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10.10.2025 à 16:41

Les droits de l’homme aux États-Unis : et si Washington faisait l’objet de son propre rapport ?

Déborah Yapi

Chaque année, le département d’État américain publie un rapport complet sur la situation des droits de l’homme dans le monde. Ce document, intitulé Country Reports on Human Rights Practices, se concentre principalement sur l’action des gouvernements, mais aborde également un large éventail de facteurs sociétaux et politiques. Mandaté par le Congrès, il jouit depuis longtemps d’une réputation de référence fiable et exhaustive. Il couvre tous les pays du monde. Tous, sauf un : les États-Unis. Au cours de mes trente années de carrière diplomatique, j’ai souvent été chargé de rédiger ou de relire des chapitres de ce rapport. En Côte d’Ivoire ou au Pakistan, j’en ai moi-même assuré la rédaction. À d’autres moments, notamment lorsque je dirigeais une région au sein du Bureau des droits de l’homme du département d’État, je relisais et peaufinais plusieurs rapports nationaux. Le travail de collecte des informations était intensif et s’étalait sur l’année entière. Les données provenaient d’ONG, de représentants de la société civile, de partis politiques, de syndicats, de journalistes, ainsi que des autorités elles-mêmes. L’édition du texte nécessitait une vérification méticuleuse : il fallait corroborer et confirmer chaque constat. La publication du rapport constituait souvent un moment délicat pour nos ambassades : nos analyses ne mâchaient pas leurs mots, et les gouvernements visés prenaient rarement ces critiques documentées avec sérénité. Récemment, je me suis livré à un petit exercice de pensée. En cette période particulièrement tendue de l’histoire politique américaine, je me suis demandé : que donnerait un rapport sur les droits de l’homme si les États-Unis faisaient l’objet de leur propre chapitre ? Pour être honnête, mon intention n’était pas de noircir le tableau, mais plutôt de me rassurer. J’imaginais que, selon des critères objectifs et standardisés, la situation des droits de l’homme aux États-Unis paraîtrait sans doute moins préoccupante que […]

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Texte intégral (1407 mots)

Au cours de mes trente années de carrière diplomatique, j’ai souvent été chargé de rédiger ou de relire des chapitres de ce rapport. En Côte d’Ivoire ou au Pakistan, j’en ai moi-même assuré la rédaction. À d’autres moments, notamment lorsque je dirigeais une région au sein du Bureau des droits de l’homme du département d’État, je relisais et peaufinais plusieurs rapports nationaux. Le travail de collecte des informations était intensif et s’étalait sur l’année entière. Les données provenaient d’ONG, de représentants de la société civile, de partis politiques, de syndicats, de journalistes, ainsi que des autorités elles-mêmes. L’édition du texte nécessitait une vérification méticuleuse : il fallait corroborer et confirmer chaque constat. La publication du rapport constituait souvent un moment délicat pour nos ambassades : nos analyses ne mâchaient pas leurs mots, et les gouvernements visés prenaient rarement ces critiques documentées avec sérénité.

Récemment, je me suis livré à un petit exercice de pensée. En cette période particulièrement tendue de l’histoire politique américaine, je me suis demandé : que donnerait un rapport sur les droits de l’homme si les États-Unis faisaient l’objet de leur propre chapitre ? Pour être honnête, mon intention n’était pas de noircir le tableau, mais plutôt de me rassurer. J’imaginais que, selon des critères objectifs et standardisés, la situation des droits de l’homme aux États-Unis paraîtrait sans doute moins préoccupante que ne le suggère l’extrême polarisation médiatique actuelle. « Après tout, le gouvernement américain ne fait pas disparaître ses citoyens en pleine nuit », me disais-je.

Hélas, le brouillon mental de ce rapport hypothétique s’est avéré décevant. La nouvelle administration Trump a publié son premier rapport sur les droits de l’homme avec retard, en août 2025, et a supprimé plusieurs catégories pourtant traditionnelles. Sans surprise, le département d’État de Trump ne considère plus les violences liées à l’orientation sexuelle comme une question relevant des droits fondamentaux. Même en m’en tenant à ces nouvelles rubriques “simplifiées”, aucune ne donnait de résultats satisfaisants. Et si l’on applique les critères classiques, comme je le fais ci-dessous, le bilan est encore plus préoccupant.

1. Le respect de l’intégrité de la personne

Ce chapitre comprend les homicides illégaux, la torture, les détentions arbitraires, le déni de procès équitable, les prisonniers politiques, etc. Notre système judiciaire et notre attachement à l’État de droit n’ont jamais été parfaits, mais je pensais que c’était un domaine où les États-Unis se distingueraient positivement. Pourtant, à la lumière des événements récents, j’ai constaté plusieurs sujets d’inquiétude que je n’aurais pas hésité à dénoncer si j’avais rédigé un rapport sur les premiers mois de l’administration actuelle.  Exécutions extrajudiciaires ? Les opérations militaires américaines visant des “narco-terroristes” au large du Venezuela, sans autorisation du Congrès ni respect du moindre principe de procédure, pourraient aisément entrer dans cette catégorie.  Détentions illégales ? Les arrestations par le service de l’immigration (ICE) de citoyens américains ou de résidents réguliers, souvent sur la seule apparence ou la langue parlée, mériteraient d’être mentionnées.  Déni de procès équitable ? Les enquêtes engagées contre des opposants politiques du président, notamment la mise en accusation infondée de l’ancien directeur du FBI James Comey, s’inscriraient à juste titre dans cette rubrique.

2. Le respect des libertés publiques

Ce volet englobe la liberté d’expression, de réunion pacifique et de religion. Là encore, les derniers mois ont été marqués par de sérieuses entorses. L’administration Trump tolère difficilement les discours contraires à l’idéologie MAGA, que ce soit dans les universités ou sur les plateaux télévisés. Les menaces de la ministre de la Justice, Pam Bondi, promettant de “poursuivre” ceux qui se livreraient à des “discours de haine” après l’assassinat de Charlie Kirk en sont une illustration.[1]  S’agissant de la liberté de réunion, le président a qualifié les manifestants de Los Angeles, opposés à sa politique migratoire, “d’animaux” et “d’ennemis étrangers”, avant de déployer la Garde nationale de Californie et les Marines pour rétablir l’ordre. Si quelques dégradations ont eu lieu, ce recours à la force militaire face à une contestation civile rompt avec les usages démocratiques.  Quant à la liberté de religion, la politique du gouvernement a clairement favorisé l’expression publique du christianisme. Trump évoque souvent les États-Unis comme une “nation chrétienne” et son administration a autorisé l’affichage de symboles religieux sur les propriétés fédérales.

3. La participation au processus politique

Cette section porte sur le fonctionnement démocratique et les élections. Les États-Unis continuent, bien sûr, d’organiser des scrutins compétitifs à tous les niveaux, et demeurent une démocratie. Mais là encore, les normes et les conventions se fragilisent. Le président a cherché avec vigueur à contester les résultats légitimes de l’élection de 2020, et des manifestants violents ont pris d’assaut le Capitole au moment du décompte des votes du Collège électoral. Depuis sa réélection, Trump a publiquement évoqué un troisième mandat — pourtant anticonstitutionnel.
Ces derniers mois, les deux grands partis ont redessiné des circonscriptions électorales de manière à maximiser leurs avantages lors des élections de mi-mandat, parfois au mépris de la volonté de la majorité. La théorie de “l’exécutif unifié”, défendue par l’administration Trump, selon laquelle le président exerce un contrôle absolu sur l’exécutif, a réduit l’autorité du Congrès en affaiblissant son pouvoir de contrôle et son droit budgétaire. Le Congrès, pourtant pluripartite, voit ainsi sa capacité de contre-poids au pouvoir présidentiel sérieusement amoindrie.

La liste pourrait s’allonger, mais l’idée est claire. Le résumé exécutif de ce rapport imaginaire sur les droits de l’homme aux États-Unis se lirait ainsi :


[1] Il n’existe aucune disposition prévoyant la répression du « discours de haine » dans le droit américain. Le premier amendement protège l’ensemble du discours public.


Retrouvez régulièrement les éditos de Jeff Hawkins, ancien diplomate américain, chercheur associé à l’IRIS, pour ses Carnets d’un vétéran du State Department.

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10.10.2025 à 15:57

Élection au Cameroun : après 43 ans de présidence de Paul Biya, est-il encore possible d’espérer ?

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Dans quel état d’esprit les artistes et intellectuels camerounais engagés, abordent la présidentielle du 12 octobre ? Peuvent-ils jouer un rôle dans le débat démocratique et l’accompagnement des transformations politiques ? Comment percevoir les attentes et les désillusions de la jeunesse face à cette élection et comment l’art de Jean-Pierre Bekolo s’en fait-il l’écho ? Face à cette dissolution du réel, que peut encore le cinéma ? Entretien avec Jean-Pierre Bekolo, auteur-réalisateur et cinéaste camerounais, réalisé par Caroline Roussy, directrice de recherche à l’IRIS.

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Dans quel état d’esprit les artistes et intellectuels camerounais engagés, abordent la présidentielle du 12 octobre ? Peuvent-ils jouer un rôle dans le débat démocratique et l’accompagnement des transformations politiques ? Comment percevoir les attentes et les désillusions de la jeunesse face à cette élection et comment l’art de Jean-Pierre Bekolo s’en fait-il l’écho ? Face à cette dissolution du réel, que peut encore le cinéma ?

Entretien avec Jean-Pierre Bekolo, auteur-réalisateur et cinéaste camerounais, réalisé par Caroline Roussy, directrice de recherche à l’IRIS.

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09.10.2025 à 15:41

La Polynésie française dans le tohu-bohu du monde

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Les collectivités françaises du Pacifique ne dérogent pas à un climat délétère qui touche l’ensemble de l’Outre-Mer français : crises internes, relations difficiles avec le gouvernement central et positionnement délicat dans les enjeux géopolitiques et géostratégiques (qu’ils soient vus de Paris où de chacune des « capitales » ultramarines). Pratiquement aux antipodes de la France continentale, l’Océanie n’est plus « le continent oublié » de Jean-Marie Le Clézio. Elle est même de plus en plus convoitée.

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Les collectivités françaises du Pacifique ne dérogent pas à un climat délétère qui touche l’ensemble de l’Outre-Mer français : crises internes, relations difficiles avec le gouvernement central et positionnement délicat dans les enjeux géopolitiques et géostratégiques (qu’ils soient vus de Paris où de chacune des « capitales » ultramarines). Pratiquement aux antipodes de la France continentale, l’Océanie n’est plus « le continent oublié » de Jean-Marie Le Clézio. Elle est même de plus en plus convoitée.

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