15.09.2025 à 20:54
Concerts de soutien à la Librairie Publico
Rendez-vous les 20 et 21 septembre pour un week-end de soutien à la librairie Publico (145 rue Amelot, Paris 11e) !
Texte intégral (858 mots)

Rendez-vous les 20 et 21 septembre pour un week-end de soutien à la librairie Publico (145 rue Amelot, Paris 11e) !
Un espace militant accessible toute l'année. Des milliers de livres, et puis des revues, et des DVD, des CD, des débats, des films, des expos, des concerts, des rencontres avec des auteurs, des activistes venus du monde entier. Un lieu unique de diffusion de la pensée libre, contestataire et anarchiste.
Ce porte-voix du mouvement d'émancipation, nous devons aujourd'hui le protéger. La crise, les frais (postaux en particulier) qui augmentent, les poches vides des camarades… bref, l'argent manque.
Pendant deux jours, Publico organise une Grande Braderie, symbole de notre volonté de diffuser les idées anarchistes et la culture au sens large, musique compris, au plus grand monde.
Samedi 20 septembre
Dans le cadre de la fête de rentrée de la librairie Publico et de la Grande Braderie de livres et disques, Paco Munoz accompagné du guitariste “El Jere” jouera à 15h (découverte du chant Flamenco)

Dimanche 21 septembre
Le Mouton qui Mord propose un DJ Set résolument AntiFA, Féministe et Queer à 17h30

14.09.2025 à 19:00
10 Septembre : la police a incendié un immeuble et une voiture
Pendant des jours, les médias et le Ministère de l'Intérieur ont martelé en boucle qu'ils ne tolèreraient pas la « moindre violence » et ont multiplié les menaces de répression. On connait le refrain : l'État déploie une violence extrême et militarisée en prétendant « empêcher la violence » hypothétique des mouvements sociaux.
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Pendant des jours, les médias et le Ministère de l'Intérieur ont martelé en boucle qu'ils ne tolèreraient pas la « moindre violence » et ont multiplié les menaces de répression. On connait le refrain : l'État déploie une violence extrême et militarisée en prétendant « empêcher la violence » hypothétique des mouvements sociaux.
Le 10 septembre, un gang armé et cagoulé a effectivement causé de gros dommages matériels à Paris, et ils auraient pu provoquer la mort de nombreuses personnes. L'après-midi, à Châtelet, au cœur de la capitale, des policiers enragés ont lancé une série de charges en tirant de nombreuses grenades pour empêcher tout rassemblement. Ils obéissaient aux ordres du ministre de l'Intérieur, qui avait réclamé « d'aller au contact » du moindre regroupement.
Une des munitions incandescentes qui a été jetée sur la foule a atterrie sur l'auvent d'un bar, provoquant un incendie qui a ravagé toute la façade et aurait pu causer des victimes. Après avoir tenté de mentir, les médias et les autorités ont fini par reconnaître avec beaucoup de gêne et de minimisations, face aux preuves, que c'est bien la police qui était responsable du feu.
14.09.2025 à 16:00
12 septembre 1948 : tentative d'attentat aérien contre Franco
Le 12 septembre 1948, une tentative d'attentat aérien contre Franco est entreprise par un petit groupe d'exilés anarchistes à Paris. Les audacieux choisissent la voie des airs pour tenter de bombarder la tribune officielle d'une course de bateaux depuis un petit avion de tourisme qui décolle du pays basque.
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Le 12 septembre 1948, une tentative d'attentat aérien contre Franco est entreprise par un petit groupe d'exilés anarchistes à Paris. Les audacieux choisissent la voie des airs pour tenter de bombarder la tribune officielle d'une course de bateaux depuis un petit avion de tourisme qui décolle du pays basque.
Le contexte : après la défaite militaire des révolutionnaires espagnols
La victoire militaire de Franco contre les révolutionnaires en 1939 ouvre la voie à la répression du mouvement social [1]. Franco achève ainsi la contre-révolution débutée en 1936. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Espagne franquiste n'intervient pas, tandis que les antifascistes exilés en France s'engagent dans la résistance à la fois contre le nazisme et le régime de Vichy. Forts de l'expérience acquise durant la révolution espagnole, ils participent à des actions de guérilla au sein des maquis puis libèrent de nombreuses villes de l'occupant allemand et de la milice de Pétain. Le 24 août 1944, des anarchistes espagnols participent en particulier à la libération de Paris. Les troupes révolutionnaires et antifascistes croient alors pouvoir poursuivre leur offensive jusqu'en Espagne [2] mais ils ne sont pas soutenues par l'armée américaine qui craint l'avancée du communisme en Europe [3]. Si le régime est faible et isolé économiquement et diplomatiquement, le pays est toujours tenu d'une main de fer : la Phalange contrôle la police politique, l'éducation nationale, la presse, la radio, la propagande et toute la vie économique et syndicale.
Les préparatifs : le baptême de l'air des militants espagnols
C'est alors qu'un groupe d'anarchistes exilés en France projette un attentat aérien contre le caudillo. Après l'achat en France d'un petit avion de tourisme qu'ils chargent de bombes, trois compagnons espagnols prennent place dans l'avion (le pilote Primitivo Gómez, José Pérez [4] et Antonio Ortiz [5]) dans le but de bombarder la tribune du Club nautique d'où Franco et les hauts dignitaires du régime doivent présider les régates. Antonio Tellez Sola raconte cette histoire rocambolesque dans un petit livre, traduit récemment en français sous le titre Attentat aérien contre le général Franco :
Le sens de l'histoire d'Espagne aurait pu être changé, le dimanche 12 septembre 1948, lors de la seconde journée des régates de traînières qui se déroulaient à Saint-Sébastien en présence du général Franco. Un groupe d'anarchistes en exil avait planifié la mort du chef de l'État, dans la baie de la Concha, sous une pluie de bombes incendiaires et à fragmentation larguées par un avion de tourisme. [6]

Cerrada [7] mit sur la table des plans et des photographies de la ville de Saint-Sébastien (Donostia pour les Basques), en expliquant que le général Franco y serait pour assister aux régates annuelles de septembre. Il lui dit qu'il disposait d'un bon pilote - que lui avait présenté Pedro Mateu - et qu'il avait plus d'argent que nécessaire pour pouvoir acheter un avion. Il lui montra un catalogue de petits avions de tourisme de la société aéronautiques Nord-Aviation (SNCAM), parmi lesquels il avait fait son choix. [8]

Ensuite, évidemment, la conversation tourna autour de la réalisation de l'attentat (...). José Pérez, "el Valencia", faisait grise mine, ne disait pas un mot, jsuqu'au moment où, n'y tenant plus et profitant d'un instant où il fut seul avec Ortiz, il lâcha d'un ton catégorique :
« Moi aussi j'y vais !
- Où ça ? demanda Ortiz, moqueur.
- Avec toi ! (...) Tu me prends pour un idiot ? (...) Est-ce que tu n'as pas confiance après tant d'années et tant de fois où...
- Ce n'est pas une question de méfiance, mais tu n'es encore jamais monté, ne serait-ce que dans un ballon dirigeable...
- Et quelle importance ? répondit Pérez, presque en criant. S'il faut monter dans un ballon, on monte, et si c'est sur un chameau même chose... »Ortiz fut contraint d'accepter le principe de la participation de son ami, mais en le prévenant qu'il fallait d'abord vérifier ce que c'était que "monter en ballon". [9]

Tellez Sola fait alors le récit du baptême de l'air de ces anarchistes espagnols, aussi fiers que téméraires. À commencer par Cerrada, qui monte en tremblant après avoir remis son testament à Villanueva, et redescend avec le sourire d'un grand gamin.
Et maintenant, c'était au tour d' « el Valencia » de prouver qu'il pouvait « monter en ballon ». La peur de José Pérez était très particulière. Il se concentrait sur la réaction de ses viscères, craignant qu'elles ne lui jouent un tour et lui fassent louper l'examen. Il s'installa à côté du pilote avec un mouchoir blanc paraissant aussi grand qu'un drap (...). Son visage était plus blanc que le mouchoir. Le temps était très beau et l'appareil très peu secoué. La pâleur du novice disparut peu à peu et, finalement, le mouchoir termina au fond d'une poche. Quand le Norécrin atterit à Saint-Jean-d'Angely, le visage rayonnat de bonheur d' « el Valencia » était indescriptible. [10]
On suit alors les derniers préparatifs, Ortiz se chargeant en particulier de vérifier le bon fonctionnement des engins incendiaires dérobés dans une poudrière d'Orléans pendant l'occupation allemande [11].
La tentative d'attentat aérien de septembre 1948
Le samedi, veille du jour J, arriva enfin. Ils logeaient tous dans une pension de famille à Dax et Cerrada guettait les appels téléphoniques. (...) Les propriétaires s'interrogeaient sur l'air sérieux de leurs locataires et semblaient un peu ennuyés de les voir si concentrés. Ils leur servirent à manger avec quelques bouteilles de vin, mirent de la musique, et sans doute pour leur être agréable, passèrent le disque « Adios Pampa Mia ». Ensuite, ensuite, on dansa un peu et il était déjà tard quand tout le monde alla se coucher.
Le dimanche 12 septembre, ils se levèrent vers 8 heures. Primitivo était très calme, « El Valencia » avait sa tête sérieuse habituelle, Ortiz avait du mal à cacher son excitation, Cerrada se plaignait d'avoir mal aux pieds car, la nuit précédente, il avait dansé avec la patronne de la pension. Ils déclarèrent qu'ils allaient faire un tour à l'extérieur de la ville et qu'ils ne rentreraient probablement pas avant la tombée de la nuit. Ils partirent directement vers le terrain d'aviation. [12]
Ils camouflent alors l'immatriculation de l'avion avec du papier collant, et s'embarquent tant bien que mal à bord. L'avion, surchargé, a du mal à décoller. En bout de piste, il frôle les branches des arbres les plus hauts [13]. Après avoir pris de l'altitude, il se dirige vers Biarritz et la mer.
- Regarde Ortiz, on y est, cria Primitivo.
Là-bas, au loi, un peu floue, apparaissait la côte. Le nez de l'appareil pointait en direction du mont Igueldo. Primitivo diminua la vitesse et entama la descente pour se positionner à l'entrée du champ d'action à trois cent mètres d'altitude, dans l'espoir de pouvoir évoluer avec les autres petits avions qui devaient être en train de survoler la baie de la Concha.
- Valencia ! cria Ortiz. Viens m'aider !
« El Valencia », tandis qu'il commençait à desserrer les goupilles de sécurité des bombes, se livrait, avec son gabarit de un mètre quatre-vingts, à une difficile gymnastique pour passer sur le siège arrière.
Pendant la descente de l'avion, le ciel s'éclaircit un peu et la mer était parfaitement visible. On distinguait deux bateaux de guerre (...) effectuant des cercles au large (...). On pouvait apercevoir la baie qui, protégée par l'île de Santa Clara, constitue le port de Saint-Sébastien. Les deux accès à la Concha étaient barrés par des rangées d'embarcations, au-devant desquelles se trouvaient deux vedettes qui semblaient armées.
Tout allait très vite. « El Valencia » avec ses acrobaties, avait déjà la moitié du corps à l'arrière. Allons-y, cria le pilote, le regard fixé sur la côte. [14]

D'un seul coup, alors qu'ils étaient à la verticale du mont Igueldo, le ciel s'éclaircit et un hydravion apparut, se dirigeant vers le Norécrin à la même altitude. Primitivo vira à droite, comme s'il voulait survoler la côte, tandis que l'hydravion virait, lui, à gauche, survolant en demi-cercle la zone intérieure de la baie de la Concha comme pour la recouvrir d'un filet protecteur. [15]
Le petit avion est alors intercepté par quatre avions de chasse espagnols. La "bicyclette" pique vers la mer. Son air inoffensif lui sauve la mise et lui évite d'être abattu. Il parvient finalement à rejoindre la France, les bombes incendiaires sont larguées en mer. Cela donnera lieu à un échange diplomatique entre la France et l'Espagne et à l'interrogatoire par la police française du pilote et du propriétaire (officiel) de l'avion, l'anarchiste français Georges Fontenis [16]. Cet épisode spectaculaire est emblématique de la résistance antifranquiste depuis l'exil qui ne manque certes pas de courage, mais terriblement de moyens. Deux livres, parus récemment aux éditions Albache, reviennent sur l'histoire de cette période complexe :


[1] Février 1939 : proclamation de la loi sur les responsabilités politiques. On compte 500 000 détenus en 1940
[2] C'est en particulier l'épisode de la prise du Val d'Aran en octobre 1944.
[3] Les États-Unis passeront plus tard un accord permettant l'implantation de bases sur le territoire espagnol.
[4] José Pérez Ibañez, dit « El Valencia », né à Jativa (Valence) en 1912 et mort le 15 mars 1992 à Saverdun, est un militant libertaire anarcho-syndicaliste catalan. Emigré à Barcelone dès son adolescence, il milita à la CNT mais surtout dans les groupes d'action, notamment au groupe Los Solidarios, puis lors du mouvement insurrectionnel de janvier 1933 au cours duquel il fut blessé et emprisonné, au groupe Nosotros. En juillet 1936 il était membre du Comité de défense catalan de la CNT et participa aux combats de rues et notamment à l'attaque de la prison des femmes, avant de s'enrôler dans la Colonne Ascaso et Los Aguiluchos où il fut le bras droit de Gregorio Jover. Opposé à la militarisation des Colonnes, il retourna alors à l'arrière. Exilé en France lors de la Retriada, il fut interné dans divers camps puis travailla comme bûcheron dans la région de Cognac. A la Libération, il ouvrit avec Antonio Ortiz Ramirez une petite scierie à Saverdun (Ariège). Lié aux activités conspiratrices du MLE contre Franco, il participa à l'été 1948 à la tentative d'attentat aérien contre le yacht du général Franco dans la baie de San Sebastain. Le dimanche 12 septembre 1948 il avait embarqué dans le petit avion avec Antonio Ortiz et Primitivo Pérez Gomez comme pilote. José Pérez Ibañez El Valencia a été arrêté en janvier 1950 avec ses camarades, à la suite de la découverte par la police française d'une imprimerie clandestine de Laureano Cerrada Santos qui avait financé l'achat de l'avion. Dans les années 1980 José Pérez Ibañez était membre de l'Amicale de la 26e Division regroupant les anciens combattants de la Colonne Durruti. Il est décédé à Saverdun le 15 mars 1992.
[5] Antonio Ortiz Ramírez, né le 13 avril 1907 dans le quartier de Poble Nou à Barcelone et mort le 2 avril 1996, est un militant libertaire anarcho-syndicaliste catalan. Charpentier-menuisier, il adhère à quatorze ans à la Confédération Nationale du Travail puis plus tard à la Fédération Anarchiste Ibérique. Après la proclamation de la République (1931), il fait partie du comité syndical du quartier de Poble Nou et, en novembre 1932, est nommé président de "l'Union syndicale du Bois" au moment où éclate une grève importante des menuisiers ébénistes qui durera de novembre 1932 à avril 1933. Durant cette période (janvier 1933) se produit également le mouvement insurrectionnel qui lui vaudra d'être emprisonné avec d'autres grévistes. Il est un des membres des groupes anarchistes Los Solidarios et Nosotros. Lors de la Révolution sociale espagnole de 1936, il prend la tête de la colonne « Sur-Ebro », avant de devenir, suite à la militarisation des milices, commandant de la 25e division républicaine. Mais, accusé d'abus de pouvoir dans le cadre de conflits complexes, on lui retire le commandement en septembre 1937. En 1938, il passe en France avec Joaquín Ascaso et dix autres collaborateurs, fuite qui provoque de virulentes critiques de la part de certains dirigeants de la CNT qui l'accusent de désertion. Après la déroute républicaine, il est interné à partir de février 1939 dans les camps de concentration du sud de la France : St Cyprien, Le Vernet, et séjourne aussi à la prison de Collioure. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'enrôle comme volontaire dans les Forces françaises libres et combat en Afrique puis participe au débarquement de Provence le 16 août 1944. Au début des années 1950, après avoir conçu cette tentative d'attentat contre Franco, il émigre en Amérique du Sud, avant de revenir en Espagne en 1987 après la mort du dictateur. Une biographie, réalisée en 1999 par José M. Márquez et Juan J. Gallardo, retrace sa vie : Ortiz, général sans dieu ni maître (un film portant le même titre a également été réalisé par Laurent Guyot, Ariel Camacho, et Phil Casoar).
[6] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, pp. 21-22
[7] Laureano Cerrada Santos, né à Miedes (Guadalajara) en 1902, assassiné le 18 octobre 1976 à Paris, est un militant libertaire anarcho-syndicaliste espagnol. Emigré à Barcelone en 1920, Laureano Cerrada Santos, qui avait été un élève de l'école rationaliste de José Alberola, animait les syndicats cheminots de la CNT et était un membre très actif des groupes de défense. En juillet 1936 il avait participé à la prise de la caserne de Atarazanas puis à la prise de contrôle de la Gare de France à Barcelone où il allait être l'âme du Comité de contrôle des chemins de fer. Pendant la guerre il fut le fondateur en 1937 d'une Direction générale technique des chemins de fer et le responsable de la Caisse centrale de l'administration des chemins de fer, poste où il sera d'une grande aide pour les compagnons du front d'Aragon. Exilé en France lors de la Retirada, il travaillera dans une fonderie à Chartres jusqu'à l'arrivée des allemands où il gagna Montauban puis Angoulême. Pendant l'occupation allemande il avait monté un atelier de faux papiers, participait à la Résistance (sabotages, récupérations d'armes) et montait une vaste infrastructure (hôtels, imprimeries, dépots d'armes..) qu'il mettra par la suite au service de la lutte antifranquiste. Elu secrétaire de la XI Région (Paris) en 1945 il a été l'un des organisateurs du 1er Congrès de la CNT en exil tenu à Paris en mai. Secrétaire de coordination (1945) du Mouvement libertaire espagol, il allait financer l'achat de diverses bases des groupes d'action (le Mas tartas, un hôtel à Font Romeu, etc), être la cheville ouvrière des principales tentatives d'attentats contre Franco (affaire de l'avion, plan Mil Uno, Plan Panico...) et grâce à la fabrication de fausse monnaie et la falsification de bons du Trésor, montait en Espagne plusieurs entreprises d'import export qui camouflaient les activités clandestines de la CNT. En février 1946 il aurait été l'organisateur de l'attaque d'un fourgon du Crédit Lyonnais à Paris où 30 millions de l'époque avaient été récupérés et destinés à l'achat d'armes en Italie qui étaient ensuite transférés entre les côtes italiennes et françaises avec des vedettes rapides. Il aurait également récupéré dans une imprimerie de Milan où était fabriquée les billets de 50 et 100 pesetas une planche à billets qui lui permettra de tirer de la fausse monnaie espagnole. En mai 1947 il aurait été contrôlé à Vintimille, à la frontière italienne, où, se faisant passer pour un général, il parvint à passer une centaine de faux passeports et de la fausse monnaie. En 1948 il était membre du Comité de relations de la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI). Il a grandement aidé financièrement la presse de l'exil et en particulier Solidaridad Obrera et de nombreux militants auxquels il a fourni des faux papiers. Arrêté suite à une dénonciation en 1951 à Gaillon (Eure) pour trafic de fausse monnaie, une partie de son infrastructure tombait : une imprimerie à Elbeuf, un hôtel à Paris, le garage de la rue de la Douane et son important parc de camions, une fabrique de chaussures et une agence de transports ; tous ces commerces étaient légaux, mais il était impossible de justifier leur origine. Parallèlement,t plusieurs comptes bancaires (représentant plusieurs dizaines de millions de l'époque) avaient été saisis. Il fut emprisonné de 1951 à 1954 et fut « exclu » du mouvement libertaire pour « méthodes inadmissibles ». De nouveau arrêté en France le 27 mai 1970 pour trafic de faux papiers, il fut emprisonné jusqu'en 1974. Laureano Cerrada Santos a été pris dans une embuscade et assassiné par un policier franquiste à Paris le 18 octobre 1976, alors qu'il sortait d'un bar du quartier populaire de Belleville.
[8] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, p. 54
[9] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, p. 61-62
[10] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, p. 66-67
[11] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, p. 70
[12] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, pp. 73-74
[13] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, pp. 77
[14] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, pp. 78-79
[15] Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Paris, Albache Editions, 2014, pp. 79-80
[16] Georges Fontenis, né le 27 avril 1920 à Paris et mort le 9 août 2010 à Reignac-sur-Indre (Indre-et-Loire), est un instituteur, puis professeur à l'École normale d'instituteurs de Tours. Syndicaliste et communiste libertaire, il est une des principales figures anarchistes des années 1940-1950, mais aussi une des plus controversées en raison de son rôle au sein de l'OPB. Il participe à la reconstruction du mouvement libertaire français en 1945 et au congrès constitutif de la Fédération anarchiste. En 1946, il est élu secrétaire général de la Fédération anarchiste. Homme neuf, il fait consensus car n'appartenant à aucun « clan » (les tendances communiste libertaire et individualiste cohabitent mal au sein de la FA). Au début de 1950, une partie des communistes libertaires s'organisent en fraction autour de Georges Fontenis : l'Organisation Pensée Bataille (OPB) prend alors les postes-clés d'une Fédération Anarchiste qui, malgré son nom, fonctionne de manière autoritaire autour de secrétariats aux mandats très flous. En mai-juin 1952, lors du congrès de Bordeaux, Georges Fontenis fait ainsi exclure un certain nombre de personnalité et tout particulièrement les principaux représentants des individualistes. L'O.P.B transforme lors du congrès de Paris de mai 1953, la Fédération Anarchiste en Fédération Communiste Libertaire (F.C.L). Les individualistes et une partie des communistes libertaires regroupés autour de Maurice Joyeux vont constituer une nouvelle Fédération Anarchiste. À partir de 1954, la FCL et Georges Fontenis s'engagent dans le soutien politique et logistique à l'insurrection algérienne. 1953 : la Fédération anarchiste se transforme en Fédération communiste libertaire au terme d'une longue lutte de tendance qui a opposé les tenants de la Synthèse aux partisans de la Plate-forme, emmenés par Georges Fontenis. En 1954, lors de l'insurrection algérienne de la « Toussaint rouge ». La Fédération communiste libertaire est la première organisation française, avec un parti trotskiste, à s'engager aux côtés des indépendantistes. Un de ses militants, Pierre Morain, sera le premier prisonnier politique français de la guerre d'Algérie. Le 2 janvier 1956, la FCL présente une liste aux élections législatives comportant 10 « candidats révolutionnaires » dont Georges Fontenis. En 1957, la FCL disparaît sous les coups de la répression, tout comme, en Algérie même, le Mouvement libertaire nord-africain ; plusieurs animateurs de la FCL, dont Fontenis, sont incarcérés. Fontenis participera plus tard à la fondation du Mouvement communiste libertaire (MCL), qui se transforme en Organisation communiste libertaire (OCL dite « première manière ») puis adhèrera en 1979 à l'Union des travailleurs communistes libertaires qui donnera naissance à Alternative libertaire.
Sources utilisées ou reprises disponibles en ligne : Ephéméride Anarchiste ; Wikipédia, site « Los de la Sierra ».
Bibliographie complémentaire : Georges Fontenis, L'autre communisme. Histoire subversive du mouvement libertaire, Acratie, 1990 ; Antonio Tellez Sola, Attentat aérien contre le général Franco, Albache, 2014.
Films : Alain Resnais, La guerre est finie ; Laurent Guyot, Ariel Camacho, et Phil Casoar, Ortiz, général sans dieu ni maître.
Voir aussi un précédent article portant sur Delgado et Granado.
14.09.2025 à 15:00
Jin, Jiyan, Azadi (Femme, Vie, Liberté) : La généalogie d'un slogan
À l'occasion de l'anniversaire de la mort de Jina Mahsa Amini, tuée par la police des mœurs le 16 septembre 2022 en Iran, retour sur le slogan le plus connu des manifestations qui ont éclaté suite à sa mort. Article publié sur Crimethinc en mars 2023.
Texte intégral (7490 mots)

À l'occasion de l'anniversaire de la mort de Jina Mahsa Amini, tuée par la police des mœurs le 16 septembre 2022 en Iran, retour sur le slogan le plus connu des manifestations qui ont éclaté suite à sa mort. Article publié sur Crimethinc en mars 2023.
Préface
Le soulèvement révolutionnaire associé au slogan “Jin, Jiyan, Azadi” (“Femme, Vie, Liberté”) a commencé en Iran il y a près de six mois, le 16 septembre 2022, lorsque la police des mœurs de la République islamique a assassiné une jeune femme kurde de 22 ans, Jina (Mahsa) Amini. Depuis lors, le pays tout entier est en feu. Cette révolution féministe n'est pas simplement une réponse au hijab obligatoire ; elle vise à mettre fin à 44 ans d'apartheid des sexes, de patriarcat, de dictature militaire, de néolibéralisme, de nationalisme et de théocratie islamiste. À l'instar du soi-disant printemps arabe, le mouvement Jin, Jiyan, Azadi réclame “la chute du régime” dans l'optique d'un changement social systémique.
Au cours des trois premiers mois du mouvement, plus de 18 000 militants et manifestants ont été arrêtés, des milliers ont été blessés et plus de 500 personnes ont été tuées par balle ou sous la torture, dont 70 enfants. Plus de 100 personnes risquent toujours d'être exécutées. Les prisonniers ont été soumis à diverses formes de brutalité, notamment à des verdicts sans fondement lors de simulacres de procès menés sans avocats indépendants et à des tortures physiques et psychologiques visant à contraindre les captifs à signer de faux aveux. Les femmes et les prisonniers queers en particulier sont menacés de viol et de harcèlement sexuel. Dans la phase de répression la plus récente, le régime se venge de l'insurrection des femmes en empoisonnant systématiquement les étudiantes et les enfants avec des gaz chimiques dans plus de 200 écoles à travers le pays, ce qui a entraîné la mort d'au moins deux enfants et l'hospitalisation de centaines d'autres.
Malgré cela, ou à cause de cela, le mouvement se poursuit. Les classes opprimées continuent de se battre dans la rue, dans les prisons et les écoles, au travail, sur les plateformes de reseaux sociaux, lors de la commémoration des martyrs au cours des cérémonies funéraires et en solidarité avec les mères et les familles qui ont perdu leurs enfants. La République islamique a atteint un point irréversible ; les roues de l'histoire ne peuvent être inversées par la répression. Lorsque les jeunes femmes scandent dans les universités “C'est une révolution de femmes, n'appelez plus cela une manifestation”, elles signifient que “cette fois, c'est différent”, qu'elles sont déterminées à renverser le régime. Actuellement, le rythme des manifestations de rue est réduit ; les militants ont profité de cet intervalle pour s'organiser, se ressaisir et réfléchir.
L'article suivant a été publié en persan le 27 octobre 2022, pendant les phases initiales du mouvement. Il a été traduit du persan à l'anglais par Golnar Narimani et comparé à la traduction d'un camarade anonyme. Le texte a été édité et finalisé par Morteza Samanpour. Je les remercie tous, ainsi que le comité éditorial de CrimethInc., d'avoir mis ce long texte à la disposition des lecteurs anglais.

Introduction
Après l'assassinat de Jina Amini par la soi-disant “police des mœurs” le 16 septembre 2022, “Jin, Jiyan, Azadi” est rapidement devenu le slogan central d'une vague de protestations qui s'est propagée dans tout l'Iran. Ce slogan a été scandé pour la première fois le jour de l'enterrement de Jina par les habitants en colère de Saqqez, sa ville natale au Kurdistan : des milliers de personnes courageuses ont exprimé leur solidarité avec sa famille et ont fait échouer le projet du régime d'enterrer Jina en secret.
Dans le cadre de sa culture politique, le peuple kurde célèbre collectivement le martyre lors des funérailles des militants qui ont sacrifié leur vie, transformant la mort en arme de résistance. Le jour de l'enterrement de Jina, quelqu'un a crié “Jin, Jiyan, Azadi”, que tout le monde a immédiatement répété, selon une femme qui a assisté à l'événement. Le slogan était clair, familier et intuitivement compréhensible par cœur. Ce slogan a ensuite été utilisé à Sanandaj, une autre ville kurde, puis par des étudiants à Téhéran, pour finalement se répandre dans tout le pays, dans toutes les villes, tous les villages et toutes les rues.
Comment ce slogan est-il arrivé à Saqqez ? Pourquoi est-il devenu le slogan central de différentes parties du Kurdistan et du reste de l'Iran ? Comment est-il devenu le nom par lequel le mouvement révolutionnaire iranien s'identifie ? Quelles significations sociales et politiques la généalogie du slogan peut-elle révéler ?

Les origines historiques de “Jin, Jiyan, Azadi” (Femme, Vie, Liberté)
Le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” n'est pas devenu le mot d'ordre du soulèvement en Iran par hasard. Il n'est pas tombé du ciel ; il a émergé d'une longue histoire de luttes sociales. Ce slogan est l'héritage du mouvement des femmes kurdes dans la partie du Kurdistan située en Turquie, une région connue des Kurdes sous le nom de “Bakur”.
En septembre 2022, Atefeh Nabavii, une codétenue de Shirin Alamholi (membre du PJAK, la branche kurde iranienne du PKK), a écrit sur son Twitter :
C'est de Shirin Alamholi que j'ai entendu pour la première fois le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” dans la prison d'Evin ; il était écrit sur le mur, à côté de son lit.
Shirin Alamholi a été exécutée en mai 2009 pour avoir été membre du PJAK, considéré comme un parti “terroriste” par le régime. Elle n'avait que 28 ans ; son corps n'a jamais été rendu à sa famille.
Le PJAK à Rojhilat (partie du Kurdistan iranien) et le mouvement des femmes kurdes à Bakur sont tous deux influencés par la philosophie politique d'Abdullah Öcalan, fondateur et leader charismatique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Öcalan a fondé le parti en 1978 avec un petit groupe de camarades ; après le coup d'État militaire répressif de 1980, le parti a inscrit la lutte armée à son programme en 1984 et est devenu depuis lors la principale force d'opposition en Turquie. Öcalan est en isolement depuis 1999, enfermé dans la prison d'İmralı sur une île près d'Istanbul. Dans sa phase marxiste et nationaliste, Öcalan a tenté d'associer les idées de Mao Tsé- Toung et de Frantz Fanon à la demande de libération kurde afin de former un mouvement socialiste uni. Dès le début, il a encouragé les femmes à participer au mouvement national du Kurdistan avec pour principal slogan que “la libération du Kurdistan n'est pas possible sans la libération des femmes”. [1]
Avec ce slogan, le PKK s'est distingué des autres organisations de gauche de l'époque en Turquie et au Moyen-Orient en général. Le PKK a mis en exergue la question des femmes dans le cadre du nationalisme kurde moderne, qui était principalement lié à la préservation de la patrie, de son propre sol, de la culture et de la langue kurdes.”
Avec ce slogan, le PKK s'est distingué des autres organisations de gauche de l'époque en Turquie et au Moyen-Orient en général. Le PKK a mis en exergue la question des femmes dans le cadre du nationalisme kurde moderne, qui était principalement lié à la préservation de la patrie, de son propre sol, de la culture et de la langue kurdes.

Cependant, après l'effondrement de l'Union soviétique, le PKK a connu une révolution intellectuelle à partir de 1995. Il a commencé à s'éloigner du marxisme orthodoxe et de la revendication d'un État kurde indépendant, abandonnant l'idée du “Grand Kurdistan”, et s'est orienté vers des idées politiques centrées sur la “démocratie” plutôt que sur la “classe” au sens marxiste classique du terme. Dans cette nouvelle phase du mouvement kurde mené par le PKK, la subjectivité politiquene s'identifie pas seulement aux travailleurs en tant qu'“avant-garde”, mais aussi aux femmes et aux militants écologistes. Cette tendance a atteint son apogée après l'arrestation d'Öcalan et les textes qu'il a publiés depuis la prison turque en guise de défense judiciaire. Dans ces livres, écrits dans des conditions désespérées et envoyés à ses partisans par fax ainsi qu'à ses avocats, Öcalan penche en faveur d'une forme d'autonomie communale appelée “confédéralisme démocratique”, constituée de trois piliers principaux : “les communes, les femmes et l'écologie”. [2]
Dans cette nouvelle phase, la question des femmes est devenue centrale pour le PKK et le mouvement des femmes du parti a acquis une indépendance croissante, tant sur le plan pratique que théorique. [3]
Dans la première phase du PKK, lorsque les idées nationalistes et marxistes-léninistes prévalaient, Öcalan s'est référé aux mythologies anciennes de la Mésopotamie (la région historique de l'Asie occidentale qui comprend les habitants géographiques du peuple kurde et d'autres), la présentant comme le “glorieux passé ancien” des Kurdes et proposant que les sociétés mésopotamiennes étaient matriarcales à l'époque. [4]
Öcalan a utilisé des mythes locaux et féminins contre les histoires de l'impérialisme, du colonialisme et du patriarcat. En soulignant l'antagonisme mythique entre Enkidu (le dieu masculin), qui incarne l'État, et Ishtar (la déesse de la guerre, de l'amour romantique et de la liberté féminine), qui s'incarne dans les guérillas féminines, Öcalan a tenté d'encourager les femmes kurdes à se joindre à la lutte armée. Dans ce cadre théorique, les femmes sont considérées comme les premières à créer la vie et à cultiver les connaissances et les outils nécessaires à la vie, qui ont ensuite été volés aux déesses par les hommes.
Öcalan associe les pouvoirs créatifs des femmes à leur capacité unique de maternité et d'accouchement, c'est-à-dire à leurs caractéristiques corporelles et physiologiques distinctives. C'est là qu'une partie de son cadre lie la supériorité des femmes à leurs caractéristiques physiques distinctives d'une manière essentialiste, et dans son interprétation du genre, une approche mythologique et immatérielle remplace une approche matérialiste. L'objectif, cependant, était clairement politique. Comme Öcalan l'a lui-même déclaré, son but était de redonner aux femmes la confiance en soi qu'elles avaient perdue et de montrer que le patriarcat n'était pas un principe éternel et naturel de l'histoire, mais le résultat de pratiques historiques. [5]
Le patriarcat peut donc être transformé. En d'autres termes, parce qu'un monde fondé sur l'égalité des sexes a existé en Mésopotamie, il aurait pu être réalisé à nouveau.

À partir des années 1990, et plus particulièrement entre 1994 et 1998, Öcalan a utilisé les termes “femme” et “vie” à de nombreuses reprises. En particulier parce que la racine des mots femme (Jin) et vie (Jiyan) est la même en kurde, l'utilisation des mots femme et vie ensemble s'est facilement répandue au Kurdistan. Par exemple, en 1999, le PKK a publié une brochure intitulée “Jin Jyian” (“Femmes-Vie”), et à partir de 2000 environ, le slogan “Jin, Jiyan” a été largement utilisé par les mouvements de femmes kurdes à Bakur. L'expression “femme-vie” (Jin, Jiyan) est beaucoup plus ancienne que “Jin, Jyian, Azadi” (“Femme, vie, liberté”).
La liberté (Azadi) est également l'un des mots-clés du PKK dans le contexte du genre. En fait, c'est l'idée de la “liberté des femmes” qui les a initialement mobilisées pour participer à l'action politique et à la lutte armée. Selon le PKK, la “liberté” est la libération des femmes des relations de pouvoir et de la domination - en particulier du capitalisme, de l'État et du patriarcat (y compris l'institution de la famille). Par exemple, lors de la première conférence organisée à Istanbul (en 1999) par des activistes kurdes soutenant le PKK, le slogan “La femme est libre, la patrie est libre” a joué un rôle central.
Dans le cadre du processus plus large par lequel la pensée d'Öcalan s'est transformée en prison, il a utilisé ces trois mots ensemble pour la première fois dans le quatrième volume de ses écrits de prison, The Civilizational Crisis in the Middle East and the Democratic Civilization Solution (La crise civilisationnelle au Moyen-Orient et la solution de la civilisation démocratique) (2016). Mais jusqu'en 2008, son utilisation est restée très limitée. C'est à partir de 2013 que le slogan a été entendu à Rojava et à Bakur, s'étendant à d'autres parties du Kurdistan. Dans une lettre écrite en 2013, Öcalan souligne le pouvoir politique du slogan “Jin, Jyian, Azadi” dans la poursuite d'une “vie digne” et la création d'une société utopique. Curieusement, Öcalan a qualifié le slogan de “formule magique” pour la révolution des femmes au Moyen-Orient, qui devrait être un modèle pour les femmes du Rojava et toutes les femmes du Moyen-Orient. [6]
Aujourd'hui, le slogan est scandé par des femmes dans de nombreuses villes d'Amérique latine, d'Europe et des États-Unis.

Cependant, ni l'histoire du PKK, ni l'histoire des femmes dans ce mouvement, ni l'histoire de ce slogan ne peuvent être réduites à son leader. Le PKK est un mouvement à la fois social et politique qui s'est frayé un chemin non seulement dans la politique mais aussi dans la vie quotidienne de millions de personnes à travers des générations successives. Le PKK ne peut pas contrôler idéologiquement la scène politique du Kurdistan, même s'il le souhaite, parce qu'en fin de compte, les actions des sujets politiques déterminent le destin des idées - qu'elles soient acceptées, consolidées et promues ou qu'elles soient rejetées et abandonnées.
Les femmes du PKK (à la fois guérillères et activistes civiles) sont les sujets qui ont fait de “Jin, Jiyan, Azadi” l'idée centrale du mouvement. Leur lutte simultanée contre le patriarcat nationaliste de l'État turc et le patriarcat au sein du parti lui-même a été une grande réussite historique, une source d'inspiration pour nous, femmes kurdes, et pour les femmes de la région et du monde entier. En particulier après 1995, elles ont mené à bien toute une série d'activités, en faisant de nombreux sacrifices et en réalisant de nombreuses expériences. Bien qu'il n'entre pas dans le cadre de ce texte de fournir une histoire détaillée du mouvement des femmes du PKK, il convient de souligner que ce sont les femmes qui ont “féminisé” la politique au Kurdistan et l'ont radicalement transformée en Turquie. [7]
Le fait que la nouvelle idéologie du parti ait placé les femmes au centre a certainement eu une influence, mais ce sont les actions politiques conscientes des femmes et leurs luttes intersectionnelles contre le capital et l'État (qui est le symbole du patriarcat, selon le PKK) qui ont fait que les slogans ont été popularisés et ont traversé les frontières.
Les activistes qui ont cherché à lutter contre la violence à l'égard des femmes à Bakur ont joué un rôle louable. Elles ont créé diverses institutions pour lutter contre la violence ; elles ont elles-mêmes porté les cercueils des femmes tuées par la violence et les ont enterrées avec leurs slogans, leurs chants et leurs ululements féminins. Elles étaient en contact avec des femmes “ordinaires”, allant de porte en porte et de quartier en quartier afin de faire passer la question du genre d'une préoccupation des “élites” à une question concernant tous les opprimés. En critiquant le féminisme élitiste, elles ont réussi à rendre les questions relatives aux femmes pertinentes pour toutes les classes de la société.
Selon l'une des femmes que j'ai interrogées, en 2002, lors d'une cérémonie organisée par les partisanes du PKK pour l'enterrement d'une femme ayant perdu la vie dans un soi-disant “crime d'honneur”, les femmes ont scandé “Jin, Jiyan, Azadi”. Certains activistes ont qualifié ces victimes de “martyrs”. Plus tard, cela est devenu une tradition politique répandue parmi les partisans du PKK.
Plus récemment, à Bakur et surtout au Rojava, des femmes victimes de violences domestiques ou tuées par l'État turc et ISIS ont été enterrées avec le slogan “Jin, Jiyan, Azadi”.

Par conséquent, ce qui s'est passé le 17 septembre 2022 à Saqqez lors de l'enterrement de Jina Amini n'était pas un événement nouveau et sans précédent. Il s'agissait plutôt de la continuation d'une longue tradition politique issue du PKK et devenue une tradition révolutionnaire dans plusieurs régions du Kurdistan. L'enterrement de Jina est devenu une manifestation dans le cimetière de Saqqez précisément en raison de cette tradition de politisation de la mort qui a été pratiquée pendant des années à Bakur et au Rojava, et qui a été une source d'inspiration pour les Kurdes d'Iran.
Les mères Dadkhaah du Kurdistan, les demandeuses de justice qui ont perdu leurs proches, ont également joué un rôle essentiel dans la diffusion de “Jin, Jiyan, Azadi” à Bakur. Elles ont réussi à débarrasser la vie de femme de ses associations essentialistes et à lui donner une signification plus politique. Ces mères ont joué le rôle de mémoire du Kurdistan, défiant l'oubli et la mort. Elles ont défié la mort de leurs proches en politisant la justice, devenant ainsi des sujets politiques et des messagères de la “vie”. Dans un mouvement qui a fait plus de 40 000 victimes à ce jour dans sa lutte contre l'État turc fasciste, les mères de la Dadkhaah ont été les pionnières de la paix, en particulier les mères en quête de justice qui ont perdu leurs enfants dans la lutte contre l'État turc et n'ont même pas pu enterrer leurs corps.
Les “Mères du samedi” constituent l'un des principaux groupes de défense de la justice dans la partie du Kurdistan turc. Elles ont manifesté tous les samedis sur la place Galatasaray de 1995 à 1999, pendant 200 semaines, pour demander justice pour leurs enfants disparus, qui comptaient parmi les 17 000 victimes. Après avoir été réprimées, les “Mères de la réconciliation” ont continué à s'organiser à partir de 2008 dans le but de sensibiliser la population à une solution pacifique aux problèmes des Kurdes. Elles étaient issues de différentes classes sociales ; la plupart d'entre elles avaient peu d'éducation et travaillaient dans différentes villes du Kurdistan. Par exemple, l'une des membres des Mères de la paix (Makbulaa), qui avait perdu ses enfants, a participé à des réunions internationales bien qu'elle n'ait jamais été scolarisée.
Les Mères du samedi et les Mères de la paix ont toutes deux utilisé le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” dans leurs protestations de différentes manières. Grâce à elles, à partir de 2006, le slogan a fait son chemin dans les manifestations organisées en Turquie à l'occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, puis au Rojava à partir de 2012.

Des milliers de mères qui sont devenues des activistes politiques en raison de l'oppression tragique et brutale dans la partie du Kurdistan située en Turquie politisent de plus en plus leur vie quotidienne dans les espaces privés et publics. Il s'agit là d'une autre similitude avec la situation en Iran. Les affaires privées sous le joug de l'oppression ont créé une crise profonde qui s'étend inévitablement aux sphères publiques, de sorte que les deux se transforment mutuellement. En comprenant ces similitudes, nous pouvons identifier les multiples significations de Jin, Jiyan, Azadi dans un contexte transnational.
Les mères en quête de justice ont cherché à occuper l'espace public à leur manière au cours de ces manifestations et en particulier lors des funérailles, par le biais d'ululations (Zılgıt), d'expressions de joie et de danses collectives kurdes qui ont transformé des espaces non politiques dominés par les hommes en espaces politiques pour les femmes.
Les luttes des mères en quête de justice ont rapidement franchi la frontière turque, se propageant davantage avec la révolution au Rojava et en réponse aux meurtres de trois femmes membres du PKK à Paris en 2013. [8]
La coïncidence de ces assassinats avec la participation des femmes activistes à ce que l'on appelle la “révolution des femmes du Rojava” a donné aux questions relatives aux femmes, telles que le féminicide, une plus grande importance dans la politique dans tout le Kurdistan. Les YPJ (Unités de protection des femmes) utilisent de plus en plus le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” lors de l'enterrement des femmes martyres qui ont combattu l'État islamique. Ce slogan est ainsi devenu un symbole de lutte et de sacrifice dans l'effort de construction d'une nouvelle société centrée sur la femme. Plus récemment, ce slogan est devenu une arme de résistance contre toute forme de violence ; il symbolise en particulier la célébration de la vie contre le meurtre quotidien de femmes en raison de leur sexe. [9]
Ce slogan est donc le fruit de plus de quatre décennies de lutte acharnée contre toutes les formes d'autoritarisme, de capitalisme, de colonialisme, d'interventions étrangères, de gouvernements nationalistes et quasi-coloniaux, d'islam politique, d'extrémisme religieux et de violence sociopolitique sexuelle. Aujourd'hui, elle a dépassé les frontières locales, devenant une source d'inspiration non seulement pour les militants de gauche qui apprécient les luttes révolutionnaires des femmes, mais aussi pour les femmes de diverses régions du monde qui ont vécu des expériences similaires. En 2020, des femmes catalanes et espagnoles qui s'étaient rendues au Rojava ont publié un livre sur le mouvement des femmes au Kurdistan, intitulé “Mujer, Vida, Libertad” (Jin, Jiyan, Azadi).

Ce slogan a eu une vie propre, trouvant de nouvelles significations dans différentes géographies. Par exemple, de 2014 à aujourd'hui, lors des manifestations du 8 mars en France, “Jin, Jiyan, Azadi” a été entendu dans certains blocs de gauche ; certaines féministes l'ont adapté à la nouvelle combinaison “Femmes, Lutte, Liberté” pour le rendre plus inclusif. Elles ont mis le mot “femme” au pluriel afin d'intégrer la diversité des orientations sexuelles, et ont remplacé “vie” par “lutte” car le mot “vie” pourrait enfermer les femmes dans des rôles biologiques naturalistes, selon certaines interprétations. D'autres estiment que ce slogan ne suffit pas à exprimer les revendications des femmes, car il n'identifie pas l'oppression de classe.
En ce qui concerne le soulèvement de Jina en Iran, il est essentiel de reconnaître les racines de ce slogan d'un point de vue féministe, car cela rend visibles les femmes du PKK qui ont créé le slogan, des femmes qui ont été marginalisées en tant que sujets politiques par l'appareil du nationalisme étatique et non étatique, ainsi que par les rivaux du PKK au Kurdistan. Cela confirme leurs luttes féministes et nous aide à contester l'appropriation par la droite de “Jina, Jiyan, Azadi” par les partis kurdes et non kurdes. L'accent mis sur les racines de ce slogan reflète également l'histoire distincte des hommes et des femmes au sein du PKK. Cette histoire est ignorée par la plupart des rivaux du PKK en Iran et au Kurdistan (en particulier par les institutions et les partis masculins), parce qu'ils ne cherchent qu'à remporter des compétitions politiques, et non à promouvoir la libération des femmes et l'égalité des sexes.
Ce déni rend également plus difficile l'identification des similitudes entre les femmes du PKK et les autres femmes kurdes et du Moyen-Orient dans la région, indépendamment du PKK en tant que parti politique. En fait, l'expérience commune de l'oppression patriarcale sous des gouvernements autoritaires et une société patriarcale relie le mouvement des femmes kurdes à Bakur et Rojava et leur slogan “Jin, Jiyan, Azadi” aux luttes d'autres femmes dans la région - aujourd'hui en Iran et demain dans d'autres pays. C'est pourquoi nous avons vu les femmes de Bakur et de Rojava mener de nombreuses actions de solidarité avec les femmes d'Iran au cours des cinq derniers mois.

La Turquie n'est peut-être pas considérée comme autoritaire par de nombreux citoyens turcs, mais les Kurdes l'ont toujours vécue comme un État autoritaire, où même l'utilisation des mots “Kurde” et “Kurdistan” ou des lettres qui figurent dans l'alphabet kurde mais pas dans l'alphabet turc (Q, W, X) a été considérée comme un crime depuis le début du vingtième siècle jusqu'à très récemment. Après la militarisation par l'État turc de Diyarbakır (considérée par de nombreux Kurdes comme la capitale de la Turquie), le maire Cemal Gürsel a déclaré : “Il n'y a pas de Kurdes dans ce pays. Si quelqu'un dit qu'il est kurde, je lui cracherai au visage”. Cela montre les similitudes entre la structure autoritaire de l'État turc dans la partie du Kurdistan gouvernée par la Turquie — un État qui a toujours exposé le peuple kurde à la menace d'un génocide et d'un massacre — et la dictature despotique iranienne. Ces similitudes deviennent plus évidentes avec la montée du Parti de la justice et du développement (Adalet ve Kalkınma Partisi) en Turquie et la tentative de recoder les questions de genre selon les doctrines islamiques.
Cela a également entraîné des similitudes entre les luttes en Turquie et en Iran. La diffusion du slogan “Women Life Freedom” est autant le produit d'une inspiration transfrontalière que le résultat de traditions politiques au Rojhilat (la partie du Kurdistan en Iran). La magnifique performance des femmes kurdes le jour des funérailles de Jina au Kurdistan (point de départ du soulèvement révolutionnaire de 2022), au cours de laquelle elles ont agité leur foulard et transformé le symbole de l'oppression étatique en drapeau de la lutte féministe, était le résultat d'une longue histoire de luttes, de résistance et d'organisation politique au Rohjilat.

Cette tradition a été transmise d'une génération à l'autre malgré la répression brutale de l'État. De la République du Kurdistan de Mahabad (1946) à la révolution de 1979, de la dynamique sociale de la société kurde aux activités des partis politiques avec le slogan “démocratie pour l'Iran et autonomie pour le Kurdistan”, impliquant des conseils populaires dans certains cas, cette tradition politique a établi une sorte de radicalisme au Kurdistan, dont l'héritage est parvenu jusqu'à la jeunesse d'aujourd'hui. Les graines de ces collectifs et mouvements politiques, dont la plupart appartenaient à la gauche, ont été enterrées avec la montée du mouvement contre-révolutionnaire des forces islamistes lors de la révolution de 1979.
[1] Abdullah Öcalan, Guerre et paix au Kurdistan (Initiative internationale, 2012 [2008]).
[2] Somayeh Rostampour, “Gender, local knowledge and revolutionary militancy. Political and armed mobilizations of Kurdish women in the PKK after 1978”, thèse de doctorat, septembre 2022, Université de Paris 8, France.
[3] Ibid.
[4] Abdullah Öcalan, Prison Writings : Les racines de la civilisation (Transmedia Publishing, 2007).
[5] Ibid.
[6] Saadi Sardar, “A Feminist Revolution is Challenging Iran's Regime, Kurdish Peace Institute,” September 26, 2022 (consulté en octobre 2022).
[7] Par exemple, lorsque la Turquie a rejoint l'Union européenne vers 2000 à condition d'accorder certains droits politiques aux “minorités ethniques”, les femmes ont saisi l'occasion, tandis que le PKK a commencé à poursuivre ses objectifs par d'autres moyens que la lutte armée, notamment en participant aux élections parlementaires et en étendant son influence politique dans des mouvements civils tels que les conseils.
[8] L'une des trois femmes assassinées à Paris était Sakine Cansız, l'une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan, la figure féminine la plus importante de l'histoire du PKK. Elle a passé plus de huit ans dans les prisons turques, où on lui a coupé les seins sous la torture. Pour en savoir plus sur Sakineh Jansez.
[9] Par exemple, “Jin, Jiyan, Azadi” était le principal slogan de la bataille que les femmes du Rojava ont menée contre l'État islamique à Afrin (un canton du Rojava, aujourd'hui occupé par l'État turc) de décembre 2017 à mars 2018. De 2018 à 2021, 83 femmes ont été tuées, 200 femmes ont été enlevées et 70 femmes ont été violées à Afrin sous l'occupation militaire du gouvernement turc expansionniste.
14.09.2025 à 14:00
Je bloque donc je suis - Pour la critique des illusions de septembre
Sans même avoir commencé, le mouvement qui s'annonce n'en finit pas de soulever l'enthousiasme malgré un arrière goût de réchauffé. D'AG en AG, on se prépare pour la date fatidique mais on peine déjà à comprendre quelles sont les réelles perspectives. Dans ce texte, nous prenons le contre-pied de l'idéologie du blocage et appelons à la critique de l'activité pratique du militantisme autonome.
Texte intégral (1680 mots)

Sans même avoir commencé, le mouvement qui s'annonce n'en finit pas de soulever l'enthousiasme malgré un arrière goût de réchauffé. D'AG en AG, on se prépare pour la date fatidique mais on peine déjà à comprendre quelles sont les réelles perspectives. Dans ce texte, nous prenons le contre-pied de l'idéologie du blocage et appelons à la critique de l'activité pratique du militantisme autonome.
Texte initialement publié sur le site Sans Treve
Après une fin d'année militante marquée par l'absence de mouvement social, nos milieux politiques se creusent la tête pour trouver quelque chose à faire dans ce qu'ils interprètent comme le calme obligé avant la tempête. Quoi de mieux que le spectre des Gilets jaunes, aperçu au travers d'appels sur les réseaux sociaux aussi inattendus que fourre-tout, pour raviver la flamme du stade suprême de l'aliénation : le militantisme [1]
Les luttes sont bavardes [2], les appels et analyses tactiques de la gauche se multiplient sur les blogs et journaux respectifs. La ferveur se nourrit de l'appréhension de reproduire l'hésitation face au mouvement des Gilets jaunes et de la crainte de la “récupération” par les franges les moins radicales du mouvement social. Ici on s'active à proposer des tactiques pour réussir le blocage du pays, là on propose des formes organisationnelles censées garantir la force du mouvement contre ses ennemis. Contrairement aux éternelles rentrées sociales promises par la gauche depuis 2016, cette fois les initiatives ne sont pas venues de ses rangs. Les mots d'ordre semblent plus radicaux et les actions appelées sont variées : le potentiel de l'appel du 10 Septembre enthousiasme les gauchistes dont la production écrite redouble de cadence.
Face à cette effervescence, il nous faut toutefois faire preuve de sang-froid avant de nous jeter tête baissée dans un mouvement balbutiant. Par ce texte, nous voulons prendre le contre-pied des appels qui abondent finalement tous dans le même sens. Soyons tout de suite clairs : nous sommes sceptiques concernant le blocage et l'auto-organisation et donc circonspects de voir l'absence totale de critique dans notre camp politique. Il s'agit donc ici d'y remédier.
Le blocage, une perspective qui n'en est pas une
L'objectif martelé partout est le “blocage de l'économie”. Exit les modes d'action fantaisistes (éteindre sa box, ne plus payer par carte-bleue etc.), celui qui s'est désormais imposé est le même qu'on entend depuis le mouvement contre le CPE en 2006 et qu'on retrouvait lors de la réforme des retraites… de 2010. À l'époque déjà, cette solution était présentée comme une méthode de contournement de la grève (une trop vieille recette), notamment parce qu'elle pouvait être appliquée par tout le monde [3] . Pourtant, et c'est loin d'être une nouveauté, le blocage comme tactique est critiquable sur plusieurs points.
Le premier est le plus évident. Bloquer, oui, mais pour quoi faire ? Une chose est limpide dans l'ensemble des textes produits ici et là : personne ne sait où et comment est censé nous mener ce fameux blocage. Parfois, il est censé contraindre les gouvernants à retirer telle ou telle loi. D'autres fois, on se contente de dire qu'il pourrait “arracher” quelque chose qu'on se garde prudemment de préciser [4]. Encore ailleurs, il s'agit de contraindre les syndicats à l'action et même (soyons fous !) le gouvernement à la démission. Dans ce raffut, il est difficile de comprendre comment tout cela se combine. Comment le “blocage de l'économie” changerait la situation si profondément qu'en adviendrait ces évènements. Ainsi, contrairement à ce que l'on peut lire dans le texte 10 septembre - Pousser la ligne : Bloquons tout ! [5], “bloquons tout” n'apporte pas de perspective stratégique, mais uniquement tactique. Une fois l'économie bloquée, s'agira-t-il de s'attaquer à la question de la production ou bien de réclamer un simple changement de personnel politique au sommet de l'État ? Personne ne peut le dire et c'est bien le problème. Le blocage n'a pour perspective que le blocage lui-même. Ce qui est visé le 10 septembre est un coup d'éclat en espérant que des effets en découlent mécaniquement, sinon la question serait bien plus centrale que celle du blocage.
À ce stade, nous avons mis de côté toute considération sur l'efficacité ou non de la manœuvre, mais cela est un élément central des questions qu'un mouvement voulant se donner les moyens du blocage doit se poser. Bien que nous ne soyons pas devins, nous sommes sceptiques quant à la faisaibilité d'un tel blocage. Au jeu de la logistique, l'État a montré sa capacité à devenir maître en la matière [6]. Mais notre intérêt se porte davantage sur l'ensemble des réponses apportées dans nos milieux. Ainsi, le média Contre-attaque nous donne la clef de la réussite [7]. Il suffirait de bloquer tous les périphériques par des banquets populaires. Qu'en est-il de la réaction de l'État ?
La police arrive ? Que peut-elle faire face à 10.000 personnes sur une 4 voies ? On se défend, on se déplace, on revient, on évite les arrestations. Autant de fois que nécessaire. Jusqu'à satisfaction des revendications. […]
Tout cela ne peut marcher qu'à deux conditions : si ces blocages sont coordonnés, car la police ne peut pas débloquer des dizaines de périphériques en même temps, et durables, pour avoir un véritable impact sur l'économie.
Il suffisait d'y penser.
[1] Organisation des Jeunes Travailleurs Révolutionnaires, Le militantisme, stade suprême de l'aliénation
[2] “Mais si les luttes sont théoriciennes cela implique qu'elles sont très « bavardes », on y parle de tout et de n'importe quoi mais jamais par hasard ni à tort et à travers.” Roland Simon, “Que faisons-nous ?” in Meeting n°4
[3] S'ils ne sont pas les premiers à y faire mention, le Comité invisible en était alors devenu le plus célèbre des porte-voix dans son texte Le Pouvoir est logistique. Bloquons tout !
[6] À ce propos voici un texte paru au début du mouvement contre la réforme des retraites de 2019, toujours d'actualité : https://blogs.mediapart.fr/carbure/blog/011219/blocage-0
14.09.2025 à 13:48
L'Arnapée : nouveau site Mutu en Sarthe et Mayenne !
Le site coopératif d'info et de luttes L'Arnapée rejoint le réseau Mutu ! Bienvenue à elleux, présentation de ce nouveau site coopératif d'infos et de luttes en Sarthe et Mayenne !
Texte intégral (1551 mots)

Le site coopératif d'info et de luttes L'Arnapée rejoint le réseau Mutu ! Bienvenue à elleux, présentation de ce nouveau site coopératif d'infos et de luttes en Sarthe et Mayenne !
Pourquoi L'Arnapée ?
L'Arnapée, en plus d'être un terme de patois local, est un site pensé pour partager et s'informer sur les luttes locales en Mayenne et en Sarthe.
Notre envie de départ était de créer un média autonome, indépendant et participatif. En tant que militant.e.s, on trouvait que ça manquait localement. On avait plus que besoin de se réapproprier les espaces d'information en ligne et de créer un nouvel espace d'organisation et de partage.
On ne voulait plus dépendre des médias ou réseaux sociaux traditionnels, où ce sont souvent les mêmes personnes ou les mêmes types de discours qui sont valorisé.e.s et entendu.e.s [alors même que des tas d'individu.e.s qui ont des témoignages et des analyses super intéressantes, qui construisent des idées, des actions ou des collectifs trop chouettes restent invisibilisé.e.s.].
Ce site est donc fait par et pour les personnes qui luttent, qui s'organisent et/ou qui réfléchissent à créer des alternatives émancipatrices et à renouveler nos imaginaires, dès la racine, pour penser par-delà ce qui nous opprime.
C'est qui ?
L'Arnapée, c'est un joyeux collectif de bénévoles ! Nous ne sommes pas des professionnel·les de l'élaboration de sites et d'informations mais bien des personnes qui partent d'un besoin pratique d'avoir un outil informatique pour nourrir nos luttes. Les membres du collectif ne reflètent pas un groupe politique ni l'expression d'une tendance particulière. Si ce site est indépendant de tout syndicat ou parti politique, et ne souhaite en aucun cas être un espace pour leur promotion, cela n'empêche pas de relayer des informations ou événements émanents de ceux-ci. L'idée étant de faire converger tous les modes de luttes et d'actions que l'on pense utiles à l'émancipation de tou·tes !"
L'Arnapée est animé par un collectif de modération qui est ouvert à tou.te.s. Malheureusement, et à l'instar de beaucoup de milieux militants, nous sommes encore actuellement une majorité de personne cisgenre, blanc.he.s, ayant fait des études supérieures, aux sensibilités politiques proches... Une situation bien évidemment non satisfaisante pour un média qui revendique l'abolition des rapports de dominations ! Alors si tu as des propositions, si tu veux t'investir d'une manière ou d'une autre dans le collectif, n'hésite pas à nous contacter ((lien vers formulaire de contact) !
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L'Arnapée fait partie de MUTU, un réseau de différents sites d'informations collaboratifs se retrouvant sur des bases anti-autoritaires (Expansive, Basse-Chaine, Dijoncter, Renversé en Suisse romande, Paris-Luttes, IAATA à Toulouse, Rebellyon, etc.). Ce réseau est un outil d'entraide morale, matérielle et technique pour faciliter l'existence et l'émergence de ces outils d'informations.
Qui publie ?
Toute personne disposant d'une connexion internet (de préférence sécurisée [1]), d'une adresse mail et se retrouvant dans les textes « C'est quoi ? » et « Publier quoi », peut publier (et on est là pour t'y aider voir « comment publier ? »), que tu écrives en ton nom ou en celui d'un collectif.
Avant de publier un article, nous t'invitons fort à lire en entier la page « Comment publier » pour avoir toutes les infos et les règles de sécu. ;)
Publier quoi ?
Des articles d'actualités, ou intemporels, de l'analyse, de l'histoire, des brèves ou textes à rallonge, des reportages photo de manifs...
L'idée c'est de pouvoir trouver et publier plus facilement des infos militantes locales. En plus de garder une trace de tout ce qu'il s'est passé par chez nous ; l'envie est de permettre de se rencontrer, tisser du lien, que chacun.e puisse partager ses points vue, ses analyses, ses témoignages, et même ses poèmes ou podcasts ; d'aider à s'engager localement en faisant connaitre des collectifs, et surtout s'organiser ensemble ! #hastalarevolucion
Pour donner un exemple de la teneur du contenu, ça peut aller de l'appel syndical pour la manif pèpère du samedi matin, à... un appel pour cramer les Tesla (oups !)
Comme toutes les personnes ne sont pas égales devant l'écriture et l'utilisation d'outils numériques, nous proposons une entraide à la rédaction : relecture, mise en page, féminisation des textes, vérification des infos, etc.
L'Arnapée se veut aussi refléter nos luttes contre toutes dominations et autorités, il ne saurait donc en aucun cas héberger du contenu oppressif (termes ou réflexions homophobes, sexistes, racistes, spécistes, âgistes, putophobes, validistes, psychophobes, LGBTQIA-phobes, classistes, etc.). Ainsi, nous pouvons nous réserver le droit de ne pas publier tel ou tel article selon ces critères, mais on préférerait d'abord s'accorder avec l'auteur·e."
- un agenda avec tous les évenements locaux liés à ces luttes (manifestations, grèves, assemblées, ateliers, débats, chantiers participatifs,concerts et repas de soutien, lectures,…) pour se retrouver
- des combines,tutos, savoirs et savoirs-faire quotidiens… pour s'organiser
- des enquêtes, des brèves, des récits, des interviews, des témoignages… pour décrypter les offensives
- des récits, des compte-rendus de réunion, de manifestation, d'audience… pour partager l'énergie de nos luttes
- des textes, des vidéos, du son, des images, des dessins… pour se faire plaisir
Ces contributions doivent avoir un caractère informatif et une dimension locale.
[1] On te recommande d'ailleurs d'utiliser à minima le navigateur Tor pour publier, ça fonctionne comme un navigateur « normal » et ça a le pouvoir magique de camoufler ton adresse ip (et donc ton identité ;) ) à condition d'avoir un pseudo anonyme aussi, évidemment.
De même, il est important de faire attention aux infos que tu donnes sur toi ou sur les autres sur le site ou quand tu parles de ce site : l'anonymat des auteur.es, des utilisateur.ices et des membres du collectif est indispensable pour garantir la sécurité de tou.tes et échapper le plus possible à la répression. « Pour éviter que nos identités n'atteignent des oreilles malveillantes, nous encourageons à ne jamais associer quiconque au site, ni publiquement, ni sur internet, ni par téléphone. La liberté d'expression est une friandise qui n'est accordée qu'aux riches ! » Alors vu la répression qui sévit ces temps-ci : vivons bien, vivons caché.es !
14.09.2025 à 10:00
Stratégie 10 septembre ! Prendre en compte la survie et la réussite du mouvement passe par sa temporalité !
Proposition stratégique trouvée quelque part sur un canal telegram Indignons-nous / Bloquons-tout
Texte intégral (1377 mots)

Proposition stratégique trouvée quelque part sur un canal telegram Indignons-nous / Bloquons-tout

Le 10/09 est déjà un succès ! Il a poussé à la démission un Premier Ministre criminel (Betharram) avant même son éclosion.
Les centaines d'Assemblées Populaires crées pour l'occasion sont une richesse inestimable.
Le nombre d'actions et de rdv prévus demain semble sans précédent, avec plus de 700 rendez-vous organisés dans toute la France (sûrement bien plus en fait… un décompte exhaustif en dénombre 72 rien qu'en PACA !)
La multiplicité des actions et leur médiatisation permettra à des milliers de personnes de renforcer le mouvement, et les forces de répression seront complètement larguées et divisées sur notre terrain de jeu. (22 rdv simultanés dès 6/7h du matin en PACA)
Ce qui fait la force du 10 septembre, c'est la motivation des participant.e.s, l'extrême injustice et sentiment de révolte généralisée, mais aussi l'anticipation possible pour organiser cette journée.
S'il a été lancé de manière opaque, le 10/09 a été nourri depuis déjà plus d'un mois par de nombreuses Assemblées populaires, réunions et actions diverses aux 4 coins du pays.
J'ai participé au Mouvement des Indignés : nous n'avions pas assez de médiatisation en France (mouvement initialement espagnol) pour atteindre un seuil critique de participation. Mais la démocratisation des Assemblées Populaires a forgé notre puissance.
Je n'ai malheureusement pas pu participer à Nuit Debout, mais je crois que nous nous sommes épuisés à occuper jour et nuit des places, hyper énergivore forcément et réservé aux hyper militants.
J'ai participé aux Gilets Jaunes. Mal organisés mais le plus beau bordel. Et même si on ne s'en rend pas aujourd'hui compte, Macrotte aurait osé faire BIEN pire si cela n'était pas arrivé. Notre hétérogénéité nous a porté.
J'ai participé au Mouvement contre la réforme des retraites. Nous avons réussi à dépasser un moment l'inertie de la direction syndicale (manifs sauvages, feux… mais pas assez…)
Quand je fais le récapitulatif, je note qu'il est primordial que les appels à action soient cadencés et décidés par le peuple directement.
Les Gilets Jaunes ont fait ça de manière hebdomadaire, tous les samedis, c'est monté crescendo, mais au bout de 2 mois, quand du mini lest a été lâché par le pouvoir (grand débat, renonce à la hausse de la TICPE, loi portant sur des mesures d'urgence économiques et sociales…) ; ça a été suffisant pour démobiliser pas mal de monde, et un noyau (fort mais restreint) a continué le mouvement de manière puissante encore quelques mois, puis de manière carrément poussive ensuite.
Manifester et se mobiliser chaque semaine, est-ce faisable sur le moyen terme ? N'est ce pas trop fatiguant et épuisant ?
A l'inverse, qui pense réellement renverser le pouvoir à court terme, en quelques semaines, les consciences sont-elles vraiment déjà prêtes (et pour faire quoi) ?
Je pense personnellement que la réponse à ces deux questions est négative. Et que nous devons donc développer une nouvelle cadence de mouvement pour survivre (et surtout gagner).
Là on a déjà une date pour le 18 septembre, faut y aller à fond, mais c'est la direction syndicale qui l'a appelé et la maîtrisera (surtout le calendrier), donc il faut que dès à présent nous imposions notre calendrier.
Chaque semaine, c'est trop épuisant, alors, toutes les deux semaines ? ou tous les mois ?
Je pense qu'une grosse journée une fois par mois serait l'optimal.
Cela permettrait d'organiser au mieux chaque journée, de l'anticiper, et en plus de réagir et mettre la pression de manière constante sur la ploutocratie qui nous dirige.
Imaginez-les essayer de sortir des projets de loi d'arnaque sociale en sachant que 2 semaines après y a le nouvel acte à venir. Et sur un mois, on a assez de force vive pour faire quelque chose d'énorme TOUS les mois, car on est beaucoup à avoir la haine !
En gros, une sorte de contrôle populaire constant, qui adapte les revendications et réprime leurs envies morbides de régressions sociales. Et si à un moment l'actualité le mérite, on grossira un ACTE sur plusieurs jours pour leur mettre un coup de pression.
Donc un nouvel acte chaque mois, et entre-temps, selon les densités de population et de militantisme, des Assemblées Populaires tous les 15 jours (voire toutes les semaines parfois), en dehors d'une multiplicité de groupes de réflexion et d'actions !
Se pose ainsi la question du choix du jour : en semaine (nécessité de faire grève, pas aisé pour toustes), ou le week-end ? Je pense qu'alterner serait la meilleure solution, et beaucoup d'entre nous pourraient se permettre de faire grève 6 fois dans l'année sans trop d'impact financier (ou utiliser bien mieux les caisses de grève).
Après mûre réflexion, je pense que c'est la bonne chose à faire, et j'invite donc toutes les Assemblées Populaires qui auront lieu demain à avoir ce débat : quelle temporalité pour y arriver avec nos forces et faiblesses ?
Pour pousser l'idée jusqu'au bout, j'invite tous ceux qui penseront comme moi à s'exprimer et débattre en faveur d'un appel à un acte 2 qui aurait lieu le samedi 4 octobre !
Et tant qu'à faire, voici une idée de calendrier (et des noms golri mais ça sera intéressant de collectivement choisir des mots d'ordre) :
- ACTE 1 : Mercredi 10 septembre (juste un début)
- ACTE 2 : Samedi 4 octobre (on est en colère)
- ACTE 3 : Jeudi 6 novembre (rendez l'argent)
- ACTE 4 : samedi 13 décembre (+ la veille pour faire double journée ?) (vous ne serez plus tranquille)
Et à un moment, dans quelques mois, ou quelques années, quand on le sent collectivement, et quand la Grève Générale reconductible semblera réaliste, on fixe l'acte ultime (la révolution)
Merci pour la lecture, et si vous êtes sensible à ma proposition, relayez, ce sont les Assemblées Populaires qui décideront, ni moi, ni toi !
Image de la vignette : Carotide, trouvée sur Formes des luttes
13.09.2025 à 22:27
Perquisition contre l'UJFP : la répression du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien devient folle !
Notre organisation juive ne se laissera pas intimider. Nous avons en nous l'âme de la Résistance contre tous les pouvoirs racistes et persécuteurs. Nous continuerons à rejeter le racisme, le colonialisme, l'antisémitisme et l'islamophobie.
Texte intégral (968 mots)

Notre organisation juive ne se laissera pas intimider. Nous avons en nous l'âme de la Résistance contre tous les pouvoirs racistes et persécuteurs. Nous continuerons à rejeter le racisme, le colonialisme, l'antisémitisme et l'islamophobie.
Ce matin, 11 septembre 2025, le domicile de notre camarade Daniel Lévyne a été perquisitionné à Dinard. Il est en effet le directeur de publication du site de l'Union juive française pour la paix (UJFP).
Cette action forte et insensée est « justifiée » par une plainte déposée en 2024 par une organisation, l'association « Jeunesse Française Juive », spécifiquement créée après le 7 octobre 2023.
Cette action s'inscrit dans le cadre de la circulaire du ministre de la Justice sur l'apologie du terrorisme, en entretenant une notion floue et en plaçant un bâillon contre le mouvement de solidarité pour la Palestine.
En l'absence de notre camarade qui était parti pour rejoindre la Fête de l'Huma, la police s'est emparée de quelques dossiers personnels et même de livres dans sa bibliothèque [1] ! Grand bien leur fasse !
Apologie du terrorisme ? Apologie du génocide ?
La plainte porte sur deux communiqués de l'UJFP après le 7 octobre (communiqués à consulter ICI et ICI) où nous évoquions la situation coloniale qui prévaut en Israël/Palestine et nous rappelions le droit international en la matière.
Dans certains médias français, les propos soutenant le génocide à Gaza ne sont pas poursuivis. Et on laisse le criminel de guerre Netanyahou, pourtant visé par un mandat d'arrêt international de la CPI, survoler le territoire français alors que la France est engagée à collaborer pleinement aux décisions de la CPI…
Bas les pattes devant le mouvement de solidarité avec la Palestine !
Notre organisation juive ne se laissera pas intimider. Nous avons en nous l'âme de la Résistance contre tous les pouvoirs racistes et persécuteurs. Nous continuerons à rejeter le racisme, le colonialisme, l'antisémitisme et l'islamophobie.
C'est en tant que Juifs, porteurs d'une mémoire et d'une histoire, que nous luttons contre toutes les formes du racisme, contre tous les apartheids, tous les crimes de guerre coloniaux, tous les génocides.
Nous réclamons l'abandon de cette plainte absurde : elle doit être classée sans suite !
Solidarité !
Soutenez l'UJFP et toutes les cibles de cette répression folle, du CCIE au porte-parole de Révolution Permanente !
Rejoignez le stand des Juifs et Juives antisionistes (UJFP et Tsedek) à la Fête de l'Humanité !
Continuez de soutenir la collecte pour Gaza !
On ne nous fera pas taire !
La Coordination nationale de l'UJFP, le 11 septembre 2025
[1] Peut-être ont-ils voulu s'emparer de l'ouvrage très subversif du père de Daniel, le penseur juif Emmanuel Lévyne (1928-1989), « Judaïsme contre sionisme » ?
Le Crédit Coopératif ferme le compte bancaire de l'UJFP (suite) – L'UJFP poursuit sa coopération épaule contre épaule, avec Gaza
« Le Crédit Coopératif, en dépit de sa proclamation de valeurs humanistes, a fermé sans explication le compte bancaire qu'y détenait l'UJFP depuis plus de vingt ans. Seraient-ce ses actions de soutien à la population civile de Gaza, qui se sont intensifiées depuis 21 mois, qui sont en cause ? Et ce malgré la manière dont notre représentant à Gaza rend compte de l'usage des fonds envoyés par l'UJFP ? Depuis 2016, l'UJFP soutient financièrement les actions proposées par notre représentant à Gaza. Et depuis 21 mois, nous publions quotidiennement sur notre site les comptes rendus d'actions et les analyses de notre représentant. »
13.09.2025 à 12:40
Soirée de soutien au squat migrants « Al Zol »
Le 21 septembre de 17h à 22h au CICP (21 ter rue Voltaire). Reprise des soirées projection, rencontre, débat et musiques... Bienvenue à bord...
Texte intégral (705 mots)

Le 21 septembre de 17h à 22h au CICP (21 ter rue Voltaire). Reprise des soirées projection, rencontre, débat et musiques... Bienvenue à bord...
21 SEPTEMBRE 2025 - DE 17 A 22H.
Soirée de soutien au squat migrants « Al Zol » expulsé avant l'été

17h30 : infos/discussions avec le collectif. Le squat Al zol a Pantin dans lequel vivait une soixantaine de personnes exilées notamment du soudan, d'Éthiopie et d'Erythrée a été expulsé en plein été. Depuis, la mobilisation s'organise. Il y a entre autre besoin de trouver de l'argent pour pérenniser quelques places d'hébergement et éviter que les personnes sans aucune ressources ne se retrouvent une nouvelle fois à la rue. Des actions à venir seront annoncées.
Tables de presse, infos et musiques avec :
- SWIMMIN' POOR (punk poésie)
- NOCIF (punk 2 classe)
- PROJECT REJECT (punk)
COLLECTIF CONTRE CULTURE
au CENTRE INTERNATIONAL DE CULTURE POPULAIRE
21 TER RUE VOLTAIRE
75011 PARIS - METROS : ALEXANDRE DUMAS - AVRON
BLOG/ : https://collectifcontreculture.noblogs.org/
ARCHIVES ANTERIEURES : http://collectifcontreculture.blogspot.com/
RETRANSMISSION INTERVIEWS SOUTIEN ET GROUPES DE LA SOIREE EN DIRECT DANS L"EMISSION KONSTROY
http://konstroy.net/ TOUS LES DIMANCHES DE 18 A 20H SUR RADIO « CAUSE COMMUNE » - 93.1 Mhz
Prix libre - pas d'attitudes ou propos racistes, sexistes ou discriminatoires
Pas de verre et laissez les animals tranquillous à la maison ou à des aminches
12.09.2025 à 22:48
On Bloque Tout : les rendez-vous après le 10 septembre
Les prochaines assemblées générales, actions, rassemblements. Article mis à jour régulièrement.
Texte intégral (1325 mots)

Les prochaines assemblées générales, actions, rassemblements. Article mis à jour régulièrement.
Prochains rendez-vous
Paris (75)
- Paris Est - Paris Nord :
-
AG jeudi 11 septembre, 19h : Place des Fêtes - AG lundi 15 septembre, 19h, devant la mairie du 18e
- AG jeudi 18 septembre, 12h, sur le parvis de la gare du nord, à l'appel des cheminots Visuel
-
- Ménilmontant :
-
AG aux Foyers les Mûriers, jeudi 11 septembre, 19h. - AG mercredi 17 septembre 19h, métro Ménilmontant
-
- Paris Sud :
-
AG jeudi 11 septembre, Italie 2 (13e) -
AG 14e : Dimanche 14 septembre à 15h à Jardin des Thermopyles - Rassemblement du personnel hospitalier en grève de la Pitié-Salpétrière, lundi 15 septembre à 12h, entrée Saint-Marcel. Visuel
- AG 13e : Lundi 15 septembre à 18H30 sur le Parvis d'Italie 2
-
- TGI Porte de Clichy :
-
vendredi 12 septembre à 12h rue du Bastion pour les DPR (passage devant le délégué du procureur), et à 13h30 dans le tribunal en 23e chambre pour les comparutions immédiates. -
samedi 13 septembre à 12h rue du Bastion pour les DPR (passage devant le délégué du procureur), et à 13h30 dans le tribunal en 23e chambre pour les comparutions immédiates.
-
-
Bercy : 13 septembre, 13h, manif à l'appel des gilets jaunes -
Opéra : 13 septembre, 16h, bal populaire. Foot, musique, jam session (rapportez vos instruments et vos ballons). Visuel - Bourse du travail - République :
-
jeudi 11 septembre à 18h30 à l'annexe Varlin de la bourse du travail (85 rue Charlot, Paris 3e), AG du travail social. - mardi 16 septembre à 19h à la Bourse du travail (3, rue du château d'eau, Paris 10e), AG des travailleur·ses de l'informatique, du jeu vidéo, du conseil, des bureaux d'études. Visuel
- mercredi 17 septembre à 19h à la Bourse du travail (salle Ambroise Croizat, 3 rue du château d'eau, Paris 10e), AG cultures en lutte. Visuel
- Assemblée générale des musées, jeudi 18 septembre à 10h, à la Bourse du Travail, 3 rue du château d'eau, Paris 10e.
-
- Bastille : 18 septembre, 14h, manifestation intersyndicale
Seine et Marne (77)
- Vert-Saint-Denis : Agora citoyenne, mardi 16 septembre, place des Aulnes à 18h
- Lagny : AG Mardi 16 septembre à 19h, aux ateliers de la tannerie, 18 rue Marthe Aureau (bus 2229 ou 2254 / Arrêt Aureau)
- Torcy
- Manifestation à Torcy, jeudi 18 septembre à 11h
Yvelines (78)
Essonne (91)
- Étampes :
Jeudi 11 septembre - AG bilan / suites place de l'Hôtel de Ville, à 19h - Évry : AG Nord-est Essonne lundi 15 septembre, 19h, parc des Coquibus. Visuel
Hauts-de-Seine (92)
- Malakoff :
AG jeudi 11 septembre à 12h devant la mairie. - Bagneux : AG lundi 15 septembre à 18h30 place Lucie Aubrac
- Nanterre : Manifestation jeudi 18 septembre à 10h, départ place de la Boule
Seine-Saint-Denis (93)
- Montreuil :
-
AG jeudi 11 septembre, 19h30 à La Parole Errante -
Soutien psy vendredi 12 septembre à l'AERI (57 rue Étienne Marcel) entre 15h et 18h30 - AG dimanche 14 septembre, 15h à la Parole Errante (9 rue François Debergue)
- AG jeudi 18 septembre à 10h, devant la mairie
-
- Bagnolet : AG mardi 16 septembre, à 19h30, devant la mairie
- Saint-Denis :
-
AG jeudi 11 septembre, 18h Mairie de Saint-Denis - AG lundi 15 septembre, 18h , Mairie
-
- Romainville, Les Lilas, Le Pré St Gervais :
- Les Lilas :
AG jeudi 11 septembre 19h30, Bar Le Royal - Le Pré-Saint-Gervais , AG dimanche 14 septembre à 18h, Place Anatole France, près de l'ours
- Les Lilas : Déambulation, mecredi 17 septembre à 19h, départ devant le Carrefour, porte des Lilas
- Les Lilas :
-
Drancy : AG jeudi 11 septembre , 19h, devant l'espace culturel - Noisy-le-Grand : AG Dimanche 14 septembre, 15h-17h, Brasserie la française
- Noisy-le-Sec : AG Lundi 15 septembre à 19:00, au Café des Voyageurs face à la gare
- Aulnay : AG jeudi 18 septembre, à 10h, à la Bourse du travail
Val-de-Marne (94)
-
Créteil : AG Jeudi 11 septembre, 18h30, Médiathèque quartier Mont Mesly - Ivry-sur-Seine : Assemblée populaire d'Ivry lundi 15 septembre, 19h, place Voltaire. Visuel
- Arcueil : Assemblée populaire pour Arcueil-Cachan lundi 15 septembre à 20h square de la libération. Visuel
- Villejuif : AG Lundi 15 septembre à 18h30 devant la mairie
Val d'Oise (95)
- Cergy-Pontoise : AG Mardi 16 septembre à 18h30 en haut des escalators de la gare de Cergy préfecture
Image de la vignette : Mirat Masson, sur formes des luttes
N'hésitez pas à nous contacter pour rajouter des rendez-vous à cette liste (avec le plus d'informations possibles), ou en laissant un commentaire ci-dessous.
- Persos A à L
- Carmine
- Mona CHOLLET
- Anna COLIN-LEBEDEV
- Julien DEVAUREIX
- Cory DOCTOROW
- Lionel DRICOT (PLOUM)
- EDUC.POP.FR
- Marc ENDEWELD
- Michel GOYA
- Hubert GUILLAUD
- Gérard FILOCHE
- Alain GRANDJEAN
- Hacking-Social
- Samuel HAYAT
- Dana HILLIOT
- François HOUSTE
- Tagrawla INEQQIQI
- Infiltrés (les)
- Clément JEANNEAU
- Paul JORION
- Michel LEPESANT
- Frédéric LORDON
- Persos M à Z
- Henri MALER
- Christophe MASUTTI
- Jean-Luc MÉLENCHON
- Romain MIELCAREK
- MONDE DIPLO (Blogs persos)
- Richard MONVOISIN
- Corinne MOREL-DARLEUX
- Timothée PARRIQUE
- Thomas PIKETTY
- VisionsCarto
- Yannis YOULOUNTAS
- Michaël ZEMMOUR
- LePartisan.info
- Numérique
- Christophe DESCHAMPS
- Louis DERRAC
- Olivier ERTZSCHEID
- Olivier EZRATY
- Framablog
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