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Rubrique «À LIRE AILLEURS»

▸ les 10 dernières parutions

28.12.2025 à 08:00

Appel à un Cortège Internationaliste le 10 janvier 2026

Le 10 janvier 2026, nous allons commémorer deux attentats qui ont visé le peuple kurde en plein Paris, une première fois en 2013 et une seconde fois en 2022. Aujourd'hui encore, les véritables responsables ne sont pas poursuivis et les véritables responsables ne sont pas inquiétés. Le 10 janvier 2026 à 10h à Gare du Nord, retrouvons-nous pour exiger Justice & Vérité sur les deux attentats.

Texte intégral (629 mots)

Le 10 janvier 2026, nous allons commémorer deux attentats qui ont visé le peuple kurde en plein Paris, une première fois en 2013 et une seconde fois en 2022. Aujourd'hui encore, les véritables responsables ne sont pas poursuivis et les véritables responsables ne sont pas inquiétés. Le 10 janvier 2026 à 10h à Gare du Nord, retrouvons-nous pour exiger Justice & Vérité sur les deux attentats.

Appel du 10 janvier 2026

Nous n'oublions pas ➡️ C'était le 9 janvier 2013 et le 23 décembre 2022, que deux attentats frappaient le coeur de Paris.

À deux reprises, trois militant·e·s kurdes étaient brutalement assassiné·e·s.

Le 9 janvier, c'est Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez qui sont victimes d'un triple féminicide commis par un agent infiltré du MIT (services secrets turcs). Presque dix ans plus tard, c'est Evîn Goyî, Mîr Perwer et Abdurrahman Kizil qui sont assassiné·e·s au Centre culturel kurde Ahmet Kaya.

Sakine Cansiz (Sara) était, notamment avec Abdullah Öcalan, l'une des sept fondatrices du PKK (le Parti des travailleuses et des travailleurs du Kurdistan, mouvement de libération kurde). Après avoir subi la torture dans les geôles turques, elle a été à l'origine de la création des unités armées de femmes (YJA-Star). Fidan Dogan (Rojbîn), responsable dans la diplomatie du CIF (Centre d'information sur le Kurdistan), était en contact régulier avec les organisations de la gauche française mais aussi les représentant·e·s de l'État. Leyla Şaylemez (Ronahî) était une jeune militante, organisée dans la branche de la jeunesse. Tout comme Sakine Cansiz, Evîn Goyî était une des pionnières de la révolution des femmes. Elle a combattu dans les quatre parties du Kurdistan et avait été blessée au Rojava. Mîr Perwer, chanteur reconnu, avait demandé l'asile en France pour pouvoir chanter dans sa langue. Abdurrahman Kizil s'était lui réfugié dans le pays après avoir fui son village attaqué par l'armée coloniale turque.

Nous vous invitons à rejoindre la marche le samedi 10 janvier 2026 et vous joindre au Cortège Internationaliste.

Pour signer l'appel à manifester et rejoindre le Cortège merci d'annoncer la participation de votre organisation et si vous souhaitez faire une prise de parole en fin.

Réseau SERHILDAN - Zora - Young Struggle

Contact pour signer l'appel :

  • contact@serhildan.org
  • youngstruggleparis@protonmail.com
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27.12.2025 à 19:11

Rassemblement de soutien aux prisonniers en grève de la faim de Palestine Action UK

samedi 27 déc. 19:00 / place d'Estienne d'Orves 75009 / rassemblement de soutien aux prisonniers en grève de la faim de Palestine Action UK

Lire la suite (276 mots)

samedi 27 déc. 19:00 / place d'Estienne d'Orves 75009 / rassemblement de soutien aux prisonniers en grève de la faim de Palestine Action UK

✊ Soutien international aux prisonniers britanniques en grève de la faim

Des militant·es sont aujourd'hui emprisonné·es et en grève de la faim pour avoir dénoncé des complicités dans les crimes commis contre le peuple palestinien.Leur lutte est une lutte pour la justice, la dignité et le respect du droit.

📍 Rassemblement déclaré

🗓 samedi 27 décembre

⏰ 19h00

📌 place d'Estienne d'Orves 75009 ⓂSaint-Lazare

Nous exigeons que le gouvernement britannique prenne ses responsabilités.

La solidarité n'est pas un crime. Le silence, oui.

➡️ Venez nombreuses et nombreux.

➡️ Partagez largement.

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27.12.2025 à 13:12

Le 27 décembre 1821, naissance de Joseph Dejacques à Paris

Il y a près de 200 ans, naissait à Paris Joseph Dejacques.
Socialiste anti-autoritaire et véritable premier militant « libertaire » (mot dont il est l'inventeur), il a posé une réflexion sur l'individu dans la societé.

Texte intégral (1522 mots)

Il y a près de 200 ans, naissait à Paris Joseph Dejacques.
Socialiste anti-autoritaire et véritable premier militant « libertaire » (mot dont il est l'inventeur), il a posé une réflexion sur l'individu dans la societé.

Orphelin de son père, il est élevé par sa mère, lingère.
Entré en 1834 comme apprenti, il devient, en 1839, commis de vente dans un commerce de papier-peint.
En 1841, il s'engage dans la Marine, découvre l'Orient mais aussi l'autoritarisme militaire. De retour à la vie civile en 1843, il exerce comme commis de magasin, mais son indépendance d'esprit s'accomode mal de l'autorité patronale.

En 1847, il commence à s'intéresser aux idées socialistes, compose des poèmes dans lesquels il appelle à la destruction de toute autorité par la violence, et collabore au journal « L'Atelier ».
L'Insurrection parisienne de février 1848 met fin à la monarchie de Louis-Philippe, mais très vite l'alliance des bourgeois républicains et du prolétariat ouvrier vole en éclats [1]

Dejacque publie en mars un poème de 4 pages « Aux ci-devant dynastiques, aux tartuffes du peuple et de la liberté » dans laquelle il se fait le porte parole des aspirations ouvrières.
Il fréquente le « Club de l'Atelier » puis le quitte ensuite pour militer au sein du « Club de l'émancipation des femmes ».
En avril, les premiers affrontements ont lieu entre les forces de la bourgeoisie qui ont proclamé « La République honnête » et les ouvriers socialisants. Au chomâge, Dejacque s'inscrit le 10 mai aux « Ateliers Nationaux ».

Le 15 mai, l'Assemblée Constituante est envahie par les ouvriers, mais les principaux responsables socialistes sont arrêtés.
Le 22 juin, les « Ateliers nationaux » sont supprimés, marquant la fin de la tentative de réalisation socialiste par l'organisation du travail. L'insurrection ouvrière éclate aussitôt. Les ouvriers occuperont (jusqu'au 25 juin) la moitié de la ville aux cris de « Vive la révolution sociale ».

Barricade de la rue St Maur, Juin 1848

La répression est terrible, l'armée (républicaine) usant de l'artillerie, massacre trois mille insurgés. Quinze mille sont arrêtés et déportés sur les pontons de Cherbourg et de Brest. Dejacque est parmi eux, bien qu'il n'ait pas participé directement à l'insurrection.
Libéré en 1849, il rejoint Paris et, en août 1851, publie « Les Lazaréennes, fables et poésies sociales » qui lui valent aussitôt une condamnation à 2 ans de prison et 200 fr d'amende.
Dejaque passe en Belgique, puis se fixe à Londres où il se lie à Gustave Lefrançais avec qui il fonde une société d'entraide ouvrière « La Sociale ».
A la fin de l'année, il est à Jersey où il ne rate aucune occasion de pourfendre les républicains (contraints à leur tour à l'exil par Louis Bonaparte). En 1854, il rejoint la colonie française de New York, où il publie la brochure « La Question révolutionnaire ».
En 1855, il signe le manifeste inaugural de l'A.I.T [2], puis se fixe à la Nouvelle-Orléans où il écrit « l'Humanisphère, utopie anarchique », et prend la défense des femmes dans une lettre à Proudhon.

En 1858, il retourne à New York où il commence le 9 juin la publication du journal « Le Libertaire ». En 1861, découragé, il rentre en France à la faveur de l'amnistie de 1860.
Mais, dans la misère, il sombre dans la folie et meurt à Paris en 1864.

"Privilégiés ! - pour qui a semé l'esclavage, l'heure est venue de récolter la rébellion.
Il n'est pas un travailleur qui, sous les lambris de sa cervelle, ne confectionne clandestinement quelques pensées de destruction.
Vous avez, vous, la baïonnette et le Code pénal, le catéchisme et la guillotine ; nous avons, nous, la barricade et l'utopie, les sarcasme et la bombe."
l'Humanisphère, utopie anarchique.


[1] Sur la période on pourra relire avec plaisir Les luttes de classes en France, de Karl Marx dont on a un aperçu ici.

[2] Pour en savoir plus sur cette internationale on pourra lire un texte de Zones subversives ou le livre de Matthieu Léonard « L'émancipation des travailleurs. Une histoire de la première internationale ».

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26.12.2025 à 18:30

24 décembre 1923 : Germaine Berton, acquittée pour ne pas en faire une martyre

Le 24 décembre 1923, près d'un an après l'assassinat de Maurice Plateau, membre de l'organisation d'extrême droite royaliste les « camelots du roi », Germaine Berton, jeune anarchiste de 21 ans, est acquittée.

Texte intégral (2169 mots)

Le 24 décembre 1923, près d'un an après l'assassinat de Maurice Plateau, membre de l'organisation d'extrême droite royaliste les « camelots du roi », Germaine Berton, jeune anarchiste de 21 ans, est acquittée.

Portrait de Germaine Berton entouré de ceux des membres du mouvement surréaliste
Paru dans le numéro 1 de la Révolution surréaliste

Après un parcours déjà tumultueux, marqué par la répression syndicale, parfois la prison, [1] Germaine Berton, jeune provinciale récemment montée à Paris, décide de frapper un grand coup :

Le 22 janvier 1923, ayant pénétré dans les locaux de l'Action française, elle abattit de plusieurs balles Maurice Plateau, chef des Camelots du roi, faute de pouvoir atteindre Léon Daudet, puis retourna l'arme contre elle, mais ne parvint qu'à se blesser. À la police venue l'arrêter, elle déclara qu'elle avait voulu venger Jaurès, Almereyda et protester contre l'occupation de la Ruhr. [2]

Les camelots du roi remplissaient le rôle de service d'ordre de l'Action Française, mouvement royaliste, antisémite et fasciste, et étaient impliqués dans de nombreuses rixes qui faisaient parfois des victimes. Quand à leur chef Maurice Plateau, c'était un ancien combattant, heureux de s'être fait amocher dans les tranchées.

Près d'un an après cet assassinat, le 24 décembre 1923, Germaine Berton est acquittée.

Comment, pour une fois, la justice a t-elle pu faire preuve de compréhension envers un acte de violence politique ?

L'institution judiciaire n'a pas, par cet acquittement, cherché à légitimer l'acte de Germaine Berton, mais a voulu désamorcer une tension qui aurait pu se cristalliser autour de la personne de la jeune anarchiste. En effet, juste après l'assassinat, des membres de l'Action française avaient attaqué des journaux anarchistes et même tenté de s'en prendre aux locaux de l'Humanité. Et Germaine Berton bénéficiait d'un fort soutien du mouvement anarchiste ainsi que du mouvement surréaliste.

L'Action française était un mouvement très violent, appelant à la haine raciale, antirépublicain, ce qui venait peut-être légitimer jusqu'aux yeux de la justice une certaine violence en retour.

Il s'agissait aussi pour l'institution judiciaire de se faire racheter pour l'acquittement de Raoul Villain, l'assassin de Jaurès, qui put se la couler douce jusqu'en 1936, date à laquelle les anarchistes espagnols débarquèrent à Ibiza et lui réglèrent son compte. L'acquittement de Villain, qui avait eu lieu en pleine ferveur patriotique, paraissait désormais, après la boucherie, impardonnable.

Enfin, le sexisme dominant permettait de justifier à bon compte un acquittement : la jeune femme, tout juste majeure, fut considérée comme irresponsable. Le tribunal privait ainsi le mouvement anarchiste d'une martyre potentielle, et désamorçait efficacement la dynamique qu'elle avait pu enclencher.

Les surréalistes face à l'affaire Germaine Berton

En 1923, éclate l'affaire Germaine Berton : le 23 janvier, une jeune militante anarchiste tue le « camelot du roi » Maurice Plateau, secrétaire de rédaction à l'Action française, dans les locaux du journal, d'un coup de revolver. Une deuxième affaire vient se greffer sur la première, lorsque Philippe Daudet, fils de Léon Daudet, rédacteur en chef de l'Action française, est retrouvé mort dans un taxi. Plusieurs versions se répandent sur la mort du jeune homme, âgé de seize ans : il serait monté dans un taxi, en sortant de la librairie anarchiste, gérée par un nommé Le Flaouter, et, à l'instant où il passait devant la fenêtre de la cellule de Germaine Berton dont il était amoureux, il se serait tiré un coup de revolver. Selon une deuxième version, il s'agirait d'un crime policier, Le Flaouter ayant été un indicateur de la police. Comme le souligne José Pierre, les surréalistes optèrent pour la première version : « Germaine Berton n'est donc pas seulement celle qui tue, mais celle pour qui l'on se tue ». Dès le début des événements, les surréalistes vont manifester leurs sympathies envers la jeune femme. dans Littérature de février-mars 1923 Aragon justifie l'acte terroriste de la militante :

À une époque où toute liberté est laissée à une fraction, sous le chantage de sentiments qui flattent ce qu'il y a de plus bas dans une nation, d'exprimer partout et en tous termes une doctrine d'arbitraire et de dictature, la provocation part de ceux qui, à tout instant, menacent chez autrui cette liberté qu'on leur laisse ; et si un individu prend conscience de cette monstrueuse inégalité, de la vanité de toute parole devant la puissance grandissante d'une telle fraction, je tiens cet individu pour autorisé à recourir aux moyens terroristes, en particulier au meurtre, pour sauvegarder, au risque de tout perdre, ce qui lui paraît, à tort ou à raison, précieux au delà de tout au monde

André Breton déclare que, pour lui, « l'opinion de Germaine Berton est infiniment plus considérable que celle de Monsieur Gide ». En décembre, lors du procès de la meurtrière, Breton ne pense qu'à elle, voit en elle l'incarnation de la révolution et de l'amour. Après son acquittement, Breton, Aragon et Max Morise vont lui porter une corbeille de roses et d'œillets rouges, accompagnés de ces mots : « À Germaine Berton, qui a fait ce que nous n'avons su faire ». Enfin, dans le numéro 1 de La Révolution surréaliste, parait le portrait de la jeune anarchiste, entouré de ceux des surréalistes, alors qu'un peu plus loin Aragon déclare se « prosterner simplement devant cette femme en tout admirable qui est le plus grand défi que je connaisse à l'esclavage, la plus belle protestation élevée à la face du monde », et rend hommage à l'absolue liberté dont elle a témoigné. Quand au suicide du jeune Daudet, il ne laissa pas non plus indifférents les surréalistes. A la suite de l'article de G. Vidal, gérant du Libertaire : « La mort tragique de Philippe Daudet », Aragon remit au journal un court texte, signé par le groupe :

Monsieur, Nous vous félicitons hautement de votre article : « La mort tragique de Philippe Daudet », paru dans Le Libertaire. Nous ne faisons pas partie de votre milieu, ce qui ne nous empêche pas d'admirer le courage dont vous faites preuve. Nous sommes de tout cœur avec Germaine Berton et Philippe Daudet : nous apprécions à sa valeur tout véritable acte de révolte.

[...]
L'acte de la jeune anarchiste renvoie à la célèbre phrase du Second Manifeste : « L'acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu'on peut dans la foule ». À ceci près qu'il ne s'agit pas ici de tirer au hasard mais d'abattre un responsable de l'Action française. C'est le geste de G. Berton, et non son appartenance au milieu libertaire, qui est glorifié par les surréalistes : célébration de la révolte donc, de la révolte individuelle, dirigée contre les représentants de la réaction, et non ralliement à l'anarchisme. En effet, Aragon laisse entendre que le geste de cette femme dépasse la doctrine dont elle se réclame. Il craint que son acte ne soit sous-estimé par ses compagnons ; car, pour les militants anarchistes, l'acte de révolte, ou la « propagande par le fait », est certes légitime, mais n'est qu'une des manifestations de la lutte contre l'ordre social qui en comprend bien d'autres et notamment la plus porteuse d'espérance : la révolte collective, prélude indispensable à la Révolution. Devant cette « minimisation », Aragon ne peut ressentir qu'une « honte » car, pour lui, cet acte individuel, manifestation suprême de l'individu, est le plus légitime acte de révolte. Ainsi s'inquiète-t-il devant d'éventuelles réticences de la part des anarchistes. la réaction d'Aragon est hautement significative : elle sous entend que l'anarchisme est jugé médiocre et que l'acte de révolte individuelle est glorifié au plus haut point. D'autres réactions viennent étayer cette thèse : pour Breton, l'acquittement de la jeune femme paraît retirer au geste sa valeur d'acte de révolte. Par ailleurs, leur absence de réaction devant les actes de révolte collectifs démontre leur manque d'intérêt pour le mouvement révolutionnaire : à l'inverse, ce sont d'autres actes de révolte qui ont retenu leur attention : les exploits de la Bande à Bonnot, ceux d'Emile Henry...

extrait de Parcours politique de surréalistes, Carole Reynaud Paligot.


[1] Née le 7 juin 1902 à Puteaux (Seine), suicidée à Paris le 4 juillet 1942 ; ouvrière métallurgiste ; syndicaliste et anarchiste.

Fille d'un mécanicien républicain et franc-maçon et d'une institutrice congréganiste très pieuse, Germaine Berton obtint le certificat d'études et fréquenta l'école des Beaux-Arts à Tours, puis devint ouvrière. En 1918, elle participa à la reconstitution du syndicat des Métaux à Tours. Elle fut ensuite renvoyée de l'usine Rimailho de Saint-Pierre-des-Corps pour son action syndicale. Son patron, Coste, la surnommait « la vierge noire ».

En 1920, elle fut secrétaire adjointe du comité syndicaliste révolutionnaire de Tours. Brièvement adhérente au PCF, elle écrivit des articles violents dans Le Réveil d'Indre-et-Loire, puis passa à l'Union anarchiste et au Comité de défense sociale.
Arrivée à Paris en octobre 1921, elle fut condamnée le 22 novembre à trois mois de prison pour avoir giflé le secrétaire du commissaire de police du quartier Saint-Gervais. Le dimanche 30 juillet 1922, elle prit part à la grande manifestation du Pré-Saint-Gervais pour l'amnistie des marins de la mer Noire. Lors des affrontements qui s'ensuivirent à Belleville, elle fut blessée d'un coup de sabre. En août, elle fut condamnée à quinze jours de prison pour port d'arme prohibé.

tiré de : Les Anarchistes, dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone (Maitron)

[2] Les Anarchistes, dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone (Maitron)

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24.12.2025 à 08:00

Les désertions continuent sur les fronts de la guerre entre la Russie et l'Ukraine

Bien que la désertion massive de personnel des forces armées ukrainiennes soit déjà devenue l'un des plus grands actes de désobéissance civile de l'histoire du pays depuis 1991, les médias étrangers restent presque totalement silencieux sur le sujet.

Texte intégral (6351 mots)

Bien que la désertion massive de personnel des forces armées ukrainiennes soit déjà devenue l'un des plus grands actes de désobéissance civile de l'histoire du pays depuis 1991, les médias étrangers restent presque totalement silencieux sur le sujet.

Depuis la fin de l'année dernière, le nombre de poursuites pénales au titre des articles 407 (abandon non autorisé d'une unité militaire, ou SZCh) et 408 (désertion) du Code pénal ukrainien est resté stable, à environ 17 000 par mois. Au cours des huit premiers mois de 2025, 142 711 procédures pénales ont été enregistrées au titre de ces articles, et depuis le début de l'invasion à grande échelle [24 février 2022], au 1er septembre 2025, un total de 265 843 affaires ont été enregistrées en Ukraine.

Afin de réduire au moins dans une certaine mesure ce flux, le Parlement ukrainien a approuvé le 4 septembre en première lecture le projet de loi n° 13260, rétablissant la responsabilité pénale des déserteurs militaires. Auparavant, il était possible d'échapper aux poursuites en retournant volontairement au service militaire. Cette disposition a été prolongée à plusieurs reprises jusqu'à son expiration le 30 août 2025. Le projet de loi propose désormais de supprimer la capacité pour le tribunal d'appliquer des mesures visant à atténuer la peine. Dans son interview accordée en septembre à Sky News, le Boucher suprême a déclaré que l'Ukraine n'envoyait plus son personnel militaire se former à l'étranger, où tant de soldats ont disparu des camps d'entraînement et ont bénéficié d'une protection.

La nature de ce phénomène est révélée par des témoignages vérifiés, publiés en exclusivité par Assembly cet été. Voici le témoignage de la région de Vinnytsia sur l'envoi d'anciens membres du SZCh envoyés dans des unités d'assaut, c'est-à-dire vers une mort certaine :

« Eh bien, chers amis et frères d'infortune, je me retrouve pour la deuxième fois dans cet enfer. Cette fois, [ils m'ont attrapé alors que] je ne faisais pas une randonnée [pour traverser la frontière], mais simplement dans la rue. Les flics m'ont poursuivi, m'ont coupé la route, puis m'ont emmené au Military Law-Enforcement Service [Police militaire]. Ça ne m'est pas arrivé parce que je menais la belle vie ; j'allais au travail et je me suis fait prendre. Et puis ça a été un véritable enfer, il n'y a pas d'autre façon de le décrire. Ils nous ont traités pire que des animaux, fumer n'était autorisé que sous surveillance et à des heures strictes, il n'y avait ni téléphone, ni possibilité d'appeler, etc. Je ne parlerai pas de la nourriture ou de l'hébergement, même si je ne peux pas dire que j'ai vraiment crevé de faim.

Puis un matin, des représentants [de l'armée] sont arrivés, ont parlé avec éloquence et nous ont invité à servir la patrie. Presque tout le monde a refusé. Puis un bus est arrivé et [ils nous ont emmené] au centre de dispatchin.

Des baraquements, des gardes armées de fusils automatiques tout autour du périmètre, plusieurs personnes à la fois vont au magasin sous bonne garde, à nouveau des représentants [de l'armée], et vous refusez, mais ils vous emmènent quand même et vous envoient dans les baraquements pour attendre votre transfert.

Les formations ont lieu presque toutes les deux heures, et tu attends, le cul serré, que ta brigade soit appelée, dans l'espoir de rester un jour de plus à la caserne et enfin sortir de ce pétrin.

Il y a d'autres gars autour de toi, les yeux qui scrutent dans toutes les directions, cherchant une issue tout comme toi, mais plus tu traînes dans l'enceinte, plus cet espoir s'estompe…

Tout le monde comprend parfaitement que toutes les brigades auxquelles il a été affecté sont des forces d'assaut aéroportées, et que vous n'avez probablement plus longtemps à vivre. Comme l'a dit l'un d'eux : « Les gars, vous n'aurez pas de formation militaire de base ; trois ou quatre jours maximum pour vous préparer, et après, vous partez. »

Je ne sais pas comment le décrire en un mot. J'ai entendu tellement d'histoires sur ce qui se passe sur le front, c'est tout simplement horrible… Je me suis échappé, miraculeusement échappé ! Je ne vous dirai pas comment, je dirai juste que c'était incroyablement osé et stupide, mais ça a marché. J'ai juste réalisé que je n'avais pas d'autre choix et que je devais prendre le risque. Je n'ai pas rejoins l'unité militaire 7020 [un bataillon de réserve du district de Gaisyn], j'étais dans le village de Rakhny. On ne peut pas s'enfuir de là comme ça, sauf en essayant la nuit. Les choses ont un peu changé ces derniers temps. Avant, disaient les enfants, on pouvait appeler un taxi, aller au magasin et partir.

Tous ceux qui étaient là-bas étaient SZCh. Le gars a essayé d'y aller, mais ils l'ont envoyé au 225e [Régiment d'assaut]. J'ai refusé partout ; ils m'ont littéralement traîné par la main. Ce que je veux dire à ceux qui sont déjà dans le SZCh : les gars, ne prenez pas de risques inutiles. On ne sait jamais où l'on va se retrouver la deuxième fois ni comment ça pourrait finir. Paix et plein de bonnes choses à tous. Tôt ou tard, tout cela finira. Bien sûr, j'aimerais que cela soit le plus tôt possible.

Le sort des fugitifs qui ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de franchir la frontière après s'être échappés est particulièrement tragique. Cet interlocuteur d'Odessa a été capturé cet été juste à la frontière avec la République moldave de Transnistrie, non reconnue, où, deux mois plus tard, un garde-frontière ukrainien a abattu un réfugié civil :

Là où j'étais, il y avait une clôture qui m'arrivait à la taille, puis une clôture de barbelés, et au-delà, un fossé. J'ai simplement sauté par-dessus la première. La clôture était grillagée, avec des barbelés à hauteur de taille et sur le dessus. Je l'ai simplement escaladée, sans rien jeter d'en haut. J'ai attrapé le support supérieur avec ma main, j'ai marché sur les barbelés qui m'arrivaient à la taille, j'ai grimpé, puis j'ai sauté par-dessus.

Les gardes-frontières étaient même surpris que la clôture ne soit pas endommagée. Il me suffisait de sortir du fossé pour être libre, mais ils m'ont vu et m'ont sorti de là. J'ai eu la malchance de me retrouver à une cinquantaine de mètres de l'endroit où ils étaient postés. J'étais en train de sauter par-dessus la clôture, ils m'ont entendu, ont crié « Stop ! », j'ai couru et je suis tombé dans un fossé d'environ cinq mètres de haut et six mètres de large. Résultat : une côte cassée ou fêlée.

Je n'étais pas à l'hôpital, donc je n'en suis pas sûr. Ils m'ont emmené à la Police militaire, où j'ai passé trois jours. Lorsque j'ai été emmené chez l'enquêteur, je me suis échappé et je me remets maintenant chez moi pour la prochaine tentative.

Un fugitif mobilisé vivant à Kharkiv parle avec éloquence de la situation sociale des nouvelles recrues de l'armée :

C'est très dur pour les sans-abri maintenant ; les bureaux de recrutement militaire les raflent presque tous, spécifiquement… J'ai moi-même voyagé récemment en minibus. Il y avait deux toxicomanes, deux sans-abri, un homme pauvre et un autre qui parlait tout seul. En gros, si j'ai bien compris, c'est parce qu'ils essaient de les rafler dans des endroits peu fréquentés, tôt le matin, dans des cours, derrière des garages, etc. Et c'est comme ça qu'ils rassemblent ce contingent. C'est un véritable zoo, et là dedans, les sans-abri sont les plus normaux. Le recrutement, bien sûr, est incroyable ; on sent vraiment la victoire toute proche...

Il y a un an, ils laissaient partir les gens s'ils voyaient le moindre problème. Mais maintenant, ils raflent tout le monde ; seuls les personnes problématiques restent. Il n'y a plus de combattants volontaires ; tout ne tient qu'à un fil et peut s'effondrer à tout moment, même si l'acteur [Zelensky] et sa bande ne le comprennent pas. […] Il ne reste plus que quelques-uns de ceux qui combattent depuis 2022. Tout le monde cherche un moyen de quitter le service, sous n'importe quel prétexte : il y a 200 000 hommes SZCh.

Les plus jeunes, ceux qui ont encore des bras et des jambes, fuient. Ceux qui restent sont les pauvres et les sans-abri, souffrant de nombreuses maladies. Ils sont notre seul espoir, mais quelque chose me dit que vous ne tiendrez pas longtemps à les combattre. Ils sont démotivés ; c'est juste plus difficile pour un sans-abri de s'échapper ; ils n'ont nulle part où aller et ont peur. Alors ils restent. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est boire pendant leur permission. Malheureusement, les sans-abri sont souvent envoyés dans de sales unités, d'où il est tout simplement plus difficile de s'échapper. »

L'histoire suivante, racontée par un travailleur d'un entrepôt de Kharkiv à propos de son camarade qui est revenu dans la ville l'année dernière après avoir quitté le front de Zaporozhye avec toute sa compagnie et son commandant, illustre également comment la dispersion et la passivité des soldats ukrainiens déserteurs les empêchent de développer leur potentiel révolutionnaire, malgré leur nombre considérable et leur expérience du combat :

Il a été « busifié » [embarqué dans la rue, enrôlé de force et envoyé au front] en 2023. Il y est resté environ un an. On pensait que c'était fini pour lui ; il a été discret et intimidé toute sa vie. Il réapparaît, et tout le monde est sous le choc. Il va bien. C'est un orphelin qui a grandi en orphelinat. Avant la guerre, il avait acheté une chambre dans un appartement partagé. Personne ne le recherche. Il ne va nulle part. Il ne travaille pas. Il a un peu d'argent. Il l'a probablement gagné. Et de combien a-t-il besoin, après tout ? Juste de quoi manger. Il court faire les courses le soir et reste tranquillement assis dans sa chambre. Il a toujours le choix. Et, en général, seuls les chiens sont utiles ; les humains travaillent. »

La désertion massive de l'armée a des racines profondes dans l'histoire ukrainienne, qui remontent à la colonisation des régions orientales du pays au XVIIe siècle. Les vastes territoires steppiques connus sous le nom de « Champs Sauvages », ainsi que les colons envoyés par l'administration de la Russie centrale, furent colonisés par des cosaques ukrainiens et des paysans fuyant l'oppression des seigneurs féodaux polonais, déterminés à n'obéir qu'à leurs atamans élus. Pendant un certain temps, ils bénéficièrent d'une autonomie et de privilèges vis-à-vis du gouvernement russe. Cet héritage se manifesta plus tard avec éclat lors de la révolution sociale de 1917-1918, qui suivit l'effondrement de l'armée tsariste. La dialectique de l'histoire reproduit en partie les deux étapes précédentes de la lutte des classes dans de nouvelles conditions. Cependant, la description de la situation aux États-Unis faite par le WSWS est clairement applicable à la situation actuelle en Ukraine :

« Le grand danger réside dans l'énorme fossé qui subsiste entre l'ampleur de ces complots et le niveau de conscience populaire de ce qui se passe. Cela doit changer. Les actions de Trump ne bénéficient pas d'un large soutien populaire. Le peuple américain dans son ensemble ne veut ni de dictature ni de fascisme. Le sentiment général est à l'opposition, mais celui-ci doit être mobilisé consciemment et collectivement. »

Tant que les déserteurs ukrainiens resteront une masse amorphe et silencieuse, vivant au jour le jour et ne faisant confiance qu'à leurs amis les plus proches, la roue de la mort continuera de tourner, tandis que de plus en plus de personnes seront kidnappées, davantage de celles qui ont réussi à s'échapper.

assembly.org.ua (Kharkiv.)

« Pourquoi et pour qui combattons-nous, si personne n'a besoin de nous ? » :

Mutineries et désobéissance dans l'armée russe

Au cours de l'année écoulée, l'armée russe a connu plusieurs cas très médiatisés de soldats qui se sont rebellés contre leurs supérieurs.
Octobre 2024  : les militaires russes de la région de Koursk ont ​​refusé d'obéir aux ordres de leurs commandants et de se lancer à l'assaut, se plaignant d'être traités comme de la chair à canon et envoyés vers des positions fortifiées des forces armées ukrainiennes.

Novembre 2024 : Dans l'une des unités militaires de la région de Novossibirsk, des militaires se sont mutinés et ont organisé une évasion. En réponse aux mauvais traitements infligés par leurs supérieurs, au refus de leur fournir des soins médicaux et, surtout, aux projets de les envoyer au front, dix militaires de l'unité du village de Kochenevo ont brisé des vitres, vandalisé le bâtiment de la caserne, puis ont quitté le village en taxi. Selon les autorités du district de Kochenevo, les forces de sécurité ont réussi à capturer quatre d'entre eux. Plus tard, le journal pro-Kremlin Mash a publié les descriptions des militaires, révélant leurs noms, prénoms et autres données personnelles.

Février 2025 : Une nouvelle rébellion éclate parmi les soldats russes refusant d'aller au front. Le 28 février, une centaine de soldats qui, pour différentes raisons, refusaient d'aller au front (certains d'entre eux, par exemple, marchent avec des béquilles en raison de blessures et souffrent également de troubles de la vue) ont été expulsés de la région de Tcheboksary. Ils sont embarqués de force dans des bus et hébergés dans un camp situé à 20 km de l'aéroport de la ville. Là, ils ont exigé d'être autorisés à rédiger un rapport de démobilisation, mais l'administration a décide de les forcer à monter dans un avion à destination de Rostov, d'où ils devaient être transportés vers le front. En réaction, ils se sont révoltés.

Avril 2025 : Le 18 avril, sur le territoire du commandement militaire de la garnison de Krasnodar, plus de 100 militaires arrêtés pour « abandon volontaire de l'unité », en apprenant que certains détenus étaient libérés contre de l'argent, ont organisé une mutinerie, ont brisé la clôture et se sont enfui, ce qui a conduit les autorités à organiser des patrouilles sur le territoire. Selon les proches des militaires, nombre d'entre eux étaient invalides. Cela a également été confirmé par des habitants locaux dans leurs commentaires sur cette nouvelle :

Ils ne sont pas tous là. Les garçons qui sont revenus du service militaire avec des blessures – beaucoup ont déjà clos leur dossier –, mais ils ne sont pas autorisés à partir. Non seulement ceux qui ont fui ou ne sont pas revenus à temps sont libérés, mais aussi ceux qui sont hospitalisés depuis longtemps, grâce à certains commandants. Nombre d'entre eux sont là avec des degrés d'inaptitude, mais nous devons nous en débarrasser ; pourquoi gâcher les nouveaux ? Ils ne les laissent pas rentrer chez eux, en violation du règlement intérieur. C'est pire que dans la région.

Juin 2025 : Près de la localité de Nizhnia Duvanka, dans la région de Louhansk, plusieurs déserteurs russes ont tué le commandant d'une section de police militaire et deux de ses subordonnés, après quoi ils se sont enfui du front.

La Voix des Anarchistes (Chaîne Telegram)

Entretien sur la situation actuelle des déserteurs de l'armée ukrainienne

Vladislav a déserté l'armée ukrainienne et vit désormais dans un pays européen. Nous lui avons posé quelques questions pour clarifier la situation actuelle des déserteurs.

1) Tu es un déserteur qui a fui le front ukrainien à travers les montagnes roumaines. Tu as réussi à te sauver, toi et ton chat. Comment tu sens-tu maintenant ? Vous allez bien tous les deux ?

"Bonjour. Globalement, bien mieux qu'en Ukraine. Certes, je subis parfois des attaques de la part des agents du SBU [Service de sécurité de l'Ukraine], notamment des provocations et des insultes à caractère politique, mais les résidents de l'UE me traitent très bien ; je n'ai constaté aucune violation de mes droits par des citoyens de l'UE pendant toute la durée de mon séjour. En juillet 2025, mon chat Persik est sorti se promener dans la rue et n'est pas revenu. Ce n'est qu'après avoir enregistré sa puce électronique que le refuge pour animaux m'a contacté pour m'informer que, d'après la personne qui l'avait amené au refuge, mon chat Persik avait été renversé par une voiture. Cependant, les blessures corporelles constatées sur lui pourraient indiquer qu'il s'agissait d'un acte intentionnel. Je suis en train de rassembler des preuves. Mais globalement, le chat est vivant et en bonne santé, et ne présente aucune séquelle."

2) L'enrôlement forcé dans l'armée est en vigueur en Ukraine. Beaucoup d'hommes refusent de servir dans l'armée. Nombreux sont ceux qui souhaitent également déserter. Avez-vous des conseils à leur donner ?

Oui. À votre arrivée au centre de recrutement, refusez de vous soumettre à un examen médical pour déterminer votre aptitude au service militaire. Si la situation est critique, je recommande de simuler des troubles mentaux, par exemple en souillant votre cellule avec vos excréments. Personnellement, en Ukraine, j'avais toujours sur moi une lame de rasoir pour me couper les veines au cas où on m'enverrait dans un centre d'entraînement de l'armée ukrainienne. Ces moyens sont efficaces : les employés du centre d'entraînement sont obligés d'envoyer la personne passer un examen psychiatrique, ce qui augmente les chances de fuite. Je n'incite personne à s'automutiler. On peut sortir de l'hôpital psychiatrique, mais pas d'un cercueil. Personnellement, si je finissais par être interné dans un centre d'entraînement, j'avais prévu de me couper les veines et de souiller les locaux du centre avec mes excréments. Depuis mon enfance, je souffre de deux maladies : un trouble obsessionnel-compulsif et un syndrome du déficit de l'attention avec hyperactivité, mais en Ukraine, ces pathologies ne suffisent pas à vous exclure du service militaire. Après, les militaires sont étonnés que de tels individus tirent sur des commandants de l'armée. Or, le simple fait que ces individus aient accès à des armes peut inciter à leur utilisation, même en cas de simple offense de la part des gradés de l'armée.

3) Comment les Européens peuvent-ils aider les déserteurs ?

Les citoyens de l'UE aident déjà beaucoup les déserteurs. Mais, sur le plan juridique, une décision de l'UE sur l'irrecevabilité de l'extradition et de l'expulsion des déserteurs contribuerait à éviter les tortures auxquelles ces personnes sont soumises en Ukraine. Je conviens que les délinquants ayant commis des crimes avant de fuir l'Ukraine doivent être punis. Cependant, la jugement rendu par le tribunal ukrainien peut être exécutée sur le territoire de l'UE. Cela constituerait une garantie contre les persécutions politiques. L'Ukraine et la Russie s'inspirent des pratiques du KGB soviétique et utilisent des affaires datant d'il y a dix ans pour faire pression sur les indésirables. En outre, ces pays peuvent fabriquer des affaires criminelles pour faire pression et mettre fin à des actions qui ne plaisent pas à ces régime totalitaire. J'exhorte l'UE à ne pas reconnaître les condamnations prononcées par les tribunaux russes et ukrainiens contre des hommes pendant la guerre. Ces affaires sont souvent motivées par des raisons politiques.

4) En Ukraine, le projet d'une nouvelle loi est actuellement débattu en Ukraine. Elle aggravera la situation des déserteurs ayant fui vers l'Europe. Que prévoit exactement cette loi ?

Oui. La Première ministre ukrainienne Ioulia Sviridenko, dont le frère a fait défection à Londres pendant la guerre, a déposé à la Verkhovna Rada un projet de loi qui pénalise la fuite d'Ukraine et le non-rapatriement des déserteurs dans les 90 jours à compter de l'adoption de la loi. L'objectif est de transférer la compétence sur ces affaires pénales au SBU et de proposer de les juger par contumace. En fait, le régime totalitaire ukrainien prévoit d'assimiler la fuite hors d'Ukraine à une trahison envers l'État, à la participation au crime organisé ou à des crimes contre la paix et la sécurité mondiales. Cela démontre que le SBU commence à ressembler au KGB de l'URSS et est utilisé pour exercer des pressions sur ceux qui ne plaisent pas au régime totalitaire ukrainien. Hier, la Verkhovna Rada a accordé au SBU le droit de présenter de sa propre initiative des projets de loi au Conseil des ministres ukrainien, ce que je considère comme une usurpation du pouvoir d'État, car, selon la Constitution ukrainienne, l'élaboration des lois relève de la compétence exclusive de la Verkhovna Rada. En fait, le régime ukrainien permet au SBU de soumettre des lois qui profitent au régime, ce qui est inacceptable pour un organe du pouvoir exécutif.

Afin d'éviter la persécution des déserteurs, je suis en train de créer l'Ordre de la Résistance au régime totalitaire ukrainien par des moyens légaux.

5) Cela signifie-t-il que ces lois donneront à la police et aux tribunaux de l'UE le droit de poursuivre les déserteurs au sein de l'UE ?

Oui et non. Si le projet de loi est adopté, les autorités pourront juger les déserteurs par contumace sur le territoire ukrainien et, sur la base d'une décision de justice ukrainienne, exiger des autorités de l'UE qu'elles les déclarent recherchés au niveau international afin de les extrader vers l'Ukraine. Étant donné que les procès par contumace violent directement les garanties d'un procès équitable, en particulier l'article 6 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, toutes les peines prononcées dans ces affaires seront condamnatoires. Le régime totalitaire a pour objectif de récupérer de l'UE un maximum de chair à canon et fera tout son possible pour y parvenir. Bien sûr, les pays de l'UE peuvent ignorer les demandes d'extradition pour ces types de crimes, car ils sont de nature politique, mais mon opinion personnelle est que les autorités de l'UE accéderont à de telles demandes.

6) Ces lois pourraient-elles également conduire à l'expulsion de déserteurs vers l'Ukraine ?

Oui. Mais il ne s'agit pas d'expulsions, mais d'extraditions en tant que criminels au regard de la législation ukrainienne. Ces personnes ont peu de chances de se retrouver au front, car immédiatement après leur remise aux autorités ukrainiennes, elles seront incarcérées pour purger leur peine. Cependant, dans les prisons ukrainiennes, elles sont confrontées aux menaces de torture par les autorités, ainsi qu'à des pressions pour signer des contrats pour personnes détenues. Si elles signent de tels contrats, ces personnes sont immédiatement envoyées au front pour combattre les forces armées russes. Il n'est pas prévu que ces personnes servent dans l'armée sans participer directement aux combats.

7) À quels autres problèmes les déserteurs seront-ils confrontés si ces lois sont appliquées en Ukraine ?

Ils devront obtenir le statut de réfugié. Seul ce statut peut empêcher que la demande d'extradition des autorités ukrainiennes soit satisfaite. L'obtention de ce statut peut prendre des années, voire des décennies dans certains cas. Tant que le déserteur conserve son statut de demandeur d'asile, il n'aura pas le droit de travailler ni de quitter le pays où il a déposé sa demande. Son lieu de résidence sera déterminé par les services d'immigration, et il reçoit une allocation minimale et une assurance maladie réduite couvrant uniquement les urgences médicales. De fait, le demandeur d'asile est privé des droits fondamentaux qui lui permettent de circuler librement au sein de l'UE, de travailler et de choisir librement son lieu de résidence. Les fonds versés aux demandeurs d'asile suffisent à peine à couvrir leurs dépenses personnelles, à l'exception de la nourriture, des produits d'hygiène et des besoins de base minimaux.

Extrait du blog de l'Initiative antimilitariste

Russie : sabotages et insoumission en hausse

Au cours des six premiers mois de 2025, autant de personnes ont déjà été condamnées pour sabotage que durant toute l'année 2024. La plupart d'entre elles sont mineures ou âgées de moins de 25 ans

21 octobre 2025

La publication « Важные истории / Vazhnye istorii » (“Histoires importantes”) a révélé qu'au cours des 6 premiers mois de 2025, 48 personnes ont été condamnées à des peines réelles pour sabotage, en vertu de l'article 281 du Code pénal russe. C'est autant que pour toute l'année 2024, écrivent les journalistes en se référant aux données des tribunaux.
La majorité des personnes condamnées étaient des mineurs et des personnes de moins de 25 ans. 12 personnes âgées de 16 à 17 ans ont été condamnées, et 24 autres de 18 à 24 ans. La plupart des personnes condamnées l'ont été à des peines allant de 11 à 15 ans de prison.

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, 170 adolescents âgés de 14 à 17 ans et 875 personnes de moins de 25 ans ont été reconnus coupables de trahison, d'espionnage, de terrorisme et de sabotage. Ils constituent un tiers de l'ensemble des personnes condamnées pour ces chefs d'accusation depuis 2022.

Histoires Importantes a également identifié d'autres tendances. Par exemple, on observe une augmentation du nombre de personnes condamnées pour des infractions liées au terrorisme. « Au premier semestre 2025, 654 personnes ont été condamnées pour ces infractions, soit 1,8 fois plus qu'à la même période l'année précédente », indique la publication.

Une augmentation similaire est observée dans le cadre des articles pour « extrémisme » (articles 280, 280.1 à 4, 282 et 282.1 à 4 du Code pénal russe). 504 personnes ont été condamnées au cours des 6 premiers mois de 2025, soit 1,5 fois plus qu'au cours de la même période en 2024. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis au moins 2018.

Les Russes sont également de plus en plus souvent condamnés pour refus d'effectuer leur service militaire (article 328, partie 1, du Code pénal). Au cours du premier semestre 2025, 580 personnes ont été condamnées en vertu de cet article, soit davantage qu'en 2023 et 2024, mais toujours au même niveau qu'en 2022, année où les autorités ont annoncé la mobilisation.

Sources : Histoires importantes, Doxa

Une contribution sur la mobilisation militaire en Russie

Comment se déroule la mobilisation des soldats dans la Russie de Poutine ? À quel degré de coercition, de harcèlement et de pression les hommes en âge de faire leur service militaire qui sont envoyés au front doivent-ils faire face ? Comment la population russe, et plus particulièrement la classe ouvrière, réagit-elle à tout cela ? Comme nous nous posons souvent ce genre de questions, nous avons demandé à un anarchiste russe de nous donner une image plus claire de la situation. Il nous a répondu par un bref résumé de la situation.

La censure et la propagande de guerre mises en place par le régime de Poutine cherchent à dissimuler la terrible réalité au reste du monde. De l'autre côté, nous assistons à une propagande pro-ukrainienne dépeignant la population russe comme une masse de partisans loyaux du poutinisme, se précipitant volontairement dans la guerre. Il est parfois difficile de percevoir et de saisir toute l'ampleur de la réalité. C'est pourquoi nous considérons le témoignage de notre camarade russe comme un outil précieux.

Notes sur la mobilisation en Russie

D'une manière générale, il convient de noter d'emblée que les Russes ont dans leur grande majorité une mentalité plutôt pacifiste. Depuis l'ère soviétique, nombreux sont ceux qui répètent : « Si seulement la guerre n'existait pas ! » Nombre de Russes contemporains ont vécu les guerres d'Afghanistan et de Tchétchénie comme un traumatisme collectif. Des chansons populaires ont même été composées sur ce thème, relatant la mort insensée d'étudiants survenue alors. Nombre de Russes ne souhaient absolument pas revivre cette douloureuse expérience. Même les partisans du gouvernement de Poutine affirmaient (jusqu'en 2022, bien sûr) que Poutine « garantirait un climat de paix ». Il est clair qu'il existe une minorité militariste importante, qui jouit actuellement d'une sorte de monopole de l'information en Russie grâce à la censure militaire, mais elle n'est clairement pas majoritaire.

Cependant, il est également important de noter que le revers de la médaille de la mentalité pacifiste russe est une attitude négative appelée « philistinisme ». Les Russes sont contre la guerre, mais ils ne sont pas disposés à s'y opposer activement. Cela est particulièrement vrai dans une situation où le gouvernement a imposé une censure militaire stricte, emprisonne massivement les personnes qui critiquent les actions militaires de la Russie et disperse brutalement les manifestations contre la guerre, arrêtant des dizaines de milliers de personnes. Dans ces circonstances, le Russe moyen est plus enclin à faire profil bas et à ne pas exprimer son opinion. C'est précisément pour cette raison que de nombreux sondages d'opinion font état d'un soutien élevé à la guerre et à Poutine : cependant, ces données sont fausses, car ceux qui sont « pour » n'ont rien à craindre, tandis que ceux qui sont « contre » risquent de perdre leur liberté sous le régime actuel. Mais ce que la société est encore moins prête à faire, c'est d'entrer directement en guerre. Poutine le sait et tente donc de mener une mobilisation moins draconienne que celle menée en Ukraine. La mobilisation actuelle touche principalement les provinces, et non Moscou, où la visibilité des victimes de la guerre peut rester minimale.

Parallèlement, le gouvernement de Poutine tente de mettre en œuvre la conscription de manière subtile : officiellement, il n'envoie pas au front les jeunes hommes qui effectuent leur service militaire obligatoire. Pourtant, ces hommes, une fois appelés sous les drapeaux, sont de fait contraints de signer un tel contrat. Comme vous le savez, l'humiliation, la torture et le harcèlement des subordonnés sont des pratiques courantes dans l'armée russe. Il y a eu des cas très médiatisés de jeunes hommes qui sont morts pendant leur service militaire en raison de conditions de vie intolérables ou après avoir été blessés dans des passages à tabac. Tous ces hommes sont de fait retenus en otage et contraints de partir « volontairement » à la guerre. Il est également arrivé que les autorités russes trompent des individus choisis au hasard, les convainquant de partir sous prétexte de « gagner de l'argent », puis, après leur avoir fait signer de faux documents, les envoient au front sans même en informer leurs proches.

Les Russes ne veulent pas aller à la guerre, c'est pourquoi beaucoup d'entre eux ne se présentent pas aux bureaux de recrutement militaire ; beaucoup tentent aussi de simuler une maladie. Par exemple, je connais un ancien camarade de classe qui était un excellent élève et qui a réussi à s'inscrire à l'université. Mais après avoir reçu son avis de conscription, il a décidé de se casser la jambe... Nombreux sont ceux qui préfèrent également éviter la mobilisation à l'étranger, mais le gouvernement russe s'efforce d'éliminer cette possibilité avant 2026.

Des manifestations contre la mobilisation ont également eu lieu, comme au Daghestan. Il convient de mentionner en particulier le mouvement des épouses de soldats mobilisés, qui ont même manifesté devant les murs du Kremlin. Cela est d'autant plus remarquable que certaines d'entre elles, initialement favorables à la guerre, réclament désormais la démobilisation des soldats. Il s'agissait pour la plupart de rassemblements pacifiques, qui ont néanmoins attiré l'attention générale.

Il y a également eu des formes plus violentes de protestation contre la mobilisation, telles que des incendies et des attaques contre des bureaux de recrutement militaire à travers le pays. Un incident de ce type s'est produit dans la ville d'Oust-Ilimsk [région d'Irkoutsk]. Ruslan Zinin, chauffeur de camion forestier originaire d'Oust-Ilimsk, a perdu son ami d'école Danil, âgé de 19 ans, alors qu'il effectuait son service militaire obligatoire, au tout début de la guerre en mars 2022. Après l'annonce de la mobilisation, Zinin a appris que son cousin avait reçu une convocation.

Le 26 septembre 2022, craignant pour le sort de son jeune frère, Zinin se rendit au bureau d'enrôlement militaire et, selon un témoin oculaire, tenta de comprendre pourquoi son ami avait reçu une convocation alors qu'il n'avait pas servi dans l'armée. En réponse, le personnel du bureau d'enrôlement militaire l'insulta. Un peu plus tard dans la journée, Rouslan est retourné au bureau d'enrôlement, cette fois armé d'un fusil à canon scié, et a ouvert le feu. Pour cela, il a été condamné à 19 ans de prison.

Extrait du blog de l'Initiative antimilitariste

https://antimilitarismus.noblogs.org

Publié dans Courant Alternatif :

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4547

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24.12.2025 à 08:00

Aux antifascistes

Adresse aux antifascistes d'hier, aujourd'hui et demain.

Texte intégral (1763 mots)

Adresse aux antifascistes d'hier, aujourd'hui et demain.

Tout a failli

La fascisation semble sur le point d'aboutir. Tout le monde serre les dents en anticipation du choc annoncé des élections présidentielles de 2027. Les luttes défensives des dix dernières années ont échoué à inverser la tendance. L'expérience électorale du Nouveau Front Populaire n'a produit aucun effet réel dans la rue, et l'union s'est effondrée avant même que les députés de gauche n'empochent leur premier chèque de 6 000 €. Comme en 1981, la « victoire » de la gauche n'a donné lieu à aucune réaction populaire réelle : à croire que tout le monde savait qu'elle n'était qu'un sursis, n'autorisant qu'une brève explosion de joie avant le retour à l'apathie généralisée. Quant au mouvement antifasciste - si tant est qu'on puisse le considérer comme un mouvement -, il n'a connu aucun saut qualitatif, aucune forme de massification, alors même que les récentes évolutions dans « l'affaire de Budapest » annoncent l'avènement d'une nouvelle situation répressive fondée sur le mandat d'arrêt européen et l'extradition, la collaboration des services de renseignement et l'arrestation des militant·es aux frontières, l'emprisonnement sous régime spécial et la qualification en terrorisme des organisations et de leurs actions.

Que faire ?

Contre la fascisation de la société et de l'État, nous devons retrouver notre capacité d'agir collective. Les militant·es antifascistes doivent intervenir sur le terrain de la vie quotidienne, sans quoi ils et elles se condamnent au groupusculisme et au faux radicalisme contre-culturel. Si nous revendiquons le nom « antifascistes », si nous voyons dans notre action la continuation de celle des antifascistes d'hier, alors nous devons nous comporter en résistant·es, en partisan·es, et nous demander comment gagner la confiance d'une population civile auprès de qui une propagande abrutissante s'emploie à faire de nous des terroristes. La violence de rue doit se rendre audible, les insultes homophobes et misogynes empruntées au hooliganisme doivent laisser place à une parole claire qui désigne l'ennemi pour ce qu'il est : un fasciste, un raciste, etc. Les démonstrations de force célébrées comme des rituels sur les réseaux sociaux doivent être médiatisées à côté, au même niveau que les actions quotidiennes de solidarité, de conscientisation, de manifestation, etc.

Paris, 1934

Connaître l'ennemi

Nous devons reprendre le contrôle sur la manière dont nous apparaissons pour reprendre le contrôle du récit. Avant toute chose, il faut abandonner la ligne « groupuscule contre groupuscule ». Nous accordons trop d'attention et d'importance à des épouvantails que le grand public méconnait ou honnit. Nous engageons trop de force dans des combats d'arrière-garde qui n'intéressent que nous-mêmes. Nous nous enfermons dans une forme de réaction dans l'urgence là où nos ennemis ouvrent des fronts et multiplient les initiatives pour pénétrer les cœurs et les esprits : maraudes identitaires, campagnes fémonationalistes, spectacles révisionnistes, etc. Notre stratégie doit prendre acte de celle de nos ennemis. Nous n'avons plus le temps de laisser la politique à la gauche, aux alliances parlementaires, aux centrales syndicales et aux partis politiques. Qui sont les antifascistes ? Personne ne devrait se poser cette question. Au contraire, les gens devraient se demander où sont les fascistes et comment leur résister. À nous de montrer l'exemple.

Tous innocents ?

L'extrême droite semble imperméable au débat sur la violence, alors même qu'elle constitue une « menace terroriste » que personne n'ignore. Il faut dire qu'elle s'accommode bien des dénonciations et des insinuations, auxquelles elle se contente le plus souvent de ne pas donner suite, ou qu'elle satisfait par des phrases toutes faites sur les « brebis galeuses » et les « pommes pourries ». Quant à nous, nous continuons de nous laisser imposer une rhétorique innocentiste, parfois à la limite de la dissociation, le plus souvent sous couvert d'efficacité dans la lutte contre la répression. Que dire du traitement de l'affaire Budapest dans les milieux antifascistes ? Il faut refuser le débat sur la culpabilité « présumée » des personnes accusées : plaider, c'est le travail des avocat·es. Il faut couper court aux discours qui avancent que les antifascistes « ne sont pas des criminels » : notre action ne répond pas aux règles de la légalité mais aux impératifs de la morale. Quand l'État français était engagé dans la collaboration avec l'occupant nazi, la résistance était un crime et les résistant·es des terroristes. Dont acte.

Cable Street, 1936

La morale l'emporte sur la légalité

Quand des nostalgiques du IIIe Reich défilent dans une capitale européenne en portant des uniformes de la Wehrmacht et des divisions SS, la question du droit et de la loi devient insignifiante. Quand des antifascistes sont traqué·es par un régime autoritaire et risquent 15 ans de prison, notre solidarité est inconditionnelle et se contrefout des « faits » qui leur sont reprochés. Naturellement, nous n'avons aucun compte à rendre aux forces politiques et syndicales qui jouent le jeu des institutions, qu'elles s'avèrent au demeurant incapables de gagner. Quand le Rassemblement National présente une femme qui s'affiche avec une casquette de SS ou l'ancien patron d'une librairie antisémite aux élections législatives, c'est que la gauche a failli. Du reste, elle est très largement absente du mouvement antifasciste.

Dépasser la gauche

Au-delà de quelques parachutages et prises de guerre, la gauche réunit des électeurs et des électrices tout juste capables de faire campagne et de glisser un bulletin dans une urne. Que dire de leur échec à constituer des cellules antifascistes au lendemain de la dissolution du Parlement, de la percée du Rassemblement national aux élections législatives et de la campagne pour le Nouveau Front Populaire ? Le fascisme était à leur porte, ils et elles en étaient convaincues. Nous avons pu constater leur niveau réel d'engagement. En attendant que la gauche cesse de nourrir les aspirations carriéristes de ses cadres et commence à former ses militant·es, nous devons sortir collectivement de l'étau électoral et reprendre le contrôle du temps. Des élections municipales vont avoir lieu en mars 2026, avant les présidentielles de 2027. N'oublions pas où se situe le premier parti de France [1]. Tâchons de lui proposer autre chose que des promesses en l'air et des programmes pré-établis.

L'antifascisme n'est pas la défense de la démocratie contre l'autoritarisme ; il ne cherche pas à faire élire la gauche, et encore moins à respecter et faire respecter la loi. L'antifascisme est la forme prise par la lutte pour l'émancipation universelle dans les périodes de crise aiguë du système ; il œuvre à développer des formes collectives de résistance contre la paupérisation et la dépossession, où les individus retrouvent le pouvoir sur leur vie et accèdent à la possibilité de s'associer pour transformer la société.

Noyau Antifasciste Autonome Parisien
21 décembre 2025

[1] L'abstention en quelques chiffres : 70% au référendum constitutionnel qui a institué le quinquennat présidentiel en 2000, 58% au second tour des municipales de 2020, 65% aux départementales et aux régionales de 2021, 28% au second tour des présidentielles de 2022, près de 50% eux européennes de 2024, 33% aux législatives de la même année.

Illustration de l'article : Bataille de Lewishamn, 1977

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