10.06.2025 à 11:43
Florian Chaaban
"Si la terre se réchauffe, l’océan, quant à lui, est en ébullition". Ces quelques mots prononcés par Emmanuel Macron en ouverture de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3) donnent le ton. Du 9 au 13 juin, la communauté internationale est réunie à Nice avec un objectif clair : trouver des solutions […]
L’article UNOC 3 : à Nice, la communauté internationale au chevet des océans en souffrance est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
"Si la terre se réchauffe, l’océan, quant à lui, est en ébullition". Ces quelques mots prononcés par Emmanuel Macron en ouverture de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3) donnent le ton. Du 9 au 13 juin, la communauté internationale est réunie à Nice avec un objectif clair : trouver des solutions concrètes pour assurer un avenir durable aux océans. "Jamais la communauté internationale n'avait mobilisé autant de [responsables politiques]", a salué le président de la République dans son discours inaugural.
Et pour cause. La plénière d’ouverture, devant 63 chefs d’État et de gouvernement (sans compter les ministres et les innombrables agences européennes et internationales), a servi d’alarme globale.
Co-organisée par la France et le Costa Rica dans un contexte international marqué par l’urgence climatique, l'UNOC 3 vise, selon les termes des Nations unies, à "accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan". Loin d’être de simples étendues d’eau, les mers et les océans jouent un rôle fondamental dans l’équilibre de notre planète. Ils régulent le climat, abritent une biodiversité exceptionnelle et soutiennent des millions d’emplois. Un trésor aujourd’hui menacé.
Gigantesque puits de carbone absorbant 25 % à 30 % du CO2, l'océan est malmené par le réchauffement climatique qui acidifie les mers et perturbe les écosystèmes. Sa biodiversité est dégradée par les pollutions venues des terres, le plastique, les antibiotiques et les produits phytosanitaires finissant toujours par s’y déverser.
Dans ce contexte, l'UE a un rôle majeur à jouer. 22 de ses 27 pays membres ont une façade maritime. Ensemble, ils forment la plus vaste zone économique exclusive au monde, un espace où les États peuvent exploiter les ressources jusqu’à 200 milles nautiques de leurs côtes.
Aujourd'hui, poissons, coquillages et crustacés assurent "la subsistance de plus de trois milliards de personnes" sur la planète. Remplies de cargos venus de tous horizons, les étendues marines sont par ailleurs les voies de passage de 80 % des marchandises à l'échelle du globe. Si bien que l’économie de la mer équivaut, en valeur, à la cinquième puissance mondiale, rappelle l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié au début de l’année.
Face à ce constat, le premier défi des dirigeants internationaux consiste à parvenir à faire exister l'océan et ses problématiques dans un monde tiraillé par les tensions géopolitiques et par deux crises majeures, en Ukraine et à Gaza. "La première réponse, c’est le multilatéralisme", a souligné Emmanuel Macron. Mais réfléchir ensemble ne doit pas se faire au mépris des règles. Ainsi, la France pousse depuis des années pour favoriser l’entrée en vigueur d’un traité sur la haute mer - la partie de l’océan située au-delà des juridictions des États. Pour s’appliquer, ce traité négocié à l’ONU et signé en 2023 doit être ratifié par au moins 60 États. Pour l’heure, 50 signatures ont été déposées.
Le sujet de la lutte contre la pollution plastique est aussi au cœur des discussions. Entre 1950 et 2022, les scientifiques ont décompté 32 millions de tonnes de plastiques accumulés dans l’océan, soit le poids de plus de 200 000 baleines bleues, plus grand animal au monde, d’après l’OCDE. Les plastiques flottants sont transportés par les vagues, le vent et les courants, et peuvent finir par s’agglomérer, comme dans le fameux vortex de déchets du Pacifique Nord (Great Pacific Garbage Patch). Mais la plus grande partie s’échoue sur les littoraux. Un accord mondial et contraignant sur ce sujet pourrait voir le jour en août prochain en Suisse. Le dernier cycle de négociations, en 2024 en Corée, s’est soldé par un échec. La conférence de Nice offre donc une nouvelle opportunité de dialogue avant la reprise des discussions officielles à Genève.
Autre enjeu majeur : la surpêche. Des négociations sont toujours en cours à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour interdire les subventions qui encouragent cette pratique, mais elles restent actuellement dans l’impasse. Acteur majeur de la pêche mondiale et premier importateur des produits des mers et océans, l'Union européenne a une influence particulière sur le secteur halieutique.
De nombreux engagements volontaires des États sont également attendus, en particulier sur la question des aires marines protégées dans les zones économiques exclusives (ZEE). Enfin, d’autres débats concernent l’exploitation minière des fonds marins et la décarbonation du transport maritime, questions tout aussi importantes. "Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West", a averti le secrétaire général des Nations unies, António Gutteres, alors que Donald Trump prévoit de lancer unilatéralement l'exploitation des galets de nickel ou autres métaux critiques dans les eaux internationales du Pacifique.
Le 5 juin 2025, la Commission européenne a dévoilé les contours de son Pacte européen pour les océans, évoqué dans les priorités de sa présidente Ursula von der Leyen au début de son second mandat. Cette stratégie globale sur des enjeux maritimes vise à "mieux protéger les océans, à promouvoir une économie bleue prospère et à soutenir le bien-être des populations vivant dans les zones côtières", précise le communiqué.
L'exécutif européen, qui a ratifié le traité sur la haute mer le 28 mai dernier, présentera en 2027 une "loi sur les océans", un texte clé qui permettra d'inscrire dans le droit européen les grands objectifs de cette nouvelle stratégie. Parmi eux, on retrouve notamment la protection de 30 % des eaux maritimes de l'UE d'ici 2030, dont 10 % de manière stricte.
Elle a aussi adopté en 2024 une loi sur la restauration de la nature, qui impose de restaurer 20 % des milieux marins dégradés à horizon 2030. À terme, tous les écosystèmes marins abîmés devront être restaurés d'ici 2050.
Dans la pratique, la protection des mers et des océans relève en partie de l’Union européenne. Elle a la compétence exclusive pour gérer les ressources biologiques de la mer mais partage celle de la protection de l’environnement avec les États membres. En revanche, les eaux territoriales restent sous le contrôle des pays.
À ce jour, à peine 9 % des océans sont protégés selon certaines ONG. Au rythme actuel, cet objectif ne serait pas atteint avant 2107 d’après Greenpeace. Les annonces attendues à Nice devraient toutefois entretenir l'espoir d'une prise de conscience. Ces initiatives sont censées éclairer les chefs d’État lors de la COP1 sur la haute mer, attendue à la fin de l’année 2026.
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10.06.2025 à 11:41
Valentin Ledroit
"Mormant-sur-Vernisson et ses 133 habitants, capitale de l'extrême droite européenne ce lundi 9 juin", titre Ici (ex France Bleu). "Une brochette de nationalistes européens de premier plan, dont Viktor Orbán (Hongrie), Matteo Salvini (Italie), Andrej Babiš (République tchèque) et Santiago Abascal (Espagne), s'est jointe à Marine Le Pen dans [ce] petit village", rapporte Politico. Seul […]
L’article À l'appel du Rassemblement national, l'extrême droite européenne réunie dans le Loiret est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
"Mormant-sur-Vernisson et ses 133 habitants, capitale de l'extrême droite européenne ce lundi 9 juin", titre Ici (ex France Bleu). "Une brochette de nationalistes européens de premier plan, dont Viktor Orbán (Hongrie), Matteo Salvini (Italie), Andrej Babiš (République tchèque) et Santiago Abascal (Espagne), s'est jointe à Marine Le Pen dans [ce] petit village", rapporte Politico. Seul "le Néerlandais Geert Wilders a été excusé, tout accaparé à faire chuter son gouvernement. Il s’est tout de même fendu d’un petit message par visio" [Public Sénat].
La réunion, organisée par les "Patriotes pour l'Europe", le parti européen dont le Rassemblement national est membre, a "rameuté, avec moult cars des fédérations environnantes, plus de 5 000 militants, selon son estimation" [Le Monde].
L’objectif de cette "fête de la victoire" : "rappeler à ses partisans que le 9 juin 2024, le RN obtenait le meilleur score électoral de son histoire, succès invisibilisé par la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée dans la foulée", complète le journal du soir. Lors des élections européennes, "le RN avait recueilli plus de 31 % des suffrages. Ce score lui avait permis d’envoyer 29 députés à Strasbourg, faisant jeu égal avec la CDU allemande", rappelle La Croix.
"Les intervenants se sont succédé à la tribune pour exposer leurs arguments habituels sur des sujets aussi variés que l'identité de genre ou la lutte contre l'immigration massive, tandis que la foule se régalait d'empanadas fusion péruviennes et de merguez", ironise Politico. Même analyse du côté de France info qui retient "trois heures de prise de parole et la radicalité des alliés du RN mise à nu, avec des discours xénophobes, islamophobes, parfois même complotistes, avec un mot clé : la souveraineté".
Sans surprise, l'immigration a occupé une place importante dans les discours prononcés à la tribune. "Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a embrassé la théorie complotiste d’un grand remplacement que soutiendrait l’UE. Il a été relayé avec la même véhémence par le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini", relève la RTBF. Même son de cloche du côté de Tom Van Grieken, le président du parti flamand Vlaams Belang : "si j'ai bien compris, chez vous au Rassemblement national, c'est un peu comme chez nous au Vlaams Belang, on dit clairement aux étrangers : 'vous vous adaptez ou vous partez', c'est bien ça ?" [France info].
"C’est toutefois l’Union européenne qui est, la première, l’objet de l’ire du RN et de ses alliés", note Le Monde. "Agonie d’injures durant trois heures, décrite comme un 'empire' aux penchants dictatoriaux par Marine Le Pen, elle finance pourtant ce meeting organisé par le parti européen dont le RN est membre", note le quotidien.
"C'était aussi un meeting de soutien" à l'ancienne présidente du Rassemblement national, observe France info. "Tous sont venus manifester leur amour pour [Marine] Le Pen, qui risque d'être interdite de se présenter à l'élection présidentielle de 2027 après avoir été reconnue coupable de détournement de fonds en mars. Le verdict a été rendu quelques mois seulement après le décès de son père et mentor politique, Jean-Marie" [Politico].
"Chaque jour qui passe vous rapproche de l'élection de Marine Le Pen à la présidence", a déclaré, en français, Santiago Abascal, le leader du parti espagnol Vox. Tandis que Viktor Orbán a salué son "'amie de longue date' comme une 'combattante courageuse' qui 'ne trahit pas' et 'ne vous laisse pas tomber'" [Politico].
"En réponse à la 'fête de la victoire' organisée par le Rassemblement national dans le Loiret, la gauche unie a réveillé les mânes du Nouveau Front populaire", affirme Mediapart. À une poignée de kilomètres de là, à Montargis, 3 500 personnes ont défilé "pour protester contre le rassemblement d’extrême droite dans le département" [Libération]. "Une journée de mobilisation dans le Gâtinais qui n'a suscité aucun débordement", souligne La République du Centre.
"Les étendards du PS, du PCF, de LFI, de la CGT et de SUD, un drapeau palestinien géant et les couleurs LGBTQ se mélangent aux pancartes 'F*ck le racisme', 'Le RN = Faux Patriotes' ou 'Aimons-nous les uns les autres'. […] Les vieux briscards des luttes locales se mêlent aux teufeurs, aux étudiants, aux fonctionnaires, aux artistes et aux cadres", recense Libération.
Pour les personnes présentes lors de ce contre-rassemblement, l'union à gauche apparait essentielle malgré les divergences. À l'image de Claire, une militante socialiste interrogée par le journal : "je n'ai aucun problème à défiler avec le PCF et les insoumis, même si on n’est pas d’accord sur l’Europe ou sur l’Ukraine. Face à l’extrême droite, on est sur un gros point de convergence !".
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10.06.2025 à 10:41
Juliette Verdes
Un terme qui recouvre une réalité hétérogène Les aires marines protégées (AMP) au sens large sont des zones géographiques délimitées en mer, qui répondent à des objectifs de protection de la biodiversité marine et de gestion durable des activités maritimes. Elles n'interdisent pas les activités humaines en mer, comme la pêche ou le tourisme, sauf […]
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Les aires protégées au sens large sont définies par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) comme "un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré, par des moyens légaux ou d'autres moyens efficaces, afin d'assurer la conservation à long terme de la nature, des services systémiques et des valeurs culturelles qui y sont associées".
Si une aire marine ne répond pas à cette définition, elle ne peut pas être considérée comme une "aire marine protégée" (AMP). L'IUCN précise que ces zones rendent des "services écosystémiques" qui atténuent les effets du changement climatique : les mers et océans stockent par exemple du carbone.
Les aires marines protégées (AMP) au sens large sont des zones géographiques délimitées en mer, qui répondent à des objectifs de protection de la biodiversité marine et de gestion durable des activités maritimes. Elles n'interdisent pas les activités humaines en mer, comme la pêche ou le tourisme, sauf dans les zones où le niveau de protection est très élevé.
Dans l'Union européenne, la majeure partie des AMP fait partie du réseau "Natura 2000". Ce réseau de zones protégées, lancé en 1992, découle des directives "Habitats" et "Oiseaux". La première impose aux États membres de prendre les mesures appropriées pour éviter la détérioration des habitats naturels, ainsi que les perturbations significatives touchant les espèces pour lesquelles un site a été désigné. La seconde vise à protéger les populations européennes d'oiseaux sauvages, y compris sur les sites littoraux et côtiers.
Les zones Natura 2000 ne sont pas les seules comptabilisées par Eurostat : de nombreux pays désignent des aires à protéger au niveau national. Ainsi, en 2022, 12,3 % des eaux maritimes européennes bénéficiaient d'une protection nationale ou via le réseau Natura 2000 (hors territoires d'outre-mer). Soit quelques 629 000 km2 de territoires maritimes.
Les autorités compétentes de chaque État membre sont chargées de définir les mesures de conservation des sites : interdiction des activités d'extraction dans les fonds marins, régulation de la pêche ou encore encadrement de la construction d'infrastructures. Comme l'explique l'ONG WWF, ces mesures permettent de protéger, voire restaurer la biodiversité marine. Ainsi, l'interdiction de la pêche dans certaines zones strictement protégées permet aux populations de poissons de se reproduire avant d'être disséminées par les courants aux alentours, contribuant ainsi à la reconstitution des ressources de pêche.
Le pays ayant le plus vaste réseau d'aires marines protégées via Natura 2000 est l'Allemagne : 45,2 % de ses eaux font partie du réseau de protection européen. La France arrive toutefois à la première place si l'on comptabilise les aires marines protégées désignées au niveau national, celles soumises à une Convention de mer régionale (mesures conjointes entre plusieurs pays qui partagent une zone maritime, par exemple la Méditerranée), et d'autres dispositifs.
Il existe en effet des zones "nationales" de protection désignées par les États membres mais qui ne sont pas comptabilisées dans le réseau Natura 2000. Certains États membres ont pris des mesures de conservation soumises au droit national, parfois antérieures à Natura 2000. En France par exemple, l'Office Français de la Biodiversité (OFB) gère aussi les réserves naturelles nationales, les parcs naturels marins ou encore le Conservatoire du littoral.
La Belgique se place ainsi en 3e position (37,8 %), suivie des Pays-Bas (26,8 %). Les pays ayant le réseau le moins étendu en 2022 sont l'Irlande (2,1 %) et la Slovénie (5,4 %).
La France possède l'un des plus grands territoires maritimes de l'Union européenne. C'est également le pays dont les AMP représentent la plus grande superficie (outre-mer compris).
Depuis 2022, la réserve naturelle nationale (RNN) des Terres australes françaises (TAF) a été étendue sur l’ensemble des espaces maritimes des archipels Crozet et Kerguelen et des îles Saint-Paul et Amsterdam, administrés par les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). D'une surface de 1,6 millions de km2, il s'agit de la plus grande aire marine protégée française et la deuxième plus grande aire marine protégée au monde.
Néanmoins, les zones dites à "protection forte" (ZPF) ne représentent à ce jour que 0,1% des eaux françaises qui bordent la France métropolitaine. À la veille de l'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC 3), la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé le 8 juin 2025, depuis Nice, que ces ZPF représenteront 4 % du littoral métropolitain d'ici 2026. En ce qui concerne l'ensemble des AMP françaises, le gouvernement ambitionne de porter à 14 % la part de ses eaux classées en "protection forte" sur l'ensemble du globe, au-dessus de l'objectif européen de 10 % d'ici à 2030.
Le nombre d'AMP est en progression. La part des eaux européennes protégées est passée de 5,9 % en 2012 à 12,3 % en 2022, soit une augmentation de 6,4 points. Certains États membres ont fortement accéléré le déploiement d'AMP : en Roumanie, cette part a bondi de 6,4 % à 21,4 % entre 2012 et 2022. La France est quant à elle passée de 12,7 % à 45,3 % d'aires sauvegardées sur la même période.
Bien que cette tendance soit positive, l'AEE explique que les zones protégées doivent s'étendre à un rythme nettement plus rapide qu'au cours de la dernière décennie si l'UE veut atteindre l'objectif de 30 % fixé par la stratégie en matière de biodiversité d'ici à 2030. Cela représenterait 11 millions de km2 protégés, dont 10 % "strictement" (c'est-à-dire écartés de toute activité humaine potentiellement destructrice). Dans le cadre de cette stratégie pour la biodiversité, la Commission européenne a lancé en septembre 2021 la mission "Restaurer nos mers et océans pour 2030", qui contient des objectifs de protection et restauration des écosystèmes aquatiques, et d'élimination de la pollution marine.
Toutes les AMP n'ont cependant pas les mêmes exigences en matière d'environnement et de biodiversité. L'IUCN classe les aires protégées (marines et terrestres) selon six niveaux de protection, allant d'une simple régulation des activités humaines à l'interdiction totale de toute interférence. La base de données Protected Planet a également publié un guide qui classe les aires marines selon quatre niveaux de protection, détaillant les activités qui y sont réglementées.
La plupart des aires marines protégées n'excluent donc pas certaines activités économiques comme l'aquaculture, la pêche ou le tourisme. Dans les zones où la protection est "minimale", l'exploitation des ressources minières, gazières et pétrolières des fonds marins est interdite, mais le dragage et le déversement des navires peuvent être autorisés. Dans les zones de protection dite "intégrale" ou "stricte", toutes les activités humaines sont interdites sauf celles ayant un impact minimal, telles que l'aquaculture à des fins de restauration du milieu marin, ou bien la plongée sous-marine.
En ce qui concerne les sites Natura 2000 en mer, les activités humaines et les projets d’infrastructure sont possibles mais doivent être soumis à une étude d'impact s'ils présentent un risque pour les espèces et habitats protégés. Par ailleurs, un comité de pilotage définit pour chaque site des objectifs de conservation et des mesures de gestion. Ils sont ensuite mis en œuvre sous forme de chartes et de contrats co-financés par l’Union européenne, peut-on lire sur le site de l'Office français de la biodiversité.
Si les règles sont communes pour les sites Natura 2000, l'existence d'autres types de zones protégées rend l'harmonisation difficile au niveau européen. Les aires marines désignées au niveau national, par exemple, recouvrent des réalités très différentes en termes de protection. La France a l'un des réseaux d'AMP les plus importants d'Europe. Mais comme le soulignent des chercheurs du CNRS, "seulement 1,6 % de l’espace maritime français bénéficie d’un statut de protection intégrale ou haute, qui sont les deux niveaux permettant de réduire au mieux les impacts humains sur la biodiversité et qui peuvent être assimilés à de la 'protection forte'". 80 % de ces AMP fortement protégées se situent dans les terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), non comptabilisées dans Natura 2000. À l'inverse, sur la façade Atlantique, la Manche et la mer du Nord, seulement 0,01 % des eaux sont classées en protection intégrale ou haute. Ce constat n'est pas seulement applicable à la France : selon une étude de la Society for Conservation Biology, parue en mai 2024, seulement un tiers des aires marines protégées dans le monde le sont réellement.
La Fondation pour la recherche sur la biodiversité s'est penchée sur les résultats concrets de l'établissement d'AMP : tout d'abord, elle constate que leur efficacité augmente avec leur taille et leur âge. Ensuite, l'étude montre que l'efficacité écologique des AMP augmente avec le niveau de protection : ainsi, l'abondance et la biomasse des espèces ciblées est plus élevée dans les aires à protection haute. Par ailleurs, le milieu marin est pensé en termes de flux et non pas selon des zones strictement délimitées. La Fondation indique que la présence d’une aire intégralement protégée à côté d'une aire partiellement protégée engendre des bénéfices écologiques, y compris pour la zone qui l'est moins.
L'Agence européenne pour l'environnement rappelle que la perte de biodiversité marine se poursuit en Europe. De nombreuses évaluations des espèces et des habitats marins concluent à un état de conservation défavorable ou inconnu. Dans un rapport spécial paru en 2020, la Cour des comptes européenne constatait que dans 59 % des aires marines protégées (en grande partie des sites Natura 2000), la pêche commerciale au chalut était pratiquée à des niveaux plus élevés que dans les zones non protégées, à contre-courant des objectifs de conservation. L'institution relevait par ailleurs qu’une grande partie des AMP de l’Union européenne fournissait un "faux sentiment de sécurité au regard des mesures concrètes de conservation qui y sont prises".
Face à ce constat, la Commission européenne a présenté le 21 février 2023 un plan pour "verdir" le secteur de la pêche. Celui-ci propose notamment une interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées. Néanmoins, cette technique de pêche emploie de nombreuses personnes en Europe, notamment en France, et représente une part importante des revenus du secteur. La Fondation pour la biodiversité rappelle que ces deux priorités ne sont pas inconciliables et que la mise en œuvre des aires protégées "nécessite l’intégration des objectifs de conservation d’une part, et des objectifs socio-économiques et politiques d’autre part". Joachim Claudet, directeur de recherche CNRS au Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (CRIOBE), estime qu'avec les niveaux de capture actuels, chaque pays devrait établir entre 10 et 20 % d'AMP "réellement" protégées, c'est-à-dire strictement préservées des activités humaines. Selon le chercheur, ce type de mesure permettrait de restaurer les stocks halieutiques, y compris au-delà des aires protégées, ce qui aurait un effet bénéfique à long terme pour la restauration de la biodiversité tout comme pour l'activité des pêcheurs.
Pays | Pourcentage d'aires marines protégées (nationales et Natura 2000) |
---|---|
Allemagne ![]() | 45,3 |
Belgique ![]() | 37,8 |
Bulgarie ![]() | 8 |
Chypre ![]() | 8,6 |
Croatie ![]() | 9,5 |
Danemark ![]() | 18,8 |
Espagne ![]() | 12,4 |
Estonie ![]() | 18,7 |
Finlande ![]() | 11,2 |
France ![]() | 45,3 |
Grèce ![]() | 19,8 |
Irlande ![]() | 2,1 |
Italie ![]() | 9,7 |
Lettonie ![]() | 15,8 |
Lituanie ![]() | 22,8 |
Malte ![]() | 5,5 |
Pays-Bas ![]() | 26,8 |
Pologne ![]() | 21,9 |
Portugal ![]() | 4,5 |
Roumanie ![]() | 21,4 |
Slovénie ![]() | 5 |
Suède ![]() | 16 |
Union européenne - 27 pays ![]() | 12,3 |
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