27.11.2025 à 20:46
(Berlin) – Le 26 novembre, la campagne People First a exhorté les principaux dirigeants impliqués dans le projet de plan de paix pour l'Ukraine à veiller à ce que tout plan de paix concernant la guerre menée par la Russie contre ce pays place la dimension humaine au cœur de ses préoccupations, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Les responsables de cette campagne ont adressé une lettre ouverte à plusieurs dirigeants, dont le président américain Donald Trump, les chefs d'État des pays membres de l'Union européenne, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président turc Recep Tayyip Erdoğan.
« La priorité doit être donnée aux personnes détenues », a déclaré Benjamin Ward, directeur par intérim de la division Europe et l'Asie centrale à Human Rights Watch. « La libération des personnes détenues en raison du conflit doit être au cœur de tout effort de paix. »
La campagne People First (« Les personnes d’abord »), qui vise à obtenir la libération des prisonniers de guerre, a été lancée en janvier. Elle regroupe actuellement 73 organisations ukrainiennes, russes et internationales de défense des droits humains, dont Human Rights Watch.
Dans sa lettre, la campagne People First a souligné la nécessité de libérer les civils ukrainiens détenus par la Russie, les prisonniers de guerre des deux camps, les prisonniers politiques russes poursuivis pour leurs opinions ou leurs actions anti-guerre, ainsi que les enfants ukrainiens déportés ou transférés de force par les autorités russes.
La coalition s'est dite préoccupée par le fait que les civils ukrainiens et les prisonniers de guerre détenus par la Russie restent exposés au grave risque de tortures brutales et systématiques, et d'autres types de mauvais traitements.
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27.11.2025 à 06:00
(Beyrouth, 27 novembre 2025) – Les autorités houthies au Yémen ont arrêté des dizaines d'opposants politiques, y compris des dirigeants de plusieurs partis politiques, depuis juillet 2025 ; certains cas pourraient constituer des disparitions forcées, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Au moins 70 personnes liées à la Congrégation yéménite pour la réforme, connue sous le nom de parti Islah, ont été arrêtées en moins de 24 heures dans le gouvernorat de Dhamar, le 28 octobre.
Ces dernières arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une campagne plus large menée depuis un an et demi, qui vise les membres de la société civile, le personnel des Nations Unies, des employés d’organisations non gouvernementales, des personnalités du monde des d'affaires et même des personnes parmi les autorités houthies. Au moins 59 membres du personnel des Nations Unies sont toujours détenus sans pouvoir consulter d'avocat et avec un accès limité, voire inexistant, à leur famille. Parallèlement, les Houthis multiplient les accusations douteuses d'espionnage contre les personnes qu'ils ont arrêtées, notamment dans le cadre d'un récent procès inéquitable contre 21 personnes, dont 17 ont été condamnées à mort. Beaucoup d'entre elles ont été accusées d'espionnage sans avoir eu accès à une procédure régulière.
« Plutôt que de répondre aux besoins urgents des Yéménites dans les territoires qu’ils contrôlent, les Houthis semblent avoir le réflexe de détenir toute personne qu'ils considèrent comme une menace pour leur mouvement », a déclaré Niku Jafarnia, chercheuse sur le Yémen et Bahreïn à Human Rights Watch. « Ils devraient immédiatement libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, protéger plutôt les droits des personnes vivant dans les zones sous leur contrôle, et répondre à leurs besoins. »
Human Rights Watch a mené des entretiens avec 13 personnes, dont des proches des détenus, des journalistes et des membres de la société civile qui ont suivi ces affaires. Les chercheurs ont également examiné des documents liés aux détentions, notamment des déclarations de partis politiques, des actes d'accusation officiels et des listes de détenus.
Les Houthis détiennent des personnes affiliées à des partis politiques d'opposition depuis leur prise de contrôle de Sanaa, la capitale du Yémen, en 2014. Cependant, ils ont intensifié ces arrestations au cours des derniers mois. Un porte-parole d'Islah, Adnan al-Odaini, a déclaré à Human Rights Watch que la campagne contre ce parti avait commencé après que les forces houthies eurent tenté d'arrêter le cheikh Saleh Hantos dans la province de Rayma, avant de le tuer le 1er juillet 2025. Les Houthis avaient accusé le cheikh Hantos, un érudit religieux âgé de plus de 70 ans et membre d'Islah, d'« adopter des positions alignées sur celles des États-Unis et d'Israël et de nuire aux activités populaires et officielles soutenant la résistance palestinienne ».
Le 3 août, les autorités houthies ont arrêté Rami Abdulwahab, un responsable du Parti socialiste arabe Baas. Le 20 août, les Houthis ont arrêté Ghazi al-Ahwal, secrétaire général du Congrès général du peuple, le parti politique affilié à l'ancien président Ali Abdullah Saleh. Le 25 septembre, ils ont arrêté Aaidh al-Sayadi, secrétaire adjoint du Parti socialiste yéménite dans le gouvernorat de Dhamar.
Les proches d'Abdulwahab et d'al-Sayadi ont déclaré que les deux hommes n'avaient pas été autorisés à recevoir la visite de leur famille ni à désigner des avocats pour les représenter.
Les arrestations du 28 octobre à Dhamar ont porté à plus de 200 le nombre total de membres du parti Islah détenus, a déclaré le parti dans un communiqué. La plupart des personnes récemment arrêtées n'étaient pas des responsables du parti, mais des fonctionnaires, des enseignants et des personnalités sociales, a déclaré Najeeb al-Sheghdari, secrétaire général de l'Organisation Musawah pour les droits humains et les libertés.
Le fils d'un des détenus du parti Islah a déclaré à Human Rights Watch que son père avait été enlevé dans sa voiture par des hommes armés et masqués à Dhamar en novembre. Le jeune homme, ainsi que les familles de six autres détenus, ont déclaré que les Houthis n'avaient pas présenté de mandats d'arrêt ni communiqué où ils emmenaient leurs proches. Les familles ne connaissent pas les charges retenues contre leurs proches ni leur lieu de détention et n'ont pas pu communiquer avec eux, ce qui équivaut à une disparition forcée.
Human Rights Watch a déjà documenté des cas où les Houthis ont arrêté et fait disparaître de force des dizaines de personnes en raison de leur affiliation politique, notamment en avril 2020, lorsqu'ils ont arrêté 25 membres du parti Islah à Dhamar.
En juin 2024, la Cour pénale spécialisée a condamné à mort 44 personnes détenues en 2020, dont 16 jugées par contumace, et 5 autres à des peines de prison, a rapporté le site Musawah. Aucune d'entre elles n'a eu accès à un avocat.
Un proche de l'une des personnes condamnées à mort a déclaré que la famille avait tenté de désigner Abdulmajeed Sabra, un éminent avocat de Sanaa, pour défendre son dossier, mais que le juge « a refusé de lui remettre une copie du dossier, ne lui a pas permis de s'exprimer et lui a demandé à plusieurs reprises de se taire ». Lorsque Sabra a voulu voulu exprimer une objection, a poursuivi le proche, « le juge lui avait ordonné de quitter la salle d'audience ». Le 25 septembre 2025, des hommes armés houthis ont effectué une descente dans le bureau de Sabra à Sanaa, et l'ont emmené de force vers un lieu secret.
Dans son rapport d’octobre 2025, le Groupe d'experts des Nations Unies sur le Yémen a observé ceci : « Le pouvoir judiciaire [sous les Houthis] a été instrumentalisé pour réprimer les voix dissidentes et la liberté d’expression. Le parquet spécialisé de Sanaa a inculpé des centaines de personnes pour trahison et espionnage. » Le rapport ajoute : « Souvent, les personnes sont détenues sans qu’aucun mandat d’arrêt ne leur soit présenté, sans qu’aucune inculpation officielle ne leur soit communiquée et sans que la possibilité d’avoir accès à un avocat et au dossier ne leur soit donnée. Nombre d’entre elles sont maintenues en détention pendant de longues périodes sans procès ni contrôle judiciaire. »
Human Rights Watch et d'autres organisations, dont l'ancien Groupe d'experts éminents des Nations Unies sur le Yémen, ont documenté le recours à la torture par les Houthis pour obtenir des informations ou des aveux.
Arrêter une personne sans mandat et sans chefs d'accusation clairs constitue une violation de l'article 132 du Code de procédure pénale yéménite. Interroger une personne accusée d'un crime sans la présence de son avocat constitue une violation de l'article 181. La loi prévoit également, en vertu de l'article 6, que « toute déclaration dont il est prouvé qu'elle a été faite par un accusé ou un témoin sous l'influence de tels actes [torture, traitements inhumains, dommages physiques ou psychologiques] est nulle et non avenue et ne peut être prise en considération ». La détention d'une personne sans fondement juridique ou, dans le cadre d'une procédure pénale, sans qu'elle soit rapidement mise en accusation, constitue une violation tant du droit yéménite que du droit international des droits humains.
« Les Houthis devraient libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement uniquement en raison de leurs affiliations politiques », a conclu Niku Jafarnia. « Ils devraient également libérer les autres personnes détenues arbitrairement, notamment celles qui sont détenues pour avoir commémoré la révolution du 26 septembre, les journalistes, les avocats et des dizaines d'employés des Nations Unies et de la société civile. »
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25.11.2025 à 14:52
En février 2026, cela fera 80 ans que les Nations Unies ont choisi leur tout premier Secrétaire général, un homme. Depuis lors, les huit autres personnes ayant occupé ce poste étaient tous des hommes. Il est grand temps qu'une femme occupe ces fonctions.
António Guterres, l'actuel Secrétaire général, terminera son mandat en décembre 2026. Les tractations pour désigner son successeur sont déjà bien engagées. Une campagne est également en cours, menée par 1 for 8 Billion, pour que le·la prochain·e Secrétaire général·e soit une femme. Plusieurs femmes se sont portées candidates.
Nous sommes au cours d’une crise mondiale des droits humains, en particulier pour les femmes. L'ONU a estimé en 2022 qu'au rythme actuel, il faudrait 300 ans pour parvenir à l'égalité des genres. Mais même cela semble désormais trop optimiste. En 2025, l'ONU signalait qu'un quart des pays connaissaient un recul des droits des femmes.
L'autoritarisme est en hausse et la misogynie est un outil couramment utilisé par les dirigeants autoritaires. Les conflits atteignent également des niveaux jamais vus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dix dernières années, le nombre de femmes et de filles vivant dans des zones de conflit a augmenté de 50 %, avec des conséquences dévastatrices, notamment l'exacerbation des inégalités entre les genres.
La pleine participation des femmes à toutes les prises de décision est un principe fondamental de l'ONU. Adoptée en 2000, la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité a établi que les femmes devaient participer pleinement, en toute sécurité, sur un pied d'égalité et de manière significative à toutes les discussions concernant l'avenir de leur pays, notamment lors des pourparlers de paix. En 2024, le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a publié des orientations sur la manière dont les pays peuvent parvenir à la parité entre les genres dans la prise de décision et sur les raisons pour lesquelles ils y sont tenus.
La participation des femmes est cruciale, car elles représentent la moitié de la population. Elle est également particulièrement nécessaire en cette période de conflits croissants ; des recherches montrent que lorsque les femmes sont pleinement impliquées, les processus de paix aboutissent plus souvent à des accords, et que ces accords ont plus de chances d'être mis en œuvre.
L'ONU a la responsabilité de garantir la participation des femmes et l'égalité des genres. Les objectifs de développement durable de l'ONU exhortent les pays à « mettre fin à toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des filles partout dans le monde » d'ici 2030.
Ces efforts devraient inclure le processus de sélection du/de la Secrétaire général·e des Nations Unies. Tous les États membres devraient présenter et soutenir des candidates avec une solide expérience dans le domaine des droits humains. Une fois constitué un groupe de candidat·e·s diversifié, les États membres devraient sélectionner le·la candidat·e le plus qualifié·e. En ces temps périlleux, nous ne pouvons-nous permettre d'avoir un club exclusivement masculin à la tête des Nations Unies.