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Rubrique «À LIRE AILLEURS»

▸ les 10 dernières parutions

13.12.2025 à 18:00

Brunch végane en soutien à 269 Libération Animale

Brunch de soutien à @269.liberation_animale

Depuis 2015, l'organisation antispéciste 269LA porte un discours radical et une pratique offensive contre les structures d'exploitation animale. Réalisant des libérations (3600 animaux sauvés depuis 10 ans) et des blocages d'abattoir dans plusieurs pays européens, nous avons besoin de votre soutien pour financer nos actions directes et le soin des animaux libérés.

Retrouvez nous à la Cantine des Pyrénées pour un brunch de soutien à prix libre, pour nous soutenir, rencontrer nos militants et vous procurez notre merch !

5 Abattoirs ont été bloqués cet été dernier aux Pays-Bas et en France, les militant.es y ont subis des violences policières. Ces évènements de soutien nous permettent de continuer ces actions de grandes ampleur : les sous récoltés sont destinés aux frais vétérinaires des animaux libérés ; aux soutiens des refuges alliés et au financement des actions.

📅 le 14 décembre 2025

⏰️ De 11h30 à 14h30

📍à la Cantine des Pyrénées, 77 Rue de la Mare, 75020 Paris

💸Prix Libre

Texte intégral (517 mots)

Brunch de soutien à @269.liberation_animale

Depuis 2015, l'organisation antispéciste 269LA porte un discours radical et une pratique offensive contre les structures d'exploitation animale. Réalisant des libérations (3600 animaux sauvés depuis 10 ans) et des blocages d'abattoir dans plusieurs pays européens, nous avons besoin de votre soutien pour financer nos actions directes et le soin des animaux libérés.

Retrouvez nous à la Cantine des Pyrénées pour un brunch de soutien à prix libre, pour nous soutenir, rencontrer nos militants et vous procurez notre merch !

5 Abattoirs ont été bloqués cet été dernier aux Pays-Bas et en France, les militant.es y ont subis des violences policières. Ces évènements de soutien nous permettent de continuer ces actions de grandes ampleur : les sous récoltés sont destinés aux frais vétérinaires des animaux libérés ; aux soutiens des refuges alliés et au financement des actions.

📅 le 14 décembre 2025

⏰️ De 11h30 à 14h30

📍à la Cantine des Pyrénées, 77 Rue de la Mare, 75020 Paris

💸Prix Libre

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13.12.2025 à 13:12

13 décembre 1983 - Gala de soutien à Radio libertaire avec Léo Ferré

Le 13 décembre 1983, un gala de soutien à Radio-Libertaire, dont l'existence demeurait alors menacée, avait lieu à l'Espace BASF, près de la place Balard à Paris, avec Léo Ferré. Plus de 6 500 spectateurs y assistèrent.

Texte intégral (1291 mots)

Le 13 décembre 1983, un gala de soutien à Radio-Libertaire, dont l'existence demeurait alors menacée, avait lieu à l'Espace BASF, près de la place Balard à Paris, avec Léo Ferré. Plus de 6 500 spectateurs y assistèrent.

Radio Libertaire commence à émettre le 1er septembre 1981 sur la bande FM.
Les galas de soutien à Radio Libertaire se succèdent en 1983, en juin Bernard Lavilliers fait l'Olympia, en décembre, à l'espace Balard, Léo Ferré réunit 6 500 spectateurs.

Le 13 décembre 1983, à l'Espace BASF, Léo ferré se produisit lors du premier gala de soutien pour Radio Libertaire alors menacé d'interdiction par l'Etat.
Le Monde Libertaire du 22 décembre 1983

Le 28 août 1983, les CRS saccagent le studio, saisissent l'émetteur. Les techniciens de la Préfecture de police démontent l'antenne.
5 000 personnes défileront à Paris le 3 septembre 1983. Suite à cette manifestation, Radio Libertaire recommencera à émettre.

Soutenue en France et à l'étranger par le mouvement libertaire et de nombreux artistes, des syndicalistes et des militants associatifs, Radio Libertaire mènera un long combat pour la liberté d'expression.
Depuis 40 ans les ondes de cultures et de luttes de Radio Libertaire sont maintenues sur le 89.4 MHz, dès 2004 en streaming sur internet.

 

Podcasts – Streaming – Programmes – Actus – Contacts

www.anarchiste.info/radio/libertaire

 

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13.12.2025 à 09:45

Projection/Discussion - Organisation et anarchistes (par et avec subMedia) - à l'AERI le 14 décembre

Dimanche 14 décembre 16h, à l'AERI, 57 rue Étienne Marcel- Projection de deux court-métrages du collectif subMedia, dont un.e membre sera présent.e, discutant de la thématique de l'organisation au sein du milieu anarchiste . La projection est suivie d'une discussion sur nos manières de nous organiser dans notre contexte de luttes.

Lire la suite (472 mots)

Dimanche 14 décembre 16h, à l'AERI, 57 rue Étienne Marcel- Projection de deux court-métrages du collectif subMedia, dont un.e membre sera présent.e, discutant de la thématique de l'organisation au sein du milieu anarchiste . La projection est suivie d'une discussion sur nos manières de nous organiser dans notre contexte de luttes.

En juin, la Riposte Collective a projeté l'épisode 1 d'InterRebellium (https://paris-luttes.info/projection-discussion-el-estallido-19660), une série documentaire sur les mouvements insurrectionnels dans le monde en 2019 réalisée par le collectif subMedia basé outre-Atlantique (https://sub.media/). Dans le cadre de leur tournée en Europe, la RC les a invités à présenter 2 de leurs courts métrages et à en discuter publiquement !

Nous vous invitons à nous rejoindre ce dimanche 14 décembre à 16h à l'AERI pour une projection suivi d'une discussion en présence d'un.e membre de subMedia.

Le 1er film diffusé s'appelle Street Politics 101 (https://sub.media/trouble-24-organize-for-autonomy-mutual-aid/). Il raconte le mouvement étudiant du printemps 2012 qui a secoué Montréal pour s'opposer à une hausse des frais de scolarité. Le film revient sur les modalités d'organisations et propose une analyse de l'évolution du mouvement et de sa mort.

Le second film diffusé s'appelle Trouble #24 - S'organiser : Pour l'autonomie et l'entraide (https://sub.media/trouble-24-organize-for-autonomy-mutual-aid/). Il est construit à partir de plusieurs témoignages d'anarchistes de différents pays qui expliquent leur manière de s'organiser. Le film nous invite à réfléchir notre organisation au sein de luttes horizontales.

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12.12.2025 à 13:12

Suivi du procès aux assises d'un CRS mutileur les 12, 13 et 14 décembre 2022

Le 15 septembre 2016, Laurent était mutilé par un jet de grenade. Les 12-13-14 décembre 2022, le CRS qui l'a mutilé passera aux assises de Paris.

Texte intégral (4987 mots)

Le 15 septembre 2016, Laurent était mutilé par un jet de grenade. Les 12-13-14 décembre 2022, le CRS qui l'a mutilé passera aux assises de Paris.

Les 12, 13 et 14 décembre aura lieu le procès en assise du CRS mutileur de Laurent au Tribunal de Paris métro Cité.
Allons soutenir toutes les personnes victimes de violences policières, et faire le procès de la police.

Pour le rappel des faits, voici l'article de l'Assemblée des blessés, une vidéo d'entretien de Laurent qui a été éborgné cette fois-là et sa réponse à son mutilateur.

Lettre d'un mutilé à son mutilateur
Le 15 septembre 2016, le CRS Alexandre Mathieu lance une grenade dans la foule. Au bout de son lancer criminel, Laurent Théron, syndiqué à Sud Santé, a l'oeil crevé par un projectile de la grenade. Il perd définitivement l'usage de la vue d'un oeil (...)
L'Union Syndicale Solidaires a produit un communiqué pour appeler à soutenir Laurent et contre les violences policières

Contre les violences policières : soutien à Laurent et à l'assemblée des blessé∙es !

Le 15 septembre 2016, Laurent, militant de SUD Santé Sociaux, était mutilé par un jet de grenade. Les 12-13-14 décembre 2022, le CRS qui l'a mutilé passera aux assises de Paris.

Malgré les tentatives du Parquet de Paris d'empêcher un jugement aux assises, y compris en minimisant les blessures subies par notre camarade, ce procès permettra de montrer que les violences policières sont bien une réalité : oui, la police blesse, la police mutile, notre camarade Laurent en est un exemple parmi trop d'autres.

Pour l'Union syndicale Solidaires, cet indispensable procès sera l'occasion de dénoncer le comportement des « forces de l'ordre » durant les manifestations, mais aussi, plus largement, au quotidien, dans les quartiers populaires ou face au mouvement social sous ses différentes formes. Pour l'Union syndicale Solidaires, il ne s'agit pas seulement de juger le comportement d'un CRS lors d'une manifestation. Il s'agit bien, aussi, de montrer que cet acte s'inscrit dans une politique répressive décidée par les différents préfets et ministres de l'Intérieur. Donneurs d'ordre, ils ont toute leur place sur le banc des accusés !

L'Union syndicale Solidaires réaffirme que les grenades de désencerclement, qui sont des armes de guerre, comme les différents types de Lanceurs de balles de défense doivent être immédiatement interdites.

L'Union syndicale soutient les différentes initiatives prises par l'Assemblée des blessé-es qui dénonce la violence de l'État, de l'institution et prépare un procès de la police par ceux et celles qui en sont victimes.

Le 15 septembre 2016, Laurent, militant de SUD Santé Sociaux, était mutilé par un jet de grenade. Les 12-13-14 décembre 2022, le CRS qui l'a mutilé passera aux assises de Paris.

Malgré les tentatives du Parquet de Paris d'empêcher un jugement aux assises, y compris en minimisant les blessures subies par notre camarade, ce procès permettra de montrer que les violences policières sont bien une réalité : oui, la police blesse, la police mutile, notre camarade Laurent en est un exemple parmi trop d'autres.

Pour l'Union syndicale Solidaires, cet indispensable procès sera l'occasion de dénoncer le comportement des « forces de l'ordre » durant les manifestations, mais aussi, plus largement, au quotidien, dans les quartiers populaires ou face au mouvement social sous ses différentes formes. Pour l'Union syndicale Solidaires, il ne s'agit pas seulement de juger le comportement d'un CRS lors d'une manifestation. Il s'agit bien, aussi, de montrer que cet acte s'inscrit dans une politique répressive décidée par les différents préfets et ministres de l'Intérieur. Donneurs d'ordre, ils ont toute leur place sur le banc des accusés !

L'Union syndicale Solidaires réaffirme que les grenades de désencerclement, qui sont des armes de guerre, comme les différents types de Lanceurs de balles de défense doivent être immédiatement interdites.

L'Union syndicale soutient les différentes initiatives prises par l'Assemblée des blessé-es qui dénonce la violence de l'État, de l'institution et prépare un procès de la police par ceux et celles qui en sont victimes.

Suivi du procès :

12 décembre 2022 à 15h35
Résumé du lundi matin

Le procès du CRS Alexandre Mathieu (A.M.) a débuté ce matin aux assises de Paris. Dans le public, il y a des soutiens de Laurent, mais aussi une trentaine de flics et leurs représentants.

Le résumé des faits reprochés s'appuie presque exclusivement sur la version policière de la manif du 15 septembre, qui mentionne que ce jour-là, « des groupes organisés étaient déterminés à tuer des policiers ». Malgré ce « contexte hostile », même les témoignages policiers soulignent que lors du tir de grenade qui a mutilé Laurent, la situation était calme, et qu'A.M. l'a lancée sans y être même habilité.

Il est accusé de violence volontaire ayant entraîné la perte d'un œil et de la sensation de relief, commise par Personne Dépositaire de l'Autorité Publique dans l'exercice de ses fonctions.

La cour est revenue longuement sur la personnalité d'A.M., et l'enquêtrice sociale s'est attachée à brosser un portrait larmoyant de l'accusé, flic modèle et doux comme un agneau – aidée en cela par Liénard, l'avocat d'A.M. On apprend qu'A.M. est entré dans la police en 96 et a fait 20 ans dans une brigade de nuit dans le val d'Oise (sans jamais prononcer le mot « BAC »). Il s'y est engagé car il était en quête d'action et souhaitait « aller au contact des gens », pouvant ainsi jouer le rôle « d'éducateur auprès de jeunes déstructurés »...

Toujours sans rapport avec l'affaire, A.M. a tenu à mentionner à quel point il aime aider les gens, et comment les conditions d'exercice du métier de policier sont difficiles – versant une larme en parlant d'un collègue qui s'est suicidé.

Ce matin, on avait l'impression qu'A.M. est la victime dans l'affaire.

12 décembre 2022 à 20h15
Résumé de l'audience du 12-12 après midi : L'enquête

L'après-midi a commencé avec l'enquêteur psy de AMAM est lambda, il n'a pas de maladie psy évolutive. Il est apte. Mais il s'est soit-disant remis en question et « profites des expériences passées pour modifier son comportement », il « se met à la place de la victime », en tout cas c'est ce qu'il dit à son enquêteur psy.
Sont ensuite entendus les enquêteurs, et quelques témoins manifestants étant près de Laurent et de la déflagration ce 15 septembre 2016.
Les faits sont plutôt clairs : la ligne de flics s'est ouverte, AM qui en était responsable a tiré en cloche une grenade désencerclante, celle-ci a explosé et a éborgné Laurent. Les pompiers ne sont arrivés auprès de Laurent que 50 minutes plus tard. Ils ont été bloqués apparemment, par la circulation (ou les fameaux agents de circulation peut être…). Personne ne sait si elle a explosé en cours de vol ou à terre, et un éclat a éborgné Laurent.
Quelles sont les règles pour lancer une grenade de désencerclement en 2016 ? Bizarrement, même l'enquêteur ne s'en souvient plus aujourd'hui. Surement que les règles ont beaucoup changé depuis… Nous on n'a pas vu la différence depuis 2016 en tout cas.
La question principale de Liénard aux enquêteurs est : ont-ils fait leur enquête à charge ET à décharge ? (sous entendu ce n'est qu'à charge) Ont-ils vraiment cherché à savoir quelles étaient les conditions dans lesquelles la grenade a été lancée une fois qu'ils ont su qui était le « coupable » ?
La réponse fut plutôt claire, bien qu'elle ne lui ait pas plu : oui.
Et tous les éléments présentés, même dans l'enquête, portent à croire que l'instant était calme, qu'il n'y avait pas de danger imminent ni de légitime défense. « Vous parlez en l'air, maître ! », l'a même coupé la présidente de la cour d'assises, agacée que Liénard s'entête à démontrer qu'il y avait bien danger au moment du tir.
Mais ce sera sûrement le sujet des témoignages des flics qui arriveront mardi dans l'après-midi, comme dans la plaidoirie de Liénard mercredi. Contrairement à tous les faits exposés aujourd'hui. Un flic aurait été blessé à 16h30, maximum, et la grenade lancée à 16h53 aurait donc été lancée pour se dégager des hordes violentes qui ne font plus rien depuis 30 minutes (si tant est qu'elles aient existé) et que personne ne voit sur les 3 vidéos présentées à l'audience.
On vous épargne les évidences annoncées telles que l'agression contre les flics qui donne une ambiance émeutière à la place de la République, qui était une interpellation de quelqu'un-e par les flics (sic) d'un autre côté de la place avec un mur de skate park entre les 2 donc invisible par la partie où se trouvait AM.
On reprend mardi matin avec l'audition de Laurent, puis des témoins de la partie civile, et enfin des témoins flics dans l'après midi.

12 décembre 2022 à 20h36
Vous pouvez suivre le procès en direct sur twitter @Desarmons_les @Contreattaque_ @radioparleur

En plus des petits compte-rendus que des personnes nous envoient et que nous publions (n'hésitez pas à nous envoyer des compte-rendus plus complets par la suite), vous pouvez également suivre le procès et de magnifiques dessins grâce à Désarmons-les, Contre Attaque, Radioparleur :
https://twitter.com/Desarmons_les
https://twitter.com/ContreAttaque_
https://twitter.com/radioparleur

13 décembre 2022 à 15h30
Audience du 13/12 matin : le témoignage de Laurent

Ce matin, l'audience a commencé avec un expert en balistique et une experte médicale. Le premier a détaillé les caractéristiques techniques de la grenade et les conditions d'utilisation en temps normal (le « but du jeu » selon ses dires étant de neutraliser une personne en atteignant les membres inférieurs), puis il a détaillé l'utilisation de la grenade par A.M. le 15 septembre 2016. Liénard a tenté d'avancer que la grenade venait d'un lot dysfonctionnel car ayant mal vielli, mais l'expert a été catégorique sur ce point – et que si effectivement un lot vieillit, cela se traduit par une moindre puissance lors de l'explosion.
La deuxième experte, qui s'était d'abord trompée d'affaire, est revenue sur les aspects médicaux de l'éborgnement.

Entre 11h et midi, ça a été au tour de Laurent de venir témoigner. Il est revenu sur les conséquences matérielles, physiques, et psychologiques de sa mutilation, à la fois dans les mois suivants et sur le long terme. Durant son témoignage fort, il s'est adressé au CRS Mathieu, pour lui montrer concrètement qu'il en faudra plus pour obtenir son pardon. Il est notamment revenu sur la lettre d'« excuse » envoyée par AM. En tant que personne « épris[e] de liberté », il considère qu'une condamnation à la prison serait un échec, en revanche il souhaite la révocation d'AM de la police.

Puis il a élargi son propos aux cas des autres mutilé.e.s par les armes de la police (et la grenade de désencerclement en particulier). Mais il a bien vite été coupé par la présidente, qui n'apprécie pas la politisation de l'affaire et souhaite juger uniquement le cas de Laurent.

Enfin, trois témoins de moralité de Laurent ont été appelé.e.s. Il s'agissait pour elleux de porter le sujet des armes de la police et des violences policières devant le tribunal. Ce que la présidente n'a pas apprécié : pendant les témoignages, elle a coupé les témoins à plusieurs reprise pour les recadrer et faire en sorte qu'iels ne parlent que de Laurent.

Maître Lienard dans ses oeuvres
@ana.pich

Dessin de @ana.pich

13 décembre 2022 à 23h27
L'après-midi a été l'occasion de voir les keufs témoins de la défense défiler à la barre

Autrement dit, ça a été pénible. La présidente qui n'hésitait pas à couper la parole aux témoins de Laurent ce matin n'a pas fait preuve de la même diligence avec ces 7 là, les encourageant à « développer tout ce qui vous semble être utile au procès ». Résultat on a largement eu droit à la difficile existence du gardien de la paix, père de famille, qui risque sa vie en manif. « Nuée », « pluie de cocktails-molotov » « déluge de projectiles qu'on ne voit jamais venir », « black blocs », collègues « qui s'enflamment » , bref on connait la chanson. Par contre pour discuter de qui donne l'ordre de lancer une grenade, tout le monde se refile le bébé et s'évertue à développer un « cadre de réaction » qui autoriserait n'importe quel poulet à s'affranchir de l'instruction d'un supérieur. On en vient aussi bien sur à évoquer « l'effet tunnel », histoire de bien cocher toutes les cases. La palme de la mauvaise foi à un autre flic nommé également AM, qui a longtemps soutenu que la blessure avait été causée par un manifestant, par « une bombe agricole » et qui avait déclaré à l'igpn que Laurent avait refusé d'être pris en charge juste après sa blessure mais avait donné une itw video a un media bien connu. Ça étrangement, il ne l'aurait pas dit. Les PV mentiraient-ils ?
En tout cas on a eu l'impression de ne plus trop être au procès pour Laurent pendant ces longues heures. Pour parachever la parodie de justice, une psychiatre « experte » est apparue par visioconférence pour dresser le portrait de Laurent et ainsi lui asséner une « nouvelle violence psychologique » comme l'a dénoncé immédiatement son avocate. (Sachez au passage que la fréquentation de milieux punks fait de vous quelqu'un.e aimant les « mouvances sectaires »).
Arrivait ensuite l'audition du flic accusé. A suivre...
Demain auront lieu les plaidoiries des avocat-es.

14 décembre 2022 à 00h15
Après 7 auditions de keufs, pour changer, l'audition Du CRS : Mathieu

Pour finir la journée après les interminables auditions des collègues du flic et une petite vidéo de dernière minute qui montre une manif animée mais s'arrête comme par hasard juste avant le tir de grenade, c'est à AM de réciter sa copie. Pour lui aussi c'est dur, comprenez il est en contrôle judiciaire et sans arme depuis 6 ans. Dans sa tête c'était la guerilla urbaine, d'ailleurs les « Black blocs » prennent les manifestants normaux en otage, mais les keufs savent faire la différence et restaient dans la retenue. (ah bah ça va alors !)
Comme le rappelle l'avocate de Laurent, ce n'est pas les blacks blocs qui ont éborgné quelqu'un, mais bien lui : Certes, mais vous comprenez les BB, eux, étaient prêts à tuer !
Comme tous ses collègues il s'est longuement étendu sur le climat « dangereux » de l'après-midi mais c'est le seul à avoir osé parler des orphelins de la police. C'est un grand sensible d'ailleurs, il pense tous les jours à Laurent, pour qui il a « beaucoup d'empathie »
Mais c'est juste la faute à pas de bol, et au manque de formation : il a pas tiré dans le tas, il a juste loupé son coup et mis trop de force dans le lancer...
En gros il a sauvé ses hommes du méchant bloc, il a quasiment dit qu'il le referait s'il le fallait avant que la présidente ne le coupe malencontrueusement...
Il n'a pas de regrets. En fait c'était la guerre et c'est un héros qui défend ses hommes, voilà la version policière.

14 décembre 2022 à 15h23
Matin du 14/12 : plaidoirie de la partie civile

Aujourd'hui, les flics sont venus encore plus nombreux que les jours précédents pour soutenir AM.

La session a débuté avec l'intervention d'une experte psy qui a examiné AM en 2017. À cette occasion, on a pu entendre une nouvelle fois la version des faits tels que le lui avait relaté AM : comme ce qui ressort de l'audience d'hier, la version des flics appuient sur le climat de "guérilla urbaine" durant la manif, où des "ultras anarchistes voulaient uniquement attaquer les forces de l'ordre".

Ensuite, les différentes parties avaient la possibilité de faire lire des extraits de pièce du dossier : Lienard en a profité pour faire lire 5 procès verbaux de flics de la CRS07 ; on comprend avec toutes ces versions policières qu'il tente de bourrer le crâne de la salle avec la situation de "guérilla urbaine" durant la manif. Puis, dans une tentative ridicule de montrer la dangerosité du moment et justifier une mutilation, il a fait visionner des images de personnes cagoulées, certaines avec un bâton en plastique – certainement du plastique de catégorie A. Enfin, on a pu voir la photo du flic en feu parue dans Paris Match, toujours sans rapport avec le moment où AM a lancé la grenade.

Puis ça a été au tour des plaidoiries, à commencer par Lucie Simon l'avocate de Laurent Théron. Elle a d'abord recadré les débats sur le droit et non sur le sensationnalisme comme tente de le faire Lienard. C'est ainsi qu'elle a réfuté les différentes causes d'exonération du geste d'AM : il n'était pas en légitime défense, en état de nécessité, sous un commandement légitime, ou dans le cas d'un maintien de l'ordre public pour un attroupement.

Elle s'est ensuite axée sur l'impunité policière : elle souligne comment la parole des fonctionnaires de police est omniprésente dans le dossier, que c'est une profession qui se protège comment la victime est présentée comme coupable dans ces cas-là. Puis comment le maintien de l'ordre a progressivement "basculé sur un droit de l'ennemi", permettant de mutiler des manifestant.es. Pour éviter qu'AM ne puisse commettre de nouvelles exactions, elle réclame une peine d'interdiction d'exercer dans la police.

Enfin, elle a brièvement comparé les situations de Laurent et AM, ce dernier ayant été recasé dans la maintenance, salaire de 2900€/mois et l'assurance d'une retraite dans 2 ans et demi, tandis que Laurent est précaire et a dû prendre en charge son suivi psychologique. Elle a salué le travail collectif qu'il a fait concernant les violences policières et mentionné le travail des militant.e.s , notamment présent.es dans la salle.

Plaidoirie de Lucie Simon
@ana.pich

14 décembre 2022 à 15h58
Avocat général, avocat de la police ?

Pendant une longue plaidoirie, l'avocat général a tenu à rappeler le droit et le rôle des jurés. Il doit démontrer la responsabilité pénale, la culpabilité puis faire une proposition de peine. Il insiste bien sur l'existence des peines complémentaires, le ton est donné.
« c'est un lancer qui est raté », juste une petite erreur en somme. Et si le plot était arrivé ailleurs qu'à l'œil, il n'y aurait d'ailleurs pas de procès aux assises selon lui. Il reconnaît néanmoins que le geste est volontaire et ne répondait ni à un danger imminent, ni une nécessité, ni est en proportion avec l'instant présent. C'était une erreur d'interprétation de AM qui provient, selon lui d'une absence de formation et de connaissance du terrain.
Afin de permettre à ce policier de continuer à lancer des grenades mais en étant formé et en connaissant le terrain, il requiert 2 à 3 ans de sursis simple et 5 ans d'interdiction de port d'arme. Il ne souhaite pas de prison ferme ni qu'il soit interdit d'exercer sa fonction de policier.

L'audience doit reprendre avec la plaidoirie de l'avocat du flic.

15 décembre 2022 à 11h55
Le flic reconnu coupable mais acquitté. Stupeur et tremblements

Après 3 jours douloureux, la cour d'assises a consacré l'impunité policière et la légitime défense pour les keufs. Les soutiens de Laurent n'ont pas pu librement rentrer pour écouter la plaidoirie de Liénard, la présidente ayant interdit l'accès à la salle à ce moment-là. Mais on se doute qu'elle s'est inscrite dans la droite ligne du sensationnalisme bien orchestré auparavant. Le jury populaire comme un seul homme après une bonne session de lavage de cerveaux façon BFM a donc décidé de couvrir totalement le geste d'AM et de l'acquitter, alors qu'il est reconnu qu'aucun danger imminent n'existait autour de lui.
Le CRS AM retrouvera donc bientôt l'action de terrain et le contact de la population pour le plus grand risque de celle-ci.
Police partout, justice nulle part. Rien ne s'apaisera.

Allez aussi lire le très bon article de Contre Attaque. Un CRS mutile à vie un père de famille avec une grenade lancée illégalement : acquitté par la justice

30 décembre 2022 à 14h40
Le parquet ne fait pas appel de la décision
L'avocat général, représentant de l'État, qui avait requis entre 2 et 3 ans de prison avec suris pour le flic éborgneur, qui n'avait pas reconnu la légitime défense, n'a pas fait appel de la décision des jurés. Le flic est donc acquitté.

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11.12.2025 à 13:12

7 décembre 2000 : L'Union émeutière contre l'Union européenne

Nous vous proposons quelques textes écrits par des manifestant-e-s lors de luttes passées à propos de leurs pratiques « violentes ». Deuxième épisode avec ce texte paru en décembre 2000 peu après le sommet de l'Union européenne à Nice : Communiqué de l'Union Emeutière sur les actions directes menées à Nice.

Texte intégral (570 mots)

Nous vous proposons quelques textes écrits par des manifestant-e-s lors de luttes passées à propos de leurs pratiques « violentes ». Deuxième épisode avec ce texte paru en décembre 2000 peu après le sommet de l'Union européenne à Nice : Communiqué de l'Union Emeutière sur les actions directes menées à Nice.

Texte à lire sur l'écran et/ou télécharger en PDF/brochure sur infokiosques.net (format A6 à l'italienne).

Extrait :

Le jeudi 7 décembre 2000 à Nice, de nombreuses actions furent menées contre des structures capitalistes. Les médias ont procédé avec talent à l'habituelle exploitation des événements, résumant les multiples actes de révolte dont ils furent témoins à une « casse » sans motif et désorganisée.

Membres d'un groupe affinitaire actif lors des manifestations du 7 décembre à Nice contre le Sommet de l'Union Européenne, nous avons participé à plusieurs actions directes contre des bâtiments d'entreprises capitalistes connues. Nous tenons ici même à le revendiquer. Nice étant quasiment en état de siège, nous savions que le sommet en lui-même serait très difficilement accessible (placé sous haute surveillance, il s'est tenu à l'Acropolis, gigantesque bunker protégé par plus de 4000 membres des forces de l'ordre, incluant services secrets, hélicoptères, etc.). Nous avons donc pris le parti de nous attaquer au pouvoir hors des murs de l'Acropolis, pendant la tenue du sommet.

Nous avons participé à la destruction de plusieurs banques, assurances, agences immobilières et concessionnaires automobiles. Autrement dit, nous n'avons attaqué que des lieux qui font partie intégrante de l'oppression capitaliste et de l'antagonisme de classe. Nos actions avaient notamment pour buts de causer des dommages économiques aux entreprises ciblées et de perturber le bon déroulement d'un Sommet Européen censé rencontrer la pleine adhésion de tou-te-s. Cette attitude offensive contre le capital permet une prise directe sur des éléments du système et une expression concrète de notre colère.

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11.12.2025 à 08:00

Solidarité avec les peuples d'Ukraine et de Palestine dans les pays occidentaux : questions relatives aux tactiques de luttes.

Cet article écrit par des camarades russes revient sur les différentes tactiques de luttes en solidarité à l'Ukraine et à la Palestine, afin de renforcer notre lutte contre l'impérialisme et de se donner des perspectives futures.

Texte intégral (5686 mots)

Cet article écrit par des camarades russes revient sur les différentes tactiques de luttes en solidarité à l'Ukraine et à la Palestine, afin de renforcer notre lutte contre l'impérialisme et de se donner des perspectives futures.

Merci à nos amis qui ont traduit l'article « Solidarité avec les peuples d'Ukraine et de Palestine dans les pays occidentaux : questions de tactiques de lutte ». Cet article a déjà été publié en russe (site web et Telegraph).

L'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, qui a débuté le 24 février 2022, est un événement central pour toute la vie politique de la région post-soviétique, y compris pour le mouvement anarchiste. Le 7 octobre 2023, un nouveau cycle de confrontation a commencé entre l'État colonial d'Israël et les groupes opérant en Palestine colonisée, principalement le mouvement autoritaire religieux-nationaliste HAMAS. Ce jour-là, des militants du HAMAS et des combattants d'autres organisations palestiniennes ont attaqué Israël. Profitant de l'occasion, des djihadistes salafistes, minoritaires et marginaux dans le contexte palestinien, se sont également joints à l'attaque. Au cours de cette attaque à grande échelle, de nombreux militaires, forces de sécurité et colons armés israéliens ont été tués, mais il y a également eu des massacres de civils. La guerre s'est rapidement transformée en un génocide de la population palestinienne de la bande de Gaza, que l'État d'Israël mène à bien par des bombardements totaux et aveugles, une famine créée artificiellement et d'autres formes d'extermination massive de la population civile. Israël est étroitement lié aux pays dits « occidentaux » par des liens politiques, économiques, militaires et autres, et dépend particulièrement du soutien de l'empire le plus puissant du monde, les États-Unis. Tout comme la guerre en Ukraine pour les anarchistes et les gauchistes post-soviétiques, la lutte contre le génocide en Palestine est devenue ces dernières années un point central de mobilisation pour les mouvements anarchistes et révolutionnaires de gauche en Occident.

La lutte anarchiste est internationaliste ; elle est menée de part et d'autre des frontières nationales. Dans cet article, nous aborderons les méthodes de solidarité avec les peuples ukrainien et palestinien dans les pays occidentaux, en nous concentrant principalement sur les tactiques de luttes. Il semble approprié d'aborder la question sous cet angle, car une partie importante du mouvement anarchiste et de gauche post-soviétique a fini par émigrer, notamment vers les pays occidentaux. Dans le cas de la Palestine, l'internationalisme et la solidarité avec la lutte dans cette région ont une longue et héroïque histoire, et le mouvement palestinien lui-même considère le monde occidental comme un front important de résistance. Nous en discuterons plus en détail ci-dessous.


Un peu de contexte

Cet article n'a pas pour objectif de retracer l'histoire du colonialisme et de l'occupation en Ukraine et en Palestine. Dans le cas de l'Ukraine, le lecteur russophone connaît, au moins dans les grandes lignes, les événements de ces dernières années ainsi que la politique coloniale impérialiste menée auparavant par l'Empire russe, l'Union soviétique et la Russie de Eltsine et Poutine. C'est plus difficile avec la Palestine : il y a tout simplement un manque critique de documents anarchistes et révolutionnaires en langue russe qui fournissent un aperçu complet des origines et de l'histoire de la colonisation et de l'occupation. Je me limiterai donc à recommander des documents en anglais. Pour comprendre les origines du génocide actuel, je recommande la lecture de la brochure publiée en juin 2024 par le Mouvement révolutionnaire kurde, « Réflexions sur la résistance palestinienne et kurde ». De plus, l'histoire de la résistance palestinienne au cours des dernières décennies est merveilleusement présentée dans l'article du collectif anarchiste CrimethInc., « Ya Ghazze Habibti — Gaza, mon amour : comprendre le génocide en Palestine ». En outre, l'organisation anarchiste « Compass » opère en Palestine et compte parmi ses membres des camarades russophones. Vous pouvez probablement les contacter directement pour leur poser vos questions.

Solidarité avec les peuples d'Ukraine

En Occident, dès le premier jour de la guerre à grande échelle, un mouvement de solidarité assez massif avec les peuples d'Ukraine a vu le jour, auquel s'est jointe une partie importante des anarchistes et des gauchistes. Beaucoup ont immédiatement pris contact avec l'initiative « Operation solidarity », qui s'est ensuite transformée en « Solidarity Collectives ». Certain.es camarades, dont ceux qui avaient l'expérience de la lutte armée au Kurdistan, se sont rendu.es elleux-mêmes en Ukraine et ont rejoint le Peloton anti-autoritaire. Leur expérience s'est avérée très précieuse pour la mise en place de structures organisationnelles militaires – notre camarade tombé au combat, l'un des fondateurs de l'Organisation de combat des anarcho-communistes (BOAK), le martyr Dmitry Petrov, en a parlé dans son article « Quatre mois dans le Peloton anti-autoritaire en Ukraine ».

Le peloton anti-autoritaire dans ses débuts

En Occident, après le début de la guerre à grande échelle, des actions de solidarité massive avec les peuples d'Ukraine ont eu lieu. Des anarchistes et des militant.es de gauche y ont participé, donnant simultanément à la campagne pro-ukrainienne un caractère plus radical, incluant des revendications anticapitalistes, antiétatiques et environnementales. Par exemple, en mars 2022, des anarchistes ont occupé le manoir londonien de l'oligarque russe Deripaska. Cette action visait à dénoncer l'agression russe, mais elle a également mis en lumière les problèmes de répartition inéquitable des ressources dans la société moderne, du sans-abrisme, de la répression policière contre les réfugiés et les migrants, du racisme et du colonialisme. Toujours en mars 2022, à Glasgow, les participants à une initiative climatique de gauche ont bloqué les bureaux de la compagnie maritime « Seapeak », liée à l'État russe. L'objectif du blocage était d'entraver le commerce du pétrole russe. Mais cette action visait également toutes les entreprises énergétiques dont les activités ont un impact destructeur sur la nature, ainsi que l'ensemble du système capitaliste qui détruit la planète au nom du pouvoir et du profit.

Des actes symboliques de sabotage contre les ambassades, consulats et missions commerciales russes, tels que les peintures répétées à l'aide de drones sur l'ambassade russe à Stockholm, se sont poursuivis tout au long de la guerre totale. Le rôle des anarchistes dans ces événements n'est actuellement pas clair. Des anarchistes ont également participé à des manifestations organisées par l'opposition russe à Berlin et dans d'autres villes. Des cortèges anarchistes se sont joints à elleux avec des slogans appelant à un soutien accru à la résistance ukrainienne, notamment par le transfert d'armes supplémentaires vers l'Ukraine.

Et pourtant, les actions anti-russes les plus graves n'ont pas été menées par des anarchistes. L'action pro-ukrainienne la plus retentissante en Occident à ce jour doit être considérée comme le sabotage des gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2 en mer Baltique, le 26 septembre 2022. Les autorités allemandes chargées d'enquêter sur ce sabotage ont engagé des poursuites contre des citoyens ukrainiens, notamment ceux liés au SBU (Service de sécurité ukrainien). Les organes d'enquête suggèrent que l'attaque a été coordonnée, voire directement organisée, par les dirigeants militaires et politiques ukrainiens.

Lorsque l'on envisage une solidarité concrète avec les peuples d'Ukraine en Occident, y compris en matière de tactiques de lutte, il faut bien comprendre que les possibilités sont très limitées. Tout d'abord, les pays occidentaux ont imposé des sanctions assez sévères à la Russie et fournissent, bien qu'en quantités insuffisantes, des armes à l'Ukraine. Même la « flotte fantôme » russe pour le commerce du pétrole – une cible potentielle pour des sabotages anarchistes avancés – se heurte à l'opposition des autorités européennes. Par exemple, le 2 octobre dernier, le pétrolier Boracay de la « flotte fantôme », qui faisait route de la région de Leningrad vers l'Inde, a été capturé par les forces spéciales françaises dans la Manche. La position prudente, pragmatique, mais toujours conflictuelle de nombreux États européens à l'égard de la Russie réduit la marge de manœuvre des activités de lutte anarchistes. Naturellement, si pour une raison ou une autre, la coopération avec l'État russe se normalise, cette situation changera également. L'une des tâches des actions pro-ukrainiennes actuelles est d'empêcher une telle normalisation.

Deuxièmement, les attaques contre l'État russe en Occident inquiètent peu Poutine. Le régime russe a maintenu une relative stabilité, même sous la pression des sanctions imposées par les pays occidentaux. Une ambassade recouverte de peinture ou une mission commerciale incendiée dans une capitale européenne ne dérange pas du tout Poutine. Cela ne signifie pas que ces actions sont mauvaises ; d'un point de vue éthique et pratique, elles sont tout-à-fait justifiées. Il suffit simplement de comprendre l'horizon des résultats réalisables.

Dans ces conditions, une action de lutte qui pourrait vraiment avoir un effet sérieux, inspirante pour nous et effrayante pour nos ennemis, serait, par exemple, l'élimination d'un haut fonctionnaire russe de premier ou deuxième rang, comme Slutsky (homme politique russe), qui était récemment en Suisse. Naturellement, une telle action est extrêmement difficile d'un point de vue technique, d'autant plus que le mouvement anarchiste est surveillé par les services de renseignement non seulement en Russie et en Biélorussie, mais aussi en Occident.

Dans le même temps, presque tous les analystes militaires soulignent que le principal problème des forces de défense ukrainiennes, qui permet aux troupes russes de progresser chaque jour, est un manque élémentaire d'infanterie, en particulier d'infanterie motivée. Jeter de la peinture sur les ambassades russes est certes une bonne chose, mais si vous êtes principalement motivé par une position pro-ukrainienne et que vous n'avez pas d'autres engagements critiques dans la lutte collective, vous devriez peut-être prendre place dans une tranchée avec un fusil d'assaut ou une mitrailleuse. Aujourd'hui, il n'est pas si difficile de se rendre au front en Ukraine, même si vous avez un passeport russe ou biélorusse. Pour mettre en œuvre ces projets, nous vous recommandons de contacter la plateforme de recrutement anti-autoritaire lancée par « Solidarity Collectives ».

N'oublions pas non plus qu'une position simplement pro-ukrainienne présente de nombreux points communs avec une position révolutionnaire anarchiste, mais qu'elle n'est pas tout-à-fait identique à celle-ci. Notre martyr Dmitry Petrov a écrit à ce sujet dans l'article « Être une force indépendante » en novembre 2022. Dima a noté :

La deuxième approche, apparemment opposée, est proactive, mais similaire à la première en termes de résultats. Ses partisans affirment que l'anarchisme et la lutte révolutionnaire ne sont pas à l'ordre du jour pour le moment, « nous allons d'abord défendre l'Ukraine contre l'invasion », « nous allons d'abord renverser Poutine/Loukachenko (souligner selon le cas) », nous allons nous lancer tête baissée dans ce travail, et ensuite... Non, mes amis, si, à la croisée des chemins, vous décidez de reporter vos idées à des temps meilleurs, vous pouvez être sûrs que vous les mettez définitivement de côté.

Heureusement, il existe parmi nous de nombreuses personnes dignes d'intérêt qui consacrent beaucoup d'énergie et d'efforts à des tâches sérieuses. Il est essentiel que ces tâches et ces efforts servent les objectifs des révolutionnaires, à savoir la restructuration de la société selon les principes libertaires. Pour une telle restructuration, un mouvement puissant et organisé, doté d'une grande influence idéologique et pratique, est nécessaire.”

Malgré l'importance de participer à la défense armée des peuples d'Ukraine, il faut garder à l'esprit qu'il n'existe actuellement aucune unité anti-autoritaire distincte. Néanmoins, un travail organisationnel extrêmement important est mené par nos camarades, qui ont besoin de soutien. Parallèlement, les activités menées en exil peuvent également s'avérer utiles. Prenons l'exemple des manifestations de l'opposition à Berlin. Y participer sous la forme d'un cortège distinct renforce le niveau d'organisation du mouvement et permet également d'acquérir un certain nombre de compétences utiles qui pourraient s'avérer nécessaires à l'avenir : comment rassembler des camarades de différentes villes et régions en un seul endroit et au même moment, comment se regrouper, comment se préparer à d'éventuels affrontements avec la police et des militants d'extrême droite. De plus, ces actions préservent la mémoire des héros tombés au combat et contribuent à la formation d'une culture de lutte et de martyre au sein de la communauté anarchiste.

En général, il y a du travail à faire partout, mais le front principal se trouve sans équivoque en Ukraine.

Solidarité avec les peuples de Palestine

Comme nous l'avons déjà mentionné, la lutte internationaliste palestinienne a une longue et héroïque tradition. La RAF (Fraction armée rouge), les « Cellules révolutionnaires », le « Mouvement du 2 juin » et d'autres groupes de guérilla urbaine ont organisé leurs actions dans le monde entier en collaboration avec le Mouvement révolutionnaire palestinien. Des révolutionnaires européens ont suivi une formation idéologique et militaire dans les camps militaires des organisations palestiniennes. En 1982, des internationalistes ont combattu aux côtés des Palestiniens contre l'État d'Israël, qui avait envahi le Liban. Par exemple, la révolutionnaire allemande Ingrid Siepmann, membre du « Mouvement du 2 juin », a combattu les occupants au sein d'une brigade de femmes palestiniennes et est morte au combat. Des images du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pendant la guerre du Liban, aux côtés de combattants palestiniens, défendant le village stratégique d'Arnoun, ont été présentées dans un autre article. Dix révolutionnaires kurdes sont morts en martyrs lors de cette bataille cruelle.

Pendant la première Intifada (1987-1993) et après celle-ci, le centre de gravité de la résistance à l'État colonial d'Israël s'est déplacé vers la Palestine, ce qui a influencé la nature de l'internationalisme. L'activité du Mouvement de solidarité internationale (ISM), créé en 2001, a constitué un chapitre important de la lutte internationaliste. L'une des principales méthodes de l'ISM consistait à protéger physiquement, en tant que « bouclier humain », les maisons palestiniennes contre la démolition et l'expulsion de leurs habitants. Souvent, les colons et les militaires qui les assistaient hésitaient à agir aussi durement contre les internationalistes des pays occidentaux et les citoyen.nes israélien.nes qu'ils le faisaient contre les Palestiniens privés de leurs droits, et cette tactique non violente a donc donné des résultats. Malgré les méthodes non violentes de l'ISM, plusieurs participant.es à cette initiative ont été tués ou mutilés par l'armée et les colons. Le meurtre de l'internationaliste américaine Rachel Corrie, le 16 mars 2003, a eu le plus grand retentissement. Elle travaillait dans la bande de Gaza et a été écrasée et a été tuée par un bulldozer militaire israélien alors qu'elle protégeait une maison palestinienne de la démolition. En Cisjordanie, l'ISM poursuit ses activités à ce jour.

La martyre Rachel Corrie le jour de sa mort

Un autre exemple de lutte internationaliste en Palestine est l'initiative anarchiste « Anarchists Against the Wall » (Anarchistes contre le mur), créée en 2003 et aujourd'hui disparue. Ses participant.es, principalement des citoyen.nes israélien.nes, ont pris part à des blocages et à des sabotages aux côtés des Palestinien.nes. En rejoignant cette lutte commune, les participant.es à l'initiative voyaient leur objectif dans l'abolition de la société coloniale israélienne, la déconstruction de l'identité coloniale et de la mentalité coloniale et raciste, condition préalable à une coexistence égalitaire et amicale entre tous les groupes ethniques et religieux habitant la Palestine.

Après le début de la nouvelle guerre et du génocide, les pays occidentaux sont redevenus un front de lutte extrêmement important pour le mouvement palestinien, y compris pour les anarchistes et les gauchistes qui y participent. Pourquoi ? Il est extrêmement difficile d'entrer à Gaza pour participer à la lutte armée ; la bande de Gaza est une prison à ciel ouvert, bloquée de tous côtés, par les airs et par la mer. La région elle-même est peu propice à la guérilla, c'est pourquoi le HAMAS et d'autres organisations armées ont construit un réseau de tunnels, grâce auquel de petits groupes de combattants peuvent mener des attaques efficaces. Dans ces conditions, entrer physiquement dans la bande de Gaza et rejoindre une structure de guérilla dont la participation est idéologiquement compatible avec une position libertaire semble une tâche presque impossible.

Manifestation du Front populaire de libération de la Palestine, organisation de gauche, à Gaza.

Mais, comme le souligne l'article de CrimethInc. intitulé « Ya Ghazze Habibti — Gaza, mon amour : comprendre le génocide en Palestine », cela n'est pas nécessaire. Contrairement à la Russie, l'État d'Israël dépend fortement de l'aide des États occidentaux, principalement des États-Unis. L'administration Trump et d'autres gouvernements occidentaux continuent de soutenir le régime israélien et le génocide, même si en Europe, sous la pression d'une résistance populaire massive, la situation commence à changer. De plus, il existe également une boucle de rétroaction dans les relations entre Israël et l'Occident : l'État d'Israël, îlot colonial militariste de « civilisation » dans un environnement colonisé « barbare », est un exportateur de concepts fascistes et de technologies militaires et policières destinées à réprimer les mouvements sociaux et à contrôler les travailleur.euses, les ghettos pauvres et les groupes marginalisés « indésirables » dans les métropoles occidentales elles-mêmes. Cela fait des pays occidentaux un front d'une importance vitale dans la lutte contre le génocide en Palestine et l'oppression, les inégalités et l'exploitation mondiales qui y sont liées.

Sur ce front, le mouvement anarchiste international a déployé un riche arsenal de tactiques de luttes au cours des deux dernières années. Il a notamment organisé des manifestations et des affrontements avec la police, des blocus d'entreprises israéliennes et occidentales soutenant l'État d'Israël, des blocus de ports par lesquels transitent des armes à destination d'Israël, des occupations de campus universitaires et, bien sûr, des centaines d'actes de sabotage. La participation des anarchistes au mouvement palestinien a une fois de plus brisé le mythe libéral selon lequel les actions radicales effraient les « gens ordinaires ». Par exemple, les 2 et 3 octobre derniers, après que les autorités israéliennes ont saisi une partie de la flottille internationale « Sumud » qui se dirigeait vers Gaza, entre un et trois millions de personnes sont descendues dans les rues des villes italiennes pour réclamer la fin du génocide. Des actions de solidarité à grande échelle, rassemblant des centaines de milliers de participant.es, ont également eu lieu dans d'autres pays européens. Il s'agit de l'une des plus grandes mobilisations sociales en Europe depuis 1968. Manifestations, grèves, affrontements avec la police, sabotages : les participant.es au mouvement palestinien parviennent souvent à combiner toutes ces méthodes dans une seule et même lutte, sans la division libérale et destructrice entre « bons » manifestant.es « pacifiques » et « mauvais extrémistes », qui est avantageuse pour les autorités. Cette leçon sera utile dans les nouvelles batailles révolutionnaires, tant en Occident que dans d'autres régions, y compris dans l'espace post-soviétique.

Cette unité s'est également manifestée lors des mesures répressives prises par les autorités. Ainsi, en juillet 2025, l'État anglais a déclaré l'initiative de gauche « Palestine Action », qui menait des actions de désobéissance civile et de sabotage, comme étant une organisation terroriste. En quelques mois, plus d'un millier de personnes ont été arrêtées pour avoir prétendument participé à ses activités. Mais aujourd'hui, des manifestations de solidarité massives avec « Palestine Action » ont lieu dans tout le pays, auxquelles se joignent des personnes qui étaient auparavant loin des formes illégales de résistance.

Le mouvement de solidarité avec les peuples de Palestine n'a pas encore réussi à mettre fin au génocide. Et pourtant, ces derniers mois, sous la pression des actions de masse dans les rues des capitales européennes, on parle de plus en plus de l'isolement du régime israélien. Pour l'instant, l'État d'Israël peut compter sur le soutien inconditionnel de l'administration américaine Trump, mais les tendances émergentes vers l'isolement pourraient à l'avenir menacer ce projet colonial. Les tactiques de lutte des anarchistes ont servi à mobiliser et à radicaliser le mouvement palestinien. Le front de la lutte palestinienne en Occident reste ouvert, apportant une contribution significative à la confrontation avec l'État génocidaire d'Israël et toute l'oppression mondiale.

Conclusion

Les mouvements de solidarité avec les peuples ukrainien et palestinien en Occident, pour les raisons décrites dans l'article, sont de nature différente. Pour le mouvement palestinien, les pays occidentaux constituent un front extrêmement important, tandis que pour les anarchistes occidentaux et post-soviétiques solidaires de la résistance ukrainienne, la lutte en Occident est de nature auxiliaire – les événements principaux se déroulent en Ukraine et dans l'espace post-soviétique. Et pourtant, ces deux directions de la résistance mondiale sont étroitement liées. Cela est très bien décrit dans l'article de CrimethInc. « Ya Ghazze Habibti — Gaza, mon amour : comprendre le génocide en Palestine » :

La Palestine est profondément liée à la révolution syrienne, à la tragédie du Soudan, aux féministes révolutionnaires d'Iran, à la révolution du Rojava, au soulèvement au Liban, aux nombreux mouvements au Moyen-Orient depuis le Printemps arabe et, plus globalement, aux mouvements Stop Cop City et Black Lives Matter aux États-Unis, aux luttes anticolonialistes des peuples autochtones partout dans le monde, à la résistance anti-junte au Myanmar, à la résistance ukrainienne à l'impérialisme russe et à toutes les luttes pour la liberté et la libération. Nous tirons inspiration, force et enseignements les uns des autres. Une victoire palestinienne à Gaza enverrait des vagues de liberté aux quatre coins de la terre, tandis qu'une victoire israélienne encouragerait ceux qui poursuivent des stratégies violentes et génocidaires partout dans le monde, renforcerait l'emprise des alliances réactionnaires et autoritaires sur des populations entières et leur permettrait d'écraser davantage les mouvements de libération, que ce soit au nom de la « stabilité » ou de la « résistance ». Si nous dépendons les uns des autres, nous ferions mieux de commencer à agir en conséquence. Qui sait combien de temps il nous reste ?

Une victoire de la résistance ukrainienne sur l'empire agressif russe ouvrira des perspectives révolutionnaires dans l'espace post-soviétique. Un échec militaire d'Israël sera un pas vers l'abolition du projet colonial et raciste en Palestine et rapprochera la coexistence pacifique de tous les groupes ethniques et religieux de cette région, ensemble et sur un pied d'égalité. La lutte sur ces fronts de la lutte révolutionnaire mondiale se poursuit, et il n'est jamais trop tard pour y prendre part !

Fedai

« Militant anarchiste », lisez-nous sur Telegram

ndt : Le groupe BOAK (organisation de combat anarcho-communiste) est un groupe de partisan.nes opérant en Russie et menant des actions de sabotages sur le sol russe mais certain.es de ses militant.es prennent également part au combat sur le front en Ukraine, dont plusieurs sont tombé.es en martyrs.

https://telegra.ph/Solidarity-with-the-Peoples-of-Ukraine-and-Palestine-11-09

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