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03.12.2025 à 16:52

Mal-être au champ : pourquoi les agriculteurs sont-ils plus à risque de suicide ?

Virginie Le Bris Fontier, enseignante chercheuse en sociologie, Université Bretagne Sud (UBS)

Les pressions économiques jouent un rôle, tout comme le manque d’accès aux soins et une certaine construction masculine du métier qui valorisent le fait de ne pas appeler à l’aide.
Texte intégral (2266 mots)

Les agriculteurs, en particulier les hommes de moins de 64 ans, sont beaucoup plus à risque de suicide que la population générale. Comment expliquer ce phénomène ? Les raisons sont multiples : aucune, à elle seule, n’explique tout. Les pressions économiques jouent un rôle, tout comme le manque d’accès aux soins de santé mentale et une certaine construction du métier au masculin, qui rend encore plus compliqué le fait d’appeler à l’aide.


Derrière les images bucoliques, la réalité du monde agricole reste souvent rude, et parfois tragique. En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours. En 2016, 529 exploitants affiliés à la Mutualité sociale agricole (MSA, le régime de protection sociale des agriculteurs) ont mis fin à leurs jours, un chiffre que les spécialistes considèrent comme sous-évalué.

Pourquoi ces hommes et ces femmes, qui nourrissent la société, sont-ils et elles si vulnérables face au risque de suicide ? Les difficultés économiques jouent un rôle, mais n’expliquent pas, à elles seules, un phénomène aussi massif et durable dans le temps : en 2015, la MSA dénombrait 604 suicides parmi ses bénéficiaires, tandis Santé publique France dénombrait près de 300 suicides entre 2010 et 2011.

Dans tous les cas, les agriculteurs âgés de 15 ans à 64 ans ont environ 46 % plus de risques de se suicider que les autres catégories socioprofessionnelles, selon le rapport 2025 de la MSA. Le suicide agricole révèle donc des mécanismes sociaux profonds.

Le suicide agricole, un fait social

Depuis Émile Durkheim (1897), le suicide est compris comme un fait social. Il ne dépend pas seulement de la psychologie individuelle, mais aussi de l’intégration et de la cohésion sociale.

Autrefois concentrés dans les villes, les suicides touchent désormais le monde rural, fragilisé par les transformations du travail agricole, la solitude et l’insuffisance des formes actuelles de solidarités.

Le rapport 2026 de la MSA montre que ce sont les non-salariés agricoles (par exemple, les chefs d’exploitation) qui présentent le surrisque de suicide le plus élevé. Ce surrisque, d’environ 56,7 %, est supérieur à la fois à celui des salariés agricoles (40 %) et à celui de la population générale.

Il touche plus particulièrement les hommes entre 45 ans et 54 ans et les plus de 65 ans, avec des disparités régionales marquées. Les taux de suicide supérieurs à la moyenne nationale se concentrent particulièrement dans les territoires ruraux et semi-ruraux de la France. La MSA identifie plusieurs territoires particulièrement à risque, dont la Bretagne et plus largement l’Armorique, la Dordogne et le Lot-et-Garonne, le Poitou, la Mayenne, l’Orne et la Sarthe, le Limousin, ainsi que les Charentes.

Les facteurs de risque incluent l’âge, le sexe (les hommes étant près de trois fois plus exposés que les femmes), les maladies psychiatriques et un antécédent de tentative de suicide dans les cinq années précédant le passage à l’acte.

Le suicide agricole est donc un symptôme de souffrance d’origine sociale. Le suicide agricole doit être compris non seulement comme une souffrance individuelle, mais aussi comme un phénomène façonné par des facteurs collectifs et structurels. Les régularités observées dans l’exposition au surrisque (âge, sexe, lieu de résidence, secteur d’activité, etc.) montrent qu’il s’agit d’un fait social, dont les causes sont avant tout sociales et contextuelles.

Facteurs de risque de suicide chez les agriculteurs âgés de 15 ans à 64 ans. Rapport charges et produits MSA 2025

Elle ne peut être soulagée uniquement par une aide psychologique. L’analyse des parcours de soins montre qu’un profil majoritaire, qui représente plus des trois quarts des suicides, correspond à des personnes ayant peu recours aux soins dans l’année précédant leur décès. Si les territoires ruraux apparaissent davantage exposés selon la grille de densité de l’Insee, les statistiques révèlent ici qu’il n’existe aucun lien direct entre l’accessibilité aux soins primaires et le suicide.

Ainsi, le surrisque observé dans les zones rurales ne semble pas lié à la densité ou à l’accès aux soins, mais renvoie plutôt à d’autres déterminants sociaux. Agir sur les conditions qui produisent la souffrance est indispensable.


À lire aussi : Pourquoi tant de suicides chez les agriculteurs ?


Une conjonction de causes qui augmente le risque suicidaire

Réduire le suicide des agriculteurs à la crise économique serait une erreur. Crises du lait, de la vache folle ou hausse des coûts peuvent déclencher des passages à l’acte, mais ne constituent pas des causes uniques. Le sociologue Nicolas Deffontaines a montré que chaque situation combine des facteurs économiques, sociaux, symboliques et biographiques.

Chaque parcours est singulier. Certains vivent l’effondrement économique comme une perte d’identité. D’autres subissent la pression familiale ou le regard du voisinage. Les transformations du métier, la dépendance aux marchés mondiaux, la bureaucratisation et la précarisation bouleversent profondément les équilibres de vie. Le suicide agricole n’est pas conjoncturel : c’est un phénomène structurel, révélateur d’un système en mutation et d’une identité professionnelle en souffrance.

Entre 2018 et 2021, la Bretagne a expérimenté un dispositif de reconversion pour les agriculteurs en difficulté. Les témoignages des reconvertis mettent en lumière que perdre son activité, c’est perdre une expertise, un rôle social et un sens à sa vie quotidienne. La reconversion implique une recomposition identitaire difficile, comparable à un deuil : deuil d’une histoire, d’un statut, d’une vocation, parfois même d’un projet de vie. C’est une question que j’explore dans un article à paraître en décembre 2025 dans la revue Paysans et Société, 2025/6, n° 414.


À lire aussi : Ce que la crise agricole révèle des contradictions entre objectifs socio-écologiques et compétitivité


Un métier encore souvent construit au masculin

Le monde agricole reste profondément marqué par une construction genrée du métier. L’homme producteur, fort et silencieux, symbolise le « bon agriculteur ». Courage physique, endurance et dévouement total à l’exploitation définissent ce modèle.

Il relève de la masculinité hégémonique au sens de Raewyn Connell, qui valorise force, maîtrise de soi et distance face à la souffrance. La division sexuée du travail et la transmission patrimoniale renforcent cette identité masculine.

Ces représentations influencent directement la santé mentale des agriculteurs : demander de l’aide, se reposer ou reconnaître sa détresse peuvent être perçus comme une faiblesse ou une atteinte à l’honneur professionnel. La valorisation de l’autonomie, héritée de l’indépendance paysanne, peut ainsi conduire à un déni de vulnérabilité. Les normes de genre produisent une exposition différenciée à la souffrance et au risque suicidaire. Comprendre cette dimension genrée est essentiel pour toute politique de prévention.

Le suicide agricole est donc multifactoriel et ne se comprend qu’en articulant les dimensions économiques, sociales, culturelles et genrées du métier. Il révèle moins des fragilités individuelles que les tensions d’un système professionnel et symbolique en crise.


À lire aussi : Crise agricole : quels défis pour demain ?


Comment prévenir le mal-être agricole ?

Les politiques de prévention actuelles reposent sur plusieurs axes :

  • la sensibilisation et la formation des agriculteurs et des professionnels pour détecter la détresse ;

  • l’accès à l’aide psychologique, via des lignes d’écoute (Agri’écoute, numéro de téléphone unique à disposition es assurés MSA en grande détresse, joignable 24 heures sur 24, sept jours sur sept), des consultations et des accompagnements spécifiques ;

  • la prévention collective, avec réseaux d’entraide, groupes de parole et soutien local pour réduire l’isolement.

Le programme de Prévention du mal-être agricole (PMEA) de la MSA vise à structurer et coordonner ces actions. Il intervient dès les premiers signes de difficulté et mobilise acteurs agricoles, partenaires institutionnels et professionnels de santé.

Les « sentinelles », bénévoles ou professionnels de proximité issus du monde rural, jouent un rôle crucial dans le dispositif. Ce sont eux qui repèrent les signes de détresse, écoutent et orientent les agriculteurs vers les bonnes structures. Leur proximité avec le terrain permet d’intervenir avant la rupture. Cette approche humaine, fondée sur la solidarité et ancrée dans le territoire, constitue un pilier de la santé mentale en milieu agricole.

Mais pour que ces actions soient pleinement efficaces, il est essentiel de prendre en compte les expériences (dont les difficultés) vécues par ces sentinelles, qui ne doivent pas nécessairement être des actifs du secteur agricole. Il peut également s’agir de retraités agricoles ou d’autres acteurs ruraux non agricoles, par exemple maires et secrétaires de commune, ambulanciers, vétérinaires, etc. Il faut ainsi répondre à leur besoin de formation et de soutien. Entre 2023 et 2024, le nombre de sentinelles a augmenté de 29 %.

Une telle approche systémique, organisée autour d’un véritable écosystème de prévention du mal-être agricole (réunissant un réseau d’acteurs de proximité, de professionnels de santé, d’institutions et politiques publiques), constitue une piste majeure pour construire une stratégie de santé mentale en milieu agricole, capable de répondre aux vulnérabilités individuelles tout en agissant sur les facteurs sociaux et collectifs.


À lire aussi : Comprendre le malaise des agriculteurs


The Conversation

Virginie Le Bris Fontier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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03.12.2025 à 16:52

L’impôt sur la fortune improductive : une taxe en décalage avec le modèle d’intermédiation financière français

Nizar Atrissi, Professeur associé, IAE Paris – Sorbonne Business School; Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Taxer la fortune improductive, l’idée peut sembler bonne. Mais l’assiette retenue pour sa définition pourrait mettre en péril le financement de l’économie française.
Texte intégral (1593 mots)

Au cours du débat budgétaire, un impôt sur la fortune dite improductive a été voté le 31 octobre dernier. Mais que désigne véritablement ce terme ? Et les assiettes visées par cet impôt sont-elles vraiment aussi improductives qu’elles ne le semblent ?


Alors que la France cherche à taxer la richesse dite « improductive », elle risque d’affaiblir le moteur même qui finance son économie. Le nouvel impôt sur la fortune improductive vise à réorienter les capitaux inactifs vers l’investissement productif, mais en incluant dans son assiette les dépôts bancaires, les avoirs en liquidités et même certains produits d’assurance vie, la mesure frappe au cœur du système financier du pays : son modèle d’intermédiation financière.

L’Assemblée nationale a adopté en première lecture, le 31 octobre 2025, un nouvel impôt présenté comme un instrument de justice économique : l’impôt sur la fortune improductive. Son objectif est clair. Il s’agit de faire contribuer davantage les capitaux dits « dormants » et de réorienter l’épargne vers l’investissement productif. Mais derrière cette ambition se cache un paradoxe économique majeur. En intégrant les liquidités et dépôts bancaires dans son assiette, la réforme touche directement ce qui alimente l’économie réelle française, le mécanisme de transformation de l’épargne en crédit.

Définition contestée

Selon le texte voté, la « fortune improductive » regroupe les actifs qui ne participeraient pas directement à la création de valeur. L’impôt s’appliquerait aux biens immobiliers et aux actifs considérés comme improductifs : les biens de luxe tels que les yachts ou les jets privés, les métaux précieux et les actifs numériques, ainsi que les dépôts et les liquidités, y compris certaines assurances vie jugées « inactives ». L’hypothèse sous-jacente est que ces avoirs ne créent ni emplois ni croissance.


À lire aussi : Luxe : la consommation des ultra-riches est-elle morale ?


Pourtant, les dépôts et autres actifs assimilés sont tout sauf inactifs. Ils représentent une source de financement vitale pour les institutions financières françaises qui les transforment en prêts aux ménages et aux entreprises. Ils constituent également la base de la stabilité financière en servant de réserves et de coussins de liquidité. Les taxer reviendrait à frapper directement au cœur du mécanisme du crédit en France. De plus, ces avoirs sont déjà soumis à l’impôt et aux prélèvements sociaux à travers les intérêts qu’ils génèrent. Les inclure dans une nouvelle assiette fiscale équivaudrait à une double imposition d’un actif déjà intrinsèquement productif.

Une clé de voûte du financement

Selon la Banque de France, les dépôts et comptes d’épargne de la clientèle non financière totalisaient environ 2 600 milliards d’euros en septembre 2025, dont 1 900 milliards détenus par les ménages. Le ratio crédits/dépôts avoisine 100 %, selon les statistiques annuelles de la Banque centrale européenne (BCE, Supervisory Banking Statistics 2024). Ce niveau traduit la forte mobilisation de l’épargne par les banques françaises, qui transforment activement les dépôts en prêts à l’économie réelle.

À la différence des économies anglo-saxonnes, davantage tournées vers les marchés, le financement de l’économie française reste profondément intermédié, où les banques jouent un rôle central dans la transformation de l’épargne en crédit. Les données de la Banque de France indiquent que le financement total des sociétés non financières atteignait 2 100 milliards d’euros en août 2025, dont près de 1 400 milliards provenant de crédits bancaires, soit environ deux tiers du financement des entreprises. Autrement dit, la croissance économique française dépend d’un système bancaire qui recycle l’épargne domestique en crédit productif.

La même logique s’applique au secteur de l’assurance vie, qui constitue un autre canal important de l’intermédiation en France. Les fonds en euros – ces produits à capital garanti et à forte liquidité propres au marché français – sont eux aussi visés par la nouvelle mesure. Ce pilier de l’épargne représente 70 % de l’assurance vie qui s’élève à près de 2 100 milliards d’euros d’encours selon les chiffres officiels de France Assureurs, l’organisation professionnelle réunissant l’ensemble des entreprises d’assurance et de réassurance travaillant en France. Près de 60 % de ces actifs sont investis dans des titres d’entreprises et du quart dans des obligations souveraines, finançant directement le secteur privé comme le secteur public.

Un effet boomerang

Ensemble, banques et assurances forment les deux piliers du modèle français d’intermédiation, transformant l’épargne des ménages en crédit et en investissement de long terme. Fragiliser cette base via la fiscalité nuirait non seulement au mécanisme d’intermédiation lui-même, mais il dégraderait aussi la capacité du pays à financer sa croissance. En effet, les sommes placées dans les actifs ciblés par cette mesure seraient susceptibles de s’orienter vers d’autres investissements peut-être plus risqués, mais moins exposés fiscalement… et éventuellement situés hors de France.

En cherchant à orienter l’épargne vers des actifs « productifs », la nouvelle loi, si elle est finalement adoptée à l’issue du processus de budget, promeut implicitement une forme de désintermédiation financière – une transformation du financement bancaire vers un financement direct et davantage fondé sur les marchés. En théorie, une telle évolution est souhaitable, car elle permettrait de diversifier les sources de capitaux, d’améliorer l’allocation de l’épargne et de favoriser l’innovation. Mais encore faut-il disposer de marchés suffisamment profonds, liquides et attractifs pour les émetteurs comme pour les investisseurs.

Or la France demeure structurellement bancarisée et son marché actions continue de se négocier avec une décote significative par rapport aux États-Unis. Comme le signalait sur BFM Michaël Fribourg, le PDG de Chargeurs : « Mon conseil à ceux qui veulent aller à la Bourse de Paris : ne le faites surtout pas ! » Cette mise en garde illustre un défi bien profond : le marché de capitaux domestique peine encore à attirer et retenir les entreprises à un moment où il aurait besoin de se renforcer.

Boursorama 2025.

La fonction économique de la liquidité

Assimiler la liquidité à de la passivité revient à méconnaître sa fonction économique. Les liquidités et les dépôts reflètent la prudence et la planification financière, non l’immobilisme. Ils soutiennent la confiance, permettent la création de crédit et jouent un rôle stabilisateur en périodes d’incertitude. Les taxer reviendrait à pénaliser des comportements d’épargne responsables et une gestion financière saine.

Plutôt que d’alourdir la charge fiscale sur ces actifs, la France devrait encourager l’épargne de long terme, celle qui alimente réellement l’investissement productif. Mais cela implique de préserver la capacité du système financier à transformer l’épargne en crédit, non de la restreindre. Dans une économie où l’intermédiation reste la colonne vertébrale du financement, taxer la liquidité équivaut à désamorcer la pompe.

L’impôt sur la fortune improductive part d’un objectif louable – mobiliser le capital au service de la croissance –, mais risque de produire l’effet inverse. Au lieu d’une fiscalité pénalisant la liquidité, la priorité devrait être d’affermir la profondeur des marchés de capitaux, de renforcer la culture financière des ménages et de favoriser les investissements à long terme. En envoyant un signal de défiance envers cette épargne, la nouvelle taxe risque de compromettre l’un des atouts structurels de la France : son système d’intermédiation financière stable.

The Conversation

Nizar Atrissi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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03.12.2025 à 16:51

Coastal regions and climate change: how better risk assessment can help protect infrastructure and livelihoods

Anthony Schrapffer, PhD, EDHEC Climate Institute Scientific Director, EDHEC Business School

Better measuring the risks posed by rising sea levels and more intense storms requires rigorous, comparable and transparent assessment.
Texte intégral (2284 mots)

Coastal regions, where dense clusters of critical infrastructure are found, are facing the sharpest edge of climate change. The threats include paralysed transport networks and disrupted supply chains. To stay ahead, we need a clearer picture of these vulnerabilities that lets us anticipate the fallout before it comes. But right now, patchy data, inconsistent approaches, and the absence of a unified framework make it tough to grasp the scale of the risk.

In late October, the Caribbean was ravaged by Hurricane Melissa, a type of storm whose likelihood has been quadrupled by climate change, according to research from Imperial College London’s Grantham Institute. With a death toll exceeding 40 and damages initially estimated at around $50 billion, the hurricane has laid bare the acute exposure of coastal regions to such disasters.

Coastal areas host a disproportionate share of the world’s major cities, ports, industrial hubs, and essential infrastructure. Some 40% of the global population resides within 100 kilometres of the coast, while 11% live in low-lying coastal zones (areas less than 10 metres above sea level). This coastal concentration stems from the strategic advantages of maritime trade, access to natural resources such as water and fisheries, and the economic draw of tourism.

As sea levels rise and storms grow more intense, this concentration of assets along the coastlines places them squarely in the crosshairs of climate change. Measuring assets’ vulnerabilities is essential for anticipating economic, environmental, and social impacts and, above all, preventing disruptions.

But without a unified framework for evaluating risk, how can we accurately forecast and prepare for the impact of climate change on coastal infrastructure?

The increasing cost of climate disasters

Climate change is driving rising sea levels and accelerating coastal erosion, rendering shorelines increasingly fragile. As a result, storms, cyclones, and coastal flooding are growing in both frequency and intensity. Coastal infrastructure, already highly exposed, faces mounting human and economic tolls from these extreme events.

In 2005, Hurricane Katrina submerged 80% of New Orleans, claiming over 1,800 lives and causing $125 billion in damage. The storm devastated hundreds of oil and gas platforms and more than 500 pipelines. Fourteen years later, Cyclone Idai struck Mozambique, killing 1,200 people, causing $2 billion in damages and crippling the port of Beira. Then in 2021, catastrophic flooding in Germany, Belgium, and the Netherlands, triggered by torrential rains, submerged towns and farmland, severed roads, demolished railways, disrupted water networks, and paralysed transport for weeks.

Beyond the destruction they cause, these disasters disrupt essential services and shrink the window for reconstruction as their recurrence accelerates. The cascading effects across interconnected sectors are even more concerning. A localised failure can trigger a chain reaction of vulnerabilities, turning an isolated incident into a full-blown crisis. A flooded coastal road or a power grid failure, for instance, can send shockwaves through global supply chains. Without decisive action, damages from coastal flooding could surge 150-fold by 2080.

The urgency is clear: we must assess the fragility of coastal infrastructure with consistency, rigor and transparency. The goal? To fortify critical economic zones against the escalating impacts of climate change.

Toward a common language for measuring risks

Estimating potential failure points in coastal infrastructure presents significant challenges. Data gaps, inconsistent methodologies, varying criteria, and the absence of a unified framework complicate risk assessment, thereby hindering informed decision-making and delaying targeted investments.

One approach to establishing a common reference framework is to evaluate risks based on their financial materiality, ie quantifying direct losses, repair costs, and business interruptions.

The Scientific Climate Ratings (SCR) agency applies this methodology at scale, incorporating asset-specific climate risks. Developed in collaboration with the EDHEC Climate Institute, this framework serves as a scientific reference point for assessing infrastructure exposure, as well as for comparing, prioritising and managing investments in climate risk adaptation.

This standardised approach underpins the Climate Exposure Rating (CER) system, developed by SCR. The system uses a grading scale from A (minimal risk) to G (highest risk) to compare the exposure of coastal and inland assets.

Comparison of potential climate exposure ratings between coastal assets and all assets considered in the Scientific Climate Ratings agency’s assessment. Anthony Schrapffer, SCR, Fourni par l'auteur

The findings reveal that coastal assets have a higher concentration of higher-risk ratings (F, G) and fewer lower-risk ratings (A, B), indicating that their climate exposure is greater than that of inland infrastructure. This underscores the need for tailored risk management strategies to address the heightened vulnerability of coastal systems.

From risk assessment to informed decision-making

The method developed by the EDHEC Climate Institute for quantifying physical risk involves cross-referencing the probability of a hazard with its expected intensity. Damage functions then correlate each climate scenario with potential losses, accounting for asset type and location. For instance, a 100-year flood – an event with a 1% annual occurrence probability – might correspond to a two-meter flood depth, capable of destroying over 50% of the value of a residential property in Europe.

By translating physical risks into economic terms, these indicators provide a clear basis for public policy and private investment decisions. Should infrastructure be built, reinforced, or adapted? Which projects should take priority?

The analysis also incorporates transition risks, including the impact of evolving regulations, carbon pricing, and technological shifts. A gas terminal, for example, could become a stranded asset if demand declines or regulations tighten. Conversely, proactive adaptation strategies can enhance the financial resilience and long-term value of climate-exposed infrastructure. This approach ensures that decisions are not only reactive but also strategically aligned with future risks and opportunities.

Adaptation in action: the case of Brisbane Airport

Resilience in infrastructure refers to the capacity to absorb shocks, reorganise, and maintain essential functions – in other words, effectively returning to operational normality after a disruption. The ClimaTech Project aims to evaluate resilience, decarbonisation, and adaptation measures based on their risk-reduction effectiveness and cost-efficiency. This approach helps limit greenwashing by ensuring that only impactful actions – those that improve an asset’s rating on an objective, comparable scale – are recognised. The more effective the measures, the better the rating.

The case of Brisbane Airport, situated between the ocean and a river, offers a good example. By implementing flood barriers and elevating runways, the airport reduced its vulnerability to 100-year floods by 80%. As a result, it advanced two categories on the SCR rating scale, an improvement that enhances its appeal to investors and stakeholders.

Brisbane Airport is particularly exposed to climate risks. Nate Cull/WikiCommons, CC BY-SA

The Brisbane case demonstrates that investing in coastal infrastructure resilience is not only feasible but also financially sound. This adaptation model, which preemptively addresses climate-related damage, could be replicated more broadly, provided that decision-makers rely on robust, consistent, and transparent risk assessments, such as the framework proposed here.

Coastal infrastructure stands at a critical juncture in the face of climate change. Positioned on the front lines, it faces economic, social, and environmental challenges of unprecedented scale. Protecting it demands a risk assessment that integrates financial materiality and climate projections. Such an approach empowers public and private players to make informed decisions, invest strategically, and highlight concrete actions. Making risk visible is already a step forward.


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Anthony Schrapffer, PhD ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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