30.07.2025 à 06:00
Martinets et hirondelles : victimes des canicules et de la loi Duplomb
Maureen Damman
Les martinets et les hirondelles sont deux espèces d’oiseaux particulièrement menacées par le réchauffement climatique et ses épisodes caniculaires. Elles sont également victimes de l’érosion de la biodiversité, accélérée par les pratiques agro-industrielles encouragées par la loi Duplomb. Entre canicules et épisodes de sécheresse, le tout sur fond de changement climatique, de nombreuses espèces d’oiseaux […]
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Les martinets et les hirondelles sont deux espèces d’oiseaux particulièrement menacées par le réchauffement climatique et ses épisodes caniculaires. Elles sont également victimes de l’érosion de la biodiversité, accélérée par les pratiques agro-industrielles encouragées par la loi Duplomb.
Entre canicules et épisodes de sécheresse, le tout sur fond de changement climatique, de nombreuses espèces d’oiseaux – en particulier les espèces dites cavernicoles (qui nichent dans les cavités, sous les toits ou dans les bâtiments) – sont menacées.
Les conséquences sont particulièrement dramatiques pour les martinets et les hirondelles, deux espèces déjà fragilisées par la raréfaction des insectes, les modifications de leurs habitats et l’impact des pesticides.
Le martinet : un oiseau méconnu
Hirondelles et martinets sont souvent confondus. Pourtant, le martinet, appartenant à la famille des Apodidés, regroupe plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs : le plus commun, le martinet noir, le martinet à ventre blanc, dit aussi martinet alpin, et le martinet pâle, présent seulement en région méditerranéenne.
Ces oiseaux formidables passent très peu de temps au sol. Une étude de la station ornithologique suisse de Sempach a d’ailleurs enregistré un spécimen qui est resté plus de six mois sans se poser (source : Science et avenir). Les martinets noirs spécifiquement, passent presque 99 % du temps en vol, en dehors des périodes de reproduction, ce qui peut représenter un vol continu de dix mois.
Ce « voleur fou » est capable de boire en vol, simplement en ouvrant légèrement le bec… et en rasant l’eau, se reproduit en vol, ou encore, trouve de quoi fabriquer son nid… en vol. Pour dormir, très simple : il se laisse tomber dans les airs, en faisant dormir successivement l’hémisphère droit puis le gauche.
Les martinets noirs, principales victimes de la chaleur
Tandis que les martinets affluent en France de mai à juillet, le centre de soins de Pont de Gau dans la réserve naturelle de Camargue a dû fermer ses portes aux nouveaux arrivants à cause de leur trop forte affluence, selon France 3 PACA.
En cause : les températures pouvant avoisiner les 40 à 60 degrés sous les toits, transformant les nids en mouroir. En fuyant la chaleur, les oisillons risquent la mort quasi certaine : chute, épuisement ou prédation par les chats.

Les canicules assassinent les martinets
Il y a 10 ans, l’épisode caniculaire de juillet 2015 était une hécatombe : des centaines de jeunes martinets noirs avaient été recueillis partout en France, dépassant la capacité des centres de soins, un phénomène qui se répète tragiquement à chaque nouvelle vague de chaleur. Marine Vannier, responsable du centre de soins de Pont de Gau, explique :
« Les martinets nichent sous les tuiles, ils meurent de chaud et les petits se jettent du nid. On les ramasse par terre après »
Elle ajoute : « dimanche, on a accueilli une quarantaine de martinets. On a atteint des chiffres records, c’est démesuré. Ça a commencé dans la semaine, et ça n’a fait qu’augmenter. Il y a eu des années chaudes avec beaucoup d’accueils, comme en 2022, mais à ce niveau, c’est la première fois. » De fait, même si, par chance, la chute du nid n’entraîne pas de blessure particulière, les petits sont condamnés car leurs parents ne sont plus en mesure de s’en occuper.
Le problème avec ses pics de chaleur extrême, c’est la période et la récurrence. La reproduction des martinets a lieu entre mai et juillet, période durant laquelle un épisode caniculaire peut leur être fatal. « Lorsque cela arrive en août, les conséquences ne sont pas les mêmes », explique Marine Vannier. Effet papillon, les oisillons sont souvent très déshydratés à leur arrivée au centre et il est parfois trop tard.
Les hirondelles : la triple peine !

Les hirondelles, oiseaux migrateurs qui installent leurs nids dans des habitations comme les granges et les étables, sont aussi en difficulté depuis plusieurs années. Il en existe plusieurs espèces, à savoir – les plus connues – l’hirondelle de fenêtre et l’hirondelle rustique – mais aussi l’hirondelle rousseline, de rocher ou de rivage, plus difficiles à observer.
Malgré l’arrêt ministériel de 2009 pour les protéger, elles demeurent en situation de « préoccupation mineure » selon le classement de l’UICN, et certaines associations comme la LPO organisent chaque année un programme de comptages des nids d’hirondelles pour mieux identifier leur population.
Des effectifs en chute libre
D’après l’article Hirondelles un symbole de printemps en danger, paru sur le site de l’OFB, les hirondelles ont vu leurs effectifs chuter : baisse de 42 % pour l’hirondelle de fenêtre et de 8 % pour l’hirondelle rustique depuis 1989 selon le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) coordonné par le Muséum national d’Histoire naturelle et la LPO.
En cause : une baisse de la ressource alimentaire par l’emploi d’insecticides (que pourtant la loi Duplomb veut promouvoir), la destruction directe des nids dans les vieilles constructions (pourtant passible d’une amende de 150 000 euros et 3 ans d’emprisonnement). L’hirondelle de fenêtre, spécifiquement, est inscrite sur la Liste Rouge des espèces menacées en France. Son statut, déterminé selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), est passé de « peu concerné » (Low Concerned) en 2008 à « quasi-menacé » (Near Threatened) en 2016.
Un effet boule de neige qui aggrave la situation
Leur caractère cavernicole les pousse à nicher dans de vieilles bâtisses pour y construire des nids à base de boue, réutilisés d’une année à l’autre. De la même manière que les martinets, les hirondelles vont subir de plein fouet les épisodes de fortes chaleurs ; des épisodes aggravés par la raréfaction des insectes, leur principale source de nourriture, bombardés d’insecticides en période estivale. Les adultes peuvent aussi être contraints d’abandonner leur couvée si la température excède le seuil de tolérance à la chaleur, ou si la déshydratation devient trop forte.
In fine, ces périodes de chaleur empêchent les hirondelles de constituer les réserves de graisse nécessaires à leur migration, augmentant la mortalité lors de leur périple vers le continent africain. De plus, quand les jeunes oisillons, entassés dans les nids lors de canicules, tentent de prendre l’air pour éviter la suffocation, les plus faibles tombent souvent au sol et succombent aux prédateurs.
« Les martinets vont généralement utiliser les grands bâtiments pour faire leurs nids, mais ce n’est pas le cas des hirondelles qui fabriquent leurs propres nids avec de la boue. Et la sécheresse fragilise les nids, qui peuvent se casser, entraînant la chute des juvéniles »
C’est ce qu’explique Laure Labarthe, directrice du centre Paloume. « La sécheresse peut aussi conduire les adultes à parcourir des kilomètres pour trouver de la boue, ce qui les épuise et les empêche de nourrir correctement leurs petits », ajoute-t-elle.
Autres espèces touchées
Outre les martinets et les hirondelles, d’autres espèces, comme le merle noir, le moineau domestique ou le rouge-queue noir, sont également cités comme particulièrement exposés à cette mortalité accrue liée à la chaleur excessive, en raison de leurs habitudes de nidification sous les toitures et dans les cavités maçonnées. Chez les hirondelles de fenêtre comme chez les moineaux, la désorganisation des soins parentaux, la déshydratation et l’échauffement des nids mènent à la perte d’un grand nombre de poussins.
Le moineau, déjà en difficulté du fait de la compétition alimentaire, « inféodé aux milieux urbains » comme le souligne cet article du CNRS est fortement menacé : « il dépend des hommes pour son habitat et sa nourriture en ville, indique Frédéric Angelier, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC), il est de ce fait confronté à toutes les transformations, parfois agressives, de cet environnement. »
De plus petite taille que la moyenne, les moineaux des villes ont pourtant une moindre adaptation à celle-ci. En cause, le déclin des insectes, en lien avec la loi Duplomb; une réalité qui rappelle, une fois encore, l’interdépendance de tout le vivant.
– Maureen Damman
Photo de couverture par Hans Schwarzkopf de Pixabay
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Loi Duplomb : récit d’un sabotage démocratique
Simon Verdiere
Au début du mois de juillet 2025, la loi Duplomb a été votée par la majorité de l’Assemblée nationale après une alliance entre la droite et l’extrême droite. Au-delà des reculs environnementaux considérables contenus dans ce texte, c’est également le processus d’adoption, très contestable, qui interroge. Analyse. Non contents d’avoir contourné le débat grâce à […]
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Au début du mois de juillet 2025, la loi Duplomb a été votée par la majorité de l’Assemblée nationale après une alliance entre la droite et l’extrême droite. Au-delà des reculs environnementaux considérables contenus dans ce texte, c’est également le processus d’adoption, très contestable, qui interroge. Analyse.
Non contents d’avoir contourné le débat grâce à un stratagème peu connu, les fidèles d’Emmanuel Macron et le Rassemblement national semblent maintenant faire fi d’une importante pétition contre ce projet, qui approche doucement des deux millions de signatures. Dans ce contexte, l’absence de moyen d’intervention citoyenne dans la fabrication de la loi pose un véritable problème démocratique. Retour sur ce scandale environnemental et démocratique.
Un danger environnemental certain
Avant toute chose, il convient de rappeler que cette fameuse loi Duplomb semble tout droit sortie de l’agenda de la FNSEA, syndicat de l’agro-industrie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son instigateur vient lui-même de ce milieu. Ignorant toute considération environnementale et sanitaire, le projet défend les intérêts d’une minorité de grandes exploitations prêtes à tout pour engendrer le plus de profits possible.
Si la réintroduction de certains pesticides a fait les gros titres, il ne s’agit pas de la seule mesure polémique contenue dans ce projet. En effet, la loi consacre aussi les méga-bassines comme « d’intérêt public majeur », ce qui signifie qu’elles pourront désormais être bâties dans des zones où nichent des espèces protégées. Ces constructions ont pourtant déjà démontré leur caractère nocif pour la planète.
Mais ce n’est pas tout : le texte va également faciliter l’installation d’élevage intensif par l’abaissement des seuils de contrôles des exploitations, et il placera la police de l’environnement sous la tutelle des préfets, énième procédé anti-démocratique.
Le scandale du « 49.3 parlementaire »
À l’origine, puisque cette loi venait du Sénat, il incombait donc à l’Assemblée nationale d’en débattre, voire de l’amender, avant qu’elle puisse être adoptée définitivement. Or, toute la droite, avec la complicité du Rassemblement National, a usé d’un stratagème pour tout simplement éviter cette confrontation avec la gauche.
Ainsi, elle a déposé une motion préalable de rejet sur sa propre proposition qu’elle a votée elle-même. Dans ce cas de figure, le texte est directement envoyé en commission mixte paritaire, un petit groupe de députés et de sénateurs, sélectionnés de manière restreinte, pour tenter de trouver un accord.
À l’Assemblée Nationale, le droit de l’environnement face au « 49.3 parlementaire »
— AlterMedia (@altermedias.skyfleet.blue) 2025-06-11T09:33:15.084Z
En large supériorité au Sénat, la droite a reçu l’appui du Rassemblement national pour ne pas donner son mot à dire à la gauche au sein de cette formation réduite. Au bout du compte, la loi a finalement été votée par la majorité de l’assemblée sans avoir pu être débattue ou modifiée. Un processus qualifié de « 49.3 parlementaire » par la gauche qui avait d’ailleurs déposé une motion de censure pour protester. Mais le gouvernement Bayrou avait alors une nouvelle fois été sauvé par le Rassemblement National.
Une pétition qui fait l’effet d’une bombe
Face à la dangerosité du texte et de ce processus anti-démocratique, Éléonore Pattery, une étudiante en sécurité environnementale, a déposé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale contre ce texte qu’elle considère anticonstitutionnel (le conseil devra d’ailleurs se prononcer sur cette question avant le 10 août 2025).
Or, à la surprise générale, des centaines de milliers de citoyens se sont mobilisés pour signer cet appel, portant le total de ses soutiens à plus de 1,8 million. Une bombe médiatique qui a obligé la classe politique à réagir sur le sujet.
Un débat, mais pas de réexamen ?
Comme l’explique le site de l’Assemblée nationale, cette pétition n’est cependant guère contraignante : « Après attribution de la pétition à une commission, les députés de la commission désignent un député-rapporteur qui propose ensuite soit d’examiner le texte au cours d’un débat faisant l’objet d’un rapport parlementaire, soit de classer la pétition. La Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut également décider d’organiser un débat en séance publique sur une pétition ayant recueilli au moins 500 000 signatures, issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer. »
Un débat pourrait donc avoir lieu au Palais Bourbon sur le sujet, mais ce débat n’aura aucune portée légale. Si les députés pourront enfin exprimer leur point de vue à la tribune, les élus ne pourront « en aucun cas revenir sur le texte voté », comme l’a martelé Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, également députée de la majorité présidentielle.
Déni démocratique
Cette situation met donc bien en lumière l’absence totale de leviers participatifs en France pour intervenir dans la fabrication de la loi. Une fois les élus désignés, ceux-ci sont entièrement libres de légiférer sans contrôle citoyen , sans consultation populaire et sans contrainte, comme en témoigne également l’épisode de la réforme des retraites.
Pourtant, dans une véritable démocratie, un tel nombre de signataires pourrait a minima enclencher un processus de référendum, comme le référendum d’initiative citoyenne (RIC), réclamé notamment lors du mouvement des Gilets Jaunes en 2018. On peut d’ailleurs grincer des dents lorsque l’on repense aux prétendues volontés d’Emmanuel Macron d’organiser un référendum. Étrangement, il existe peu de doute sur le fait qu’il n’appelle pas le peuple aux urnes sur des sujets aussi discutés que la réforme des retraites ou cette loi Duplomb.
Un mépris de la population
Face à cette opposition, le sénateur Duplomb, connu pour son climato-scepticisme à l’origine de la loi a, par exemple, estimé que la gauche faisait « peur à tout le monde », un propos paradoxal de la part d’un membre d’un parti qui entretient régulièrement un discours alarmiste sur l’insécurité et l’immigration. Emmanuel Macron a déploré « entendre des choses un peu simplistes ». À l’extrême droite, Marine Le Pen a dénoncé les « mensonges » accompagnant cette pétition, tout comme le député RN Julien Odoul qui assure que le pesticide n’est « pas nocif » et le texte est « truffé de mensonges et instrumentalisé par les réseaux d’extrême gauche ».
En d’autres termes, les citoyens seraient, selon eux, inaptes à saisir la situation, guidés par leurs angoisses et par des contre-vérités. Une belle illustration de la « pensée complexe » et du mépris de certains représentants politiques envers des citoyens jugés incapables de comprendre dès lors que leurs choix s’opposent aux intérêts du capitalisme agro-industriel.
Une nécessaire refonte
De fait, une telle situation nous rappelle à quel point la population française est étouffée par son manque de respiration démocratique. La cinquième république, ultra-verrouillée et dépassée, offre la quasi-intégralité des pouvoirs au président et aux députés majoritaires.
Dans ce contexte, le peuple doit lui se contenter de voter une fois tous les cinq ans pour des élus qui ne seront, en pratique, soumis à aucune obligation de rendre des comptes ni aucune obligation d’appliquer leur programme politique. De quoi décourager de participer aux scrutins, ce qui en définitive finit par favoriser toujours plus les grands défenseurs de ce système à bout de souffle.
Pour autant, cette mobilisation populaire sur la loi Duplomb a de quoi nous remémorer qu’il existe encore en France de nombreux opposants à ce fonctionnement. Un appel au blocage du pays a d’ailleurs déjà été lancé pour le 10 septembre prochain. De quoi rendre un peu d’espoir à ceux qui aimeraient voir la situation évoluer.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Laurent Duplomb, sénateur de la Haute-Loire depuis 2017.
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Moyen-Orient : le projet capitaliste et colonial de Trump et Netanyahu
Mr M.
Faire de Gaza une « Riviera », selon les mots de Trump, sans aucune trace de cynisme, illustre l’écart absurde entre les ambitions géopolitiques et la réalité génocidaire sur le terrain. Entre Israël et les États-Unis, c’est l’amour, le vrai. Trump, en chef d’orchestre de la Pax Americana, donne le ton des cessez-le-feu orchestrés au […]
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Faire de Gaza une « Riviera », selon les mots de Trump, sans aucune trace de cynisme, illustre l’écart absurde entre les ambitions géopolitiques et la réalité génocidaire sur le terrain. Entre Israël et les États-Unis, c’est l’amour, le vrai. Trump, en chef d’orchestre de la Pax Americana, donne le ton des cessez-le-feu orchestrés au Moyen-Orient.
Trump, qui n’est plus à une contradiction près, affirme : « 1,8 million de personnes doivent quitter cette zone-là, parce que ce ne sera jamais la paix et qu’il y aura toujours des bombardements. Qu’ils aillent dans d’autres pays comme l’Égypte ou la Jordanie. » Ce à quoi répond son acolyte de longue date côté Israël : « Les US prendront le contrôle de la bande de Gaza et nous y ferons aussi du bon travail ».
Quelles sont vraiment les ambitions des deux pays pour le Moyen-Orient ? Bien qu’ils donnent l’impression d’un projet commun, Trump exprime le contraire.
Le cas iranien
« Si l’on met de côté les “experts” médiatiques mobilisés par Israël et ses soutiens en Occident – annonçant depuis près de 40 ans que l’Iran serait “à quelques mois d’avoir la bombe”, la majorité des spécialistes estiment qu’il faudrait un à cinq ans à Téhéran pour parvenir à un tel résultat », rappelle Le Monde diplomatique de juillet 2025, (p.7).
Pourtant, la directrice nationale du renseignement national américain, Mme Tulsi Gabbard, reconnaissait que l’Iran avait considérablement augmenté ses capacités balistiques conventionnelles, mais rejetait l’idée d’un engagement dans la production d’une bombe, ce que Trump contredit sans fondement deux mois plus tard.
À l’inverse, Israël disposerait de 90 têtes nucléaires, selon Le Monde diplomatique toujours, mais les sources divergent sur les chiffres, puisqu’il n’y en pas d’officielles.
Un ennemi pour nous rassembler tous ?
En ouvrant un nouveau conflit, l’État d’Israël se stabilise face à un ennemi commun, par peur des bombardements et de la guerre. Quoi de mieux pour un dirigeant fortement contesté pour ses politiques belliqueuses qu’une union sous les bombes ? Cet épisode de guerre iranienne lui a même valu un regain de popularité, selon un article d’Europe 1. Il a « réussi l’exploit d’empêcher toute enquête officielle sur les dysfonctionnements de l’armée et des services de sécurité à la veille des attaques du 7 octobre 2023 ».
Entre l’occupation du Liban, de la Palestine dont Gaza et la Cisjordanie, et l’appel des iraniens à la révolte contre leur dirigeant, n’excluant pas l’élimination du guide suprême, Israël n’a pas froid aux yeux dans ce contexte géopolitique tendu. Mais ce n’est là qu’une pratique courante – d’abord côté américain avec l’assassinat de Saddam Hussein – mais aussi côté israélien, lors de l’assassinat du chef du Hezbollah libanais tué dans un bombardement iranien.
« Le concept de changement de régime par la force est désormais brandi par Israël pour tordre le bras des pays arabo-musulmans qui continuent de refuser toute normalisation tant que la question palestinienne n’aura pas été réglée de manière équitable. » (source : Le Monde diplomatique, de juillet 2025).
Comprendre : il sera très dur pour l’État d’Israël de se faire entendre et respecter tant qu’il ne respecte pas l’État Palestinien, comme le montre l’Algérie « qui serait prête à normaliser ses relations avec Israël le jour même où il y aura un État palestinien». L’Égypte, sous le joug du dictateur Abdel Fattah al-Sissi, a même signé un accord de paix avec Tel Aviv, bien que la population demeure tout de même très hostile envers l’État hébreu, qui se qualifie de « seule démocratie du Proche-Orient ».
Le fait que l’État d’Israël s’appuie sur des dictateurs pour conclure des accords de paix bon marché montre qu’il a en réalité besoin de ces régimes autoritaires, même s’ils sont officiellement considérés comme des ennemis.
Trump : une autre vision ?
Malgré les annonces scandaleuses de Trump sur l’idée de faire de Gaza la Riviera du Moyen-Orient, il négocie en ce moment même un cessez-le-feu temporaire de 60 jours, contre échange d’otages. Trump joue davantage au cow-boy du Far West qu’au chevalier blanc, et entend imposer sa vision à Netanyahu.
Le premier ministre israélien, de son côté, « va à Washington dans un contexte où il y a convergence essentielle entre les objectifs de Trump et [les siens] au Moyen-Orient : la neutralisation des “méchants acteurs” [régionaux – ndlr] selon leur vision, mais avec des objectifs qui se différencient », explique Philip Golub, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris.
Si Trump et Netanyahu s’accordent sur la nécessité de contenir l’influence iranienne et de restructurer le Moyen-Orient autour d’un axe Israël–pays sunnites – notamment l’Arabie saoudite –, leurs ambitions divergent sur le rôle de chacun. Trump vise une domination américaine claire, avec un Israël aligné sur la stratégie US, quitte à lui imposer des décisions tactiques, comme le retrait de Gaza. Netanyahu, au contraire, veut conserver une autonomie stratégique, notamment pour poursuivre ses politiques d’annexion, sa ligne dure sécuritaire et sa gestion interne du Hamas, perçu comme un outil de division palestinienne utile.

Dans un article de Mediapart, Philip Golub résume ainsi que « Netanyahu veut garder ses marges de manœuvre, y compris à Gaza, tandis que Trump voudrait que Netanyahu plie sa politique dans celle des États-Unis », ajoute-t-il, avec une ambition de grande reconfiguration du Moyen-Orient autour de l’Arabie saoudite, des pays sunnites du Golfe et d’Israël, sous tutelle américaine, pour « créer une nouvelle zone de prospérité économique ».
En creux, ce bras de fer traduit une rivalité pour le leadership régional : Trump cherche à apparaître comme l’architecte d’un « nouvel ordre » moyen-oriental, tandis que Netanyahu, en difficulté sur le plan intérieur, joue sa survie politique en renforçant son image d’homme fort intransigeant.
Derrière les ambitions diplomatiques de reconfiguration régionale, se cache une logique capitaliste de guerre et de reconstruction. Israël est l’un des leaders mondiaux de la cybersécurité, de la surveillance algorithmique et de la technologie militaire exportée, y compris testée en conditions réelles à Gaza. Cette « guerre laboratoire » devient aussi un argument de vente. Par ailleurs, la destruction massive de Gaza ouvre paradoxalement un marché lucratif pour les entreprises de BTP, notamment israéliennes ou alliées, qui pourront participer à une future reconstruction sous conditions politiques, loin de toute souveraineté palestinienne réelle. Le capitalisme post-colonial s’enracine ici dans les ruines de la dépossession.
L’ambition d’Israël : poursuivre l’annexion ?

Facteur de déstabilisation suprême, l’État israélien a désormais installé une relation de domination territoriale en périphérie de ses frontières. Entre L’Iran et ses relais, le Hezbollah au Liban, le Hamas palestinien, Bachar al-Assad en Syrie et les houthis au Yémen, désormais affaiblis, l’armée israélienne bombarde allègrement des pays souverains, annexant des territoires en Syrie et au Liban, tout en poursuivant le génocide à Gaza.
Ce projet expansionniste s’inscrit dans une logique de colonialisme de peuplement : en installant durablement des colons sur des territoires occupés, Israël modifie les équilibres démographiques et rend quasi irréversible tout projet d’État palestinien viable. Comme l’ont documenté Human Rights Watch ou Amnesty International, cette dynamique s’apparente à un régime d’apartheid au sens juridique : deux systèmes de droit, deux systèmes de mobilité, deux systèmes de sécurité cohabitent pour deux populations vivant sur un même territoire. Le colonialisme israélien ne se limite donc pas à une occupation militaire, il est aussi économique, juridique, culturel.

Cette volonté de toute-puissance trahit en réalité une profonde vulnérabilité : « C’est, pour reprendre une expression israélienne, “une joie de pauvre”, c’est-à-dire que cela réjouit les Israéliens, mais ne les rassure pas. Cela justifie le génocide et ça provoque une peur qui est ancrée. Netanyahu en tire une conséquence : il ne faut pas s’arrêter », ajoute Sylvain Cypel, journaliste au Monde.
Trump exige alors un retrait total de l’armée israélienne à Gaza, mais cette ambition reste sans mesure, et sans après, puisque l’enclave palestinienne est un champ de ruines, avec plus de 57 000 Palestiniens tués depuis les attentats du 7 octobre, sans compter les disparus, les mutilés, les traumatismes.
Dans des territoires comme Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Syrie ou l’Iran, ni Israël ni les États-Unis ne semblent avoir élaboré de plan concret pour gérer la période suivant les conflits actuels. Seuls certains groupes nationalistes israéliens extrémistes envisagent un avenir marqué par l’expansion territoriale, visant à intégrer une grande partie des territoires voisins au sein d’un « Grand Israël ».
« Le sionisme a toujours été un projet colonial de peuplement. Le mythe de la terre sans peuple pour un peuple sans terre n’est pas une erreur, c’est un effacement méthodique. » Ilan Pappé
Quant à l’Europe, qui aspirait à jouer un rôle de gardienne des principes juridiques internationaux, elle se retrouve marginalisée. Son soutien inconditionnel à Israël, bien que flou, au prix de vies palestiniennes, libanaises ou iraniennes, contribue à éloigner davantage le continent de toute influence réelle dans cette zone sensible.
– Maureen Damman
Photo de couverture : Trump et Netanyahu en 2020. Wikimedia.
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Lesbiennes, biodiversité et datacenters : les 10 bonnes nouvelles de la semaine !
Maureen Damman
Vous n’avez pas pu suivre l’actualité cette semaine ? Voici les 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer. 1. L’euro lesbien L’Euro féminin de football 2025 bat tous les records de visibilité avec près de 25 milliards de contacts médiatiques en cinq jours. Parmi les 368 joueuses, au moins 20% sont ouvertement lesbiennes ou […]
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Vous n’avez pas pu suivre l’actualité cette semaine ? Voici les 10 bonnes nouvelles à ne surtout pas manquer.
1. L’euro lesbien
L’Euro féminin de football 2025 bat tous les records de visibilité avec près de 25 milliards de contacts médiatiques en cinq jours. Parmi les 368 joueuses, au moins 20% sont ouvertement lesbiennes ou bisexuelles, marquant une visibilité inédite de la communauté. (Mediapart)
2. Ancien golf converti en espace naturel protégé
Dans la Somme, un ancien golf de 32 hectares a été transformé en espace naturel protégé, favorisant la biodiversité locale, avec la création de mares, de pâturages et la plantation de plus de 1 000 arbres (selon les informations courantes). (Vert)
3. Sanctions à Israël
Douze pays, dont la Colombie et l’Afrique du Sud, ont imposé des sanctions diplomatiques ou économiques contre Israël pour marquer leur opposition à la guerre menée à Gaza, une première coordination de cette ampleur. (La Relève et la Peste)
4. Abandon des pires pratiques pour l’élevage intensif de poulets
Les marques Le Gaulois et Maître CoQ (groupe LDC) ont annoncé l’abandon des pires pratiques d’élevage intensif de poulets. Cela concerne plus de 100 millions d’animaux par an, selon l’association L214, qualifiant l’accord « d’avancée historique ». (L214)
5. Datacenters en péril
Le changement climatique met les data centers en péril : plusieurs incidents majeurs de surchauffe ou d’arrêt prolongé ont été rapportés en France cet été, alimentant l’inquiétude sur la durabilité des infrastructures numériques face aux vagues de chaleur. (Reporterre)
6. Recours contre un décret gouvernemental
L’ONG Agir pour l’environnement a engagé un recours contre un décret gouvernemental qui encadre le calendrier d’expertise de l’Anses sur les pesticides, jugeant insuffisant le temps alloué à l’évaluation indépendante de ces substances. (LeMonde)
7. Actions de blocage devant Decathlon et Kiabi
Suite à des actions de blocage par l’association Le Relais devant Decathlon et Kiabi, une aide d’urgence a été débloquée pour financer le tri et la collecte des vêtements de seconde main, afin d’éviter l’engorgement du secteur du réemploi.(LeMonde)
8. 80 personnalités pour le journaliste retenu en Algérie
Plus de 80 personnalités, dont Catherine Deneuve, Yann Barthès et Benjamin Biolay, ont appelé publiquement à la libération de Christophe Gleizes, journaliste retenu en Algérie, mobilisant l’opinion sur son sort. (Le Monde)
9. La Grèce va créer deux aires maritimes protégées encore plus grandes
La Grèce avait annoncé lors de l’UNOC la création de deux nouvelles aires marines protégées en mer Ionienne et dans l’archipel des Cyclades, en mer Égée du Sud, qui dépassent les objectifs fixés pour 2030 et s’étendent au-delà des annonces initiales du Premier ministre, atteignant environ 27 500 km². (Euronews)
10. L’Espagne autorise les dons d’organes entre personnes séropositives
Rejoignant d’autres pays comme l’Afrique du Sud, les États-Unis et le Royaume-Uni, L’Espagne autorise désormais le don d’organes entre personnes séropositives au VIH. (euronews)
– Maureen Damman
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Israël, Deepfake et bolloré : les 10 actus de la semaine
Maureen Damman
Vous n’avez pas eu le temps de lire l’actu ? Voici notre top 10 des actualités à ne pas manquer cette semaine. 1. Conditions des journalistes et des Palestiniens à Gaza Le Syndicat national des journalistes de l’AFP a alerté sur les conditions dramatiques auxquelles sont confrontés les journalistes couvrant la bande de Gaza, ainsi […]
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Vous n’avez pas eu le temps de lire l’actu ? Voici notre top 10 des actualités à ne pas manquer cette semaine.
1. Conditions des journalistes et des Palestiniens à Gaza
Le Syndicat national des journalistes de l’AFP a alerté sur les conditions dramatiques auxquelles sont confrontés les journalistes couvrant la bande de Gaza, ainsi que les millions de Palestiniens vivant sous blocus. Selon ce syndicat, les journalistes subissent des violences, restrictions d’accès et menaces qui entravent la couverture indépendante. (Libération)
2. Condamnations internationales contre Israël
Après le bilan officiel de plus de 15 000 morts civils à Gaza, dont environ 4 500 enfants, 25 pays, dont la France, ont publié des déclarations condamnant les « meurtres inhumains » de civils palestiniens, notamment d’enfants, causés par l’offensive israélienne. (France24)
3. Mobilisation contre la loi Duplomb
Une pétition contre la loi Duplomb, visant à modifier la réglementation sur l’usage des pesticides, a déjà rassemblé plus de 1,9 million de signatures. La présidente de l’Assemblée nationale a annoncé son soutien à un débat en séance. Le Conseil constitutionnel rendra » a priori » sa décision le 7 août. (vie-publique)
4. Pourparlers de paix Ukraine-Russie
Malgré la proposition de cessez-le-feu immédiat à nouveau formulée mercredi par la délégation ukrainienne dans le cadre des négociations d’Istanbul, l’armée russe a lancé une centaine de drones et quatre missiles, déplore Volodymyr Zelensky, faisant trois morts dans l’oblast de Kharkiv. (LeMonde)
5. Violences en Syrie malgré un cessez-le-feu
Des affrontements violents ont éclaté à Soueida malgré l’annonce d’un cessez-le-feu immédiat par le président syrien Bachar al-Assad. Selon les ONG, plus de 1 200 personnes ont été tuées et près de 87 000 déplacées en une semaine dans cette zone instable, où les factions rebelles continuent leur résistance contre le régime. (SudOuest)
6. Retrait des États-Unis de l’Unesco
Sortie de l’Unesco pour le géant américain, après plusieurs désaccords sur la gouvernance et les orientations de cette institution culturelle internationale. Ce retrait pourrait affecter les programmes de préservation du patrimoine mondial et de coopération éducative. (GEO)
7. Socfin et Bolloré épinglés dans une enquête internationale
Dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie (notamment Sierra Leone, Cameroun, Cambodge), des expropriations forcées, violences, pollution des eaux et destruction de forêts sont documentées contre le groupe Socfin, lié à Bolloré. Plus de 200 000 hectares seraient concernés par l’expansion des plantations d’huile de palme et d’hévéa. (Mediapart)
8. Pesticides interdits retrouvés dans les logements
Des traces de pesticides interdits, comme le lindane et le DDT, ont été trouvés sur les murs intérieurs de logements en France. (Vert)
9. Deepfake contre les opposants à l’A69
Une deepfake montrant des propos montés de toutes pièces attribués à des militants contre le projet les fait passer pour violents ou radicaux. Diffusée anonymement sur les réseaux sociaux, la vidéo a été relayée par plusieurs comptes favorables au projet. (Vert)
10. Baisse des investissements climatiques en 2024
Les investissements publics pour le climat en France ont diminué de 4,5 % en 2024 par rapport à 2023, passant sous la barre des 35 milliards d’euros. Cette baisse touche notamment les secteurs des transports durables et de la rénovation thermique. (Reporterre)
11. Centres de faune sauvage débordés
Les centres de soins pour la faune sauvage enregistrent un afflux inédit d’animaux blessés ou en détresse. La LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) rapporte une hausse de +38 % d’admissions par rapport à 2022, avec plus de 80 000 animaux accueillis en 2024. (Le Relève et la Peste)
– Maureen Damman
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Bon alors, c’est quoi WOKE ?
Mr Mondialisation
Mr Mondialisation prend la plume – ou plutôt le clavier – pour une petite mise au point. À quoi se réfère le terme ‘woke’ ? Voici une liste (non exhaustive) de toutes les valeurs renvoyées à ce mot si décrié. Félicitations à vous si vous vous y reconnaissez ! Bon alors, c’est quoi WOKE ?! […]
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Mr Mondialisation prend la plume – ou plutôt le clavier – pour une petite mise au point. À quoi se réfère le terme ‘woke’ ? Voici une liste (non exhaustive) de toutes les valeurs renvoyées à ce mot si décrié. Félicitations à vous si vous vous y reconnaissez !
Bon alors, c’est quoi WOKE ?!
On pourrait pondre un livre sur les origines historiques du mot, à savoir le mouvement Black Lives Matter, mais à quoi bon ? Les anti-woke s’en foutent et ne liront pas car « c’est trop long ton truc. » Alors, faisons simple. De quoi WOKE est-il le nom pour ces gens ? (Attention, si tu coches au moins 3 cases, tu es un vilain WOKE!)
Tu critiques la mondialisation capitaliste ? → Woke
Tu luttes pour les Droits humains ? → Woke
Tu n’es pas hétéro ? → Woke
Tu es hétéro et tu tolères l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des autres ? → Woke

Tu ne gobes pas le narratif des médias de milliardaires type Cnews ? → Woke
Tu adhères aux conclusions scientifiques sur le climat ? → Woke
Tu n’es pas un masculiniste toxique ? → Woke
Tu as de la compassion et de l’empathie ? → Woke

Tu soutiens les petits médias indépendants aux valeurs sociales assumées ? → Woke
Tu as une approche zététique des faits et tu ne gobes pas toutes les théories du complot niveau TikTok ? → Woke
Tu n’es pas raciste ? → Woke
Tu estimes que les soins de santé devraient être un Droit pour toutes et tous, pas un privilège de riches ? → Woke
Tu n’insultes pas les femmes si elles se refusent à toi, si elles changent d’avis, si elles sont trop ceci ou pas assez cela, ou même gratuitement ? → Woke
Tu estimes que la survie de notre planète est plus importante que le PIB ? → Woke
Tu n’es pas en PLS devant la couleur de peau d’un personnage de Disney ? → Woke
Tu penses que les personnes trans peuvent simplement vivre et exister sans être harcelées, insultées, menacées, agressées ? → Woke

Tu crois que la vie c’est plus important que le pognon ? → Woke
Tu sais qu’il est plus mature d’écouter, comprendre et négocier plutôt que d’écraser ? → Woke
Tu penses que l’environnement est en danger et doit être protégé ? → Woke
Tu veux changer ton mode de vie pour minimiser ton impact sur ton environnement ? → Woke
T’aimes pas trop l’idée que 1 % de la population mondiale possède près de la moitié des richesses ? → Woke

Tu n’aimes pas l’idée qu’on génocide un peuple ? → Woke
Tu penses que de discriminer des gens c’est pas génial et qu’il faut défendre la valeur humaine des plus exposés ? → Woke
Tu estimes que la masculinité ne doit pas être violente et toxique ? → Woke
Tu crois que les femmes méritent l’égalité des Droits, dans la loi ET en pratique ? → Woke

Tu n’aimes pas humilier les gens avec des blagues beaufs du siècle dernier ? → Woke
Tu sais faire la différence entre une manifestation populaire légitime et des violences médiatisées en marge de celle-ci ? → Woke
Tu as les 2 neurones nécessaires pour comprendre que quand une multinationale instrumentalise les valeurs d’humanisme et progressistes associées au « wokisme » comme asset marketing, ça ne rend pas l’empathie authentique moins importante ? → Woke
Tu crois qu’être milliardaire ne fait pas forcément de toi quelqu’un de bien ou de méritant ? → Woke
Tu crois qu’être précaire ne fait pas de toi un parasite ou un assisté ? → Woke
Tu peux aimer ton pays pour des milliers de raisons nuancées sans céder au fascisme primaire ? → Woke
Tu penses que les femmes ne devraient pas être soumises aux hommes, ni tout le monde aux diktats parfois invisibles du patriarcat ? → Woke

Tu crois que les violeurs doivent être punis même s’ils sont super connus et que les victimes ne portent pas plainte pour « l’argent » ou la « notoriété » ? → Woke
Tu penses qu’il faut lutter pour tes droits sociaux ? → Woke
Tu utilises la sociologie pour comprendre des phénomènes complexes plutôt que des biais simplistes qui rassurent ou flattent ton ego ? → Woke
Tu sais réfléchir en nuances de gris et en paradoxes (sans forcément rogner sur ton indignation ou ta colère saine) ? → Woke
Tu crois qu’un autre monde plus juste et bienveillant est possible ? → Woke
Tout ça à la fois ? → Mega Woke qui menace la planète d’une destruction totale ! (alors que la pollution, la guerre, la haine, la violence, le racisme, le négationnisme scientifique, l’autoritarisme, ça va nous sauver…).
Bref, le « woke », c’est le bouc émissaire moderne idéal d’un monde capitaliste en fin de vie qui n’a plus d’autre choix que de sacrifier les valeurs humaines et de diviser la population pour survivre en accentuant la compétition et les rapports de domination entre les êtres et en instaurant ici et là des dictateurs qui se nourrissent de la haine.
– Mr Mondialisation
Et pour aller plus loin (re)lire notre article : « Wokisme » : le fantasme réac pour rester dans le déni
Image d’en-tête : Manifestation du 8 mars 2025, par Jeanne Menjoulet ; flickr CC
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