Pièces & Main d'Oeuvre
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Publié le 29.03.2023 à 21:40
Communiqué des parents de Serge, blessé à Sainte-Soline
Suite aux affrontements de Sainte-Soline ce samedi 25 mars 2023, voici le communiqué que les parents de Serge font circuler :
Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un "pronostic vital engagé", suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.
Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l'arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d'une enquête de police, et détournement d'informations contenues dans un fichier de leur finalité.
Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :
– Oui, Serge est fiché "S" - comme des milliers de militants dans la France d'aujourd'hui.
– Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires - comme la plupart des gens qui se battent contre l'ordre établi.
– Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes - comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu'une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.
Nous considérons qu'il ne s'agit là nullement d'actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.Les parents de Serge
Le Mercredi 29 mars 2023
Oclibertaire@rezo.net
Lire aussi : A la recherche du nouvel ennemi (I). Rufin, Mandraud et les polices contre "l'écoterrorisme"
- NécrotechnologiesPIÈCE JOINTE (PDF)
Publié le 27.03.2023 à 22:07
Une psychologue contre la machine
Toujours en librairie : Le Règne machinal (la crise sanitaire et au-delà). Voir ici
Florence, une lectrice nous écrit :
« Bonjour,
Je vous suis depuis des années.
Je suis psychologue clinicienne. J'ai récemment participé à une évaluation de patients obèses dans le cadre d'une prise en charge expérimentale.
J'ai ensuite suivi une formation qui explique le parcours des patients et j'ai compris que le financement des prises en charges (séances de psy, de gym, de diététicienne, journée complète pluridisciplinaire, etc.) n'est décidé QUE par un logiciel en fonction des résultats des questionnaires auto-évaluatifs remplis par les patients et relus en entretien clinique avec les patients par les praticiens évaluateurs.
J'ai mis fin à mon contrat de prestation de service et je vous joins la lettre (…) »
Ci-dessous sa lettre, pour ceux qui cherchent des modèles de courrier refusant l'automatisation de leur métier, de leurs missions et de leur vie.
Cela nous rappelle un autre témoignage, entendu voici 15 ans lors du congrès d'un syndicat de psychologues et de psychiatres qui nous avait invités. « Un patient me consulte parce qu'il se sent déprimé. Il a déjà vu un confrère, qui l'a reçu le nez sur son ordinateur. Ayant exposé le motif de sa visite, il s'est vu bombarder de questions que le médecin lisait à l'écran, entrant les réponses dans la machine. A la fin du questionnaire, celui-ci a tapé sur la touche "Entrée", pris connaissance du résultat et déclaré au patient : "Non, vous n'êtes pas déprimé". »
Ces psychologues voudraient exercer leur métier de cliniciens. Du grec klinikos, klinein, « être couché » : « qui observe directement les manifestations de la maladie, au chevet du malade » (dictionnaire Le Robert). Voilà qui contrevient au projet technocratique de supprimer toute observation directe des phénomènes vivants, notamment humains. C'est à quoi servent les algorithmes, le big data, l'intelligence artificielle, bref, le monde-machine. Éliminer l'humain, l'observateur comme l'observé, car un patient calculé par un algorithme devient une chose, tel le paquet scanné par le lecteur de QR code. Mais les Smartiens ont désormais l'habitude.
La preuve, voici comment le directeur du programme expérimental de prise en charge des patients obèses se justifie auprès de notre lectrice démissionnaire :
« - éliminer l'humain permet d'éviter les connivences, au cas où le patient connaîtrait personnellement tel ou tel intervenant ; (…)
– le staff de cliniciens a la possibilité de décider d'une autre prise en charge que celle prévue par le logiciel, mais celle-ci ne serait alors pas financée et resterait donc à la charge du patient ;
– le logiciel a pour visée, outre d'éviter les connivences entre patients et soignants, de faire gagner beaucoup de temps clinique en effectuant lui-même les calculs de "scores de symptômes" liés aux questionnaires (quelques additions et une division). »
Des connivences, vous voulez dire, des liens entre humains ? « Ce sont là ( …) des faits désagréables, je le sais. Mais aussi, la plupart des faits historiques sont désagréables », vous répond le Directeur du Centre d'Incubation et de Conditionnement (1).
Si vous tenez à une prise de décision humaine, c'est à vos frais. Et ce sera bientôt le cas pour tout : la prise en charge machinique, automate, pour les subissants, et le contact, le service humain, le soin par une personne pour les puissants. A moins qu'une majorité imite notre lectrice et fasse connaître publiquement son refus ?
(1) A. Huxley, Le Meilleur des Mondes (1932)
(Pour lire le courrier de Florence, ouvrir le document ci-dessous.)
Lire aussi :
– Numérique : un jardinier non identifié
– Dites « Non ! » - « Espace numérique de santé » : comment refuser le pillage automatisé de vos données
– Des lecteurs nous écrivent : « Non à l'Espace numérique de santé ! » (suite)
PIÈCE JOINTE (PDF)
Publié le 13.03.2023 à 20:55
Les Shadoks & Nino Ferrer - Notre Bibliothèque Verte n° 53 et 54
Disponible en librairie : Notre Bibliothèque Verte (deux volumes). Voir ici
Les Shadoks et Nino Ferrer dans Notre Bibliothèque Verte ? On voit d'ici les mines perplexes, surprises et déconfites.
« Franchement, ça devient n'importe quoi cette bibliothèque, c'est pathétique. Ils exhument un chanteur inconnu et un auteur de dessins animés au lieu de parler des Gens Vraiment Importants ; des Écologistes de la Dernière Vague ; écotechnologistes, écollaposologues, écosocialistes, écoféministes, écodécoloniaux, écoqueers, etc. »
Bref, tous les prédateurs, parasites et récupérateurs venus surfer sur cette marée verte (voir ici), commencée il y a 50 ans, et qui ne cesse depuis de monter, prenant des allures de cataclysme final, entre déluge et tsunami.
Où que vous soyez, accourez braves gens !
L'eau commence à monter, soyez plus clairvoyants
Admettez que bientôt, vous serez submergés
Et que si vous valez la peine d'être sauvés,
Il est temps maintenant d'apprendre à nager
Car le monde et les temps changent.
Bob Dylan en 1964. Hugues Auffray, le prophète des feux de camp, en 1965. « Et voilà ! Maintenant, ils nous passent Radio Nostalgie ! », ricaneront nos écofuturistes.
C'est qu'il y eut un moment, vers la fin des « Trente Glorieuses », où la jeunesse des pays occidentaux, une partie d'entre elle du moins, se révolta contre son conditionnement industriel, s'emparant de signes qu'elle décelait dans l'air du temps. Les observateurs parlèrent de « malaise de la jeunesse » et de « crise de civilisation ». Il fallait être extra-lucide pour détecter ces allusions sibyllines. Davantage, parfois, que les auteurs qui avaient mis ces signes en circulation, sans toujours les charger du sens qu'y mettaient « les jeunes ». Comme bien des oracles, ils prophétisaient à leur insu, se réservant le sens, ou le laissant à l'interprétation du public et des penseurs. L'important n'était pas le goût de Nino Ferrer pour les belles bagnoles, ni, hélas, les films d'entreprise de Jacques Rouxel, l'auteur des Shadocks ; mais que le premier ait dédié ses plus beaux blues au sentiment de la nature, et que le second ait produit, de l'intérieur, avec la série des Shadoks, une tordante satire de l'esprit technocratique dont les maximes sont passées à l'état de poncifs :
« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »
« Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir. Plus ça rate et plus on a de chances que ça marche. »
« S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème. »
« Pour qu'il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. »
« Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien, plutôt que de ne pas pomper et de risquer qu'il se passe quelque chose. »
« Ce n'est qu'en pompant que vous arriverez à quelque chose, et même si vous n'y arrivez pas, eh bien ça ne vous aura pas fait de mal… »
« Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries, que de mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes. »
Etc.
Quoi d'autre. Ah oui, Nino Ferrer s'est tué d'un coup de fusil en 1998, dans sa ferme de Montcuq, où il était « retourné à la terre », 50 ans avant nos néo-ruraux diplômés. Il continuait à composer, enregistrer et donner des concerts. Quant à l'élusif Jacques Rouxel, il s'est dématérialisé en 2004, tel le chat du Cheshire, sans que personne, semble-t-il, n'ait réussi à percer « ce qu'il pensait vraiment. » Mais qu'importe, les Shadoks parlent pour lui.
(Pour lire les notices, ouvrir le document ci-dessous.)
Lire aussi :
– George Byron et Mary Shelley - Notre Bibliothèque Verte n°41 & 42
– Vladimir Arseniev et Georges Condominas - Notre Bibliothèque Verte n°43 & 44
– Pierre de Ronsard & William Blake - Notre Bibliothèque Verte n°45 & 46
– Philip K. Dick & Richard Fleischer - Notre Bibliothèque Verte n°47 & 48
– Clifford D. Simak & Pierre Boulle - Notre Bibliothèque Verte n°49 & 50
– Jean-Jacques Rousseau & Bernardin de Saint-Pierre - Notre Bibliothèque Verte n° 51 et 52
PIÈCE JOINTE (PDF)
Publié le 04.03.2023 à 20:54
Lettres simiesques à l'Illustre Professeur Flapi
Disponible en librairie : Alertez les bébés ! (Objections aux progrès de l'eugénisme et de l'artificialisation de l'espèce humaine). Voir ici
La publication en novembre 2022 d'un ouvrage collectif intitulé Les enfants de la Machine (revue Écologie & Politique, éditions Le Bord de l'eau), et consacré à l'eugénisme technologique, suscite l'ire du Professeur Flapi et de sa faction flapiste. Celle-ci, depuis des mois, harcelait les maîtres d'œuvre d'incessantes diatribes électroniques, avant d'épandre son courroux - fiel, sottises et calomnies compris - sur un site extra-terrestre. L'ouvrage, épuisé déjà chez l'éditeur, reste en vente dans quelques librairies où nos lecteurs ont encore une chance de le trouver. Les auteurs et éditeurs apprécieront ce succès en connaisseurs.
Le conflit éclate lors d'un congrès de futurologie dont nous n'avons trouvé ni le lieu, ni la date, ni les actes, mais la littérature connaît des précédents. Voyez Les Call-girls de Arthur Koestler (1972, Calmann-Lévy), qui rapporte un colloque de scientifiques (les « call-girls »), dans un chic village des Alpes, afin de chercher (en vain) les moyens de prévenir la destruction de l'espèce humaine, rendue possible – probable, inévitable – grâce aux percées de la science.
Le Professeur Flapi n'est pas un ouistiti. Voyez sa carte de visite : « Professeur de philosophie sociale et politique, de philosophie des sciences, de sustainability studies, etc. ». Tout cela à la Haute École d'Extractivisme - et soyez sûr qu'il montera encore plus haut. C'est une sommité, une éminence, que ce Flapi, il lui suffit de trouver l'arbre le plus vert, le plus élevé, pour se hisser, tel une liane à la cime de la canopée, en étreignant très fort le tronc.
Quant au professeur Bonobo, principale cible de ses invectives, ah… ce n'est pas de la même branche. Manque d'ambition. Prof de province. Un peu miteux. Enfin. Ayant pris un hiver de repos, il s'est pourtant résigné à répondre à Flapi, par pure confraternité. Ça se fait entre collègues universitaires. Question de probité, déontologie, etc. Et nous qui avons contribué aux Enfants de la Machine, et qui sommes donc également coupables, nous ne pouvons faire moins que de publier ces lettres du Professeur Bonobo au Professeur Flapi.
(Pour lire le texte, ouvrir le document ci-dessous.)
- DocumentsPIÈCE JOINTE (PDF)
Publié le 22.02.2023 à 21:13
De la technocratie (la classe puissante à l'ère technologique)
par Marius Blouin
Jamais la classe technocratique, ses représentants et ses partis, de la gauche à la droite, n'avaient été si dénoncés qu'aujourd'hui. Jamais, non plus, n'avaient-ils parus si visiblement comme les agents et dirigeants, despotiques et destructeurs, de la Machinerie générale ; acharnés au remplacement des vivants dans un monde vivant par des machins dans un monde-machine.
Nous devons donc – nous, simples humains – connaître notre ennemi comme nous-mêmes, afin de le combattre, à défaut de le vaincre. C'est à quoi ce livre entend contribuer.
Divers noms ont été mis à l'essai depuis 200 ans pour désigner la classe puissante à l'ère technologique ; bureaucratie, intelligentsia, « capitalistes du savoir », spécialistes, experts, directeurs, managers, organisateurs, « bourgeois salariés », « petits-bourgeois intellectuels », ITC (ingénieurs, techniciens, cadres), « technostructure », « couches » ou « classes moyennes », etc.
Celui de « Technocratie », forgé en 1919 par William Henry Smyth, s'est imposé comme le seul juste. Les textes ici réunis balisent la formation et l'ascension de cette classe, longtemps masquée par le duel entre prolétariat industriel et finance capitaliste.
A l'échelle historique, la rationalité de la puissance l'emporte sur toute autre. Loin de se réduire à une caste de ronds-de-cuir au service de l'Etat et du Capital, acharnés à réglementer la fabrication de nos fromages, la technocratie se définit comme la classe de la puissance et de la volonté de puissance, afin d'agir sur le monde matériel ; et d'accroître sans cesse cette puissance en mobilisant les moyens propres à l'ère technologique.
Marius Blouin publie ses enquêtes depuis l'an 2000 à l'enseigne de Pièces et main d'œuvre. Non pas en spécialiste de la technologie, mais en généraliste de la politique, à l'époque où la technologie est devenue la poursuite de la politique par d'autres moyens.
- Librairie - Pièces détachéesService compris,
ISBN 9791094229941
500 pages
25 €