07.12.2023 à 16:21
Coline Laroche
Si le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que les bombardements israéliens sur Gaza ont déjà causé la mort de 16 000 personnes, il est probable que le bilan total soit deux fois plus élevé, auquel il faudrait ajouter le très grand nombre de blessés et de victimes d’épidémies que la situation sanitaire désastreuse pourrait engendrer. La disproportion de la réponse israélienne aux attaques du Hamas est telle que les ONG sont unanimes à anticiper une aggravation de la situation à Gaza, où la population ne peut ni fuir, ni même se réfugier ou se soigner. Un cessez-le-feu est plus que jamais nécessaire, alors que les puissances occidentales ne condamnent toujours pas fermement le gouvernement israélien pour sa violation du droit international, au risque de former, parmi les proches des victimes des bombardements, les terroristes de demain.
07.12.2023 à 12:17
Élection présidentielle sénégalaise : la grande incertitude
Coline Laroche
Le président sénégalais Macky Sall, après avoir annoncé en juillet 2023 qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat, a désigné l’actuel Premier ministre Amadou Ba comme candidat de son parti à l’élection présidentielle, qui aura lieu en février 2024. Dans un contexte de crise politique, sociale et économique, quel est le climat préélectoral au Sénégal ? Quel est le bilan de Macky Sall ? Alors que le principal opposant politique Ousmane Sonko est incarcéré, quid de possibles élections démocratiques ? Le point avec Caroline Roussy, directrice de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Afrique/s.
Quel est le climat préélectoral au Sénégal ?
L’élection présidentielle aura lieu le 25 février 2024, mais les images de campagne sont encore rares dans la ville de Dakar. Nombre de candidats n’ont, du reste, toujours pas reçu l’ensemble de leurs parrainages. Il ne leur en faut pas moins de 58 975 (issu du fichier électoral et d’élus politiques) à valider avant le 11 décembre pour être dans la course. Si cette campagne semble tarder, en réalité partis au pouvoir et partis de l’opposition fourbissent leurs armes depuis les élections législatives de juillet 2022. La coalition présidentielle BBY (Benno Bokk Yakaar), qui a remporté la majorité à l’Assemblée à une voix près, verrouille méthodiquement le système. De nombreux leaders sont empêchés dans leur tournée. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar et candidat à la présidentielle, dans sa course aux parrainages s’est vu refuser l’accès à certaines communes dans le département de Fatick, bastion de Macky Sall en octobre dernier. Plus récemment, il a été bloqué à Matam. Ousmane Sonko, considéré comme principal opposant politique au pouvoir de Macky Sall, croupi dans les geôles sénégalaises depuis le 28 juillet dernier. De fait, il semble éliminé. Le motif de son incarcération ? : « appel à l’insurrection », « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Rien à voir donc avec sa condamnation initiale, par contumace, à deux ans de prison, pour « corruption de la jeunesse » le 1er juin dernier. Ce verdict avait poussé la jeunesse dans la rue : manifestations, mises à sac de biens publics, affrontements. Le mois précédent cette décision, témoignant de la tension dans le pays, des heurts avaient éclaté en Casamance. L’Alliance française de Ziguinchor a partiellement cédé aux flammes. En juin, sidération. À l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) des véhicules de professeurs et des bâtiments ont été incendiés. 23 morts, selon Amnesty International, sont à déplorer à l’issue de cet épisode.
Le président Macky Sall avait alors pris des mesures exceptionnelles comme la fermeture de l’espace Internet, renforçant le climat sécuritaire. Le 3 juillet, sous la pression de la rue et sans doute de puissances internationales, il a annoncé ne pas se présenter à un troisième mandat. Certains de ses proches affirment qu’il n’a jamais eu l’intention de briguer un troisième mandat. Il aurait peut-être souhaité ne pas communiquer sur ce dossier afin de se conserver la latitude d’agir. Mais cette version est difficilement audible. Pourquoi avoir consulté un constitutionnaliste français – qui, du reste, avait conclu à la légalité d’une éventuelle candidature en 2024 ? Pourquoi ne pas avoir rassuré plus tôt ses concitoyens qui, dès 2021, sont descendus dans la rue ?
Depuis l’incarcération d’Ousmane Sonko, un calme étrange règne. Alors que certains assuraient l’apocalypse dans le cas où il aurait été arrêté, il n’y a pas eu de nouvelles manifestations. Lassitude, fabrication du calme ou révolte qui couve ? Assurément, le calme est pour partie fabriqué : les opposants politiques ont été emprisonnés par centaines, le parti d’Ousmane Sonko, le PASTEF, a été dissout pour appel à la sédition[1]. Début novembre, à part les Universités Gaston Berger de Saint-Louis et Assane Seck de Ziguinchor, toutes les universités étaient fermées. L’UCAD n’a pas réouvert ses portes et le campus est désespérément vide. D’ordinaire, ce sont quelque 93 000 élèves qui y étudient et entre 30 000 et 40 000 qui y vivent. Officiellement, le campus est en travaux à la suite des saccages de juin. Plus vraisemblablement, le gouvernement sur la défensive cherche à éviter des révoltes estudiantines alors que le campus jouxte une des grandes artères de Dakar, à quelques encablures du Palais présidentiel. En janvier 2012, la mort de l’étudiant Mamadou Diop, place de l’Obélisque, lors d’une manifestation de Y en a marre et du Mouvement du 23 juin avait scellé le départ d’Abdoulaye Wade et l’arrivée au pouvoir d’un certain… Macky Sall.
Est-ce que malgré ce calme apparent, les germes de la colère se sont taris ? On peut en douter. Les membres du PASTEF ne se seraient-ils pas réorganisés de manière souterraine ? Il y a tout lieu de le penser. Certains universitaires confient à demi-mot qu’un canal de discussion a été initié sur Telegram. Et après tout, comment éteindre la ferveur suscitée par Sonko, son désir de rupture d’avec la France et d’avec un régime à bout de souffle ? Nombre de jeunes ne masquent pas leur engouement pour l’homme, quand d’autres arborent des bracelets aux couleurs du Sénégal, frappés du nom de Sonko et de 5 étoiles signifiant : « Sonko 5e président du Sénégal ». Cette perspective s’éloigne tandis que d’autres, comme Bassirou Diomaye Faye ou Cheikh Tidiane Dièye, portent haut les couleurs du PASTEF et se présentent à la candidature suprême.
À ce stade, le climat préélectoral est assez peu lisible. Les plus âgés, rompus aux soubresauts de la vie politique sénégalaise, affirment que le processus démocratique va suivre son cours quand d’autres, inquiets, à l’heure des réseaux sociaux, n’excluent aucun scénario – coup d’État compris – d’autant qu’une inconnue demeure : la réaction des jeunes alors que 76% de la population a moins de 35 ans.
Quel est le bilan de Macky Sall ?
Sur le plan économique, Macky Sall a un bilan plutôt positif. Longtemps le pays a affiché un taux de croissance d’environ 6%. Ce chiffre pourrait doubler d’ici l’année prochaine avec l’exploitation des gisements offshore de pétrole et de gaz. Sous sa mandature, le pays a radicalement changé de physionomie. Il a été doté de nouvelles infrastructures : aéroport international Blaise Diagne, autoroutes (payantes), un TER reliant la ville de Dakar à Diamniadio, construction de stades. Il y a une nette progression de l’électrification des villages en zone rurale. Macky Sall n’est pas comptable des deux chocs exogènes de ces trois dernières années que sont la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, mais l’inflation estimée à 9,6 % en 2022 par la Banque mondiale, grève les budgets des ménages et creuse drastiquement les inégalités. Malgré la mise en place, dès avril 2021, d’un plan d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes (le plan Xëyu Ndawñi), l’investissement de plusieurs milliards de francs CFA, 450 milliards de FCFA, (soit plus de 686 millions d’euros), les jeunes sont désabusés. « On entend parler de milliards, lâchent certains d’entre eux, mais ils sont où ? Nous on ne les voit pas ». Face à l’absence d’emploi – 200 000 jeunes entrent sur le marché du travail chaque année – l’absence de perspectives, la déshérence, ils sont nombreux à vouloir quitter le pays. Certains partent pour le Nicaragua – pays qui ne requiert pas de visa à l’entrée sur son territoire – et qui permet d’espérer de rejoindre, plus tard, les États-Unis ou le Canada. D’autres embarquent sur des pirogues en direction des îles Canaries d’où ils espèrent rejoindre les rivages européens. Leur mantra ? « Barça wala Barsakh » (en wolof), « Barcelone ou la mort ». Quinze ans en arrière, ceux qui envisageaient de quitter le pays sur des embarcations de fortune étaient montrés du doigt, considérés comme fous. Depuis septembre 2023, ce sont des dizaines de milliers de personnes sénégalaises et marocaines qui ont fait ce choix mortifère[2]. Il faut imaginer que leur désespoir est grand. Bien sûr, ils ont conscience du danger. Tous ont des frères, des sœurs, des amis qui ont tenté la traversée, en vain. Ils savent que nombre ne reviendront jamais parce qu’il n’y a pas eu ce coup de fil depuis l’Europe ou d’un camp de rétention, témoignant de leur survie. Même s’ils ne le disent pas, l’Atlantique cette porte possible du non-retour – qui résonne tristement avec l’histoire – ne les décourage pas. L’espoir est ailleurs pour ces hommes et ces femmes au profil très varié.
Des mamans mendient aux feux tricolores, leur enfant dans les bras. La ville est en chantier. À chaque quartier, une construction nouvelle. Des immeubles ultras modernes sortent de terre. Un panneau publicitaire pour un opérateur téléphonique, place de l’Indépendance, vante l’obtention de garanties, d’assurance dans un pays où ces mots n’ont pas de sens pour la plupart des gens. Ces contrastes saisissants : croissance sans développement sur fond de virage autoritariste résument suffisamment le bilan de Macky Sall et le sentiment d’un immense gâchis.
Quid de possibles élections démocratiques ?
Le scrutin aura lieu. De ce vote le nom du futur président de la République du Sénégal sera connu. Amadou Ba, dauphin désigné de Macky Sall, parviendra-t-il à la magistrature suprême ? Le jeu est ouvert même si tout aura été fait pour écarter Ousmane Sonko, Khalifa Sall et d’autres. Le tribunal de Ziguinchor avait annulé la radiation de Sonko des listes électorales, la décision a été cassée par la Cour suprême. Les membres de la CENA (Commission électorale nationale autonome) ont été remplacés. Quelques retraités connus pour leur proximité avec le parti de Macky Sall ont repris du service. Un tour de passe-passe, qui achève d’écœurer les populations et d’élimer leur confiance dans le politique. Par-delà les verrous administratifs et juridiques, des observateurs de la vie politique sénégalaise soulignent que l’opposition se répand dans les médias et les réseaux sociaux en lieu et place de faire campagne, soit battre campagne. Le régime se serait déjà organisé et distribuerait selon billets de banque, casquettes, pagnes à l’effigie de leur candidat. Des goodies susceptibles d’acheter le vote ? Cela reste à voir. Avec Ousmane Sonko, le rapport à l’argent a changé. Lors de sa « caravane de la liberté », le conduisant de Ziguinchor à Dakar en mai dernier, ce sont les populations qui lui ont donné de l’argent, en soutien. Pour l’heure, l’incertitude règne. Il est difficile de savoir quel nom sortira des urnes, bien que le dauphin du président aura bénéficié de nombreux avantages sur ses adversaires. Quoiqu’il en soit, après deux années de heurts, d’affrontements, de peur aussi, il faudra beaucoup de volontarisme au nouveau président pour retisser les liens de la concorde entre les citoyens sénégalais.
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[1] Alioune Ndiaye, « Sénégal : le gouvernement dissout le parti Pastef de l’opposant Ousmane Sonko », Agence Anadolu, 31 juillet 2023.
[2] Patrice Férus, « Sans horizon au Sénégal, les candidats à l’émigration clandestine prennent tous des risques », TV5 Monde, 16 novembre 2023
06.12.2023 à 18:57
Guerre russo-ukrainienne : quels rapports de force à l’aune de l’élection présidentielle russe ?
Coline Laroche
La guerre en Ukraine est entrée dans une nouvelle phase avec l’échec de la contre-offensive ukrainienne lancée en juin 2022 ou encore le blocage des aides américaines accordées à l’Ukraine. Quelle est la situation actuelle sur le terrain et quel est l’état des rapports de force ? Où en est-on des perspectives de résolution diplomatique du conflit ? Quel impact l’élection présidentielle russe de mars 2024 pourrait-elle avoir sur la guerre russo-ukrainienne ? Le point avec Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de la Russie.
Après l’échec de la contre-offensive ukrainienne lancée en juin 2023, dont l’objectif était de couper les fronts sud et est en deux, quelle est la situation actuelle sur le terrain ? La décision prise le 1er décembre par Vladimir Poutine d’augmenter de 15 % l’effectif des forces armées russes pourrait-elle intensifier les rapports de force ?
Après l’échec de la contre-offensive ukrainienne, on s’est rendu compte que la Russie montait significativement en puissance sur le plan militaire. En effet, la production de chars russes est de plus de 1 000 par an, l’effectif des forces armées a été augmenté de 15% et Moscou a signé un accord avec la Corée du Nord pour recevoir 10 millions d’obus. Parallèlement, des hésitations sont apparues du côté de Kiev pour plusieurs raisons. D’une part, l’aide ukrainienne est bloquée par le Congrès américain en raison d’enjeux de politique intérieure. Cette aide, même si elle reprendra, sera beaucoup plus conditionnelle. D’autre part, l’Union européenne a déclaré qu’elle ne pourrait pas fournir tous les obus demandés par l’Ukraine. La déclaration « Nous sommes dans l’impasse » de Valeri Zaloujny, le chef d’état-major ukrainien, dans son entretien pour The Economist a mis en exergue ces hésitations côté ukrainien. Sur le terrain, si la poussée russe générale est notable, il s’agit davantage d’une pression qui monte graduellement que de grandes offensives, à l’exception de celle du village d’Avdiivka. Ce village étant un saillant ukrainien qui contrôle la région de Donetsk et où là, la pression russe est maximale. Les Ukrainiens sont donc à présent sur la défensive.
Alors que le conflit Hamas-Israël a éclipsé la question du conflit russo-ukrainien sur la scène internationale et que le soutien américain tend à s’essouffler, où en est-on des perspectives de résolution diplomatique du conflit ?
Il faut différencier ce qui serait rationnel et la réalité des choses. Ce qui serait rationnel actuellement pour Kiev serait de négocier. L’Ukraine est encore en position de force en raison des victoires gagnées en 2022 et du fait que l’échec de la contre-offensive n’a pas marqué d’avancée significative des Russes. De plus, les Ukrainiens résistent sur Avdiivka, sur Koupiansk et ont même occupé une petite partie de la rive gauche du Dniepr près Kherson. La logique pour Kiev serait donc de négocier compte tenu de l’insuffisance de l’aide militaire de l’Union européenne, du blocage actuel de l’aide américaine à l’Ukraine et de sa diminution prévisible, des incertitudes électorales américaines – Donald Trump ayant déclaré qu’il réglerait le conflit en 24 heures, ce qui signifie faire pression sur les Ukrainiens. Kiev pourrait essayer de renégocier sur des bases qui ont été plus ou moins tracées au moment de la conférence d’Istanbul le 30 mars 2022. Celles-ci posaient néanmoins un problème pour Kiev puisqu’elles prévoyaient la neutralité de l’Ukraine contre la restitution ou, en tout cas, un statut spécial pour les territoires occupés par les Russes et notamment la Crimée et le Donbass.
Du côté de Moscou, on doit se rendre compte du fait que l’Occident, y compris en cas de victoire de Donald Trump, ne renoncera pas à aider l’Ukraine même si la pression pour inciter Kiev à la négociation sera plus forte. Quant aux sanctions contre la Russie, si elles n’ont eu aucun effet sur le pays, au moins à court terme, et pénalisent plutôt l’économie de l’Union européenne, leur effet à long terme risque d’être très nuisible pour l’économie russe. Cela plaide pour une négociation afin de conserver les acquis. Quant aux États-Unis, ils sortent gagnants de ce conflit en raison d’une croissance économique significative avec notamment la vente de gaz de schiste à l’Europe, mais aussi de leur réussite à ancrer définitivement l’Ukraine à I’Ouest et à garder l’Europe sous leur influence. Cela serait donc le moment propice pour négocier et conserver ces avantages. En revanche, la situation pourrait s’aggraver en cas de succès d’une offensive russe, et alourdir les conditions d’une négociation. Du côté de Kiev, des principes et des règles ont été fixés et les Ukrainiens veulent récupérer tous leurs territoires malgré les incertitudes émanant de leur situation politique (rivalité entre Valeri Zaloujny et Volodymyr Zelensky) et économique (diminution de l’aide internationale et baisse du PIB). Il y a en effet un enjeu national et psychologique fort pour l’Ukraine qui n’est autre que la survie de leur nouvelle nation. Les Russes quant à eux souhaitent affirmer leur puissance et conserver, voire augmenter significativement leurs gains territoriaux au risque d’un long épuisement, malgré leur bonne résistance actuelle aux sanctions.
Les éléments rationnels qui plaident en faveur d’une négociation ne sont cependant pas actuellement décisifs. Mais le sort des armes en cas de succès d’une offensive ukrainienne ou russe, ou les aléas de la politique ukrainienne pourraient changer la situation. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est maintenant fortement contesté, notamment par Valeri Zaloujny, qui a publiquement déclaré que la contre-offensive ukrainienne était dans l’impasse, lui-même soutenu par le maire de Kiev, Wladimir Klitschko, une personnalité influente en Ukraine. Il pourrait donc y avoir des changements politiques à Kiev, ou du moins un changement d’équilibre, qui rende la négociation envisageable alors que Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il ne négocierait jamais avec Vladimir Poutine. Mais de toute façon, ni les Ukrainiens ni les Occidentaux ne sont prêts à accepter une défaite de l’Ukraine.
Quelle est la situation politique et sociale intérieure en Russie, alors que le pays prépare ses élections présidentielles en mars 2024 ? Bien que Vladimir Poutine n’ait pas encore annoncé officiellement sa candidature, quel impact la préparation de ce scrutin pourrait-elle avoir sur la guerre russo-ukrainienne ?
En Russie, une base de 75% de l’électorat est légitimiste et soutient donc la guerre parce que le gouvernement l’a décidée. Elle est pro-Poutine par soutien au gouvernement en place. S’il y a des nuances importantes, tous les sondages – quelles que soient leurs imperfections en raison de la difficulté d’établir des sondages en Russie, même si Levada et VTsIOM sont des instituts sérieux – démontrent que dans l’ensemble trois quarts de l’électorat voteront pour Vladimir Poutine même si la situation peut évoluer d’ici les élections présidentielles de mars 2024. Le président russe a d’ailleurs pris toutes les mesures favorables à sa réélection puisqu’il y a peu de candidats significatifs qui sont autorisés à se présenter, pour ne pas dire aucun. Ainsi, la guerre en Ukraine ne sera paradoxalement pas un élément majeur de la campagne électorale russe, sauf en cas d’émergence d’un groupe activiste par exemple, les mères de soldats tués si tant est qu’on les laisse faire. Le conflit est accepté comme un état de choses et la population rurale ou pauvre, qui est largement mise à contribution pour le recrutement des soldats, y trouve son compte pour des raisons financières puisque le gouvernement central donne beaucoup d’argent aux mobilisés, aux veuves de guerre, aux contractuels, etc. Par conséquent comme il n’y aura aucun candidat sérieux contre Vladimir Poutine, que la situation économique reste assez bonne (taux de croissance de 3 % en 2023) et que les Russes s’accommodent de la guerre parce que la bourgeoisie des villes n’est pas touchée par la mobilisation, Vladimir Poutine sera probablement réélu sans trop de problèmes et sans que la question de la guerre soit au centre de la campagne.
06.12.2023 à 18:28
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06.12.2023 à 11:25
Le Très Grand Jeu : Pékin face à l’Asie centrale
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À l’occasion de la parution de son ouvrage, « Le Très Grand Jeu : Pékin face à l’Asie centrale », Emmanuel Lincot, professeur à l’institut catholique de Paris, sinologue, chercheur associé à l’IRIS, revient sur les enjeux géopolitiques régionaux et internationaux en Asie centrale.
06.12.2023 à 10:38
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