à penser qu’on est composé tout autant de récits et de pensées que de microbes, c’est ringard hein ?).

La réalité, c’est que ces pathologies dont parlent ici les biologistes n’existent que comme effets des psychotropes – on reconnaît la dépression à l’effet de l’antidépresseur et l’anxiété à l’efficacité de l’anxiolytique.

Bref. Du bullshit. Mais qui rapporte éventuellement beaucoup d’argent. Et mérite une publication dans Nature. Et rassure un certain nombre de patients qui aimeraient tellement seulement être « malades » comme on souffre d’une grippe qu’on a attrapé, ou d’une anomalie cérébrale, d’un gêne défaillant (notez que l’anomalie ou la défaillance n’a de sens qu’à se distinguer d’une norme – ce qu’on ne prend pas la peine d’essayer de penser – la biopsychologie ne prend pas la peine d’essayer de penser de manière générale, en dehors de son domaine si pauvre en pensée – l’exclusion du social, de la parole, de l’affect, du monde et de l’histoire, pour tout dire, est la condition initiale de l’établissement du laboratoire et garantit la scientificité – le scientifique parle soit-disant « de nulle part » – son discours n’est prétendument pas « situé », mais « objectif » – bien qu’il le soit, situé, évidemment, et pas qu’un peu !).

Bon, je prends cet exemple parce qu’il est amusant. Mais on pourrait en prendre dix mille autres dans la littérature « scientifique ».

Réduire l’esprit à la flore microbiotique intestinale. Les scientistes se caressent en y songeant. Le rêve de l’individu néolibéral contemporain. Et ça marche : on espère tant de ces promesses. Pas de récits, pas de paroles, mais des substances magiques qui feront taire la souffrance.

Ne nous y trompons pas. Cela n’a rien d’anodin. Ce qui s’est joué ces dernières décennies avec le remplacement de l’esprit et de l’âme par le cerveau, la conquête par les sciences de la nature du dernier continent qui restait à conquérir, l’intériorité, c’est la production de la subjectivité contemporaine – qui se confond sans peine avec l’individu-marchandise néolibéral, cybernétique. On a littéralement vidé l’esprit, et on s’étonne aujourd’hui d’être aussi cons. On pousse des grands cris d’orfraie devant les IA, sans s’inquiéter du fait qu’on est déjà devenu, qu’on est déjà pensé, qu’on se pense déjà, comme des IA.

La violence de l’existence sous le régime capitaliste ? Le travail qui pressure les corps et les esprits ? La cruauté des impératifs de réussite ? La précarité et les dettes qui vous rongent ? Pensez-donc ! Vous n’allez tout de même pas « politiser » les souffrances psychiques ? Non, c’est juste une histoire de synapses, de neurones et de flore macrobiotique.

Mais combien d’entre vous rêvent de guérir du malheur de vivre en bouffant des compléments alimentaires ? On a le monde qu’on mérite après tout.

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