Au fournil, nous effectuons tous les jours des processus de fabrication pour sortir des pains que l’on souhaite beaux et bons. Du pain au levain, peu chargé en sel, avec une fermentation lente, c’est une première chose. Du pain qui régale l’œil, le nez et le palais, c’en est une deuxième.
Nous portons attention à la croute, à la mie et son alvéolage, au volume, au goût qu’aura ce pain dans la bouche. Nos processus changent régulièrement, car la farine varie, le levain n’est pas toujours stable, la météo et la température ont leur influence, autant que l’humeur du boulanger. Régulièrement ensemble, nous rompons un pain, le goûtons, et parlons de ce qui pourrait être modifié dans notre processus de fabrication. Mais les mots manquent souvent. Ils manquent aussi pour vous en parler et vous conseiller. Parce que, au final, au-delà du « comment » on fait du pain, nous souhaitons partager le plaisir des sens !
Coralie Le Rasle est analyste sensorielle. Nous lui avons ouvert notre boulangerie durant une journée, et ensemble nous avons REdécouvert nos pains.
Qu’est-ce que l’analyse sensorielle ? C’est l’utilisation de nos sens pour décrire et qualifier un produit alimentaire, en utilisant un vocabulaire précis, en mesurant ses qualités organoleptiques, et en dégustant à plusieurs pour identifier les sensations qui se reproduisent, tout en les comparant.
La dégustation d’un pain se mesure par les saveurs – composés chimiques perçus dans la bouche – et les arômes – composés volatils perçus par le nez. Mais on vous donne un petit mot barbare en plus : la somesthésie ! Derrière ce mot se cache l’ensemble des sensations perçues par les tissus de notre corps autres que les organes olfactifs, visuels, auditifs et gustatifs : ce sera par exemple la température, le piquant ou la texture du pain.
Durant cette formation, nous avons aiguisé notre nez et notre bouche à percevoir différents arômes et saveurs de plus en plus subtils.
Nous avons découvert ce que c’est que la saveur Umami, venant s’ajouter à la liste historique des saveurs que nous connaissons bien (sucré, salé, amer et acide). Umami, « savoureux » en japonais, est une saveur présente dans les aliments riches en protéines comme le parmesan, le bouillon de cuisine, ou les exhausteurs de goût. Cette saveur enveloppe le palet de manière agréable et chaleureuse, elle envoie comme un signal subtil au cerveau « J’en reprendrais bien un petit peu ! ».
Alors, que nous ont appris nos 5000 papilles gustatives et leurs bourgeons du goût ? Elles nous ont offert un feu d’artifice de sensations, expérience bénie en ces temps covidés ! Sensations tactiles et chimiques, sensations mécaniques, températures, sensations trigéminales (liées au fameux nerf de la somesthésie) : chaque pain a été décortiqué, de manière très rigoureuse, selon ces grilles de sensations.
Ainsi, nous avons essayé d’établir ensemble un référentiel commun pour parler de nos pains. La croûte, la mie, la forme, le son d’un pain est un aspect d’une approche plutôt aisée. Nous nous sommes très vite concentrés sur l’appréciation olfactive avec une distinction entre arômes, étape plus ardue.
Un premier exemple, notre pain de Khorasan, celui que nous faisons le mercredi, qui a une jolie mie jaune et brillante, ainsi qu’une croûte caramel rustique. En prenant le temps de déguster ce pain, nous avons tous senti des arômes lactiques, du yaourt, de la noisette, mais aussi des céréales telles que le maïs, le foin, et des arômes empyreumatiques (c’est-à-dire un petit côté torréfié) qui restent en bouche pendant longtemps. Nous avons aussi ressenti une richesse des saveurs, et un équilibre entre sucré, salé et umami. Quel pain !
Évidemment, avec le pain de seigle, nous sommes loin de cette douceur. Et pourtant ! Notre pain de seigle dégage une complexité incroyable d’arômes de miel, de caramel, de bière, de levain, de noisette. Ses arômes acides (lactiques et acétiques) laissent une fraicheur en bouche très agréable, et une grande intensité de saveurs.
Complexifions le jeu ! Souvent, vous nous demandez la différence entre le TTL (très très local) et le Campagne Nature. Ajoutons à la comparaison notre pain du Trièves.
Tous sont à base de farine de blé T80 (demi-complète) mais le TTL et le Trièves ont une farine issue de meule de pierre qui vient de Lavars, produite par Sylvain Betto, avec une caractéristique plus rustique que celle du Campagne Nature (farine T80 de chez moulin Pichard, meule sur cylindres).
Leurs levains sont tous les trois différents (levain jeune de petit épeautre pour le TTL, levain de seigle pour le campagne nature, et levain de blé concassé pour le pain du Trièves).
Enfin, le processus de fabrication de chacun de ces pains est différent des autres (en direct pour le Campagne nature et le Trièves, et en pousse lente pour le TTL). Tout cela est technique, montre déjà une vraie différence entre ces pains. Mais intéressons-nous aux arômes et saveurs !
Le pain de campagne nature est un pain aux arômes lactiques et floraux, sans acidité. Sa texture est croquante et moelleuse. Son intensité est douce. C’est un pain « facile », souple, agréable au palet.
Le TTL, lui, dégage bien plus d’arômes de levain. Il est plus acide, et il en ressort aussi des arômes de céréales, de pain grillé, de réglisse, de fleurs et de miel. Son alvéolage est aéré et hétérogène. Sa croque est plus moelleuse, il est plus intense en goût et plus rustique que le campagne nature.
Le pain du Trièves, que nous faisons le mardi et le mercredi seulement, est un pain encore plus complexe. Il renferme des arômes de fermentaires et lactiques puissants. Il nous emmène en sous- bois, à la lisière d’un champ de céréales. Sa croûte dégage des arômes empyreumatiques prononcés de pain grillé. En bouche, on sent les saveurs acides, et le petit côté umami si cher à nos papilles. Il est très présent en bouche, et il reste longtemps habiter les lieux. Un beau pain rustique et intense !
Voilà, par ces simples exemples, un petit aperçu du voyage olfactif et gustatif que nous pouvons faire avec quelques-uns de nos pains. Avec un nez, une bouche, de la concentration, un petit peu d’aide et du bonheur. Une expérience précieuse, qui nous a fait encore plus aimer nos pains ! Vous aussi, laissez-vous allez au jeu, et donnez-nous vos avis !
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Mise à jour du 26 janvier 2022 – Nous avons reçu assez de candidatures, nous vous remercions.
Le Pain des Cairns a ouvert ses portes à Grenoble en 2014. Six jours par semaine, une équipe de onze boulangères et boulangers produit une gamme de pains et gourmandises biologiques. Constituée en Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOP), l’entreprise appartient à celles et ceux qui y travaillent. Au quotidien, notre fournil est le terrain d’expérimentations, qu’elles soient boulangères ou liées à de nouvelles méthodes de travail et d’organisation collective.
Dans le cadre du départ et l’absence prolongée de 2 associés-salariés, le Pain des Cairns recrute deux personnes chargées de la production et de la vente.
Si cette expérience humaine t’intéresse, adresse-nous avant le 19 janvier ton CV et ta lettre de motiv’ par mail : contact@lepaindescairns.fr – objet : Recrutement CDI
Si cette expérience humaine t’intéresse, adresse-nous avant le 26 janvier ton CV et ta lettre de motiv’ par mail : contact@lepaindescairns.fr – objet : Recrutement CDD
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En un an, nous avons changé pas mal de trucs au Pain des Cairns. Nous avons profondément modifié nos horaires d’ouverture, remodelé notre magasin, testé le salaire au besoin, inauguré la semaine de 32 heures, ajouté tout plein de produits à la gamme, amélioré l’organisation de notre production, embauché quatre personnes… A l’heure de partir en vacances d’été, voilà une petite rétrospective de l’année qui vient de s’écouler.
Entrée au Pain des Cairns : 1231 euros net, soit environ SMIC +10 %
Autonome en production (ancienneté de 3 mois et autonome sur un P1) : 1540 euros net, soit environ SMIC +25 %
Entrée dans la gouvernance (formation à la coopération et 6 mois d’ancienneté) : 1660 euros net, soit environ SMIC +35 %
Cercle stratégie (associés/salariés) : 1785 euros net, soit environ SMIC +45 %.
Règles générales du Pain des Cairns
Bel été !
Nous partons en vacances le lundi 12 juillet et reprendrons du service le mardi 24 août à 11 heures.
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Au Pain des Cairns, nous avons fait le choix de réduire drastiquement la quantité de sel contenue dans le pain. Nous tenions à vous expliquer pourquoi.
Le sel est nécessaire au fonctionnement de l’organisme. Cependant en consommer en excès peut favoriser le développement de certaines maladies. La réduction de l’apport en sel constitue un objectif phare des Programmes Nationaux Nutrition Santé successifs.
Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
Du sel, nous en consommons tous les jours. Souvent, nous nous en rendons compte, comme quand nous ne pouvons pas nous empêcher de saupoudrer de fleur de sel des tomates mozzarella di bufala (patience, patience, l’été revient).
Parfois, la consommation de sel est complètement transparente. À l’école, vos enfants apprennent sûrement à éviter une trop grande consommation de plats cuisinés industriels, connus pour leurs apports en sel gargantuesques.
Une étude menée par le Crédoc (c’est le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) nous explique qu’en 2016, la consommation moyenne de pain par jour pour la population totale était de 93,9 g par personne, soit presque la moitié d’une baguette.
De fait, une baguette contenant généralement environ 4,7 grammes de sel, une personne consommant une demi-baguette par jour va donc avaler près de 2,4 grammes de sel, soit la moitié de ce que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande de consommer. Caramba. Le monde de la boulangerie a pris conscience de sa responsabilité dans la limitation des apports de sel. En 2004, la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie signait un accord avec le gouvernement. Fin 2014, 80% du pain fabriqué en France devait contenir une quantité maximale de 18 grammes de sel par kilo de farine.
En 2009, l’observatoire de l’alimentation (Oqali) menait un petit prélèvement révélant que seuls 30% des pains récoltés respectaient le fameux engagement [PDF].
Pourquoi les boulangers accordent une telle importance au sel ? Et pourquoi le réduire est compliqué ?
Vous le savez sûrement, nous aimons farfouiller dans nos recettes et les améliorer. Il y a quelques mois, nous nous sommes déjà penchés sur l’indice glycémique de nos pains. Nous avions découvert que nos pains étaient (presque) exemplaires sur le sujet.
En relisant l’étude menée, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions jamais pris le temps de vous expliquer tout ce qui a été mis en place pour réduire la quantité de sel contenue dans nos pains.
Type de pain | Poids de sel au kilo de pain cuit |
Pain de campagne – Le Pain des Cairns | 9,84 grammes |
Pain de campagne aux graines – Le Pain des Cairns | 8,57 grammes |
Petit épeautre – Le Pain des Cairns | 9,44 grammes |
Pain cuit – Valeur moyenne relevée en France par Oqali en 2007 [PDF] | 16,7 grammes |
Comme vous pouvez le constater juste au-dessus, au Pain des Cairns, le poids de sel au kilo de pain cuit est très très réduit. Nous n’appliquons aucune recette magique particulière, mais simplement quelques bonnes pratiques :
Le Pain des Cairns ouvre du lundi au samedi. Notre pain le moins salé, le Pain de campagne aux graines, est disponible tous les jours.
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Vous participez aujourd’hui à un atelier sensoriel en tri libre. Vous allez déguster sept pains cuits hier en fin de journée puis reporter les résultats dans un questionnaire en ligne, figurant ci-dessous.
Ouvrez le questionnaire en ligne, il figure en bas de cette page.
Au fur et à mesure, vous pouvez ajouter les pains aux groupes déjà formés ou créer de nouveaux groupes, toujours en vous basant sur vos perceptions des ressemblances et les différences sensorielles.
Important : ne discutez pas de vos ressentis pendant la dégustation avec ceux qui dégustent avec vous et avant que tous les questionnaires aient été complètement remplis
Une fois les 7 pains goûtés et répartis dans les groupes, vérifiez avec attention que le questionnaire est bien rempli et qu’il n’y a pas d’oublis ou d’erreurs dans les codes.
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Lauriane Mietton, ancienne salariée du Pain des Cairns, mène actuellement un doctorat en recherche participative à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Ce doctorat questionne l’impact de la mouture (l’opération de meunerie qui consiste à réduire en farine des grains de céréales) sur la farine, le levain et le pain. Le Pain des Cairns participe à cette recherche et vous propose d’y participer aussi.
Vous avez très probablement vu sur un marché ou dans une boulangerie la mention farine sur meule de pierre sur une étiquette, ou entendu parler de blé paysan pour promouvoir la qualité des pains. Le p’tit souci, c’est que la qualité est un mot qui peut englober beaucoup de choses et que l’impact du type de mouture sur le microbiote du levain et ses conséquences sur la qualité du pain n’a jamais été parfaitement étudié scientifiquement. La question est de savoir si les farines produites par ces techniques présentent des différences qui se répercutent sur la flore microbienne des levains et la qualité des pains en termes organoleptiques (caractéristiques sensorielles et aromatiques), nutritionnels (protéines, lipides, sucres, minéraux) et sanitaires (mycotoxines).
Petit intermède
Quelle est la distinction entre un moulin à cylindres et un moulin à meule de pierre ?
Un moulin à cylindre compresse et cisaille le grain de blé entre deux rouleaux métalliques en plusieurs passages via un système de transport pneumatique. Le tamisage conduit à l’obtention de la farine. Un moulin à meule de pierre compresse le grain de blé, plus lentement, généralement en un seul passage suivi d’un tamisage unique.
Différents types de moulins à meules de pierre existent. L’étude se concentre sur les moulins de type Astrié (du nom des deux frères qui les ont mis au point) et dont les meules sont faites en granit.
Les moulins sur meules de pierre et sur cylindres sont tout à fait différents en termes de débit de production de farine, les premiers se situent autour de quelques dizaines de kilogrammes par heure tandis que les seconds produisent entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de kilogrammes par heure selon la taille de l’installation. Ces différents outils permettent ainsi de répondre à une diversité de productions meunières.
Lauriane a commencé par prendre contact avec plusieurs paysans et meuniers pour trouver quatre lots de blés. Ces blés ont été distribués chez six meuniers, Olivier, Christian, Alexandra et Didier, Robin, Johan et Stéphane qui disposent chacun de méthodes de meunerie qui leur sont propres (meules de pierre ou cylindres). Les lots de farine ont ensuite été répartis dans des boulangeries du sud-est de la France, dont le Pain des Cairns, sans que les boulangers et boulangères ne sachent à quels lots ils et elles ont affaire.
Une fois les lots de farine reçus, nous avons initié sept levains différents, c’est à dire que nous avons mélangé de la farine issue de chacun des lots avec de l’eau, afin d’obtenir des levains en favorisant la croissance d’une flore microbienne complexe, principalement composée de bactéries lactiques mais également de levures. Chaque jour, pendant tout le mois de novembre, nous avons rafraichi chacun de ces levains, en ajoutant un petit d’eau et de farine, afin de nourrir cette fameuse flore microbienne.
Ces rafraichis ont été effectués à heure fixe, selon un protocole très précis, et ont été accompagnés d’un suivi détaillé du développement des levains. Ainsi, nous avons régulièrement pris le PH de ces levains (unité de mesure d’acidité, sur une échelle allant de 1 à 14, 1 étant très acide et 14 très basique, l’eau du robinet étant généralement autour de PH7, appelé PH neutre), qui s’est peu à peu stabilisé autour de 3,9. Nous avons aussi envoyé des échantillons jusqu’à Montpellier, dans les laboratoires de l’INRAE.
Les sept levains initiés pendant un mois au Pain des Cairns vont nous permettre de créer sept pains différents, composés de sept lots de farines différentes. Nous ne savons pas d’où viennent ces farines, ni si ce sont des farines écrasées sur des cylindres ou sur un moulin à meule de pierre. Ces pains vont donc porter des noms de code, comme le joyeux acronyme PP10-PDC. Seule Lauriane et l’équipe de l’INRAE savent à quoi correspondent ces fameuses suites de chiffres et de lettres.
Le samedi 28 novembre 2020, nous allons utiliser les sept levains pour une fournée spéciale, qui sera ensuite suivie d’une dégustation. Confinement oblige, nous ne pouvons malheureusement pas organiser cette dégustation à la boulangerie. Nous recherchons donc plusieurs dizaines de client·e·s qui souhaiteraient effectuer cette dégustation à la maison.
Votre mission, si vous l’acceptez, consiste à :
Il vous suffit de remplir ce petit formulaire (vos données personnelles seront supprimées immédiatement après la dégustation).
Mise à jour du 23 novembre à 18:51 – Vous êtes plus d’une centaine à avoir confirmé votre inscription, ce qui nous conduit à clôturer les inscriptions. Un grand merci à toutes et tous !
L’article Participez à une étude menée par l’INRAE et le Pain des Cairns est apparu en premier sur Le Pain des Cairns.
Du 16 au 20 novembre 2020, la boulangerie fermera ses portes pour une semaine de chantier. Pendant que toute l’équipe profitera dans la joie et l’allégresse du couvre-feu, des artisans interviendront dans le fournil pour transformer en partie le Pain des Cairns.
Un samedi de septembre, nous avons détruit le local électrique. La place dégagée par la suppression des cloisons va nous permettre d’agrandir l’espace de vente. La dalle (carrelée en beige) sur les photos va être découpée par un maçon afin d’augmenter la taille de la partie dédiée au magasin. Nous perdons donc notre fameux local électrique, qui servait d’ailleurs surtout à afficher de jolis posters colorés pour les cours de taiji quan et autres occupations bien spécifiques au quartier de Saint-Bruno. Ne vous en faites pas, les amateurs et amatrices de scotch pourront à nouveau sévir dès la fin du chantier.
La découpe de la dalle de béton, et les opérations de maçonnerie puis de finitions qui vont suivre nous obligent à fermer le magasin pendant la semaine du 16 au 20 novembre : de nombreuses poussières vont être générées, nous obligeant à confiner (…) strictement la zone du chantier.
Vous qui fréquentez régulièrement la boulangerie, vous avez forcément eu affaire un jour ou l’autre à la caisse 2. Construite sur une base de table Ikéa par Cédric il y a quelques années, le meuble n’était plus vraiment adapté à la croissance actuelle de notre boulangerie. Certains soirs, nous pouvons encaisser une commande toutes les minutes, voire toutes les 45 secondes entre 17:30 et 18:30 : ça va vite, très vite, trop vite.
La fameuse caisse deux, installée sur une dalle surélevée, nous donnait parfois l’impression d’arbitrer un match de tennis plutôt que de vendre du pain. Le nouveau meuble d’encaissement sera installé à la même hauteur que le meuble vitrine actuel, disposera de deux postes d’encaissement et d’une zone d’ensachage (oui, nous souhaitons arrêter d’emballer systématiquement vos pains). Ainsi, en cas de coup de bourre, votre attente sera réduite. Du pain sera immédiatement accessible aux personnes travaillant au niveau de ces deux caisses, évitant les aller-retours – entre la caisse 2 et les espaces de stockage – parfois un peu énervants. Nous allons aussi créer un nouveau meuble dédié aux produits en vrac (canistrellis, cracairns…) et aux commandes des professionnels.
Pour construire ces deux meubles, nous avons fait appel à la Goupille, une menuiserie installée à Romans-sur-Isère. En plus d’être super-sympas, Marjolaine et Guillaume font partie du réseau Grenade, un groupement d’entreprises en coopérative. Le bois utilisé vient du coin et tout est fait main. Bref, le bonheur.
Ces meubles sont actuellement en cours de construction dans les ateliers de la Goupille et seront normalement livrés autour du 20 novembre, ce qui nous permettra de vous accueillir dans les meilleures conditions à notre retour de congés.
Vous l’avez remarqué, nos nouveaux horaires (ouverture à 11:00 au lieu de 15:00, du mardi au vendredi) ont provoqué un certain enthousiasme. Il nous arrive donc de manquer de pain très tôt dans la journée, parfois même entre midi et deux. Ces ruptures s’expliquent par une capacité de production limitée, notamment au niveau de la réfrigération. Chaud patate.
En effet, pour pouvoir vous proposer du pain tout droit sorti du four, dès 11:00, nous utilisons des chambres froides. La pâte est pétrie la veille, mise dans des bannetons ou des bacs, puis cuite le matin, dès 7:30. En fin de journée, ces chambres froides sont désormais remplies en quasi-totalité, rendant toute augmentation de la production délicate. Nous allons donc installer une troisième chambre froide, et remplacer les moteurs des deux autres. Ces moteurs, assez vieux, tombaient fréquemment en panne, notamment par fortes chaleurs.
Nous espérons que ces différentes améliorations permettront de vous proposer le pain que vous venez chercher, dès 11:00 et d’obtenir votre satisfaction pleine et entière, rien que ça.
Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à venir en discuter avec nous à l’occasion. On a hâte de concrétiser tout ça !
L’article C’est le chantier au Pain des Cairns est apparu en premier sur Le Pain des Cairns.
À partir d’octobre 2020, Le Pain des Cairns teste le salaire au besoin pour ses salarié·e·s en contrat à durée indéterminée. L’entreprise permet désormais à chaque membre de l’équipe de fixer son salaire, en fonction de ses besoins, puis de participer au projet permettant de le financer.
Jusqu’à présent, le Pain des Cairns utilisait un modèle de rémunération assez basique : toutes les fiches de paie étaient strictement identiques (1600 euros, excepté pour celles et ceux ne participant pas aux activités de gouvernance de la structure, payés 1400 euros). En place depuis plusieurs années, ce modèle de salaire unique était confortable, pour trois raisons principales :
Ceci dit, le salaire unique nous a posé deux problèmes :
Une fois posé ce constat d’échec du salaire unique, nous avions deux solutions : mettre en place une grille de salaires ou tenter autre chose. Nous avons sérieusement envisagé la solution de la grille, mais nous n’avons pas mis bien longtemps à nous heurter à un mur au moins aussi haut que la Bastille. Au Pain des Cairns, les personnes exprimant les besoins les plus élevés sont les plus âgées. Ce sont aussi ces mêmes personnes qui accomplissent une grande partie des tâches administratives et de développement, qu’on pourrait aussi qualifier de tâches intellectuelles. Comme dans de nombreuses entreprises, il aurait donc été pratique de valoriser financièrement ces missions.
Les plus jeunes et les moins diplômés, qui accomplissent – au même titre que leurs collègues – des tâches pénibles et physiques, auraient légitimement pu s’interroger sur cet écart de rémunération, qui aurait valorisé un rôle physiquement moins usant que celui qu’ils et elles assument pendant que leurs collègues sont assis derrière un clavier. Bref. Au lieu de mettre la tête dans le sac, nous avons décidé de renverser la vapeur : nous tentons de dissocier les tâches accomplies de la rémunération obtenue.
Chaque membre de l’équipe s’est donc attelé à la définition de ses propres besoins financiers. Pour deux d’entre-nous, le salaire est resté le même tandis qu’il a augmenté pour le reste de l’équipe, pour atteindre un maximum de 2130 euros pour l’un d’entre-nous. Pour que le dispositif du salaire au besoin fonctionne, nous nous sommes interdits de demander des justifications sur les besoins des uns et des autres. La demande de salaire est posée et elle est systématiquement acceptée, moyennant la mise en place d’une stratégie d’adaptation du chiffre d’affaires. Hop.
Nous faisons ainsi le pari que le salaire n’est pas notre seule source de rémunération. Le plaisir à accomplir les missions quotidiennes, à apprendre, à se former, à partager tout plein de trucs avec les collègues compte en fait probablement plus que notre salaire dans notre motivation à venir travailler chaque matin.
Ce constat vient aussi du fait que nous sommes venus – pour beaucoup d’entre-nous – travailler au Pain des Cairns par choix, en faisant une croix sur des salaires beaucoup plus importants que nous aurions pu obtenir ailleurs, que ce soit dans le monde de la boulangerie ou dans un autre.
Cet été, alors que nous racontions à nos proches la mise en place de notre joyeuse expérience, nous avons dû répondre à mille et une questions qui tournaient globalement toutes autour de la même idée :
Dans une entreprise classique (entendons par là une entreprise possédée par un nombre restreint de personnes, qui achètent la force de travail des salarié·e·s), il y a fort à parier qu’un dispositif comme le salaire au besoin ne pourrait pas fonctionner. En effet, les salarié·e·s pourraient n’avoir tendance qu’à satisfaire exclusivement leurs propres besoins financiers, sans se préoccuper de la santé économique de l’entreprise qui les emploie. À terme, l’entreprise en question se casserait probablement la figure (d’où peut-être le fait que le salaire au besoin n’ait jamais été testé à grande échelle).
Au Pain des Cairns, la situation diffère : toutes les personnes ayant accès au dispositif du salaire au besoin sont aussi associé·e·s (ou alors dans la boulangerie depuis un bout de temps). La situation financière de l’entreprise est parfaitement connue, la masse salariale aussi, tout comme les possibilités raisonnables de développement. Nous espérons ainsi que la responsabilité partagée conduira à la limitation des demandes salaires et à la naissance de joyeux projets de développement.
En éliminant l’insatisfaction lié à un salaire inadapté et en faisant en sorte que les besoins financiers de chacun·e puissent être satisfaits, nous espérons que le collectif pourra fonctionner de façon apaisée. Derrière ce petit paradis théorique se cache une foule de questions :
La mise en place du salaire au besoin est – pour le moment – un essai, qui va être mené pendant six mois. À l’issue de la période de test, nous déciderons peut-être de prolonger l’expérience. En attendant, le complément de salaire est versé sous la forme de prime exceptionnelle, afin d’assurer la réversibilité du dispositif (dans le cas où le dispositif serait abandonné, un salarié ne peut potentiellement pas être contraint à faire face à une baisse de salaire, tandis que la prime peut être facilement supprimée).
La mise en place de ce test a nécessité plusieurs semaines de travail et deux journées complètes de réunion.
Cette expérience a donné lieu à l’écriture de plusieurs articles de presse :
Basta, le 16 avril 2021
À Grenoble, une boulangerie expérimente le “salaire au besoin”
Le Dauphiné Libéré, le 1 mai 2021
La Toque Magazine (revue destinée aux professionnels de la boulangerie), le 5 mai 2021
Vous vous demandez comment nous parvenons à prendre des décisions complexes ? Cette page de notre site internet pourra vous intéresser.
L’article Le Pain des Cairns teste le salaire au besoin est apparu en premier sur Le Pain des Cairns.
Vous l’avez sûrement remarqué, nous fermons souvent la boulangerie ces temps-ci pour organiser ce que nous appelons des réunions de gouvernance. Nous tenions à vous en dire un peu plus sur le sujet et à vous présenter quelques-uns des thèmes sur lesquels nous travaillons.
Chez nous, pas de patron : nous prenons les décisions ensemble, en utilisant la méthode de la Gestion par consentement (baptisée GPC). Cette méthode – un peu technocratique vu de loin dans le brouillard – est utilisée quotidiennement et a été décrite sur notre site internet.
Forcément, prendre des décisions importantes pour l’avenir de notre entreprise prend un petit peu plus de temps que dans les structures où le pouvoir est concentré dans les mains de quelques uns… d’où ce nombre important de réunions qui se succèdent.
Ces derniers temps, l’entreprise a beaucoup évolué. Nous avons remodelé notre organisation interne, vu deux associés demander à quitter l’entreprise et embauché Alitzel et Victor, en CDD, pour nous épauler jusqu’aux vacances d’été. Si cette période n’est pas simple à gérer, elle nous permet aussi de remettre sur la table des sujets qui avaient été enfouis sous un joli tas de tapis.
Tom, qui est le facilitateur du Pain des Cairns (c’est à dire qu’il anime les réunions) et Gilles, qui est le secrétaire, ont listé certains des différents sujets qui vont nous occuper lors de nos prochaines réunions :
Nous avons bien conscience que nos réunions à répétition peuvent parfois vous embistrouiller. Nous tentons vraiment de limiter l’impact que ces réunions peuvent avoir sur l’ouverture de la boulangerie, en tentant de les programmer sur des périodes de moindre fréquentation.
Ceci dit, nous cherchons à nous améliorer sur le sujet, en envisageant d’utiliser d’autres modes de décision que ces grandes réunions s’étalant sur une journée.
Les dates de fermeture sont annoncées à l’avance sur nos différents canaux de communication :
Si vous avez des questions, n’hésitez pas un instant à en discuter avec l’un ou l’une d’entre-nous, ou à nous envoyer un petit message.
L’article « Vous êtes encore en réunion ? » Plongez dans les coulisses du Pain des Cairns est apparu en premier sur Le Pain des Cairns.
On reproche parfois au pain d’apporter trop de sucres. En analysant nos pains et leur indice glycémique, nous avons voulu y voir un petit peu plus clair.
L’indice glycémique est un critère de classement des aliments contenant des glucides, basé sur leurs effets sur la glycémie (taux de glucose dans le sang – le glucose étant un sucre simple, tel que nous pouvons l’acheter dans le commerce) durant les deux heures suivant leur ingestion.
Wikipédia, encyclopédie en ligne peu connue
En ce matin de décembre, une partie de l’équipe s’active au fournil aux alentours de sept heures. Alors que nous enfournons habituellement nos premiers pains vers dix heures, des pâtons sont déjà en cours de cuisson : ce sont les tests de Gilles, pétris la veille.
Ces pains ont levé tranquillement toute la nuit à 18°C. Malgré une quantité initiale de levain très faible, les bactéries et les levures ont eu le temps de se développer jusqu’au matin. Dans notre jargon, on appelle les pains obtenus par cette méthode des pains longue fermentation avec faible ensemencement.
Alors que les pains tout juste sortis du four crépitent encore, des pâtes supplémentaires sont réalisées par Lauriane. Leur temps de pétrissage est réduit au minimum et le levain utilisé a été initié à partir de blé entier écrasé sur la meule de pierre d’un moulin par un unique passage. On lui donne le petit nom de levain de blé concassé. Ces pains sont conduits en même temps que nos pains habituels et passent au four vers midi.
Ces tests ont été menés par l’équipe avec une petite idée derrière la tête : nous voulons analyser l’indice glycémique de plusieurs pains.
Tous nos pains sont sortis du four et ont eu le temps de refroidir. Le soir même, empaquetés avec soin, ils sont déposés à la Poste de Saint-Bruno, à deux pas de la boulangerie. Acheminés le lendemain pour la Bretagne, ils arriveront le mercredi matin sur les paillasses du laboratoire AgroBio à Rennes.
Au total, ce sont six échantillons qui sont partis :
Type de pain analysé | Indice glycémique |
Pain longue fermentation – Farine T80 Pichard | 45,1 |
Pain longue fermentation – Farine T80 Trièves | 38,4 |
Levain de blé concassé – Farine T80 Trièves | 32,5 |
Pain de campagne nature – Farine T80 Pichard | 44,1 |
Pain complet – Farine T150 Pichard | 34 |
Petit Épeautre – Farine T80 Forest | 32,6 |
Premier constat : tous nos pains ont un indice glycémique considéré comme bas c’est à dire avec une valeur inférieure à 50.
Ainsi les résultats sont en concordance avec le fait que l’indice glycémique augmente avec le raffinage de la farine. Plus la farine est complète, plus l’indice glycémique est bas. Les pains avec une farine plus complète, comme le petit épeautre, le pain de campagne, le pain complet et le Trièves ont un indice bas.
Autre constat : les procédés de fabrication testés semblent ne pas avoir d’influence tant qu’ils restent des procédés de fermentation au levain. Les trois procédés tests que nous avons expérimentés n’apportent pas de différence de variation de l’indice glycémique.
Enfin, la mouture de la farine semble avoir une influence, notamment celle sur meule de pierre qui est corrélée à un indice glycémique bas.
Ces constats ne sont que des hypothèses : nous avons travaillé dans des conditions qui ne sont pas celles d’un laboratoire classique, où l’on peut maitriser davantage les conditions de production.
Les mesures du laboratoire ont été établies en référence à la table de Foster-Powell [PDF] qui répertorie l’indice glycémique d’un très grand panel d’aliments. Ainsi, comme nous le disions plus haut, une baguette blanche industrielle aura un indice de 90.
Les valeurs de 32 que nous obtenons pour le petit épeautre ou le pain au levain de blé concassé, appelé Trièves, sont donc significativement basses. En effet, plus l’indice glycémique est haut, plus la qualité nutritionnelle du pain est réduite.
L’amélioration de la qualité nutritionnelle de nos pains nous tient à cœur. Ces résultats nous confortent dans notre démarche de production de pains de qualité, que ce soit sur les plans de la santé, de l’environnement ou de l’humain.
Cette étude a été initiée à la toute fin de l’année 2018 par Lauriane Mietton et Gilles Christin. Lauriane a quitté le Pain des Cairns à l’automne 2019, pour rejoindre l’INRAE – Centre Occitanie-Montpellier. Elle y mène une étude baptisée Projet Pain Mouture et Microbiote.
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