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Le Travailleur Alpin

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 22.10.2025 à 18:41

Manuel Pavard

Depuis une semaine, ils sont sur un petit nuage. Mardi 14 octobre, leur réunion publique, baptisée « Paroles citoyennes », a fait le plein dans la salle d’Estienne d’Orves. « Plus de 200 personnes ! Ensuite, on a arrêté de compter ; il y avait des gens dehors, dans le sas », se félicitent les coordinateurs du Collectif citoyen pour Échirolles, Yassine Zouaoui, Isabelle Gmira et Laurent Vanplin. Ces Échirollois de toutes les générations sont venus avant tout pour une raison : échanger avec l’invitée de la soirée, la maire Amandine Demore.

Amandine Demore entourée des trois coordinateurs du collectif citoyen, lors de la réunion publique organisée le 14 octobre 2025.

Une forme de lancement de campagne officieux pour celle qui n’est, à ce stade, toujours pas candidate officiellement aux municipales 2026. Néanmoins, le suspense est quasi inexistant et le collectif entend bien surfer sur la dynamique actuelle. Alors, ce mardi 21 octobre, ses trois coordinateurs ont décidé de réitérer leur appel à soutien à la candidature de l’édile — déjà signé par de nombreuses personnes depuis le mardi précédent : « Nous soutenons Amandine Demore, la plus à même de rassembler les Échirolloises et Échirollois, dans l’intérêt de notre ville. »

« Inondée de mails et de coups de fil »

Pour eux, la maire sortante a cette capacité de pouvoir séduire et réunir les habitants, au-delà des clivages et des étiquettes. Et ce, indépendamment de son appartenance communiste, qu’elle assume toutefois pleinement. Illustration de cette popularité, « Amandine Demore est inondée de mails et de coups de fil lui demandant comment la rejoindre, comment l’aider », confient les représentants du collectif.

Ces derniers insistent d’ailleurs sur le sujet. Bien qu’ayant, on le devine, le cœur à gauche, tous trois ne sont « membres d’aucun parti politique ». Laurent Vanplin et Isabelle Gmira, issus de la société civile, ont rejoint le collectif citoyen à sa création, lors des municipales 2020. Ce qui leur a permis d’être élus au sein de la majorité, le premier comme conseiller municipal délégué, la seconde en tant qu’adjointe. Yassine Zouaoui, lui, est une figure de la commune, « le coureur échirollois qui a eu la chance de porter la flamme olympique », en 2024.

La réunion publique organisée par le collectif citoyen s’est déroulée dans une salle comble, devant plus de 200 personnes.

Chacun a pu, dans son parcours, côtoyer Amandine Demore et apprécier le « très grand travail » fourni depuis son élection à la mairie, en octobre 2023. Et même avant. Laurent Vanplin, militant associatif de longue date, l’a ainsi rencontrée quand elle était adjointe à la vie associative, puis première adjointe de son prédécesseur Renzo Sulli. « Elle avait déjà cette facilité à nous apporter des ouvertures sur nos projets, à nous écouter, se souvient-il. Tout cela a été plus que confirmé lorsqu’elle a été élue maire. »

« Elle aime les gens »

Les coordinateurs du collectif ne tarissent pas d’éloges sur l’édile. « Amandine est une personne très disponible, très accessible pour les habitants et surtout, elle aime les gens », vante Laurent Vanplin. Des qualités, selon lui, « perçues par tous les Échirollois ». Isabelle Gmira acquiesce et loue la ténacité de la maire PCF. « Dès qu’un sujet lui tient à cœur, elle ne le lâche pas », souligne-t-elle, citant notamment les exemples du commissariat et du Carrare.

Venue sur la liste en 2020, pour pouvoir porter la parole des habitants, Isabelle Gmira a rapidement attrapé « le virus » de l’engagement politique. Avec le collectif citoyen, elle a « participé à l’élaboration du programme. Et en étant nommée adjointe, j’ai pu œuvrer à l’intérieur, raconte-t-elle. On a vu qu’on appliquait les promesses, que notre voix valait autant que n’importe quel parti de la majorité. » D’où sa volonté de « continuer à apporter [sa] pierre à l’édifice » pour ces municipales 2026.

« Certains pensent qu’Amandine veut m’utiliser mais non, c’est moi qui ai pris la décision de la rejoindre. »

Yassine Zouaoui, porteur de la flamme olympique et coordinateur du collectif citoyen

De son côté, Yassine Zouaoui a connu un parcours légèrement différent. Échirollois depuis seize ans, cet agent à M’Tag — où il travaille à l’atelier — a collaboré avec Amandine Demore à différentes occasions. D’une part en étant choisi pour porter la flamme olympique, ce qui a permis au spécialiste de l’ultra-trail d’intervenir dans des écoles et maisons de l’enfance. « J’ai pu voir à cette occasion l’investissement d’Amandine pour le sport, explique-t-il. Et aussi pour la culture. »

Amandine Demore lors du rassemblement pour un commissariat de plein exercice à Échirolles, fin 2024 — un combat illustrant sa ténacité selon le collectif.

Yassine Zouaoui a en effet été nommé par la maire ambassadeur de l’exposition Banksy. Un immense succès populaire, avec près de 39 000 visiteurs en deux semaines, à la salle des fêtes d’Échirolles. Lui non plus n’est pas encarté. Pourtant, sa « proximité avec Amandine » Demore lui a « ouvert les yeux », affirme-t-il. « Je me suis dit, pourquoi pas intégrer le collectif et ramener quelques jeunes avec moi dans cette aventure ? »

Le sportif échirollois, de retour de la fameuse course de l’Ultra Mirage, dans le désert tunisien, en profite pour mettre les points sur les i. « Certains pensent qu’Amandine veut m’utiliser mais non, c’est moi qui ai pris la décision de la rejoindre », assure Yassine Zouaoui. Laurent Vanplin abonde : « Il n’y a rien de pire que d’être considéré comme un pion mais avec elle, ce n’est pas du tout ça. » Une maire qui a « donné une nouvelle impulsion », confirme Isabelle Gmira, évoquant le « nombre incroyable de personnes qui soutiennent Amandine Demore ».

« L’incompréhension » devant une possible deuxième liste à gauche

Dans ce contexte, la perspective d’une liste concurrente portée par la France insoumise suscite une « incompréhension » générale. « C’est vraiment dommage, beaucoup d’habitants sont outrés d’avoir une deuxième liste de gauche », déplorent les coordinateurs. « Nous, on veut rassembler mais on n’a eu aucune approche de leur part, contrairement à ce qu’ils disent. On a plutôt l’impression de voir une liste de revanchards. »

La maire a été plébiscitée par les participants à la réunion du collectif citoyen, le 14 octobre.

Quoiqu’il en soit, le collectif reste confiant. Et appelle les citoyens à « participer à cette belle dynamique et à se faire entendre », en contribuant à la campagne et en les retrouvant sur les réseaux sociaux. Ceci, tout en glissant un petit message amical à Amadine Demore : « Maintenant, il faut qu’elle se présente officiellement », plaisantent les coordinateurs.

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Publié le 22.10.2025 à 12:07

Manuel Pavard

Pour les élus régionaux communistes, insoumis et citoyens, « l’annonce brutale, jeudi 16 octobre, de la fermeture du site Teisseire à Crolles, avec la suppression de plus de 200 emplois, est un choc pour les salariés, leurs familles et l’ensemble du bassin économique du Grésivaudan. Cette décision, prise unilatéralement par la direction du groupe, sans réelle concertation ni recherche préalable de solutions alternatives, est une attaque directe contre l’emploi industriel local », dénoncent-ils dans un communiqué publié le lendemain.

Les salariés de Teisseire rassemblés sur le piquet de grève, devant le site de Crolles, mardi 21 octobre. © Pierre-Jean Crespeau

Avant cette annonce, près de 80 % des salariés étaient en grève pour exprimer leurs inquiétudes, rappellent les conseillers régionaux. Malgré cette mobilisation « exemplaire », la direction a « choisi de répondre par la fermeture » plutôt que par le dialogue, déplorent-ils. Et ceux-ci de saluer la détermination et la légitimité de la lutte des salariés, symbole d’attachement au travail, au savoir-faire et à l’économie du territoire.

« L’entreprise n’est pas déficitaire »

Le groupe « communistes, insoumis et citoyens » réfute également la thèse d’une situation économique difficile, défendue par la direction. L’entreprise n’est pourtant « pas déficitaire », souligne-t-il. Et « Teisseire reste une marque emblématique, solidement implantée dans le paysage agroalimentaire français ».

Selon ces élus, les difficultés évoquées par la direction semblent ainsi davantage liées à des choix financiers à court terme du groupe propriétaire qu’à une réelle situation économique fragile. Ils fustigent une fermeture motivée par la rentabilité immédiate, non par la pérennisation de l’activité et des emplois.

« Nous demandons solennellement à Madame la préfète de l’Isère de convoquer dans les plus brefs délais une table ronde réunissant l’ensemble des parties prenantes : représentants de l’État, élus locaux et régionaux, direction de Teisseire, syndicats, acteurs économiques et industriels du
territoire. »

Les élus régionaux communistes, insoumis et citoyens

Alors, que faire ? « Il est impératif que l’État, les collectivités locales, les représentants des salariés, les acteurs économiques et les élus se réunissent sans délai pour envisager une solution de reprise industrielle viable et pérenne », affirment les conseillers régionaux PCF et LFI. D’où leur demande solennelle à la préfète de l’Isère de « convoquer dans les plus brefs délais une table ronde réunissant l’ensemble des parties prenantes : représentants de l’État, élus locaux et régionaux, direction de Teisseire, syndicats, acteurs économiques et industriels du territoire ».

Le président de Teisseire Christophe Garcia et le groupe Carlsberg sont particulièrement visés par les salariés. © Pierre-Jean Crespeau

Hors de question de « laisser sacrifier une entreprise historique, un savoir-faire reconnu, et des centaines de familles sur l’autel de la rentabilité financière », assènent les élus régionaux communistes, insoumis et citoyens. Avant de conclure : « L’emploi ne peut-être une nouvelle fois la variable d’ajustement. Il est au cœur de notre combat pour une société plus juste, plus solidaire et plus humaine. »

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Publié le 21.10.2025 à 18:34

Manuel Pavard

Ils sont assis sur des chaises de jardin installées devant l’entrée du site, profitant d’un coin de ciel bleu bienvenu, ce mardi 20 octobre, après la pluie de la veille. Mais l’atmosphère — plutôt détendue en apparence — sur le piquet de grève est trompeuse. Les sourires sont timides, tous ont le cœur lourd. Jeudi 16 octobre, les salariés de Teisseire, alors en grève depuis une semaine, ont en effet appris, à l’occasion d’un CSE extraordinaire, la fermeture de l’usine de Crolles, prévue au printemps 2026.

Les salariés de Teisseire évoquent l’avenir, réunis devant les grilles de l’usine. © Pierre-Jean Crespeau

Si l’annonce n’a pas totalement surpris les grévistes, qui craignaient une mauvaise nouvelle, elle a tout de même fait l’effet d’un coup de tonnerre. Invoquant dans un communiqué la « situation économique et financière extrêmement difficile » du fabricant de sirops et une « réorganisation globale de ses activités », la direction anticipe un arrêt de la production en mars ou avril 2026, à Crolles. Site où plus de 200 emplois se retrouvent donc menacés de suppression.

« Toutes les autres années, on a été rentables et il a suffi d’une année de non-rentabilité pour licencier 205 personnes et éliminer le site de Crolles ! »

Salah Mansouri, coordinateur logistique à Teisseire

Parmi ces salariés désormais en sursis, Salah Mansouri, coordinateur logistique à Teisseire depuis 2009, ne mâche pas ses mots. Pour lui, cette fermeture est « une catastrophe pure et simple », d’autant que « l’usine était tout à fait rentable », assure-t-il. En réalité, « les actionnaires ont voulu une non-rentabilité en nous enlevant les stocks de production qu’on avait chez nous, précise le salarié. Et ils sont arrivés, petit à petit, à nous descendre à 40 millions de litres » — soit sous le seuil critique.

À gauche, Salah Mansouri, coordinateur logistique à Teisseire depuis 2009. © Pierre-Jean Crespeau

« C’est dramatique pour l’histoire de Teisseire et ses 300 ans dans la région grenobloise, c’est une crise pour le Grésivaudan », poursuit Salah Mansouri, qui ne décolère pas. « Vous vous rendez compte ? Toutes les autres années, on a été rentables et il a suffi d’une année de non-rentabilité pour licencier 205 personnes et éliminer le site de Crolles ! »

« Une mort industrielle programmée »

Scandalisée par cette « décision inacceptable pour les salariés », la CGT évoque même « une mort industrielle programmée », dans un communiqué. Pour le syndicat, l’affaire est entendue, « cette issue résulte non pas d’une fatalité économique, mais d’une stratégie délibérée de désengagement industriel orchestrée par le groupe Britvic, aujourd’hui racheté par Carlsberg ».

Le président de Teisseire Christophe Garcia comme le groupe Carlsberg, propriétaire du fabricant de sirops, sont ciblés par les salariés. © Pierre-Jean Crespeau

Retraçant l’historique de Teisseire, la CGT pointe la stratégie du groupe Britvic alliant à Crolles, à partir de la fin des années 2010, « management autoritaire et délocalisation progressive » de la production de sirops (en particulier vers la Slaur Sardet, au Havre, qui produira désormais les sirops). Et ce, avant le « coup de grâce » du rachat par Carlsberg. Lequel n’a fait que « confirmer cette stratégie : vider les sites de leur substance avant de les fermer ».

Le syndicat s’étonne également de la situation financière du groupe, avec « une disparition inexpliquée de 144 millions d’euros en un an ». La trésorerie est ainsi passée de +119,8 à ‑24 millions d’euros, entre le 30 septembre 2024 et le 30 septembre 2025. Et la CGT de s’interroger : « Où est passé cet argent ? Quelles décisions ont conduit à une telle chute ? »

Les salariés ont investi le piquet de grève depuis le début de semaine. © Pierre-Jean Crespeau

« Cette fermeture n’a aucune justification économique, s’insurge l’organisation syndicale. Le site de Crolles a toujours su produire, innover et maintenir des niveaux de qualité reconnus. » Elle dénonce ainsi, pêle-mêle, « une stratégie délibérée de transfert d’activité vers la sous-traitance, une politique managériale destructrice générant souffrance, arrêts et départs, l’opacité totale sur les flux financiers et les investissements, une direction générale déconnectée des réalités sociales et du terrain ».

La CGT appelle les pouvoirs publics à intervenir

Que faire maintenant ? La CGT déroule ses revendications, exigeant « la transparence immédiate sur la gestion financière et les décisions stratégiques ayant conduit à cette situation, une expertise économique indépendante pour faire la lumière sur les responsabilités, le maintien des emplois et de l’activité à Crolles, avec un plan industriel viable, l’intervention des pouvoirs publics pour empêcher cette nouvelle casse industrielle ».

Devant les grilles d’entrée de l’usine en grève, mardi 21 octobre 2025. © Pierre-Jean Crespeau

Le syndicat appelle par ailleurs « l’ensemble des salariés, des élus, des citoyens et des pouvoirs publics à se mobiliser pour défendre l’emploi industriel en Isère ». Un objectif partagé par les salariés de Teisseire, qui refusent unanimement de voir disparaître ce site emblématique. Néanmoins, en pratique, le coup est rude. Difficile en effet de rester optimiste dans un tel contexte, avouent plusieurs grévistes.

« La crainte de l’avenir » chez les salariés

« Comment voulez-vous que je me projette ? J’ai 50 ans, il va falloir que j’aille faire mes preuves ailleurs, ce qui n’est pas évident », souligne Salah Mansouri, amer. « On ajoute de la crise à la crise, déplore-t-il. C’était déjà tendu dans notre secteur et il va falloir que je réapprenne à aller avec la boule au ventre au boulot alors que nous ici, on était très bien. »

Le salarié se souvient avec émotion de cette entreprise où « on pouvait développer nos idées, prendre des initiatives »… Une époque malheureusement révolue, regrette-t-il : « Maintenant, c’est la crainte de l’avenir. »

Pour le député Jérémie Iordanoff, « un scénario industriel déjà écrit d’avance »

Jérémie Iordanoff, député de la cinquième circonscription de l’Isère, dénonce lui aussi « un scénario industriel déjà écrit d’avance » dans un communiqué. « Cette décision, présentée comme inévitable par le groupe Carlsberg (…), s’inscrit malheureusement dans un scénario trop connu : un grand groupe international rachète une entreprise française emblématique, l’affaiblit et finit par annoncer la fermeture du site pour des raisons économiques qu’il a lui-même contribué à créer », s’indigne l’élu écologiste, venu rencontrer les salariés de Teisseire, lundi 21 octobre, à Crolles, aux côtés d’autres parlementaires, comme la députée LFI Élisa Martin ou le sénateur écologiste Guillaume Gontard.

« La préservation de l’emploi et du patrimoine industriel local doit être la priorité », estime Jérémie Iordanoff. Lequel promet de « rester mobilisé aux côtés des salariés, des élus locaux et des acteurs économiques afin que Teisseire, symbole du savoir-faire français depuis plus de 300 ans et du dynamisme industriel de l’Isère ne devienne pas une simple ligne comptable dans la stratégie d’un grand groupe ».

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Publié le 21.10.2025 à 16:22

Jean-Claude Lamarche

Au programme de cette soirée du 9 octobre, un concert intitulé Brio consacré à la musique espagnole ou hispanisante, qui commençait par des extraits des inévitables suites n°1 et n°2 de Carmen de Bizet, suivis de pièces de Joaquin Turina, Enrique Granados, Joaquin Rodrigo, Manuel de Falla. Une musique qui danse et suscite de nombreuses images dans la tête du spectateur-auditeur, qui le transporte au soleil jusqu’à la tombée de la nuit, au milieu de parfums capiteux, qui produit de la nostalgie.

Aux côtés de l’ensemble instrumental, le public a vu apparaître le jeune et extraordinaire guitariste, Raphaël Feuillâtre, né en 1996 à Djibouti. Ses interprétations virtuoses avec l’orchestre ou en solo ont enthousiasmé une salle qui découvrait un artiste dont il ne faudra pas manquer de suivre la carrière ni une occasion de l’écouter si elle se présente. Ses deux derniers albums, Visages baroques et Spanish serenades, ont été encensés par la critique et sont très écoutés sur les plateformes de streaming.

Pour rappel, cette formation est née en Seine-Saint-Denis (le 93 !) d’une improbable rencontre entre un public « de banlieue » et la musique classique, la « grande musique ». Elle s’est hissée, avec sa fondatrice et cheffe d’orchestre Zahia Ziouani, au rang de grand orchestre symphonique rayonnant dans la France entière tout en perpétuant son engagement militant en direction « des publics laissés à l’écart de la musique symphonique », en ville comme en milieu rural.

Une soirée mémorable donc, comme chaque soirée Divertimento à La Rampe, avec un orchestre qui « assure » et dont le retour, dans la prochaine saison, sera toujours aussi attendu.

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Publié le 21.10.2025 à 11:10

Manuel Pavard

Fontaine, exemple à suivre pour l’union de la gauche ? Dans un contexte national et même local — à l’image de Grenoble — marqué par les divisions, le cas fontainois étonne positivement. Et rassure. Pour cela, les militant-e‑s et sympathisant-e‑s des forces de gauche locales ont dû travailler et débattre, parfois vivement, durant de longs mois. Mais « toujours avec le même objectif », a assuré Claudine Didier, lors de la réunion plénière organisée vendredi 17 octobre au soir : « rassembler la gauche fontainoise et citoyenne autour d’un projet commun, solide et crédible. Un projet municipal destiné à renverser la droite locale et populiste incarnée par Franck Longo. »

Les militant-e‑s des différentes forces de gauche (PCF, LFI, les Écologistes, collectif citoyen) ont lancé la prochaine étape de la campagne.

La cheffe de file du PCF, confirmée en tant que tête de liste vendredi soir, s’en est félicitée : « Aujourd’hui, cette union est une réalité. Autour de notre slogan de campagne ‘Fontaine nous rassemble’, elle associe les communistes, les insoumis, les écologistes et des citoyens engagés dans une démarche partagée. » Certes, rien n’a été simple. Mais tous ont « su dépasser les étiquettes », a‑t-elle souligné, pour « [se] concentrer sur l’essentiel : ce qui peut améliorer concrètement la vie des Fontainoises et des Fontainois ».

« Nous avons su dépasser les étiquettes pour nous concentrer sur l’essentiel : ce qui peut améliorer concrètement la vie des Fontainoises et des Fontainois. »

Claudine Didier, tête de liste « Fontaine nous rassemble »

Principale information de cette réunion, l’annonce du binôme qui conduira la liste d’union de la gauche. Avec donc une communiste, Claudine Didier, qui sera bien la tête de liste et candidate au poste de maire. Et un militant de la France insoumise, Slimane Raïs, voué quant à lui à devenir le futur premier adjoint. Un beau symbole de rassemblement avec, derrière ce binôme, « une équipe paritaire et équilibrée ».

Arnaud Gardelein (LFI), Renaud Lugli (PCF), Camille Montmasson (les Écologistes).

Cette coalition s’est « rassemblée autour des grandes thématiques partagées », a précisé Claudine Didier : la culture, la jeunesse, la santé, la solidarité, l’écologie du quotidien, dans les mobilités, le logement et les espaces publics, et bien sûr le renforcement des services publics. « Nous avons aussi fait le choix d’aborder la question de la tranquillité publique par la prévention, la médiation et la présence humaine, plutôt que par la stigmatisation », a ajouté la candidate.

« Une gouvernance collégiale, claire et partagée »

De son côté, Slimane Raïs a détaillé l’organisation de la campagne. Laquelle « reflète ce que nous voulons pour la ville : une gouvernance collégiale, claire et partagée », a‑t-il affirmé. Le militant LFI a également insisté sur l’aspect « collectif » du pilotage politique et de la communication de la liste. « Nous refusons les campagnes personnalisées ; ce que nous voulons montrer, c’est une équipe unie, qui travaille ensemble, dans le respect de ses composantes », a‑t-il indiqué.

Sébastien Teyssier (les Écologistes), Slimane Rais (LFI), Mathilde Rabut (PCF), Arnaud Gardelein (LFI), Laurent Zorman (collectif citoyen).

Le premier adjoint potentiel a en outre « clarifié les principes de fonctionnement de la future équipe municipale : la maire ne restera pas conseillère communautaire ; pas de cumul entre fonctions d’adjoint et de conseiller métropolitain ; parité recherchée à chaque étape ; et une répartition des dix adjoint·es, respectueuse des équilibres et veillant à ne laisser aucune force hégémonique dans la majorité ». Des choix loin d’être anodins car traduisant, selon Slimane Raïs, une « exigence : faire preuve de cohérence, dès la campagne, dans la manière dont nous voulons gouverner demain ».

Lancement de campagne grand public le 16 novembre

L’écologiste Anne Habozit s’est ensuite adressée aux militant-e‑s et sympathisant-e‑s, les invitant à intégrer les différents groupes de travail thématiques. C’est en effet autour de ceux-ci que se structurera la campagne. Le tout sur les thèmes préalablement cités : la culture, l’éducation et la jeunesse, la santé et la solidarité, l’écologie et l’urbanisme, les services publics et la démocratie locale, la tranquillité publique et la prévention, et enfin le logement et la qualité des espaces publics.

Esma Rais (LFI), Anne Habozit (les Écologistes), Maryline Fily (PCF).

Les propositions formulées par ces groupes seront transmises au comité de coordination, composé de cinq représentants par force politique. En parallèle, des équipes d’action militante sont mises en place (communication, actions, accueil et animation du local). « Chacun pourra rejoindre un ou plusieurs de ces espaces selon ses envies, ses disponibilités ou ses compétences, a expliqué Anne Habozit. L’essentiel, c’est que tout le monde participe à la dynamique commune, à sa manière. »

Christine Azéma (LFI), Dadou Dibilo-Contreras (PCF), Franck Bonnaud (les Écologistes), Simon Gensburger (PCF).

Illustration de la dynamique en cours, de nouvelles personnes ont rejoint la campagne de la liste « Fontaine nous rassemble » à la suite de cette soirée. Une vraie réussite donc, en attendant la prochaine étape : le lancement de campagne grand public, programmé pour le dimanche 16 novembre.

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Publié le 20.10.2025 à 21:13

Edouard Schoene

L’association, née au printemps dernier, est porteuse d’une large pétition pour un projet de centre de santé, décrit largement dans le journal du quartier de juin 2025.

Hervé Derriennic, son président, situait l’objet de la réunion : « Notre préoccupation, c’est la santé. Les obstacles pour vivre en bonne santé sont nombreux : services publics de santé centralisés, loin des patients, barrage de la dématérialisation, investissements de santé laissés au privé recherchant l’appât du gain sans contrôle. Notre projet est de promouvoir une dynamique en faveur de la santé de tous les habitants du quartier, dont le projet de « centre de santé  communautaire » comme à Saint-Denis, Echirolles, Chambéry, Bron, …Poitiers. Les actions seront menées avec les habitants,avec les associations du quartier, avec des professionnels de santé dont nous souhaitons l’implication concrète, notamment pour un diagnostic de santé. » 

La France très en retard sur les centres de santé communautaires

Marc Schoene a introduit le travail en ateliers : « Vous avez pris une initiative très importante dans votre quartier. C’est une démarche d’avenir car le système de santé est en panne, à bout de souffle. Il faut concevoir la santé d’une manière radicalement différente. La prévention est le parent pauvre, les citoyens ne sont pas ou très peu associés aux questions et décisions qui les concernent. Vous allez travailler en atelier, et on va s’apercevoir que le terme santé reste à préciser, que les dispositifs de santé doivent être revus. »

Le Dr Marc Schoene, qui fut à la tête d’un centre de santé, était l’invité de cette soirée débat.

Et le médecin de poursuivre : « Ce qui était intéressant à Saint-Denis c’est que les activités de santé de la ville, avec un bon tissu d’équipements, étaient pensées avec tous les autres secteurs (culture, logement, vie sociale, sécurité,…), ce qui a abouti notamment à la création d’un centre de santé communautaire dont les professionnels sont en lien étroit avec les habitants, avec pour effet, par exemple de revoir les modes d’accueil, la réalisation des ordonnances,… En France, nous sommes très en retard sur les centres communautaires par rapport à d’autres pays comme en Afrique, au Québec, en Amérique du sud, en Belgique…»

Pendant quarante-cinq minutes, les présents ont travaillé, autour de cinq tables pour répondre à cinq questions :

  • Quelle est votre vision de la santé ?
  • Quels sont pour vous  les éléments essentiels qui « vous tiennent en santé ?
  • Quels sont pour vous  les éléments qui vous ont mis dans des difficultés de santé ?
  • Si un plan d’action de santé communautaire est mis en place sur le quartier, quelles doivent être, selon vous, ses activités prioritaires ?
  • Si vous rêvez à une santé « autrement » , qu’imaginez vous en premier lieu ?
Les participants se sont réunis en ateliers pour échanger.

Le travail fut sérieux et productif. L’association s’est réunie le 18 octobre pour commencer à dépouiller les réponses avec le Dr Schoene. Lequel a réagi aux travaux d’ateliers qu’il a observés attentivement. L’exercice consistait à analyser ce qui s’est dit. « Sans vous flatter, vous avez en quelque sorte reproduit le travail de l’assemblée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 1984 qui a abouti à la charte d’Ottawa. 90 % des réponses des communes de plus de 20 000 habitants à la question « qu’est-ce que la santé ? » répondaient dans une enquête, c’est le soin. Vous, vous avez répondu majoritairement : la santé ce n’est pas seulement l’absence de maladie, c’est le bien être, bien dormir, être autonome, ne pas être entravé dans ses projets… »

« L’amélioration de la santé passe par l’implication des gens »

D’après Marc Schoene, « pour être en bonne santé il ne suffit pas de centres de soins, de médicaments, (…) de soignants. C’est la deuxième idée que vous avez traitée, les « ressources » :  travail, culture, éducation, environnement. Si l’on n’agit pas sur les déterminants de la santé on ne règle rien. Pour une bonne santé, le système de soins ne pèse que pour 20 %. Troisième élément : l’amélioration de la santé passe par l’implication des gens. »

Hervé Derriennic, président de l’association Centre de santé Saint-Bruno.

La réunion résonnait par ailleurs avec une actualité particulière, en l’occurrence une étude de l’INED publiée le 15 octobre, mettant en évidence la dégradation massive de la santé due à de mauvaises conditions de travail. Un exemple local, donné parmi nombre de témoignages, a eu un écho particulier : « Il y a quelques dizaines d’années, nombre d’enfants à la Villeneuve venaient en consultation au centre de santé, pour des blessures aux pieds du fait que les enfants allaient dans le lac de la Villeneuve. Du jour où le centre de santé a fait une information aux mamans, « faites porter des sandales » aux enfants, plus un pied à recoudre ! »

Après de riches débats à ce sujet, la soirée s’est poursuivie autour d’un pot par des échanges fructueux et un engagement largement partagé : « Mobilisons nous, impliquons nous ensemble pour un projet de santé communautaire ».

*  Marc Schoene a été directeur des services de santé municipaux de la ville de Saint-Denis (93) et médecin généraliste d’un centre de santé de 1976 à 2011. Un parcours évoqué dans un article du Travailleur alpin.

**« La santé communautaire, ou action communautaire pour la santé, est un outil de promotion de la santé… parmi d’autres. Elle désigne les efforts collectifs déployés par les communautés en vue d’accroître leur maîtrise des déterminants de la santé et d’améliorer cette dernière. La participation de la population à l’ensemble du processus, le décloisonnement professionnel et institutionnel, le partenariat et le partage de savoirs et de pouvoirs comptent parmi ses principes-clés ». Cette définition figure sur le site de l’Institut Renaudot dont Marc Schoene fut président.

Cet article Grenoble. Un débat de haute tenue sur le projet de centre de santé est apparu en premier sur Travailleur alpin.


Publié le 20.10.2025 à 17:25

Maryvonne Mathéoud

C’est une foule toujours plus nombreuse d’année en année, qui se réunit sur la place Edmond-Arnaud, dans le quartier Très-Cloîtres, pour honorer la mémoire des victimes algériennes de ce massacre colonial. Une mobilisation à laquelle participent de nombreux élus et personnalités.

Une foule nombreuse pour cette commémoration.

Les prises de parole d’Isabelle Peters, première adjointe au maire de Grenoble, et de Nedjma Bendiab, présidente de l’association Algérie au cœur intervenant au nom du collectif du 17 octobre 1961, ont été suivies des dépôts de gerbes par le collectif du 17 octobre 1961, le consulat d’Algérie, la ville de Grenoble, les parlementaires, Grenoble Alpes Métropole. Puis les manifestants ont défilé vers la passerelle Saint-Laurent où ils ont jeté une fleur dans l’Isère.

Les manifestants ont pu jeter une fleur dans l’Isère du haut de la passerelle Saint-Laurent.

« Se souvenir, c’est reconnaître ; reconnaître, c’est avancer. La mémoire du 17 octobre 1961 nous oblige à regarder notre histoire en face, avec lucidité et courage, pour construire une société véritablement fraternelle et respectueuse des droits humains. Le devoir de mémoire ne consiste pas uniquement à évoquer le passé : il engage notre présent. Il nous rappelle la nécessité contante de défendre la dignité humaine, de combattre les discriminations et de promouvoir la paix », a souligné Isabelle Peters dans son allocution.

« Le sommet de l’État est aussi en cause »

Nedjma Bendiab a rappelé quant à elle les faits de ce jour sombre. « Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers de travailleurs algériens et leurs familles ont manifesté pacifiquement à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Algérie, pour leur droit à l’égalité et à la dignité, contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé », a raconté la militante associative.

Nedjma Bendiab, présidente de l’association Algérie au cœur, a longuement pris la parole au nom du collectif du 17 octobre 1961.

« Alors que la manifestation était pacifique, la répression s’est abattue sur les manifestants avec une grande violence, des milliers d’arrestations, des centaines de morts ou disparus, a‑t-elle poursuivi. Le préfet de police de Paris qui conduisait les opérations était Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis entre 1942 et 1944. »

Parmi les élues présentes, la première adjointe Isabelle Peters, entourée des députées de l’Isère Élisa Martin et Sandrine Nosbé, ou encore l’adjointe Kheira Capdepon.

Toutefois, « Maurice Papon n’est pas le seul à porter la responsabilité de ce massacre, le sommet de l’État est aussi en cause », a insisté Nedjma Bendiab. En effet, « le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, et le Premier ministre, Michel Debré, étaient forcément informés. Nous savons aujourd’hui que Charles de Gaulle, alors le président de la République, était au courant. »

Ouvrir les archives de la guerre d’Algérie

Dans son intervention, la présidente d’Algérie au cœur a également évoqué la pleine solidarité avec le peuple palestinien ainsi que la libération des personnes emprisonnées — encore deux cents à ce jour — à la suite du Hirak en Algérie. Nedjma a détaillé en outre les revendications des manifestants :

  • exiger de l’État français qu’il reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les massacres liés à la colonisation
  • exiger la reconnaissance des massacres du 17 octobre comme crime d’État
  • réclamer l’ouverture des archives de la guerre d’Algérie et de la colonisation aux chercheurs français et étrangers, sans restrictions, ni exclusives
  • refuser les discours xénophobes, racistes, colonialistes
Les manifestants écoutant les prises de parole.
Plusieurs gerbes de fleurs ont été déposées.
La plaque commémorative, place Edmond-Arnaud.

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