CGT ST Microelectronics
Syndicat des Ingé – Opé – Tech – Admin – Cadres
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Publié le 23.07.2025 à 12:04
AVIS DÉFAVORABLE
Recueil d’avis sur les volets 1 et 2 du projet d’entreprise annoncé le 30 janvier 2025
(suite aux réunions d’information des 11 février, 21 mars, 10, 11 et 29 avril, 26 mai,
11 et 12 juin et 3 juillet)
En préambule, nous rappelons succinctement les avis ou déclarations des sites français. Au CSE de Grenoble, la CGT a déclaré que le CSE ne peut pas se considérer comme informé de quoi que ce soit sans aucune information sur les plans stratégiques et industriels des responsables des divisions. Aux CSE de Crolles, Tours et Rousset, consultés sur le volet 2, toutes les organisations syndicales dénoncent dans leur avis respectif, le manque d’informations transmises et les différents risques liés au projet d’entreprise. A l’unanimité les avis sur le projet d’entreprise sont défavorables.
Nous rappelons également le procédé déloyal de la direction de démarrer une négociation GEPP en même temps que la procédure d’information-consultation de
cette restructuration qui s’accompagne de délocalisation et de fragilisation de l’outil industriel, de suppressions d’emplois sur le sol français et de risques psycho sociaux organisationnel accrus.
Nous relevons que, pour les acteurs institutionnels que nous avons rencontrés, notamment pour le ministère de l’Industrie et la BPI, la signature de la GEPP par 3
syndicats représentatifs sur 4 donne l’illusion que tout serait bien maîtrisé à STMicroelectronics avec une stratégie précisément établie et que le plan de
restructuration serait largement accepté par les salariés.
Or, nous observons que malgré leur signature de l’accord GEPP en Central, les syndicats signataires critiquent aujourd’hui ouvertement ce projet de restructuration dans les CSEs locaux de Tours, Crolles, Rousset et Grenoble. Tous les syndicats locaux émettent une grande défiance quant au projet industriel. Cette restructuration n’est comprise ni par les salariés, ni même par les managers, quel que soit le niveau interrogé. Une défiance et un rejet se font même sentir parmi certains responsables. Ce constat est également partagé et relevé par l’expert Secafi dans son rapport et en séance.
La CGT regrette d’avoir été bien seule tout au long de la procédure lorsqu’à maintes reprises, elle a adressé ses nombreuses questions à la direction restées lettre morte par manque de soutien ; lorsqu’elle a refusé de voter l’expertise le 29 avril 2025 pour manque d’informations et lorsqu’elle a refusé de signer la GEPP qui n’est qu’une mesure d’accompagnement de la restructuration.
Ce 22 juillet 2025, le CSEC doit maintenant rendre un avis sur le projet d’entreprise
annoncé le 30 janvier 2025 par Jean-Marc Chéry et qui sera déployé jusqu’en 2027, alors que très peu d’informations précises et écrites ont été transmises par la direction de ST, permettant au CSEC de rendre un avis éclairé et motivé.
- Sur le plan stratégique
La stratégie ne nous a pas été présentée et nous ne connaissons pas la roadmap « technologie » et la roadmap « produits », qui permettront d’atteindre un chiffre d’affaires de 18 Md$ en 2028 et 20 Md$ en 2030.
- Sur le plan économique
Nous n’avons pas le détail des économies de coûts annuelles pour la France, par site, par organisation et par catégorie OPEX/Manufacturing par rapport au montant monde de 300 à 360 M$.
Ensuite, nous n’avons pas d’informations sur les économies visées et sur les coûts estimés par l’arrêt et par le transfert des activités, sur les aides publiques et leurs montants dont a bénéficié chaque activité.
Enfin, concernant les nouvelles activités prévues sur les sites de Crolles et de Tours, nous n’avons pas non plus d’informations permettant d’émettre une opinion, comme par exemple les investissements prévus, leur temporalité ou les business plan associés.
- Sur le plan industriel
L’échéancier global et détaillé par site concernant les arrêts d’activité et les nouvelles
activités n’a pas été communiqué. L’impact de ces activités qui s’arrêtent ou qui
débutent sur le nombre de salariés par site, par catégorie de personnel reste une
inconnue.
- Sur le plan social
Le projet d’entreprise prévoit pour la France 1000 suppressions d’emplois et 2800
mobilités internes, mais nous ne savons pas sur quoi se basent ces chiffres et quelle est
la ventilation par site, par organisation.
D’autre part, pour les sites dont des activités vont s’arrêter, selon le rapport de l’expert
présenté en CSEC le 3 juillet 2025, 1250 salariés sur 4800 à Crolles et 114 salariés
opérateurs sur 1303 à Tours seraient directement impactés par l’arrêt d’activités.
L’expert n’ayant pas pris en compte toutes les fonctions supports, de développement,
R&D, de planning, etc, nous jugeons que ces chiffres sont très largement sous-estimés.
De son côté, la direction n’a pas voulu confirmer ou infirmer ces chiffres. Et elle n’a pas
non plus voulu préciser combien d’emplois seraient nécessaires pour les nouvelles
activités, et quel serait le besoin en emplois à horizon 2027 pour les activités
maintenues.
Enfin, la direction n’a pris aucun engagement de proposer un emploi aux salariés
directement impactés par l’arrêt d’activités, comme la loi l’y oblige en tant
qu’employeur.
- Sur le plan santé, sécurité et conditions de travail
La direction n’a présenté aucune évaluation des Risques Psychosociaux
Organisationnels, aucune évaluation de la charge de travail pour les salariés OPEX et
Manufacturing, qui vont devoir gérer, en parallèle de leurs activités courantes, toutes les
activités d’arrêt et de transfert d’activités, sur lesquelles nous voyons déjà émerger une
très forte pression.
Aucune évaluation des risques chimiques, notamment sur le site de Crolles Seveso
seuil haut, n’a été communiquée.
- Sur le plan environnemental
La direction n’a présenté aucune évaluation impact environnemental du projet de
restructuration. Nous n’avons pas de données sur le bilan carbone, sur le bilan
énergétique, sur le bilan hydrique, sur le bilan PFAS, sur la dépollution à mettre en
œuvre du fait de l’arrêt d’activités et du démantèlement des outils de production.
Ainsi, sur tous les plans, les membres du CSEC ne disposent pas d’informations
précises, concrètes, et écrites. Et cette obstruction volontaire de la direction
caractérise clairement une entrave au mandat d’ordre public des membres du
CSEC et aux règles légales d’information-consultation.
Malheureusement, comme le souligne aussi l’expertise, ce projet de
restructuration ne semble pas avoir d’autre objectif que celle financière
d’améliorer la marge opérationnelle et indirectement la rente des actionnaires.
Ceci se fait au détriment de l’avenir de l’entreprise, sans prise en compte de
l’impact environnemental ni considération pour les emplois et la santé des
salariés.
- S’agissant de l’avenir de l’entreprise en France et en Europe
Jugeant comme stratégique le secteur des semiconducteurs, la Commission
Européenne a pour projet de doubler la capacité de production de composants
électroniques en Europe à horizon 2030, et pour ce faire, elle a notamment validé en
2023 le projet Liberty (investissement de 7,5 Md€ dont jusqu’à 2,9 Md€ d’aides
publiques de l’Etat français) ! Or, avec la restructuration voulue, nous voyons
que STMicroelectronics va réduire ses capacités de production en France pour les
délocaliser principalement tout ou partie en Asie, ce qui va à l’encontre du projet
européen.
Par ailleurs, STMicroelectronics va également réduire ses effectifs, dans toutes les
organisations et notamment en R&D, alors que chaque année, ST bénéficie de plus de
100 M€ de CIR (Crédit Impôt Recherche). Ce choix incompréhensible et contestable
aura indéniablement pour conséquence de diminuer l’offre de STMicroelectonics en
nouveaux produits, en nouveaux développements technologiques, alors que c’est
indispensable pour gagner des parts de marché et maintenir la croissance de
l’entreprise.
- S’agissant de l’impact sur l’environnement
Ce ne sont pas des déclarations d’intention ou de belles promesses que nous exigeons
mais une démonstration avec chiffres à l’appui, plan d’investissement dédié, calendrier
d’application et méthodologie appliquée.
Si nous reprenons les problèmes soulevés depuis plusieurs mois : consommation
massive de l’eau potable sur le site de Crolles et de Tours, pollution au PFAS pour ses 2
sites, nous ne savons pas quels vont être leurs évolutions, dans le cadre du projet de
restructuration, notamment du fait de l’augmentation de la production sur Crolles 300
qui aura un impact important et croissant sur le besoin en eau.
Nous savons que la délocalisation de la production GaN de Tours et la montée en
volume de la production du SIC sur le site de Catane va faire exploser le besoin en eau
pour cette île, déjà soumise au stress hydrique. Et, nous apprenons par nos collègues,
que ST a prévu de ne plus utiliser uniquement l’eau industrielle fourni jusqu’à présent
sur le site de Catane mais de puiser aussi (gratuitement) dans la nappe. Pour les 2 sites
en développement, aucun plan pour permettre un recyclage (reclaim) de l’eau à hauteur
de 60% (target technique donné par STMicroelectronics) n’a été présenté. Pour rappel,
sur le site de Crolles, l’eau du reclaim ne représente que 2% de la consommation.
- S’agissant de l’impact sur la santé des salariés
La direction de STMicroelectronics impose une restructuration brutale, supprimant
l’activité de plusieurs centaines de salariés et obligeant plusieurs milliers d’autres à «
transitionner » sans vraiment savoir, ce que cela veut dire. Les salariés ne savent
toujours rien de leur avenir collectif et individuel. Il est répété à l’envie par la direction
que les salariés ne seront obligés de rien par la sacro-sainte protection du volontariat.
La CGT n’est pas non plus naïve et sera vigilante !
Le flou est parfaitement entretenu par la direction, ne faisant qu’empirer une situation
anxiogène pour les salariés. La direction prétend être à l’avant-garde de la lutte contre
les risques psychosociaux alors qu’elle en est massivement à l’origine.
La CGT considère que la direction manque à ses obligations de prévention de la santé
des salariés et, c’est dans ce contexte, qu’elle a initié un questionnaire anonyme tentant
d’évaluer l’état psychologique des salariés.
Au vu des résultats alarmants, la CGT a alerté la direction le 3 juillet 2025 en réunion
extraordinaire du CSEC, sur le fait que 8 salariés avaient répondu « Oui, de manière
préoccupante », à la question « Avez-vous déjà eu des pensées noires ou des idées liées
à une détresse psychologique (isolement, envie de tout quitter, épuisement émotionnel,
etc.) ?”.
Or, depuis nous n’avons reçu aucun retour de la direction sur la prise en compte de
cette alerte et les actions mises en œuvre.
Pour conclure. La CGT est totalement défavorable au projet de restructuration, qui est
un gâchis industriel, une occasion encore mise de côté par STMicroelectronics de traiter
la question environnementale et une casse sociale majeure. Mais, par-dessus tout,
cette restructuration est un scandale politique !
Délocaliser et supprimer 1000 emplois alors que STMicroelectronics va recevoir jusqu’à
2,9 Md€ d’aides publiques pour augmenter sa capacité de production et créer 1000
emplois, cela ne semble pas déranger Monsieur Ferracci, ministre de l’Industrie et
Monsieur Nicolas Dufourcq, directeur général de la BPI, qui ont apporté publiquement
leur soutien à la restructuration en projet. Mais suivant la tournure que va prendre la
restructuration, chacun devra répondre de sa responsabilité.
La CGT demande :
- Le retrait du projet d’entreprise et une étude approfondie pour une stratégie
ambitieuse garantissant innovation, croissance et création d’emplois en France ;
A défaut : - La production d’un diagnostic RPSO, d’un volet environnemental et d’un plan de
protection des publics vulnérables ; - La transmission au CSEC du cahier des charges LHH ;
- Une expertise évaluant la stratégie de l’entreprise et tous ses impacts, avec au
préalable la prise en compte de toutes les questions des OS et la transmission
de toutes les informations par la direction ; - La mise en place d’un suivi tripartite mensuel par site avec construction
collective des indicateurs de suivi (CSE – Direction – Experts) - Le respect des obligations légales en matière d’obligation d’emploi, de santé, de
sécurité, et de consultation du personnel.
Publié le 22.07.2025 à 12:00
Interpellation de la CGT et réponses négatives de la CFDT, CFE-CGC et UNSA
Publié le 19.07.2025 à 11:00
AVIS DÉFAVORABLE
Recueil d’avis sur le volet 2 du projet d’entreprise annoncé le 30 janvier 2025
- Des annonces en totale contradiction avec le dialogue social
Il est totalement inadmissible que des annonces aient été faites publiquement sur un projet d’une
telle ampleur avant même d’en avoir informé les représentants du personnel. Ce mépris du dialogue
social est d’autant plus choquant qu’il aura fallu insister à de multiples reprises pour que les
instances soient enfin tenues au courant conformément aux obligations légales.
Cette méthode brutale a plongé les élus comme les salariés dans une période de flou et de
questionnements, toujours d’actualité.
- Un mépris manifeste des instances représentatives
Depuis le début, les conditions de consultation du CSE sont marquées par :
des délai non respectés,
des documents transmis au compte-goutte, voire après les réunions, ou voire pas du tout,
une information donnée aux managers avant les élus,
le télescopage de réunions en national et en local ou au niveau européen et en local,
empêchant certains élus d’assurer pleinement leurs missions
Ce fonctionnement traduit un profond manque de considération envers les représentants du
personnel, réduits à courir après des éléments essentiels pour pouvoir jouer pleinement leur rôle.
- Une stratégie opaque et des actions conditionnées à des hypothèses risquées
ST a annoncé l’arrêt de la ligne de production Cr200 au nom de la compétitivité, sans jamais avoir
justifié économiquement, c’est-à-dire avec des chiffres à l’appui, ce choix.
D’un point de vue industriel, il n’y a pas non plus de justification plausible d’arrêter une ligne de
production et des produits pourtant rentables.
À ce jour, la seule chose qui semble limpide dans cette stratégie, c’est la volonté de réduire
drastiquement les effectifs pour augmenter les marges financières de l’entreprise. Tout le reste est
flou.
Il a fallu près de 6 mois pour obtenir un début d’ébauche sur la future activité de test EWS.
L’activité de packaging PLP reste une boîte noire : en dehors de son existence, rien de concret
n’est présenté.
La cartographie des métiers actuels n’a été communiquée qu’à partir du 26 mai 2025. Elle est
incohérente d’une organisation à l’autre, et la communication aux salariés est défaillante. La
preuve ? Les réponses à notre enquête sur les RPSO révèlent que nombre de salariés ignorent
s’ils occupent un métier en transition. En effet, sur 133 réponses des salariés de Crolles, 15
s’identifient comme appartenant à un métier en croissance, 6 en métier stable, 44 en transition
mais 68 salariés ne savent pas comment est classé leur métier.
Par ailleurs, hormis pour l’EWS, nous n’avons aucune cartographie des métiers cibles à horizon
2027, pour tous les salariés de Cr200 pour lesquels leur activité va être supprimée.
Quant aux rares plans d’action évoqués, ils sont intégralement suspendus à la montée en
puissance de Cr300, alors même que cette usine est actuellement en difficulté et qu’aucune
analyse sur les causes des difficultés et ni aucun plan stratégique « de retour à la performance »
de l’usine ne nous ont été communiqués.
Miser toute une réorganisation sur un pari aussi risqué relève de l’irresponsabilité.
- Le sort des salariés de Cr200
Selon le rapport de l’expert présenté en CSE le 10 juillet, ce sont 1250 salariés qui vont avoir leur
emploi supprimé, sans qu’aucune garantie d’emploi ne leur ait été assurée. Pour rappel, c’est la
raison fondamentale pour laquelle la CGT n’est pas signataire de l’accord GEPP.
Les salariés de Cr200 sont supposés continuer à travailler « comme si de rien n’était », alors même
que leurs postes sont voués à disparaître, dans un contexte de réduction continue des effectifs et
d’avenir incertain.
La direction mise tout sur : les départs volontaires,
les retraites,
et des mutations internes… dont les postes proposés semblent insuffisants, puisqu’en effet
le seul chiffre que nous ayons obtenu de la direction pour le nombre d’emplois ciblés, c’est
pour l’EWS avec un maximum de 200 emplois à horizon 2027. Pour le reste, packaging
PLP, Cr300 ou autres possibilités non communiquées, c’est l’inconnu en vérité !
Et ceux qui ne veulent pas Cr300 ? Ils doivent attendre d’hypothétiques ouvertures de poste, dans
un flou total. Avec peu de propositions sur les niveaux 3 et plus.
L’EWS ? Il est réservé d’abord aux équipes de semaine. Les équipes décalées ? Encore une fois
oubliées… Pas de dates certaines sur l’implication des équipes décalées qui reste conditionné à la
montée en charge de Cr300.
Pendant ce temps, les réunions d’équipes s’enchaînent. Les managers n’ont pas anticipé la
situation en organisant des entretiens individuels, et désormais, toute question doit passer par
LHH, le prestataire externe « services après-vente » de l’accord GEPP, négocié pour
accompagner casse industrielle et casse sociale.
Autant dire que le doute, l’incompréhension et le stress s’installent à grande vitesse dans les
ateliers.
- RPSO : un malaise grandissant, une direction sourde
Face à cette situation alarmante, nous avons demandé une réunion extraordinaire dédiée aux
risques psycho-sociaux. Mais la direction considère que tout est mis en place, les outils proposés
suffisants et renvoie le traitement de ce sujet o combien important à plus tard…
Et pourtant, notre enquête anonyme sur les RPSO montre des situations préoccupantes : fatigue
chronique, troubles du sommeil, détresse psychologique… La CGT a d’ailleurs alerté la direction
sur les réponses préoccupantes, mais à ce jour, nous n’avons reçu aucun retour de sa part. La
direction ne semble pas attacher beaucoup d’importance à la santé des salariés, car ce ne sont
pas quelques heures d’EUTELMED sur un shift qui suffiront à contenir la détresse d’un collectif
sacrifié sur l’autel de la rentabilité.
Dans le cadre de cette restructuration précipitée, mal préparée et mal accompagnée, les élus CGT
exigent des mesures immédiates : un véritable accompagnement social, à la hauteur des enjeux,
une transparence complète sur les projets et les postes,
et une négociation loyale sur les conditions de travail et l’avenir de l’emploi.
Face à tant d’opacité, de désinvolture et de mépris, de risques pour l’avenir de l’entreprise et de
risques pour la santé des salariés, la CGT rend un avis extrêmement défavorable à ce projet de
restructuration et vous demande de l’abandonner.
Publié le 18.07.2025 à 11:00
Courrier CGT à la Direction de STMicroelectronics – 17 juillet 2025
Copie : Inspection du Travail pour intervention, avec autorisation par la CGT de la levée de la confidentialité
Copie : membres du CSE Central STMicroelectronics, pour information et pour action en justice avec les organisations syndicales partageant le constat de la CGT du manque d’informations précises et écrites transmises par la direction aux membres du CSEC pouvant leur permettre de rendre un avis éclairé et motivé sur le projet de restructuration
Bonjour,
Les membres du CSEC ont été destinataires le 11 juillet 2025 de la convocation du 22 juillet 2025, dont l’ordre du jour est le suivant :
- Recueil d’avis sur les volets 1 et 2 du projet d’entreprise annoncé le 30 janvier 2025 (suite aux réunions d’information des 11 février, 21 mars, 10, 11 et 29 avril, 26 mai, 11 et 12 juin et 3 juillet)
Sachant qu’il y a un recueil d’avis dans les établissements de Crolles, Tours et Rousset sur le volet 2 seulement, et nous regrettons que le volet 1 ne soit pas évalué par les sites concernés sachant que 10% de la masse salariale des OPEX serait supprimée.
Nous notons préalablement, que les membres du CSEC n’ont toujours pas reçu les projets de PV des 11 février, 21 mars, 10, 11 et 29 avril, 26 mai, 11 et 12 juin et 3 juillet, conformément au Code du Travail. Ceci ne faisant qu’amplifier une situation où nous disposons de très peu d’informations précises et écrites.
Nous vous demandons d’adresser les PV aux membres du CSEC.
Par ailleurs, pour mémoire, l’information sur le projet de restructuration a été décomposé en deux volets : le volet 1 pour le personnel OPEX et le volet 2 pour le personnel manufacturing. Le projet de restructuration vise 300M$ à 360 M$ d’économies annuelles au niveau mondial à la fin 2024 par rapport à la base de coûts de 2024, l’arrêt de plusieurs activités (pour le site de Crolles : arrêt de la ligne de production Crolles 200mm ; pour le site de Tours : arrêt de la ligne Tours 150mm, arrêt activité de tests -EWS-, arrêt de la technologie GaN -hors épitaxie-).
Depuis le 11 février 2025, nous vous avons adressé régulièrement un certain nombre de questions restées sans réponses de votre part pour l’écrasante majorité d’entre elles.
Le 29 avril 2025, une expertise a été votée par le CSEC et on aurait pu espérer que vous apporteriez des réponses à certaines de nos questions, via l’expertise.
Or, le 3 juillet 2025, nous avons eu la confirmation que l’expert n’était pas beaucoup mieux loti que les membres du CSEC. Dans son rapport et confirmé par lui-même en séance, il est indiqué page 2 : « Un certain nombre de documents nous ont été communiqués, d’autres n’étaient pas disponibles (cf annexes) Comme nous nous étions engagés à le faire dans le cas où des documents demandés ne seraient pas disponibles, nous avons donc pris l’option de produire des hypothèses de travail afin faire apparaître le plus de points de vigilance possibles que ce soit en matière d’évolutions industrielles, des conditions de travail, de risques psychosociaux, de conduite du changement ou de risques à la mise en œuvre du projet. », l’annexe sur la liste des documents non communiqués se trouvant page 164. Vous trouverez également en pièce jointe, un échange préalable entre membres CSEC et l’expert faisant état que tous les documents demandés par l’expert n’ont pas été adressés par la direction.
Le rapport d’expertise repose donc sur des hypothèses de l’expert, que les directions nationale et locales ont refusé de confirmer ou d’infirmer lorsque les membres du CSEC et des CSE locaux ont demandé en séance à la direction si elle partageait les hypothèses de l’expert.
L’expertise a été votée le 29 avril 2025 et le CSEC doit rendre son avis le 22 juillet 2025 (comme le stipule l’avenant 1 à l’accord de méthode du 4 mars 2025), le CSE de Rousset le 15 juillet 2025, le CSE de Tours le 17 juillet 2025, le CSE de Crolles le 18 juillet 2025.
Or, sur le projet global et plus particulièrement pour le personnel manufacturing du volet 2 dont leurs activités vont être arrêtées et donc leurs emplois supprimés, nous n’avons très peu voire pas d’informations précises et écrites transmises par la direction aux membres du CSEC (la seule information précise étant celle transmise dans le cadre du CSE de Crolles du 10 juillet 2025, concernant la présentation de la future activité EWS à Crolles).
En amont du CSEC du 26 mai 2025, les membres CGT du CSEC vous avaient adressé deux séries de questions. Nous avons surligné celles pour lesquelles nous avons eu depuis des réponses. C’est très faible !
Afin de rendre un avis éclairé et motivé sur le projet de restructuration, nous avons besoin que vous nous donniez les informations précises et écrites que nous vous demandons depuis plusieurs semaines voire mois.
Nous sollicitons par ce courrier l’intervention de l’Inspection du Travail.
Cordialement,
Les membres CGT du CSEC
Courrier de l’Inspection du Travail à la CGT du 18 juillet 2025
Publié le 03.07.2025 à 11:30
Selon les données du bilan social au 31 décembre 2024, les salarié-es ayant un contrat C200 sont au nombre de 1650 CDI : ~ 1000 « Opérations » + ~ 650 « Supports, R&D et Management » (14 % d’Opérateurs, 41% d’ATAM, 45% de Cadres ; 111 restrictions d’aptitude prononcées ces 3 dernières années).
La direction ne donnant toujours pas d’informations concrètes et précises, l’expert fait l’hypothèse qu’il y aura besoin de ~ 400 CDI pour les activités restantes (R&D et Développement de produit…) et que 1250 CDI sont concernés par l’arrêt de la ligne de production de C200.
L’expert estime également qu’en termes de postes disponibles d’ici fin 2027, il pourrait y avoir :
• 150 à 300 postes pour augmentations de production C300 si le marché le permet (pour atteindre 300 postes il faudrait augmenter la production de C300 de 24%, hypothèse très optimiste au vu du marché actuel)
• 100 postes seulement pour l’EWS
• 800 à 900 pour compenser de potentiels départs de salarié-es du site de Crolles (or, sachant que JM Chéry a annoncé qu’un départ seulement sur 3 serait remplacé, cela ramène finalement à 300)
• Aucun chiffre pour le packaging avancé, l’expert répond seulement : « ? »
Pas très rassurant tout ça ! Le compte n’y est pas ! De plus, nous nous inquiétons en particulier pour les 111 salarié-es en restriction d’aptitude, car quel manager de C300 sera volontaire pour leur aménager un poste ?
Pour « les chanceux » qui obtiennent un poste à C300, certains sont contraints d’accepter des postes moins bien classés que leur poste actuel, la direction tirant pleinement bénéficie des régressions de la nouvelle convention collective signée par les autres organisations syndicales que la CGT. Pour les autres salarié-es, les premiers retours permettent de s’apercevoir à quel point il est compliqué d’obtenir un poste à C300. Pourtant ce ne sont pas les salarié-es qui ont décidé de changer de poste mais la direction qui leur impose de multiples entretiens et pour la plupart les refus qui vont avec.
Publié le 02.07.2025 à 10:30
Veuillez trouver l’accord GEPP du 30 juin 2025, ci-joint dans l’article.
Afin de se positionner sur la signature ou pas de l’accord GEPP, la CGT a décidé de consulter les salarié-es sur la base de l’avis de sa délégation qui a participé à la négociation. Le résultat est sans appel, les salarié-es comme la délégation CGT ne sont pas favorables à la signature.
Nous remercions les salarié-es ayant répondu à la consultation et nous espérons qu’ils seront plus nombreux lors d’une prochaine consultation.
Résultats de la consultation des salarié-es :
61 réponses :45 Crolles, 3 Grenoble, 1 Rennes BE, 7 Rousset, 5 Tours.
A la question : partagez-vous l’avis de la délégation CGT ne pas signer l’accord GEPP ?
Réponse des salarié-es :
Sites | Non | Oui | Pas d’avis | Grand Total |
Crolles | 1 | 41 | 3 | 45 |
Grenoble | 3 | 3 | ||
Rennes BE | 1 | 1 | ||
Rousset | 6 | 1 | 7 | |
Tours | 5 | 5 | ||
Grand Total | 1 | 56 | 4 | 61 |
Pour rappel, la délégation CGT avait émis un avis négatif à la signature pour les raisons suivantes :
Par principe, la CGT rejette tout dispositif qui aurait pour vocation d’accompagner la destruction d’emplois, et servant de caution à une stratégie d’entreprise opaque, dénuée de toute transparence, laissant les salarié-es de ST dans l’incertitude et l’inquiétude sur leur avenir professionnel.
Concernant la négociation GEPP.
Pour rappel, la direction a opportunément mis fin à la négociation « seniors », pourtant en discussion depuis début 2024, pour l’intégrer dans la GEPP. Un accord « seniors » aurait pû permettre de mettre en place de véritables mesures d’aménagement de fin de carrière, que ce soit pour le maintien dans l’emploi et pour leur accompagnement vers une fin de carrière anticipée, choisie et sécurisée.
Or, ce que propose aujourd’hui la GEPP, sur le sujet des « senior », se limite essentiellement à :
- Quelques ajustements du plan unilatéral déjà existant ;
- L’extension de mesures locales issues de Crolles (comme les décalages horaires) à d’autres sites ;
- Et, des avancées malgré tout :
- la correction d’une inégalité de traitement dénoncée de longue date par la CGT, notamment sur les temps partiels aidés en fin de carrière.
- Des mesures d’accompagnement à la retraite, telle la majoration bien que minime de l’indemnité de départ à la retraite et la participation de ST au rachat de trimestres de retraite.
Malheureusement, en réalité, la plupart des dispositifs sont financés par les salarié·es eux-mêmes : perte de salaire, mobilisation du CET, congés sans solde…
Concernant le contenu plus globalement du projet d’accord GEPP.
Le volet de mobilité interne est indigent : aucune mesure concrète, aucun dispositif opérationnel à ce stade. Il nous est simplement demandé de « faire confiance »… LIl faudrait donc signer un chèque en blanc.
Le volet de mobilité externe est coûteux : tout est fait pour inciter au départ plutôt que favoriser les reconversions internes. Cela traduit bien l’objectif réel de cette GEPP : supprimer des emplois !
Pour résumer, rien d’ambitieux n’est prévu pour celles et ceux qui restent. A titre d’exemple, pour une mobilité interne, 2,5% d’augmentation et pour une mobilité externe pour création d’entreprise 15000€ ! Il y a aussi aucun effort concret pour sécuriser les parcours, accompagner les reconversions, anticiper les évolutions de métiers ou soutenir la montée en compétences.
Enfin, le « double volontariat », présenté comme une garantie pour les salarié-es, sert en réalité de filtre à la main de la direction et le management des organisations, qui choisissent qui peut partir, qui peut se reconvertir, et dans quels délais.
Pour conclure.
Cette GEPP n’a qu’un seul objectif : accompagner le projet de restructuration de l’entreprise, avec pour finalité une réduction massive des effectifs pour une optimisation des marges et des profits, au détriment des salarié·es.
La délégation CGT refuse de cautionner un tel outil, qui tourne le dos aux enjeux de sécurisation des parcours professionnels, d’anticipation réelle des transformations des métiers et de reconnaissance de l’engagement des salarié·es.
Pour toutes ces raisons, la délégation CGT est contre la signature du projet d’accord GEPP.
Attention, lors de la dernière journée de relecture le 18 juin 2025, la direction a introduit un paragraphe, que la délégation CGT dénonce fermement, comprenant une disposition qui permettrait d’imposer des formations aux salariés postés en dehors de leurs horaires contractuels, sans avenant ni accord individuel, sans garantie d’une juste application des temps de repos et des majorations d’heures supplémentaires, le cas échéant. Cette mesure constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux des salariés, ouvre la voie à des régressions en matière de temps de travail, et contourne les garanties collectives. Pire, la direction entend en discuter ultérieurement uniquement avec les organisations signataires, excluant de facto les organisations syndicales représentatives qui ne souhaitent pas signer. Ce qui est de surcroît complètement illégal.
Ci-dessous, l’accord GEPP applicable :
Publié le 01.07.2025 à 15:37
Pour la première fois depuis l’annonce de la restructuration de STMicroelectronics, qui aura des conséquences pour tous les sites, mais en particulier pour les sites de Tours et Crolles, la CGT ST Tours a appelé à la grève et au débrayage jeudi 26 juin 2025. Des temps forts ont été organisés tout au long de la journée pour permettre une participation de toutes les équipes et de toutes catégories de personnel. Rassemblements et prises de parole ont jalonné la journée des grévistes présents devant le site de Tours. Au total, ce sont 270 grévistes sur 1400 salarié-es (20% des salarié-es) qui se sont mobilisés. Ils ont été accompagnés du député d’Indre-et-Loire Charles Fournier.
Bravo aux salarié-es de Tours qui refusent de se résigner !
Pour rappel, la direction prévoit sans raison valable d’arrêter des activités : lignes de production pour Tours 150mm et Crolles 200mm, l’EWS pour Tours, le développement du GaN pour Tours (le site ne gardant plus que l’épitaxie).
Et si on veut préserver notre outil industriel et garder nos emplois, une seule solution : se mobiliser !
Publié le 27.06.2025 à 09:51
Courrier adressé à la direction le 26 juin 2025
Bonjour,
La CGT ST Crolles ne sera pas signataire du projet d’accord relatif aux modalités d’exécution de la journée de solidarité pour les salariés non cadres postés au sein de l’établissement de Crolles, comme la CGT ST France avait refusé de signer l’accord AOTT imposant la journée de solidarité aux cadres et non cadres en horaires variables pour tous les établissements de ST,
Pour rappel, la CGT revendique que la journée de solidarité soit totalement prise en charge par l’entreprise, pour tous les salariés de ST.
ST a largement les moyens de le faire.
Or au contraire, ST fait le choix dans le projet d’accord proposé à signature de spolier les salariés en ne prenant pas en compte les 8 premières minutes de travail en plus, les obligeant ainsi à travailler gratuitement. Ceci est totalement interdit dans le droit du travail.
La CGT ne sera pas le syndicat qui validera ce vol manifeste et vous informe que dans le cas où vous n’abandonneriez pas cette mesure, nous nous réservons le droit de saisir les autorités compétentes.
Merci en retour de mail de nous informer si le projet d’accord a été validé par d’autres syndicats que la CGT, et de vos intentions concernant le problème de droit concernant les 8 premières minutes de travail gratuit que vous voulez imposer aux salariés.
Cordialement,
Bureau du syndicat CGT STMicroelectronics Crolles
Publié le 18.06.2025 à 16:26
Publié le 16.06.2025 à 11:15
Courrier de la CGT du 12 juin 2025
A l’attention de la CFE-CGC, la CFDT et l’UNSA
Bonjour,
Au vu de la situation en Palestine et notemmant à Gaza sous les bombes depuis maintenant 20 mois, qualifiée par les institutions internationales de crimes de guerre, de crimes contre l’humainté et de génocide, la CGT a demandé à la direction de ST, dans le cadre de l’appel d’offres pour la gestion de l’épargne salariale, d’écarter tous les prestataires qui investissent dans l’armement israëlien.
Malheureusement, à ce jour la direction poursuit l’appel d’offres comme si rien de criminel et répréhensible ne se passait à Gaza, comme si l’entreprise et ses dirigeants n’étaient pas dans l’obligation de respecter la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’Assemblée Générale des Nations Unis du 9 décembre 1948, qui en vertu de son article IV, s’applique aux entreprises, que ce soit sous forme de personnes morales (comme des sociétés) ou de personnes physiques agissant au nom de ces entreprises.
Le mouvement syndical s’est toujours positionné en faveur des peuples opprimés et pour la paix.Aussi, aujourd’hui la CGT vous sollicite afin que vous vous joignez à notre demande ou a minima que vous ne votiez pas pour Amundi, comme cela a pu être le cas à l’issue de la première soutenance.
En pièces jointes, vous trouverez, la lettre ouverte de la CGT à l’attention de JM Chéry et F Le Grevès en date du 3 juin 2025 (https://cgtstcrolles.fr/lettre-ouverte-a-la-direction-de-st-stop-a-la-collaboration-de-st-avec-israel-non-a-amundi-pour-gerer-lepargne-salariale-des-salaries-de-st), et l’appel intersyndical national (la CFDT et l’UNSA ayant signé l’appel) à manifester le 14 juin à Paris et partout en France (https://cgtstcrolles.fr/appel-intersyndical-mobilisation-pour-la-palestine-le-14-juin-2025), pour :
• La suspension de l’accord d’association UE – Israël.
• Un arrêt de fourniture d’armes et de matériel militaire à Israël.
• L’application de la résolution des Nations-Unies du 18 septembre 2024, pour mettre fin à l’occupation du territoire palestinien, de la colonisation et de l’apartheid
• Un soutien à la Cour pénale internationale et à la Cour internationale de justice pour le respect de leurs décisions visant notamment à mettre fin aux exactions du gouvernement israélien qui participent des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et risque de génocide.
• La libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, et de tous les otages israéliens détenus par les groupes armés palestiniens.• La reconnaissance de l’État de Palestine dans le cadre du droit à autodétermination du peuple palestinien.
• La construction d’un avenir de paix entre Palestiniens et Israéliens fondé sur l’égalité des droits.
Dans l’attente d’une réponse.
Syndicalement,
La CGT STMicroelectronics