29.10.2025 à 15:33
Isabelle Romieu, Professeur d’épidémiologie, National Institute of Public Health of Mexico
Le cancer du sein demeure la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Outre le dépistage, la lutte contre la maladie passe également par la prise en compte des facteurs de risque modifiables sur lesquels il est possible d’agir. Si l’alcool, le tabac, le surpoids ou la sédentarité sont fréquemment mentionnés, on sait peut-être moins que le fait de ne pas avoir allaité en constitue aussi un.
En 2025, « Octobre rose » a fêté son 32ᵉ anniversaire. Chaque année, cette campagne mondiale de communication vise un double objectif : sensibiliser au dépistage du cancer du sein et récolter des fonds pour la recherche.
Cet événement, symbolisé par le ruban rose, est plus que jamais d’actualité. En effet, en France, le cancer du sein continue malheureusement à progresser. Il représente aujourd’hui à lui seul le tiers de l’ensemble des nouveaux cas de cancer chez la femme.
Si la survie des patients s’est améliorée, grâce à une détection plus précoce et à la mise au point de traitements plus efficaces, chaque année, plusieurs milliers d’entre elles décèdent encore de la maladie. Dans un tel contexte, la connaissance des facteurs de risque et, en particulier, de ceux sur lesquels il est possible d’agir, est extrêmement importante.
On sait aujourd’hui que la consommation d’alcool, le surpoids et l’obésité ou encore la sédentarité accroissent le risque de développer la maladie. Mais un autre facteur de risque est peut-être moins connu du public : le fait de ne pas avoir allaité au cours de sa vie. L’allaitement confère, en effet, un certain niveau de protection contre le cancer du sein.
Les scientifiques ont commencé à élucider les mécanismes qui en sont à l’origine. Voici ce qu’il faut en savoir.
En France, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein diagnostiqués chaque année a progressé de 0,3 % par an entre 2010 et 2023.
En 2023, 61 214 femmes se sont vues annoncer le triste diagnostic, tandis que 12 600 ont été emportées par la maladie. L’incidence de la maladie est particulièrement élevée dans notre pays, où l’on compte 99,2 cas pour 100 000 femmes. Selon les dernières données de Globocan (Global Cancer Observatory/Organisation mondiale de la santé), la France se situe en quatrième position en Europe derrière la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, et devant le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne.
Point positif : entre 2011 et 2021, la mortalité due au cancer du sein a reculé de 1,3 % par an. Bien que la survie des patientes ait progressé au fil des ans, grâce à une détection plus précoce et à la mise au point de traitements plus efficaces, le cancer du sein reste le cancer féminin le plus fréquent ainsi que la première cause de mortalité par cancer chez la femme.
Le cancer du sein est néanmoins un cancer de bon pronostic. Entre 2005 et 2010, la survie nette à cinq ans était de 88 % (et de 76 % à dix ans). Afin de détecter précocement la maladie et d’en réduire la mortalité, un programme national de dépistage est organisé depuis 2004.
Dans ce cadre, toutes les femmes âgées de 50 ans à 74 ans se voient proposer un dépistage pris en charge à 100 %, tous les deux ans. Cependant, en 2023, seuls 48,2 % des femmes éligibles à ce programme avaient été dépistées. Seuls 60 % des cancers du sein étaient détectés à un stade précoce.
En parallèle du dépistage, il est donc également important d’agir sur les facteurs de risque de cancer du sein susceptible d’être modifiés. Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 37 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers seraient attribuables à des facteurs de risque modifiables, qu’ils soient comportementaux ou environnementaux. Parmi ceux-ci figurent non seulement la consommation d’alcool, le surpoids et l’obésité, la sédentarité ou le fait de fumer, mais aussi, dans le cas du cancer du sein, le fait de ne pas avoir allaité.
L’effet protecteur de l’allaitement augmente avec la durée cumulée de l’allaitement, qui correspond à la durée d’allaitement d’une femme pour tous ses enfants.
Pour chaque douze mois cumulés d’allaitement, la réduction du risque de cancer du sein est estimée à 4,3 %. Cet effet protecteur s’ajoute à la protection associée à la parité (c’est-à-dire la réduction du risque de cancer du sein directement liée au fait d’avoir eu un enfant).
Dans ce contexte, une femme qui a deux enfants et qui nourrit chaque enfant au sein pendant douze mois aura une diminution de risque de cancer du sein de 8,6 %. Une femme qui a eu trois enfants et les a allaités chacun pendant cinq mois, soit un l’allaitement total de quinze mois, verra le risque de développer un cancer du sein diminuer de 6 %.
En France, les données de l’Agence nationale de santé publique montre que le taux d’allaitement diminue avec le temps. Si, en 2021, le taux d’initiation à l’allaitement maternel était de 77 %, à l’âge de 2 mois seuls 54,2 % des enfants étaient encore allaités. À 6 mois, cette proportion tombe à 34 % des enfants encore allaités (dont 29 % tout en ayant commencé une diversification alimentaire). À 12 mois, seuls 18 % des enfants étaient encore allaités.
Cette situation contraste avec certains pays d’Europe, où le taux d’allaitement est nettement plus élevé. Ainsi, en Norvège, 98 % des enfants sont allaités à la naissance, 71 % des enfants sont encore allaités à l’âge de 6 mois et 35 % à 12 mois. En Suisse, 95 % des enfants sont allaités à la naissance, 52 % des enfants sont encore allaités à 6 mois et 20 % à 12 mois.
Divers travaux de recherche ont tenté d’éclaircir les mécanismes de protection. En l’état actuel des connaissances, il semblerait que l’allaitement joue un rôle protecteur contre le cancer du sein de plusieurs façons.
Lors de l’allaitement, la structure du sein se modifie, ce qui augmente la différenciation de l’épithélium mammaire et rend les cellules moins sensibles à la transformation maligne. Par ailleurs, l’allaitement retarde la reprise des cycles ovulaires après la grossesse et réduit le taux d’œstrogènes dans le sein, ce qui se traduit par une plus faible exposition du tissu mammaire aux hormones. Or, les hormones jouent un rôle important dans le risque de cancer du sein, car elles modulent la structure et la croissance des cellules épithéliales tumorales.
Enfin, au cours de la lactation, on constate une exfoliation plus importante du tissu mammaire (décrochage de cellules), ce qui pourrait entraîner une élimination de cellules du tissu canalaire mammaire potentiellement porteuses de lésions de l’ADN risquant de dégénérer en cancer.
Soulignons que le fait de tirer son lait confère également un certain niveau de protection, similaire à l’allaitement direct.
Au-delà de la diminution du risque de cancer du sein, l’allaitement maternel présente également d’autres avantages majeurs pour la mère et l’enfant.
Pour la mère, l’allaitement maternel permettra de retrouver le poids d’avant la grossesse et de réduire la prise de poids à long terme. Les femmes d’âge moyen qui ont allaité sont moins susceptibles d’être en surpoids ou obèses.
Pour l’enfant, le lait maternel est le meilleur aliment pendant les six premiers mois de la vie. Il protège contre maladies infectieuses dès le plus jeune âge, principalement la diarrhée et les infections des voies respiratoires inférieures. Cette protection est due à la présence dans le lait maternel de plusieurs composés antimicrobiens, anti-inflammatoires et modulateurs de l’immunité ainsi que de modulateurs de croissance.
Enfin, des effets sur le développement cognitif de l’enfant ainsi que sur la croissance et la protection contre les maladies chroniques telles que l’asthme et l’obésité ont aussi été évoqués par certains travaux de recherche.
De nombreuses mères rencontrent des difficultés d’allaitement, en général temporaires. Il s’agit principalement de crevasses, d’une perception de lait insuffisant, d’engorgements ou de douleurs.
Si ces difficultés persistent, un soutien professionnel adéquat peut être proposé. Il inclut la consultation d’une sage-femme ou d’une consultante en lactation, et peut être fourni par des maternités, des centres de protection maternelle et infantile (PMI), ou par l’intermédiaire d’associations comme l’Association française de consultants en lactation.
Dans certains cas, lorsque les difficultés pour allaiter persistent ou que des causes médicales sont impliquées, il est possible de recourir à des laits infantiles de qualité, sous la supervision d’un professionnel de santé, ou encore à des dons de lait maternel.
La protection conférée par l’allaitement est d’autant plus importante que les mois d’allaitement cumulés sont nombreux, mais soulignons que toute durée d’allaitement aura un effet protecteur.
Pour aller plus loin :
le guide de l’allaitement maternel de Santé publique France ;
les dossiers du réseau NACRe (réseau National alimentation cancer recherche) dédié au cancer du sein ;
Le site consacrée à Octobre rose, le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein.
Isabelle Romieu a reçu des subventions de l’Institut national du cancer (INCA) et du « World cancer research fund » (WCRF) pour des travaux de recherche épidémiologique sur les facteurs de risques de cancer du sein.
29.10.2025 à 14:00
Robert Muggah, Richard von Weizsäcker Fellow na Bosch Academy e Co-fundador, Instituto Igarapé
Le raid policier, mené le 28 octobre 2025, contre des narcotrafiquants dans les favelas de Rio de Janeiro est le plus meurtrier qu’ait connu la ville. Mais face à l’empire que le crime organisé a constitué au Brésil, les interventions spectaculaires ne suffisent plus : l’État doit inventer une réponse nationale.
Le 28 octobre, à Rio de Janeiro, des véhicules blindés de la police ont pénétré dans les complexes d’Alemão et de Penha pour interpeller des chefs de gangs. Des fusillades ont éclaté, des routes ont été bloquées, des bus ont été détournés, des écoles et des campus ont été fermés, et des drones ont largué des explosifs sur les forces de l’ordre. Le soir venu, l’État confirmait que « l’opération Contenção » s’était soldée par 124 morts, dont quatre policiers. Ce fut la confrontation la plus sanglante jamais enregistrée dans l’histoire de la ville.
L’économie criminelle du Brésil est sortie des ruelles pour investir désormais les salles de réunion, figurer dans les bilans financiers et s’infiltrer dans des chaînes d’approvisionnement essentielles. Au cours de la dernière décennie, le crime organisé brésilien s’est étendu à l’ensemble du pays et même à d’autres continents. Les plus grandes organisations de trafic de drogue, comme le Primeiro Comando da Capital (PCC) et le Comando Vermelho (CV), se trouvent au cœur de véritables réseaux franchisés. Les « milices » de Rio – groupes paramilitaires principalement composés de policiers et de pompiers ayant quitté leurs anciennes fonctions ou, pour certains, les exerçant toujours – monétisent le contrôle qu’elles exercent sur le territoire en se faisant payer pour des « services » de protection, de transport, de construction et autres services essentiels.
À mesure que ces groupes se sont professionnalisés, ils ont diversifié leurs activités, qui vont aujourd’hui du trafic de cocaïne à la contrebande d’or, aux paiements numériques et aux services publics. Lorsque les groupes armés du Brésil se disputent les marchés illicites, la violence peut atteindre des niveaux comparables à ceux de zones de guerre.
Rien n’illustre mieux le nouveau modèle économique que le commerce illégal de carburants. Comme je l’ai écrit dans The Conversation fin août, les autorités ont effectué environ 350 perquisitions dans huit États dans le cadre de l’opération Carbone Caché, qui visait à faire la lumière sur le blanchiment présumé de sommes colossales à travers des importations de dérivés du pétrole et un réseau de plus d’un millier de stations-service. Entre 2020 et 2024, environ 52 milliards de réaux (8,3 milliards d’euros) de flux suspects ont transité par des fintechs, dont l’une fonctionnait en tant que banque parallèle. Des fonds fermés auraient investi dans des usines d’éthanol, des flottes de camions et un terminal portuaire, donnant aux profits illicites un vernis de respectabilité.
Sur les marchés financiers, les investisseurs sont à présent conscients des dangers. Ces derniers mois, les fonds d’investissement ont enfin commencé à considérer l’infiltration criminelle comme un risque matériel, et les analystes cherchent plus qu’auparavant à déterminer quelles chaînes logistiques, quelles institutions de paiement et quels fournisseurs régionaux pourraient être exposés.
Les équipes de sécurité des entreprises cartographient l’extorsion et le contrôle des milices avec la même attention que celle qu’elles accordent aux menaces cyber.
La réaction du marché aux opérations menées en août par la police dans le cadre de l’opération « Carbone Caché » a rappelé que le crime organisé ne génère pas seulement de la violence : il fausse la concurrence, pénalise les entreprises respectueuses des règles et impose une taxe cachée aux consommateurs. Il n’est donc pas surprenant qu’en septembre, le ministre des finances Fernando Haddad ait annoncé la création d’une nouvelle unité policière dédiée à la lutte contre les crimes financiers.
La « gouvernance criminelle » s’est propagée des prisons aux centres financiers. Dans leurs fiefs de Rio, les gangs et les milices opèrent comme des bandits traditionnels, contrôlant le territoire et les chaînes d’approvisionnement logistique. Pendant ce temps, des franchises du PCC et du CV sont apparues à l’intérieur des terres et en Amazonie, cherchant à engranger des profits plus élevés grâce à la contrebande d’or et de bois, ainsi qu’au transport fluvial illégal de marchandises.
Ces factions opèrent désormais au-delà des frontières, du pays en lien avec des organisations criminelles de Colombie, du Pérou et du Venezuela.
Le bilan humain reste accablant, même si les chiffres nationaux agrégés se sont améliorés. En 2024, le Brésil a enregistré 44 127 morts violentes intentionnelles, son niveau le plus bas depuis 2012, mais cela représente encore plus de 120 homicides par jour. La géographie de l’intimidation s’est étendue : une enquête commandée par le Forum brésilien de la sécurité publique a révélé que 19 % des Brésiliens – soit environ 28,5 millions de personnes – vivent aujourd’hui dans des quartiers où la présence de gangs ou de milices est manifeste, soit une hausse de cinq points en un an.
Les outils de contrôle de l’État n’ont pas suivi l’évolution du modèle économique du crime organisé. Les incursions spectaculaires et les occupations temporaires font les gros titres et entraînent de nombreuses morts, mais perturbent peu le marché. Les polices des États, depuis longtemps considérées comme les plus létales du monde, démantèlent rarement les groupes criminels.
Les politiques étatiques et municipales sont elles aussi devenues de plus en plus vulnérables : le financement des campagnes, les contrats de travaux publics et les licences sont désormais des canaux investis par le pouvoir criminel. L’opération fédérale d’août a constitué une rare exception et a apporté la preuve de l’efficacité d’une répression visant l’argent du crime, et non seulement les porte-flingues.
Si les législateurs brésiliens sont sérieux, ils doivent traiter le crime organisé comme une défaillance du marché national et réagir à l’échelle nationale. Cela commence par placer le gouvernement fédéral à la tête de forces spéciales interinstitutionnelles permanentes réunissant police fédérale, procureur général, administration fiscale, cellules de renseignement financier, régulateurs du carburant et du marché, ainsi que Banque centrale.
Ces équipes devront disposer d’un mandat clair pour agir au-delà des frontières des États et accomplir quatre tâches simples : suivre en temps réel les paiements à risque ; publier une liste fiable des propriétaires réels des entreprises qui contrôlent le carburant, les ports et d’autres actifs stratégiques ; connecter les données fiscales, douanières, de concurrence et de marchés afin qu’un signal d’alerte dans un domaine déclenche des vérifications dans les autres ; et se tourner vers des tribunaux au fonctionnement accéléré pour rapidement geler et saisir l’argent sale.
Les incitations doivent être modifiées afin que la police et les procureurs soient récompensés pour les condamnations et les saisies d’actifs, et non pour le nombre de morts. Et là où des groupes criminels ont pris le contrôle de services essentiels, comme les transports ou les services publics, ceux-ci doivent être placés sous contrôle fédéral temporaire et faire l’objet d’appels d’offres transparents et étroitement surveillés afin d’être, au final, remis à des opérateurs légaux.
Le Brésil a déjà prouvé qu’il pouvait mener de grandes opérations aux effets dévastateurs contre le crime. Le véritable défi est désormais de faire en sorte que le travail ordinaire de la loi – enquêtes, constitution de dossiers solides… – soit plus décisif que les interventions spectaculaires. Faute de quoi, il ne faudra pas longtemps pour qu’une grande ville brésilienne ne soit complètement paralysée.
Robert Muggah est affilié à l’Institut Igarapé et à SecDev.
29.10.2025 à 12:04
Claudio Lazzari, Professeur des Universités, Département de biologie animale et de génétique, Université de Tours
La capacité d’un moustique à survivre sans piquer un humain dépend de plusieurs facteurs : son état de développement, son sexe, son espèce, son environnement et ses besoins physiologiques. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, tous les moustiques ne se nourrissent pas de sang et même ceux qui le font n’en ont pas besoin en permanence pour survivre.
À leur naissance, tous les moustiques mènent une vie aquatique et se nourrissent de matière organique et de petits organismes. Cette période dure entre une et deux semaines, selon l’espèce, la température et la disponibilité en nourriture. Ils traversent quatre stades larvaires consacrés à l’alimentation et à la croissance, puis un stade de nymphe mobile au cours duquel une transformation corporelle profonde en moustique adulte a lieu, et durant lequel ils ne se nourrissent pas.
Au cours de leur vie, les moustiques occupent ainsi deux habitats complètement différents : l’eau et le milieu aérien, et utilisent des ressources différentes. À la différence d’autres insectes piqueurs, comme les punaises de lit ou les poux, qui se nourrissent de sang durant toute leur vie, les moustiques ne le font qu’à l’état adulte.
Il existe plus de 3 500 espèces de moustiques différentes, dont seule une petite fraction pique les humains, soit environ 200 espèces, dont 65 sont présentes en France hexagonale.
Les mâles ne piquent jamais. Ils se nourrissent exclusivement de nectar de fleurs et de jus de plantes, riches en sucres, qui leur fournissent toute l’énergie nécessaire à leur survie. Leur espérance de vie est généralement courte, de quelques jours à quelques semaines dans des conditions idéales.
Les femelles, en revanche, ont une double alimentation. Elles se nourrissent également de nectar pour vivre au quotidien. Cependant, lorsqu’elles doivent produire leurs œufs, elles ont besoin d’un apport en protéines que seul le sang peut leur fournir. Elles peuvent piquer des humains, mais aussi d’autres animaux, selon leurs préférences. Certaines espèces sont assez éclectiques en ce qui concerne leurs hôtes, piquant tout ce qui se présente à elles, tandis que d’autres montrent une préférence marquée pour le sang humain.
La plupart des moustiques se nourrissent du sang d’animaux à sang chaud, comme les oiseaux et les mammifères, y compris les êtres humains, mais certaines espèces peuvent aussi piquer des animaux à sang-froid, comme des grenouilles ou des chenilles de papillons.
Une femelle moustique peut survivre plusieurs jours voire quelques semaines sans piquer pourvu qu’elle ait accès à une source de sucre, comme du nectar. Ce sont donc ses besoins reproductifs, et non sa survie immédiate, qui la poussent à piquer. Sans repas de sang, elle ne pourra pas pondre, mais elle ne mourra pas pour autant rapidement.
La femelle du moustique tigre Aedes albopictus, vecteur des virus de la dengue, du Zika ou du chikungunya, peut par exemple vivre environ un mois en tant qu’adulte dans des conditions optimales. Pendant cette période, elle peut survivre sans piquer, à condition de trouver une autre source de nourriture énergétique. Il en va de même pour Culex pipiens, le moustique le plus commun en France hexagonale, qui est également capable de transmettre certains virus responsables de maladies, telles que la fièvre du Nil occidental ou l’encéphalite japonaise.
La température, l’humidité et la disponibilité en nourriture influencent fortement leur longévité. Un milieu chaud et humide, avec de l’eau stagnante, des hôtes et du nectar à proximité, favorise une reproduction rapide et des repas fréquents. En revanche, une température relativement basse ralentit le métabolisme des insectes et leur permet d’espacer les repas.
Il est également à noter que certains moustiques entrent en diapause, une sorte d’hibernation, pendant les saisons froides et peuvent survivre plusieurs mois sans se nourrir activement. Selon l’espèce, les œufs, les larves, les nymphes ou les adultes peuvent subir cette forme de « stand-by physiologique » durant l’hiver. Si on ne les voit pas, ce n’est pas parce qu’ils sont partis, mais parce qu’ils sont cachés et plongés dans un profond sommeil.
Claudio Lazzari a reçu des financements de INEE-CNRS, projet IRP "REPEL".