05.11.2025 à 13:51
Soupe citoyenne contre l'extrême-droite à Ivry
Le RN organise une réunion publique à l'espace Robespierre. Il n'est pas le bienvenu dans notre ville.
Retrouvons-nous mercredi 5 novembre 2025, à partir de 18h30, devant le métro Mairie d'Ivry.
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Le RN organise une réunion publique à l'espace Robespierre. Il n'est pas le bienvenu dans notre ville.
Retrouvons-nous mercredi 5 novembre 2025, à partir de 18h30, devant le métro Mairie d'Ivry.
Mobilisons-nous contre l'extrême-droite !!
Grande soupe solidaire et festive !
Le RN organise une réunion publique à l'espace Robespierre. Il n'est pas le bienvenu dans notre ville.
Contre la venue de l'extrême-droite à Ivry et la normalisation du RN et de ses idées, montrons leur le véritable visage d'Ivry : une ville solidaire, joyeuse, antiraciste et antifasciste !
Retrouvons-nous mercredi 5 novembre 2025, à partir de 18h30, devant le métro Mairie d'Ivry.

05.11.2025 à 11:00
Revendiquer la liberté dans la révolution et la guerre : une introduction au Groupe Anarchiste au Soudan.
Dans un article rédigé en consultation avec les camarades au Soudan, le groupe Black Rose / Rosa Negra (U.S.A) fournit un compte rendu écrit de la manière dont l'organisation aujourd'hui connue sous le nom d'Anarchist Group in Sudan (AGS) a vu le jour. Cette publication en est la traduction directe.
Texte intégral (4060 mots)
Dans un article rédigé en consultation avec les camarades au Soudan, le groupe Black Rose / Rosa Negra (U.S.A) fournit un compte rendu écrit de la manière dont l'organisation aujourd'hui connue sous le nom d'Anarchist Group in Sudan (AGS) a vu le jour. Cette publication en est la traduction directe.
La Révolution soudanaise compte parmi les grands soulèvements révolutionnaires du XXIᵉ siècle. Comme trop de nos grandes révolutions, elle a — du moins pour l'instant — été étouffée dans le sang et la dictature. Mais, à l'instar de toutes les grandes révolutions, elle a aussi été un creuset où se sont forgées de nouvelles idées, pratiques et tendances politiques pour le moins significatives.
Bien que l'anarchisme ne soit pas chose nouvelle en Afrique, comme dans de nombreuses autres régions du monde, il peine encore à dépasser le stade de tradition intellectuelle ou de mode de vie pour devenir un mouvement porteur de recommandations stratégiques et concrètes. En s'impliquant pleinement dans les mouvements sociaux qui ont porté la Révolution soudanaise, tout en développant leur propre organisation politique formelle, les anarchistes au Soudan ont réussi à élaborer une pratique révolutionnaire ancrée dans la lutte des classes de leur pays. Malgré des conditions radicalement différentes de celles que nous connaissons ici, leurs expériences nous offrent des leçons précieuses, tant sur le processus de lutte révolutionnaire que sur la survie en temps de guerre civile et d'intense répression.
Avant le déclenchement des manifestations massives de décembre 2018, le Soudan connaissait déjà une opposition grandissante à la dictature d'Omar el-Bechir et aux conditions économiques accablantes auxquelles la population était confrontée sous son régime. Cette atmosphère, marquée par des éclats successifs de protestations étudiantes et ouvrières incita de jeunes militants étudiants à chercher des systèmes de pensée capables de les aider à surmonter les nombreux obstacles auxquels ils/elles étaient confronté·e·s. C'est durant cette période que certains des membres fondateurs du Groupe Anarchiste au Soudan (AGS) ont découvert l'anarchisme, et que ce groupe a été fondé en avril 2017, d'abord en un petit cercle de cinq camarades.
L'AGS était au départ une petite organisation étudiante. Ses membres ont commencé par se concentrer sur l'implantation dans les universités soudanaises, en agissant dans la clandestinité et en ciblant les petits campus à la périphérie, là où la présence de l'État était moins marquée. Dans le contexte de l'opposition soudanaise, la clandestinité est une pratique tout à fait courante. L'AGS a évité stratégiquement la confrontation directe avec le pouvoir, préférant s'immerger dans les espaces de lutte populaire, notamment les syndicats étudiants. Le groupe a élargi son influence en entrant en contact avec de jeunes activistes en quête d'alternatives aux idéologies politiques perçues comme infructueuses et dépassées.
À mesure que l'organisation grandissait, elle a attiré des professionnel·le·s comme des avocats et des ingénieurs qui, par le biais de l'Association des professionnel·le·s soudanais, formaient une couche sociale clé dans la dynamique révolutionnaire. L'AGS a alors intensifié ses efforts de recrutement, s'est implantée dans de nombreuses universités et a gagné en influence au sein de la coalition des syndicats étudiants. Pendant cette période, le groupe a d'abord utilisé le nom de « Fédération anarchiste du Soudan », sous lequel plusieurs de ses communiqués sont toujours disponibles en ligne, avant d'adopter le terme de « groupe » plutôt que de « fédération », afin de mieux refléter son organisation unifiée et sa cohérence interne.
La fondation et la croissance initiale de l'AGS coïncidèrent parfaitement avec l'explosion de la Révolution soudanaise en décembre 2018. La Révolution a été menée par des mouvements sociaux de base : syndicats ouvriers et étudiants, organisations de femmes et comités de résistance de quartier.

Des manifestant·e·s célèbrent l'effondrement du gouvernement du président Omar el-Beshir en 2019.
Les comités de résistance méritent une attention toute particulière. Comparables aux comités de coordination locaux de la Révolution syrienne de 2011, les comités de résistance soudanais sont essentiellement de petits groupes de quartiers auto-organisés, créés pour participer aux manifestations et au processus révolutionnaire. En se regroupant sous forme de centaines de comités locaux, ils ont ont été au cœur du mouvement qui renversa el-Beshir. Nous les considérons comme un exemple emblématique de pouvoir populaire en action : un réseau de voisin·e·s qui affrontent le pouvoir étatique tout en prenant progressivement le contrôle de leur propre quartier en y créant les structures organisationnelles d'autogestion susceptibles de pouvoir remplacer l'État.
Tout en restant clandestine, l'AGS a milité activement au sein des comités de résistance et des organisations étudiantes durant les premiers mois de la Révolution. Les militant·e·s ont pu défendre des positions anarchistes et influencer l'orientation des groupes sans se revendiquer publiquement comme anarchistes. En participant à cette vague massive d'auto-organisation couplée à des confrontations de rue, l'anarchisme est passé d'une idée à une pratique stratégique vécue. Pour l'AGS, l'anarchisme représentait un moyen concret de s'engager dans la lutte sociale tout en combattant toutes les forces autoritaires qui oppressent les populations soudanaises — qu'elles soient tribales, culturelles, militaires ou religieuses — une lutte globale pour la liberté et les droits individuels.
Les stratégies proposées par les anarchistes au Soudan sont sans précédent face à la crise sociale complexe du pays. Le principe même de rejeter les autorités les plus locales et informelles, comme la domination tribale ou le racisme ethnique, constitue le cœur du démantèlement des structures de pouvoir dans la société soudanise. Cela a des effets psychologiques sur les individus et des conséquences sociales qui peuvent les amener à affronter directement les autorités en place. Parce que, notre lutte ne se limite pas à combattre les autorités extérieures. Nous partons du principe que la liberté est indivisible : chaque personne mérite d'être libre, non seulement face aux institutions oppressives, mais aussi dans ses relations quotidiennes, où se jouent souvent des rapports de domination interiorisés. L'autorité, en réalité, est un comportement social fondé sur le désir de monopoliser la violence et d'empêcher les autres de vivre pleinement leur liberté.
— Membre de l'AGS, en dialogue avec des membres du BRRN, septembre 2025
Au sein des comités de résistance, l'AGS a coordonné des actions anarchistes afin de les orienter vers des perspectives plus anti-autoritaire. Les comités de résistance étaient, dans une large mesure, le reflet des dynamiques propres à la société soudanaise — des éléments fondamentaux de solidarité et d'entraide, indispensables pour survivre dans un pays où l'État ne fournit aucune aide à sa population. Bien que cette base ait pu leur donner une certaine force, elle signifiait aussi qu'un travail était nécessaire pour leur fournir le pouvoir organisationnel et la vision nécessaires afin de défier l'État. L'AGS a, par exemple, œuvré pour élargir la nature de nombreux comités, les faisant passer de structures restreintes et hiérarchisées (président·e, vice-président·e, etc.) à des espaces ouverts à toutes et tous les habitant·e·s du quartier.

Les manifestants s'affrontent avec les forces de sécurité après le coup d'État militaire initié par le général Abdel Fattah al-Burhan en 2021.
Parallèlement au travail d'organisation pratique, l'AGS initia l'organisation de « cercles de réflexion » pour discuter des idées anarchistes et travailla à rendre les textes anarchistes disponibles en arabe. Les modestes cotisations des membres servirent à imprimer des brochures anarchistes et à organiser des événements universitaires.
Alors que les mouvements sociaux soudanais réussirent à renverser el-Beshir dès le mois d'avril, l'armée prit le contrôle du gouvernement et la lutte s'intensifia. Le 3 juin 2019, les forces gouvernementales menèrent un massacre lors d'une manifestation de sit-in à Khartoum, faisant plus de 100 morts et plus de 70 victimes de viol. Ce fut le plus grand d'une série de massacres durant lesquels de nombreux·ses manifestant·e·s et camarades furent assassinés·e·s par les forces de l'État. En réponse au massacre du 3 juin, les travailleur·euse·s déclenchèrent une grève générale qui paralysa le pays et força la direction militaire à négocier. C'est dans ce contexte, celui d'un pays au bord du gouffre et où les comités de résistance prenaient le contrôle de territoires, que l'AGS se révéla publiquement lors d'une marche massive à Khartoum le 30 juin.
Évidemment, l'AGS essuya un important contrecoup après s'être revendiquée publiquement comme organisation anarchiste. Mais parce qu'elle s'était ancrée dans les syndicats étudiants et les comités de résistance, et qu'elle était connue de ses camarades et voisin·e·s comme un groupe engagé portant des idées cohérentes, elle réussit à recruter de nombreux·ses nouveaux·elles membres. Beaucoup de jeunes, désillusionné·e·s par les faux choix présentés par les soi-disant dirigeants — y compris les communistes « de libération nationale » qui avaient soutenu la dictature — furent attiré·e·s par la position principielle des anarchistes en faveur de la liberté.
Néanmoins, l'anarchisme au Soudan n'a pas pu se développer librement bien longtemps. Le soulèvement populaire obtint une victoire historique en juillet 2019, forçant la chute de la dictature militaire et instaurant un gouvernement de transition civilo-militaire. Mais cette solution était intrinsèquement instable, et l'armée ainsi que les Forces de soutien rapide (RSF) menèrent une contre-révolution en octobre 2021, rétablissant une dictature absolument brutale. [1] Mais, là encore, cette solution se révéla aussi instable que fragile, et les RSF et les Forces armées soudanaises (SAF) ne tardèrent pas à s'affronter dans une lutte de pouvoir, déclenchant ainsi une guerre civile en avril 2023. Les tragédies qui dévastèrent le pays depuis lors furent trop profondes et nombreuses pour être détaillées dans ce récit.

Des membres lourdement armés des Forces de Soutien Rapide (RSF).
La guerre civile, dont les racines plongent aussi bien dans l'héritage du colonialisme britannique que dans les histoires locales de domination, est également une guerre pour la survie des Noir·e·s face à une tentative de génocide. Les pouvoirs en place au Soudan, en particulier les RSF, sont des suprémacistes arabes qui cherchent à dominer et à éradiquer les groupes ethniques soudanais à la peau plus foncée. Nos camarades rapportent que l'esclavage est perpétué contre les Noir·e·s au Soudan, et voient donc la lutte actuelle comme une lutte pour la libération face à un autoritarisme fondé sur le racisme.
Cette période de lutte acharnée contre le retour du pouvoir militaire a fait de nombreuses victimes, dont des camarades anarchistes comme Omar Habbash, médecin à El-Fasher, Sara, militante de premier plan à Khartoum, et tant d'autres. Les camarades, où qu'elles/ils soient, sont constamment menacé·e·s de prison — une détention qui, en règle générale, conduit à la mort dans le mois qui suit. Face à ces pertes, l'AGS reste déterminée à poursuivre la lutte avec dévouement et courage. Avec l'extension du conflit armé, les camarades anarchistes ont adopté deux approches principales : combattre aux côtés des milices de résistance indépendantes pour défendre la population contre les exactions des RSF et des Forces armées soudanaises, ou éviter la confrontation armée en semant des idées et en mobilisant les actions à la base afin de développer le mouvement. L'AGS soutient actuellement ces deux approches stratégiques.
Alors que le pays est déchiré par une guerre par procuration menée par des puissances extérieures comme les Émirats arabes unis et l'Égypte, déterminées à exploiter ses ressources naturelles, et que sept factions militaires différentes déchaînent la terreur sur les populations soudanaises, l'AGS a malgré tout survécu. Ses membres, dispersé·e·s comme réfugié·e·s internes ou parfois à l'étranger, parviennent à rester en contact et à coordonner leurs actions. Lorsqu'ils/elles le peuvent, ils/elles gèrent des cuisines communautaires, aident les réfugié·e·s à atteindre des zones sûres, fournissent des soins médicaux, soutiennent les résistances et continuent de diffuser de la propagande anarchiste.
Black Rose / Rosa Negra a coordonné des actions de solidarité avec l'AGS, en collaboration avec des organisations camarades au sein de la Coordination internationale pour l'anarchisme organisé (ICOA), notamment Die Plattform en Allemagne et l'Union communiste libertaire en France. Une campagne publique de levée de fonds a permis de récolter plus de 20 000 dollars pour aider l'AGS à acquérir une presse industrielle, destinée à la fois à diffuser de la propagande anarchiste et à assurer une autonomie économique sur le terrain. Bien que la presse d'impression ne soit pas encore pleinement opérationnelle en raison de lignes de front mouvantes et des vagues de répression continues, elle symbolise la détermination de l'AGS à poursuivre la lutte révolutionnaire anarchiste, considérée comme une nécessité pratique, même au cœur de l'une des pires catastrophes humanitaires de la planète.

Image de la presse d'impression achetée par l'AGS grâce aux fonds récoltés par la campagne de solidarité de Black Rose / Rosa Negra.
Les anarchistes au Soudan pensent que la solidarité internationale est cruciale pour mettre fin au conflit, en mettant particulièrement l'accent sur les puissances qui alimentent la guerre civile :
Combattre l'intervention étrangère dans la guerre au Soudan nécessite un soulèvement mondial des réseaux en lutte pour exposer les entités qui profitent du sang versé — non seulement au Soudan, mais dans toute la région. Idéalement, ce sont leurs propres populations qui devraient se dresser contre leurs gouvernements pour mettre fin à ce bain de sang, largement motivé par l'accumulation de richesse. Chacun·e peut contribuer à dénoncer ce crime de financement de la guerre dans son propre pays et sensibiliser les gens : la guerre au Soudan peut cesser si le soutien extérieur prend fin — et alors, la paix suivra.
— Membre de l'AGS lors d'un dialogue avec les membres du BRRN, septembre 2025.
L'objectif politique immédiat de l'AGS est la fin de la guerre et des massacres perpétrés par les RSF et l'armée. À plus long terme, le groupe continue de lutter pour surmonter les divisions tribales et ethniques exacerbées par le colonialisme raciste, afin de remporter la révolution sociale et de construire une société libertaire, féministe et autogérée au Soudan et en Afrique.
Pour nous, révolutionnaires issu·e·s de pays impérialistes, la réalité de nos camarades soudanais·e·s semblent bien éloignée. Pourtant, nous avons beaucoup à apprendre de leur expérience : leur insertion au cœur d'un mouvement populaire, la transformation de l'anarchisme en une pratique vécue et significative pour toute la classe ouvrière, leur action collective en tant que force politique influençant la lutte et leur détermination à poursuivre le combat anarchiste dans les conditions les plus difficiles... Tout cela devrait non seulement renforcer notre respect, mais aussi nous inspirer profondément.
Soutenir nos camarades au Soudan est essentiel pour tou·te·s celles et ceux qui souhaitent voir l'anarchisme redevenir un véritable moteur de libération mondiale.
—> pour les soutenir des liens sont disponibles dans l'article suivant :
[1] Les Forces de Soutien Rapide (RSF) furent créées en tant que groupe paramilitaire principalement composé de membres des tribus Janjaweed. Auparavant, elles agissaient en tant que force auxiliaire de l'État soudanais et étaient utilisées par la junte militaire qui prit le pouvoir en 2019 pour réprimer violemment les manifestations populaires. Depuis 2023, elles sont en conflit armé avec les Forces armées soudanaises (SAF).
05.11.2025 à 10:00
A Bobigny, un viol filmé commis par deux policiers en plein tribunal
Le 19 juin dernier, Disclose en partenariat avec L'œil du 20h de France 2 révélait le résultat d'un an d'enquête des journalistes Leïla Miñano, Sarah Benichou et Sophie Boutboul sur les violences sexuelles commises par les forces de l'ordre. Résultat : elles avaient recensé au moins 429 victimes, et 215 agresseurs. Précision d'importance, il ne s'agit là bien sûr que des affaires pour lesquelles les victimes ont porté plainte.
Texte intégral (1704 mots)
Le 19 juin dernier, Disclose en partenariat avec L'œil du 20h de France 2 révélait le résultat d'un an d'enquête des journalistes Leïla Miñano, Sarah Benichou et Sophie Boutboul sur les violences sexuelles commises par les forces de l'ordre. Résultat : elles avaient recensé au moins 429 victimes, et 215 agresseurs. Précision d'importance, il ne s'agit là bien sûr que des affaires pour lesquelles les victimes ont porté plainte.
Or, quand on sait qu'une petite minorité de victimes de violences sexistes et sexuelles dépose plainte, encore moins lorsque l'agresseur est un représentant de l'autorité publique, on ne peut que penser aux milliers de victimes anonymes. Hier, on apprenait que deux de ces prédateurs sexuels avaient de nouveau fait une victime au tribunal de Bobigny, dans la nuit du 28 au 29 octobre.
Un viol filmé en plein Tribunal
Dans la nuit du 28 au 29 octobre, une jeune femme « déférée au parquet de Bobigny pour des faits de soustraction par un parent à ses obligations légales » d'après le communiqué du procureur Eric Mathais, était victime de viols par deux agents de police. Le préfet de police de Paris Patrice Faure a déclaré sur X qu'ils avaient été suspendus et placés en garde à vue. L'IGPN a été saisie. Le ministre de l'Intérieur et ancien préfet de police Laurent Nunez a déclaré qu'il s'agissait là « d'agissements extraordinairement graves et inacceptables ». Il ajoute que si l'enquête « conclut que des faits criminels ont été commis, et que l'honneur des policiers a été sali, il va de soi que des sanctions seront prises ». Comble de l'horreur, on apprend ce 31 octobre que l'un des deux policiers a filmé la scène et sauvegardé la vidéo sur son téléphone. Leur garde à vue a été prolongée.
Mais on connaît la musique : l'enquête sera bâclée, les preuves risquent d'être effacées, la parole de la victime remise en question, et les policiers ne verront sans doute pas l'ombre d'une cellule. La machine est déjà en branle : une source proche du dossier a affirmé que les deux agents incriminés avaient écrit leur propre rapport administratif pour exposer leur version des faits. Les deux hommes reconnaissent les relations sexuelles, mais assurent « qu'elles étaient consenties ». C'est sûr que lorsque l'on passe la nuit dans une cellule insalubre au sous-sol d'un tribunal en attendant une comparution immédiate, dans un état de stress extrême, la première chose que l'on souhaite c'est avoir des relations sexuelles avec les policiers qui nous enferment.
La machine médiatique leur trouve déjà des excuses : « Les deux fonctionnaires placés en garde à vue sont âgés de 23 et 35 ans, et ne seraient pas dans le métier depuis longtemp », peut-on lire dans Le Parisien, qui donne la parole à des avocats pour qui « il y a un vrai défaut d'encadrement au dépôt de Bobigny […] Les policiers sont souvent très jeunes ». Parce que quand on est jeune, on est plus prompt à violer ? Quelle étude peut étayer ces accusations très graves envers la jeunesse ?
La presse évoque également la vétusté du tribunal, le 2e plus important après celui de Paris. On peut lire dans les colonnes du Monde qu'il est « réputé perclus de problèmes (d'organisation, d'effectifs, de vétusté, etc.) mais doit bénéficier des prochains travaux d'extension du palais de justice ». On cherche le rapport entre la vétusté d'un tribunal et le fait que des hommes, représentants de l'ordre qui plus est, violent une femme.
Les violences sexuelles de la police, une impunité organisée
Dans aucun de ces articles on ne mentionne que les violences sexuelles au sein de la police font système et qu'elles sont utilisées comme arme de maintien de l'ordre, comme le révélait l'enquête de Disclose et l'Oeil du 20h. Et qu'elles sont largement autorisées, puisque jamais punies.
En 2010 à Marseille, un policier se rend au domicile d'Anna pour une fausse reconstitution. Il place alors son arme de service sur la table, puis la viole. La jeune femme se retrouve enceinte, et le policier la contraint à avorter. Comme toujours, lors de l'instruction, il invoque que la relation était consentie. La justice conclut à un non-lieu. Il est toujours en poste.
En 2015 à Drancy dans le 93, Adam se retrouve plaqué sur la banquette arrière d'un véhicule de police par deux agents, pendant qu'un troisième le viole avec sa matraque. « J'ai dit non, j'ai crié, j'ai pleuré » raconte Adam. « Tu te souviendras de nous » lui répondent les policiers municipaux. Il ressort de l'hôpital avec 10 jours d'ITT dus à une lésion anale. Placé en garde à vue pour viol, l'agent municipal voit la qualification ramenée à de simples « violences volontaires ». Il travaille toujours à ce jour. En 2017 à Aulnay-sous-Bois en région parisienne, Théo est violé à coups de matraque métallique en pleine rue, et est aujourd'hui handicapé à vie. Les policiers n'écopent que de sursis.
En 2018 au sous-sol du tribunal de Toulon, Claude M., brigadier-chef de 55 ans, impose une fellation à Angélique, 36 ans, effondrée en apprenant sa prochaine incarcération. Elle le supplie de pouvoir appeler sa fille pour pouvoir la prévenir. Il l'emmène dans les toilettes, lui assène : « Fais la gicler cette salope, après tu pourras téléphoner », rajoutant à la violence de l'enfermement, la violence de l'agression.
La liste de ces agressions sexuelles est encore longue, et révèle un système que personne ne veut remettre en question. À l'heure actuelle, il est aberrant de constater qu'aucune loi n'interdit factuellement à un policier ou gendarme d'avoir des relations sexuelles avec une personne placée en garde à vue ou en détention. En sachant que ces moments représentent en soi un acte de privation de liberté souvent humiliant et traumatisant, y ajouter le vécu de violences sexuelles rend l'expérience insoutenable. Ces violences sont en outre presque systématiquement couvertes par les collègues des agents incriminés. L'enquête révèle que “tous les policiers ont profité de leur statut et du climat d'impunité qui règne au sein de l'institution”.
Le ministère de l'Intérieur choisit de laisser faire : « Pas la moindre circulaire ou note interne consacrée au sujet » n'a jamais été envoyée, révèle encore Disclose dans son enquête parue en juin, qui explique que la seule réponse du ministère a été « une enquête est ouverte dès que l'administration a connaissance d'une plainte pour des faits de violences sexuelles ». Aucune enquête sérieuse n'a jamais été réalisée sur les violences sexistes et sexuelles au sein de la police. « La direction générale de la police n'a enregistré que 63 condamnations de fonctionnaires pour des faits allant du harcèlement sexuel au viol au cours des dix dernières années ». 63.
Depuis 2021, seuls 18 policiers ont été sanctionnés pour des faits de violences sexuelles. Seulement 10 expulsés de l'institution ou mis à la retraite. En 2023, 46 gendarmes ont été sanctionnés. Combien ont été radiés ? Seulement 3. Il s'agit bien d'une impunité générale organisée. Disclose rappelle également un fait capital : les sanctions envers les forces de l'ordre sont validées par les plus hautes instances. « Le préfet examine les blâmes, les sanctions contre des sous-officiers sont étudiées par la direction générale de la police nationale, quant aux décisions prises pour des officiers, elles remontent jusqu'au ministère de l'intérieur. Enfin, quand le dossier implique un commissaire de police, c'est à la Présidence de la République de trancher ».
Mais qu'attendre d'un président de la République qui adule les violeurs comme Gérard Depardieu et les fait entrer au gouvernement comme Gérald Darmanin ?
Comment les médias dominants présentent les faits :
05.11.2025 à 09:00
Oaxaca 2006 : entretien avec L., activiste autonome
Dans cet entretien extrait du livre ¡ Duro Compañer@s ! Récits d'une insurrection mexicaine de Pauline Rosen-Cros, paru en 2010 aux éditions Tahin-Party, L. nous raconte ce qu'il a vécu pendant ces mois d'insurrection. Ce qui nous intéresse dans ses propos, ce n'est pas le récit d'une révolution exotique. C'est au contraire ce qui nous concerne directement, ce en quoi nous pouvons nous reconnaître, et ce qui pourra enrichir nos pratiques de lutte.
Texte intégral (1651 mots)
Dans cet entretien extrait du livre ¡ Duro Compañer@s ! Récits d'une insurrection mexicaine de Pauline Rosen-Cros, paru en 2010 aux éditions Tahin-Party, L. nous raconte ce qu'il a vécu pendant ces mois d'insurrection. Ce qui nous intéresse dans ses propos, ce n'est pas le récit d'une révolution exotique. C'est au contraire ce qui nous concerne directement, ce en quoi nous pouvons nous reconnaître, et ce qui pourra enrichir nos pratiques de lutte.
Oaxaca, 2006 : une grève de profs qui installent un campement dans le centre-ville, une attaque de la police contre ce campement, la population qui se solidarise et repousse l'attaque... C'est le point de départ d'une lutte qui dura presque six mois. Une lutte multiforme, contre un gouverneur haï, et contre tout un système social et économique invivable. Une lutte à laquelle prirent part des secteurs extrêmement variés de la population : indigènes et punks, femmes au foyer, profs, étudiant-es, pères de familles...
Les formes d'organisation et d'action aussi bien que les enjeux sont multiples. L'APPO, Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca, qui fédère le mouvement, se veut une organisation d'organisations, sur des bases autogestionnaires et assembléistes.
Des radios, et même une chaîne de télé, sont prises par les insurgé-es, et défendues avec rage (une attaque de flics contre la radio Universidad est repoussée après sept heures de combat).
La ville se couvre de barricades.
De la défense contre les raids meurtriers de pistoleros à l'apprentissage de la prise de décision collective, c'est toute la vie quotidienne qui est bouleversée.
Pour des militant-es autonomes, comment se fondre dans un tel mouvement ? Comment y participer, quelle place y prendre ?
Extrait :
D'abord, de par sa présence, une barricade impressionne. Certains disent qu'il y en a eu deux mille, d'autres disent quatre mille, d'autres cinq mille... En réalité il est très difficile de savoir combien il y en a eu. Mais ce que je peux t'assurer, c'est qu'il y en a eu dans tous les endroits de la ville, et de toutes les tailles. Il y en avait de très petites, avec cinq ou dix personnes, mais elles étaient là, sur le pied de guerre. Et puis il y avait des barricades impossibles à franchir. Celles qui ont été les mieux organisées, c'était surtout celles des avenues très importantes, celle de Brenamiel par exemple était bien organisée, c'est reconnu. Je ne parle pas que des jeunes, hein, quand je parle d'une barricade, je ne me réfère pas juste aux jeunes, ou aux hommes, je parle de celui ou celle qui est derrière les casseroles, à faire du café, je parle de celui ou celle qui est derrière une pierre, je parle de tous ceux et celles qui étaient attentifs à ce qui pouvait arriver. Et bien sûr, le ou la barrikader@, le ou la bazuker@, avait une importance cruciale, notamment dans les alertes, ou pour éloigner ceux qui arrivaient pour nous agresser. Le seul fait d'être présent sur une barricade est... C'est un espace de fluidité, de revendication d'une lutte, mais c'est aussi un lieu de vie. Des familles voisines depuis dix ou quinze ans, qui ne se parlaient jamais, se sont retrouvées à préparer un feu ou un café ensemble, à discuter, à prendre soin de la nuit. Je crois que ça a été un espace naturel de confluences et de lutte, de résistance. Il y a eu des grand-pères, des grand-mères, qui donnaient ce qu'ils pouvaient donner. Dans tous les quartiers, dans toutes les colonias, tous étaient énervés, tous en avaient marre : “Nous allons réussir à le mettre dehors, oui, on va gagner ! Ce que l'on fait est juste, on fait quelque chose de bien !”.
La barricade, ça va plus loin que le fait d'être un obstacle. C'est un espace où les gens se sont connus, croisés, où ils ont pleuré, où ils ont ri, où on s'est motivés, où on a cru, ensemble, à cette lutte. Moi, c'est là que j'ai senti ce que c'était de faire partie d'une barricade. Et en termes d'auto-défense, on peut dire qu'elles ont bien fonctionné. Pendant des mois, ils n'ont pas pu rentrer : ils se sont absentés, ils y réfléchissaient à deux fois avant de s'approcher d'une barricade, ils réfléchissaient bien. S'il y a eu des morts et des barricades, c'est aussi que nous étions tous disposés à cela. Ils avaient des balles, des armes, et nous on avait nos bâtons, nos pierres.
Une barricade qui a été très importante, et où il y a eu beaucoup de participation, c'était celle du Canal 9, avant qu'ils ne détruisent les antennes. Celle de Símbolos Patrios également, qui bouchait une très grande avenue menant à l'aéroport. Il y a eu aussi des barricades qui n'ont pas été permanentes, mais qui ont été des pièces clés. À chaque fois qu'il y avait une agression, on les mettait en place, par exemple à la station essence de l'avenue Juárez. Là, on a empêché un bon nombre de convois d'arriver au centre ville pour agresser je ne sais quelle autre barricade. À chaque fois qu'ils frappaient, on allait barricader ce croisement, on savait que c'était un passage obligé pour les convois. Il y avait aussi celle du Periférico, une avenue très grande, vers le Ministère des finances. Celles-ci ont été les premières, mais il y en a eu partout : à San Martín [quartier de ce qu'on appelle la périphérie du centre], à l'Infonavit [équivalent des quartiers HLM], à la Reforma [quartier plus riche], dans le centre aussi.
De toute façon, elles ont toutes eu un rôle primordial pour cette guerre. Quelque chose est né là-bas, un espoir. [...] Quand la PFP [Police fédérale préventive] est entrée dans la ville le 29 octobre, elle a avancé barricade après barricade, et la résistance a commencé à se mettre en place. La première qu'ils ont traversée malgré la résistance fut celle de Brenamiel. Il a fallu qu'il y ait un mort pour qu'ils y arrivent. Quand on est sortis de la Okupa, cette nuit-là, et qu'on est arrivés à Cinco Señores, on s'est dit que ce carrefour était très important et que la PFP allait entrer aussi par là. À ce moment-là, le seul endroit qui était à nous, le seul bastion de l'APPO, c'était la Cité Universitaire. Tout le monde appelait à un repli stratégique dans l'université, tout le campement du zócalo s'est déplacé vers la fac. On a donc pensé qu'il fallait une barricade à ce carrefour (qui menait directement au campus), pour ne pas finir coincés comme dans une souricière. Une fois arrivés à l'université, on a pris une garde dont personne ne voulait, à savoir celle de la rue de l'Université – tout le monde préférait garder la radio. Vers sept heures du matin, on a commencé à mettre en place cette barricade qui fut si importante.
Cinco Señores, ce sont cinq avenues qui se rejoignent, c'est énorme, c'est un des carrefours les plus grands de la ville. On n'a pas consulté l'université, c'était logique qu'il fallait protéger l'endroit, sinon ils allaient pouvoir entrer là comme dans un moulin. Avec les gens de la Okupa essentiellement, on a fermé le carrefour à l'aide de dix-huit bus et un poids lourd. Voilà, la ville était coupée en deux avec cette barricade. Nous sommes ensuite allés fermer l'autre côté qui était à découvert, le côté du centre commercial. Au fur et à mesure, on a vu arriver à Cinco Señores des bandes de jeunes qui travaillaient dans le coin, qui ont commencé à s'organiser, à vouloir faire partie de tout ça, et nous nous sommes alors concentrés sur la barricade du centre commercial. Cette autre barricade a été très symbolique, parce qu'en plus de la fermer avec des voitures et des bus, on l'a renforcée avec tous les caddies du supermarché. On a passé la journée à emboîter les caddies, rangée après rangée. Peu à peu, on s'est organisés, pour voir comment on allait y vivre, comment on allait se répartir les tâches, parce que cette barricade-là a été permanente. Au bout d'une semaine, on s'est rendu compte que la barricade de Cinco Señores allait être très problématique.
L'intégralité de l'entretien est à lire sur infokiosques.net. Une version brochure/PDF est disponible au format cahier imprimable/photocopiable et au format page par page.
04.11.2025 à 12:00
Soirée de lancement du livre « Personne n'est illégal ». Photographies et récits de Sans-Papiers en lutte
La Coordination 75 des Sans-Papiers et l'Intercollectif d'Île-de-France des Sans-Papiers organisent une soirée de lancement pour présenter leur livre sur les luttes actuelles des Sans-Papiers ce samedi 8 novembre de 19h à 22h à l'AERI (57 rue Etienne Marcel, à Montreuil).
Texte intégral (931 mots)
La Coordination 75 des Sans-Papiers et l'Intercollectif d'Île-de-France des Sans-Papiers organisent une soirée de lancement pour présenter leur livre sur les luttes actuelles des Sans-Papiers ce samedi 8 novembre de 19h à 22h à l'AERI (57 rue Etienne Marcel, à Montreuil).

Au programme :
Musique, présentation du livre, discussion avec les délégués des 8 collectifs composant l'intercollectif (CSP75, CSP17, CTSPV, CSP Montreuil, CSP93, le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, les Gilets Noirs, Droits devant !!) et repas à prix libre.
Le livre :
Depuis le mouvement des sans-papiers de 1996, qui a vu l'occupation de l'église Saint-Bernard, le mouvement s'est structuré au sein de collectifs et de coordinations de collectifs. Leurs revendications : la régularisation de tous les sans-papiers, la liberté de circulation et la liberté d'installation. Ce qui les pousse à agir : sortir de l'aliénation du travail au noir, échapper à l'arbitraire des préfectures et à la peur des contrôles policiers.
À travers les photographies et la parole des délégués de la Coordination 75 des Sans-Papiers et de l'Intercollectif d'Île-de-France, ce livre donne à voir et à entendre une lutte continue pour des droits mais aussi les acteur.ice.s de cette lutte. Les photographies, exclusivement prises en manifestation entre 2020 et 2025, permettent de voir évoluer un collectif formé d'individualités ; elles montrent la nécessité de la lutte, qui se lit dans les regards, et la force que donne l'action collective. Les entretiens permettent de comprendre cette lutte et de saisir ses formes et ses enjeux actuels. Ils se sont déroulés entre novembre 2024 et juillet 2025 et ont permis de récolter les récits de 20 délégués, de 8 collectifs et associations de la région parisienne.
« Personne n'est illégal ». Photographies et récits de Sans-Papiers en lutte (2002-2025), un livre d'Anne Volery et de la Coordination 75 des Sans-Papiers, avec la participation de l'Intercollectif des Sans-Papiers, 160 p, 2025, 20EUR - ISBN : 979-10-979706-0-4
Pour tout renseignement :
personne.n.est.illegal@gmail.com
Pour commander le livre :
règlement par chèque à l'ordre de DIEL d'un montant de 29EUR (livre+frais de port) à envoyer par voie postale à : DIEL (Droits Ici Et Là-bas) - Boîte 158, Maison des associations du 11e, 8 rue du Général-Renault 75011 Paris.
04.11.2025 à 11:00
[Livre] Essai d'écologie politique antifasciste
L'introduction du livre récent “Essai d'écologie politique antifasciste” disponible en téléchargement gratuit sur le site www.antifa.eco

Texte intégral (1616 mots)
L'introduction du livre récent “Essai d'écologie politique antifasciste” disponible en téléchargement gratuit sur le site www.antifa.eco

La situation est désespérante. Alors que les conséquences désastreuses du réchauffement climatique sont de plus en plus manifestes, les origines de cette crise sont occultées et les moyens d'y remédier semblent plus lointains que jamais. Les illustrations de cela sont partout.
Dans un meeting de campagne, deux jours avant son élection en 2024, Donald Trump affirme ainsi que le réchauffement climatique est un canular. Pour le prouver, il indique les températures relativement basses enregistrées au moment où il parle [1]. Lors de sa visite à Mayotte après le passage de l'ouragan Chido, Marine Le Pen critique le plan de reconstruction gouvernemental. Elle soutient qu'il n'aborde pas la question de « l'immigration clandestine », comme si la catastrophe n'était pas naturelle, mais migratoire [2]. En Espagne, après les inondations désastreuses en octobre 2024, c'est le parti d'extrême droite climatonégationniste Vox qui profite de la catastrophe. Il réussit à blâmer la gauche pour la gestion de la crise, malgré la responsabilité évidente du gouvernement de droite au pouvoir [3]. Sur les réseaux sociaux, des théories du complot viennent ajouter une couche supplémentaire de confusion. Ainsi, lors des incendies dévastateurs à Los Angeles en décembre 2024, des vidéos très populaires sur TikTok expliquaient que les feux avaient été allumés volontairement pour détruire les preuves de crimes sexuels commis par « l'élite hollywoodienne » [4].
Pour ne rien arranger, ce renforcement de l'extrême droite et la diffusion de ses idées servent aussi à criminaliser des mouvements écologistes et sociaux qui se battent pour une véritable sortie de la crise. Dans les médias français, les activistes radicaux qui s'opposent à des bassines de rétention d'eau illégales ou occupent des sites d'entreprises responsables de la crise climatique sont ainsi dépeints comme étant « terroristes » [5]. Alors, qu'en parallèle, les médias minimisent le vrai terrorisme d'extrême droite, comme le montre le traitement journalistique de l'attentat à Magdebourg par un sympathisant du parti extrémiste allemand AfD [6]. De même, la légitimation du discours d'extrême droite pousse une partie de l'électorat à préférer une vision raciste, dans laquelle les problèmes seraient causés par les étrangers et les migrants, à celle des forces progressistes qui tentent d'allier la justice sociale avec la transition écologique.
En fait, la crise actuelle semble avoir deux faces. D'un côté, c'est la planète qui se réchauffe, causant des effets dévastateurs sur les habitants de la Terre. De l'autre, ce sont les idéologies les plus morbides de l'histoire qui renaissent, entraînant notre système dans un effondrement au ralenti et nous éloignant encore plus d'une solution véritable. Le réchauffement global et la multiplication des catastrophes à l'échelle mondiale coïncident avec l'essor spectaculaire d'une force politique qui nie fermement ces réalités et qui n'a aucune solution à offrir. Une telle chose était difficilement prévisible. Comme le remarque le « Zetkin Collective » : la « montée de l'extrême droite n'apparaît dans aucun modèle climatique » [7].
Ce constat engendre différentes questions. D'abord viennent des questions analytiques. Comment ces crises écologiques et politiques sont-elles liées ? Comment expliquer que la crise génère des explications et des schémas de pensée qui ne permettent, non seulement, pas de comprendre les causes de celle-ci, mais renforcent aussi des forces réactionnaires qui n'ont aucune solution à proposer ? Puis viennent des questions stratégiques. Comment, dans ce flou politique, serait-il possible de construire un mouvement écologiste et social qui propose de véritables solutions ? Comment les écologistes pourraient-ils convaincre la majorité de la nécessité d'agir contre la crise climatique, si les gens attribuent celle-ci à des causes qui n'en sont pas ? Comment faudrait-il s'opposer aux forces sociales qui mènent à cet état de fait ?
C'est à ces questions que tente de répondre le nouvel Essai d'écologie politique antifasciste disponible en téléchargement gratuit sur antifa.eco.
[1] McDonald, J. (2024, septembre 9). Trump Clings to Inaccurate Climate Change Talking Points. FactCheck.Org. https://www.factcheck.org/2024/09/trump-clings-to-inaccurate-climate-change-talking-points/
[2] A Mayotte, Marine Le Pen critique le plan de reconstruction du gouvernement. (2025, janvier 5). Le Monde. https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/01/05/a-mayotte-marine-le-pen-critique-le-plan-de-reconstruction-du-gouvernement_6482763_823448.html
[3] Cassard, J. (2024, novembre 5). Inondations en Espagne : Les lourdes erreurs de la droite au pouvoir. Reporterre. https://reporterre.net/Inondations-en-Espagne-les-lourdes-erreurs-de-la-droite-au-pouvoir
[4] Doan, L., & Delzer, E. (2025, janvier 16). Wildfire conspiracy theories are going viral again. Why ? - CBS News. CBS News. https://www.cbsnews.com/news/wildfire-conspiracy-theories-viral-fact-check/
[5] Cazorla, A. (2023, juin 21). Comment la presse de droite construit l'« ennemi écolo ». Reporterre. https://reporterre.net/Comment-la-presse-de-droite-construit-l-ennemi-ecolo
[6] Vincent, T. (2025, janvier 29). Magdebourg : Le profil du tueur ne correspond pas aux attentes des médias français et de l'extrême droite. Blast. https://www.blast-info.fr/articles/2024/magdebourg-le-profil-du-tueur-ne-correspond-pas-aux-attentes-des-medias-francais-et-de-lextreme-droite-aca0Dud0Q_y29nGzuaSAAg
[7] Zetkin Collective. (2020). Fascisme fossile : L'extrême droite, l'énergie, le climat. La fabrique éditions, p.12.
04.11.2025 à 10:00
Présentation du livre « Décroiscience »
Le groupe Salvador Seguí (FA) organise la présentation du livre « Décroiscience » de Nicolas Chevassus-Au-Louis. Rencontre qui aura lieu à la librairie du Monde libertaire (145 rue Amelot-75011-Paris), le vendredi 21 novembre 2025 à 19h.
Texte intégral (713 mots)
Le groupe Salvador Seguí (FA) organise la présentation du livre « Décroiscience » de Nicolas Chevassus-Au-Louis. Rencontre qui aura lieu à la librairie du Monde libertaire (145 rue Amelot-75011-Paris), le vendredi 21 novembre 2025 à 19h.
Décroiscience est un « plaidoyer pour que la recherche scientifique se mette au service de l'écologie. Parce qu'il ne peut y avoir de décroissance sans décroiscience ».
Car oui, aujourd'hui l'activité scientifique est principalement au service de la croissance économique. Visant à produire brevets, innovations et algorithmes, elle participe au problème plus qu'à la solution. Dès lors ne faut-il pas plutôt envisager une « décroiscience » ? L'auteur du livre analyse les dysfonctionnements de la recherche, sa soumission aux diktats du capitalisme et des politiques de puissance.
Nous pourrons en discuter avec lui au cours du débat qui suivra la présentation de son livre.
Aux prêtres de la religion scientifique qui voient dans la science la solution à tous les problèmes (qu'elle a souvent engendrés), ses critiques les plus radicaux répondent par l'arrêt de toute recherche scientifique. Évitant ces deux écueils, l'auteur de ce livre, épris de rationalité et amoureux des sciences, analyse les dysfonctionnements de la recherche, sa soumission aux diktats du capitalisme et des politiques de puissance. Contre la prééminence du quantitatif, il en appelle à remettre de la démocratie dans les décisions, les programmes, les finalités. Et une conclusion d'impose : pas de décroissance sans décroiscience.

03.11.2025 à 13:12
Le 2 novembre 1979, Mesrine est assassiné par la police
Jacques Mesrine : témoignages, citations et retranscriptions de K7 audio.
Texte intégral (7881 mots)
Jacques Mesrine : témoignages, citations et retranscriptions de K7 audio.
Au cours de l'histoire, l'État a toujours cherché, pour mieux les éliminer, à transformer ses propres ennemis en ennemis publics. Si cet état de fait se vérifie encore aujourd'hui avec notamment des personnalités comme Antonio Ferrara, Christophe Khider, Julien Coupat et bien d'autres, cela l'était aussi dans les années soixante-dix, vis-à-vis d'un certain Jacques Mesrine

Né en 1936, il fut assassiné sans sommation (sujet polémique) le 2 novembre 1979 porte de Clignancourt à Paris par des policiers de la brigade Anti-Gang, dirigée alors par le Commissaire Robert Broussard (fondateur du R.A.I.D en 1984).
Les médias officiels d'hier ont beaucoup parlé de Mesrine sans jamais lui donner réellement la parole. Ces mêmes journalistes ont sorti un nombre incalculable de fois ses paroles hors de leur contexte.
Présenté à l'époque comme un tueur, un voyou ou encore un mégalomane désirant faire parler de lui, nous allons retranscrire dans le présent article, plusieurs citations extraites de K7 audio enregistrées par Jacques Mesrine à différentes périodes de sa vie ainsi que quelques bribes d'interviews de personnes l'ayant côtoyés.
Ses enregistrements nous dévoilent une facette de lui plutôt méconnue et mise de côté par la presse audio-visuelle.

*un tag dans les rues de Rennes
Comme il aimait à le rappeler, Mesrine n'a jamais été un ennemi public, pour la bonne et simple raison qu'il ne s'en est jamais pris au public, mais aux banques, à certains dirigeants de l'administration pénitentiaire, aux policiers ou gardes forestiers qui tentaient de l'abattre et pour reprendre ses mots, à ses ennemis du milieu. Milieu du banditisme sur lequel il a plusieurs fois exprimé son désaccord, voir son dégoût.
Ses critiques et points de vue sur le monde carcéral sont d'ailleurs toujours d'actualité.
Mesrine est aussi celui qui réussit à faire connaître au grand public de France les conditions de détention dans les prisons et à demander la fermeture des Quartiers de Haute Sécurité.
Sabrina Mesrine témoigne de l'attitude de Broussard qui célébrait la mort de son père vidéo ici :
« Il y avait les inspecteurs Broussard et Aimé Blanc, j'ai demandé à voir mon père, ils ont refusé. Ils m'ont emmené au Quai des Orfèvres, ils m'ont laissé dans une pièce pendant 2, 3 heures ou je suis restée toute seule. Dans une autre pièce il y avait vraiment du bruit, donc Broussard est arrivé avec les autres inspecteurs, ils ont commencés à boire le champagne. Broussard a ouvert la porte de la pièce ou j'étais, m'a proposé une coupe de champagne et cette coupe il se l'est mangé dans la figure et je l'ai traité d'assassin ».
— et comment a-t-il réagit ?
— il a rigolé, il s'est marré."
Ci-dessous, deux photos prises lors de l'attroupement autour du cadavre de J. Mesrine :


*Broussard savoure l'instant tant attendu, la mort de celui qui l'avait fait tourner en bourrique pendant des mois.
Citation de Roland Agret article source :
« à l'époque où Mesrine était en QHS, je menais, avec d'autres personnes du comité d'action des prisonniers (C.A.P), des actions contre ces fameux QHS. J'avais d'ailleurs eu des rapports épistolaires avec Jacques Mesrine à propos de la prison[...]J'ai bien connu la compagne de Jacques Mesrine[...]Sylvia Jeanjaquot m'a raconté que l'immeuble était cerné de flics en civil et qu'ils auraient pu arrêter Mesrine au moins à deux reprises alors qu'il faisait des allers-retours à son véhicule, les bras chargés de cartons. En fait, ils lui ont tendu un guet-apens. Ce qui m'avait le plus choqué à l'époque, c'était de voir les images des policiers en train de boire le champagne sur le capot de la BMW de Mesrine. Ça montre le cynisme d'un pouvoir qui avait décidé de se débarrasser de lui. »
Citation du comédien Dominique Zardi qui l'avait rencontré :
"C'est un géant en ce sens qu'il a pu obtenir ce que des ministres n'ont pas obtenu. La suppression des Q.H.S (Quartiers de Haute Sécurité) par exemple.
Du reste il a été très jalousé par des gens plus importants que lui dans la hiérarchie, de ce pays (la France). Il a été jalousé par le commissaire Broussard, il a été jalousé aussi par Giscard d'Estaing, qui a beaucoup œuvré pour qu'on débarrasse ce personnage du panorama français. C'est ainsi que ce bonhomme a été férocement éliminé".
Citation tirée de la K7 audio testament de J. Mesrine, enregistrée le 29 octobre 1979, que vous pouvez retrouver ici :
"Au final, je vais rester un exemple, peut être un mauvais exemple. C'est ça qui est terrible, c'est que certains vont faire de moi un héros.
Mais en fin de compte il n'y a pas de héros dans la criminalité, il n'y a que des hommes qui sont marginaux, qui n'acceptent pas les lois.
Parce que les lois sont faites pour les riches et les forts. On en sait quelque chose. Moi j'ai choisi d'être aisé par le crime, en m'attaquant presque toujours je pense aux nantis et aux riches et j'étais plus riche qu'eux, parce que j'avais l'amour en plus. L'amour et puis je pense le courage, le courage de mes opinions et puis d'être ce que j'avais décidé d'être."
Voici quelques passages tirés de son livre « L'instinct de mort ». Les paragraphes retenus ici sont ceux en lien avec les conditions pénitentiaires. Mais le livre parle aussi de sa vie d'homme en cavale, de ses histoires d'amitiés et de ses relations amoureuses, avec bien entendu des scènes d'aventures de braquages et de frictions avec les forces de l'ordre.

"La Santé : une vielle fille lépreuse, fleuron de l'administration pénitentiaire française. Rien n'avait changé dans le régime cellulaire. Six mètres carré d'une cellule plus ou moins propre pour y vivre vingt-trois heures sur vingt-quatre. L'oisiveté la plus totale.
Quand on entre dans une prison, on perd beaucoup plus que sa liberté. On sait qu'on y trouvera le domaine de l'arbitraire, de l'injustice et des abus de pouvoir de toute sorte. On y devient « l'otage pénal », avec le chantage au parloir, le chantage à la grâce ou à la liberté conditionnelle.
En franchissant les portes de cette austère maison d'arrêt, je me fis la promesse de ne pas y moisir longtemps".

"Je passais mes journées à lire et à faire du sport dans ma cellule pour être en excellente condition physique. Bien des petits gars que je croisais n'avaient rien à faire en prison. Ce n'était pas leur place à ces malheureux, les misérables petits délits qu'ils avaient pu commettre n'exigeait pas un emprisonnement.
Mais la société est ainsi faite : elle prépare, à l'école du crime qu'est la prison, ses futurs ennemis publics numéro un de demain, au lieu d'aider les jeunes délinquants à s'en sortir.
J'avais connu cela, à une époque où, si la société m'avait donné ma chance, tout aurait été différent pour mon avenir.
J'avais fait payer très cher à cette même société son manque de compréhension. Et bien qu'incarcéré, je ne m'avouais pas vaincu. Je connaissais mes limites. Je n'en avais pas« . »Le 6 juin 1973 au matin devait représenter mon dernier jour de détention à la prison de la Santé. J'étais certain d'une chose : à quinze heures, je serais libre ou mort. J'avais préparé mon plan d'évasion dans les moindres détails. Tout pouvait paraitre impossible. Mais moi j'y croyais.
Une fois de plus j'allais mettre ma vie dans la balance.
Je m'étais longuement préparé à la difficulté de cette action. J'avais étudié toutes les situations qui risquaient de se présenter à moi. je savais le danger que représentaient les gendarmes, bien capables de sacrifier leur vie pour le devoir de leur mission.
J'allais être seul contre tous. Une seule erreur de ma part et c'était une mort rapide, mais certaine.
Je préférais cette fin à une longue détention. J'avais même envisagé ma mort avec une certaines philosophie. Car accepter sa détention, c'est reconnaitre que l'ont a perdu.
J'avais été arrêté le 8 Mars et avais fait la promesse au commissaire Tour d'être dehors en trois mois. Il avait prit cela pour une plaisanterie, une bravade. Il n'allait pas tarder à se rendre compte que je ne bluffais jamais".

*les fameuses « cours de promenade », en forme de camembert, des Quartiers de Haute Sécurité, crées en 1975, après les révoltes politiques des prisonniers durant l'année 1974..
« Celui qui entrait en prison sans argent ressortait dans les mêmes conditions et n'avait comme seule solution que de commettre un autre délit pour vivre. Psychologiquement, la détention est destructive ; pas d'éducateur pour ceux qui auraient voulu apprendre un métier, pas de service social et des soins médicaux quasiment inexistants. La société nous encageait et faisait de notre détention beaucoup plus un règlement de comptes qu'une dette à payer avec espoir de s'en sortir un jour ».
« Au Québec, j'allais devenir un des pires criminels que la province ait connus. J'allais y kidnapper un milliardaire, y être accusé d'un meurtre que je n'avais pas commis, être acquitté de ce même meurtre, condamné à onze ans de pénitencier pour attaque à main armée, m'évader, être repris, tenter d'autres évasions… puis réussir l'évasion impossible du plus dur pénitencier canadien, attaquer des banques, avoir des fusillades avec la police, abattre des gardes provinciaux, y régler des comptes et, pour couronner le tout, attaquer un pénitencier fédéral pour tenter d'y libérer des amis et malgré cela, ma tête mise à prix, je réussis à quitter le pays ».
« Nous savions que ce que nous avions décidé d'entreprendre était presque impossible, il fallait être fou pour tenter un coup pareil. »
Toujours dans « L'instinct de mort ». Jacques Mesrine nous décrit L'Unité Spéciale de Correction situé à St-Vincent de Paul, peu de temps avant d'y être lui même incarcéré, pour avoir tenté de s'évader d'une prison Canadienne. L'USC était la prison la plus dure du Canada.
"L'unité spéciale de correction, plus simplement appelée U.S.C, avait été construite pour y incarcérer les durs à cuire du Canada ou considérés comme tels par l'administration pénitentiaire. Mais on y enfermait surtout les récidivistes et spécialistes de l'évasion.
Des architectes s'étaient penchés sur le problème de la sécurité absolue, en s'appuyant sur l'électronique et le ciment armé pour édifier cette construction. Au mépris de tout sentiment humanitaire, ils avaient tracé jour après jour les plans qui avaient pour but de détruire le psychisme des hommes, des plans qui donneraient au Canada, des années plus tard, les criminels les plus sanglants qu'il ait jamais connu".
"Faite pour détruire, l'U.S.C fit de nous des fauves criminels qui, de dangereux qu'ils étaient, devinrent superlativement dangereux après un stage dans cet établissement.
L'évasion classique étant le sciage de barreaux, il fut décidé d'éliminer ce risque en ne faisant aucune fenêtre.
Chaque cellule devint de ce fait un bloc de béton sans aucun espace vers la lumière du jour. Une porte métallique commandée électriquement constituait la seule ouverture. Au plafond, on installa un encadrement de trois pieds sur deux en vitres blindées et absolument inaccessibles, cela pour permettre aux gardiens armés de surveiller les hommes en surplombant les cellules.
On fit une petite trappe grillagée pour permettre le gazage de tout détenu qui aurait le moindre geste de révolte.
La lumière devait fonctionner 24h/24. Ce qui équivalait pour celui qui était condamnée à vivre dans ces conditions, à ne jamais voir la nuit ni la pénombre. Cette lumière constante devenait une obsession.
Certains n'en dormaient plus et détraquait leur système nerveux jour après jour...jusqu'à la folie ou le suicide.
Deux bouches d'aération amenaient l'oxygène nécessaire à la vie. Les contrôles étaient absolus. Les gardiens, protégés par des cages de verres blindées, n'entraient que très rarement en contact avec un détenu. Si le cas se présentait, ils n'étaient jamais moins de trois face à un seul détenu.
Quatre miradors pourvu d'un armement complet encadraient cet enfer de ciment et devaient dissuader toute tentative d'évasion.
Les architectes assurèrent le gouvernement fédéral que d'une telle construction, aucun homme ne pourrai jamais s'évader.
Tout au long du trajet qui me conduisit vers l'U.S.C, je n'eus que cette pensée en tete : « je ne pourrai rien tenter ».
La renommée de cette unité n'était pas surfaite, on y détruisait dans l'œuf tout projet en s'attaquant au psychisme de l'homme. C'est avec une certaine appréhension que je vis le fourgon stopper devant l'immense pancarte à 20 mètres de l'entrée et ainsi rédigée « Halte. Identifiez vous en parlant dans le haut-parleur. N'entrez pas sans permission. »
Mais lors de cette année 1972 Mesrine réussira à s'évader de ce fameux pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul, qu'il reviendra attaquer 15 jours plus tard pour libérer ses compagnons comme il leur l'avait promis.
Voici un assez long extrait tiré de son enregistrement, toujours sur K7 audio, suite à son évasion de l'U.S.C.

*La cour du terrible pénitencier de St-Vincent de Paul.
- Partie 1 :
Bonjour, je m'appelle Jacques Mesrine, un des trois évadés restés en liberté à la suite de l'évasion de l'Unité Spéciale de Correction (USC) et le but de cet enregistrement était simplement de vous faire connaître les conditions de vie exacte qu'avaient les détenus à l'Unité Spéciale de Correction.
Je pense que je sais de quoi je parle, parce que j'y suis quand même resté un an et j'y ai vu des choses qui sont capables de révolter n'importe quelle personne qui a un minimum de respect pour les droits de l'homme.
Pour l'honorable solliciteur général Jean-Pierre Gaullier, mon nom ce n'est pas Jacques Mesrine, pour lui je suis le numéro 59 – 33 et numéro je suis resté à l'Unité Spéciale de Correction tout le temps.
Je vais d'abord vous expliquer une chose, le détenu qui vit à l'Unité Spéciale de Correction est enfermé dans une cellule en ciment, c'est-à-dire qu'il n'a aucun châssis, aucune fenêtre, que tout ce qu'il voit c'est quatre murs de ciment, un mur de ciment au dessus de lui et une porte fermée complète.
Il n'a aucun contact avec un autre détenu d'une cellule à une autre, parce qu'il ne peut ni le voir, ni lui parler, parce qu'il ne l'entend pas.
Ce genre de cellule donne un peu l'impression, vous savez d'un carton d'une boite d'allumette, si on mettait une mouche dedans avec un petit trou pour la faire respirer, c'est un peu près les conditions de vie qu'on offre aux détenus de l'unité spéciale.
Un détenu de l'unité spéciale, ne voit jamais la nuit, c'est-à-dire la nuit noire comme vous la voyez avec le ciel étoilé tout ça, il ne peut pas la voir, pour la seule et unique raison que dans sa cellule qui est en ciment, on lui laisse la lumière 24h par jour, motif : SECURITE.
Car à l'Unité Spéciale tout ce qui est inhumain en fin de compte, est toujours motivé par des motifs de sécurité.
La sécurité qui en fin de compte prouve qu'elle est stupide, parce que s'il y avait eu une sécurité, je ne serai pas là, à vous parler aujourd'hui.
On va commencer par le début.
Quand un détenu arrivait à l'unité spéciale de correction, la première chose [phrase inaudible] car je le pense, après ça on vous conduisait à votre cellule et puis on vous précisait que pendant deux mois, vous n'auriez aucun droit.
C'est-à-dire que le seul droit que vous auriez ce serai d'avoir votre tabac point final, rien d'autre. Vous n'avez même pas votre dentifrice, on vous donne une pâte dentaire et puis c'était tout.
Puis on vous précisait aussi qu'il ne fallait jamais parler, que pendant deux mois vous n'auriez jamais le droit de parler. La seule chose que vous avez le droit, c'est le soir, pendant une heure et demie, vous pourriez peut être crier d'une cellule à une autre pour entendre une voix amie ou bien un copain qui accepte de vous répondre.

Je précise bien que ça c'est passé il y a un an.
Quand je suis rentré dans ces conditions là, moi personnellement, j'ai été accueilli par les officiers du solliciteur général. Au bout de ce stage, si vous vous êtes tenu normalement, on vous emmène à l'unité numéro 2.
Là, l'unité numéro 2, c'est le même genre de cellule, toujours des boites de savon fermées. Vous savez, ou un homme ne voit rien, ne respire pas, parce que, que je vous précise une chose, dans les cellules, le système d'aération, c'est à peu près 12 pouces sur 8, c'est la seule chose qui vous amène de l'air. C'est-à-dire qu'en été vous avez trop chaud puis en hiver vous avez trop froid. Mais ça, ça les gène pas beaucoup. Personnellement je pense que certains officiers du solliciteur général sont même très contents de nous voir dans ces conditions de vie là.
Commençons justement par le chef de la sécurité. Le chef de la sécurité à l'unité spéciale de correction s'appelle monsieur Gauthier et je vais vous parler franchement sans haine, parce que on ne peut pas haïr un homme comme lui, c'est un homme tellement abject, tellement bas, qu'il serait bien difficile de le haïr.
Monsieur Gauthier d'abord c'est un bras, c'est un bras puis une tête, il faut lui reconnaître une chose, il est assez intelligent. Il n'est pas stupide du tout et monsieur Gauthier est 4e ceinture noire de judo.
C'est un homme qui a des bons bras, je ne vais pas dire que je l'ai vu s'en servir personnellement, je mentirai, mais c'est un type qui est démoniaque. C'est un gars qui aime faire souffrir le détenu, qui déteste le détenu, qui fait tout pour essayer de le martyriser moralement.
Car on peut détruire un homme de deux façons, physiquement c'est une chose, mais si on le détruit moralement, en profitant justement de l'autorité que vous a donné le solliciteur général, je pense que c'est une manière de torture qui est encore plus horrible. J'allais dire même dégueulasse et c'est un peu le genre de monsieur Gauthier.
Monsieur Gauthier c'est un homme qui provoque les détenus, étant sur déjà de sa force physique il ne risque rien. De plus avec toutes les protections qu'ils ont à l'unité spéciale de correction : les gaz, les matraques et ainsi de suite, monsieur Gauthier se permet beaucoup de choses vis-à-vis d'un détenu.
Car à l'unité spéciale de correction, vous pouvez aller au trou, simplement pour une petite parole. Répondez simplement un seul mot à un officier du solliciteur général et on vous emmène au trou, privé de nourriture, coucher sur une planche et ainsi de suite.
Pour commencer, je pense avoir une parole, une parole d'honneur, malgré que je sois un voleur. Je peux vous affirmer une chose, la chambre à gaz de l'unité spéciale de correction elle existe, j'ai vu des gars en sortir et puis dans un drôle d'état.
J'ai vu un p'tit gars qui était condamné à la prison à vie, je ne sais pas ce qu'il a fait et ce n'est même pas à moi à le juger, revenir le visage complètement brulé, en plus il avait reçu des coups.
On m'a dit qu'il avait reçu des coups, j'ai pas vu les coups qu'il avait reçu, mais j'ai vu les marques qu'il avait sur le visage et j'ai vu qu'il avait le visage complètement brulé par les gaz.
Quand monsieur Jean-Pierre Gaullier (solliciteur général), qui est honorable, je le respecte, c'est un homme très bien d'ailleurs. Mais quand monsieur Jean-Pierre Gauyer dit que la chambre à gaz n'existe pas à l'unité spéciale, je dis que c'est un menteur et le meilleur moyen de prouver que c'est un menteur, c'est qu'il a refusé aux journalistes d'aller visiter l'unité spéciale de correction. Peut être que maintenant si vous visitiez l'unité spéciale de correction, la chambre à gaz serait peut être transformée en salon de réception pour journaliste. De toute façon, à Sing Sing et tout ça maintenant, toutes les chambres à gaz sont devenues des salons de thé, alors pourquoi pas ?







A l'unité spéciale de correction, justement, il y a différent officiers du solliciteur général, je veux dire par là qu'ils ne sont pas tous les mêmes.
Vous avez la catégorie des malades mentaux. Des officiers vous savez qui ont des complexes et puis qui se vengent sur le détenu. Parce qu'ils savent là bas qu'en fin de compte, ils sont quand même très protégés. Tout est derrière des glaces blindées, tout est électronique. Il est très difficile à un détenu de sauter sur un garde. Ce sont les sadiques ceux-la, des sadiques, des gars qui provoquent le détenu puis qui haïssent le détenu.
Vous avez une autre catégorie d'officier, parce que tous ne sont pas pareils je le précise. Ils sont des hommes qui font leur métier, point, vous voyez, qui ne cherchent absolument pas à se compliquer la vie et vous avez une toute petite minorité, quelques gardes quand même, je suis obligé de le reconnaître, quelques gardes qui essaient d'être humains.
Mais la majorité, d'abord les hommes que l'ont met à l'unité spéciale de correction, au départ c'est des bras. A part quelques exceptions, je le précise encore.
C'est justement...pour commencer, chaque officier du solliciteur général à l'unité spéciale de correction, a une petite bobonne de gaz avec lui. Ca veut dire que certains s'en servent pas, certains s'en sont jamais servi, mais d'autres, à la moindre réflexion que vous allez leur faire, à travers même le petit espace de votre cellule, ils vont vous gazer.
La meilleur preuve justement que les conditions de vie à l'unité spéciale de correction sont inhumaines, c'est que le soir, pour faire dormir les détenus, monsieur Gaullier, l'honorable jean pierre Gaullier, a reconnu que les détenus se droguaient.
Car on vous donne de la drogue à l'unité spéciale de correction, sous forme de sirop. C'est un sirop qui vous neutralise les cellules du cerveau, qui vous empêche de réfléchir, qui vous empêche de voir votre temps, qui vous rend heureux. Tellement heureux, qu'au bout de 6 mois vous êtes devenu un déchet humain et ça, monsieur Jean-Pierre Gaullier qui vient d'en parler, d'un air de dire : « je ne le savais pas ».
Il le sait, il le sait très bien parce qu'on donne ça pour calmer le détenu. Certains officiers du solliciteur général à l'unité spéciale de correction, seraient les premiers à reconnaître que la manière dont on vit est inhumaine. Inhumaine, pas dans le sens, il ne faut pas voir la torture de prendre des coups, un homme est capable de prendre des coups, mais les coups moraux sont beaucoup plus, je ne sais pas, dangereux, plus destructifs que des coups de matraque sur la tête. Vous pouvez détruire un homme moralement, c'est pas croyable.

Moi j'ai vu des gars, en sept, huit mois à l'unité spéciale, devenir des déchets humain et ça c'est le programme de réhabilitation de Jean-pierre Gaullier.
Parce que précisons une chose quand même. Les détenus qui viennent à l'unité spéciale de correction, on dit des durs de durs, si un homme cherche à s'évader d'une prison, c'est pas une question que c'est un dur de dur, c'est un homme qui n'accepte pas sa situation d'être enfermé.
Je vais vous dire encore une chose, l'évasion en temps de guerre c'est un droit, car un homme qui accepte de vivre enfermé c'est illogique. Un homme ne peut pas accepter d'être éloigné de sa femme, ni de ses enfants ou éloigné de ses parents, quoi qu'il ait fait.
Tout au moins il va l'accepter un certain temps. Il ne peut pas l'accepter, ce n'est pas parce que vous allez mettre des barreaux en or dans sa cellule, puis lui donner la télévision, que cet homme là peut vivre. Il ne peut pas vivre sans affection, sans un sourire d'enfant, hors à l'unité spéciale, les sourires d'enfants vous n'en avez jamais.
- Partie 2 après l'évasion de l'usc :
Départ face 2 :
Jacques Mesrine nous parle ici d'un détenu du nom de Duchard, qu'il côtoyait à l'U.S.C.
On l'a laissé crever, on l'a laissé crever dans sa cellule comme un cochon. On l'a emmené à l'hôpital, il était mourant. Ça faisait sept jours que ce gars là se plaignait, puis on l'a laissé crever, puis monsieur Gaullier n'est pas étranger à ça. Parce que Duchard avait eu le malheur d'attaquer un officier du solliciteur général, alors par petite vengeance on a dit « crève mon chien ».
C'est ça qu'il faut vous dire messieurs les journalistes, allez donc visiter l'unité spéciale de correction, vous l'avez écrit, pourquoi vous ne le faites pas ? C'est bien beau d'écrire des articles et puis tout ça. On vend son journal et puis le lendemain matin on passe à autre chose.
Mais le problème à l'unité spéciale, il reste et si vous le laissez rester, vous en aurez d'autres des évasions, puis vous en aurez d'autres des « extrêmement dangereux ». Parce que vous qui prétendez justement être pour le bien du public. Le bien du public ce n'est pas de créer des monstres, parce qu'actuellement à l'USC, vous créez des monstres criminels et méfiez vous des monstres criminels car quand ils sont intelligents c'est grave.
C'est grave pour la société.
Vous avez écrit au sujet de la chambre à gaz, c'est inhumain et tout ça. Monsieur Gaullier vous a dit « elle n'existe pas ». Elle n'existe pas mais vous êtes allés vérifier si elle existe ? Qu'est-ce que vous attendez ?
Allez vérifier si elle existe, parce que si elle existe et que monsieur Gaullier a dit qu'elle n'existe pas, ça prouve que monsieur Gaullier est un menteur et si monsieur Gaullier a menti pour ça, il peut mentir pour autre chose aussi.

(*La Guillotine) ------------->
Vous comprenez messieurs les journalistes ?
C'est très bien ce que vous faites. Ah des beaux articles : « unité spéciale de correction ».
Actuellement vous avez des p'tits gars, des p'tits gars qui n'ont rien fait et qui ont étés condamnés à des trois ans de pénitencier. Qui ont fait une petite bêtise on les envoie, hein 22 ans ils ont ces p'tits gars là, on les envoie à l'USC, vous pensez que c'est humain ça ?
Faites donc quelque chose, remuez-vous un petit peu les prunes comme ont dit vulgairement. C'est bien beau, travaillez un petit peu, faites quelque-chose, demandez une enquête, attaquez un petit peu, attaquez.
Comme ça vous pourrez vérifier si je dis la vérité. Demandez qu'on vous fasse voir ce que c'est d'être enfermé dans une cellule 24 heures, vous allez comprendre ce que c'est, vous allez comprendre que des hommes vivent des heures et des heures, des jours et des années là dedans.
Vous avez des gars qui y sont depuis trois ans. Il y a un officier du solliciteur général qui m'a dit : « l'USC j'espère en faire un cimetière pour détenus ».
Vous comprenez ce qu'il m'a dit ? Qu'il espérait en faire un cimetière pour détenus.
Ça veut dire qu'il espérait avoir une mutilation, parce que certains gars se mutilent. Malgré qu'ont n'ait pas le doit d'avoir des objets de métal, certains gars arrivent à se couper les veines. Certains gars cherchent à s'empoisonner. Ça c'est pas connu du public, d'abord le public s'en fout.
Le public au départ, le détenu, le bagnard, comme ont dit exactement, pour lui c'est quelqu'un qui n'est pas réhabilitable, on ne peut rien faire de lui. Il ne s'occupe de rien. Mais si le public veut être protégé, il a intérêt à s'intéresser à tout ça.
- Fin de l'enregistrement.
Dans on livre l'instinct de mort paru en 1977, Mesrine revient sur son évasion et sur ses enregistrements :
« Les journaux du matin ne parlaient que de »l'évasion impossible« . »Du beau travail« , disaient certains qui nous reconnaissaient une certaine dose de courage pour tenter un tel coup en plein jour. D'autres titraient : »les gardes ont-ils étés payés pour fermer les yeux ?« . Le solliciteur général du Canada affirmait : »mes gardes auraient dû tirer !"

Le journaliste continuait en précisant que s'ils ne l'avaient pas fait c'est qu'ils n'avaient rien vu. Mais ce qui me fit le plus de plaisir, fut la critique faite au chef de la sécurité Gauthier. Il posait en photo, piteux de son échec qui allait lui valoir des sanctions sévères. Je ne pus m'empêcher de fixer sa photo et de dire : « à très bientôt fumier ! ».

"Les conditions de vie à l'U.S.C étaient devenues intenables pour ceux qui y étaient restés. Je fis donc des enregistrements pour dénoncer les conditions de vie et les fis parvenir à la presse. J'avais donné un très sérieux avertissement au gouvernement. Ou il humanisait les conditions de vie des détenus ou nous allions faire des exemples. Cela déclencha une campagne de presse.
Tous les journalistes demandèrent à visiter l'U.S.C. La population, en apprenant ce qui ce passait derrière ces murs, pris conscience que loin de la protéger, l'U.S.C fabriquait les pires criminels que le Canada ait connus. Les mois qui suivirent apportèrent une très grande amélioration et pour finir la fermeture de ce centre.
Mais nous ignorions qu'un tel résultat allait se produire. Pour l'instant nous étions au coin de la rue Fleury-Papineau, prêts à attaquer la fameuse banque que Jean-Paul avait repérée le jour de notre évasion".
Nous terminerons cette compilation de citations par une dernière citation de Jacques Mesrine, ce pourrait être son Carpe Diem personnel :
"Je ne voulais pas que ma vie soit réglée d'avance ou décidée par d'autres. Si à six heures du matin j'avais envie de faire l'amour, je voulais prendre le temps de le faire sans regarder ma montre. Je voulais vivre sans heure, considérant que la première contrainte de l'homme a vu le jour où il s'est mis à calculer le temps.
Toutes les phrases usuelles de la vie courante me résonnaient dans la tête...Pas le temps de...! Arriver à temps...! Gagner du temps...! Perdre son temps...! Moi je voulais « avoir le temps de vivre » et la seule façon d'y arriver était de ne pas en être l'esclave.
Je savais l'irrationalisme de ma théorie, qui était inapplicable pour fonder une société. Mais qu'était-elle, cette société, avec ses beaux principes et ses lois ? "
Il existe sur Dailymotion, un tas de vidéo et de documentaires sur le sujet Mesrine, je vous conseille celui-ci :
Mesrine portrait-1re partie
Mesrine portrait-2e partie
Puis ceux-là, même si les personnes qui ont montées ce documentaire ont repris de nombreux préjugés sur Mesrine (« voyou », « ennemi public », « gangster » et « mégalomane », attention aussi au traitement de l'image) : voir le passage sur les QHS (avancez la lecture à 19 minutes pour la partie 1) :
Jacques Mesrine 1
Avancez la lecture à 7'50 pour le passage sur les revendications qu'avaient adressé Mesrine à Alain Peyrefitte alors ministre de la Justice, via une interview avec Isabelle Pelletier, journaliste de Paris-Match. Ici aussi, le montage relève d'un parti pris contre Mesrine, puisque les éléments mis en valeur sont les phrases choc de Mesrine adressées au ministre et le zoom sur son Pistolet.
Jacques Mesrine 2
Conseil de lecture : L'instinct de mort.
Lien Wikipédia : Mesrine
03.11.2025 à 08:00
Mois féministe anticolonial contre les violences de genre
Programme complet du mois féministe anticolonial contre les violences de genre, à l'appel de la Coalition Féministe. Du 2 au 29 novembre, à Paris et banlieues !
Texte intégral (937 mots)
Programme complet du mois féministe anticolonial contre les violences de genre, à l'appel de la Coalition Féministe. Du 2 au 29 novembre, à Paris et banlieues !
En préparation de la manifestation du 22 novembre 2025 contre les violences de genre, nous avons ressenti le besoin de nous rassembler en cette coalition féministe anticoloniale pour mettre en avant nos mots d'ordre féministes, antiracistes, antisionistes et antifascistes contre toutes les offensives réactionnaires et les guerres impérialistes.
En plus d'organiser ensemble la manifestation, nous vous convions tout au long du mois à une série d'événements, discussions, débats, projections, ateliers et surprises...

Du 2 au 25 novembre, nous vous attendons nombreux-ses à Paris et en banlieues pour une série d'événements, discussions, débats, projections, ateliers et surprises...
| Date | Lieu | Événement |
| Dimanche 2 novembre 15h-20h | Flèche d'Or | Pas de quartier pour la guerre, pas de quartier pour l'austérité |
| Mecredi 5 novembre 19h | Centre paris Anim Curial | Autour du film documentaire Un racisme à peine voilé : l'islamophobie genrée et l'obsession française du foulard |
| Dimanche 9 novembre 14h | République | La Palestine résiste, nous serons à ses côtés jusqu'à la libération totale |
| Mardi 11 novembre 18h-23h | CICP | Rosa Luxemburg passé, présente ! |
| Mercredi 12 novembre 18h-23h | Violette and Co | Classe et race, bell hooks |
| Jeudi 13 novembre | Bonjour Madame | La prison : héritage colonial et outil de contrôle social |
| Vendredi 14 novembre 19h-minuit | Wrong Side | Résistances à l'occupation : témoignages de prisonnières palestiniennes libérées |
| Vendredi 14 novembre | Centre Paris Anim 11e | Documentaire Réinventer l'enfance & concert d'Ana Madet |
| Samedi 15 novembre 14h | À confirmer | Manifestation nationale contre les violences faites aux enfants et aux ados |
| Samedi 15 novembre 19h-22h | Bourse du travail se Saint-Denis | Violences sociales et de l'État dans les quartiers populaires : répression et résistances |
| Dimanche 16 novembre 14h-20h | Le Baranoux | Bwa Kayiman. Héritière de nos luttes : nourrir la résistance ! |
| Dimanche 16 novembre 14h-18h | La Pagaille (Ivry) | Atelier banderoles et pancartes |
| Lundi 17 novembre 19h | Librairie Le Pincerais (Poissy) | Rencontre avec Samah Karaki, l'autrice de l'essai L'empathie est politique |
| Mardi 18 novembre 18h30 | Actit | Le viol comme arme génocidaire |
| Jeudi 20 novembre 14h | Lieu à confirmer | Journée du souvenir trans (TDoR) |
| Vendredi 21 novembre 19h-22h | La Maison de la Conversation | Face au fémonationalisme : nos résistances anticoloniales, antifascistes et antisionistes s'organisent ! |
| Samedi 22 novembre 14h | République | Manifestation contre les violences faites aux femmes, filles et minorités de genre |
| Samedi 29 novembre 14h | République | Manifestation nationale Solidarité Palestine |
💥Rendez-vous le 22 novembre dans la rue pour manifester à nos côtés 🙌
🤝 Avec :
CLAF (anciennement AG féministe Paris-Banlieue)
Féministes révolutionnaires
Tsedek !
UJFP
#NousToutes
Urgence Palestine
Source : @agfeministeparisbanlieue
02.11.2025 à 22:18
Déclaration d'un groupe anarchiste au Soudan
Déclaration du porte parole du Groupe Anarchiste au Soudan à propos des massacres à El-Fasher
Texte intégral (992 mots)
Déclaration du porte parole du Groupe Anarchiste au Soudan à propos des massacres à El-Fasher
Déclaration du groupe anarchiste au Soudan
À tous-tes les révolutionnaires du monde, à tous-tes les socialistes libertaire, à tous-tes les anarchistes :
Aujourd'hui nous pleuronsla mort de nos camarades à El-Fasher, tombé-es en défendant leur ville, leurs familles, et elleux-mêmes. Il s'agit de :
Faisal Adam Ali
Radwan Abdel Jabbar (“Kahraba”)
Adam Kibir Musa
Abdel Ghaffar Al-Tahir (“Al-Sini”)
Nous pleurons aussi de nombreux-ses jeunes volontaires, tué-es par la milice RSF [1], alors que leur seul "crime" était d'apporter de la nourriture aux habitant-es de la ville.
Nous, au sein du Groupe Anarchiste, lançons l'appel aux camarades de partout : le temps est venu de se rassembler, et de se lever avec nous contre cette guerre autoritaire et destructrice. Partout dans le monde, nous devons faire prendre conscience de l'extermination de masse qui est à l'œuvre de la part des milices RSF (avec le soutien des Émirats Arabes unis). Au nom d'intérêts impérialistes vicieux dans le but de contrôler des ressources et notamment l'or, ces dernières font couler le sang en commettant des nettoyage ethnique et un génocide. Le monde ne doit pas nous regarder en silence sans rien faire. Partout, les révolutionnaires doivent apprendre nos sacrifices et notre lutte contre la terreur capitaliste sauvage, contre l'autorité sanguinaire, et contre le nettoyage ethnique systématique.
Nous, le Groupe Anarchiste au Soudan, avons perdu des camarades ; certain-es de nos membres ont été blessé-es et d'autres sont mort-es ; d'autre encore affrontent le danger imminent de la guerre. Nos familles souffrent de la faim, du manque de médicaments, et du manque de nourriture. Nous croyions dans l'anarchisme, sur une terre où l'autorité règne partout, et nous nous sommes battu-es pour nous défendre, pour défendre nost idées, et pour défendre notre unité. Aujourd'hui, nous avons besoin de vous : soutenez-nous afin que nous puissions résister aux autorités et aux Janjaweed.
Que la révolution dure, et qu'une dague empoisonnée transperce le cœur des tyrans.
Ali Abdel Moneim, porte-parole du Groupe
A statement from the anarchist group in Sudan
To all revolutionaries of the world, to all liberatory socialists, to all anarchists :
Today we mourn the martyrdom of our comrades in Al-Fashir who fell defending their city, their families, and themselves. They are :
Faisal Adam Ali
Radwan Abdel Jabbar (“Kahraba”)
Adam Kibir Musa
Abdel Ghaffar Al-Tahir (“Al-Sini”)
We also mourn a number of volunteer youths who were killed by the terrorist Rapid Support Forces militia while their only “crime” was bringing food to the city's residents.
We, in the Anarchist Group, call on comrades everywhere : the time has come to gather and stand with us against this destructive authoritarian war. We must raise awareness across the world about the mass extermination being carried out by the Rapid Support Forces militias — supported by the United Arab Emirates — which are turning their guns toward ethnic cleansing and genocide on racial grounds for the sake of vicious imperialist interests seeking to control resources and gold in exchange for blood. The world must not stand by and watch us in silence. Revolutionaries everywhere must know of our sacrifices and our struggle against savage capitalist terror, against the bloody authority, and against systematic ethnic cleansing.
We in the Anarchist Group in Sudan have lost comrades ; some of our members were injured and some died ; others face the imminent danger of war. Our families suffer from hunger, lack of medicine, and lack of food. We believed in anarchism in a land where authority is everywhere, and we fought to defend ourselves, our idea, and our unity. Today we need you — reach out your hands to us and stand with us so we can resist the authorities and the Janjaweed.
May the revolution endure — a poisoned dagger in the hearts of tyrants.
Ali Abdel Moneim
Spokesperson of the Group
[1] Rapid Support Forces, ou Forces de Soutien Rapide
- Persos A à L
- Carmine
- Mona CHOLLET
- Anna COLIN-LEBEDEV
- Julien DEVAUREIX
- Cory DOCTOROW
- Lionel DRICOT (PLOUM)
- EDUC.POP.FR
- Marc ENDEWELD
- Michel GOYA
- Hubert GUILLAUD
- Gérard FILOCHE
- Alain GRANDJEAN
- Hacking-Social
- Samuel HAYAT
- Dana HILLIOT
- François HOUSTE
- Tagrawla INEQQIQI
- Infiltrés (les)
- Clément JEANNEAU
- Paul JORION
- Michel LEPESANT
- Persos M à Z
- Henri MALER
- Christophe MASUTTI
- Jean-Luc MÉLENCHON
- MONDE DIPLO (Blogs persos)
- Richard MONVOISIN
- Corinne MOREL-DARLEUX
- Timothée PARRIQUE
- Thomas PIKETTY
- VisionsCarto
- Yannis YOULOUNTAS
- Michaël ZEMMOUR
- LePartisan.info
- Numérique
- Blog Binaire
- Christophe DESCHAMPS
- Louis DERRAC
- Olivier ERTZSCHEID
- Olivier EZRATY
- Framablog
- Tristan NITOT
- Francis PISANI
- Irénée RÉGNAULD
- Nicolas VIVANT
- Collectifs
- Arguments
- Bondy Blog
- Dérivation
- Économistes Atterrés
- Dissidences
- Mr Mondialisation
- Palim Psao
- Paris-Luttes.info
- ROJAVA Info
- Créatifs / Art / Fiction
- Nicole ESTEROLLE
- Julien HERVIEUX
- Alessandro PIGNOCCHI
- XKCD