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Rubrique «À LIRE AILLEURS»

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20.10.2025 à 11:00

Les Bourses du travail, une expression de l'autonomie ouvrière

On peut considérer que les Bourses du travail sont la première marque de maturité du syndicalisme révolutionnaire naissant en France en 1892. C'est la spécificité du mouvement ouvrier et syndical français qui se réorganise suite au massacre de la Commune de Paris, achevée par la Semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871).

Texte intégral (1654 mots)

On peut considérer que les Bourses du travail sont la première marque de maturité du syndicalisme révolutionnaire naissant en France en 1892. C'est la spécificité du mouvement ouvrier et syndical français qui se réorganise suite au massacre de la Commune de Paris, achevée par la Semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871).

C'est en parallèle la réaction au syndicalisme corporatiste (contraire de interprofessionnel) de la Fédération Nationale des Syndicats, contrôlée par le Parti Ouvrier Français de Jules Guesde, premier propagandiste du marxisme dans l'hexagone en y apportant néanmoins une vision social-démocrate et avant-gardiste : contrôle du syndicat par le parti politique formé en élite. La Bourse du travail, apparu en 1887 à Paris, était en premier lieu une structure ancêtre à ce que l'on pourrait nommer aujourd'hui Pôle Emploi. C'était un bureau de placement pour les ouvriers et également un lieu qui permettait d'informer et relayer les demandes d'emplois et les formations professionnelles selon une zone géographique donnée. Comme ces bâtiment, étaient fréquentés et gérés que par des ouvriers, les Bourses du travail devinrent vite des lieux d'échanges, de communications puis de coordination avec petit à petit une conscience de classe qui émergea et qui transforma la Bourse du Travail en lieu de contre-pouvoir.

Devant ce nouvel outil et son efficacité populaire, d'autres Bourses du Travail voient le jour sur le territoire jusqu'à la création en 1892 d'une Fédération des Bourses du travail.

Marseille 20/03/2009

Le syndicalisme révolutionnaire apparaît en corollaire avec l'entrée massive dans ces structures de militants ouvriers anarchistes qui abandonnent à cette période leur stratégie « illégaliste » de la « propagande par le fait » (attentats, braquages) en proie à une terrible répression et des militants ouvriers blanquistes et allemanistes (socialistes révolutionnaires) abandonnant leur stratégie « insurrectionaliste » (insurrections spontanée et continues), les Bourses du Travail se transforment en véritable arme prolétarienne de contre-culture, formation, contre-pouvoir et sociabilité ouvrière.

Avec cette dynamique de fusion de ces trois courants révolutionnaires prolétariens, elles portent alors une solidarité dépassant les diversités de professions et de corporations pour s'inscrire dans une solidarité de proximité géographique, d'aspiration à la transformation sociale, car les militants ouvriers l'ont compris, c'est bien à travers la solidarité interprofessionnelle que l'éveil révolutionnaire vers le socialisme est le plus apte à s'affirmer et se développer. En effet, la finalité du projet des Bourses du Travail était d'être à la fois un outil d'émancipation intégrale des travailleurs-euses et un instrument d'organisation de la société future, en assurant la formation d'une classe ouvrière autonome grâce aux multiples services qu'elles proposaient. L'efficacité est telle qu'en 1896 on dénombre 46 Bourses du travail qui ont fédérés 862 syndicats.On estime à 48% le nombre de syndiqués en 1900 rattachés à une Bourse du Travail via l'adhésion de leur syndicat.

La Bourse du Travail ne se limitait pas à une lutte de classe quotidienne, les militants ouvriers révolutionnaires et syndicalistes ont formé la structure pour qu'elle soit en capacité de se substituer aux institutions bourgeoises. Concrètement, dans le processus révolutionnaire la Bourse du travail devait prendre le pouvoir sur la municipalité, le conseil général ou le département, mais aussi et surtout réorganiser la production, la circulation et la répartition des services locaux et des produits matériels. Elle apparaît alors comme étant la seule structure capable d'assurer une socialisation réelle sur l'échelon local/départemental/régional.

En 1902, la Fédération des Bourses du travail fusionne avec la Confédération Général du Travail crée en 1895 sur les cendres de l'ancienne fédération corporative des syndicats en perte de vitesse. Cela va permettre d'incorporer les Bourses du Travail dans ce qu'on appelle les Unions Locales ou Union Départementale de la Confédération et ainsi donner une vision nationale voir internationale de la révolution sociale car l'Union Locale, la Bourse du travail, pouvait alors assurer le lien sur de plus grosses échelles via la structure confédérale.

Bref, les Bourses du travail, après le premier rôle institutionnel d'en faire des bureaux de placement et des locaux de réunions, deviennent très vite des centres d'éducation populaire – comme disait Fernand Pelloutier : « Éduquer pour révolter » – et des foyers d'agitation constante d'autonomie ouvrière où les militants ouvriers se forgent leur propre expérience. L'action syndicale que les Bourses mènent se définit par le rôle solidaire envers les grèves locales, voire nationales, même si elle n'avait pas vocation à être actrices premières, l'instrument de lutte étant alors le syndicat groupant les travailleurs-euses concerné-es. La Bourse jouait bien souvent un rôle déterminant en raison de l'expérience et des conseils qu'elle pouvait donner, de la capacité d'intervention et d'organisation de ses militants ou encore de la solidarité financière et morale qu'elle entraînait. Mais elle se définit aussi dans une implication dynamique lors de journées comme le 1er mai, par la diffusion et la formation des idées, par des revendications du syndicalisme d'époque comme la journée de huit heures, par la grève générale ou encore l'antimilitarisme et anti-guerre à la veille du premier conflit mondial.

En étant une structure d'entente, de regroupement et de coordination au niveau local, le but principal des Bourses en cas de mouvement de grève était la solidarité à tous les niveaux, auprès de toutes les corporations de la ville, de la localité : par exemple, l'organisation d'une caisse de grève afin de pouvoir soutenir financièrement toutes les corporations engagées dans un conflit social, et l'envoi de militants sur les lieux afin de servir de conseillers et d'orateurs. Bien souvent, l'intervention de militants expérimentés des Bourses dans un conflit fut déterminante pour la réussite de celui-ci.

Les militants syndicalistes des Bourses du Travail de cette époque étaient convaincus que pour arriver à l'émancipation du prolétariat, il fallait lui donner les moyens de s'émanciper, de pouvoir porter et assumer un projet de transformation sociale dont les bases sont posées dans le monde capitaliste par les organisations de classe et d'autonomie ouvrière : les syndicats d'industries, les Unions Locales et les Bourses du Travail.

L'objectif des Bourses du travail était donc de rendre le socialisme plus attrayant en privilégiant cette autonomie, en organisant des fêtes, des conférences et soirées musicales ou théâtrales qui débouchaient sur des causeries, des débats autour de thèmes politiques, culturels et du travail, tout en gardant une pratique de classe, c'est-à-dire que, contrairement aux partis et organisations politiques, tout était organisé par la classe et pour la classe suivant la devise de la Première Internationale (association de travailleurs créée en 1864 par des militants révolutionnaires essentiellement français et anglais) : « l'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

Tiré du site Cahier d'histoire

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19.10.2025 à 13:12

Soirée de Soutien à la Legal Team Paris IDF

La Legal Team Paris IDF de la coordination anti-répression IDF vous donne rendez-vous le 1er novembre à la Parole Errante (Montreuil) pour une journée de fête, de solidarités et de luttes, de 14h à minuit. Ateliers, concerts, stands de collectifs en lutte, bar et cantine à prix libre : on s'organise ensemble contre la répression, on partage nos outils et on renforce nos liens. Soirée CASH ONLY !!!

Texte intégral (801 mots)

La Legal Team Paris IDF de la coordination anti-répression IDF vous donne rendez-vous le 1er novembre à la Parole Errante (Montreuil) pour une journée de fête, de solidarités et de luttes, de 14h à minuit. Ateliers, concerts, stands de collectifs en lutte, bar et cantine à prix libre : on s'organise ensemble contre la répression, on partage nos outils et on renforce nos liens. Soirée CASH ONLY !!!

La Legal Team Paris et la coordination anti-répression IDF vous invitent à faire la fête le 1er novembre à la Parole Errante (Montreuil), de 14h à minuit — entrée à prix libre  !

On vous a préparé tout plein d'activités chouettes :

L'après-midi

💻 Atelier de sécu numérique (14h–16h)
🥊 Initiation à la boxe (16h–17h)
🎶 Chorales montreuilloises Chœur Vénèr et La Criée (17h)

Toute la journée

Tombola, chamboule-tout, expo photo, et des stands tenus par plein de collectifs ami.e.s : Riposte Collective, Vérité et Justice, Stop Arming, Désarmons-les, Soulèvements de la Terre Paris, Les Jeunes du Parc de Belleville, et d'autres surprises.

Le soir, on danse !

🎺 18h : Lapins Super Stars (fanfare)
🎸 19h : Lola Kinks (rock)
🎤 20h : MLS (du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville)
⚡ 20h45 : René Binamé (punk)
💿 21h45 : Abilifem (DJ set)
🔥 22h45 : Mystique (DJ set)

À boire et à manger

La super équipe du Barcredi tiendra un bar toute la journée/soirée (avec ou sans alcool),
et la Cantine des Pyrénées nous régale avec un stand de crêpes et des sandwichs végés à prix libre.

On a besoin de vous 💪

  • Partagez le visuel (en PJ) partout !
  • On cherche des lots pour la tombola
  • Venez donner un coup de main le jour J (on manque encore de quelques bénévoles) !
  • Et si vous savez faire des gâteaux, on dit pas non 😋

Rendez-vous le 1er novembre à la Parole Errante pour danser dans le froid avant que tout chauffe 🔥

La LT ❤️

PS : Soirée cash only — on fait la fête sans les banques 💣

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19.10.2025 à 11:00

Le 15 novembre : DEBLOQUONS-TOUT !

Depuis des semaines, un spectre hante la France : le spectre de la crise de régime. Ce spectacle, qui peut effrayer comme réjouir et inversement, se joue devant des millions de citoyen-nes médusés. Le plus saillant, c'est la dislocation en cours au sommet de l'État où Macron voit y compris ses affidé-es se retourner contre lui.

Texte intégral (976 mots)

Depuis des semaines, un spectre hante la France : le spectre de la crise de régime. Ce spectacle, qui peut effrayer comme réjouir et inversement, se joue devant des millions de citoyen-nes médusés. Le plus saillant, c'est la dislocation en cours au sommet de l'État où Macron voit y compris ses affidé-es se retourner contre lui.

De plus en plus de monde comprend que le responsable de ce cirque est à l'Élysée et qu'elle n'est que le précipité d'une politique économique injuste au services des ultra-riches et des entreprises. Dans le même temps, la société civile continue vaille que vaille de fonctionner : les hôpitaux soignent, les cours se tiennent, les transports circulent et les commerces ouvrent.

Censure ou pas, menace de dissolution, présidentielle anticipée... Pour notre part, nous pensons que la meilleure chose n'est pas de se diviser autour de telle ou telle combinaison politique mais que le monde du travail, la jeunesse et les retraité-es prennent eux-mêmes leurs affaires en main : la suspension de la réforme des retraites, annoncée par le nouveau nouveau Premier Ministre, qui reste à confirmer cet automne tout comme la suppression des deux jours fériés du budget, qui demeure régressif sous maints aspects, sont le fruit du rapport de force, pour la première, de la mobilisation monstre de 2023 qui ne s'est jamais refermée et, pour la seconde, de celle du 10 septembre sans laquelle jamais l'intersyndicale n'aurait appelé au 18 septembre, encore plus fort en terme de grèves.

Alors que cette dernière est aux abonnées absentes depuis le flop de celle du 2 octobre, ses composantes, à commencer par la CFDT qui piaffe d'impatience de pouvoir discuter du passage à la retraite à points, se contentent de l'organisation à venir d'une énième conférence sociale.

Inutile de disserter si il s'agit là de victoires ou non : ces premiers reculs de la part d'un pouvoir qui s'est montré, par le passé, inflexible comme violent démontrent qu'il est possible d'obtenir davantage ; transformons l'essai sans plus attendre !

A l'approche de la date anniversaire de la mobilisation des Gilets Jaunes, les collectifs qui ont contribué au succès de la journée de mobilisation du 10 septembre, née en dehors de tout cadre politique ou syndical, et qui aura fait chuté un gouvernement, appelle à remettre le couvert le 15 novembre prochain, cette fois-ci sous la forme d'une manifestation nationale dans les rues de la capitale.

Tout comme nous avons fait le choix d'appuyer la première, nous faisons de même pour celle-ci. Comme elle tombe un samedi, nous couvrons par un appel à la grève le personnel de nos secteurs d'activités de sorte qu'il puisse y participer. Nous appelons à ce que cette échéance, à même de débloquer une situation qui parait inexpugnable, soit préparée le plus largement possible en amont dans les assemblées générales qui se sont constituées depuis la rentrée mais aussi les syndicats, les associations et tous les cadres militants bien décidés à peser sur des budgets de l'État et de la Sécurité Sociale régressifs.

Plus largement, à tirer les droits sociaux vers le haut, nivelés depuis des années, promouvoir l'indispensable tournant écologique et que notre démocratie vermoulue évolue vers un modèle où celles et ceux qui travaillent, quelque soit leur origine, exerceront réellement le pouvoir à tous les niveaux de l'organisation sociale.

Prenons l'exemple sur nos voisin-es belges : contre un budget antisocial portée par un gouvernement de droite dure, iels étaient 140.000 à manifester hier à Bruxelles, y compris avec l'appui de leurs syndicats, soit un peu plus de 1 % de la population du pays. A l'échelle du nôtre, cela donnerait 800.0000 personnes dans les rues de Paris le mois prochain...

Pour ne pas se retrouver sous le poids d'une botte encore plus lourde, à pied, en car, en train ou en ballon, montons toutes et tous sur Paris le 15 novembre prochain !

SUD Commerces et Services

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19.10.2025 à 10:00

Qui a piqué l'ExisTransInter ?

À propos de la marche de l'ExistransInter du 18 octobre 2025, et en réponse à un débat que personne ne désirait avoir à propos des syndicats et des partis dans les espaces d'organisation de l'ExisTransInter.

Texte intégral (4999 mots)

À propos de la marche de l'ExistransInter du 18 octobre 2025, et en réponse à un débat que personne ne désirait avoir à propos des syndicats et des partis dans les espaces d'organisation de l'ExisTransInter.

« Imaginez » une petite fête de quartier, tranquille, organisée par et pour les habitants d'une rue. Soudain, débarquent le maire, sa clique, des syndicats et un parti politique avec leur sono, leurs banderoles et leur programme. Ils veulent « converger », « élargir la lutte ». Résultat : les habitants de la rue ne reconnaissent plus leur fête. C'est un peu le sentiment du texte « Sauvons l'ExisTransInter ! » [1], qui accuse certaines organisations d'avoir kidnappé leur marche.

Face à eux, d'autres collectifs [2] rétorquent : « Mais bande d'isolatos ! Seuls, vous n'aurez jamais les moyens de faire plier le gouvernement ! Il faut s'allier, même avec des gens un peu chiants, pour avoir de la puissance. ».

Ces échanges d'articles et de commentaires de posts se sont passés ce mois-ci, à propos de l'édition 2025 de la marche ExisTransInter pour la défense des droits/existences trans' et intersexes, et beaucoup de personnes trans' et intersexes ont dû se résilier à contrecœur à cette joute oratoire. Encore.

Bref, c'est le débat éternel qui revient tous les ans : faut-il préserver son jardin secret (pour des raisons très légitimes) ou aller squatter la maison du voisin en espérant pouvoir y mettre sa déco ?

J'ai voulu produire un texte qui puisse nous permettre de produire un début de réflexion, au sein de la scène autonome, sur ce débat non désiré. Étant trans' mais pas intersexe, je n'ai pas osée m'aventurer sur cette dernière question, car je me suis radicalisée sur les questions trans' avant tout.
Si, en tant que syncrétique « toto », je rencontre souvent des désaccords avec des textes et des prises de parles de quelques collectifs trans', je n'ai jamais attendu de ces collectifs qu'ils incarnent à chaque intervention « La flamme de la révolution mondiale ». Mais lorsque je lis des communiqués ouvriéristes dénonçant un communiqué de collectifs trans' se plaignant de ne plus pouvoir organiser entre concernés la seule marche qui les concerne dans l'année, je ressens ce qu'a probablement dû ressentir Marx face au programme de Gotha … Mais s'il faut jouer aux plus idiots, face aux héritiers du provisoire permanent, il faut également se montrer ouvert au dialogue, car nous allons devoir nous fréquenter à l'avenir, sur tous les terrains de la lutte des classes, y compris dans nos marches trans'.
Certes, la sincérité dans le soutien aux droits trans' est une vertu qu'il convient de saluer, et je leur concède volontiers ce mérite. Il n'empêche : être sincère n'a jamais conféré l'omniscience, pas plus que cela n'a blanchi l'incongruité historique de la posture. On salue au passage l'effort archivistique de ceux qui exhumèrent de vieux grimoires sur « la question des femmes » pour éclairer le présent. Préparez les sels aromatiques, car l'aveu qui suit va peut-être bouleverser quelques chapelles : si l'on me parle de féminisme et des contradictions du genre, il faut avouer que la pensée de Lénine n'est pas précisément la première qui me vienne à l'esprit. On pourrait même dire qu'elle en est absente avec une constance remarquable [3]. Mais on s'autorisera à douter que cette érudition sélective, fétichisant des analyses d'un autre siècle, confère la moindre autorité pour donner des leçons aujourd'hui. Les problèmes de périodisation, cela se soigne — la cure de désintoxication commence par un sevrage : accepter la composition des luttes telles qu'elles sont, au lieu de les projeter de force sur le mirage d'un futur hypothétique et la fresque jaunie d'un âge d'or qui n'a jamais existé [4]. Avant de prétendre imposer un schéma théorique à un mouvement autonome, ne conviendrait-il pas d'en saisir les motivations premières ? Comment ignorer que les lois putophobes actuelles résonnent avec la recrudescence des attaques transphobes. Passer sous silence la criminalisation des TDS - qui forment pourtant l'un des piliers du militantisme organisé - alors que cette question mobilise tant de collectifs, relève d'une légèreté intellectuelle pour le moins surprenante.

Se dire sincèrement concerné par les violences transphobes tout en négligeant les trajectoires sociologiques des segmentations prolétariennes qui composent la catégorie "trans" mobilisée aujourd'hui, c'est reproduire les ornières d'un ouvriérisme dépassé. Ce dernier se contente trop souvent de déclarer : "Si nos droits reculent, c'est la faute à la crise et aux offensives économiques de la bourgeoisie." Affirmation difficilement contestable, mais qui, en pratique, n'avance guère le débat - si ce n'est qu'elle sert à uniformiser les analyses au détriment des urgences concrètes qui animent cette marche et assurent son renouvellement.

En cela, le texte "Sauvons l'ExisTransInter !" rappelle une vérité essentielle : "Nous rappelons que la convergence des luttes nécessite d'abord des mouvements autonomes forts. Ce n'est pas en sacrifiant le principal cadre unitaire trans et intersexe que nous renforcerons la prise en compte de nos luttes et de nos droits." Un rappel salutaire, qui mériterait d'être médité avant toute velléité de "convergence" imposée. Peu importe que votre appréciation du travail du sexe diffère de celle des premiers concernés. Cette quête d'une pureté prolétarienne mythique vous rend surtout incapable de saisir les compositions réelles des mouvements actuels. On ne refait pas une lutte à son image sous prétexte que sa composition nous déplaît.

Quant à la spontanéité qui anime la base, elle ne saurait s'expliquer par quelque idéal abstrait. Et même si c'était le cas, soyez assurés que ce ne serait certainement pas pour le noble but de travailler en "autogestion" dans des usines socialisées. Soyons sérieux : personne, ou presque, ne rêve de cela. L'émancipation ne se mesure pas à l'aune de notre capacité à reproduire, en mieux, le management d'ateliers.
On comprend votre tendre attachement aux saintes écritures léninistes et autres icônes révolutionnaires – une fidélité touchante, presque archéologique. Mais permettez-nous de vous confier un secret : il s'est passé quelques choses après Lénine, Trotski, Kollontaï ou Zetkin… Si, si, on vous l'assure. Des choses vachement plus pertinentes, nuancées, et surtout, qui ne sentent pas autant la naphtaline.

Les chevaliers blancs de la révolution

Dans ce débat, un larron arrive chaque année, le militant d'avant-garde. C'est sa plus grande qualité : être l'arriviste des luttes qui cherche à radicaliser une mobilisation qui ne lui convient pas. Son crédo ? « Moi je sais où va l'Histoire, suivez-moi, je vous emmène vers la Révolution. » Il voit dans chaque lutte (féministe, antiraciste, trans*) un vivier à recruter pour sa grande armée.
Le problème, c'est que son plan repose sur une idée un peu magique : si on accumule assez de militants, on débloque le niveau « Révolution ». C'est la politique du « je le veux très très fort ». Sauf que dans la vraie vie, les gens se mobilisent pour des choses concrètes : un permis de séjour, des hormones remboursées, un compte en banque qui ne soit pas dans le rouge. Pas parce qu'ils ont eu une révélation en lisant un tract un peu obscur.

Le Gauchiste et son Groupe Révolutionnaire

Ce militant a un logiciel bien précis : celui de Lénine, mais mis à jour pour 2025. Il est persuadé que si son groupe – le Parti Révolutionnaire des Vrais Radicals – accumule assez de membres, il pourra un jour prendre le pouvoir et installer le communisme, parce que c'est bien connu, le communisme ça s'installe. Ce n'est pas du tout quelque chose qui dépend de la spontanéité révolutionnaire des masses.
Du coup, pour lui, votre lutte de trans' (ou de féministes, ou de précaires)… c'est surtout une super opportunité de recrutement ! Il va vous soutenir, mais en chuchotant : « C'est bien, mais la vraie lutte, c'est la révolution sociale. Rejoignez-nous, et après on s'occupera de vos petits problèmes. » Mais il y a un hic : on ne peut pas tirer la couverture à soi, s'endormir dessus et se réveiller le jour de la révolution. Ça marche pas comme ça une insurrection … En somme, le problème central n'est pas le chiffre exact en lui-même, mais le fétichisme du nombre comme garantie d'une politique sérieuse. [5] La question « À partir de combien de membres, de votes ou de soutiens une organisation passe-t-elle de l'aventurisme à une politique communiste sérieuse ? » est en réalité un piège. Elle présuppose qu'il existerait un seuil magique, une masse critique quantifiable qui transformerait mécaniquement l'isolement actuel en une force historique crédible.
Cette logique arithmétique est un héritage pervers du parlementarisme et du léninisme traditionnel [6] , qui mesurent la légitimité et la potentialité révolutionnaire à l'aune de la représentativité statistique. Or, l'histoire a montré que des partis massifs peuvent être le cimetière de l'énergie révolutionnaire, tandis que de petits noyaux ont parfois cristallisé des ruptures décisives. Le "sérieux" d'une politique communiste ne se mesure pas à sa taille, mais à sa capacité à intervenir dans les contradictions réelles du capital.
Le véritable critère n'est donc pas numérique, mais qualitatif et stratégique.
L'aventurisme, c'est précisément l'action qui ignore ces conditions, qui substitue la volonté héroïque du groupe à l'analyse du rapport de forces réel, et qui prétend incarner la révolution en dehors de son mouvement réel.

Le Réformiste, fossoyeur bavard de la révolte

Si le gauchiste (trotskiste ou maoïste) qui vous harangue en manif vous épuise, l'option opposée peut sembler séduisante : le réformiste à vos côtés. Lui ne rêve pas de prendre le pouvoir, mais d'obtenir un strapontin à la table des puissants. Son art ? Négocier des bouts de tapis dans la maison qui brûle.

Ne voyez pas en lui un lâche, mais un gestionnaire de crise. Sa mission : désamorcer la révolte en intégrant les revendications dans le système. Il vous promet lois, chartes de diversité et cases à cocher. C'est l'équivalent de réarranger les transats en première classe sur le Titanic. La crise du néolibéralisme est patente - émeutes et instabilité se multiplient -, pourtant le réformisme persiste dans cette illusion colossale. Croire résoudre cette crise par de simples ajustements redistributifs relève d'une méprise totale sur la nature du pouvoir.

La bourgeoisie ne cédera pas ses privilèges sans livrer bataille, usant de toute la violence d'État à sa disposition. Quant à la gauche institutionnelle - France Insoumise, Verts et autres -, elle est structurellement contrainte. Au gouvernement, elle n'aurait d'autre choix que d'administrer l'État bourgeois, fût-il rebaptisé "VIe République" : renforcer l'exécutif pour réprimer les dissensus, et perpétuer une politique étrangère impériale dans le pré carré néocolonial français [7] [8].

Le problème fondamental ? Le capitalisme en crise n'a plus de miettes à concéder. Il ne produit plus de compromis, seulement de la barbarie. Le réformiste devient alors ce vendeur de parapluies en plein désert, dont le discours sur les "droits" et la "négociation" sonne tragiquement creux.

Croire obtenir une sécurité durable par ce biais revient à vouloir arrêter un tsunami avec un rideau de perles. La bourgeoisie n'accorde des droits que tant qu'ils ne menacent pas ses intérêts. Au premier obstacle, ces acquis volent en éclats. Le réformisme, in fine, se réduit à participer à la gestion civilisée de la déchéance, en lui apposant un séduisant vernis « inclusif » jusque dans les luttes trans et intersexes'.

Le grand mystère de la classe ouvrière disparue

Revenons à notre gauchiste. Il évoque la « Classe Ouvrière » avec la ferveur d'un stratège contemplant une armée prête à en découdre. Le seul hic - et il est de taille - c'est que cette armée ressemble davantage à un puzzle éclaté. Finis les bastions fordistes et leurs milliers d'ouvriers en bleu de travail ; place aux petits boulots, à la précarité, à Uber et aux missions intérim.

Les forteresses ouvrières d'antan se sont effondrées depuis la crise des années 1970. Pourtant, ces militants persistent dans le déni, s'arc-boutant - et nous arc-boutant - à leur stratégie de parti de masse. L'identité ouvrière qu'ils chérissent tant avait sa cohérence il y a un demi-siècle ; elle est aujourd'hui inopérante. Les segmentations du prolétariat, fruits d'une déqualification progressive du travail, expliquent que les luttes s'incarnent désormais dans des revendications non plus professionnelles, mais salariales, politiques, démocratiques.

On ne saurait analyser la composition actuelle des mouvements - généralement interclassiste - en justifiant les défaites par des incantations commodes : « trahison », « défaitisme » ou « manque de radicalité ». Il est épuisant de devoir répondre à des esprits bloqués sur les mêmes logiciels depuis l'époque des premières scissions trotskardes au Goulag - et non ce n'est pas une blague.

La vieille gauche réformiste, réduite au club des enseignants et fonctionnaires, n'échappe pas à cette incompréhension. Elle propose de mieux partager le gâteau, sans s'interroger sur ceux qui le produisent ni sur les raisons de son rétrécissement. Résultat ? Une partie des déçus se tourne vers le seul qui semble clamer « on arrête tout, on change les règles » : le Rassemblement National.

Alors, les trans', ils servent à quoi dans l'Histoire ?

Après cette galerie de portraits où gauchistes et réformistes se renvoient la balle de notre avenir, une question demeure : quelle place y occupons-nous réellement ? Nous ne prétendons être ni l'Armée du Salut de la révolution, ni un simple « problème identitaire » à régler dans les marges du débat public. Pour comprendre notre position dans ce paysage théorique saturé d'incantations, il faut appréhender la double contradiction du mode de production capitaliste [9] : le capital exige une force de travail abstraite et interchangeable, tout en devant la reproduire à bas coût. Le genre constitue la clé de voûte de cette équation, instituant une division « naturelle » entre production (masculine, salariée) et reproduction (féminine, gratuite), offrant ainsi au capital un océan de travail non rémunéré. Le mode de production capitaliste (MPC), pris comme totalité, a besoin de ces activités féminisées, et il faut également qu'elles soient gratuites [10]. C'est en cela que le MPC a un problème avec les femmes.

Les personnes trans' évoluent dans la faille de ce système. Nous incarnons la preuve vivante que le genre est une construction sociale – révélant ainsi la contingence des fondations mêmes de la reproduction capitaliste. Nous ne sommes ni un détail folklorique ni l'avant-garde désignée de la révolution, mais le symptôme d'une fissure structurelle : lorsque le genre se recompose, se fluidifie ou se durcit en période de crise, c'est toute l'architecture du capital qui se dévoile. Notre existence pose une question concrète et brûlante : qui peut encore se reproduire, et à quel prix, dans un système en voie de désintégration ?

Notre rôle n'est pas d'incarner un nouveau sujet révolutionnaire, mais de rendre visible l'insoutenabilité croissante du genre comme forme sociale capitaliste. La transitude, en tant qu'expérience vécue sous le capitalisme, est le point de concentration où s'incarnent, dans la chair et le psychisme, les contradictions de la société patriarcale. Nous sommes un symptôme matériel de la crise de la reproduction sociale. Lorsque nos corps refusent l'assignation, nous mettons à nu le caractère profondément arbitraire de l'organisation capitaliste du genre.

En résumé, le genre n'est ni une relique traditionnelle ni une lubie postmoderne : c'est l'infrastructure invisible de l'économie capitaliste [11]. L'histoire montre que si la fonction du genre – division binaire et hiérarchisée – persiste à travers les restructurations du capitalisme, ses formes identitaires évoluent [12]. Le néolibéralisme, en crise, tente aujourd'hui de rétablir une binarité coercitive, et c'est pourquoi les personnes trans' sont en première ligne des attaques réactionnaires. Placer la double contradiction du MPC – genre et classe – au cœur de nos analyses n'est pas un choix, mais une nécessité. Seul le prolétariat, dans sa dimension universelle, porte l'horizon du communisme réel : l'auto-abolition des classes et la rupture radicale avec ce monde pourri.

Alors, on fait quoi ?

Notre avis sur le débat de départ est donc simple, mais pas simpliste.
D'un côté, on a un peu raison. L'autonomie, c'est la base. On ne laisse pas quelqu'un d'autre dicter ses revendications à une lutte. C'est comme si votre coloc venait négocier pour vous votre augmentation avec votre patron. Bonne chance.
De l'autre, le repli communautaire, s'il est une constante, n'offre qu'une impasse : attendre la fin du capitalisme au fond d'une cave promet surtout de manquer tous les couchers de soleil. La vérité, plus prosaïque, refuse les raccourcis magiques : les personnes trans* luttent d'abord pour leur survie immédiate, et n'ont nul besoin de se voir infliger le fardeau supplémentaire de la Révolution Mondiale.

Nos combats ne sont pas des « détails » négociables : ils s'attaquent aux mécanismes intimes de l'exploitation. Notre mouvement n'a que faire d'être la caution radicale du gauchiste ou le faire-valoir inclusif du réformiste.

Quant à l'interventionnisme, il exige de penser la lutte des classes dans son éclatement actuel. Le vieux débat entre autonomie et convergence est un leurre. Il ne s'agit ni de fuir les espaces mixtes comme la peste, ni de s'y dissoudre joyeusement, mais de faire de chaque lutte trans* un point de cristallisation où le genre, en tant que rapport social, se décompose. L'enjeu n'est pas de « converger » avec la gauche, mais de transformer nos contradictions en brèches où s'engouffre la question de l'abolition de toutes les séparations.

Intervenir, alors, ne consiste pas à apporter la bonne parole révolutionnaire de l'extérieur. C'est, au contraire, retourner comme un gant les impasses du présent : quand un collectif exige l'accès aux soins, il ne réclame pas seulement un droit – il révèle l'absurdité d'un système qui médicalise les existences pour les rendre compatibles avec le marché.

Cette voie refuse tout autant le fétichisme de l'auto-organisation que les prétentions de l'avant-garde éclairée. Elle postule que la communisation - la rupture sans entre-deux avec le MPC - ne se décrète pas, mais s'éprouve dans les luttes, lorsque la défense de nos vies nous force à attaquer les catégories fondatrices de l'ordre social – genre, famille, marchandise – et que nous y croisons d'autres fractions du prolétariat en lutte.

L'interventionnisme que nous appelons de nos vœux est un anti-léninisme viscéral doublé d'un anti-réformisme sans concession. Peu importent les étiquettes et les appareils : l'essentiel est d'être présent, non pour diriger, mais pour aiguiller la colère vers la rupture.

Aussi, lorsque des collectifs trans' et intersexes s'organisent, et réclament la stratégie de renforcer leur autonomie - ce qui ne rentre pas en contradiction avec la convergence des luttes - trans' ou pas trans' … je kiffe.


[4] Thurston, Robert. “Women, the State and Revolution : Soviet Family Policy and Social Life, 1917-1936.” The American Historical Review, JSTOR, 1995

[5] Chris Harman, la révolution allemande p.199, sebastian Haffner, Allemagne 1918, p.235 ; idées reprises d'une publication éditoriale en attente, de Danzig à Venise

[6] IIe Congrès de l'IC, Juillet 1920, Conditions d'admission des Partis dans l'Internationale Communiste ; idées reprises d'une publication éditoriale en attente, de Danzig à Venise

[9] Ici, nous reprenons les précieux apports théoriques de la revue Théorie Communiste (TC), dans le n°23 (Distinction de genre) et 24 (Réponse aux Américaines).

[10] En temps de crise, l'État devient un garant de la reprodution de la force de travail, jusqu'à un certain point où une restructuration devient nécessaire. C'est ce qu'a montré Suzanne de Brunhoff dans l'État et le Capital. La féministe opéraïste Maria Rosa Dalla Costa a montré que le couple hétérosexuel, et plus largement les femmes, deviennent les refuges de la reproduction de l'armée de réserve en quête de boulot. La maison et les activités féministes en dehors de cette spatialité garantissent également (toujours jusqu'à un certain point) la reproduction de la force de travail. Les activités des femmes indirectement médiées par le capital ne sont donc pas localisées à la maison, ou à collectiviser grâce aux gardiens trotskistes du trône. Elles sont déjà sociales et contribuent à la reproduction générale du MPC. C'est par des moments de rupture avec le capital et le genre que nous pourront améliorer réellement nos situations, et prendre en charge notre destin.

[11] GONZALEZ Maya & NETON Jeanne, « Logic of Gender on the separation of spheres and the process of abjection », in. Endnotes n° 3 - Gender, race, class and other misfortunes

[12] Nous reformulons ici les idées d'Artifices, tirées de « Les pédés dans et contre le capital – De la constitution d'une identité sexuelle à la dernière restructuration »

« Bien ou mal (plutôt mal), nous amenons les masses à la révolution, en éveillant en elles les instincts politiques les plus élémentaires. mais dans la mesure où nous avons affaire à une tâche plus complexe : transformer ces »instincts« en aspiration consciente d'une classe ouvrière qui se détermine elle-même politiquement, nous avons tendance à recourir aux raccourcis et simplification du »penser-pour-les-autres« et du substitutionnisme. ». Voilà les germes qui mènent, selon Trotski en 1905, aux politiques réactionnaires et aux activités buraucratiques.
Léon Trotski, Nos tâches politiques, paraît à Genève en 1904, Editions Pierre Belfond, p. 127

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19.10.2025 à 09:00

Sur les bancs de la fac – Licence option blocage / un double programme de Minuit Décousu

Lieu de sélection et de reproduction sociale, lieu de blocage, d'occupation et de politisation, la fac c'est autant de souvenirs pour celleux qui ont pu y aller qu'une barrière pour celleux qui n'ont pas pu y entrer. Pour entrer pleinement dans le sujet, Minuit Décousu a sorti les micros et fait chauffer les platines pour fabriquer un double fanzine radiophonique sur la question.

Texte intégral (876 mots)

Lieu de sélection et de reproduction sociale, lieu de blocage, d'occupation et de politisation, la fac c'est autant de souvenirs pour celleux qui ont pu y aller qu'une barrière pour celleux qui n'ont pas pu y entrer. Pour entrer pleinement dans le sujet, Minuit Décousu a sorti les micros et fait chauffer les platines pour fabriquer un double fanzine radiophonique sur la question.

Minuit Décousu, c'est un fanzine radiophnique nocturne sur Radio Canut (Lyon et alentours) et Cause Commune (Paris/IDF). Semaine après semaine pendant une heure, on en découd avec la nuit et on tire les fils de sons, de textes, d'archives et de voix qui s'entremêlent.

Ces deux dernières semaines, on a sorti les micros et fait chauffer les platines pour concocter une double émission sur l'enseignement supérieur et l'université. Pour la première partie, s'est focalisé·es sur les évolutions politiques récentes de l'enseignement supérieur et sur les conditions de travail Dans la deuxième, on s'est concentré·es sur l'université comme lieu de politisation et de lutte central.

Les deux émissions s'écoutent ici, sur notre audioblog et sur toute les plateformes de podcast. Bonne écoute !

Sur les bancs de la fac

  • Le syndicalisme à l'université, comment ça marche ? (entretien* avec un camarade enseignant-chercheur à l'Université de Caen, syndicaliste à Sud Éducation depuis une vingtaine d'années.)
  • Sélection à tous les étages
  • La précarité du travail à l'université, un enjeu de lutte capital (*).
  • Vive Parcoursup !
  • Apprentissage, élitisme : un système à deux vitesses
  • Problématiques syndicales et mobilisations étudiantes et professionnelles (*).
Sur les bancs de la fac - Minuit Décousu

 Licence option blocage

  • Facs et politisation : les « professionnel-les du désordre »
  • Bref, j'ai fait une AG étudiante
  • Le dernier cercle du pouvoir, entretien avec une ancienne militante de Solidaires Etudiant-es Lyon
  • On a voulu nous rendre con, c'est raté ! (mouvement contre la loi Devaquet, 1986)
  • Entre barbouzeries et néofascisme : la fac mobilise (mal) à droite
  • Lutter contre les violences sexistes et sexuelles à l'université, entretien avec une militante du Clasches
  • Communiqué n°1 du Comité d'Occupation de la Sorbonne en Exil (mouvement contre la loi CPE, 2006)
  • Souvenirs de la Commune Libre de Tolbiac (et de son chien Guevera)
Licence option blocage - Minuit Décousu

Minuit Décousu, le 23h-00h de création sonore/documentaire sur Radio Canut tous les mardis soirs et en rediff' sur Cause Commune à Paris/IDF 📻
En podcast ici ou sur toutes les autres applications de podcast :
https://audioblog.arteradio.com/blog/139527/minuit-decousu

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18.10.2025 à 16:00

Brochure contre le genre et la technologie - appel à contributions prolongé

On propose à nouveau cet appel à contribution pour plusieurs raisons :
Nous nous sommes rendu.es compte que sur certains sites, sur la première publication, l'adresse mail n'était pas fonctionnelle. La bonne adresse pour nous envoyer ta contribution (écrit, dessin, collage, autre) c'est contrib-antigenreantitech@riseup.net comme modifé ici, sur la première publication Paris-Luttes.info

Nous souhaitions aussi rallonger le délai au 15 novembre 2025, car on souhaite se laisser plus de temps pour écrire et relire.

On a eu des retours de personnes ayant trouvé le texte trop compliqué. Ce n'était pas du tout l'intention. Si l'entrecroisement des luttes contre le genre et la technologie te parlent, sens toi libre de contribuer.

Texte intégral (1185 mots)

On propose à nouveau cet appel à contribution pour plusieurs raisons :
Nous nous sommes rendu.es compte que sur certains sites, sur la première publication, l'adresse mail n'était pas fonctionnelle. La bonne adresse pour nous envoyer ta contribution (écrit, dessin, collage, autre) c'est contrib-antigenreantitech@riseup.net comme modifé ici, sur la première publication Paris-Luttes.info

Nous souhaitions aussi rallonger le délai au 15 novembre 2025, car on souhaite se laisser plus de temps pour écrire et relire.

On a eu des retours de personnes ayant trouvé le texte trop compliqué. Ce n'était pas du tout l'intention. Si l'entrecroisement des luttes contre le genre et la technologie te parlent, sens toi libre de contribuer.

Avec la conviction que patriarcat et technologies sont des arcanes du pouvoir qui nous enserrent et contrôlent nos corps et nos esprits, que le genre est un élément majeur de la séparation et la domination des vivant.es, comment faire vivre des perspectives de lutte contre le genre dans une critique anti-industrielle contre la technologie ?

On part à la recherche de propositions qui sortent des habituelles réponses technophiles au cauchemar de la binarité, des critiques de la technologie qui fétichisent un retour à l'état de Nature, et du regard essentialiste sur le vivant.

Envoie tes écrits, dessins ou tout ce qui te plaira avant le 15 novembre 2025, à contrib-antigenreantitech@riseup.net

Alors que le monstre de la civilisation techno-industrielle avale une part toujours plus grande du vivant, les initiatives contre le développement des technologies et l'extraction des ressources nécessaires à leur production se multiplient. De la théorie aux attaques contre les entreprises dévastatrices, les réseaux de fibres optiques et d'alimentation électrique, on ne peut que se réjouir que le feu prenne toujours plus contre ces rouages de la domination. Écrits, occupations, rencontres et discussions animent aussi les constellations anti-autoritaires et anarchistes sur ces questions, croisant ou confrontant des perspectives écolos, révolutionnaires, anticivilisationnelles, nihilistes…

Mais si depuis quelques années des textes posent le rapport au genre comme un élément central de la civilisation, on constate avec (beaucoup de) regret que cette question est encore trop souvent absente, voire que les perspectives queer sont carrément attaquées dans nombre d'écrits contre la technologie issus des espaces francophones.

Au départ, il y a l'idée que la technologie est un instrument majeur de la domination : à la fois outil de contrôle et produit des diverses oppressions nécessaires à son développement (par exemple des divers processus coloniaux absolument nécessaires à l'extractivisme et aux matériaux de nos chères technologies quotidiennes).
Cependant la domination, imposant exploitation et discipline, c'est aussi la séparation des vivant.es en catégories nommables, territorialisées, comme les enclosures des terrains agricoles, et réparties hiérarchiquement. Les corps, opposés et arrachés à l'esprit, sont réduits à leurs fonctionnalités (re)productives, devenant alors outil de travail et rouage de la machine - qu'on appelle État, capitalisme ou léviathan. On les classe et on les enferme dans des catégories (genrées, classistes, racistes, âgistes, validistes ...) avec les hiérarchies qui en découlent.

Au fil de nos échanges, de nos expériences et de nos lectures, nous arrivons à un constat commun : si la technologie est un moyen pour la civilisation de nous maintenir enchaîné.es, la production du genre est partout dans le processus de domestication, imposé par les institutions, mais que chacun.e d'entre nous perpétue, à différents degrés, depuis on-ne-sait-quand. Nous ne souhaitons pourtant aucun retour à un prétendu âge d'or de liberté, et ne fantasmons aucune nature, humaine ou non. La lutte contre le genre nous semble être un plongeon dans l'inconnu, alors pourquoi ne pas tenter d'en explorer certains recoins ensemble ?

Plusieurs questions guident ces réflexions : Comment faire vivre des perspectives de lutte contre le genre dans une critique anti-industrielle contre la technologie ? Comment y insérer d'autres pans de nos luttes ? Quels pourraient être des points de jonction, en théorie et en pratique ?

Que les moteurs de nos luttes soient la rage, la passion pour la destruction, une certaine éthique, ou le simple besoin d'agir maintenant, ils se situent toujours dans une perspective anarchiste : qui se positionne en paroles et en actes pour la libération de toute forme d'oppression, et où les moyens font partie de la fin.
Pour expliciter ce "nous" utilisé ici, il ne décrit pas un groupe défini. Sans nécessairement nous connaître très bien, nous nous sommes retrouvé.es sur ces sujets autour de certains refus : des perspectives autoritaires, dirigistes ou réformistes, comme des contenus qui nous semblent glisser vers des formes de complotisme, ou encore d'exaltation du validisme et d'un pseudo « ordre naturel ». Nous ne partageons pas l'idée selon laquelle certaines luttes contre la domination seraient absolument prioritaires sur d'autres. C'est pour détruire l'ensemble des oppressions que nous voulons agir.

À partir de ça, et de bien plus, est née l'envie d'écrire et de recueillir des textes, des récits, des traductions, des dessins, bref ce qui plaira - déjà existants ou créés spécialement pour l'occasion - qui mêlent luttes contre le genre et la tech, expériences et réflexions queer et anticivilisationnelle, qui cherchent comment et où s'imbriquent patriarcat et technologies, pour mieux les remettre en cause et les attaquer ensemble.

Nous ne prétendons pas apporter des réponses définitives et consensuelles, et encore moins une quelconque Vérité universelle. Nous aimerions que les contributions à ce recueil suscitent la réflexion et le débat, toujours dans des perspectives émancipatrices.
Toutes les contributions ne seront probablement pas retenues et publiées, mais on prendra le temps d'en discuter et de répondre.
Parce que nous voulons ouvrir un espace de discussion, et nous sentir moins seul.es, nous nous lançons dans cette aventure sur papier, avec toi si tu le souhaites ! Tu peux envoyer ta contrib à contrib-antigenreantitech@riseup.net avant le 15 novembre 2025. Pour l'instant aucune date de publication n'a été fixée, mais on essaiera d'envoyer des retours maximum fin décembre.

contrib-antigenreantitech@riseup.net

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