16.04.2025 à 16:05
Nadim Fevrier
L’Insoumission.fr publie un nouvel article de sa rubrique « Nos murs ont des oreilles – Arts et mouvement des idées ». Son but est de porter attention à la place de l’imaginaire et de son influence en politique avec l’idée que se relier aux artistes et aux intellectuels est un atout pour penser le présent et regarder le futur.
Le graphiste Dugudus publie une rétrospective de son œuvre aux éditions Le Temps des Cerises. 300 pages d’images en familiarité avec tous nos combats. « Politique de l’image » pour accompagner nos révoltes. Soulèvements, sourire, rage, surprises et poésie. Un concentré d’histoire sociale des quinze dernières années. On ne comprend toujours pas pourquoi mairies, théâtres et autres institutions délaissent les graphistes libres et indépendants pour des agences publicitaires ou de com.
Mais si Dugudus choisit les murs et la rue comme média, ce n’est pas par défaut. « Les murs imposent une relation directe et sans intermédiaire au peuple », dit-il en introduction. Ce livre prolonge cette relation. Notre article.
Culotté à 35 ans de publier ses œuvres complètes. Il y a pourtant matière. Les affiches de Dugudus sont dans les collections de nombreux musées. Du Mucem à Carnavalet, en passant par la BnF et le Musée de l’Homme. Mais pas seulement. Ses images ont intégré les collections particulières de ceux et celles qui l’ont croisé. Le peuple des manifestants, des révoltés, des activistes, des rebelles…
On peut voir ses stickers – édités souvent dans le cadre du collectif Formes des luttes, dont il est un acteur – sur le frigo, l’ordinateur ou sur la porte d’un ami. Sur le mur d’un autre est accrochée une affiche. Ou une sérigraphie. Sortie gratuite des ateliers de rue qu’il anime avec des militants qui l’entourent.
Il contribue ainsi à rendre présent l’art dans nos demeures. De la cité populaire jusqu’au bureau du député, en passant par le local syndical. Un acte populaire et politique. Pour le sens et le beau partout. Alors que la spéculation a enfermé beaucoup d’artistes dans les coffres-forts. Ou condamné d’autres au silence.
Pour aller plus loin : « La destruction de la culture accompagne l’offensive de l’extrême droite » – Un appel pour défendre un service public de la culture face à ceux qui le menacent
Dugudus a préempté la rue comme atelier et galerie. On le rencontre au cœur des manifestations. Du « Mariage pour tous » aux retraites. Souvent avec son atelier de sérigraphie mobile imaginé en Argentine. Il est au Rojava pour peindre une fresque sur les combattantes, à La Havane, en Tunisie pour le second anniversaire du Printemps arabe. Ou à Berlin et Paris. Place de la République, en meeting en 2017 et en 2022 avec Jean-Luc Mélenchon dont il a tiré le portrait… Partout où le peuple se rassemble pour faire valoir ses droits.
Il a un air rétro, mais que nous soupçonnons d’avenir. De la conception à la diffusion, il veut tout contrôler. Pour lui, les réseaux sociaux sont secondaires. Compte en premier lieu le réel. Support. Rue. Contact. Assemblée… C’est cela qui donne sa force à la circulation. Virtuelle ou non.
Dugudus est un graphiste d’indignation. Contre l’exploitation. Contre la catastrophe écologique. Contre toutes les discriminations. L’image, icône des révoltes et des espoirs. Et s’il n’y a pas de commanditaires, il auto-produit pour l’espace public. La rue n’est-elle pas à nous ? Même si la publicité la colonise. Les images des graphistes libres, leurs messages féministes, anticapitalistes, planétaires… sont les contrepoisons. Les coller, c’est déjà agir. Les regarder réveille l’espoir. Les voir à deux amorce un collectif.
Dugudus est aussi un graphiste de l’alternative. Avec les associations écologiques, humanitaires, antiracistes, l’économie sociale et solidaire… Raison aussi pour laquelle il travaille avec les forces de gauche qui le sollicitent. Du PCF à la France Insoumise. Et si on ne lui demande rien, il dessine et imprime son image. « Votez NUPES » ou « Nouveau Front Populaire » pour doublement participer aux campagnes. En citoyen-affichiste.
Dugudus trace sa source dans l’aventure de Grapus, le collectif de graphistes des années 70/80. Comme eux, il cherche un « graphisme d’utilité publique ». Comme eux, ses images politiques sont provocatrices. Comme eux, il veut changer la vie. Il aurait pu leur apporter son originalité.
Dugudus raconte aussi sa formation à l’école Estienne. Comme le photographe Robert Doisneau. Amour commun du peuple, de l’indépendance et de la simplicité, de la gravure et de la lithographie. Sorti de l’école des Gobelins, il file à 22 ans se former à l’école des affichistes de Cuba à La Havane. Une pépinière de talents qui cherche à inventer des formes émancipées des contraintes. Depuis l’interdiction de la publicité commerciale sur l’île en 1961 par Che Guevara, ministre de l’Industrie.
Peut-être la joie caribéenne de sa palette lui vient-elle un peu de l’île ? Beaucoup d’influences et de détours. Mais par son art du trait, par sa recherche de l’efficacité poétique et de l’humour, par sa douceur ferme, il remonte en ligne directe de Savignac, l’affichiste de Monsavon et du Frigeco.
Reconnaissable entre tous, Dugudus est Dugudus. Ses images font journal. C’est un graphiste d’actualité. Que le premier regard n’épuise pas. Malheureusement, le temps des injustices allonge l’utilité politique de ses images. Mais son dessin aussi ne s’use pas. Par son trait et le lexique des mots-images nouveaux pour dire notre présent. Toujours humain, même quand il tape dur. Pour permettre notre identification.
On se rappelle la ridiculisation de nos adversaires avec le « Cochon de la Loi Travail », « Macron démission » sous les jupes de Margaret Thatcher, Trump étouffant George Floyd, son « Macron-dissolution ». Ou le retournement dans notre camp de symboles du capitalisme avec le Père Noël, Coca-Cola ou la Vache qui rit...
Mais Dugudus est avant tout un graphiste positif, illustrant la force du nombre. Seuls ou en masse. Les salariés en lutte. Les premières et secondes lignes du Covid, les générations dans la rue contre les réformes des retraites… Dignes héritiers d’autres figures mémorielles célébrées comme les résistants ou les communards. Célèbres, inconnus et même fictifs.
Le livre « Politique de l’image / Affiches et créations graphiques de Dugudus » est un concentré d’humanité bien bénéfique ces jours-ci. À acheter en librairie ou dans la boutique en ligne de Dugudus et se faire dédicacer dans la manifestation du 1er mai.
Par Laurent Klajnbaum
16.04.2025 à 14:36
Ulysse Kummer
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard vient de signer une nouvelle preuve du racisme systémique de ce gouvernement. Son cabinet a exigé de remplacer le couscous – pourtant 2ème plat préféré des Français – par du cassoulet, et un acteur métis par un « caucasien » dans la campagne publicitaire de l’Agence Bio.
Ces directives racistes, assumées sans complexe par mail, révèlent la vision ethniciste de l’exécutif : en France, seuls les blancs sont dignes d’être montré à la télévision. L’Agence bio a dû obtempérer pour le menu, mais a conservé la diversité des acteurs. Une source dénonce des « injonctions étatiques racistes assumées ».
Derrière cette polémique se cache aussi une bataille budgétaire, alors que le gouvernement tergiverse sur le financement de la campagne. Le gouvernement tente de démanteler l’Agence Bio, comme il sabote l’ensemble des services publics.
Cette affaire est symptomatique du macronisme : une idéologie dont la feuille de route est claire : détruire toutes les entraves aux profits des milliardaires. Cela passe par le poison du racisme pour diviser le peuple, et la casse méthodique des services publics.
Par Ulysse
16.04.2025 à 10:55
Nadim Fevrier
1er mai. L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Vendredi 4 avril à la Cayolle, quartier ouvrier et populaire isolé à l’extrême sud de Marseille, à l’issue d’un vaste porte-à-porte, une centaine d’habitants se sont rassemblés avec les militants insoumis et les députés Sébastien Delogu et Manuel Bompard. C’est un pas en avant dans une zone de Marseille où la France Insoumise a eu de bons résultats électoraux dans quelques quartiers populaires isolés, mais où elle n’était pas présente de manière organisée. C’est le fruit d’un patient travail des militants des deux groupes d’action locaux les plus proches.
Au printemps 2024, lors des européennes, le seul groupe d’action insoumis actif dans le sud de Marseille avait déjà organisé un porte-à-porte géant dans le quartier voisin de la Soude, qui avait donné naissance à un premier nouveau petit groupe d’action. Notre brève.
Encore plus au sud, à la Cayolle, depuis janvier 2025, cinq porte-à-porte préparatoires ont été organisés avec à chaque fois deux équipes de deux militants des GA les plus proches, dont le nouveau GA de la Soude. Quatre cents affichettes annonçant la venue des députés insoumis Sébastien Delogu et Manuel Bompard ont ensuite été posées dans les dix derniers jours.
Le 4 avril, plus de vingt insoumis de tout Marseille sont venus aider pour réaliser un grand porte-à-porte avec les députés. Plan du quartier et des montées d’immeubles en main, ils ont, pendant une bonne heure, discuté avec les habitants pendant qu’une voiture sono rappelait dans toute la Cayolle le lieu de la rencontre publique prévue ensuite avec les députés.
Pour aller plus loin : « Contre l’extrême droite, agir maintenant ! » – L’appel de Jean-Luc Mélenchon
Comme le dit le journal La Provence, c’est finalement un véritable « meeting de rue » qui a suivi ce porte-à-porte. Après le mot de bienvenue d’une nouvelle militante LFI habitante de la Cayolle, les députés insoumis sont intervenus contre l’abandon que subissent les habitants du quartier, contre l’austérité et les budgets de guerre, contre le racisme et le fascisme nourris par le Gouvernement et ses alliés d’extrême droite.
Manuel Bompard a appelé à participer aux manifestations les dimanches Porte d’Aix contre le génocide en Palestine. Il a aussi lancé un appel pressant à la mobilisation pour un 1er mai massif, contre la guerre sociale, pour la paix, la retraite à 60 ans et la 6ᵉ République.
À l’issue du porte-à-porte et du rassemblement, 125 habitants du quartier ont demandé et reçoivent régulièrement des informations sur les actions des insoumis à la Cayolle et à Marseille. Cinq jours après la venue des députés, une réunion s’est tenue à la Cayolle avec douze personnes dont neuf nouvelles et nouveaux militants du quartier, pour constituer un groupe d’action local et préparer la manifestation du 1er mai.
Un co-voiturage depuis la Cayolle pour la manifestation du 1er mai au centre-ville de Marseille a été décidé, préparé auprès des amis et voisins avec une fiche d’inscription. Quatre porte-à-porte pour inscrire et une réunion de fabrication de pancartes et banderole ont aussi été prévus, pour organiser une participation la plus importante possible des habitants du quartier au cortège LFI du 1er mai.