Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a reçu lundi un soutien appuyé d'Emmanuel Macron qui a redit la mobilisation des Européens pour obtenir « une paix juste et durable » à la veille d'une rencontre entre l'envoyé américain Steve Witkoff et le président russe Vladimir Poutine.
« La rencontre a permis de faire avancer la concertation entre tous les Européens, de coordonner aussi nos vues avec les négociateurs et de rappeler l'importance de la mobilisation de tous pour une paix juste et durable », a souligné le président français lors d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien. S'il a salué « l'effort de médiation » des Etats-Unis, Emmanuel Macron a déclaré qu'il n'y avait « pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé ». « Nous sommes encore à une phase préalable », a-t-il dit, martelant que le plan avancé par Washington « ne peut être finalisé qu'avec les Européens autour de la table ».
De son côté, le président ukrainien a dit s'attendre désormais « à une discussion avec le président des Etats-Unis sur des questions clés » après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a fait état lundi de « progrès significatifs » sur le projet de plan américain, bien que des « ajustements » soient encore nécessaires. Ces échanges se déroulent alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).
En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022. Volodymyr Zelensky, incarnation depuis bientôt quatre ans de la résistance ukrainienne à l'invasion russe, a tempéré ces données, relevant le caractère mouvant des gains en situation de guerre.
En interne, le président ukrainien fait face à un vaste scandale de corruption éclaboussant le gouvernement, ayant contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi. Sur ce plan, Emmanuel Macron s'est refusé à « donner des leçons ». Après leur réunion bilatérale, Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron ont échangé avec les négociateurs américain Steve Witkoff et ukrainien Roustem Oumerov qui ont mené des discussions en Floride.
Ils se sont également entretenus avec le Premier ministre britannique Keir Starmer et plusieurs dirigeants européens (Allemagne, Pologne, Italie, Norvège, Finlande, Danemark, Pays-Bas), ainsi qu'avec les présidents des institutions européennes Antonio Costa et Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.
Volodymyr Zelensky, qui se rendra mardi en Irlande pour sa première visite dans ce pays neutre, a rapidement visité l'usine du groupe de défense Dassault Aviation en région parisienne, deux semaines après avoir signé une lettre d'intention pour acheter jusqu'à 100 avions de combat Rafale, destinés à plus long terme à protéger le ciel du pays contre une éventuelle reprise des hostilités.
La semaine qui s'ouvre s'annonce « cruciale » pour l'Ukraine, a estimé la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas. Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face aux ambitions russes. « Je crains que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible, car la reddition de l'Ukraine, c'est la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre », a déclaré Kaja Kallas.
Les Etats-Unis ont présenté il y a dix jours un premier projet en 28 points très favorable à Moscou, rédigé sans les alliés européens de Kiev, censé mettre fin au conflit déclenché par l'offensive russe contre l'Ukraine en février 2022. Washington a ensuite amendé ce projet avec Ukrainiens et Européens, avant de le retravailler en bilatéral avec les Ukrainiens dimanche en Floride. Les discussions américano-ukrainiennes ont été jugées « productives » par les deux parties, mais le secrétaire d'Etat Marco Rubio a prévenu qu' »il restait encore du travail ».
Le président Donald Trump a, lui, affiché son optimisme, estimant que Russie et Ukraine souhaitaient mettre fin au conflit, tout en soulignant que Kiev n'était pas en position de force en raison du scandale de corruption.
Pour Emmanuel Macron, les frappes de la Russie contre l'Ukraine démontrent au contraire que Moscou n'est pas disposé à faire la paix. En France, M. Zelensky était accompagné par son épouse Olena Zelenska pour un événement autour de l'initiative « Bring kids back » (« Ramenez les enfants »), dont elle est la marraine. Cette initiative « a permis de ramener près de 2.000 enfants ukrainiens arrachés à leur famille par la Russie », a souligné le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, en rappelant que « ce crime de guerre odieux vaut à Vladimir Poutine son mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale ».
Vous avez déjà un compte? Connectez-vous ici
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsDéfiant la censure dans son pays, le cinéaste iranien Jafar Panahi, Palme d'or à Cannes, a été condamné par contumace à un an de prison pour des « activités de propagande » contre l'Etat, a annoncé lundi à l'AFP son avocat.
Cette peine est assortie d'une interdiction de voyager de deux ans et d'adhésion à tout groupe politique ou social, a précisé Me Mostafa Nili, ajoutant avoir l'intention de faire appel. Il n'a pas donné de détails sur la nature exacte des charges reprochées à son client, qui se trouve actuellement à l'étranger.
Le réalisateur de 65 ans avait remporté la prestigieuse récompense au festival de Cannes en mai dernier pour son film « Un simple accident ». Après des années sans pouvoir sortir d'Iran, Jafar Panahi, figure de la Nouvelle vague du cinéma iranien multiprimée à l'international, avait pu faire le déplacement dans un festival pour la première fois en 15 ans. Il a effectué ces dernières semaines une tournée aux Etats-Unis pour promouvoir son long-métrage, choisi pour représenter la France aux Oscars.
Réalisé clandestinement, « Un simple accident », où un tortionnaire de la République islamique se retrouve aux mains de ses anciens prisonniers, a failli ne jamais aboutir. Le tournage a été interrompu par la police, avant d'être bouclé à la va-vite quelques semaines plus tard. « J'ai 65 ans, je n'ai jamais écouté la censure, ce n'est pas maintenant que je vais commencer à le faire », avait-il lancé dans une interview accordée à l'AFP en septembre.
Car Panahi ne s'est jamais résolu à l'exil, préférant rester dans son pays envers et contre tout, pour scruter dans ses oeuvres les injustices sociales ou la place des femmes. Parmi ses films les plus acclamés figure « Taxi Téhéran », tourné depuis l'intérieur d'un taxi, pour lequel il a reçu l'Ours d'or à la Berlinale en 2015. Les conservateurs iraniens avaient fulminé. Le Festival de Cannes le soutient et lui offre une tribune depuis ses débuts : son premier long-métrage, « Le Ballon blanc », avait reçu la Caméra d'or en 1995.
Son amour du cinéma, ce fils d'artisan, né à Téhéran le 11 juillet 1960 et ayant grandi dans les quartiers pauvres de la capitale, l'a plusieurs fois payé de sa liberté: il a été incarcéré à deux reprises, 86 jours en 2010 et près de sept mois entre 2022 et 2023. Il avait entamé une grève de la faim pour obtenir sa libération. Alors que certains de ses soutiens craignaient des difficultés à son retour à Téhéran en mai, Jafar Panahi avait été acclamé par des admirateurs, sans être inquiété.
Cet accueil contrastait avec la froide réaction des médias d'État iraniens et des dirigeants du pouvoir à cette première Palme d'or iranienne depuis « Le goût de la cerise » en 1997, du défunt Abbas Kiarostami. L'an dernier, la récompense avait échappé à un autre Iranien dissident, Mohammad Rasoulof, qui avait dû se contenter d'un prix spécial et est resté ensuite en exil après une condamnation pour « collusion contre la sécurité nationale ».
Vous avez déjà un compte? Connectez-vous ici
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé lundi avoir été invité par le président américain Donald Trump « prochainement » à la Maison Blanche, lors d'un entretien téléphonique entre les deux hommes.
Benjamin Netanyahu « s'est entretenu il y a peu de temps avec le président des Etats-Unis, Donald Trump », indique un communiqué de son bureau précisant que M. Trump l'a invité « à le rencontrer à la Maison Blanche prochainement ». « Les deux dirigeants ont souligné, au cours de leur échange, l'importance d'un désarmement du Hamas et de la démilitarisation de la bande de Gaza et leur engagement en ce sens, et ont discuté de l'élargissement des accords de paix », ajoute le communiqué sans plus de détails.