05.09.2023 à 10:06
La clairvoyance arrive enfin sur un plateau
Tout le monde sait ou devrait savoir tant cela va de soi, et ne jamais l'oublier, que sonder c'est avant tout poser une question (au minimum). C'est ce qu'a rappelé R. Pila, éditorialiste à LCI pour une fois lucide, à E. Brunet, animateur-présentateur « vedette » de LCI et résolument opinioman, à propos du « dangereux » précédant constitué selon lui par deux récents sondages sur l'aide américaine à l'Ukraine. Des annonces alarmistes et sensationnalistes relativisées également, de manière plus directe mais polie (...)
- L'opinion « ça se travaille » / Fausse nouvelle, Artefact, Doxosophie, Push pollsTout le monde sait ou devrait savoir tant cela va de soi, et ne jamais l'oublier, que sonder c'est avant tout poser une question (au minimum). C'est ce qu'a rappelé R. Pila, éditorialiste à LCI pour une fois lucide, à E. Brunet, animateur-présentateur « vedette » de LCI et résolument opinioman, à propos du « dangereux » précédant constitué selon lui par deux récents sondages sur l'aide américaine à l'Ukraine. Des annonces alarmistes et sensationnalistes relativisées également, de manière plus directe mais polie par un habitué des plateaux de la chaine, le général N. Richoux [1] (LCI 29 aout 2023, cf. captures d'écran ci-dessous).
Les sondeurs privilégient depuis toujours le questionnement fermé auquel est attaché différents types de réponse, la plupart du temps binaire et/ou simpliste. S'ils prêtent aux sondés une imagination sans limite, sorte de « libido censio », capables d'émettre une opinion sur tout (ou presque), ils se gardent bien de leur poser toute question possible ou imaginable. A priori aucune limitation méthodologique ou intellectuelle n'est à l'œuvre dans cette « timidité » singulière, juste une conséquence d'un aspect plus trivial de la profession pourtant connu mais trop souvent tu : les sondeurs sont avant tout des marchands. « Business oblige » seules les réponses aux questions que se posent leurs clients et leurs commanditaires fondent leur production. Et tout comme eux, ces derniers savent très bien que la question posée est l'élément déterminant de la réponse du sondé supposée être une ou son opinion.
En résumé : "dis moi quelle(s) réponse(s) tu veux et je rédigerai la (les) question(s) qui y conduit(sent). Le B.a.-ba du manipulateur en herbe qui dort mais d'un sommeil léger chez tous les sondeurs.
E. Brunet : c'est absolument dingue ce qui se passe aux États-Unis, c'est rien du tout, c'est des petits sondages à la noix c'est pas grand chose un sondage, mais si ces sondages d'opinion américains se confirment attention c'est très chaud et très dangereux pour Zelensky, pour le projet de libération mené par Zelensky de l'Ukraine.
E. Broussouloux : en fait c'est très sérieux parce que c'est la première fois depuis 18 mois que l'on constate ça. Un sondage indique qu'une courte majorité de l'opinion américaine ne veut plus aider l'Ukraine.
E. Brunet : dans la vie y a des moments on exprime un ras-le-bol, quand c'est une personne c'est pas bien grave quand on sent dans la tectonique des opinions que ce ras-le-bol est en train devenir une tendance lourde ça devient grave parce que les politiques américains ne pensent qu'à ça : et ce matin que disent les sondages ?
R. Pila : trois petites choses. Ce qui compte dans les sondages c'est la question, là la question c'est l'aide financière. Quand on demande en général aux gens s'ils veulent payer ils disent non. Il faut vraiment surveiller cette tendance, mais on peut prendre le problème à l'envers et dire : encore autant de gens au bout de 18 mois qui sont prêts à donner de l'argent pour aider l'Ukraine c'est pas mal.
Deuxièmement, il faut regarde l'ensemble des sondages, il en a un, il y en a d'autres qui montrent une aide positive.
[Troisièmement] Si on pose aux Américains la question : est ce que vous laisseriez Poutine gagner en Ukraine ?, je suis persuadé qu'une majorité large d'Américains dirait non.
N. Richoux : moi, je voudrais savoir ce qu'on entend par opinion publique, parce que c'est toujours la même chose on fait un sondage et on dit les gens pensent, le seul sondage que je reconnais c'est celui des urnes. (...). Je ne crois pas au basculement des opinions publiques parce que les opinions publiques on leur fait dire aussi ce qu'on veut dire, on interview mille péquins et on nous explique l'opinion publique est en train de basculer. Il n'y a d'opinion publique que c'est qui est au Parlement, et aujourd'hui elle ne bascule pas et on verra ce qui se passera aux États-Unis en 2024.
Il est parois difficile de résister à la tentation, mais nous savons (comme le général Richoux ?) qu'il est inutile de se montrer (trop) « discourtois » face à un abyme journalistique, ici l'absence totale de curiosité de ces professionnels de l'information à l'égard du commanditaire le plus identifiable d'un des sondages mis en exergue à l'antenne : The Heritage Fondation [2]. Think tank et lobby américain majeur de la vie politique américaine, la Fondation Heritage « appartient » sans conteste, depuis sa création en 1973 par le milliardaire J. Coors, au camp Républicain, dans sa frange la plus conservatrice et réactionnaire, voire complotiste (cf. ses positions climatosceptiques). Si elle a soutenu l'aide militaire des Etats-Unis à l'Ukraine jusqu'à l'automne 2022, elle a depuis radicalement changé ses positions et appréciations estimant notamment tout en le déplorant que « l'Ukraine Aid Package Puts America Last » (« Le programme d'aide à l'Ukraine passe avant les Etats-Unis », cf. The Path Forward in Ukraine". The Heritage Foundation, Retrieved, 27 aout 2023. Une position cohérente avec les résultats du sondage qu'elle a commandé ? La réponse est dans la question.
[1] En autre commandant de l'opération PAMIR IX en Afghanistan et ex chef de corps du 3e régiment de hussards.
[2] Pour la petite anecdote : la journaliste E. Broussouloux confond lors de sa présentation du sondage CNN-SSRS, le logiciel de création de sondage et reporting SSRS utilisable par tout un chacun et la société, certes du même nom, SSRS institut. Tant pis.
27.07.2023 à 11:24
Fiasco sondagier : en Espagne aussi les traditions ont la vie dure
La déroute des sondages électoraux en Espagne n'est pas la première. Ils annonçaient si nettement la victoire du Pari Populaire et de Vox que chacun a conclu sur la « surprise ». Les scores sont bien loin d'une attente raisonnable d'approximation, notamment pour Alberto Nuñez Feijoo qui s'attendait, éventuellement avec l'aide de son allié d'extrême droite Santiago Abascal, à obtenir la majorité absolue des sièges. C'est (bien) raté.
L'erreur n'est pas seulement négative pour les médias qui ont au moins (...)
La déroute des sondages électoraux en Espagne n'est pas la première. Ils annonçaient si nettement la victoire du Pari Populaire et de Vox que chacun a conclu sur la « surprise » [1]. Les scores sont bien loin d'une attente raisonnable d'approximation, notamment pour Alberto Nuñez Feijoo qui s'attendait, éventuellement avec l'aide de son allié d'extrême droite Santiago Abascal, à obtenir la majorité absolue des sièges [2]. C'est (bien) raté.
L'erreur n'est pas seulement négative pour les médias qui ont au moins quelque chose à dire. De toute façon, l'échec, les sondeurs y sont habitués, ne rejaillira pas sur eux : ils seront convoqués pour les prochaines élections. On note au passage que Ipsos ou Cluster étaient présents sur ce marché des prophéties ratées. Un marché qui ne s'étend pas qu'aux sondages. Après tout, la répétition sans conséquences est significative d'une société qui appelle les prophéties sans qu'il importe qu'elles se vérifient ou non. Quelques prophètes - faut-il dire faux ? - continuent d'être cités sur la fin du monde, la fin de l'empire soviétique, etc. De quoi douter être entrés dans une ère rationnelle.
[1] Cf. par exemple Qu'est-ce qu'un miracle ? ou le mot-clef « fausse nouvelle »).
[2] Voir par exemple, Le Point ou FranceInfo, 21 juillet 2023 ; Le Monde ; 20minutes, Tf1-AFP, 23 juillet 2023. Et durant toute la campagne électorale El Pais avec le sondeur 40Db, La Vanguardia en collaboration avec Ipsos, la revue Le Grand Continent avec Cluster17.
11.07.2023 à 13:05
Présidentielle 2027 : une obsession « hors-sol »
Les sondeurs, leurs commanditaires officiels, officieux, nombre de journalistes politiques n'ont toujours pas compris - ou font toujours semblant de ne pas comprendre - que ce n'est pas parce que des sondés remplissent « consciencieusement » des QCM, en échange de quelques breloques incitatives, qu'ils se posent sérieusement les questions auxquelles ils répondent. Pour ne rien dire des « Français » que les panels biaisés, si volumineux soient-ils (il n'y a pas que la taille qui compte) sont censés (...)
- Actualité / Bernard Sananès, Présidentielle, Doxosophie, politologie, Fausse nouvelle, ArtefactLes sondeurs, leurs commanditaires officiels, officieux, nombre de journalistes politiques n'ont toujours pas compris - ou font toujours semblant de ne pas comprendre - que ce n'est pas parce que des sondés remplissent « consciencieusement » des QCM, en échange de quelques breloques incitatives, qu'ils se posent sérieusement les questions auxquelles ils répondent. Pour ne rien dire des « Français » que les panels biaisés, si volumineux soient-ils (il n'y a pas que la taille qui compte) sont censés représenter. Mais il en va ainsi des « TOC » sondagiers qui des mois, des années avant des élections prêtent à des électeurs supposés un intérêt réel, une opinion, une intention, pour celles-ci, mesurable et chiffrable. Tout cela n'est pas très sérieux.
Inhibition tant méthodologique que psychologique, à percevoir et à vouloir la vie politique comme une course permanente de « petits chevaux », le professionnel de la doxosophie est comme un marchand de marteaux qui voit le monde comme un clou. Triste tropisme. Qu'il y ait sans conteste une hiérarchie des préoccupations de tout un chacun ne change rien à l'affaire quand les échéances sont aussi lointaines.
Les « préoccupations » du sondeur Elabe [1] et de la Tribune pour la présidentielle 2027 ne regardent assurément qu'eux-mêmes. La date du sondage au tout début de la période estivale, devrait déjà suffire à les disqualifier. Certes tous les Français ne sont pas encore partis. Tous ne partiront pas en vacances, mais qu'ils s'intéressent raisonnablement (en attendant, pour « compenser », etc.) à ce qui arrivera dans quatre ans est risible. Il n'est pas nécessaire de s'en remettre à Ipsos, au Cevipof et au Monde pour le savoir [2]. Sauf sans doute pour ceux qui en vivent. On pourrait presque croire qu'il s'agissait pour Elabe et la Tribune de préparer leurs vacances. Autrement dit avant la pause estivale publions un petit « sondage de m »...comme disait Plantu.
Quoiqu'il en soit qu'ils aient à l'esprit le caractère performatif de ce type d'artefact et qu'ils en usent si longtemps avant le scrutin n'est pas une bonne nouvelle. Un indice supplémentaire de l'incompréhension, là aussi, par les professionnels de la doxosophie de leur rôle dans la désaffection critique pour la vie politique et l'hostilité croissante que suscitent les professionnels de la politique.
01.07.2023 à 20:11
Poutine et les Russes : madame Irma consultante pour LCI
Si la profession journalistique a fini par comprendre que le réchauffement climatique nécessitait sinon une élévation de son niveau de culture scientifique du moins un traitement un peu plus rigoureux des enjeux et bouleversements qu'il engendre, force et de constater qu'en matière de sondages d'opinion tout reste à faire. Nous ne nous faisions certes guère d'illusion en 2008 date de la création de l'Observatoire. Après 15 ans de veille scientifique et d'exposition à l'inculture des médias (les (...)
- BêtisierSi la profession journalistique a fini par comprendre que le réchauffement climatique nécessitait sinon une élévation de son niveau de culture scientifique du moins un traitement un peu plus rigoureux des enjeux et bouleversements qu'il engendre, force et de constater qu'en matière de sondages d'opinion tout reste à faire. Nous ne nous faisions certes guère d'illusion en 2008 date de la création de l'Observatoire. Après 15 ans de veille scientifique et d'exposition à l'inculture des médias (les exceptions sont rares), à part en rire, dans le meilleur des cas, difficile d'être surpris par les sottises de toutes sortes qu'ils continuent à débiter. A l'image de LCI, le 23 juin dernier à propos des Russes sur la guerre en Ukraine et Vladimir Poutine.
Nous n'avions que l'embarras du choix tant les intervenants ont fait ce soir là assaut de bêtise. En voici quelques extraits.
Yves Thréard (Le Figaro) : j'ai le sentiment quand même que si vous regardez un peu les études qui sont menées...les études sondagières, alors vous me direz un sondage en Union soviétique...en Russie, ça vaut pas grand chose mais il a quand même une popularité qui est absolument incroyable Poutine, alors que le début de cette guerre est assez catastrophique quoi qu'on dise (...). On ne sent pas la population bouger, frémir contre le régime de Poutine.
Le sentiment ? Le ton est donné. Inutile, voire même cruel d'exiger quoique ce soit d'un journaliste qui s'étonne dans la même phrase de l'incroyable popularité sondagière de V. Poutine tout considérant que les sondages russes ne valent rien. Une figure de style néanmoins classique du commentateur professionnel que les biais qu'il perçoit ou croie percevoir ne dissuadent pas de commenter, de faire comme si de rien n'était. Ce n'est donc que pour la forme que nous rappellerons que la popularité sondagière en Russie ou ailleurs n'a pas grand sens sauf pour les communicants (et les journalistes doxosophes payés pour dire « quelque chose »). Agréger sous le même vocable « popularité » des réponses sinon contradictoires du moins qui n'appartiennent pas aux mêmes registres reste une plaisanterie scientifique. A notre connaissance le journaliste du Figaro ne fait pas partie des trolls pro-russes qui vantaient récemment la popularité de Poutine supérieure à celle de Macron, sauf à penser que leur campagne d'intoxication auprès de certains doxosophes français a été efficace. A suivre.
Eric Brunet (LCI) : ce sujet on va en parler plus tard, on a des chiffres on a des sondages, on a des micros-trottoirs qui sont très intéressants sur Poutine.
Renaud Pila (LCI) : et plutôt indépendants...
Eric Brunet : et plutôt indépendants on va voir une certaine diversité d'opinion s'exprimer...Enfin les poutinistes soient ils mentent très bien aux instituts de sondages, soient ils sont des poutinistes fervents, les Russes majoritairement.
Plutôt indépendant ? Toujours la même rengaine réductrice puisque le sondeur dont il est question est le Centre Levada, qui n'est certes pas loin s'en faut à la solde du régime russe. Mais les sondés qui sont-ils ? Sont-ils représentatifs et en quels termes ? Partagent-ils par exemple le diagnostic simplet de ces journalistes parisiens de plateau télé, ignares quant aux conditions d'administration pour le moins délicates et problématiques des enquêtes en Russie. Des questionnements sans doute encore trop complexes (pervers ?) pour un esprit simple mais déterminé comme l'animateur de l'émission (E. Brunet).
Julie Hammett : sur la Crimée on avait un sondage intéressant à vous montrer. c'est l'institut Levada qui est un institut indépendant russe qui pose la question : en cas d'accord de paix quel avenir pour la Crimée (cf. photos d'écran infra)...
On ressent ce que vous disiez [plutôt dans l'émission] la charge symbolique et émotionnelle de la Crimée, on a d'ailleurs un autre sondage intéressant concernant les autres territoires occupés également. Dons les Russes suivent totalement leur patron, Vladimir Poutine. Hors de question, ni les terrioires occupées actuellement ni la Crimée redeviennent Ukrainienne.
Les sondages sont intéressants en effet, pas à cause « bien sûr » des résultats mais pour l'effet narcotique qu'il engendre chez l'animatrice de LCI qui parvient à y déceler des signes d'émotion et du symbole. Les lecteurs sont prévenus, s'ils cliquent sur l'image ci-dessous s'ils s'exposent à des effets secondaires peut-être indésirables...
Indépendamment des sérieux doutes sur les qualités des deux sondages, on imagine qu'il est inconcevable pour un esprit aussi simple que le refus de la restitution des territoires occupés soit autre chose que le signe d'une adhésion sans faille à la geste « du chef ». La restitution de ces territoires sonnerait pourtant sans aucun doute comme une défaite pour la Russie et pas seulement pour son « patron ». On peut donc sans trop de peine penser qu'il existe des Russes, qui ne sont poutinistes, ni de près ni de loin, mais qui ne souhaitent tout simplement pas voir leur pays perdre in fine la guerre, fussent-ils hostiles au conflit.
Alla Poedie (conférencière ukrainienne) : ... tout ce qui est sondage en Russie ça reste relatif car on ne peut pas dire qu'il y a des instituts de sondage indépendants en Russie, ca n'existe pas...
Renaud Pila : celui là est fait avec le Chicago institute : c'est le travail le plus sérieux qui soit...
Yves Thréard : ... le moins faussé qui soit.
Coincée entre tout ce qui « sonne américain est d'or » de l« éditorialiste maison et »truqué peut-être mais il y a pire", la voix légèrement discordante d'Alla Poedie - guère compétente il est vrai sur les sondages - n'empêcherait pas Madame Irma et ses boules de cristal sondagières de continuer à occuper le temps d'antenne.
21.06.2023 à 12:02
Décivilisation : La surenchère du Point
Une pensée d'un auteur devenu classique (Norbert Elias) recyclée en slogan de communicant par un sondeur (Jérôme Fourquet) qui a « découvert » à partir de sondages les divisions françaises. Cela plaît forcément aux politiciens qui ont trouvé un coupable à leurs déconvenues et aveuglements : l'opinion comme avant mais avec un peu de nouveauté sémantique : la décivilisation.
Malgré une volée de bois vert de spécialistes universitaires, le gadget poursuit sa route. Trop utile aux journalistes qui ont entendu parler (...)
Une pensée d'un auteur devenu classique (Norbert Elias) recyclée en slogan de communicant par un sondeur (Jérôme Fourquet) qui a « découvert » à partir de sondages les divisions françaises. Cela plaît forcément aux politiciens qui ont trouvé un coupable à leurs déconvenues et aveuglements : l'opinion comme avant mais avec un peu de nouveauté sémantique : la décivilisation.
Malgré une volée de bois vert de spécialistes universitaires, le gadget poursuit sa route. Trop utile aux journalistes qui ont entendu parler de décivilisation au passage dans leurs études à Sciences Po. Ils sont de toute façon préparés à la conversion des produits intellectuels en produits médiatiques. Le Point a même rajouté une couche pseudo-paléo-anthopologique au « pétage de plomb » synonyme pour le sondeur de l'Ifop du concept éliassien (15 juin 2023). Pétage de plomb = décivilisation, autant dire que la pensée du sondeur évolue dans les hautes sphères.
NB : Singulier choix qu'illustrer les propos du sondeur par l'image d'Epinal connue de tous ou presque censée symboliser l'évolution de la lignée humaine, allant du singe quadrupède (appuyé sur ses phalanges) jusqu'à l'homme bipède. Une image évocatrice manifestement pour le magazine, mais totalement fausse.
10.06.2023 à 17:28
On imaginait qu'il fallait croire les chiffres des sondages. Peut-être une situation dépassée si on en juge par le journal Le Monde qui consacrait sa une du 5 juin à « La stratégie de Macron pour reconquérir l'opinion » un article intitulé « Emmanuel Macron ou la course à l'opinion ». Un marronnier de l'information où les annonces performatives de la reconquête se déclinent invariablement. Et où les titres ne brillent pas par l'originalité. On s'attendait à l'intervention de sondeurs patentés et on n'est pas déçu. (...)
- Actualité / Ifop, Ipsos, Doxosophie, Emmanuel Macron, Fausse nouvelle, Popularité, politologie, Brice Teinturier, Frédéric DabiOn imaginait qu'il fallait croire les chiffres des sondages. Peut-être une situation dépassée si on en juge par le journal Le Monde qui consacrait sa une du 5 juin à « La stratégie de Macron pour reconquérir l'opinion » un article intitulé « Emmanuel Macron ou la course à l'opinion ». Un marronnier de l'information où les annonces performatives de la reconquête se déclinent invariablement. Et où les titres ne brillent pas par l'originalité. On s'attendait à l'intervention de sondeurs patentés et on n'est pas déçu.
Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, l'affirme : « que l'activité du président réduit le nombre des sondés « très mécontents » et regagne du soutien chez ses soutiens. Brice Teinturier directeur général d'Ipsos renchérit. « Il s'éloigne de l'acmé de la crise des retraites, il va vers les Français, il se désenlise ».
Rien qu'un commentaire journalistique banal dont on se dit qu'il est télécommandé par le responsable communication de l'Elysée et sert loyalement un bon client des sondeurs. Du coup, on ne s'aperçoit même plus qu'aucun chiffre n'est cité dans cet article consacré à l'opinion censée se fonder sur des chiffres de sondages. En tout cas personne ne l'a semble-t-il remarqué. Faut-il chercher du côté de l'insignifiance de chiffres dont les variations minimes prêteraient à sourire ce qui reste aujourd'hui d'esprit critique ou de compétence statistique ? Ce simple regard sceptique éviterait pourtant l'essentiel : les doxosophes – sondeurs et journalistes réunis - invoquent aujourd'hui des chiffres qu'ils ne publient pas. C'est un nouvelle étape dans l'économie des sondages où ils demandent qu'on les croit sur parole.