Le CRIEUR DE LA VILLENEUVE
Journal participatif
Publié le 14.11.2024 à 16:12
Début décembre sortira La Villeneuve, 50 ans de photos, le premier livre du Crieur de la Villeneuve. Les préventes sont d’ores et déjà ouvertes.
Pour fêter les dix ans du média, Le Crieur publie un livre. La Villeneuve, 50 ans de photos, retrace en photos l’histoire du quartier. De la construction de l’Arlequin à l’arrivée du tram, en passant par l’évolution de la place du marché, retrouvez les principales étapes de notre quartier.
Le livre (124 pages, papier satiné 115g, format A4) est vendu au prix modique de 8 €, pour être accessible au plus grand nombre.
Le livre sera publié courant décembre 2024. Le Crieur vous le propose dès à présent en prévente, via la plateforme Helloasso. Les exemplaires seront à retirer dans le quartier, auprès du Crieur, ou par envoi postal (8 € de frais postaux en supplément).
Le formulaire est disponible ci-dessous ou bien à cette adresse : https://www.helloasso.com/associations/le-crieur-de-la-villeneuve/boutiques/livre-la-villeneuve-50-ans-de-photos
Publié le 02.10.2024 à 10:54
Pour sa deuxième édition, la Rentrée pour tous, la distribution de fournitures scolaires, a encore eu du succès. Trois cents kits et autant de sandwiches ont été offerts, tandis que différents stands animaient la place. Retour sur l’événement.
« Cinq, quatre, trois, deux, un, bienvenue ! » Ilyess Benmechta, responsable du centre de loisirs Les Arlequins (anciennement La Cordée), lance le décompte avant que la foule ne se dirige vers le stand de distribution de fournitures scolaires. Samedi 31 août a ainsi lieu la deuxième édition de la Rentrée pour tous. Trois cents kits composés de cahiers, de classeurs et d’une trousse complète vont être distribués gratuitement dans l’après-midi, avec une organisation un peu plus cadrée que l’année précédente (lire l’article que Le Crieur y avait consacré : Succès pour la distribution de fournitures scolaires).
La vidéo de l’événement, par Le Crieur.
Un père de famille du quartier, venu avec ses deux enfants, est ravi de cet événement. « C’est quelque chose de bien pour les enfants. » Outre les fournitures scolaires, les stands d’information, comme celui de l’AJA Villeneuve, le club de foot du quartier, ou celui de l’association Les Apalys, sur les problématiques de santé mentale, côtoient les activités maquillage pour les enfants, le coin jeux vidéos et les coiffeurs qui agitent tondeuses et ciseaux. Une distribution de vêtements, pas uniquement réservés aux enfants, se tient aussi, tout comme une distribution de sandwiches et de crêpes par l’association VDJ. Des fournitures, des vêtements, une nouvelle coupe de cheveux et le ventre plein, tout pour la rentrée donc.
« La rentrée, c’est coûteux. Le but c’est de se rendre beau et belle pour la rentrée, d’être bien présentable. De donner de la force aux familles. », explique Ilyess Benmechta.
Pour Salah Fouatih, de l’association Ambition Grenoble, un des organisateurs de l’événement, « L’idée, c’est de créer un choc émotionnel chez les jeunes, pour qu’ils prennent conscience de l’importance de l’école. L’occasion de dire aux jeunes […] prenez la rentrée du bon bout, vous avez accès à la culture, à l’éducation, profitez-en. »
Publié le 02.10.2024 à 10:34
La deuxième édition de la distribution de fournitures scolaires (mais pas que) s’est tenue le 31 août 2024 devant le centre de loisirs Les Arlequins. Retour en images sur cet après-midi.
Pour plus d’informations, lire l’article La rentrée pour tous, tout pour la rentrée.
Publié le 19.09.2024 à 11:33
En mai, à l’occasion de la semaine des Géants, la place du même nom a accueilli un invité exceptionnel, qui n’était pas venu depuis 30 ans. Klaus Schultze, l’artiste qui a créé les sculptures géantes de la place, de 1978 à 1980, a en effet passé plusieurs jours à Grenoble. L’article suivant est un mélange, reconstitué et mis en forme, de six heures d’échanges avec Klaus Schultze qui ont eu lieu lors de la semaine des Géants : le mardi 21 mai, lors d’une conférence à la maison des habitants des Baladins puis lors d’une rencontre avec des enfants de l’école des Trembles ; le mercredi 22 mai lors d’une balade le long des Géants puis lors d’une discussion impromptue au café Le Rhumel.
L’histoire des Géants
« Si je raconte la vérité, il n’y a pas d’histoire des sculptures. Il faut se dire que quand un artiste est devant une grande dalle, il ne pense pas à la signification des bonhommes qu’il va faire. Il pense surtout à la présence d’un volume convaincant.
« Au début, je n’ai vu que des plans de la place. Peut-être ai-je vu une maquette de la ville future, mais je ne me rappelle plus exactement. On m’a demandé d’animer un énorme espace, entouré d’immeubles, et évidemment, en premier lieu, je pense à mon travail. Comment je peux, à l’aide de la brique, imaginer le développement de plusieurs personnages. Puis, au fur et à mesure, se développe la réalisation.
Construction du géant allongé, à côté du futur 20 place des Géants : on distingue la structure métallique, recouverte par endroit de ciment, et le parement de brique en cours de pose, en 1979. (photo : archives personnelles de Klaus Schultze)« Comment atteindre la population future qui va habiter ici ? Je me suis dit que le thème du couple, qui est éternel, serait favorable pour cet endroit. En plus, je savais qu’il y aurait beaucoup d’enfants. J’avais l’habitude que les gosses grimpent sur mes bonhommes et qu’ils devaient être résistants à l’assaut des gosses. Je me suis dit que si je faisais des grands géants couchés et que les bras ne sortaient pas trop dans l’espace, il n’y aurait pas de danger.
« Alors, en-dehors du couple, j’avais toujours le thème de la main. La main, comme forme, comme expression. Est-ce qu’on va la percevoir comme un signe d’accueil ? Ou est-ce que c’est un signe d’hostilité ? J’ai fait beaucoup de petites mains en sculpture. Pour moi, c’était formidable de pouvoir faire une grande main.
« Je ne peux pas beaucoup parler du sens de mes sculptures. Il faut que chacun y trouve son explication.
« Pour la taille des sculptures, quand j’avais quatre ans, mes parents m’ont emmené chez des parents à nous. Il y avait un cousin, plus âgé, il avait déjà huit ans. Pour moi il était très grand. Il avait construit une Tour Eiffel avec du métal [en Meccano, ndlr], avec une lumière tournante en haut. C’était encore plus grand que mon cousin ! Quand il a éteint la lumière, que la chambre était sombre et que la lumière de la Tour Eiffel a tourné, comme ça, je me suis dit : « Moi aussi, quand je serai grand, je veux faire quelque chose de grand ! » Ça m’a beaucoup impressionné. »
Klaus Schultze
• 1927 : naissance à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) ;
• 1940 : installation à Überlingen, au bord du lac de Constance (Allemagne) ;
• 1945 : enrôlé à 17 ans comme soldat dans la Wermacht puis prisonnier de guerre ;
• 1945-1948 : occupation française d’une partie de l’Allemagne, découverte de la culture française ;
• 1948-1951 : apprenti potier à Constance ;
• 1952 : arrivée en France, divers emplois de potiers à Paris ;
• 1956 : ouverture de son atelier à Gournay-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et premiers objets en céramique vendus dans les galeries parisiennes ;
• 1969 : voyage à Sienne (Italie) et coup de foudre pour la brique ;
• 1970 : première sculpture en brique dans l’espace public à Vitry-sur-Seine ; début de la période des
géants, nombreuses commandes publiques en brique en France et dans d’autres pays ;
• 1978-1980 : Les Géants de la Villeneuve ;
• 1979 : devient professeur à l’académie des beaux-arts de Munich, retour en Allemagne ;
• 1992 : retour à Überlingen puis retraite.
La fabrication
« On ne peut pas mettre la brique comme ça. Il faut un appui, un squelette. Alors toutes les sculptures ont une espèce d’armature en métal sur lequel on pose une sorte de grillage. Ce grillage reçoit le ciment. Il faut donc d’abord construire la structure métallique qui a déjà la forme future. Après, il faut couvrir la structure avec du ciment et le laisser durcir. À partir de ce moment, on peut maçonner la brique sur cette surface endurcie. Mais il faut aussi des joints entre chaque brique. Il faut toujours mettre une rangée de briques horizontales, mettre du ciment sur l’horizontale et aussi dans la verticale. Un grand travail !
Enfants jouant sur la géante allongée, en cours de construction, vers 1979. (photo : archives personnelles de Klaus Schultze)« Et il faut surtout, ce que personne ne sait, nettoyer après. On ne peut pas laisser la brique salie par le ciment, ce serait dommage. Alors nous étions obligés de prendre des brosses, parfois des brosses métalliques, pour enlever le ciment qui était trop étalé et nettoyer chaque brique pour qu’elle soit propre. Mais aussi pour l’unité entre toutes les briques, qui sont de couleur très différentes, pour que rien d’étranger ne gêne.
« J’ai posé une grande partie des briques moi-même. Les doigts, tous les doigts, c’est moi qui les ai faits, parce que c’était un travail très très personnel. La brique fait 22 centimètres de long et 11 centimètres de haut. Pour faire les doigts, il me faut des ronds. Alors je prends la brique et je la passe sous la scie. Ce sont des disques plantés avec des petits diamants qui permettent de découper la brique. Ensuite, je change de disque pour un disque de carborundum qui me permet de meuler la brique. Je tiens la brique et je tourne, je tourne, pour obtenir un demi-rond. Ensuite je découpe au milieu de la brique un triangle. Je pose ces briques rondes destinées aux doigts, j’essaye si ça va bien, si elles sont toutes assez rondes. Alors je commence à poser le premier rang. Je mets du ciment, je pose la deuxième rangée, toujours en regardant que l’intérieur soit vide, parce qu’il me servira pour le remplir avec du ciment et de la ferraille. Sans ferraille et sans ciment, ça ne tiendrait jamais. Je pose étage par étage et à la fin, il me faut encore la coupole. Le rond en haut. Là aussi, il faut que je meule une demi brique pour qu’elle soit comme ça, bien arrondie. Quand les, disons, dix étages de briques sont montés, je coule du ciment, je mets de la ferraille, je regarde que la ferraille ne dépasse pas le haut, je mets la coupole et j’ai donc un doigt, un très grand doigt. Alors ça dure, disons pour un doigt, il faut au moins deux jours. Je ne sais plus combien de doigts j’ai fait… J’ai fait aussi tous les éléments colorés, en émail.
« J’avais de très bons maçons qui avaient bien compris ce que je voulais. On pouvait les laisser seuls pour les parties des sculptures qui étaient cylindriques, les bras. Alors tu sais que pendant une semaine, le maçon qui va travailler avec toi, il pourra bien maçonner, régulièrement, un cylindre de briques. Et pendant ce temps, je pouvais partir pour Paris, parce que j’habitais à Paris et j’avais d’autres travaux. C’était des maçons français mais, à la fin, j’avais un maçon espagnol, formidable, qui avait déjà compris mon système. Il disait : « Oui, oui, monsieur Schultze, je sais, vous voulez faire cette pose comme ça. Je le fais. » Et là, c’était parfait !
« Mais j’ai parfois eu des pannes. Au début, j’ai fait confiance à un jeune sculpteur espagnol lui-aussi que je connaissais par un autre travail, en Alsace. Je lui ai demandé s’il voulait travailler avec moi à Grenoble. Il était feu et flamme. Alors je lui ai montré ce qu’il fallait faire. Mais comme j’avais beaucoup de travail à Paris, j’ai dû partir. J’ai dit : « José, tu sais ce que tu as à faire, je reviens dans deux semaines pour regarder si tout est en ordre. » Mais par hasard, je suis revenu un jour avant. À 3 heures, il n’y avait personne sur le chantier. À 4 heures, j’entends des voix ivres. Gueuler, gueuler ! « Ah ah ! » José, accompagné de deux français qu’il avait engagés lui-même, revenaient du restaurant. Ils avaient bu, bu, bu. Ils disaient : « Schultze n’est pas là, formidable ! » Alors, je l’ai aussitôt chassé ! Non, il n’y avait pas de pardon. Quand on blesse ma confiance, c’est fini. »
Le chantier
« Le premier jour, je suis venu avec ma 2CV et toutes mes affaires. Il était convenu que je dise bonjour aux maçons et aux ferrailleurs. Alors je suis monté à l’escalier et j’ai dit bonjour, j’ai découvert le chantier. « Alors, on commence demain ? », je dis. Je descends l’escalier et je vois que toutes les affaires dans ma voiture ont été volées, sauf la scie. Mon bloc d’aquarelle, mes couleurs d’aquarelle, tous mes habits… Alors je suis allé chez le monsieur de la police et j’ai déclaré le vol. Et le policier m’a dit : « Monsieur, c’est normal chez nous… » J’ai dû aller dans un supermarché, tout près d’ici, pour tout racheter. Le chantier a commencé comme ça !
L’artiste Klaus Schultze et le technicien de la Ville Edwin Hatton, à l’origine de sa venue, lors de la balade le long des statues, en mai 2024. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)« Sur la place, il n’y avait rien. C’était vraiment que du chantier. Il y avait tous les immeubles à côté, avec des grues, tout était en mouvement. Les grues qui tournaient et tout ça. Mais sur la dalle, il n’y avait encore rien. J’ai toujours espéré trouver un magasin, un café, un tabac, où je peux aller prendre une cigarette.
« Quand on m’a demandé de créer ça, on m’a dit : « Monsieur Schultze, vous avez une chance énorme parce que vous pouvez profiter de nos matériaux. » Pendant qu’on construisait, il y avait les grues, il y avait des camions de transport, de sable, de ciment. On n’avait qu’à téléphoner pour en obtenir. Qu’un artiste puisse créer quelque chose en utilisant les matériaux de la construction des immeubles, c’était formidable !
« Alors, dans l’ensemble, il a fallu je crois deux ans pour construire les statues. Avec des pauses, des moments de vacances. Les ouvriers avaient le droit d’avoir des vacances aussi.
« Au cours du chantier, il y avait déjà une partie érigée. Arrivent, tout d’un coup, des enfants qui demandent : « Qu’est-ce que vous faites, monsieur ? » Ils grimpent sur les bonhommes, ça nous gêne parfois. Nous venions de terminer, disons une tête et le moindre choc pouvait détruire quelque chose. Je leur disais « S’il-te-plaît, joue en bas, ou là-dessus, mais pas sur la tête… » Mais ça, ils en rigolaient. Finalement, on les a très bien supportés. La curiosité était énorme.
« Il y a aussi des adultes qui passent, comme ça : « Qu’est ce que cela veut dire ? » Il y a au départ, je ne veux pas dire méfiance, mais distance. Ça n’est pas facile parfois, quand on a l’impression que les gens n’ont pas l’œil, n’ont pas une curiosité, mais ils ont déjà une opinion. Et parfois le résultat est encore tellement mal compris. Mais les gens s’habituent, avec le temps, aux choses inconnues et inhabituelles. »
Les Géants de Klaus Schultze
Neuf sculptures, dont deux d’un couple, 1978-1980, fer, ciment, brique et céramique.
Du nord au sud, de l’ex-collège à l’école des Trembles :
• le couple à la fenêtre ;
• le couple dans l’escalier ;
• le géant qui lit ;
• la géante couchée ;
• l’arène (disparue) ;
• le géant allongé ;
• la main ;
• la femme qui rentre dans le sol ;
• le livre ouvert et le crayon (disparue).
L’arène, aussi dite « la chenille », a été démolie pour laisser place à un escalier, en 1994 ; le livre ouvert, à l’entrée du haut de l’école des Trembles, l’a été dans les années 1990.
La brique de Vaugirard
« Les briques venaient d’une briqueterie nommée Richard, à Villejuif [plutôt au Kremlin-Bicêtre, juste à côté. L’emblème de la briqueterie est d’ailleurs visible sur certaines briques, ndlr]. L’usine était aux portes de la ville de Paris. Peut-être à 200 mètres du périphérique. Pendant longtemps, la briqueterie Richard m’a servi pour n’importe quel chantier. Quand elle a fermé, je me suis adressé à une autre briqueterie, près de Beauvais. Le nom ne me revient pas. La composition de la brique normale est : sable, terre et des restes de charbon brûlé [mâchefer, ndlr]. Chaque brique était différente de l’autre. Elles étaient cuites dans un grand four circulaire. Il faut imaginer des petites chambres séparées dans laquelle on monte la brique sur du sable. D’en haut, on jette de l’huile et on la laisse s’enflammer. Pendant le feu, la couleur de la brique se développe différemment par rapport à sa position. Parfois, il y a des grains de charbon qui restent dans la brique. Ces bouts de charbon fondent et coulent. Alors ce sont d’extraordinaires résultats que tout d’un coup on a sur la brique. Un développement intérieur auquel vous n’êtes jamais préparé. Si on la casse, on découvre à l’intérieur des images formidables de couleurs.
L’emblème de la briqueterie Richard, ou Richard frères (R-F), au Kremlin-Bicêtre (K), sur un des Géants de la place. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)« Je ne sais pas quand, l’Union européenne a un jour décidé que toutes les briques devaient être normalisées. On a demandé qu’à l’intérieur de la brique tout soit également égal. Donc il n’y avait plus de surprise.
« Pour fabriquer l’émail, je peux émailler la brique avec de l’émail de céramique et la recuire. À une température autour de 980 °C. Sur la brique se développe alors le même effet [que la céramique]. Ça aussi, c’est un miracle. La lave d’Auvergne a été longtemps à la mode dans la communauté des potiers. Parce que la lave, on pouvait la couper en tranches et ça servait parfois pour les tables ou pour des petites choses décoratives. La lave aussi, on peut l’émailler. Mais, dès qu’on dépasse 1000 °C, elle commence à couler. La brique, elle, ne coule pas. C’est la grande préférence.
« Vous voulez savoir de qui j’obtiens les émaux ? Il y avait deux usines d’émaux : c’était L’Hospied, je crois près de la Méditerranée, l’autre c’était Rhône-Poulenc. Ils fabriquaient de formidables émaux. Les céramistes traditionnels méprisent l’émail acheté. Le vrai artiste, le vrai céramiste, essaie de faire ses émaux lui-même, d’après les préceptes traditionnels japonais et chinois, et il est très fier de les développer. Moi, j’étais un peu plus naïf. Je me suis dit, s’il y a, dans l’offre des usines d’émaux, tant de variations, pourquoi je ne les utilise pas ? Je peux par exemple commander un rouge et un bleu, les mélanger, et j’obtiens une espèce de mauve. Et on peut doser les mesures. »
Les retrouvailles
« Je suis heureux de retrouver les bonhommes. Et surtout intacts ! J’ai fait beaucoup de structures en brique mais très souvent on les a cassées. Parfois, elles étaient mises à la poubelle au bout d’un an. En Allemagne aussi. Peut-être est-ce le matériau qui gêne ? La brique est un matériau inhabituel. Si c’était en marbre, personne n’aurait fait ça… C’était en tout cas une très grande surprise de revoir mes œuvres en bonne forme et que la couleur reste. Que le temps, le gel, toutes ces années, n’attaquent pas la céramique, n’attaquent pas la brique. Il faut y penser, la brique n’est rien d’autre que de la terre cuite et que ce petit élément, cuit dans une usine, tient pendant des siècles. Je ne veux pas dire que les bonhommes vont tenir des siècles, mais ils pourraient.
« C’était un choc parce que je savais plus que c’était si grand. Dans mon souvenir, ça faisait peut-être deux mètres, mais il y a en fait des dimensions énormes ! Je ne savais plus que je m’étais attaqué à une forme si grande. À vouloir dominer un grand personnage sans qu’on se perde dans les détails.
Klaus Schultze sur la place des Géants, en mai 2024. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)« Ce qui m’a surtout touché, c’est la bonne femme devant le rideaux, sous les arbres [sur la place des Saules, ndlr]. L’ombre des arbres protège les formes en briques. Je trouve ça formidable ! Malheureusement le concept initial d’entourer les géants avec des arbres a dû être arrêté à cause de la sécheresse, peut-être aussi par manque de possibilité d’arroser.
« Moi j’aime beaucoup la bonne femme qui sort du sol [à côté de l’école des Trembles, ndlr] parce qu’elle n’a pas de couleur. Peut-être que maintenant c’est ma préférée, parce qu’elle est si archaïque, raide et sans chichis. Je me demande si les autres [sculptures] ont vraiment besoin de couleur ? Sur la jupe de la femme, oui. Mais sur le bonhomme qui lit, ça non ! Il y a trop de couleur, c’est trop riche. Il y a des grandes formes, dans lesquelles on découvre des détails qui sont exécutés avec beaucoup d’amour. Le promeneur qui passe devant mes sculptures ne doit pas seulement comprendre qu’il y a une grande forme. Si le bonhomme couché était sans couleurs, je crois que ce serait plus pauvre. La couleur peut augmenter l’impression.
« C’est la question, est-ce qu’on ne devient pas, au cours d’un si long chantier, un peu décadent ? Je plaide pour l’ascèse de la brique, parce qu’elle se suffit à elle-même, dans sa couleur. Si on devient décoratif parce qu’on a envie de placer de la couleur, ce n’est pas très bon pour la forme. La couleur, mise sans réflexion, uniquement par joie de la couleur, c’est dangereux. »
La place des Géants
« J’écrirais un article qui s’appellerait la souffrance des géants, car la commerçants sont partis. Les géants seraient heureux de retrouver non seulement un café comme ça [Le Rhumel, ndlr], mais aussi un tabac, un restaurant, une pharmacie qui fonctionne tout le temps, un petit centre culturel et aussi un… réparateur de chaussures ! [rires] »
Publié le 30.07.2024 à 17:13
Cœur du second quartier de la Villeneuve, la place des Géants est évidemment marquée par les statues qui lui donnent son nom. Mais comment a été conçue la place ? Et comment Klaus Schultze, l’artiste qui a construit les géants, a-t-il été choisi ? Quels géants ont été construits en premier ? Le Crieur vous raconte l’histoire de la naissance de la place des Géants.
En 1972, alors que les premiers habitants de l’Arlequin viennent à peine de prendre possession des lieux, l’équipe pluridisciplinaire de la Villeneuve commence déjà à plancher sur le second quartier, les Baladins. L’élaboration du plan-masse définitif, par le duo d’architectes Jean Tribel et Georges Loiseau, de l’Agence d’urbanisme et d’architecture (AUA, Bagnolet) sera longue et se fera différemment de celui de l’Arlequin. La circulaire Guichard, en mars 1973, passe par là et pointe les dérives de l’urbanisme des grands ensembles. Elle en marque d’ailleurs, symboliquement, la fin. Les longues barres et les hautes tours sont passées de mode.
« On avait suffisamment de recul sur l’Arlequin. Le système de dessertes piétonnes [les passerelles] au niveau R+2 était une connerie… », se souvient Pierre Huguet, paysagiste dans l’équipe pluridisciplinaire, pour le Betvel, un bureau d’études de la ville de Grenoble. Au lieu de construire des parkings silos en bordure du quartier, l’équipe Villeneuve opte pour un urbanisme sur dalle. Pour Pierre Huguet, c’était « un perfectionnement de l’Arlequin. Une dalle, une espèce de porte-avions accosté au parc sur un côté ».
Schéma de principe de la future place des Géants, à l’époque pas encore construite, par Borja Huidobro, mai 1976. (document : AMMG, 17 Z 357)La place doit desservir 1000 logements, ainsi que de nombreux équipements, dont la liste évolue avec le temps. En 1974, le changement de maire à Eybens, suite à une élection partielle, permet un accord entre Eybens et Grenoble sur la construction d’un collège (à l’époque CES, collège d’enseignement secondaire) intercommunal, à cheval sur les deux communes. Le futur collège des Saules.
Juste à côté, l’avenir de la zone de Cure-Bourse, à Eybens, à l’est du nouveau quartier de la Villeneuve, reste flou. À terme, une partie du troisième quartier de la Villeneuve – finalement jamais construit – doit s’y élever.
Dans les grandes lignes, le plan-masse des Baladins, est déjà arrêté en mai 1975. Les architectes se retrouvent avec une immense dalle (200 mètres par 40, plus la future place des Saules) à décorer. À l’inverse de l’Arlequin, dont la décoration des espaces et des équipements publics commence à peine à l’époque, l’idée est de mener en parallèle la construction de la place et des logements et la décoration des espaces publics.
Mission de conseil
En mars 1976, la Société d’aménagement du département de l’Isère (SADI), en charge de l’aménagement de la ZUP Grenoble-Échirolles, missionne deux plasticiens grenoblois, Sergio Ferro et Geneviève Tachker, pour aider l’équipe pluridisciplinaire à élaborer la « dalle du quartier II », future place des Géants.
Photo d’une maquette de Sergio Ferro et Geneviève Tachker pour une proposition de traitement plastique de la future place des Géants, 1976. (document : AMMG, 17 Z 357)À l’époque, Ferro – qui habite à l’Arlequin – et Tachker ont déjà ou vont concevoir des œuvres pour le quartier : Ferro avec une fresque sur le gymnase de la Rampe, Tachker avec une fontaine (aujourd’hui disparue) dans l’école de la Fontaine. La tâche confiée par la SADI est une mission purement de conseil et n’implique pas forcément la construction, par les deux artistes, d’œuvres pour la place.
Parallèlement, le Betvel émet des hypothèses de décoration de son côté, tout comme l’architecte Borja Huidobro, membre lui-aussi de l’AUA, qui accompagne les réflexions de Tribel et de Loiseau.
Les trois hypothèses de travail sont fusionnées, en novembre 1976, dans une proposition commune : une place décorée au sol par un quadrillage (traitement minéral, projet d’Huidobro), parcourue de poteaux et de colonnes servant de support à diverses œuvres d’art (traitement plastique, projet de Ferro/Tachker), le tout surmonté d’une pergola et parsemée de bacs pour des arbres (traitement végétal, projet de Pierre Huguet pour le Betvel). « Pour moi, il fallait mettre un maximum d’arbres, partout ! », explique Pierre Huguet au Crieur.
Ferro et Tachker proposent même un mini-symposium d’art, qui réunirait artistes professionnels et habitants du quartier, pour embellir les poteaux et colonnes qui jalonneraient la place.
La proposition commune de traitement plastique de la place est présentée aux élus de la Ville de Grenoble et en commission du 1 % (voir encadré Le 1 % artistique) en février 1977, mais le projet est timidement reçu. Dès mars 1977, il est demandé à la SADI « d’envisager des interventions du type de celles que [Gérard] Singer ou [Klaus] Schultze ont réalisées dans plusieurs villes nouvelles ». Les deux artistes sont déjà reconnus au niveau national : Schultze avec ses sculptures géantes en brique et en céramique ; Singer avec ses formes montagneuses en résine époxy.
Le 1 % artistique
Instauré par le ministère de l’Éducation nationale en 1951 puis étendu aux autres ministères, le 1 % artistique (ou 1 % culturel) impose que 1 % du prix de construction d’un bâtiment soit consacré à sa décoration. La politique culturelle de la Ville de Grenoble, sous Dubedout, était de doubler ce financement gouvernemental avec un financement de la Ville. La plupart des œuvres d’art dans le parc de la Villeneuve ont été financées par le 1 % artistique des écoles.
Car le plan de la place a subi plusieurs modifications au cours de l’année 1976, avec l’ajout de nouveaux équipements, rendant la place plus encombrée et réduisant l’espace disponible pour l’agencement diffus des œuvres d’art proposé par les plasticiens-conseil. Courant 1976, la ville d’Eybens décide de créer une ZAC (zone d’aménagement concerté) à Cure-Bourse, car la ville a besoin de zones d’emplois. Selon Christian Dupré, sociologue de l’équipe Villeneuve, l’arrivée programmée d’un supermarché (futur Lidl) dans cette zone condamne le projet de « souk couvert » sur la future place des Géants, rendant obsolète la pergola.
Plan d’aménagement de la future place des Géants, par Borja Huidobro, en janvier 1977. On retrouve les différents éléments proposés pour le traitement plastique de la dalle : le quadrillage au sol, les bacs à plante et la pergola, des œuvres d’art disséminées ainsi qu’une palissade d’affichage promue par l’AUA. (document : AMMG, 17 Z 378)Si les élections municipales de mars 1977 confirment Hubert Dubedout, une partie de l’équipe municipale change. Bernard Gilman, adjoint culture depuis 1965, est remplacé par René Rizzardo de 1977.
Cette décision acte l’échec de la proposition commune, audacieuse, des plasticiens-conseil pour une gestion classique des grands ensembles : la commande à un artiste de renommée nationale, le plus souvent parisien. Ce n’est cependant pas une surprise : dès octobre 1976, Jean-François Parent, urbaniste en chef de la Villeneuve, évoquait Singer ou Schultze pour le traitement plastique de la dalle.
Toutes les réflexions pour le traitement plastique de la dalle sont rassemblées par le Betvel, en janvier 1978, dans un dossier, sorte de cahier des charges, intitulé La dalle du QII. Illustré par Pierre Huguet, le dossier propose un traitement proche des œuvres créées par Singer. De la proposition commune, demeurent toutefois les bacs pour les arbres et les poteaux, uniquement peints, et le maillage dessiné au sol.
Quatre artistes
Toujours en janvier 1978, la commission du 1 % sélectionne quatre artistes à contacter pour concevoir la décoration de la dalle. Le 20 février 1978, Jean-François Parent envoie un courrier à ces quatre artistes : en région parisienne le peintre et sculpteur Gérard Singer (1929-2007), le céramiste Klaus Schultze (1927-) et le scénographe William Underdown (1936-2008), ainsi que le sculpteur local Jacques Durand (1935-2020) de Saint-Paul-de-Varces. Schultze se montre d’emblée « enchanté » par le projet, tout comme Singer, quoiqu’il n’en soit plus « tout à fait au même point » dans sa démarche artistique. Underdown est lui aussi intéressé mais répond trop tard. Pour Durand, les archives dépouillées sont muettes quant à sa réponse.
Esquisses, parmi les premières, des futures statues monumentales de la place des Géants, lors d’une réunion tenue le 7 juin 1978 réunissant notamment Jean-François Parent, Borja Huidobro, Pierre Huguet et Klaus Schultze. (document : AMMG, 17 Z 378)Le projet de Schultze est finalement retenu fin mars 1978 et l’artiste se lance dans la conception des œuvres. Le financement, intégrant le 1 % artistique de l’école des Trembles et du collège des Saules, est bouclé. L’emplacement des bacs pour les arbres et des géants est défini selon la charge supportable par la dalle du parking.
En juin 1978, une maquette est présentée aux élus. L’aspect actuel des géants est déjà, pour l’essentiel, présent. Principales différences, un couple de géants debout, à côté de l’actuel jardin des Poucets, retoqué pour raisons techniques et financières ; un géant supplémentaire à côté de l’école des Trembles, lui aussi supprimé pour réduire les coûts ; pas de couple de géants dans l’escalier ; enfin, le géant qui lit, entre le 50 et le 100 place des Géants devait, à l’origine, faire… du vélo ! L’engin sera supprimé par les froids calculs budgétaires, remplacé par un crayon et un livre, puis seulement par un livre.
De la dalle du quartier 2 à la place des Géants
Les travaux de construction des géants débutent à l’automne 1978, à la fin des travaux de construction de la dalle, pour deux ans d’un chantier en pointillé. Les sculptures se font en même temps que les bâtiments et équipements autour de la place. Parfois, le chantier doit être interrompu car les briques n’ont pas pu être livrées.
Les premiers habitants occupent la place des Géants en décembre 1978. La place est rapidement marquée par l’empreinte des sculptures car elle prend son nom de place des Géants dès février 1979 (voir encadré Le saviez-vous ?). En mai 1979, la main, le géant couché (qui n’a pas encore ses doigts de pied) et l’arène sont terminés. La géante couchée a son ossature mais pas encore son revêtement.
Le saviez-vous ?
Selon une délibération du conseil municipal de juin 1978, la place des Géants aurait dû s’appeler la place du Dragon et la place des Saules la place du Sphinx, en référence au traitement plastique de la dalle prévu à l’époque.
L’école des Trembles et le collège des Saules (à l’époque CES) ouvrent en septembre 1979. En juin 1980, alors que les premiers habitants s’installent place des Saules (le 1 place des Saules s’appelle encore 70 place des Géants), le couple dans l’escalier est presque terminé, tandis que la femme couchée, le couple du CES et la femme qui rentre dans le sol à côté de l’école des Trembles sont encore en cours. Les travaux se terminent à l’automne 1980. Les géants sont finalement inaugurés le 24 novembre 1980.
Comparaison entre le dessin préparatoire de Pierre Huguet en 1978 et la place des Géants actuelle (cliquez sur l’image pour lancer l’animation).
Publié le 08.07.2024 à 11:42
Dans une circonscription largement acquise à la gauche, le second tour dans la 3e circonscription de l’Isère a vu Élisa Martin largement devancer la candidate du RN Christel Dupré. Sans surprise, sa victoire est encore plus large à la Villeneuve.
//Avec un second tour Nouveau front populaire - Rassemblement national, suite au désistement de la candidate d'Ensemble Émilie Chalas arrivée troisième, ce second tour des élections législatives ne réservait pas beaucoup de surprises, aussi bien dans la circonscription qu'à la Villeneuve.
Sur les cinq bureaux de vote du quartier (lire l'avant propos de l'article consacré aux résultats des élections européennes), Élisa Martin, députée sortante, recueille près de 86 % des voix ! Sur les bureaux de vote Les Trembles 2 (les Géants, les Baladins, allée des Genêts) et Jean-Philippe-Motte-Arlequin 1 (la quasi totalité de l'Arlequin, sauf le 80 et le 170 galerie de l'Arlequin), elle obtient même le score stalinien de 89,6 % des voix. Inversement, Christel Dupré, la candidate du Rassemblement national, obtient ses meilleurs scores - sans jamais dépasser les 18 % - dans les bureaux de vote Malherbe 3 et Jean-Philippe-Motte-Arlequin 2, qui couvrent les zones les plus aisées de la Villeneuve. Entre les deux tours, sur les 5000 inscrits sur les listes électorales que compte la Villeneuve, la candidate du RN ne gagne que 58 voix (332 au premier tour contre 390 au second), signe du peu d'adhésion aux idées racistes et antisociales du Rassemblement national dans le quartier.
L'abstention continue de baisser à la Villeneuve et s'établit à 40,39 % (contre 41,15 % au premier tour), un peu plus que la moyenne nationale mais surtout 9 points de plus que dans la 3e circonscription. Il faut noter en revanche la forte proportion de votes blancs, qui représentent près de 5 % des votants (et même 7 % dans la 3e circonscription), contre moins de 1 % au premier tour. Le fait qu’une enquête ait été ouverte par le Parquet de Grenoble pour des faits de reversement d'une partie du salaire d'un collaborateur d’Éric Piolle en faveur d'Élisa Martin a pu rebuter une partie des votants.
Reste que la membre de la France insoumise est beaucoup mieux élue qu'en 2022, où elle n'avait recueilli "que" 57 % des voix, face à une candidate d'Ensemble. Avec 69 % des voix, elle est la députée la mieux élue de l'Isère. Au niveau national, elle rejoint les 181 autres députés du Nouveau front populaire, dont 74 de la France insoumise, en comptant Mme Martin. Les autres coalitions rassemblent 168 députés pour Ensemble (droite, majorité présidentielle), 60 pour les Républicains canal habituel (droite) et 143 pour la coalition d'extrême droite Rassemblement national - Les Républicains canal Ciotti. Ces législatives sont donc une victoire pour la gauche car la menace d'une majorité absolue, et donc d'un gouvernement, d'extrême droite est temporairement écartée. En revanche, le Nouveau front populaire ne dispose pas d'une majorité suffisante pour gouverner et devra trouver des alliés pour faire voter son programme.
Le Premier ministre Gabriel Attal devrait remettre sa démission ce lundi 8 juillet, dans la matinée. L'identité du nouveau Premier ministre, ou de la nouvelle Première ministre, sera un des enjeux de ces élections : le président Emmanuel Macron n'a pas de délai pour nommer un nouveau Premier ministre et aucune coalition n'a de majorité pour gouverner. Autre enjeu, la présidence de l'Assemblée nationale. Si le Rassemblement national est le parti avec le plus de députés, le Nouveau front populaire a la plus large coalition et est en position de force pour faire élire un président ou une présidente issu·e de ses rangs. Mais il faudra que les partis qui le composent se mettent d'accord sur un candidat·e.
Les résultats complets
Publié le 01.07.2024 à 13:49
Convoquées suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, après les élections européennes, les législatives anticipées ont confirmé les tendances nationales. À la Villeneuve, la candidate du Nouveau front populaire (NFP) fait une razzia sur fond de chute de l’abstention. La troisième circonscription, dans laquelle est incluse la Villeneuve, verra un second tour avec un duel NFP – Rassemblement national, suite au désistement de la candidate Ensemble.
//Redécoupage électoral
Pour rappel (lire l'avant-propos dans notre article consacré aux résultats des élections européennes de 2024), le périmètre des bureaux de vote de Grenoble a changé. Désormais, l'essentiel de la Villeneuve est rassemblé dans cinq bureaux de vote : Malherbe 3, Jean-Philippe-Motte-Arlequin 1 et 2 et les Trembles 1 et 2.
Les résultats
Suivant la tendance impulsée lors des dernières élections européennes et la tendance nationale, la participation a énormément progressé pour ce premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin, signe d'un sursaut de mobilisation. Si elle reste élevée (plus de 41 % d'abstention, huit points de plus qu'au niveau national), l'abstention baisse de plus de 22 points par rapport aux élections législatives de 2022 (63,4 % d'abstention) !
À peine deux ans après que les précédentes élections législatives se sont déroulées, beaucoup de candidats de 2022 avaient décidé de rempiler. Cinq des 12 candidats de 2024 l'étaient déjà en 2022.
Comme en 2022, la candidate du Nouveau front populaire (Union de la gauche) et députée sortante Élisa Martin rafle la mise avec 59 % des voix, trois points de mieux qu'en 2022, malgré une enquête ouverte par le Parquet de Grenoble pour des faits de reversement d'une partie du salaire d'un collaborateur d’Éric Piolle en sa faveur. Loin derrière, Émilie Chalas, députée de 2017 à 2022 et candidate pour la coalition Ensemble (droite, coalition présidentielle), recueille 13 % des voix, contre 19 % en 2022.
La candidate du Rassemblement national Christel Dupré complète le podium avec 11,5 % des voix, presque le double de son score de 2022. Les élections européennes avaient déjà montré la tendance à la hausse du parti d'extrême droite. Le conseiller municipal Stéphane Gemmani, membre du PS mais qui portait une candidature dissidente de centre gauche, recueille 9 % des suffrages exprimés, à peine mieux qu'en 2022 où il s'était présenté sous les couleurs du parti centriste écolo Cap 21.
À noter que Khemisti Boubeker, avec une candidature de gauche orientée sur la politique en faveur des quartiers populaires, obtient 2,32 % des voix et arrive en cinquième position dans le quartier. Quant à la candidate des Républicains (tendance hors alliance avec le Rassemblement national, droite), elle réunit un anecdotique 1,77 % des voix.
Les six autres candidats obtiennent moins de 1 % des voix. Dans l'ordre, la candidate Lutte ouvrière Catherine Brun (extrême gauche), l'UDI M'Hamed Benharouga (centre droit), Samuel Le Fourn (Parti des travailleurs, extrême gauche), Baptiste Anglade (Nouveau parti anticapitaliste-Révolutionnaires, extrême gauche), Louiliam Clot (Équinoxe, centre écolo) et Isabelle Fassion (Reconquête, extrême droite).
Troisième circonscription
Les résultats à la Villeneuve sont sensiblement les mêmes qu'au niveau de la troisième circonscription (qui réunit l'ouest et le sud de Grenoble, les communes de Veurey-Voroize, Noyarey et Sassenage, ainsi qu'une grosse partie de Fontaine). Mais si en 2022 le second tour avait été un duel entre Élisa Martin et Émilie Chalas, 2024 offrait la possibilité d'une triangulaire. Trois candidates pouvaient en effet se maintenir au second tour : Élisa Martin en tête (près de 43 % des voix), Christel Dupré, la candidate du Rassemblement national arrivée en deuxième position (23 %), et Émilie Chalas, membre de Renaissance, troisième de ce premier tour (20 %).
Après avoir laissé planer le doute toute la journée, cette dernière a annoncé lundi 1er juillet qu'elle se désistait au second tour et a appelé à voter pour "un front républicain". "En toute clarté et sans aucune ambiguïté, j'appelle mes électeurs à faire barrage à l'extrême droite.", a-t-elle dit dans son communiqué. cité par France Bleu Isère. Le second tour opposera donc dimanche 7 juillet Élisa Martin à Christel Dupré.
Au niveau national, les partis du Nouveau front populaire (NFP) ont clairement indiqué qu'ils retireraient leur candidat·e·s arrivé·e·s en troisième position pour ne pas favoriser une victoire de l'extrême droite. Du côté de la majorité présidentielle, la position est plus floue : certaines figures, comme Bruno Le Maire et Édouard Philippe, appellent au désistement sauf si le candidat du NFP est un membre de la France insoumise, d'autres comme Emmanuel Macron, Gabriel Attal ou Yaël Braun-Pivet appellent au désistement en faveur des candidats qui "défendent les valeurs de la République". Avec un risque lourd : que ce refus de retrait systématique en faveur du candidat opposé au RN lors du second tour ne donne une majorité à l'extrême droite le 7 juillet.
Les résultats complets
Mise à jour du 1er juillet 2024 à 18 heures : modification de l'article suite au désistement de Mme Chalas.
Publié le 27.06.2024 à 09:56
Pour ce cinquième épisode des photos de la Villeneuve, Le Crieur voit grand en s’intéressant à un lieu particulièrement emblématique du quartier, la place des Géants. Elle tire son nom des sculptures en brique et en céramique qui la décorent, réalisées par l’artiste allemand Klaus Schultze. Celui-ci est d’ailleurs venu dans le quartier en mai en 2024.
Alors que l’Arlequin incarnait l’enchevêtrement des niveaux de circulation, la place des Géants, inaugurée en novembre 1980, marquait un retour à un urbanisme sur dalle plus classique. Une vaste place de 200 mètres par 40 (250 par 40 en comptant la place des Saules), aménagée au-dessus d’un parking, sur laquelle donnaient les copropriétés et différents équipements publics. Parmi eux, deux établissements scolaires : l’école des Trembles, actuellement en travaux, à un bout ; l’ancien collège des Saules à l’autre bout. Quelques commerces, la plupart disparus, agrémentaient cette place centrale des Baladins, le second quartier de la Villeneuve.
Pour décorer la dalle, neuf sculptures monumentales (dont deux doubles), sur lesquelles des générations d’enfants ont joué, furent commandées en 1978 à l’artiste allemand Klaus Schultze, résident français depuis 1952. Familier des commandes artistiques pour les grands ensembles, le sculpteur et céramiste imagina l’histoire d’un couple de géants qui se lèvent d’un côté de la place jusqu’à disparaître de l’autre.
Deux sculptures ont été démolies : un géant endormi, surnommé la chenille, en face de l’actuel centre de santé, détruit en 1994 pour construire un escalier reliant la place à la rue du 8-Mai-1945 ; celle d’un livre ouvert, à l’entrée de l’école des Trembles.
En photo, un géant particulier de la place, le géant allongé, de sa conception à son inauguration en passant par sa construction :
Publié le 26.06.2024 à 11:15
La chorale des enfants des cinq écoles primaires de la Villeneuve, les Buttes, le Lac, les Genêts, la Fontaine et les Trembles, a animé la place Rouge, mardi 18 juin 2024. En trois quarts d’heures et sept chansons, plusieurs centaines d’enfants ont chanté, dirigés et accompagnés par les musiciens du conservatoire. Quelques dizaines de parents avaient fait le déplacement pour assister à la chorale.
Les photos de la chorale (les écoles de gauche à droite : le Lac, les Genêts, la Fontaine, les Buttes et les Trembles) :
Et en vidéo, la chanson finale, Un poquito cantas, un chant traditionnel canarien :
Publié le 26.06.2024 à 09:42
Pour ce quatrième épisode des photos de la Villeneuve, Le Crieur se penche sur la crique centrale de l’Arlequin, plus particulièrement sur un monstre de béton disparu, le parking silo 3. Oui, tout un numéro sur un parking silo. Si si, vous allez voir, ça va être intéressant !
Comment construire suffisamment de places de parkings pour 1800 logements sans bétonner tout le quartier ? En construisant des parkings en silo ! À l’Arlequin, quatre furent construits de 1972 à 1973, numérotés du sud au nord de 1… à 5. Le silo 2, programmé dans la crique sud, ne fut jamais édifié. Ils furent réalisés par la ville de Grenoble, avec un emprunt auprès d’une filiale de la Caisse des dépôts et consignation.
Semi-enterrés, vastes d’environ 350 places (libres ou en boxes), trois des parkings silos abritaient des écoles sur leur toit. Le sommet du parking silo 3, en plein centre de la crique centrale, le plus proche des immeubles, fut laissé libre. Un système de passerelles reliait les silos entre eux et les silos aux immeubles d’habitation.
Avec leur architecture proche du bunker, les silos n’étaient pas vraiment des canons de beauté mais ils avaient néanmoins l’intérêt esthétique d’adoucir la vue sur l’Arlequin et en casser l’effet muraille, comme des collines devant des montagnes. Les incendies réguliers de voiture n’ont cependant pas aidé à en faire des lieux réjouissants.
Le toit du parking silo 3 fut le terrain d’activités des écoles maternelles des Bouleaux et des Charmes. Les jardinières étaient entretenues par les espaces verts de la Ville. Mais cet entretien fut abandonné après la fermeture des écoles, au début des années 2000. Le toit du parking silo 3 devint un terrain de jeux pour les enfants comme pour les chats. La végétation resta en jachère une dizaine d’années, avant que des habitants ne se réapproprient les jardinières pour en faire des jardins partagés. Pendant quelques années, le toit du silo fut un espace de sociabilisation. Les premiers ateliers de rue de Mme Ruetabaga, avant même la création de l’association, s’y sont ainsi tenus.
N’ayant plus vraiment d’utilité, les parkings silos 3 et 4 furent démolis en 2017 pour laisser place à un espace libre temporaire qui, comme souvent, dure à n’en plus finir. Triste crique centrale désormais, avec sa pelouse clairsemée, ses maigres arbres et sa fontaine hors d’usage. Vivement la réhabilitation de la place !