16.11.2025 à 14:00
Projections et discussion autour des films :
Dimanche 23 novembre à 15h à la Bourse du travail d'Aubervilliers
Projections et discussion autour des films :
Dimanche 23 novembre à 15h à la Bourse du travail d'Aubervilliers
Pour cette deuxième séance organisée par le CLASS, on revient en image sur deux luttes des années 1970, en France et en Italie qui ont en commun le fait de mettre au centre la question de la nocivité du travail, et le refus de monnayer l'intoxication contre des primes salariales.
À Penarroya comme à Porto Marghera, les luttes s'organisent sur la base d'un rapport distant voire conflictuel aux organisations syndicales, qui défendent une stratégie d'indemnisation face à la destruction de la santé. Dans les deux cas, le soutien vient de groupes autonomes — les Cahiers de Mai d'un côté, Potere Operaio de l'autre — et de collectifs fournissant des contre-expertises médicales (Groupe Information Santé, médecin de Padoue et sympathisants de Medicina Democratica).
Ces nouvelles expériences d'organisation vont porter un discours plus radical sur le lien entre travail et santé :
« Le travail n'est pas une façon de vivre. Mais l'obligation de se vendre pour vivre. Et c'est en luttant contre le travail, contre cette vente forcée d'eux-mêmes (les ouvriers) qu'ils se heurtent aux règles de la société. Et c'est en luttant pour travailler moins, pour ne plus se laisser empoisonner par le travail qu'ils luttent aussi contre la nocivité. Car il est nocif de se lever tous les matins pour aller travailler, il est nocif de suivre les rythmes, les modes de la production, il est nocif de faire les roulements, il est nocif de rentrer chez soi avec un travail qui te contraint le lendemain de retourner à l'usine ».
(Assemblée autonome de Porto Marghera, 1974 cité dans Autonomie ! de Marcelo Tari)
Ce film retrace, à partir du récit des ouvriers, l'expérience d'organisation autonome dans la zone pétrochimique de Venise à la fin des années 1960 et au début des années 1970.
Les témoignages mettent au premier plan la dureté du travail et l'exposition quotidienne aux substances toxiques. Contre l'idée que cette destruction du corps pourrait être rendue acceptable par des primes salariales, la lutte de Porto Marghera affirme que la santé passe par le refus du travail.

Ce film est commandité par les ouvriers de Penarroya à la veille d'une grève d'ampleur en février 1972, avec pour appel « Nous réclamons le droit de vivre ».
Dans l'usine de Lyon, la grève dure et se radicalise sur la question d'un “droit à la santé”. Cette revendication s'affirme dans un contexte où les ouvriers - pour la plupart immigrés - ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se préserver des nuisances liées au travail et de l'intoxication au plomb. La lutte s'organise notamment contre une médecine du travail au service des intérêts patronaux.

Espace accessible en fauteuil roulant.
Bourse du travail d'Aubervilliers, 1 rue des 21 appelés
93 300 Aubervilliers
Métro Aimé Césaire
*Gratuit*
16.11.2025 à 13:00
Appel de la commission de Mobilisation Travail Social d'Île-de-France.
Appel de la commission de Mobilisation Travail Social d'Île-de-France.
Le constat est clair et partagé : la situation se dégrade partout ! À l'hôpital, dans l'hébergement d'urgence, en protection de l'enfance, dans la prévention spécialisée... C'est tout le secteur de la solidarité qui est attaqué par les politiques d'austérité.
Nous le voyons toutes et tous au quotidien :
Les Rencontres nationales du travail social en lutte ont appelé à 3 jours de grève les 16, 17 et 18 décembre.
Comme les 53 collectifs et organisations syndicales (à ce jour), nous pensons aussi qu'il faut dépasser la stratégie intersyndicale, perdante et démotivante, des journées saute-mouton.
Rejoins-nous tous les mardis, à partir du 18 novembre à 18h30 à la Bourse du travail de Paris pour préparer ensemble 3 jours de grève déter !
Retrouvons-nous dans les manifestations suivantes pour former un cortège du travail social en lutte :

Comité de mobilisation du travail social IDF : @commobtravailsocialidf
16.11.2025 à 12:00
L'état de putréfaction politique du pays n'a jamais été aussi grand autour du génocide palestinien. Alors que les soutiens de la Palestine sont censurés, traqués, humiliés et réprimés, des lobbyistes d'un régime colonial et génocidaire sont accueillis au Sénat.
L'état de putréfaction politique du pays n'a jamais été aussi grand autour du génocide palestinien. Alors que les soutiens de la Palestine sont censurés, traqués, humiliés et réprimés, des lobbyistes d'un régime colonial et génocidaire sont accueillis au Sénat.

Annulation d'un colloque sur la Palestine au Collège de France
« Il ne peut pas y avoir d'occupation heureuse, démocratique et c'est elle qui engendre la violence » disait Henry Laurens, historien, invité sur le plateau de France 24, le 20 septembre 2025 à propos de la situation en Palestine et du régime colonial israélien. L'homme en question est titulaire et professeur au Collège de France, spécialiste du monde arabe. L'établissement parisien est rattaché au ministère de l'enseignement. C'est un lieu de recherche et de liberté académique où l'on dispense des cours gratuits ouverts à toutes et tous, sans conditions d'inscriptions ou de diplômes. Un lieu préservé au sein de l'espace universitaire français.
Un colloque, intitulé « La Palestine et l'Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », devait être coorganisé par Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d'études politiques de Paris (Carep Paris) les 13 et 14 novembre 2025. Il a tout simplement été annulé sous la pression des sionistes, avec la complicité du Ministre de l'enseignement supérieur.
La Licra, organisation prétendument anti-raciste et réellement pro-israélienne, a signalé immédiatement le cycle de conférences au ministère de l'enseignement supérieur. Cette organisation a dénoncé une « foire antisioniste » et évoqué le « dévoiement d'une institution prestigieuse ». On a du mal à comprendre en quoi organiser une conférence autour d'un État reconnu par les organisations internationales pourrait dévoyer le prestige du Collège de France. Quant à l'accusation en antisionisme, il ne s'agit pas encore d'un délit, même si les macronistes et les défenseurs du régime israélien ont un fort désir de le criminaliser.
Yonathan Arfi, président du Crif, sioniste forcené lui aussi et pourfendeur de la cause palestinienne, a dénoncé l'événement sur le réseau social X. Il estimait que « rien n'allait dans ce colloque. Ni l'approche partiale et militante, ni les intervenants contestables, ni la date indécente du 13 novembre ». En associant dans cette déclaration marécageuse des interventions universitaires et les attentats du Bataclan et des terrasses du 13 novembre 2015 à Paris, Arfi veut sciemment jeter l'opprobre sur les organisateurs. En sous-texte, Henry Laurens et le Carep, en organisant des discussions autour de la Palestine, seraient complice du terrorisme international. Une accusation déjà utilisée à tort et travers contre les soutiens du peuple palestinien.
Rappelons qu'en février 2024, ce même monsieur Arfi affirmait qu'il n'y avait « pas d'équivalence morale » entre les morts israéliens et palestiniens, avant de parler de « victimes collatérales » à Gaza lors d'une interview sur France info. Mais attention ce discours négationniste au service de la propagande du régime génocidaire israélien n'est, lui, ni militant, ni partial sur le sujet…
C'est dans ce contexte boueux que ce dimanche l'administration du Collège de France a annoncé l'annulation de la manifestation à la demande du ministre macroniste Philippe Baptiste « en réaction à la polémique entourant la tenue » de l'événement.
Dans un communiqué, l'administrateur du Collège de France explique qu'il « se voit dans l'obligation, en tant que chef d'établissement, responsable de la sécurité des biens et des personnes ainsi que de la sérénité des événements tenus dans l'enceinte du Collège de France, d'annuler la manifestation ». Le Collège de France « ne prône, ni n'encourage, ni ne soutient aucune forme de militantisme », a affirmé l'établissement qui assure de sa « stricte neutralité (…) au regard des questions de nature politique ou idéologique ». Les soutiens des colonialistes et criminels de guerre ont encore une fois eu gain de cause. « Cette annulation est un soulagement » s'est félicité le président du CRIF sur X.
Quelques heures après la censure du colloque le Carep répondait avec amertume au ministre de l'enseignement : « Sous couvert de ‘garantir la scientificité', le ministère justifie une intervention politique dans le champ de la recherche […] Accuser ces chercheurs d'antisémitisme ou de militantisme revient à disqualifier sans fondement leurs travaux, pourtant validés par leurs pairs et publiés dans les revues scientifiques les plus prestigieuses. Cette confusion entre évaluation savante et contrôle idéologique met directement en péril l'indépendance du savoir. La recherche n'a pas vocation à être ‘équilibrée' politiquement : elle doit reposer sur la compétence, la méthode et la probité intellectuelle. Depuis quand le pouvoir politique se substitue-t-il aux instances de la recherche pour décider de ce qui est ‘scientifique' ou non ? »
Un lobby israélien au Sénat
Dans le même temps, les problèmes de militantisme et d'ingérence étrangère ne se posent évidemment pas lorsqu'il s'agit d'Israël. En effet, on apprenait sur Mediapart ce lundi 10 novembre que le Sénat accueille discrètement un colloque financé directement par Israël. C'est le lobby Elnet, porte-voix de l'entité génocidaire en France, qui en est l'instigateur. Elnet, c'est cette institution qui a payé des voyages en Israël à des centaines de parlementaires français.
Un lobby qui ne s'est jamais inscrit à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Sauf que le ministère des affaires étrangères israélien finance l'événement à hauteur de 72.000€, alors même que le groupe d'influence prétend être indépendant de l'État génocidaire. Des représentant·es du gouvernement israélien seront également présente·s. Un scandale : leur place est devant une Cour Pénale Internationale, pas sur un des palais de la République française.
Summum de l'indécence, ce colloque s'intitule « coalition mondiale des femmes contre les violences basées sur le genre utilisées comme armes de guerre ». Alors même que les violences sexuelles perpétrées par Israël sur les Palestiniennes et les Palestiniens sont largement documentées. En mars 2025, les Nations Unies dévoilaient un rapport sur les violences sexuelles, soulignant que « Israël a eu de plus en plus recours à la violence sexuelle et procréative, ainsi qu'à d'autres formes de violence fondée sur le genre contre le peuple palestinien, dans le cadre d'un effort généralisé pour affaiblir les droits de la population à l'autodétermination ».
Ces violences sont systémiques et organisées et ne résultent nullement d'actes isolés : « Des viols et des actes de violence ciblant les organes génitaux, ont été commises soit sur ordre explicite, soit avec l'encouragement implicite des hauts responsables civils et militaires d'Israël » conclue le rapport. Autre élément accablant, « des femmes et des filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l'accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l'accès aux soins de santé procréative, des actes qui relèvent du crime contre l'humanité par extermination ».
Mais le Sénat estime que ce n'est pas un problème que les responsables de tels crimes fassent un colloque sur cette thématique. Les autrices de cette mascarade sont la sénatrice Dominique Vérien et la ministre Aurore Bergé, qui s'est vue offrir des voyages en Israël par Elnet à de nombreuses reprises et qui est une fervente soutien du régime génocidaire. La présence de Manuel Valls est également annoncée. Dans un avis favorable du gouvernement israélien rendu en avril, ce colloque est surtout présenté comme une « occasion de renforcer la position politique et l'image d'Israël dans le monde ». Du lobbying pur et dur.
Au Sénat, on a un penchant particulier pour les génocidaires. Déjà en avril 2024, Gérard Larcher recevait Amir Ohana, le président du Parlement israélien, avec tous les honneurs. Ce même Gérard Larcher qui sera présent à une soirée de « débats » organisée par le Crif, autre relais du sionisme en France, le 12 novembre prochain, avec la présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet.
Que retiendront les générations futures de cette période de négation de l'Histoire, où les dirigeants français déroulent le tapis rouge aux tortionnaires israéliens et leurs soutiens, tandis qu'ils frappent celles et ceux qui osent dénoncer le génocide ?
16.11.2025 à 11:00
Ce que les affaires Budapest et Antifa Ost disent de la fascisation en cours.
Ce que les affaires Budapest et Antifa Ost disent de la fascisation en cours.
Sur l'affaire Budapest
En 2023, une mobilisation antifasciste s'est opposée au Jour de l'Honneur, un rassemblement néonazi organisé chaque année autour du 11 février à Budapest pour célébrer la résistance de l'armée hongroise et des SS allemands aux troupes soviétiques. La suite est connue : des nostalgiques et des fanatiques du IIIe Reich perdent des plumes, et le régime hongrois lance une traque aux antifascistes à l'échelle européenne, à grand renfort de mandats d'arrêt européens. C'est le début de « l'affaire Budapest », dans laquelle 18 antifascistes sont poursuivi·es.
En Italie, elle est médiatisée après que la militante antifasciste Ilaria soit présentée enchaînée et tenue en laisse à ses juges hongrois, provoquant une indignation nationale et une mobilisation pour la faire élire au Parlement européen, conduisant à sa libération. Un autre militant italien, Gabriele, échappe à l'extradition vers la Hongrie, où la peine encourue est jugée disproportionnée et le procès inéquitable. En France, la justice se prononcera également contre l'extradition d'un militant antifasciste, Gino, et doit à présent statuer sur l'avenir d'un autre camarade, Zaid. En Allemagne, les nouvelles sont beaucoup moins bonnes.
Avant d'aller plus loin, précisons qu'il n'est pas question de savoir si les antifascistes sont coupables ou innocent·es. Cette question est totalement impertinente.
Pour suivre l'actualité de l'affaire, nous vous conseillons de suivre les publications du BASC (Comité de Solidarité avec les Antifascistes de Budapest) et du Comité Solidarité Budapest.

Sur le continuum répressif
Il faut d'abord dire un mot du « mandat d'arrêt européen » (MAE). Instauré après les attentats du 11 septembre 2001, il étend au droit pénal le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de justice déjà en vigueur dans le droit civile et commercial. L'extradition perd, du point de vue de son exécution, sa dimension politique en se réduisant à un acte judiciaire et procédurier. Les personnes menacées d'extradition sont en conséquence encore plus exposées qu'auparavant aux aléas des relations diplomatiques et des rapports de force entre les États membres de l'Union Européenne et leurs partenaires.
On nous objectera peut-être que la justice est indépendante, et qu'il existe des garde-fous visant à protéger les personnes visées par une demande d'extradition. Il n'y a rien à objecter à la première objection, tant elle est ridicule. Quant à la seconde, il est vrai qu'en théorie, une extradition ne peut être ordonnée que si le pays émetteur de la demande garantit le respect des droits de la personne, des conditions de détention conformes aux exigences européennes, un procès équitable et une peine proportionnelle en cas de condamnation. Dans les faits, l'État peut extrader une personne en toute illégalité pourvu que le pouvoir exécutif, dont on sait qu'il s'autonomise dangereusement, le décide. C'est arrivé à Maja, embarqué·e de force dans un hélicoptère le 28 juin 2024 et déporté·e en Hongrie alors que la justice allait se prononcer contre son extradition. Plus de 500 jours après, Maja est toujours enfermé·e dans les geôles du régime d'Orbán.
Pour comprendre d'où vient le MAE, dans quelle histoire répressive il s'inscrit, il faut évoquer la Convention Européenne pour la Répression du Terrorisme, adoptée en 1976 par les ministres des Affaires Etrangères du Conseil de l'Europe. Cet outil purement répressif visait à faciliter l'extradition des militant·es politiques dans un contexte de coopération croissante entre les organisations révolutionnaires armées au niveau européen et international. On constate cette filiation répressive non seulement dans le recours grandissant aux unités et juridictions antiterroristes dans la répression de la contestation politique, mais jusque dans l'emballement médiatique autour de l'affaire Antifa Ost, dans laquelle les inculpé·es ont été directement comparé·es à la Fraction Armée Rouge (RAF).
Le continuum répressif ne trouve évidemment pas son origine dans le cycle de luttes de l'après-68 : les outils développés à cette époque sont venus supplanter ceux rendus obsolètes par le passage du temps. Sans se hasarder à dater l'origine de ce continuum répressif, nous pouvons toutefois rappeler que les Lois scélérates de 1893 et 1894, pointe avancée de la lutte contre les courants révolutionnaires de leur époque, n'ont été que partiellement abrogées en 1992. Et plus généralement, que tout travail de renseignement et de fichage opéré par des régimes démocratiques est un outil de liquidation sociale et politique en puissance. L'exemple de la Commission Internationale de Police Criminelle, l'ancêtre d'Interpol, devrait suffire à répondre aux idiot·es utiles qui défendent le fichage au nom de la défense de la démocratie : fondée en 1923 à Vienne, ses fiches ont été saisies par le régime nazi après l'Anschluss en 1938, et ont fini entre les mains de Reinhard Heydrich, adjoint direct d'Himmler, planificateur de l'extermination par balle des Juifs de l'Est de 1939 à sa mort en 1942.
Le continuum répressif constitue à bien des égards une sorte de « déjà-là » fasciste qui opère en temps de démocratie, ou plus précisément à l'intérieur même de la démocratie, comme un moyen de sa reproduction.

Sur la répression de l'antifascisme allemand
La répression du mouvement antifasciste allemand précède l'affaire Budapest. En 2019, la police criminelle du Land de Saxe se dote d'une unité d'enquête spécialement dédiée à la lutte contre l'extrême gauche, qui va rapidement concentrer ses activités sur le mouvement antifasciste. Cette unité, appelée Soko LinX, fait preuve d'un zèle à toute épreuve, y compris celle de la loi : en 2020, elle mène neuf perquisitions dont deux illégales. Peu de temps après, elle égare des preuves dans une affaire d'incendie criminelle. Elle multiplie également les récompenses en échange d'information pouvant incriminer des militant·es dans son viseur. Des informations relatives à ses enquêtes ou au contenu saisi lors de ses perquisitions fuitent régulièrement dans la presse d'extrême droite. Pire, ses agents seraient même impliqués dans un scandale de détournement de munitions au profit d'un réseau survivaliste néonazi, Nordkreuz, qui a bénéficié d'entraînements au tir organisés par les forces spéciales de la police de Dresde. Le gouvernement du Land de Saxe, qui est évidemment impliqué dans ce scandale, n'a pas estimé nécessaire de revoir la composition et les missions de son unité spéciale anti-antifa composée d'agents philo-nazis.
La répression policière du mouvement antifasciste allemand s'appuie sur une redoutable arme judiciaire : l'article 129 du Code pénal, qui permet à l'État de fabriquer des organisations criminelles pour mieux justifier sa répression politique. Le 4 novembre s'ouvrait, à Dresde, le procès de sept antifascistes dans le cadre des affaires Budapest et Antifa Ost, poursuivi·e précisément au titre de l'article 129. L'accusation de « participation à une organisation criminelle » fait écho à d'autres chefs d'accusation mobilisés pour mieux ficher, filer et réprimer les militant·es politiques, à l'instar de notre « association de malfaiteurs ». La lutte contre le narco-trafic, comme hier la lutte anti-mafia et son article 41 bis en Italie, fournit un autre prétexte aux États pour durcir la loi et les conditions de détention : attaques contre les messageries cryptées et la vie privée, retour des quartiers haute sécurité, normalisation de la torture blanche - fouilles au corps répétées voire systématiques, mise à l'isolement prolongé, transferts sans préavis d'une prison à l'autre (une arme employée en Allemagne contre Emmi, le 3 novembre, pour briser son moral et entraver la solidarité à son égard).
L'extension des pouvoirs de la police est un phénomène généralisé. À Berlin, la coalition de la gauche (SPD), du centre (CSU) et de la droite (CDU) s'apprête à voter, en décembre prochain, une loi liberticide qui élargira l'éventail d'outils cybernétiques et biométriques au service des forces de l'ordre. Cette fièvre policière allemande nous rappelle instinctivement un acte majeur de la répression politique en Allemagne de l'Ouest : le Radikalenerlass du 28 janvier 1972. Ce « décret contre les radicaux » instaurait une enquête systématique des services de renseignement sur les fonctionnaires en poste et les candidat·e à un poste de la fonction publique. Ce décret, en place jusqu'en 1991, aboutit à l'espionnage de 3,5 millions de candidats pour l'enseignement, 11 000 actions judiciaires, 2 200 procédures disciplinaires, 1 250 interdictions professionnelles et 265 licenciements.
Le tout justifié au nom de la défense de la Constitution, garantie par un service de renseignement à part entière, l'Office Fédéral de Protection de la Constitution créée en 1950 et placée sous l'autorité du ministère de l'Intérieur. De ce point de vue, le processus de fascisation allemand vise moins à conquérir l'ordre institutionnel pour le subvertir qu'à le défendre à tout prix. C'est une fascisation démocratique, constitutionnelle, qui se manifeste sous la forme d'un républicanisme de guerre faisant feu de tout bois pour sauver une démocratie représentative entrée en phase terminale. Aucun outil démocratique ne nous sauvera, car tous sont dans les mains de la bête immonde. Résonne la formule deleuzienne : « Il n'y a pas lieu de craindre ou d'espérer, mais de chercher de nouvelles armes. »

Paris, le 12 novembee 2025
[Groupe Révolutionnaire Charlatan]
Twitter : @GRCpaname
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Mail : contact_grc@protonmail.com
16.11.2025 à 10:00
Dans cette émission de Vive la Sociale - FPP 106.3 FM - nous vous proposons des extraits d'une table ronde sur le thème « Faire la guerre à la guerre au travail, est-ce possible ? ». Bonne écoute !
Dans cette émission de Vive la Sociale - FPP 106.3 FM - nous vous proposons des extraits d'une table ronde sur le thème « Faire la guerre à la guerre au travail, est-ce possible ? ». Bonne écoute !

16.11.2025 à 09:00
Rendez-vous jeudi 20 novembre de 19h à 22h au Baranoux (Paris 19e) pour un arpentage du livre Braves Bêtes de Sunaura Taylor à l'occasion des jeudis antispécistes
Rendez-vous jeudi 20 novembre de 19h à 22h au Baranoux (Paris 19e) pour un arpentage du livre Braves Bêtes de Sunaura Taylor à l'occasion des jeudis antispécistes
C'est quoi, un arpentage ?
Un arpentage est une méthode de lecture collective d'un livre, issue de l'éducation populaire. Lors d'un temps déterminé, plusieurs participant.es se partagent un document écrit et chacun.e lit individuellement une courte partie de ce document. Ensuite, les participant.es partagent aux autres membres du groupe le contenu de leur lecture.
Programme :

Résumé du livre :
"Le récit de ce texte commence à s'écrire lorsque, petite fille, l'autrice, atteinte d'arthrogryposis, une maladie congénitale qui paralyse les articulations, entend des enfants dire d'elle qu'elle marche comme un singe, mange comme un chien, et que son handicap la fait ressembler à un animal. Ils la considèrent comme leur inférieure, elle se voit comme leur égale. Elle s'étonne également que la comparaison avec l'animal soit péjorative.
Quelle influence joue notre capacité physique et mentale sur la compréhension de notre humanité ? Qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal, les handicapés des valides et que signifierait faire tomber ces différences, pour reconnaître l'animal et le vulnérable dans chacun de nous ?
En tentant de répondre à ces questions, Sunaura Taylor signe un texte qui va marquer l'histoire du militantisme pour la cause du handicap et de l'animal. Ces deux engagements ont été mis dos à dos en raison de l'idée de validisme défendue par Peter Singer, figure de la cause animale. Sunaura Taylor s'oppose à cette conception en pointant la dangerosité du propos et en mettant en évidence les racines communes qui dévalorisent la vie d'une personne ayant un handicap et celle d'un animal."
Dites-nous si vous comptez venir en nous écrivant un mail (jeudisantispes @ protonmail.com) ou en nous envoyant un mp sur insta (@les_jeudis_antispecistes).

Infos pratiques :
Jeudi 20 novembre de 19h à 22h
au Baranoux
78, rue Compans
75019
métro Place des Fêtes / métro Botzaris
Bar et restauration 100% vegan