La Chine recommande à ses ressortissants d'éviter de voyager au Japon, en pleine passe d'armes au sujet de Taïwan depuis que Tokyo a évoqué une possible intervention militaire japonaise pour défendre l'île, revendiquée par Pékin, si elle venait à être attaquée.
Sanae Takaichi a déclaré le 7 novembre devant le Parlement que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l'envoi de troupes japonaises pour défendre l'île, au titre de la « légitime défense collective » prévue par une loi japonaise adoptée en 2015. Si une situation d'urgence à Taïwan implique « le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon », a affirmé la très conservatrice Première ministre, sans citer nommément la Chine. « Nous devons envisager le scénario du pire ».
Vendredi soir, l'ambassade de Chine à Tokyo a jugé ces propos « ouvertement provocateurs à l'égard de Taïwan, nuisant gravement au climat des échanges entre les peuples ». « Le ministère des Affaires étrangères ainsi que l'ambassade et les consulats de Chine au Japon rappellent solennellement aux citoyens chinois d'éviter de se rendre au Japon dans un avenir proche », ajoute son communiqué publié sur les réseaux sociaux, mentionnant « des risques importants » pour leur sécurité.
En conséquence, les principales compagnies aériennes chinoises (Air China, China Southern et China Eastern) ont annoncé samedi proposer à leur clientèle le remboursement intégral de leurs vols pour le Japon, ainsi que la modification sans frais de leur itinéraire, entre samedi et le 31 décembre.
Selon ses propres règles, le Japon ne peut procéder à une intervention militaire que dans certaines conditions, en particulier en cas de menace existentielle. Or, c'est à seulement une centaine de kilomètres d'une île japonaise que se trouve Taïwan, dont Pékin revendique la souveraineté. Et la Chine a menacé d'utiliser la force pour la placer sous son contrôle.
La question de Taïwan est d'autant plus sensible entre Pékin et Tokyo - deux importants alliés en matière économiques - que le Japon avait pris le contrôle de l'île en 1895 au détriment de l'Empire chinois, avant de la rétrocéder en 1945 au gouvernement chinois de l'époque.
Dans le sillage des déclarations de Sanae Takaichi jugées « extrêmement graves », Pékin a annoncé vendredi avoir convoqué l'ambassadeur du Japon.
Le Japon a pour sa part fait de même avec l'ambassadeur de Chine, après une menace jugée « extrêmement inappropriée » de la part du consul général de Chine à Osaka, Xue Jian. Dans un message depuis supprimé de X, il avait menacé de « couper cette sale tête sans la moindre hésitation », en citant un article sur l'intervention de Mme Takaichi.
Tokyo a affirmé vendredi que sa position sur Taïwan restait « inchangée » et a préconisé « la paix et la stabilité ».
Samedi, après l'avertissement de la Chine à ses ressortissants, le secrétaire général du gouvernement japonais Minoru Kihara a regretté une recommandation « en contradiction avec la promotion d'une relation stratégique et mutuellement bénéfique » entre Tokyo et Pékin, d'après l'agence Jiji Press.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsAttendu lundi à Washington pour la première fois en sept ans, le prince héritier saoudien sera à la recherche de garanties de sécurité selon les experts, tandis que le président américain le pressera de normaliser les relations de son pays avec Israël.
Quelques semaines après des frappes israéliennes contre le Qatar, allié de Washington, le triple objectif du prince Mohammed ben Salmane consistera à « renforcer, consolider et faciliter la coopération en matière de sécurité et de défense », estime Aziz Alghashian, un expert du Arab Gulf States Institute. Il s'agira de la première visite du dirigeant de facto du royaume à la Maison Blanche depuis l'assassinat en 2018 du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi par des agents saoudiens, qui avait suscité un tollé international et refroidi les relations entre les deux pays.
Le prince entretient des relations étroites avec Donald Trump, à qui il a réservé un accueil somptueux assorti de promesses d'investissement de 600 milliards de dollars, lors d'une visite du président en mai dans la monarchie pétrolière. Son voyage doit durer trois jours à partir de lundi, avec une rencontre prévue avec Donald Trump mardi, a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement.
Un forum d'investissement américano-saoudien, consacré notamment à l'énergie et à l'intelligence artificielle, se tiendra à Washington durant sa visite, d'après le site de l'événement.
M. Trump a récemment réitéré son souhait de voir l'Arabie saoudite - poids lourd du Moyen-Orient - reconnaître Israël en rejoignant les accords d'Abraham, un objectif diplomatique majeur qui parait néanmoins improbable, après la guerre dans la bande de Gaza.
Avant que le conflit n'éclate, les deux pays avaient entamé des pourparlers sur une éventuelle normalisation, en échange de garanties en matière de sécurité et d'énergie. Mais ils ont depuis été suspendus, le royaume ayant lancé une offensive diplomatique en faveur de la création d'un Etat palestinien, condition posée par Riyad pour toute normalisation.
« Un Etat palestinien est une condition préalable à l'intégration régionale (...). Nous l'avons dit à plusieurs reprises, et je ne pense pas que nous ayons été pleinement compris, car on continue de nous poser cette question », a affirmé Manal Radwan, une responsable du ministère saoudien des Affaires étrangères, lors d'une conférence début novembre à Bahreïn.
Après les frappes israéliennes, Doha avait obtenu un décret exécutif signé par Donald Trump, s'engageant à défendre le pays en cas de nouvelle attaque, un engagement que d'autres pays du Golfe aimeraient avoir, selon les experts. Outre des systèmes avancés de défense aérienne et antimissile, Riyad chercherait à acquérir des avions F-35, dont seul Israël dispose actuellement au Moyen-Orient. Le royaume souhaiterait également un accès aux puces américaines avancées, nécessaires pour soutenir ses ambitions en matière d'intelligence artificielle.
Alors que l'Arabie saoudite a lancé d'ambitieux projets touristiques et de divertissement pour diversifier une économie encore largement dépendante du pétrole, elle s'efforce aussi d'apaiser les tensions régionales, y compris avec son ancien rival, l'Iran.
Manal Radwan a affirmé que son pays continuerait d'offrir ses « bons offices » sur le dossier iranien, ajoutant que des « négociations directes » entre Téhéran et Washington étaient « essentielles » pour résoudre la question nucléaire. « L'enjeu est de savoir si le prince héritier peut formaliser un cadre durable entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite qui permettrait de dissuader de manière crédible l'Iran (de se doter de l'arme nucléaire, NDLR) et soutenir la Vision 2030 », l'ambitieux projet de diversification du royaume, affirme Andreas Krieg, du King's College de Londres.
« En échange, Washington réclamera des garde-fous plus stricts sur les liens sensibles avec la Chine, des avancées concrètes liées à une éventuelle avancée sur la question israélienne et une perspective politique crédible pour les Palestiniens », dit-il à l'AFP.
Donald Trump et Mohammed ben Salmane avaient affiché leur proximité lors de la première tournée étrangère du président américain. Leur complicité a porté ses fruits, notamment sur le dossier syrien: M. Trump affirme que c'est le prince saoudien qui l'a convaincu de lever les sanctions contre Damas après la chute de Bachar el-Assad en décembre et de recevoir, à Riyad, le nouveau dirigeant du pays, Ahmad el-Chareh, un ancien jihadiste devenu chef d'Etat.
Six mois plus tard, le président américain accueillait M. Chareh à la Maison Blanche.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe chef du pouvoir judiciaire en Iran, Gholamhossein Mohseni Ejeï, un religieux, a réclamé à son institution davantage de fermeté contre les « anomalies sociales », ont rapporté les médias locaux, dans un pays où l'obligation du port du voile est de moins en moins respectée.
En vertu des règles imposées après la Révolution islamique de 1979, toutes les femmes en Iran doivent se couvrir les cheveux avec un voile (hijab) en public et porter des vêtements sobres et amples. Mais dans les grandes villes, notamment Téhéran, nombre de femmes sortent désormais ouvertement sans voile, et portent jeans et baskets. Certaines choisissent même des décolletés ou des vêtements légers laissant apparaître leur nombril, des tenues inimaginables en Iran il y a encore quelques mois.
« J'ai ordonné au procureur général et à tous les procureurs du pays de demander aux services de sécurité et de police d'identifier (...) les anomalies sociales », a déclaré Gholamhossein Mohseni Ejeï, accusant ces nouvelles tendances en Iran d'être « organisées » à dessein par « l'influence étrangère » dans « une guerre d'infiltration ». « L'une des manifestations des efforts de l'ennemi réside dans la question de la nudité et du non-respect du hijab », a ajouté M. Ejeï, cité vendredi par le journal Etemad et l'agence Fars. Le terme nudité fait généralement référence à des tenues jugées inappropriées.
Ce phénomène est devenu plus visible en Iran depuis les manifestations qui avaient suivi la mort en détention de Mahsa Amini en septembre 2022. La jeune femme avait été arrêtée par la police des moeurs pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire. « Nous ne pouvons certainement pas imposer aux femmes le port du hijab », a déclaré le mois dernier la porte-parole du gouvernement iranien, Fatemeh Mohajerani, au diapason du président Massoud Pezeshkian, sous le feu des critiques du camp conservateur.
Son administration a refusé l'an dernier de promulguer une loi qui prévoyait de durcir drastiquement les peines à l'encontre des femmes non voilées.
Ces derniers mois, les autorités ont toutefois fermé plusieurs cafés et restaurants pour non-respect du voile obligatoire ou pour avoir servi de l'alcool, interdit en Iran. « Le hijab (est le) premier rempart de l'identité islamique des Iraniennes. Si ce rempart s'effondre, d'autres éléments culturels et du patrimoine s'effondreront progressivement », a mis en garde jeudi le quotidien ultraconservateur Kayhan.
Des centaines de personnes, dont des dizaines de membres des forces de sécurité, avaient été tuées lors des manifestations déclenchées en 2022 à travers tout le pays, et des milliers de manifestants arrêtés.
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