LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie BLOGS Revues Médias
Mr Mondialisation

Think tank informel et citoyen francophone à visée internationale


▸ les 10 dernières parutions

25.07.2025 à 03:07

Victoire : Le Gaulois et Maître CoQ renoncent aux pires pratiques

S. H.

Cette décision, aussi infime puisse-t-elle paraître dans notre modèle d’exploitation des animaux, marque toutefois l’aboutissement de la plus grande campagne de L214. Retour sur une avancée historique dans le combat pour le droit animal.  Après une campagne publique de plus de 3 ans menée par L214 et des échanges constructifs entre l’entreprise et L214, le groupe LDC s’engage […]

The post Victoire : Le Gaulois et Maître CoQ renoncent aux pires pratiques first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (2146 mots)

Cette décision, aussi infime puisse-t-elle paraître dans notre modèle d’exploitation des animaux, marque toutefois l’aboutissement de la plus grande campagne de L214. Retour sur une avancée historique dans le combat pour le droit animal. 

Après une campagne publique de plus de 3 ans menée par L214 et des échanges constructifs entre l’entreprise et L214, le groupe LDC s’engage pour ses marques phares Le Gaulois et Maître CoQ à respecter les critères du European Chicken Commitment (ECC) pour mettre fin aux pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets en France d’ici 2028.

« LDC c’est 40 % du marché français de la viande de poulet et jusqu’à 400 millions de poulets chaque année ».

L’engagement de LDC – qui représente 40 % du marché français de la viande de poulet – concerne jusqu’à 400 millions de poulets chaque année. LDC s’engageant aussi à honorer les demandes de ses clients en viande de poulet respectant ces exigences, son annonce consolide l’engagement de plus de 120 entreprises investies dans cette transition et adresse un signal fort à l’ensemble du secteur, notamment à ses concurrents Terrena, Plukon (Duc) ou Maïsadour, pas encore engagés.

L’aboutissement de trois années de mobilisation 

Il s’agit de la campagne la plus ambitieuse jamais menée par l’association L214, déployée à travers de nombreuses actions : rassemblements devant le siège de LDC, opérations de sensibilisation dans toute la France, pétitions rassemblant plusieurs centaines de milliers de signatures, publications d’enquêtes, interpellations publiques… Elle a aussi reçu le soutien de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Julie Depardieu, Nagui, Hugo Clément, Raphaël Mezrahi, Stéphane Bern, le collectif Les Amis de Lobby ou encore la youtubeuse Sonya Lwu.

Action LDC Nagui @L214

« Cette avancée majeure montre que la mobilisation citoyenne soutenue peut faire reculer les pratiques les plus cruelles de l’élevage intensif ».

Fin des poulets à croissance ultrarapide

Pour les centaines de millions de poulets élevés et abattus tous les ans pour les marques Le Gaulois, Maître CoQ et autres clients de LDC, cet engagement implique :

  • une baisse des densités en élevage de 20 à 15 poulets par mètre carré maximum ;
  • la fin de l’utilisation de souches à croissance ultrarapide, comme la Ross 308, qui entraîne d’importants problèmes de santé et des souffrances aigües pour les oiseaux ;
  • de la lumière naturelle, des perchoirs et des blocs à picorer dans les élevages ;
  • une méthode d’abattage qui évite l’accrochage des animaux conscients.
@L214

L214 va désormais veiller à ce que les progrès de LDC et de ses clients (supermarchés, chaînes de restaurants, etc.) suivent une trajectoire cohérente pour respecter l’échéance fixée à 2028.

Le European Chicken Commitment, un engagement minimum efficace pour réduire les souffrances des poulets

Le European Chicken Commitment est le fruit des recherches de vétérinaires, d’éthologues et de spécialistes de l’élevage des poulets en partenariat avec une quarantaine d’associations de défense des animaux en Europe pour mettre fin aux pires pratiques.

Les critères définis dans l’ECC établissent un socle minimal d’exigences en matière d’élevage et d’abattage, là où la réglementation a permis l’intensification des pratiques au détriment des animaux.

L214 Paris @L214

« cet engagement permet de réduire de 78 % le temps passé par les poulets à souffrir de douleurs intenses insupportables ».

En 2023, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) préconisait de faire évoluer les conditions d’élevage et de mise à mort des poulets, confirmant la nécessité de réduire les densités d’élevage et d’abandonner le recours aux souches de poulets à croissance rapide. L’année précédente, une étude du Welfare Footprint Project évaluait que l’ECC permet de réduire de 78 % le temps passé par les poulets à souffrir de douleurs intenses insupportables.

Pourtant, sur le plan législatif, cet éclairage scientifique n’a pas empêché des régressions importantes, comme en témoigne le recul opéré avec la loi Duplomb.

L’engagement de LDC constitue une avancée majeure pour soulager les poulets tant par le nombre d’animaux concernés que par l’intensité des douleurs endurées.

Les autres entreprises n’ont plus d’excuses

Avec l’engagement du groupe LDC, une grande partie de l’industrie agroalimentaire a désormais pris acte des attentes sociétales vis-à-vis des conditions de vie et de mise à mort des poulets. L214 appelle désormais les entreprises qui n’ont pas encore agi à adopter les standards minimaux de l’European Chicken Commitment.

@L214

Le distributeur Grand Frais, le fast-food McDonald’s ou encore le fabricant de plats préparés Cofigeo (William Saurin, Zapetti…) figurent parmi les retardataires.

Le groupe Terrena (propriétaire des marques Père Dodu, La Nouvelle Agriculture et Douce France), Plukon (Duc), Maïsadour et Euralis ne sont pas encore engagés sur cette transition majeure du secteur.

→ Consulter la liste des dernières entreprises sans engagement

L214 suit de près les engagements des entreprises en demandant des reportings annuels et des plans d’action pour assurer la transition.

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 :
« Cet engagement de LDC est le fruit de trois années de campagne publique et d’un dialogue constructif que nous saluons. Il représente une avancée importante pour faire reculer les souffrances des animaux et trace la voie que toutes les entreprises agroalimentaires doivent désormais suivre. Le choix du leader du secteur envoie un signal fort à l’industrie agroalimentaire dans son ensemble.

Aux enseignes de la grande distribution et de la restauration qui manquent à l’appel : il n’y a plus d’excuses pour ne pas faire évoluer rapidement les pratiques.

Quant aux producteurs pas encore engagés, Terrena en tête, nous poursuivrons nos actions pour mettre en lumière leur responsabilité et accélérer la fin des pratiques les plus cruelles de l’élevage intensif. »

– L214

The post Victoire : Le Gaulois et Maître CoQ renoncent aux pires pratiques first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

24.07.2025 à 03:02

Bombe nucléaire : le passe-droit d’Israël face au reste du Golfe

Maureen Damman

Israël a développé l’arme nucléaire, mais l’interdit pourtant à ses voisins tout en invoquant l’argument de  » la guerre préventive « . Au fond, pourquoi cet écart de traitement et de confiance, surtout à l’heure où Israël est plus incontrôlable que jamais dans son ambition militaire ? Éléments de réponse. Russie, États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Inde, […]

The post Bombe nucléaire : le passe-droit d’Israël face au reste du Golfe first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (1629 mots)

Israël a développé l’arme nucléaire, mais l’interdit pourtant à ses voisins tout en invoquant l’argument de  » la guerre préventive « . Au fond, pourquoi cet écart de traitement et de confiance, surtout à l’heure où Israël est plus incontrôlable que jamais dans son ambition militaire ? Éléments de réponse.

Russie, États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, Israël, Corée du Nord : 9 pays possèdent officiellement l’arme nucléaire. Dans ce contexte de guerre historique larvée – et désormais entérinée entre Israël et l’Iran, puis de trio fondée sur une blitzkrieg (ou guerre éclair) menée par le président Trump, – le mot d’ordre à l’encontre des pays du Golfe est le suivant : “ vous n’avez pas le droit d’avoir la bombe nucléaire”.

Pourtant, l’État d’Israël s’est arrogé le droit, lui, de produire plusieurs ogives nucléaires, tout en empêchant férocement l’Iran, son ancien État ami jusqu’au Chah Mohammad Reza Pahlavi, de l’obtenir. 

Bombe nucléaire : pourquoi Israël a le droit de l’avoir, mais pas les autres états du Golfe ? 

L’État hébreu l’a toujours nié, mais il s’est doté de l’arme atomique dans les années 60, grâce à la France. Il a réussi à outrepasser le traité de non-prolifération des armes nucléaires, tout en s’assurant une position de force, au Proche-Orient”, affirme France Culture. 

Le docteur en sciences politiques Nicolas Ténèze, chargé de cours à l’Institut catholique de Toulouse, raconte la fondation du pays, de facto en guerre contre plusieurs pays arabo-musulmans : “comme le territoire israélien est extrêmement étroit, il n’y a pas de profondeur stratégique, il fallait, dans des délais très courts, une dissuasion nucléaire”. 

La France : alliée du programme nucléaire israélien

À l’époque du premier ministre David Ben Gourion, le pays ne peut pas compter sur les belliqueux États-Unis, peu enclins à partager cet avantage avec l’État d’Israël. Il se tourne alors vers la France, également en quête d’un programme nucléaire. Celle-ci soutient le projet sioniste et espère faire oublier la période de Vichy, les génocides et la déportation qui ont eu lieu seulement 15 ans auparavant. 

L’Hexagone participe ainsi à la construction de la centrale de Dimona dans le désert du Néguev qui devient la pièce maîtresse du dispositif nucléaire israélien. Le pays en doit par ailleurs le développement à l’entreprise Dassault qui lui fournit missiles et avions capables de transporter des charges nucléaires. 

« Cette coopération profite aussi à la France qui a accès à de nouvelles technologies »  

Cette coopération profite aussi à la France qui a accès à de nouvelles technologies, comme le supercalculateur, ancêtre de l’ordinateur.  

Une péninsule arabique apeurée 

Cette nouvelle anxiogène pour les pays du Golfe se diffuse comme une traînée de poudre, et réveille les dictateurs de la péninsule arabique. 

Le président égyptien de l’époque, Gamal Abdel Nasser, annonce qu’il se lancerait dans une guerre préventive, si Israël se mettait à créer une guerre nucléaire (ce qui nous renvoie au contexte récent de “frappe préventive”, notion qui n’existe pas dans le droit international.)

« Israël possèderait entre 90 et 200 ogives »

Israël garde alors le secret et mène en bateau l’administration américaine quand elle envoie des inspecteurs sur place pour vérifier le chantier de la centrale de Dimona. Israël affirme qu’il s’agit en fait d’usines textiles, usines qui sont en réalité sur plusieurs étages souterrains, où étaient conçus l’enrichissement et le traitement de la bombe nucléaire.

Israël possèderait, selon France Culture, entre 90 et 200 ogives, un tout petit peu moins que la France qui en possède 290.  

La fin de coopération nucléaire France – Israël

En 1961, l’arrivée du général de Gaulle met fin à cette coopération et à toute aide française concernant l’usine de séparation du plutonium. Il promet en revanche de terminer la construction du réacteur de Dimona. Le programme nucléaire français n’a surtout plus besoin d’Israël, qui se tourne alors vers l’Afrique du Sud.

« En 1967, la communauté internationale sait qu’Israël est en possession de la bombe H ».

La doctrine Begin, qui consiste à bombarder de manière préventive ou préemptive les programmes nucléaires des adversaires d’Israël voit le jour. Elle est mise en place dès 1981 contre l’Irak, avec les bombardements du réacteur d’Osirak, puis en Libye, en Sirie, en récemment, en Iran. 

À l’heure actuelle encore, le nucléaire militaire constitue un vrai tabou dans la société israélienne, où la question n’est jamais débattue au sein du Parlement. Récemment, le ministre Amichay Eliyahu avait évoqué la possibilité de lancer une bombe nucléaire sur Gaza, ce qui lui valut ensuite d’être suspendu, selon Europe 1.  

Le double jeu d’Israël 

« ISRAËL est l’un des quatre pays à disposer de l’arme nucléaire sans avoir signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ».

Dans ce jeu de dupes, Israël n’est pas le seul : avec l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, il est l’un des quatre pays à disposer de l’arme nucléaire sans avoir signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

L’État israélien refuse surtout catégoriquement que ses installations nucléaires militaires soient contrôlées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à l’inverse de l’Iran. L’AIEA a d’ailleurs soutenu à plusieurs reprises la résolution de 18 pays appelant Israël à placer ses installations nucléaires sous sa supervision. 

La bombe nucléaire : un prétexte pour détruire l’Iran ? 

Dans ce contexte, il est légitime de se demander si le conflit avec l’Iran ne servait pas davantage à jeter un voile pudique sur les horreurs commises à Gaza, comme l’affirme Bertrand Badie, Professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Paris, dans une interview pour Blast. Selon lui : Contrairement à ce qu’on dit, l’Iran n’était pas au bord de disposer de l’arme nucléaire.” 

Il ajoute, Les cibles nucléaires sont minoritaires parmi toutes celles qui ont été atteintes.  Il y a aussi des cibles militaires classiques, des infrastructures, les réservoirs en carburants dans la ville de Téhéran et la population civile.

Cette manœuvre contre l’Iran chercherait donc plutôt à opérer un changement de régime en Iran ou à invisibiliser Gaza sur le plan médiatique, qui affiche tout de même 377 000 disparus palestiniens selon les données du Tsahal.

c Sans oublier la théorie de l’ennemi, de Karl Schmidt : quelle meilleure manière de se constituer en bloc que devant l’ennemi commun ?, rappelle Bertrand Badie. 

–  Maureen Damman


Image d’entête @Avec toutes autorisations – t Penguin – Unsplash

The post Bombe nucléaire : le passe-droit d’Israël face au reste du Golfe first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

23.07.2025 à 06:00

« Effondrisme » : le danger d’une critique hors-sol des technologies

Maureen Damman

À notre époque saturée de réseaux, d’algorithmes et de fantasmes transhumanistes, une voix essaie de faire sa place : celle des militants technocritiques. Parmi eux, il y a Anti-Tech Resistance. Pour ce collectif, il ne s’agit plus d’interroger les technologies, ni même de ralentir leur développement. Il s’agit de tout éteindre. Derrière cette prétendue radicalité, […]

The post « Effondrisme » : le danger d’une critique hors-sol des technologies first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (3683 mots)

À notre époque saturée de réseaux, d’algorithmes et de fantasmes transhumanistes, une voix essaie de faire sa place : celle des militants technocritiques. Parmi eux, il y a Anti-Tech Resistance. Pour ce collectif, il ne s’agit plus d’interroger les technologies, ni même de ralentir leur développement. Il s’agit de tout éteindre. Derrière cette prétendue radicalité, se cache une vision hors-sol, indifférente aux réalités sociales, sanitaires et politiques des plus vulnérables. Analyse.

Par une série de performances publiques, de perturbations d’événements et de prises de parole virales, le mouvement Anti-Tech Resistance a fait irruption dans le champ médiatique et militant avec une allure de rupture absolue. 

Sa cible ? L’ensemble du monde technologique, des puces 5G aux frottis, des compteurs Linky à l’assistance respiratoire. Son mot d’ordre ? Saboter l’infrastructure industrielle tout azymut, pour, selon eux, sauver la vie sur Terre. Rien que ça.

Mais qui sont ces nouveaux luddites 2.0 ? Que défendent-ils vraiment ? Et surtout, ont-ils une place dans le champ des luttes d’émancipation ou ne sont-ils que les témoins d’une impasse politique majeure, dérivée d’un désespoir bien réel, mais peu opérant ?

Quand la haine des machines devient la haine des luttes sociales

Derrière cette vidéo émouvante au slogan pacifiste du mouvement Anti-Tech Resistance ATR, l’idéologie, elle, est moins attendrissante. Elle s’inspire d’une figure plus que douteuse : Ted Kaczynski, alias Unabomber, mathématicien américain, activiste anarcho-écologiste et néo-luddiste, se moquant des luttes antiracistes, féministes et d’émancipations sociales, et qui envoyait des bombes à des personnes gravitant dans le monde de l’informatique ou de la « tech », occasionnant 3 morts, 23 blessés et le reste de sa vie en prison. C’est pourtant les citations de son livre La société industrielle et son avenir que l’on retrouve de manière récurrente sur le site d’ATR.

Cette référence à Unabomber clive. Le média Usbek&Rica souligne, dans un article sur le mouvement, que certains militants assument l’importance théorique d’un homme qui prônait très tôt un démantèlement violent de la société industrielle, tandis que d’autres tentent de conserver une distance critique.

Impossible malheureusement d’échanger avec eux sur le sujet, puisque la seule réponse que nous avons pu obtenir de leur part après les avoir sollicités, c’est que le mouvement « se méfie des journalistes suite à divers esclandres ».  

Une idéologie de rupture

Quoi qu’il en soit, la ligne de fracture est nette : pour ATR, la technologie quelle qu’elle soit n’est pas neutre, elle est un vecteur structurel d’aliénation, de domination et de destruction.

Cette vision s’inscrit dans une tradition anti-industrialiste, qui juge que toute technologie emporte avec elle une manière de faire le monde qui rend impossible son usage « émancipateur ». Dès lors, pas de distinction entre haute et basse technologie, entre numérique et mécanique : tout outil s’inscrit dans un cadre politique déterminé, et dans notre société contemporaine, ce cadre reste celui du capitalisme, d’un modèle industriel hiérarchisé, centralisé, et non démocratique. Rejeter les technologies, c’est donc, dans cette logique, refuser cet ordre du monde. A priori, on ne peut qu’adhérer à ces idées. 

Dans l’article Technocritique: peut-on tout éteindre ? À propos de l’anti-industrialisme, publié et édité par Irénée Régnauld, on retrouve cette logique implacable : la technique ne peut être contrôlée parce qu’elle est, par essence, un « système autonome », une force qui s’auto-alimente, s’auto-renforce et finit toujours par échapper à ses prétendus concepteurs. C’est, pour le dire vite, une hydre qui ne connaît pas la régulation ni la démocratie. Jusqu’ici, tout va bien. 

Pourtant, le mot d’ordre — « tout éteindre » — ne constitue pas une stratégie, mais une injonction vide d’opérabilité. Il s’agit moins d’un plan politique que d’un geste symbolique, difficilement applicable dans un monde complexe où les infrastructures techniques sont imbriquées dans chaque aspect de la vie quotidienne. Cette radicalité relève davantage du fantasme que d’un projet structuré de société.

Envers et contre toustes

Le problème vient en fait des œillères du mouvement puisque ATR rejette explicitement l’intersectionnalité des luttes, considérant qu’elle n’est « pas stratégique » dans le cadre de leur lutte contre le système technologique, peut-on lire sur leur site.

Pour ATR, la priorité absolue est l’efficacité et la concentration sur un objectif unique : le démantèlement du système techno-industriel. Les membres du collectif estiment que multiplier les combats ou intégrer des enjeux de justice sociale (féminisme, antiracisme, validisme, etc.) diluerait leur action et risquerait de nuire à leur objectif central.

« préférer une victoire impure à une défaite inclusive »

Leur position est d’ailleurs résumée sur leurs réseaux par cet inquiétant slogan : « préférer une victoire impure à une défaite inclusive » et par l’idée que « les émotions ou la morale ne doivent en aucun cas interférer avec la réalisation de notre objectif ».

Cette focalisation sur le combat anti-technologique au détriment de toutes les autres luttes ne répond qu’à un seul impératif : réussir leur objectif, quel qu’en soit le prix, même celle de la vie de celles et ceux qui ne pourront survivre à ce black-out. Un étrange paradoxe par rapport au but initial qui est de sauver la vie Terre.

Avec toutes autorisations – Unsplash -Chanhee Lee

Ce positionnement révèle plusieurs impasses majeures :

  • D’abord, une posture marquée par un certain privilège, car peu de personnes ont concrètement les moyens de « tout éteindre ». Ceux qui dépendent des technologies pour survivre (soins, mobilité, communication) sont les grands absents de cette vision.

  • Ensuite, une vision de la technique désincarnée, comme si elle ne pouvait jamais être gouvernée collectivement, contournée ou détournée.

  • Enfin, cette radicalité peut glisser vers une forme de repli identitaire, en valorisant des récits de pureté, de nature sauvage, voire de retour à une société idéalisée, où seuls les plus forts (valides, autosuffisants, ruraux) survivraient.

Autant de points qui soulignent que ATR échoue à penser le social, la gouvernance et l’inclusion.

Une posture qui isole plus qu’elle ne fédère

Cet absolutisme rigide et sacrificiel place immédiatement ATR dans une position politique intenable. le texte Ni de gauche ni de droite, mais bien réac, issu d’un travail collectif entre des membres des collectifs l’AG Antifa Paris 20e, Extinction Rebellion, Désert’Heureuxses, le Mouton Numérique, la SAMBA (Section Antifasciste Montreuil Bagnolet et Alentours), Soin Collectif Île-de-France, Technopolice Paris Banlieue, Voix Déterres … et des allié·es d’autres horizons – souligne cette impasse. 

En refusant tout compromis – y compris les alliances stratégiques avec des mouvements écolos, antiracistes, anticapitalistes et féministes – ATR se retrouve enfermé dans une forme de pureté idéologique autarcique et hors sol.

Dans sa critique de la « gauche technophile », ATR flirte avec le mépris. Les militants écolos qui discutent d’énergies renouvelables, les collectifs antiracistes qui utilisent les réseaux pour s’organiser, ou même les associations trans qui défendent l’accès à certaines technologies médicales sont renvoyés à leur supposée compromission avec le « système techno-industriel ». Autant dire que l’ambition de ATR de « refonder les luttes » est plutôt mal partie puisqu’elle refuse toute stratégie collective qui prend en compte les réalités de chacun. 

La posture ATR érige des murs là où d’autres tentent de bâtir des ponts. Irénée Régnauld résumé ainsi le problème :

« Chez les anti-industrialistes, admettre qu’il peut exister autre chose que “tout ou rien” confine à la trahison technophile, puisque cela revient, en définitive, à faire des compromis avec la grosse industrie ».

En cultivant un rejet systématique des luttes intersectionnelles et des alliances sociales, ATR entretient un imaginaire de pureté politique, qui peut facilement dériver vers des imaginaires réactionnaires. Comme le souligne Régnauld, certains discours anti-tech reprennent des codes proches de l’écologie identitaire ou du néo-primitivisme masculiniste, en valorisant la virilité, l’ascétisme, la nature sauvage et une autonomie coupée du collectif. Le danger n’est pas théorique : il réside dans les convergences idéologiques potentielles entre ce radicalisme hors-sol et certains courants conservateurs.

« Tout éteindre » : une injonction mortifère ?

La pseudo-radicalité de la contestation attire l’attention médiatique. Le choc produit par les interruptions positionne ATR dans un registre de performativité politique. Pourtant, au-delà du symbole, que reste-t-il ? L’autosatisfaction de ceux qui dérangent, ou une réelle capacité à construire autre chose que du rejet ?

Il est en effet permis de douter que l’appel à « éteindre toutes les machines » parle aux soignants à l’hôpital, aux personnes sous assistance respiratoire, aux enfants en bas âge, aux personnes atteintes de maladies chroniques, aux personnes qui ont besoin d’avorter, etc. 

Un bébé prématuré. Photo de Alexander Grey sur Unsplash

C’est souvent là que la critique ATR révèle son angle mort central : l’oubli du social. Comme si la technique constituait une entité autonome, détachée des usages concrets, des dépendances réelles, des rapports de pouvoir. Or, comme rappelé dans les critiques plus réalistes de la technique, avec Gilbert Simondon, Bruno Latour, ou Donna Haraway, la technique est un milieu habité, traversé, négocié. Elle peut aliéner, certes, mais elle peut aussi émanciper, si ses conditions politiques et sociales sont mises en débat.

C’est là qu’intervient l’idée défendue par des penseurs technocritiques comme Simondon ou Haraway : la technique n’est pas un bloc à rejeter, mais un milieu à transformer, à politiser, à démocratiser. Il ne s’agit pas de tout éteindre, mais de reprendre en main les choix techniques, de créer des outils autonomes, de soutenir les formes d’innovation coopératives, locales, low-tech, égalitaires. C’est une vision politique de la technique, et non son anéantissement, qui permet de poser les bons termes du débat.

Que faire de la technique ?

Ici se joue toute la tension contemporaine. Car critiquer la technique est légitime. Les géants du numérique nous consument, les dispositifs de surveillance algorithmique nous épient, l’exploitation minière des sols pour fabriquer des batteries tuent humain et sols, la dépendance aux serveurs et aux réseaux propriétaires nous anéantit : tout cela doit impérativement être interrogé, démantelé parfois, régulé toujours.

Mais une critique de la technique qui ne prend pas en compte les rapports sociaux dans lesquels elle s’insère finit par faire fausse route. En prônant le rejet total, ATR devient une dystopie régressive, incapable d’articuler son refus à un programme politique. Que signifie concrètement une société post-technique dans un monde où les soins, les communications, la nourriture, l’eau potable, dépendent des outils qu’ATR souhaite faire disparaître ?

Faut-il retourner à l’âge du feu, de la mortalité infantile et de l’espérance de vie à 35 ans ? Abandonner les vaccins ? Que propose ATR de concret comme organisation sociale alternative hormis l’autogestion et les assemblées ? Silence, ou éloge d’un effondrement purificateur aux relents identitaires.

Photo de Sidde. Pexels.

Défaire le mythe d’un effondrement « libérateur » pour le Sud

L’un des impensés majeurs du discours ATR est la fable d’un effondrement technologique salvateur pour le Sud global. Ce récit romantique imagine que, libérées de la domination techno-industrielle du Nord, les sociétés du Sud retournaient à des formes de vie plus simples, plus proches de la nature, voire plus authentiques.

Il nie une réalité fondamentale : le Sud est lui aussi structuré par les dépendances techniques globales, à travers les chaînes d’approvisionnement, les infrastructures énergétiques, les réseaux de communication, la santé, l’agriculture, etc. Faire « disparaître » la technique par un grand black-out ne libérerait pas le Sud, il le priverait d’accès à l’eau, aux soins, aux médicaments, à la nourriture stockée et distribuée, souvent déjà précaires dans de nombreuses régions.

Ce discours postule que les populations du Sud seraient culturellement moins « aliénées » par la technologie — une idée dangereusement essentialiste. En réalité, les sociétés du Sud ne demandent pas moins de technologie, mais plus d’accès, plus de contrôle, plus d’autonomie sur les technologies utiles, via des formes locales d’innovation, de mutualisation ou de low-tech adaptées. La question n’est pas d’éteindre, mais de réapproprier.

Enfin, cette vision d’un effondrement égalitaire oublie qui paiera le prix de l’interruption brutale du système techno-industriel. Ce sont, encore une fois, les plus pauvres, les femmes, les enfants, les personnes racisées, les personnes malades ou handicapées qui subiront le plus violemment l’effondrement des infrastructures. Ce sont ces populations — souvent au Sud — qui ont le moins de marges de résilience immédiate, et pour qui la technologie, même imparfaite, reste vitale au quotidien.

Supprimer la technique, ce n’est pas supprimer les rapports de domination. C’est parfois les aggraver, en retirant aux opprimé·es un des rares leviers d’organisation, de survie ou de résistance. Ce n’est pas la technologie en elle-même qui domine, mais la manière dont elle est intégrée à des systèmes politiques et sociaux injustes. On ne libère pas une société en lui coupant l’électricité ; on la libère en lui donnant les moyens de choisir ce qu’elle veut faire avec ses outils.

Se libérer de la fascination pour le refus

Le refus comme stratégie politique peut parfois être puissant – mais il ne sauve rien à lui seul. Dans un monde de réseaux, de crises imbriquées, de luttes dispersées, la résistance exige plus que des slogans flamboyants. 

Elle nécessite de bâtir des alliances entre luttes écologiques, syndicales, féministes, antiracistes : c’est dans ces convergences que naît une autre intelligence technique. Ni technocratie, ni technophobie, mais démocratie technique.

Ce que rate ATR, c’est d’avoir pris la technique pour l’ennemi plutôt que comme l’enjeu du conflit. Une erreur stratégique aux lourdes conséquences politiques. Car pendant que l’on hurle « tout éteindre », les data centers tournent, l’IA s’implante, les dominants captent les technologies pour renforcer leur pouvoir. Le seul moyen d’y résister durablement n’est pas de se retirer, mais d’en reprendre le contrôle.

Anti Tech Resistance constitue un symptôme de notre époque : une révolte légitime contre l’emprise numérique, le capitalisme de surveillance, la fuite en avant techno-scientifique. Mais sa solution – le rejet inconditionnel – ne peut convaincre que ceux qui ont encore le luxe de choisir entre « on » ou « off ». Pour tous les autres, il faudra bien une autre politique de la technique. Ni optimiste, ni catastrophiste, mais humaine et collective.

En définitive, le problème n’est pas la technique en elle-même, mais qui la contrôle, pourquoi, et comment. La question cruciale n’est pas de refuser la technique, mais de reprendre le pouvoir dessus. Plutôt que de tout éteindre, il s’agirait de rebrancher autrement : sur des logiques de solidarité, de soin, d’inclusion. Autrement dit, réconcilier la technocritique avec le social, et faire de la technique un champ de lutte politique, pas un terrain abandonné aux dominants.

– Maureen Damman


Photo de couverture de Saleh Bakhshiyev. Pexels.

The post « Effondrisme » : le danger d’une critique hors-sol des technologies first appeared on Mr Mondialisation.
PDF

22.07.2025 à 06:00

Eline Bonnin, portrait d’une cheffe qui cuisine vegan et facile !

Mr M.

Dix ans après la première pierre de son site Patate & Cornichon, Éline Bonnin s’est lancée dans la création de son application. L’objectif ? Accompagner celles et ceux qui souhaitent végétaliser leur alimentation. Rencontre avec une blogueuse qui a su rendre la cuisine végane fun et facile. Les années 2010 ont été propices au développement […]

The post Eline Bonnin, portrait d’une cheffe qui cuisine vegan et facile ! first appeared on Mr Mondialisation.
Texte intégral (2471 mots)

Dix ans après la première pierre de son site Patate & Cornichon, Éline Bonnin s’est lancée dans la création de son application. L’objectif ? Accompagner celles et ceux qui souhaitent végétaliser leur alimentation. Rencontre avec une blogueuse qui a su rendre la cuisine végane fun et facile.

Les années 2010 ont été propices au développement de blogs de cuisine végane reconnus et appréciés, autour d’autrices comme Marie Laforêt, Ophélie Véron ou La Petite Okara. Dans leur sillon, Éline Bonnin a très vite su se faire un nom grâce à son site, Patate & Cornichon. Des recettes « de feignasses » plébiscitées par les internautes, qui prouvent depuis plus de 10 ans qu’il est possible de s’approprier le végétal sans prise de tête.

La cuisine végane décomplexée avec Patate & Cornichon
La cuisine végane décomplexée avec Patate & Cornichon

Mr Mondialisation : Peux-tu nous raconter ton parcours de cuisinière ?

Éline Bonnin : « À l’origine, je suis pâtissière. J’ai suivi un cursus classique et ai occupé ce poste en restauration. C’est en découvrant le véganisme que j’ai dû modifier ma carrière, en créant d’abord des cours de cuisine végétale à Lyon. Ensuite, j’ai émigré à Montréal car je savais que la culture québécoise était plus ouverte à ce sujet. J’y ai ouvert un café-restaurant, avant de davantage me concentrer sur la création de recettes. C’est ainsi que j’ai créé Patate & Cornichon, puis que j’ai sorti un premier livre de cuisine – un second est à venir en octobre ! »

Mr Mondialisation : Qu’est-ce qui t’a fait passer de la restauration classique au 100% végétal ?

Éline Bonnin : « J’ai découvert le véganisme par le biais de l’éthique animale. Ce qui est particulier dans mon cas, c’est que je n’étais pas spécialement sensible à cette cause, et n’avais jamais eu d’animaux. Je suis de nature très rationnelle… C’est en lisant « Voir son steak comme un animal mort », de Martin Gibert, que j’ai découvert que manger de la viande n’était pas nécessaire, et en plus, cruel. Cela peut désormais être évité dans nos sociétés contemporaines.

J’ai donc estimé que je devais faire ma part, alors que je n’étais pas spécialement sensible au sort des animaux. Une réflexion qui s’est avérée plus logique que basée sur mon empathie, mais ce n’est pas parce qu’on n’est pas « fans » des animaux qu’on doit fermer les yeux. Mon empathie s’est développée par la suite. J’ai passé des journées dans des refuges et du temps auprès des animaux. J’ai découvert leurs individualités, leurs liens sociaux, leurs préférences, leur intérêt à vivre. 

« j’ai réalisé que nous n’avons aucune légitimité de vie ou de mort sur les animaux. »

Je viens d’une famille en partie composée de chasseurs et d’éleveurs. Ma sœur et moi sommes les seules véganes, et les seules à avoir vécu en ville, donc on nous a longtemps vues comme déconnectées de la réalité du terrain. Mais un de mes oncles m’a dit qu’il commençait à réfléchir à tout ça et aujourd’hui, nous habitons toutes les deux à la campagne. La preuve que c’est possible, quel que soit le contexte ! »

Mr Mondialisation : D’où t’es venue l’idée de créer un blog, puis une application de cuisine végane ?

Éline Bonnin : « La naissance du site remonte à une dizaine d’années. À l’époque, c’était une envie de mon mari, qui trouvait les recettes véganes trop axées sur la diététique. Pour lui qui voulait manger gourmand, il avait le sentiment qu’il manquait quelque chose. Patate & Cornichon n’était pas conçu pour durer, mais il a vite rencontré du succès et a prouvé qu’on peut très bien manger gourmand, facile et végane.

L’application Patate & Cornichon, un formidable outil pour cuisiner végane au quotidien !

Longtemps, ce n’est resté qu’un hobby. Puis je me suis professionnalisée et j’ai donc voulu améliorer mon site. C’est là que m’est venue l’idée de créer une application, d’autant plus avec mon mari qui est développeur de métier. Je voulais accompagner les gens dans leur quotidien, les aider dans leurs courses… Je me concentre à temps plein sur cette activité depuis 1 an et demi ! Créer une appli coûte très cher et est très chronophage mais nous avons de super retours depuis sa naissance en mai dernier. Elle s’adresse aux véganes comme aux personnes en transition et a pour but de servir d’outil au quotidien. Nous continuons de l’améliorer et travaillons notamment sur des « meal plans », qui permettent de programmer ses repas. »

Mr Mondialisation : Depuis le temps que tu cuisines végane, les tendances, ingrédients et techniques ont évolué. Quels changements t’ont marquée ?

Éline Bonnin : « Je trouve que cette cuisine est devenue plus accessible, avec une belle évolution des ingrédients disponibles, même bruts. Ici au Québec, tofu et tempeh se trouvent très facilement et ne sont pas chers. J’utilise peu de produits transformés dans mes recettes, mis à part le fromage râpé végane qui est assez récurrent. Il possède ce « petit plus » qui change tout. Or, c’est un ingrédient qui a longtemps été difficile à trouver. C’est super d’avoir ce type de produits disponibles aujourd’hui !

Côté techniques, j’ai été, comme beaucoup, bluffée par la découverte de l’aquafaba [l’eau de cuisson des pois-chiches qui remplace les blancs en neige, NDLR]. Tous ces apports ont permis de rendre la cuisine végane moins complexe. Aujourd’hui, j’aime alterner entre des recettes techniques, comme de beaux gâteaux, et des choses très simples. Les ingrédients qui étaient bizarres hier sont devenus plus communs, à l’instar du fruit du Jacquier, qui commence à se faire une place en France. Cela reste assez cher et exotique, mais c’est une alternative très intéressante à cuisiner. »

La charlotte aux fraises végane de Patate & Cornichon : un régal pour les yeux comme pour les papilles !

Mr Mondialisation : As-tu le sentiment que les mœurs ont également évolué ?

Éline Bonnin : « Oui, clairement. Il y a dix ans, j’intéressais uniquement les véganes. Aujourd’hui, blog et appli sont utilisés par tout le monde, de la maman qui a un enfant intolérant au lactose à la personne âgée qui doit surveiller son cholestérol. Le véganisme est mieux accepté car nous sommes nombreux à avoir prouvé que c’était bon.

Par contre, côté engagement écologique et éthique, j’ai le sentiment que le COVID a rabattu les cartes : la volonté de devenir végane me semble avoir reculé, remplacée par les plaisirs et les besoins personnels, plus centrés sur soi que sur les autres. Il existe notamment une grande mode actuelle autour des produits laitiers, via la burrata ou le cottage cheese… C’est un peu triste quand on connaît le fléau que représente l’industrie laitière. »

Mr Mondialisation : Quelles sont les plus grosses difficultés rencontrées par tes lecteurs ?

Éline Bonnin :« Elles se concentrent principalement sur les repas du soir et l’organisation des menus de la semaine, d’où la création des « meal plans ». Je travaille aussi sur la préparation des repas à l’avance, type one pots, ou des recettes petits budgets. La tendances des demandes va au budget et à la simplification. Je propose moins de recettes complexes qu’avant et tente d’aider les lecteurs à se simplifier cuisine et courses du quotidien. »

La soupe thaï au tempeh : un classique revisité, simple et tellement bon…

Mr Mondialisation : Comment vois-tu l’avenir de la cuisine végétale ?

Éline Bonnin : « Je pense qu’on est en bonne voie. Grands chefs et pâtissiers s’y intéressent, comme Pierre Hermé… Ces avancées sont importantes pour que la cuisine et la pâtisserie végétales soient prises au sérieux, deviennent une expertise. Elles sont en effet souvent relayées au côté « bloggeurs », mais c’est oublier que nous sommes souvent professionnels. Les demandes augmentent aussi autour des ateliers, des services traiteur ou des collectivités car c’est une alimentation inclusive par définition. C’est donc en bonne voie, mais souvent menacé par les modes alimentaires, ou les fausses croyances autour des quantités de protéines à ingurgiter par jour… »

« En France, j’ai le sentiment que le véganisme est plus mal perçu, qu’il possède toujours ce côté « extrémiste » »

Mr Mondialisation : La perception du véganisme en général te semble-t-elle avoir également évolué ?

Éline Bonnin : « Ici, au Canada francophone, on est assez libre de faire qu’on veut et c’est très bien. La véganisme est un choix personnel qui n’y est pas contredit et peu décrié. Il se retrouve dans beaucoup de métiers créatifs, tels la cuisine mais aussi le textile. Du coup, il a aussi tendance à être dépolitisé : on ne perçoit plus vraiment son côté revendicatif.

En France, j’ai le sentiment que le véganisme est plus mal perçu, qu’il possède toujours ce côté « extrémiste ». Je pense que nous devrions trouver un juste milieu : être végane, c’est une façon de mieux manger et de repenser son rapport aux êtres vivants, mais c’est aussi politique. Ma façon à moi de militer, ce sont mes recettes qui offrent le choix et la possibilité de manger autrement. »

L’application Patate & Cornichon est disponible sur l’App Store et sur Google Play.

– Propos recueillis par Marie Waclaw


Source image d’en-tête : Patate & Cornichon

The post Eline Bonnin, portrait d’une cheffe qui cuisine vegan et facile ! first appeared on Mr Mondialisation.
PDF
10 / 10
 Persos A à L
Carmine
Mona CHOLLET
Anna COLIN-LEBEDEV
Julien DEVAUREIX
Cory DOCTOROW
Lionel DRICOT (PLOUM)
EDUC.POP.FR
Marc ENDEWELD
Michel GOYA
Hubert GUILLAUD
Gérard FILOCHE
Alain GRANDJEAN
Hacking-Social
Samuel HAYAT
Dana HILLIOT
François HOUSTE
Tagrawla INEQQIQI
Infiltrés (les)
Clément JEANNEAU
Paul JORION
Michel LEPESANT
Frédéric LORDON
 
 Persos M à Z
Henri MALER
Christophe MASUTTI
Jean-Luc MÉLENCHON
Romain MIELCAREK
MONDE DIPLO (Blogs persos)
Richard MONVOISIN
Corinne MOREL-DARLEUX
Timothée PARRIQUE
Thomas PIKETTY
VisionsCarto
Yannis YOULOUNTAS
Michaël ZEMMOUR
LePartisan.info
 
  Numérique
Christophe DESCHAMPS
Louis DERRAC
Olivier ERTZSCHEID
Olivier EZRATY
Framablog
Tristan NITOT
Francis PISANI
Pixel de Tracking
Irénée RÉGNAULD
Nicolas VIVANT
 
  Collectifs
Arguments
Bondy Blog
Dérivation
Dissidences
Mr Mondialisation
Palim Psao
Paris-Luttes.info
ROJAVA Info
 
  Créatifs / Art / Fiction
Nicole ESTEROLLE
Julien HERVIEUX
Alessandro PIGNOCCHI
XKCD
🌓