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22.03.2023 à 21:30

France: Le Mouvement contre la Réforme des Retraites : Les débuts d’un soulèvement?

CrimethInc. Ex-Workers Collective

En France, une vague de contestation a éclaté en réponse à la nouvelle réforme des retraites portée par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
Texte intégral (6752 mots)

En France, une vague de contestation a éclaté en réponse à la nouvelle réforme des retraites portée par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Il s’agit d’ores et déjà de la plus grosse mobilisation dans le pays depuis les Gilets Jaunes. L’introduction qui suit tente de faire le point sur les origines, les formes présentes, et les perspectives futures du mouvement. Nous reproduisons ensuite une analyse parue sur lundimatin le 20 mars dernier.

Introduction

Les bâtards le savent bien, ce qu’ils ont craint dans la quasi insurrection de 2018, ce n’est pas tant un sujet social - quoiqu’en dise la plus mauvaise sociologie gauchiste - ni même un package de pratiques. Ce fut une ingouvernabilité, assez déterminée et assez diffuse. Une déferlante de détestation de l’univers néo-libéral.

-La Haine

Après deux mois de manifestations ritualisées et de grèves occasionnelles menées par l’intersyndicale (l’association des huit plus gros syndicats nationaux de France), le mouvement de lutte contre la réforme des retraites s’est durci suite à la décision d’Elizabeth Borne d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer la réforme. L’article 49 alinéa 3 (plus communément, “le 49.3”) permet au gouvernement de faire passer des lois sans qu’elles soient soumises au vote des éluEs - dans le cas de la réforme des retraites, au vote des députéEs. C’est la cinquième fois que le gouvernement de Borne y a recours depuis son début de mandat en mai 2022.

Au cours des deux premiers mois de lutte, beaucoup de personnes ont participé aux manifestations syndicales, sans que celles-ci ne parviennent véritablement à inquiéter le pouvoir. L’Assemblée Nationale restait divisée au sujet du projet de loi, sans qu’une majorité claire (pour ou contre) ne se dégage, ce qui expliquerait le recours de Borne au 49.3 pour faire avancer le projet de casse sociale du gouvernement. Elle doit encore être débattue et votée au Sénat - mais, pour le moment, la loi elle-même est réléguée à l’arrière-plan. Dès le lendemain (le vendredi 17 mars), les députéEs de l’opposition ont déposé plusieurs motions de censure qui auraient pu forcer la démission du gouvernement Borne. Aucune de ces motions de censure n’a abouti.

Jeudi soir, des milliers de manifestantEs se sont rassembléEs dans des lieux symboliques à Paris et ailleurs en France pour dénoncer l’usage du 49.3. D’abord tranquilles, les rassemblements se sont peu à peu animés au cours de la soirée en réponse aux tentatives des flics de faire évacuer. Ce soir-là, on a notamment pu voir brûler les premières effigies de Macron. Le bilan de la soirée fut lourd: de très nombreuses arrestations partout en France (dont presque 300 à Paris). La très grande majorité des personnes interpellées seront relâchées sans poursuites le lendemain.

Au cours du week-end, de très nombreuses manifestations sauvages et autres regroupements spontanés ont eu lieu dans les villes. Les départs de feu se sont multipliés un peu partout, facilités à Paris par l’accumulation des ordures dans les rues - une conséquence directe de la grève des éboueurs. Face à l’intensification de la répression policière, la dimension sauvage et spontanée des manifestations joue un rôle important sur le plan stratégique et et sur le plan légal. La majorité des manifestations qui ont normalement lieu en France sont déclarées - elles sont soumises à l’obtention d’un permis délivré par la Préfecture de police, qui autorise l’horaire et le trajet. Les manifs sauvages, donc non-déclarées, ne sont pas interdites. Cependant, les provisions légales ne sont pas totalement claires (en tout cas, elles le sont moins que pour les manifs déclarées), et l’appareil judiciaire dispose d’autres outils pour réprimer les manifestantEs (interprétation libre de la loi d’octobre 2010 sur l’interdiction de se dissimuler le visage, arrêtés préfectoraux ponctuels, etc). Concrètement, les flics font ce qu’ils veulent: les tribunaux ne se prononcent que rétroactivement sur la légalité des arrestations arbitraires, et la notion de “trouble à l’ordre public” est extrêmement floue.

Par ailleurs, les manifestations déclarées ont un trajet ou un point de rassemblement déterminé à l’avance et connu par la police tandis que les manifestations sauvages sont, par définition, imprévisibles - ce qui est d’une importance stratégique non-négligeable. Elles n’ont pas de point de fixation, ni d’objectif concret sinon celui de foutre le bordel et de harceler la police. Des groupes de taille variable (de 100 à 1000 personnes) se déplacent et parfois se rejoignent dans un même quartier. Le plus souvent, les cortèges construisent des barricades, repeignent les rues, et mettent le feu aux poubelles. Comme en 2020 aux Etats-Unis pendant le soulèvement en réponse à l’assassinat de George Floyd, la police a admis son incapacité à contenir plusieurs groupes qui agissent en même temps.

“Nous sommes capables de contenir une manifestation de 10,000 personnes, mais nous sommes débordés par dix manifestations de 1000 personnes dans la ville entière.”

-Flic de Los Angeles, été 2020

Sans surprise, plus ils sont fatigués, plus les flics tapent fort. Les manifestantEs sont très courageux.euses, mais les blesséEs sont de plus en plus nombreux.euses.

Les manifestations sauvages ont lieu la nuit, tandis que la grève s’intensifie et les blocages se multiplient tous les matins. La première journée de grève a eu lieu le 19 janvier, tandis que la grève reconductible a débuté le 7 mars pour les secteurs concernés. A l’échelle du pays, les secteurs les plus mobilisés sont l’énergie (raffineries, électricité, gaz), les transports (SNCF, contrôleurs aériens, RATP, agents portuaires et dockers), et le traitement des déchets (éboueurs et incinérateurs).

Les syndicats ont appelé à la grève nationale pour le jeudi 23 mars, soit une semaine après le 49.3. [MAJ: suite au succès de la mobilisation du 23 mars, l’intersyndicale a décidé d’appeler à une nouvelle journée de manifestations et de grève générale et nationale le mardi 28 mars] D’aucunEs diraient qu’il s’agissait d’une tentative d’apaisement de la rue, mais à l’heure actuelle, la journée de mobilisation nationale sera sans doute l’occasion d’une intensification de la confrontation avec le pouvoir. Nous nous attendons à ce que le pays soit bloqué, et que les syndicats se fassent déborder partout dans le pays. Les militantEs autonomes et/ou les centrales syndicales locales sont déjà sur le terrain - comme à Rennes ou à Fos-sur-Mer, par exemple.

A Paris, ce sont les éboueurs qui mènent la lutte et qui montrent l’exemple depuis les différents garages (privés et publics) et incinérateurs en proche banlieue. Iels sont en grève depuis le 7 mars. Malgré les attaques répétées de la police, les piquets de grève continuent de tenir. Iels ont besoin d’argent pour continuer, en particulier les salariéEs de Pizzorno qui risquent de voir leur grève cassée par des travailleurs.euses montéEs à Paris par leur employeur. Les éboueurs sont en quelque sorte devenuEs les stars du mouvement, car les ordures qui s’accumulent dans les rues de Paris fournissent le combustible idéal pour les feux nocturnes - une ressource qui ne s’amenuisera pas tant que les camions de collecte continueront de ne pas pouvoir circuler.

Dans l’ensemble, on retrouve sur les piquets de grève la faune des gauchistes habituelle ainsi que les travailleurs.euses, tandis que les manifestantEs du soir sont souvent plus jeunes et plus agitéEs. Ces deux forces ne sont pas antagonistes, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le paysage politique et médiatique français. L’ambiance est à la solidarité et il semble que les gens.tes soient heureux.ses de se rencontrer lorsqu’iels le peuvent. Les quelques tentatives de grosses assemblées générales (à la Bourse du Travail le 15 mars, par exemple) ont du mal à prendre, mais ni les syndicats ni les gauchistes plus âgéEs ne semblent condamner les émeutes du soir.

Depuis quelques mois, on a entendu pas mal de conversations militantes qui portaient sur l’impact négatif du COVID sur la transmission intergénérationnelle des histoires, techniques, et cultures des luttes anarchistes et autonomes en France. Une piste d’explication, peut-être, au succès des discours politiques bien centralisés et un peu chiants dans les universités? Le mouvement en cours révèle, quant à lui, l’émergence de nouveaux modes d’action décentralisés, rejoignables, et reproductibles partout ainsi que de nouvelles formes affinitaires - ce dont on ne peut que se réjouir. Après la semaine qui vient de s’écouler, il n’est plus possible de douter de la détermination et de la créativité de la jeune génération.

Lundi dernier, le 20 mars, les députéEs ont voté contre la motion de censure, ce qui n’a fait qu’attiser la colère de la rue. Tant que le gouvernement Macron/Borne est au pouvoir, paradoxalement, l’équilibre précaire entre nationalisme, révolution, et insurrection se maintient. Mais pour combien de temps?

Comme pendant les Gilets Jaunes en 2018, les manifestations sont aussi l’occasion de l’expression d’un sentiment nationaliste diffus. On n’a pas encore vraiment vu de drapeaux français flotter en tête de cortège ni sur les piquets de grève, mais il n’est pas exclu qu’ils finissent par faire leur apparition. La Révolution française continue d’être l’évènement de référence dans l’imaginaire politique de beaucoup de manifestantEs. Macron serait devenu un roi tyrannique responsable à lui-seul de la déliquescence de la démocratie français, dont on veut la tête (parfois sans doute littéralement). Nous dénonçons tout discours qui s’appuierait sur l’idéalisation de la France du passé et de ses institutions, qu’elle soit républicaine ou révolutionnaire. Marine Le Pen, Jordan Bardella, et le Rassemblement National sont déjà prêts à capitaliser sur toute dérive identitaire du mouvement.

Pour qu’il continue de vivre, le mouvement a besoin de se renouveler et de se diffuser. Jusqu’à présent, les personnes présentes sur les barricades et les blocages sont majoritairement blanches. Les personnes racisées et précaires sont déjà exclues du système des retraites dans sa forme actuelle, et sont structurellement exposées aux violences policières. Tant qu’elle n’aura rien à gagner du mouvement social en cours, la jeunesse des banlieues ne descendra pas dans la rue pour défendre des intérêts qui ne sont pas les siens - ce qui limite le potentiel insurrectionnel de la mobilisation. De même, alors que les Gilets Jaunes montaient sur Paris et dans les villes depuis les zones rurales, seules les villes ont brûlé ces derniers jours. [MAJ: les 25 et 26 mars, près de 30 000 personnes ont manifesté à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, contre l’accaparement de l’eau.]

Il reste à voir quelle sera l’influence du mouvement social français à l’international. La chronologie de la lutte en France est souvent bien différente de celle des luttes camarades à l’étranger. Les mouvements Occupy et ses équivalents internationaux se sont déroulés en 2011 aux Etats-Unis, en Espagne, en Grèce, en Grande-Bretagne et même en Allemagne. Nuit Debout n’a eu lieu que cinq ans plus tard, en 2016. Le mouvement des Gilets Jaunes s’est déroulé un an avant la majorité des révoltes globales, en 2019. Mais, alors que la lutte reprend en Grèce et ailleurs, il se pourrait que les évènements des dernières semaines en France inspirent de nouvelles formes de résistance dans le monde entier. Les tensions qui ont déclenché les révoltes de 2019 et le soulèvement pour George Floyd en 2020 ne sont pas résolues. Aux Etats-Unis comme en France, en Russie, ou en Iran, les gouvernements n’ont su que brutalement réprimer les révoltes. Petit à petit, la colère monte.

A court terme, l’enjeu est de consolider et augmenter les formes de pouvoir, de solidarité, et de résistance qui se multiplient aujourd’hui en France pour faire face à la répression des personnes exilées, sans-papiers, et mal logées prévue par Borne et Macron. En région parisienne, la lutte contre les Jeux Olympiques de 2024 est dans toutes les têtes. Il est urgent de défendre les rues et les espaces que nous habitons alors que se préparent des expulsions en masse, la destruction des parcs et espaces publiques, et le développement d’une infrastructure gigantesque, inhumaine, et superflue. En Seine-Saint-Denis, les Jeux Olympiques ne sont qu’un prétexte pour poursuivre le projet de purge et de contrôle des quartiers populaires. Les chantiers sont nombreux, le combat sera long.


LA MACRONIE, BIENTÔT FINIE ?

Le mouvement contre la réforme des retraites au seuil du soulèvement [Bilan d’étape]

L’annonce, jeudi 16 mars, de l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour imposer sa réforme des retraites a propulsé le mouvement de contestation dans une nouvelle dimension. Malgré une répression féroce, un drôle de mélange de colère et de joie se propage sur tout le territoire : manifestations sauvages, blocages surprises d’axes routiers, envahissement de centres commerciaux ou de voies ferrées, jets d’ordures sur les permanences de députés, feux de poubelles nocturnes, coupures ciblées d’électricité, etc. La situation est désormais ingérable et le président n’a plus d’autre corde à son arc que de promettre qu’il tiendra coûte que coûte et de sombrer dans une fuite en avant de violence. Les jours qui viennent seront donc décisifs : soit le mouvement se fatigue, mais tout indique le contraire, soit le quinquennat Macron s’effondre. Ce texte propose de faire un bilan d’étape et d’analyser les forces en présence ainsi que leurs stratégies et objectifs à court et moyen termes.

SEUL CONTRE TOUS

Si l’on considère les deux forces officiellement en présence, la situation a cela de particulier qu’aucune ne peut officiellement se permettre de perdre. D’un côté, nous avons le « mouvement social » dont on pense régulièrement qu’il a disparu mais qui revient toujours faute de mieux. Les plus optimistes voient en lui le prélude nécessaire à la construction d’un rapport de force qui peut mener jusqu’au soulèvement voire à la révolution. Les plus pessimistes considèrent au contraire qu’il est a priori compromis, que la canalisation et la ritualisation du mécontentement populaire participe de la bonne gestion de l’ordre des choses et donc de son maintien, de son renforcement.

Quoi qu’il en soit, sur le papier, ce « mouvement social » a tout pour gagner : les syndicats sont unis, les manifestations font nombre, l’opinion publique lui est largement favorable, et si le gouvernement est démocratiquement élu, il est massivement minoritaire. Les astres sont donc alignés, les feux sont au vert, dans des conditions aussi objectivement favorables, si le « mouvement social » perd, cela signifie qu’il ne pourra plus jamais imaginer ou prétendre gagner quoi que soit.

En face, il y a Emmanuel Macron, son gouvernement et quelques fanatiques qui croient en lui. Eux se savent minoritaires mais c’est de là qu’ils puisent leur force, Macron n’est pas un président qui s’est fait élire pour être aimé ou même apprécié, il incarne le terminus de la politique, son adhésion pure et parfaite à l’économie, à l’efficacité, à la performance. Il ne voit pas le peuple, la vie, les gens, seulement des atomes dont il faut extraire de la valeur. Macron est une sorte de droïde méchant qui veut le bien de ses gouvernés envers et contre eux. Son idée de la politique, c’est un tableau Excel : tant que les calculs sont bons et le résultat positif, il continuera d’avancer au pas de charge. A contrario, il sait que s’il hésite, tremble ou se dédit, il ne pourra plus prétendre gouverner quoi que ce soit ou qui que ce soit.

Un face à face n’est cependant pas une symétrie. Ce qui menace le « mouvement social » c’est la fatigue et la résignation. La seule chose qui pourrait faire renoncer le président c’est le risque tangible et proche d’un soulèvement. Ce que nous constatons depuis le 49.3 du jeudi 16 Mars, c’est que la donne est en train de changer. Toute négociation avec le pouvoir étant devenue caduque, le « mouvement social » est en train de se déborder et de se dépasser. Ses contours deviennent pré-insurrectionnels.

Reste une troisième force, officieuse, celle de l’inertie : celles et ceux qui pour l’instant refusent de rejoindre la bataille par inadvertance, flemme ou crainte. Présentement, elle joue pour le gouvernement mais plus la situation devra instable, plus elle devra prendre parti, pour le mouvement ou pour le pouvoir. Le tour de force des Gilets Jaunes fut de sortir la frustration et l’insatisfaction de derrière les écrans.

« LA MEILLEURE RETRAITE, C’EST L’ATTAQUE »

Mais que se cache-t-il réellement derrière cet affrontement et sa mise en scène ? Qu’est-ce qui serre les cœurs, donne du courage ou de la rage ? Ce qui se joue, c’est très certainement le rejet du travail. Évidemment, personne n’ose le formuler ainsi car dès qu’on parle de travail, un vieux piège se referme sur nous. Son mécanisme est pourtant rudimentaire et bien connu, derrière le concept même de travail, « on » a volontairement confondu deux réalités bien distinctes. D’un côté le travail comme participation singulière à la vie collective, à sa richesse et à sa créativité. De l’autre, le travail comme forme particulière de l’effort individuel dans l’organisation capitaliste de la vie, c’est-à-dire le travail comme peine et comme exploitation. Si l’on s’aventure à critiquer le travail, voire à souhaiter son abolition, ce sera le plus souvent compris comme un caprice petit-bourgeois ou un nihilisme de punk à chien. Si on veut manger du pain, il faut bien des boulangers, si l’on veut des boulangers il faut des boulangeries, si l’on veut des boulangeries il faut bien des maçons et pour la pâte qu’on met dans le four, il faut des paysans qui sèment, récoltent, etc. Personne évidemment, n’est en mesure de contester pareille évidence. Le problème, notre problème, c’est que si nous rejetons à ce point le travail, si nous sommes des millions dans la rue à battre le pavé pour qu’on ne nous inflige pas deux années supplémentaires, ce n’est pas parce qu’on est feignant ou qu’on rêve de s’inscrire dans un club de Bridge mais parce que la forme qu’a pris l’effort commun et collectif dans cette société est invivable, humiliant, souvent dénué de sens et mutilant. Si on y réfléchit bien, on ne s’est jamais battu pour la retraite, toujours contre le travail.

Reconnaître collectivement et massivement que nous vivons pour la grande majorité le travail comme une peine, voilà une réalité que le pouvoir ne peut pas laisser s’installer : en prendre acte impliquerait de bazarder tout l’édifice social sans lequel il n’est plus rien. Si notre condition commune est de n’avoir aucun pouvoir sur notre vie et de le savoir, paradoxalement, tout redevient possible. Notons que les révolutions n’ont pas nécessairement besoin de grandes théories et d’analyses complexes, il suffit parfois même d’une minuscule revendication que l’on tient jusqu’au bout. Il suffirait par exemple de refuser d’être humilié : par une cadence, par un salaire, par un manager ou une tâche. Il suffirait d’un mouvement collectif qui suspende l’angoisse de l’emploi du temps, de la to-do-list, de l’agenda. Il suffirait de revendiquer la dignité la plus minimale pour soi, les siens et les autres et c’est tout le système qui s’effondrerait. Le capitalisme n’a jamais été autre chose que l’organisation objective et économique de l’humiliation et de la peine.

CRITIQUE DE LA VIOLENCE

Cela posé, il faut bien reconnaître que dans l’immédiat l’organisation sociale que nous contestons ne tient pas seulement par le chantage à la survie qu’elle fait peser sur chacun. Il y a aussi et notablement, la police et sa violence. On ne reviendra pas ici sur le rôle social de la police et les raisons qui l’amènent à être aussi détestable, cela a déjà été parfaitement synthétisé dans ce texte : Pourquoi tous les flics sont des batards. Ce qui nous semble urgent, c’est de penser stratégiquement cette violence, ce qu’elle réprime et étouffe par la terreur et l’intimidation.

Ces derniers jours, il y a eu des chercheurs et des commentateurs pour dénoncer le manque de professionnalisme des policiers, leurs excès, leur arbitraire et parfois même leur violence. Même sur BFMTV on s’est étonné que sur les 292 interpellés du jeudi 15 place de la Concorde, 283 soient sortis de garde à vue sans poursuite et les 9 restants en écopant d’un simple rappel à la loi. Le problème de ce genre d’indignation, c’est qu’en voyant un dysfonctionnement du dispositif elles s’empêchent de voir ce qui ne peut qu’être une stratégie à l’oeuvre. Si des centaines de BRAV-M sillonnent à toute blinde les rues de Paris pour poursuivre et tabasser les regroupements de contestataires, si dès vendredi un arrêté préfectoral interdisait tout rassemblement dans une superficie d’environ un quart de la capitale, c’est parce que MM Macron, Darmanin et Nunez se sont accordés sur la méthode : vider les rues, choquer les corps, terrifier les cœurs… en attendant que ça passe.

Répétons-le, on ne gagne jamais « militairement » contre la police. C’est un obstacle qu’il s’agit de tenir en respect, d’esquiver, d’épuiser, de désorganiser ou de démoraliser. Destituer la police, ce n’est pas espérer naïvement qu’un jour elle baisse les armes et rejoigne le mouvement mais au contraire s’assurer que chacune de ses tentatives de restaurer l’ordre par la violence produise davantage de désordre. Rappelons que le premier samedi des Gilets Jaunes sur les Champs Elysées, la foule qui se sentait particulièrement légitime chantait « la police avec nous ». Quelques charges et gaz lacrymogènes plus tard, la plus belle avenue du monde se transformait en champs de bataille.

TIRER LES LEÇONS DE LA RÉPRESSION

Cela dit, nos capacités de décisions stratégiques pour la rue sont très limitées. Nous ne disposons d’aucun état major, seulement de notre bon sens, de notre nombre et d’une certaine disposition à l’improvisation. Dans la configuration actuelle des hostilités nous pouvons néanmoins tirer quelques leçons de ces dernières semaines :

  • La gestion policière des manifestations, c’est-à-dire leur maintien dans les limites de l’inoffensif, se partage entre les responsables syndicaux et les forces de police. Une manifestation qui se passe comme prévu est une victoire pour le gouvernement. Une manifestation qui déborde propage l’inquiétude au sommet du pouvoir, démoralise la police et nous rapproche d’une réduction du temps de travail. Une foule qui n’accepte plus le parcours encadré par la police, endommage les symboles de l’économie et exprime sa colère dans la joie, est un débordement, donc une menace.

  • Pour le moment et à l’exception du 7 mars, toutes les manifestations de masse ont été contenues par le dispositif policier. Les cortèges syndicaux restaient parfaitement ordonnés et les manifestants les plus déterminés se retrouvaient systématiquement isolés et sauvagement réprimés. Dans certaines circonstances, un peu d’audace libère les énergies nécessaires au débordement du dispositif, dans d’autres, cela peut autoriser la police à refermer violemment toute possibilité. Il arrive qu’en voulant casser une vitrine, on se casse d’abord le nez sur le rebord du dispositif.

  • De par leur rapidité de déplacement et d’intervention et du fait de leur extrême brutalité, les BRAV-M sont l’obstacle le plus redoutable. La confiance qu’ils ont acquise ces dernières années et plus particulièrement ces dernières semaines doit impérativement être sapée. Si l’on ne peut évacuer la possibilité que des petits groupes leur dament occasionnellement le pion et réduisent leur audace, l’option la plus efficace serait que la foule pacifique des syndiqués et manifestants ne tolère plus leur présence, s’interpose les mains en l’air à chacune de leurs percées, les invective et les repousse. Si leur apparition dans les manifestations provoque davantage de désordre qu’elle ne rétablit l’ordre, M. Nunez sera contraint de les exiler sur l’Ile de la Cité, de les cloitrer dans leur garage de la rue Chanoinesse.

  • Jeudi 15 mars, à la suite de l’annonce du 49.3, une manifestation syndicale déclarée et des appels plus éparpillés se sont rejoints de l’autre côté du pont de la Concorde en face de l’Assemblée Nationale. L’objectif premier du dispositif policier étant de protéger la représentation nationale, la foule a été repoussée vers le sud. A la faveur de cette manœuvre, les manifestants se sont retrouvés propulsés et propagés dans les rues touristiques de l’hyper centre. Les amas d’ordures laissés par la grève des éboueurs se sont alors spontanément transformés en brasiers ralentissant et empêchant les interventions policières. Spontanément, dans de nombreuses villes du pays, les poubelles en feu sont devenues la signature du mouvement.

  • Vendredi 16 mars, un nouvel appel à se rendre sur la place de la Concorde s’est avéré contenu. Si les manifestants étaient courageux et déterminés, ils se sont retrouvés pris dans une nasse et un étau, incapables de recouvrir la moindre mobilité. La préfecture n’a pas reproduit la même erreur que la veille. Samedi, un troisième appel à se rendre sur cette même place a convaincu les pouvoirs publics d’interdire tout rassemblement dans une zone allant des Champs Élysées au Louvre, des Grands Boulevards à la rue de Sèvres soit environ un quart de Paris. Des milliers de policiers stationnés dans la zone ont pu empêcher tout début de rassemblement en harcelant les passants. De l’autre côté de la ville, un rassemblement place d’Italie a pris de vitesse le déploiement policier en s’élançant en manifestation sauvage dans la direction inverse. Des groupes mobiles ont pu pendant plusieurs heures durant bloquer les rues, enflammer les poubelles et échapper temporairement à la BRAV-M.

  • Le B.a.-ba de la stratégie c’est que les tactiques ne doivent pas s’opposer mais composer. La préfecture de Paris a déjà présenté sa narration de bataille : les manifestations de masse responsables mais inoffensives d’un côté, les émeutes nocturnes menées par les franges radicales et illégitimes de l’autre. Qui était dans la rue cette dernière semaine sait à quel point cette caricature est un mensonge et combien il est important qu’elle le reste. Car c’est leur ultime arme : diviser la révolte entre bons et méchants, responsables et incontrôlables. La solidarité est leur pire cauchemar. Si le mouvement gagne en intensité, les cortèges syndicaux finiront par être attaqués et donc par se défendre. Les blocages surprises de périphériques par des groupes de la CGT montrent par ailleurs qu’une partie de la base est déjà résolue à déborder les rituels. Lorsque la police est intervenue à Fos-sur-Mer lundi afin de faire appliquer les réquisitions du préfet, les ouvriers syndiqués sont allés à l’affrontement. Plus les actions se multiplieront, plus l’étreinte de la police se desserrera. Gérald Darmanin évoque plus de 1200 manifestations sauvages ces derniers jours.

« LE POUVOIR EST LOGISTIQUE, BLOQUONS TOUT »

Par-delà sa propre violence, l’efficacité de la police réside aussi dans son pouvoir de diversion. En déterminant le lieu, les modalités et la temporalité de la confrontation, elle pompe l’énergie du mouvement. Si nous parions sur le désordre et la menace qu’il fait peser sur le pouvoir pour que M. Macron renonce à étendre la durée du travail, le blocage est crucial et vital. En effet, plus personne n’attendra indéfiniment la grève générale d’une classe ouvrière et d’un monde du travail émiettés par 30 années de néo-libéralisme, le geste politique le plus évident, spontané et efficace est désormais le blocage des flux économiques, l’interruption de l’écoulement normal des marchandises et des humains. Ce qui s’organise à Rennes depuis deux semaines peut servir d’exemple. Plutôt que de poser la confrontation avec la police comme objectif premier, les Rennais se sont dotés d’assemblées semi-publiques dans lesquelles se concoctent des actions de blocage. Ce lundi à l’aube, un appel « villes mortes » a vu des centaines de personnes réparties sur plusieurs points de la ville venir bloquer les grands axes et la rocade rennaise. Deux semaines plus tôt, 300 personnes incendiaient des poubelles en pleine nuit pour bloquer la rue de Lorient jusqu’au petit matin. L’enjeu n’est jamais de se confronter à la police mais de la prendre de cours, de devenir furtifs. Même du point de vue de ceux qui ne jurent que par le nombre et attendent toujours la grève générale, cette démultiplication des points de blocage et de désordre s’impose comme une évidence. Si depuis le déclenchement du 49.3 jeudi dernier, il n’y avait eu que l’appel à manifester le jeudi suivant, tout le monde se serait résolu à un baroud d’honneur et à la défaite. Les blocages et la bordelisation diffuse donnent le courage, la confiance et l’élan pour se projeter par-delà les échéances déterminées derrière les portes de l’intersyndicale.

OCCUPER POUR SE RENCONTRER ET S’ORGANISER

L’effondrement de la politique classique, de ses partis et de ses désillusions a ouvert un boulevard à des expériences autonomes novatrices. Le mouvement contre la loi travail, Nuit Debout, les Gilets Jaunes, les Soulèvements de la Terre et tant d’autres sont venus confirmer ces dernières années qu’il n’y avait non seulement plus rien à attendre de la représentation mais que plus personne n’en voulait.

Chacune de ces séquences mériterait une analyse poussée de ses forces comme de ses faiblesses mais nous nous en tiendrons ici à une évidence de base : destituer le pouvoir implique d’inventer de nouvelles formes et pour cela, dans l’atomisation de la métropole, il faut des lieux où se retrouver, penser et depuis lesquels se projeter. Pendant des décennies, l’occupation de bâtiments, de fac ou autres a fait partie des pratiques évidentes de tout mouvement. Un président d’Université qui acceptait l’intervention de la police sur son campus était immédiatement voué à la vindicte tant il allait de soi que la réappropriation collective et ouverte d’un espace était le revers minimal de la privatisation de tous les espaces et de la policiarisation de l’espace public.

Force est de constater qu’aujourd’hui, aucune occupation n’est tolérée. On peut, comme à Rennes, réquisitionner un cinéma abandonné pour le transformer en Maison du Peuple où se rencontrent syndicalistes, militants et habitants, la maire socialiste de la ville l’expulse sous 48H en envoyant des centaines de policiers. Quant aux universités, leurs autorités invoquent sans honte les risques de débordement et la possibilité du distanciel pour fermer administrativement ou envoyer là encore la police contre ses propres élèves. Ce que tout cela dit, c’est à quel point en face, on sait que des lieux où se retrouver et s’organiser sont précieux et permettent des montées en puissance. À Paris, une occupation de la Bourse du travail a été tentée après une assemblée endiablée et un banquet sauvage sous la verrière du mouvement ouvrier. Elle s’est pourtant étiolée dans la nuit, l’indécision et l’incompréhension syndicale et autonome. Il nous faut des lieux pour construire la complicité et la solidarité et il nous faut des complicité et des solidarités pour tenir des lieux. L’oeuf, la poule.

À Rennes, le mouvement a temporairement suspendu le problème, une fois évacuée, la Maison du Peuple s’est réunie en plein jour et a continué d’organiser les blocages autant que les rencontres. En attendant, on l’imagine, d’être suffisamment soudés et forts pour reprendre un lieu avec toit, eau courante et chauffage. À Paris, les limites de l’expérience de Nuit Debout semblent avoir condamné la possibilité de se réunir en extérieur. La caricature qu’il en reste voudrait que les discussions en air libre ne produisent que des monologues sans queue ni tête. On se souvient pourtant de l’apéro chez Valls et de la possibilité, y compris depuis nos solitudes métropolitaines autocentrées, de prendre une décision au pied levé et de foncer à plusieurs milliers chez le Premier ministre. Que le gouvernement s’acharne à ce point à nous laisser sans points de repères et de retrouvailles, dit à quel point il est urgent de nous en doter.

VERS L’INFINI ET L’AU-DELÀ

Nous l’avons dit, les contours du mouvement sont en train de devenir pré-insurrectionnels. Chaque jour, les blocages se multiplient et les actions s’intensifient. La journée de jeudi sera donc décisive. Du pur point de vue de la réforme, si les manifestations de jeudi débordent massivement, Macron sera acculé. Soit il prendra le risque d’un samedi noir partout dans le pays, c’est-à-dire la gilet-jaunisation qu’il craint par dessus tout, soit il reculera dès vendredi en invoquant le risque de débordements majeurs et incontrôlables.

Tout se joue donc maintenant, et au-delà. La gauche est en embuscade, prête à vendre un échappatoire électoral, une illusion référendaire, voire la construction de la 4e Internationale. Il s’agira en tous cas pour elle d’invoquer la patience et le retour à la normale. Pour que le mouvement perdure et esquive la récupération autant que la répression, il lui faudra se confronter au plus vite à la question centrale de tout soulèvement : comment déployer les moyens de son auto-organisation ? Certains se demandent déjà comment vivre le communisme et répandre l’anarchie.


Pour aller plus loin


08.03.2023 à 15:38

Jin, Jiyan, Azadi (Femme, Vie, Liberté) : La généalogie d'un slogan

CrimethInc. Ex-Workers Collective

À l'occasion du 8 mars, Journée internationale de la femme, Somayeh Rostampour explore les origines et les implications du slogan qui est devenu le mot d'ordre du soulèvement en Iran en 2022.
Texte intégral (10387 mots)

À l’occasion du 8 mars, Journée internationale de la femme, Somayeh Rostampour explore les origines et les implications du slogan qui est devenu le mot d’ordre du soulèvement en Iran en 2022.


Préface

Le soulèvement révolutionnaire associé au slogan “Jin, Jiyan, Azadi” (“Femme, Vie, Liberté”) a commencé en Iran il y a près de six mois, le 16 septembre 2022, lorsque la police des mœurs de la République islamique a assassiné une jeune femme kurde de 22 ans, Jina (Mahsa) Amini. Depuis lors, le pays tout entier est en feu. Cette révolution féministe n’est pas simplement une réponse au hijab obligatoire ; elle vise à mettre fin à 44 ans d’apartheid des sexes, de patriarcat, de dictature militaire, de néolibéralisme, de nationalisme et de théocratie islamiste. À l’instar du soi-disant printemps arabe, le mouvement Jin, Jiyan, Azadi réclame “la chute du régime” dans l’optique d’un changement social systémique.

Au cours des trois premiers mois du mouvement, plus de 18 000 militants et manifestants ont été arrêtés, des milliers ont été blessés et plus de 500 personnes ont été tuées par balle ou sous la torture, dont 70 enfants. Plus de 100 personnes risquent toujours d’être exécutées. Les prisonniers ont été soumis à diverses formes de brutalité, notamment à des verdicts sans fondement lors de simulacres de procès menés sans avocats indépendants et à des tortures physiques et psychologiques visant à contraindre les captifs à signer de faux aveux. Les femmes et les prisonniers queers en particulier sont menacés de viol et de harcèlement sexuel. Dans la phase de répression la plus récente, le régime se venge de l’insurrection des femmes en empoisonnant systématiquement les étudiantes et les enfants avec des gaz chimiques dans plus de 200 écoles à travers le pays, ce qui a entraîné la mort d’au moins deux enfants et l’hospitalisation de centaines d’autres.

Malgré cela, ou à cause de cela, le mouvement se poursuit. Les classes opprimées continuent de se battre dans la rue, dans les prisons et les écoles, au travail, sur les plateformes de reseaux sociaux, lors de la commémoration des martyrs au cours des cérémonies funéraires et en solidarité avec les mères et les familles qui ont perdu leurs enfants. La République islamique a atteint un point irréversible ; les roues de l’histoire ne peuvent être inversées par la répression. Lorsque les jeunes femmes scandent dans les universités “C’est une révolution de femmes, n’appelez plus cela une manifestation”, elles signifient que “cette fois, c’est différent”, qu’elles sont déterminées à renverser le régime. Actuellement, le rythme des manifestations de rue est réduit ; les militants ont profité de cet intervalle pour s’organiser, se ressaisir et réfléchir.

L’article suivant a été publié en persan le 27 octobre 2022, pendant les phases initiales du mouvement. Il a été traduit du persan à l’anglais par Golnar Narimani et comparé à la traduction d’un camarade anonyme. Le texte a été édité et finalisé par Morteza Samanpour. Je les remercie tous, ainsi que le comité éditorial de CrimethInc., d’avoir mis ce long texte à la disposition des lecteurs anglais.

Jin, Jiyan, Azad (“Femme, Vie, Liberté”) en kurde.

Introduction

Après l’assassinat de Jina Amini par la soi-disant “police des mœurs” le 16 septembre 2022, “Jin, Jiyan, Azadi” est rapidement devenu le slogan central d’une vague de protestations qui s’est propagée dans tout l’Iran. Ce slogan a été scandé pour la première fois le jour de l’enterrement de Jina par les habitants en colère de Saqqez, sa ville natale au Kurdistan : des milliers de personnes courageuses ont exprimé leur solidarité avec sa famille et ont fait échouer le projet du régime d’enterrer Jina en secret.

Dans le cadre de sa culture politique, le peuple kurde célèbre collectivement le martyre lors des funérailles des militants qui ont sacrifié leur vie, transformant la mort en arme de résistance. Le jour de l’enterrement de Jina, quelqu’un a crié “Jin, Jiyan, Azadi”, que tout le monde a immédiatement répété, selon une femme qui a assisté à l’événement. Le slogan était clair, familier et intuitivement compréhensible par cœur. Ce slogan a ensuite été utilisé à Sanandaj, une autre ville kurde, puis par des étudiants à Téhéran, pour finalement se répandre dans tout le pays, dans toutes les villes, tous les villages et toutes les rues.

Comment ce slogan est-il arrivé à Saqqez ? Pourquoi est-il devenu le slogan central de différentes parties du Kurdistan et du reste de l’Iran ? Comment est-il devenu le nom par lequel le mouvement révolutionnaire iranien s’identifie ? Quelles significations sociales et politiques la généalogie du slogan peut-elle révéler ?

La ville de Qamishli, contrôlée par les Kurdes, dans le nord-est de la Syrie (Rojava), le 26 septembre 2022. Des femmes brûlent leur foulard pour soutenir le soulèvement des femmes en Iran.

Les origines historiques de “Jin, Jiyan, Azadi” (Femme, Vie, Liberté)

Le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” n’est pas devenu le mot d’ordre du soulèvement en Iran par hasard. Il n’est pas tombé du ciel ; il a émergé d’une longue histoire de luttes sociales. Ce slogan est l’héritage du mouvement des femmes kurdes dans la partie du Kurdistan située en Turquie, une région connue des Kurdes sous le nom de “Bakur”.

En septembre 2022, Atefeh Nabavii, une codétenue de Shirin Alamholi (membre du PJAK, la branche kurde iranienne du PKK), a écrit sur son Twitter :

“C’est de Shirin Alamholi que j’ai entendu pour la première fois le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” dans la prison d’Evin ; il était écrit sur le mur, à côté de son lit.

Shirin Alamholi a été exécutée en mai 2009 pour avoir été membre du PJAK, considéré comme un parti “terroriste” par le régime. Elle n’avait que 28 ans ; son corps n’a jamais été rendu à sa famille.

Le PJAK à Rojhilat (partie du Kurdistan iranien) et le mouvement des femmes kurdes à Bakur sont tous deux influencés par la philosophie politique d’Abdullah Öcalan, fondateur et leader charismatique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Öcalan a fondé le parti en 1978 avec un petit groupe de camarades ; après le coup d’État militaire répressif de 1980, le parti a inscrit la lutte armée à son programme en 1984 et est devenu depuis lors la principale force d’opposition en Turquie. Öcalan est en isolement depuis 1999, enfermé dans la prison d’İmralı sur une île près d’Istanbul. Dans sa phase marxiste et nationaliste, Öcalan a tenté d’associer les idées de Mao Tsé- Toung et de Frantz Fanon à la demande de libération kurde afin de former un mouvement socialiste uni. Dès le début, il a encouragé les femmes à participer au mouvement national du Kurdistan avec pour principal slogan que “la libération du Kurdistan n’est pas possible sans la libération des femmes”.1

Avec ce slogan, le PKK s’est distingué des autres organisations de gauche de l’époque en Turquie et au Moyen-Orient en général. Le PKK a mis en exergue la question des femmes dans le cadre du nationalisme kurde moderne, qui était principalement lié à la préservation de la patrie, de son propre sol, de la culture et de la langue kurdes.”

Avec ce slogan, le PKK s’est distingué des autres organisations de gauche de l’époque en Turquie et au Moyen-Orient en général. Le PKK a mis en exergue la question des femmes dans le cadre du nationalisme kurde moderne, qui était principalement lié à la préservation de la patrie, de son propre sol, de la culture et de la langue kurdes.

Une photographie de Jina (Mahsa) Amini en tenue kurde.

Cependant, après l’effondrement de l’Union soviétique, le PKK a connu une révolution intellectuelle à partir de 1995. Il a commencé à s’éloigner du marxisme orthodoxe et de la revendication d’un État kurde indépendant, abandonnant l’idée du “Grand Kurdistan”, et s’est orienté vers des idées politiques centrées sur la “démocratie” plutôt que sur la “classe” au sens marxiste classique du terme. Dans cette nouvelle phase du mouvement kurde mené par le PKK, la subjectivité politiquene s’identifie pas seulement aux travailleurs en tant qu’“avant-garde”, mais aussi aux femmes et aux militants écologistes. Cette tendance a atteint son apogée après l’arrestation d’Öcalan et les textes qu’il a publiés depuis la prison turque en guise de défense judiciaire. Dans ces livres, écrits dans des conditions désespérées et envoyés à ses partisans par fax ainsi qu’à ses avocats, Öcalan penche en faveur d’une forme d’autonomie communale appelée “confédéralisme démocratique”, constituée de trois piliers principaux : “les communes, les femmes et l’écologie”.2

Dans cette nouvelle phase, la question des femmes est devenue centrale pour le PKK et le mouvement des femmes du parti a acquis une indépendance croissante, tant sur le plan pratique que théorique.3

Dans la première phase du PKK, lorsque les idées nationalistes et marxistes-léninistes prévalaient, Öcalan s’est référé aux mythologies anciennes de la Mésopotamie (la région historique de l’Asie occidentale qui comprend les habitants géographiques du peuple kurde et d’autres), la présentant comme le “glorieux passé ancien” des Kurdes et proposant que les sociétés mésopotamiennes étaient matriarcales à l’époque.4

Öcalan a utilisé des mythes locaux et féminins contre les histoires de l’impérialisme, du colonialisme et du patriarcat. En soulignant l’antagonisme mythique entre Enkidu (le dieu masculin), qui incarne l’État, et Ishtar (la déesse de la guerre, de l’amour romantique et de la liberté féminine), qui s’incarne dans les guérillas féminines, Öcalan a tenté d’encourager les femmes kurdes à se joindre à la lutte armée. Dans ce cadre théorique, les femmes sont considérées comme les premières à créer la vie et à cultiver les connaissances et les outils nécessaires à la vie, qui ont ensuite été volés aux déesses par les hommes.

Öcalan associe les pouvoirs créatifs des femmes à leur capacité unique de maternité et d’accouchement, c’est-à-dire à leurs caractéristiques corporelles et physiologiques distinctives. C’est là qu’une partie de son cadre lie la supériorité des femmes à leurs caractéristiques physiques distinctives d’une manière essentialiste, et dans son interprétation du genre, une approche mythologique et immatérielle remplace une approche matérialiste. L’objectif, cependant, était clairement politique. Comme Öcalan l’a lui-même déclaré, son but était de redonner aux femmes la confiance en soi qu’elles avaient perdue et de montrer que le patriarcat n’était pas un principe éternel et naturel de l’histoire, mais le résultat de pratiques historiques.5 Le patriarcat peut donc être transformé. En d’autres termes, parce qu’un monde fondé sur l’égalité des sexes a existé en Mésopotamie, il aurait pu être réalisé à nouveau.

En Turquie, les femmes kurdes sont descendues dans les rues d’Istanbul, d’Ankara et d’Adana pour protester contre l’assassinat de Jina Amini.

À partir des années 1990, et plus particulièrement entre 1994 et 1998, Öcalan a utilisé les termes “femme” et “vie” à de nombreuses reprises. En particulier parce que la racine des mots femme (Jin) et vie (Jiyan) est la même en kurde, l’utilisation des mots femme et vie ensemble s’est facilement répandue au Kurdistan. Par exemple, en 1999, le PKK a publié une brochure intitulée “Jin Jyian” (“Femmes-Vie”), et à partir de 2000 environ, le slogan “Jin, Jiyan” a été largement utilisé par les mouvements de femmes kurdes à Bakur. L’expression “femme-vie” (Jin, Jiyan) est beaucoup plus ancienne que “Jin, Jyian, Azadi” (“Femme, vie, liberté”).

La liberté (Azadi) est également l’un des mots-clés du PKK dans le contexte du genre. En fait, c’est l’idée de la “liberté des femmes” qui les a initialement mobilisées pour participer à l’action politique et à la lutte armée. Selon le PKK, la “liberté” est la libération des femmes des relations de pouvoir et de la domination - en particulier du capitalisme, de l’État et du patriarcat (y compris l’institution de la famille). Par exemple, lors de la première conférence organisée à Istanbul (en 1999) par des activistes kurdes soutenant le PKK, le slogan “La femme est libre, la patrie est libre” a joué un rôle central.

Dans le cadre du processus plus large par lequel la pensée d’Öcalan s’est transformée en prison, il a utilisé ces trois mots ensemble pour la première fois dans le quatrième volume de ses écrits de prison, The Civilizational Crisis in the Middle East and the Democratic Civilization Solution (La crise civilisationnelle au Moyen-Orient et la solution de la civilisation démocratique) (2016). Mais jusqu’en 2008, son utilisation est restée très limitée. C’est à partir de 2013 que le slogan a été entendu à Rojava et à Bakur, s’étendant à d’autres parties du Kurdistan. Dans une lettre écrite en 2013, Öcalan souligne le pouvoir politique du slogan “Jin, Jyian, Azadi” dans la poursuite d’une “vie digne” et la création d’une société utopique. Curieusement, Öcalan a qualifié le slogan de “formule magique” pour la révolution des femmes au Moyen-Orient, qui devrait être un modèle pour les femmes du Rojava et toutes les femmes du Moyen-Orient.6 Aujourd’hui, le slogan est scandé par des femmes dans de nombreuses villes d’Amérique latine, d’Europe et des États-Unis.

2 janvier 2023 : cérémonie de commémoration du 40e jour du martyre de l’un des martyrs de la ville kurde de Mahabad.

Cependant, ni l’histoire du PKK, ni l’histoire des femmes dans ce mouvement, ni l’histoire de ce slogan ne peuvent être réduites à son leader. Le PKK est un mouvement à la fois social et politique qui s’est frayé un chemin non seulement dans la politique mais aussi dans la vie quotidienne de millions de personnes à travers des générations successives. Le PKK ne peut pas contrôler idéologiquement la scène politique du Kurdistan, même s’il le souhaite, parce qu’en fin de compte, les actions des sujets politiques déterminent le destin des idées - qu’elles soient acceptées, consolidées et promues ou qu’elles soient rejetées et abandonnées.

Les femmes du PKK (à la fois guérillères et activistes civiles) sont les sujets qui ont fait de “Jin, Jiyan, Azadi” l’idée centrale du mouvement. Leur lutte simultanée contre le patriarcat nationaliste de l’État turc et le patriarcat au sein du parti lui-même a été une grande réussite historique, une source d’inspiration pour nous, femmes kurdes, et pour les femmes de la région et du monde entier. En particulier après 1995, elles ont mené à bien toute une série d’activités, en faisant de nombreux sacrifices et en réalisant de nombreuses expériences. Bien qu’il n’entre pas dans le cadre de ce texte de fournir une histoire détaillée du mouvement des femmes du PKK, il convient de souligner que ce sont les femmes qui ont “féminisé” la politique au Kurdistan et l’ont radicalement transformée en Turquie.7 Le fait que la nouvelle idéologie du parti ait placé les femmes au centre a certainement eu une influence, mais ce sont les actions politiques conscientes des femmes et leurs luttes intersectionnelles contre le capital et l’État (qui est le symbole du patriarcat, selon le PKK) qui ont fait que les slogans ont été popularisés et ont traversé les frontières.

Les activistes qui ont cherché à lutter contre la violence à l’égard des femmes à Bakur ont joué un rôle louable. Elles ont créé diverses institutions pour lutter contre la violence ; elles ont elles-mêmes porté les cercueils des femmes tuées par la violence et les ont enterrées avec leurs slogans, leurs chants et leurs ululements féminins. Elles étaient en contact avec des femmes “ordinaires”, allant de porte en porte et de quartier en quartier afin de faire passer la question du genre d’une préoccupation des “élites” à une question concernant tous les opprimés. En critiquant le féminisme élitiste, elles ont réussi à rendre les questions relatives aux femmes pertinentes pour toutes les classes de la société.

Selon l’une des femmes que j’ai interrogées, en 2002, lors d’une cérémonie organisée par les partisanes du PKK pour l’enterrement d’une femme ayant perdu la vie dans un soi-disant “crime d’honneur”, les femmes ont scandé “Jin, Jiyan, Azadi”. Certains activistes ont qualifié ces victimes de “martyrs”. Plus tard, cela est devenu une tradition politique répandue parmi les partisans du PKK.

Plus récemment, à Bakur et surtout au Rojava, des femmes victimes de violences domestiques ou tuées par l’État turc et ISIS ont été enterrées avec le slogan “Jin, Jiyan, Azadi”.

La cérémonie funéraire de Jina Amini à Saqqez, où le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” a été scandé par des femmes qui ont enlevé leur foulard en signe de protestation contre le hijab obligatoire.

Par conséquent, ce qui s’est passé le 17 septembre 2022 à Saqqez lors de l’enterrement de Jina Amini n’était pas un événement nouveau et sans précédent. Il s’agissait plutôt de la continuation d’une longue tradition politique issue du PKK et devenue une tradition révolutionnaire dans plusieurs régions du Kurdistan. L’enterrement de Jina est devenu une manifestation dans le cimetière de Saqqez précisément en raison de cette tradition de politisation de la mort qui a été pratiquée pendant des années à Bakur et au Rojava, et qui a été une source d’inspiration pour les Kurdes d’Iran.

Les mères Dadkhaah du Kurdistan, les demandeuses de justice qui ont perdu leurs proches, ont également joué un rôle essentiel dans la diffusion de “Jin, Jiyan, Azadi” à Bakur. Elles ont réussi à débarrasser la vie de femme de ses associations essentialistes et à lui donner une signification plus politique. Ces mères ont joué le rôle de mémoire du Kurdistan, défiant l’oubli et la mort. Elles ont défié la mort de leurs proches en politisant la justice, devenant ainsi des sujets politiques et des messagères de la “vie”. Dans un mouvement qui a fait plus de 40 000 victimes à ce jour dans sa lutte contre l’État turc fasciste, les mères de la Dadkhaah ont été les pionnières de la paix, en particulier les mères en quête de justice qui ont perdu leurs enfants dans la lutte contre l’État turc et n’ont même pas pu enterrer leurs corps.

Les “Mères du samedi” constituent l’un des principaux groupes de défense de la justice dans la partie du Kurdistan turc. Elles ont manifesté tous les samedis sur la place Galatasaray de 1995 à 1999, pendant 200 semaines, pour demander justice pour leurs enfants disparus, qui comptaient parmi les 17 000 victimes. Après avoir été réprimées, les “Mères de la réconciliation” ont continué à s’organiser à partir de 2008 dans le but de sensibiliser la population à une solution pacifique aux problèmes des Kurdes. Elles étaient issues de différentes classes sociales ; la plupart d’entre elles avaient peu d’éducation et travaillaient dans différentes villes du Kurdistan. Par exemple, l’une des membres des Mères de la paix (Makbulaa), qui avait perdu ses enfants, a participé à des réunions internationales bien qu’elle n’ait jamais été scolarisée.

Les Mères du samedi et les Mères de la paix ont toutes deux utilisé le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” dans leurs protestations de différentes manières. Grâce à elles, à partir de 2006, le slogan a fait son chemin dans les manifestations organisées en Turquie à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, puis au Rojava à partir de 2012.

Kurdish women demonstrate during International Women’s Day celebrations in Diyarbakir, Turkey, on March 10, 2007. Their signs read “Woman, life, freedom,” “Long live March 8,” “No to the massacres of women” and “No to harassment and rape.”

Des milliers de mères qui sont devenues des activistes politiques en raison de l’oppression tragique et brutale dans la partie du Kurdistan située en Turquie politisent de plus en plus leur vie quotidienne dans les espaces privés et publics. Il s’agit là d’une autre similitude avec la situation en Iran. Les affaires privées sous le joug de l’oppression ont créé une crise profonde qui s’étend inévitablement aux sphères publiques, de sorte que les deux se transforment mutuellement. En comprenant ces similitudes, nous pouvons identifier les multiples significations de Jin, Jiyan, Azadi dans un contexte transnational.

Les mères en quête de justice ont cherché à occuper l’espace public à leur manière au cours de ces manifestations et en particulier lors des funérailles, par le biais d’ululations (Zılgıt), d’expressions de joie et de danses collectives kurdes qui ont transformé des espaces non politiques dominés par les hommes en espaces politiques pour les femmes.

Les luttes des mères en quête de justice ont rapidement franchi la frontière turque, se propageant davantage avec la révolution au Rojava et en réponse aux meurtres de trois femmes membres du PKK à Paris en 2013.8 La coïncidence de ces assassinats avec la participation des femmes activistes à ce que l’on appelle la “révolution des femmes du Rojava” a donné aux questions relatives aux femmes, telles que le féminicide, une plus grande importance dans la politique dans tout le Kurdistan. Les YPJ (Unités de protection des femmes) utilisent de plus en plus le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” lors de l’enterrement des femmes martyres qui ont combattu l’État islamique. Ce slogan est ainsi devenu un symbole de lutte et de sacrifice dans l’effort de construction d’une nouvelle société centrée sur la femme. Plus récemment, ce slogan est devenu une arme de résistance contre toute forme de violence ; il symbolise en particulier la célébration de la vie contre le meurtre quotidien de femmes en raison de leur sexe.9

Ce slogan est donc le fruit de plus de quatre décennies de lutte acharnée contre toutes les formes d’autoritarisme, de capitalisme, de colonialisme, d’interventions étrangères, de gouvernements nationalistes et quasi-coloniaux, d’islam politique, d’extrémisme religieux et de violence sociopolitique sexuelle. Aujourd’hui, elle a dépassé les frontières locales, devenant une source d’inspiration non seulement pour les militants de gauche qui apprécient les luttes révolutionnaires des femmes, mais aussi pour les femmes de diverses régions du monde qui ont vécu des expériences similaires. En 2020, des femmes catalanes et espagnoles qui s’étaient rendues au Rojava ont publié un livre sur le mouvement des femmes au Kurdistan, intitulé “Mujer, Vida, Libertad” (Jin, Jiyan, Azadi).

Demonstrations in Europe in solidarity with the Kurdish women’s movement in Turkey.

Ce slogan a eu une vie propre, trouvant de nouvelles significations dans différentes géographies. Par exemple, de 2014 à aujourd’hui, lors des manifestations du 8 mars en France, “Jin, Jiyan, Azadi” a été entendu dans certains blocs de gauche ; certaines féministes l’ont adapté à la nouvelle combinaison “Femmes, Lutte, Liberté” pour le rendre plus inclusif. Elles ont mis le mot “femme” au pluriel afin d’intégrer la diversité des orientations sexuelles, et ont remplacé “vie” par “lutte” car le mot “vie” pourrait enfermer les femmes dans des rôles biologiques naturalistes, selon certaines interprétations. D’autres estiment que ce slogan ne suffit pas à exprimer les revendications des femmes, car il n’identifie pas l’oppression de classe.

En ce qui concerne le soulèvement de Jina en Iran, il est essentiel de reconnaître les racines de ce slogan d’un point de vue féministe, car cela rend visibles les femmes du PKK qui ont créé le slogan, des femmes qui ont été marginalisées en tant que sujets politiques par l’appareil du nationalisme étatique et non étatique, ainsi que par les rivaux du PKK au Kurdistan. Cela confirme leurs luttes féministes et nous aide à contester l’appropriation par la droite de “Jina, Jiyan, Azadi” par les partis kurdes et non kurdes. L’accent mis sur les racines de ce slogan reflète également l’histoire distincte des hommes et des femmes au sein du PKK. Cette histoire est ignorée par la plupart des rivaux du PKK en Iran et au Kurdistan (en particulier par les institutions et les partis masculins), parce qu’ils ne cherchent qu’à remporter des compétitions politiques, et non à promouvoir la libération des femmes et l’égalité des sexes.

Ce déni rend également plus difficile l’identification des similitudes entre les femmes du PKK et les autres femmes kurdes et du Moyen-Orient dans la région, indépendamment du PKK en tant que parti politique. En fait, l’expérience commune de l’oppression patriarcale sous des gouvernements autoritaires et une société patriarcale relie le mouvement des femmes kurdes à Bakur et Rojava et leur slogan “Jin, Jiyan, Azadi” aux luttes d’autres femmes dans la région - aujourd’hui en Iran et demain dans d’autres pays. C’est pourquoi nous avons vu les femmes de Bakur et de Rojava mener de nombreuses actions de solidarité avec les femmes d’Iran au cours des cinq derniers mois.

La ville kurde de Saqqez, ville natale de Jina, commémorant les 40 jours de sa mort en détention.

La Turquie n’est peut-être pas considérée comme autoritaire par de nombreux citoyens turcs, mais les Kurdes l’ont toujours vécue comme un État autoritaire, où même l’utilisation des mots “Kurde” et “Kurdistan” ou des lettres qui figurent dans l’alphabet kurde mais pas dans l’alphabet turc (Q, W, X) a été considérée comme un crime depuis le début du vingtième siècle jusqu’à très récemment. Après la militarisation par l’État turc de Diyarbakır (considérée par de nombreux Kurdes comme la capitale de la Turquie), le maire Cemal Gürsel a déclaré : “Il n’y a pas de Kurdes dans ce pays. Si quelqu’un dit qu’il est kurde, je lui cracherai au visage”. Cela montre les similitudes entre la structure autoritaire de l’État turc dans la partie du Kurdistan gouvernée par la Turquie — un État qui a toujours exposé le peuple kurde à la menace d’un génocide et d’un massacre — et la dictature despotique iranienne. Ces similitudes deviennent plus évidentes avec la montée du Parti de la justice et du développement (Adalet ve Kalkınma Partisi) en Turquie et la tentative de recoder les questions de genre selon les doctrines islamiques.

Cela a également entraîné des similitudes entre les luttes en Turquie et en Iran. La diffusion du slogan “Women Life Freedom” est autant le produit d’une inspiration transfrontalière que le résultat de traditions politiques au Rojhilat (la partie du Kurdistan en Iran). La magnifique performance des femmes kurdes le jour des funérailles de Jina au Kurdistan (point de départ du soulèvement révolutionnaire de 2022), au cours de laquelle elles ont agité leur foulard et transformé le symbole de l’oppression étatique en drapeau de la lutte féministe, était le résultat d’une longue histoire de luttes, de résistance et d’organisation politique au Rohjilat.

29 octobre 2022 : la ville kurde de Mahabad.

Cette tradition a été transmise d’une génération à l’autre malgré la répression brutale de l’État. De la République du Kurdistan de Mahabad (1946) à la révolution de 1979, de la dynamique sociale de la société kurde aux activités des partis politiques avec le slogan “démocratie pour l’Iran et autonomie pour le Kurdistan”, impliquant des conseils populaires dans certains cas, cette tradition politique a établi une sorte de radicalisme au Kurdistan, dont l’héritage est parvenu jusqu’à la jeunesse d’aujourd’hui. Les graines de ces collectifs et mouvements politiques, dont la plupart appartenaient à la gauche, ont été enterrées avec la montée du mouvement contre-révolutionnaire des forces islamistes lors de la révolution de 1979.

Ces mouvements ont été parmi les premiers à lutter contre l’annonce par la République islamique de l’obligation du hijab en 1979, en s’opposant aux récits sexistes et nationalistes parmi les nombreux champs d’oppression et d’exploitation qui se croisent et auxquels les femmes kurdes sont confrontées. Dans certaines villes du Kurdistan (Sanandaj, Marivan et Kermanshah), des milliers de femmes ont manifesté à l’occasion du 8 mars pour protester contre le hijab obligatoire en Iran. Comme leurs consœurs des autres villes, elles ont scandé les mêmes slogans que ceux entendus lors du soulèvement de 2022 : “Non au hijab obligatoire, non à l’humiliation, mort à la dictature”. Cela a ancré une tradition radicale autour du 8 mars dans le Kurdistan iranien.

La vacance du pouvoir provoquée par la chute du régime dictatorial des Pahlavi a également conduit à la formation d’organisations de femmes. Dans le cadre de l’ouverture de cet espace politique, pour la première fois dans l’histoire de la lutte du peuple kurde, avant même le PKK, un groupe de femmes révolutionnaires du Kurdistan a pris les armes et rejoint les rangs de la force Peshmerga de Komala (1979-1991), un parti maoïste.10 Pendant et à cause de ces luttes, de nombreuses organisations de femmes indépendantes et principalement de gauche ont été créées en 1979-1980, notamment le “Conseil des femmes (kurdes) de Sanandaj”, l’“Union des femmes de Marivan” et la “Communauté des femmes activistes de Saqqez”. Malgré la répression, les militants du Kurdistan, en particulier les socialistes, ont poursuivi dans cette voie au cours des années suivantes, luttant contre les inégalités imposées en fonction du sexe, de l’appartenance ethnique et de la classe sociale.

19 novembre 2022 : des manifestants barricadent la ville kurde de Mahabad en écoutant une célèbre chanson politique kurde associée à un parti socialiste (Komala), composée peu après la révolution de 1979.

Le moment est venu !

Alors que dans les années 1980 et 1990, les nationalistes turcs (tant au sein du gouvernement que dans les mouvements politiques) ont nié l’existence de la question kurde et que les nationalistes kurdes ont relégué au second plan les questions relatives aux femmes, le PKK a mis l’accent sur la question du genre. Dans les années 1980 et 1990, ces organisations étaient souvent influencées par l’idéologie anti-impérialiste, qui reproduisait parfois une opposition au féminisme et empêchait la progression des activités indépendantes des femmes. À l’époque, la plupart des mouvements de gauche en Turquie estimaient que les efforts de libération des femmes devaient être abandonnés jusqu’à la réalisation d’une révolution de classe.11

Dans ce contexte, le PKK a rejeté la conception conventionnelle de la gauche turque, qui estimait que “la question des femmes devait être suspendue jusqu’à la victoire du socialisme” ou que “les efforts de libération des femmes devaient être abandonnés jusqu’à la réalisation de la révolution de classe”. L’organisation a également rejeté l’idée que le socialisme avait suffisamment résolu les problèmes des femmes dans le passé. Ce faisant, le PKK s’est distingué à la fois de la gauche turque et des nationalistes kurdes. Le PKK a critiqué le patriarcat, en particulier l’institution de la famille et le système d’honneur au Kurdistan, tout en accusant les gauchistes turcs de fermer les yeux sur le colonialisme interne de la Turquie à l’égard des Kurdes, qui représentaient 20 % de la population du pays.

November 19, 2022: protesters barricading the Kurdish city of Mahabad.

Depuis la fin des années 1980, les femmes kurdes ont travaillé à une politique basée sur l’autonomie des femmes au sein du PKK, ce qui les distinguait des courants dominants du féminisme en Turquie et des hommes au sein d’autres organisations révolutionnaires.12 À partir de 1995, elles ont mené une lutte intersectionnelle dans laquelle la question des femmes, la libération du Kurdistan, la classe et l’écologie revêtaient la même importance. Ils laissent entendre que le moment est venu de résoudre la question des femmes pendant la révolution, et non après : nous devrions être en mesure de mener une révolution sociale pour l’égalité des sexes en même temps qu’une révolution politique et une lutte armée pour construire un Kurdistan socialiste. À cet égard, ils étaient très en avance sur leur temps et ont incité l’ensemble du parti à adopter une politique progressiste.13

1er octobre 2022 : des manifestants mettent le feu à leurs foulards alors qu’ils défilent dans une rue de Téhéran.

L’importance d’une telle approche intersectionnelle devient plus claire lorsque nous comparons le PKK avec ses homologues de gauche, en particulier les organisations politiques qui existent depuis les années 1990. Par exemple, dans les mouvements de gauche en Palestine, jusqu’à récemment, la question des femmes est toujours restée en marge. La campagne Tala’at (un mouvement féministe palestinien) a été lancée en 2018, à la suite des meurtres dits “d’honneur” de femmes palestiniennes par leur famille, dans le but d’aborder la question de la violence à l’égard des femmes en même temps que celle de l’occupation israélienne de la Palestine. Les femmes palestiniennes sont descendues dans la rue sous le slogan “Il n’y a pas de patrie libre sans femmes libres”, un slogan qui a été scandé il y a trois décennies dans la partie du Kurdistan gouvernée par la Turquie. Cependant, les hommes palestiniens ont sévèrement critiqué ces femmes, affirmant que le principal problème actuel est le colonialisme israélien et que “ce n’est pas le moment” pour les femmes de manifester dans les rues. Selon eux, les femmes palestiniennes donnent une image “primitive” des hommes palestiniens qui justifie la droite israélienne, alors que c’est l’État israélien qui exerce la violence la plus brutale à l’encontre du peuple palestinien. Mais ces femmes n’ont pas hésité ; elles ont souligné que la résolution des problèmes des femmes ne devait pas être reportée après la libération des forces colonialistes israéliennes.14

En tant que femmes kurdes, turques, baloutches et arabes d’Iran, nous sommes confrontées à des problèmes similaires depuis de nombreuses années. La lutte contre le gouvernement central oppressif, principal ennemi qui a militarisé notre lieu de résidence, a toujours été une priorité. Parce que le nationalisme étatique a placé les régions marginalisées du pays dans un état d’urgence permanent, certains militants nationalistes kurdes, turcs, arabes et baloutches nous ont demandé de ne pas donner aux nationalistes et aux centralistes l’occasion de profiter des protestations des femmes contre la violence pour déformer la réalité des hommes. “Ce n’est pas le bon moment”, ont- ils laissé entendre. Après la libération, nous aurons suffisamment de temps pour nous occuper des problèmes des femmes. Il y a des problèmes supposés plus urgents que ceux auxquels les femmes sont confrontées, qui peuvent être reportés ou complètement abandonnés.

Mais il est devenu clair pour les femmes en Iran, comme dans de nombreux autres pays, que les luttes contre le patriarcat et l’oppression nationale et de classe doivent être menées simultanément. Sinon, après la libération de la nation et la réalisation des révolutions socialistes, les femmes risquent d’être renvoyées chez elles ou retirées de l’espace public. C’est une leçon importante que les femmes kurdes du Bakur Kurdistan ont tirée de l’histoire des luttes socialistes qui les ont précédées. Elles ont inscrit la liberté des femmes dans leur programme politique au même titre que la liberté du Kurdistan et la libération du capitalisme. En conséquence, ce mouvement a produit de nombreux slogans sur les femmes et leur importance. Ils ont essayé d’introduire la question de l’égalité des sexes dans l’agenda du parti tout en combattant le nationalisme patriarcal représenté par le gouvernement répressif d’exclusion et en donnant une nouvelle valeur aux femmes des classes inférieures.15 Elles ont modifié ce que signifiait être une femme dans l’imaginaire collectif et ont forcé les partis kurdes, traditionnellement dominés par les hommes, à accorder plus d’importance à la question du genre.

Les femmes n’ont pas seulement participé au mouvement, elles en sont devenues les pionnières. Elles étaient porteuses d’une vie libre dans une situation où la répression du gouvernement turc avait transformé la vie quotidienne en une crise permanente. En conséquence, le slogan “Jin, Jiyan, Azadi” implique avant tout que “le temps est venu” de mener une vie meilleure et plus libre aujourd’hui, de s’attaquer aux problèmes des femmes, de ne pas reporter l’oppression de genre en donnant la priorité à l’oppression de classe ou à l’oppression nationale.

“Jin, Jiyan, Azadi” est le résultat des luttes des femmes qui se sont battues sur plusieurs fronts en même temps. Grâce à plusieurs décennies de résistance constante, elles ont fait passer les femmes des coulisses à la scène politique du Kurdistan, ont fait passer l’égalité des sexes d’un avenir inconnu au présent, et de l’espace privé au discours public. Bien que cela semble évident à première vue, cela n’a pas été totalement accepté dans le domaine de la lutte, du moins en Iran. Si l’on met de côté l’approche de droite et sexiste des femmes en Iran, nombreux sont ceux qui, à gauche, pensent que s’attaquer à l’oppression liée au genre peut créer des divisions au sein de la classe ouvrière, que l’oppression liée au genre n’est pas aussi importante que l’oppression liée à la classe. Bien sûr, la classe et le genre n’existent pas indépendamment l’un de l’autre, puisque le capitalisme se reproduit à travers les inégalités de genre, raciales et ethniques. Pour beaucoup, cependant, l’intersection entre les deux n’est pas certaine.

Le lien entre l’oppression nationale (ethnique) et l’oppression de genre et de classe est encore plus difficile à établir et a suscité davantage de questions. Les peuples non persans d’Iran sont doublement exploités et colonisés depuis plus d’un siècle, vivant sous la domination d’un puissant système de répression qui n’agit pas nécessairement avec la même intensité dans les régions “centrales” - comme nous pouvons le constater en observant le vendredi sanglant à Zahedan et le samedi sanglant à Sanandaj en septembre et octobre 2022, ainsi que les massacres de novembre 2018 dans les régions marginales du pays.16

October 1, 2022: protesters set their scarves on fire while marching down a street in Tehran.

Nous ne pouvons pas imaginer un avenir libre sans formuler une compréhension politique de la manière dont tous les types d’oppression s’articulent. Tant que les militants ne seront pas capables d’aborder l’oppression ethnique et le droit à l’autodétermination en Iran, ils contribueront à la méfiance des minorités à l’égard des progressistes dans les centres urbains. Ironiquement, la plupart d’entre eux sont poussés vers le “séparatisme”, ce qui, historiquement, n’a jamais été le souhait des Kurdes, des Baloutches ou d’autres groupes minoritaires, car ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas attendre l’approbation et la reconnaissance du centre urbain, mais qu’ils doivent transformer eux-mêmes leur vie sociale. Cette tendance pourrait s’avérer très difficile pour l’avenir de la politique en Iran. Ironiquement, ce sont ceux qui nient l’importance de l’autodétermination, et non les minorités ethniques (comme le prétend la propagande de la République islamique et de la droite iranienne), qui lui donnent le plus de force. Les minorités ethniques ont toujours manifesté le désir de s’unir aux centres urbains dans des conditions politiques légitimes. Au cours du récent soulèvement révolutionnaire, ce désir a culminé dans le chant de slogans en faveur de l’unité dans les villes marginales du pays, en particulier au Kurdistan et au Baloutchistan.

Pendant des années, les gauchistes orientés vers les “luttes de la classe ouvrière” ont nié l’importance du féminisme et la nécessité de donner la priorité à la question du genre. Les nationalistes kurdes ont également tenté de répandre le mythe selon lequel le patriarcat n’existe pas au Kurdistan et que s’il y a des violences, elles sont principalement dues à l’oppression du gouvernement central colonialiste. Même récemment, pendant le soulèvement de Jina, une vidéo a été publiée par des activistes kurdes iraniens dans laquelle des femmes kurdes déclarent de différentes manières que “le hijab n’est pas le problème des femmes kurdes” ! Entre-temps, chaque jour, des rapports font état de conflits entre les femmes kurdes et leurs familles et la structure patriarcale de la société au sujet de la couverture de leur corps et du contrôle de leur sexualité.

October 29, 2022. La personne qui filme dit : “Voici le Kurdistan, le cauchemar des fascistes, le cauchemar des chauvins, le cauchemar des dictateurs. À bas le despotisme, à bas la colonisation et l’exploitation, à bas le dictateur, à bas le fascisme, à bas l’opportunisme. Vive la révolution, vive l’égalité, vive les peuples opprimés, vive le socialisme, vive le bonheur ! La beauté est actuellement dans la rue en Iran…”

L’acceptation généralisée du slogan “Jin, Jiyan, Azadi” montre la nécessité de cette forme de politique intersectionnelle dans l’Iran d’aujourd’hui ; elle représente une alternative potentielle à la République islamique. En contraste direct avec le régime répressif dominé par les hommes, qui a privé divers groupes de tout droit - en particulier les femmes et les homosexuels, mais aussi les organisateurs syndicaux, les militants ethniques et environnementaux, et d’autres groupes marginalisés - “Jin, Jiyan, Azadi” offre une alternative unificatrice qui englobe des oppressions plurielles. Pour cette même raison, les nationalistes sexistes et réactionnaires, souvent proches des monarchistes, tentent de le remplacer par d’autres slogans, y compris des slogans populistes et chauvins tels que “Homme, Patriote, Prospérité”. De même, durant les premières semaines sanglantes du soulèvement de Jina, les forces militaires du Kurdistan ont effacé le slogan “Femme, vie, liberté” des murs des villes kurdes, en écrivant “Femme, chasteté, honneur” ou “Homme, gloire, autorité”, ce qui montre à quel point le régime est effrayé par le caractère féministe et intersectionnel du slogan révolutionnaire.

Au vu des implications politiques du slogan, il semble vital de le préserver en ce moment historique en Iran. Si toute autre forme d’unité ne reflète pas son pluralisme, il ne pourrait s’agir que d’une stratégie hypocrite et opportuniste visant à obtenir un pouvoir d’homogénéisation et d’élimination dans l’avenir de l’Iran.

Des étudiants de l’université de Sine, au Kurdistan iranien, dansent en chantant “Jin Jiyan Azadi”.

Les femmes et les minorités ethniques ont parcouru un chemin long et difficile pour amener cette société à accepter que l’oppression fondée sur le sexe et l’origine ethnique n’est pas seulement “leur problème”, mais un problème de société qui doit être traité dans l’intérêt de tous. Pour se débarrasser de l’oppression de classe, il faudra simultanément abolir d’autres formes d’oppression qui ont fait de certaines personnes des “minorités” (pas nécessairement sur le plan quantitatif) et des “périphéries” (pas nécessairement sur le plan géographique). Tout comme pour les femmes du Kurdistan turc, “Jin, Jiyan, Azadi” signifiait que les préoccupations des femmes ne devaient pas être reléguées au second plan, la traduction de ce slogan dans le contexte iranien suggère que nous ne devrions pas reporter le traitement de l’oppression sexuelle et ethnique ou d’autres formes de domination jusqu’à la chute de la République islamique. Ce slogan peut nous aider à empêcher les réactionnaires de s’approprier et de manipuler nos mouvements.

Pour accroître notre sensibilité à la suppression des voix des femmes ethniques marginalisées, nous pouvons utiliser la version kurde du slogan “Jin, Jiyan, Azadi” encore plus que la version persane, que tout le monde comprend et répète déjà. Il s’agit d’une action symbolique, mais dans ces moments critiques, elle peut renforcer l’unité dont nous avons besoin et fournir une base pour consolider la confiance mutuelle.

Les gens ont scandé des slogans en farsi à de nombreuses reprises dans les régions non persanes du pays ; il est maintenant temps que les régions centrales fassent preuve d’une plus grande ouverture à l’égard des slogans non persans. De même, l’utilisation consciente de Jina, le nom kurde, au lieu de Mahsa (un nom persan) rend visible l’oppression de l’État qui nous a privés de notre langue maternelle dans divers domaines, y compris les noms que nous pouvons donner à nos enfants. C’est ce à quoi les habitants des régions non persanes sont confrontés depuis des années. Non seulement Jina est devenue le nom de code du soulèvement révolutionnaire du peuple iranien, mais son nom est devenu un code de résurrection malgré la domination d’un nationalisme iranien qui a criminalisé les personnes non persanes à un point tel que même les noms non persans sont considérés comme une menace.17

Sa famille l’appelait “Jina”. Ils l’ont pleurée sous ce nom. Sa mère lui a écrit dans des espaces virtuels sous ce nom. Sur sa tombe, on peut lire “Jina Amini”. Cependant, Jina est identifiée par la majorité des Persans comme “Mahsa Amini”, et ce dernier nom est devenu une tendance. Ce n’est pas une coïncidence. Le nom de Jina, tout comme sa mort, représente les oppressions symboliques qu’elle a subies en tant que femme non persane. Si l’on considère que l’une des tâches des mouvements révolutionnaires est de mettre en évidence et d’articuler les multiples formes d’oppression liées entre elles, le mouvement “Femmes, vie, liberté” peut parvenir à l’unité en reconnaissant les différences maintenant, et non plus tard. C’est la seule façon de construire une alternative harmonieuse et inclusive. Ceux qui luttent pour la liberté, l’égalité et la justice en Iran doivent se battre sur plusieurs fronts en même temps, contrairement à l’opposition de droite qui s’est dérobée à cette responsabilité sous le faux parapluie de l’“Ettehad” (“unité”), en mettant à son ordre du jour une politique d’exclusion.


Une femme proteste contre le meurtre de Mahsa Amini à Téhéran, en Iran, le 7 octobre 2022.

  1. Abdullah Öcalan, Guerre et paix au Kurdistan (Initiative internationale, 2012 [2008]). 

  2. Somayeh Rostampour, “Gender, local knowledge and revolutionary militancy. Political and armed mobilizations of Kurdish women in the PKK after 1978”, thèse de doctorat, septembre 2022, Université de Paris 8, France. 

  3. Ibid. 

  4. Abdullah Öcalan, Prison Writings : Les racines de la civilisation (Transmedia Publishing, 2007). 

  5. Ibid. 

  6. Saadi Sardar, “A Feminist Revolution is Challenging Iran’s Regime, Kurdish Peace Institute,” September 26, 2022 (consulté en octobre 2022) 

  7. Par exemple, lorsque la Turquie a rejoint l’Union européenne vers 2000 à condition d’accorder certains droits politiques aux “minorités ethniques”, les femmes ont saisi l’occasion, tandis que le PKK a commencé à poursuivre ses objectifs par d’autres moyens que la lutte armée, notamment en participant aux élections parlementaires et en étendant son influence politique dans des mouvements civils tels que les conseils. 

  8. L’une des trois femmes assassinées à Paris était Sakine Cansız, l’une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan, la figure féminine la plus importante de l’histoire du PKK. Elle a passé plus de huit ans dans les prisons turques, où on lui a coupé les seins sous la torture. Pour en savoir plus sur Sakineh Jansez

  9. Par exemple, “Jin, Jiyan, Azadi” était le principal slogan de la bataille que les femmes du Rojava ont menée contre l’État islamique à Afrin (un canton du Rojava, aujourd’hui occupé par l’État turc) de décembre 2017 à mars 2018. De 2018 à 2021, 83 femmes ont été tuées, 200 femmes ont été enlevées et 70 femmes ont été violées à Afrin sous l’occupation militaire du gouvernement turc expansionniste. 

  10. Pour la même raison, après le début du soulèvement de Jina, l’agence gouvernementale Fars news a publié sur son site Internet, le 7 octobre 2022, un texte intitulé : “Il y a 40 ans, Komle a chanté “femme, vie, liberté”, mais d’une manière différente”. 

  11. Pour certaines organisations socialistes bien connues, comme le MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), les discussions sur les luttes des femmes ont commencé au milieu des années 2000. Beaucoup d’autres organisations (par exemple DHKP-C ou TIKB) pensent qu’elles n’ont pas de problème de sexisme et qu’elles n’ont donc pas besoin d’y réfléchir. 

  12. Malgré la tendance du PKK à soulever la question de l’égalité des sexes, jusqu’en 1995 environ, ce parti avait toujours une structure dominée par les hommes ; son chef était un homme influent et l’inégalité des sexes était reproduite sous diverses formes au sein du parti lui-même. Les femmes de ce parti, après avoir acquis de l’expérience et augmenté leur nombre depuis le début des années 1990, ont conclu que leur lutte ne pouvait pas se concentrer uniquement sur la libération du Kurdistan, car même si le Kurdistan était libéré, elles resteraient sous la domination des hommes. Elles ont donc uni leurs forces pour créer des organisations exclusivement féminines dans lesquelles elles pourraient se renforcer et prendre des décisions de manière indépendante afin de faire progresser l’autonomie des femmes parallèlement à l’autonomie du Kurdistan. 

  13. Si le PKK est aujourd’hui connu pour l’importance qu’il accorde aux questions de genre, c’est grâce aux activités continues des femmes du parti, qui ont commencé avec les guérilleros de Shakh (les montagnes de Qandil) et qui ont été suivies à Shar (les villes) par des partisans féministes et homosexuels ayant une approche différente. 

  14. Cette campagne a constitué un grand pas en avant. Elle s’est poursuivie pendant huit mois, devenant la base d’une vague de protestations dans les pays arabes en 2019. Les participantes ont même lancé un appel transfrontalier aux femmes palestiniennes vivant dans des camps au Liban et dans d’autres pays, leur demandant de se joindre à la campagne. Par conséquent, pour la première fois, en 2018, nous avons assisté à des manifestations de femmes dans ces camps, et des immigrantes non palestiniennes les ont rejointes dans certains pays. Les femmes immigrées vivant dans les pays occidentaux qui ont rejoint la campagne avaient des sentiments contradictoires similaires : elles craignaient que si elles parlaient de la violence domestique publiquement et collectivement, elles donneraient une excuse à l’aile droite anti-immigrés en Occident. 

  15. Bien que le PKK se soit théoriquement distancié du maoïsme, il a toujours accordé beaucoup d’espace aux femmes “ordinaires” dans la pratique, en particulier aux femmes des classes inférieures. Par exemple, le maire de Mardin (Sürgücü) au Kurdistan turc, soutenu et élu par un parti pro-PKK, était une femme de quarante ans, mère de huit enfants et très peu éduquée. En maintenant un contact constant avec les femmes et les différentes classes sociales, le PKK a pu transformer ce qui était jusqu’alors considéré comme “exceptionnel” en un modèle commun au Kurdistan. 

  16. Rostampour, Somayeh. “Les clivages ethniques dans le mouvement protestataire iranien”. Multitudes 83, no. 2 (2021) : 112-119. 

  17. Bien que l’on ne sache toujours pas pourquoi Jina (Mahsa) Amini elle-même avait deux noms, en général, de nombreuses personnes au Kurdistan ont deux noms - un en farsi pour leur acte de naissance et un second en kurde pour être appelées au sein de leur communauté. En effet, certains officiers d’état civil refusent d’enregistrer les noms kurdes au motif que “ce nom n’est pas iranien” ; dans d’autres cas, les familles préfèrent inscrire des noms en farsi sur les actes de naissance, afin que leurs enfants ne soient pas victimes de discrimination ou d’humiliation en raison de leur identité kurde. 

19.01.2023 à 21:16

Solidarité avec le mouvement pour stopper Cop City et défendre la forêt Weelaunee

CrimethInc. Ex-Workers Collective

Nous appelons toutes les personnes de bonne conscience à être solidaires du mouvement pour stopper Cop City et défendre la forêt de Weelaunee, à Atlanta.
Texte intégral (18529 mots)

Nous appelons toutes les personnes de « bonne conscience » à être solidaires du mouvement pour stopper Cop City et défendre la forêt de Weelaunee, à Atlanta.

Le 18 janvier 2023, lors de leur dernier raid militarisé contre la forêt, la police d’Atlanta a abattu une personne [Manuel « Tortuguita » Teran.]. Ces représailles violentes contre le mouvement ne sont que le dernier épisode d’une longue série. Le discours officiel voudrait que « Cop City » soit nécessaire pour rendre la ville d’Atlanta « sûre » ; avec ce meurtre brutal, nous comprenons désormais mieux ce qu’ils entendent par là.

Manuel « Tortuguita » Teran.

Les forêts sont les poumons de la planète Terre. Leur destruction nous touche tous. Tout comme nous touchent la gentrification et les violences policières qu’annoncent les bulldozer qui écrasent la forêt Weelaunee. Ce qui se passe à Atlanta n’est pas un problème local.

Les politiciens qui soutiennent Cop City ont tenté de discréditer les défenseurs des forêts en les présentant comme des « agitateurs extérieurs ». Cette calomnie a une histoire honteuse dans le Sud, les autorités l’ont utilisée contre les abolitionnistes, les syndicalistes et le Mouvement des droits civiques, entre autres. L’objectif de ceux qui propagent ce récit est de décourager la solidarité et d’isoler les communautés, tout en offrant un prétexte à l’intervention de forces de l’ordre étatiques et fédérales ; ces véritables « agitateurs extérieurs ». Les conséquences de cette stratégie apparaissent aux yeux du monde avec la tragédie du 18 janvier.

Remplacer une forêt par un centre de formation de la police ne peut qu’amener à une société toujours plus violemment contrôlée, une société dans laquelle l’argent des contribuables enrichi les sociétés d’armement et de police plutôt que de répondre aux besoins sociaux. L’incarcération de masse et la militarisation de la police n’ont jamais permis de réduire la criminalité ou d’améliorer les conditions de vie des communautés pauvres et laborieuses.

À Atlanta et aux États-Unis, les budgets de la police ont toujours été financés au détriment de tout le reste : la santé, l’alimentation, la garde des enfants, le logement, le transport en commun, la libre circulation des personnes et la stabilité économique de toutes et tous. La concentration des ressources entre les mains de la police a pour unique objectif de défendre l’accumulation extrême des richesses et du pouvoir par les grandes entreprises et les très riches.

Que font les policiers avec leurs budgets accrus et la carte blanche que leur offrent les politiciens ? Ils tuent des gens tous les jours. Ils incarcèrent et traumatisent des écoliers, des parents, des amis qui simplement, luttent pour survivre. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une société organisée autour de valeurs de violence, de racisme, de cupidité et d’indifférence à la vie.

La lutte qui se déroule à Atlanta est une lutte pour le futur. Alors que les effets catastrophiques du changement climatique s’abattent sur nos communautés, sous la forme d’ouragans, de canicules et de gigantesques feux de forêts, les enjeux de ce combat sont plus clairs que jamais : celles et ceux qui viendront après nous hériteront-ils d’une planète habitable ou d’un état policier cauchemardesque ? Il ne tient qu’à nous de créer une société paisible qui ne considère pas la vie humaine comme sacrifiable.

Les défenseur·e·s de la forêt tentent de créer un monde meilleur pour nous tou·te·s. Ce soutien, nous le devons aux habitants d’Atlanta et aux générations futures de partout.

Nous devons soutenir les habitant·e·s d’Atlanta et les générations futures de partout.

Pour soutenir la lutte en défense de la forêt d’Atlanta :

  • Dons pour l’Atlanta Solidarity Fund pour soutenir les coûts légaux dûs aux poursuites visant des activistes.
  • Appel aux investisseurs et actionnaires de l’Atlanta Police Foundation à quitter et annuler le projet Cop City (liste des investisseurs de l’APF). Appel aux constructeurs du projet à abandonner leurs contrats de construction.

  • Organisation de caisses de solidarité politique en défense de la forêt, et de comités locaux de défense de la forêt.
  • Participation et organisation d’actions locales de solidarité.
  • Soutenez et faites circuler ce communiqué en solidarité avec [la lutte dans la forêt].

Translation courtesy of fr.squat.net.

Signataires

Pour ajouter votre nom à la liste des signataires, vous pouvez contacter defendweelaunee@riseup.net. Cette liste sera mise à jour régulièrement.

Organizations

  • Rainforest Action Network
  • Critical Resistance (National, based in Oakland, CA)
  • CODEPINK (Global)
  • Rising Tide North America
  • Wild Idaho Rising Tide
  • Siskiyou Rising Tide (OR)
  • Rising Tide Portland (OR)
  • Rising Tide Chicago (IL)
  • Diablo Rising Tide
  • 350.org National
  • 350 Eugene (OR)
  • 350 PDX (Portland, OR)
  • 350 New Hampshire Action
  • 350 CT (CT)
  • 350 Brooklyn (Brooklyn, NY)
  • 350 Bay Area (Bay Area, CA)
  • 350 Seattle (WA)
  • 350 Massachusetts (Massachusetts)
  • 350 Chicago (Chicago)
  • 350 Hawaii (Hawaii)
  • Degrowth.info Collective (International)
  • Degrowth Collective (Toronto)
  • Showing Up For Racial Justice (SURJ)
  • Showing Up for Racial Justice (Tucson, AZ)
  • SURJ Marin (Marin County, California)
  • Communities United Against Police Brutality (Minneapolis, MN)
  • Vallejo for Racial Justice
  • National Lawyers Guild
  • National Lawyers Guild Mass Incarceration Committee
  • National Lawyers Guild Mass Defense Committee
  • National Lawyers Guild Bay Area Chapter (San Francisco, CA)
  • National Lawyers Guild Detroit & Michigan Chapter
  • National Lawyers Guild District of Columbia Chapter (Washington, DC)
  • National Lawyers Guild Minnesota Chapter
  • National Lawyers Guild Vermont Chapter
  • National Lawyers Guild Chicago (Chicago, IL)
  • Water Protector Legal Collective
  • No More Deaths / No Más Muertes
  • Spirit of May 28
  • Democratic Socialists of America - Atlanta (Georgia)
  • Democratic Socialists of America - Pittsburgh (Pittsburgh, PA)
  • Democratic Socialists of America - Portland, OR chapter
  • Democratic Socialists of America- Santa Cruz chapter (Santa Cruz, CA)
  • South Jersey Democratic Socialists of America
  • Savannah Democratic Socialists of America (Georgia)
  • Birmingham Democratic Socialists of America (DSA) (AL)
  • Lower Hudson Valley Democratic Socialists of America
  • Seattle Democratic Socialists of America (WA)
  • Pasco-Hernando DSA (FL)
  • Boston DSA (Boston, Massachusetts)
  • Williams College Young Democratic Socialists of America (Williamstown, MA)
  • Monroe Community College Youth Democratic Socialists of America (NY) (Rochester, NY)
  • University of Minnesota Duluth YDSA (Duluth, Minnesota)
  • Marxist Unity Group - DSA
  • Capital District DSA (Capital Region, NY)
  • Democratic Socialists of America - Richmond (Richmond, VA)
  • Milwaukee Democratic Socialists of America (Milwaukee, WI)
  • Madison Area DSA (Madison, WI)
  • Capital District Socialist Party (Albany, NY)
  • ShutDownDC (Washington, DC)
  • Center for Grassroots Organizing (VT)
  • Climate Disobedience Center
  • IkiyA Collective (Indian Territory, Oklahoma)
  • The Indigenous Anarchist Federation / Federación Anarquista Indigéna
  • Des Moines Black Liberation Movement (Des Moines, Iowa)
  • Triad Abolition Project (Winston-Salem/Greensboro, NC)
  • Fish Holler Forest Farm (Cumberland, MD)
  • Soul Fire Farm (Grafton, NY)
  • Flanner House Farms (Indianapolis, IN)
  • Feed the People Farms (Georgia)
  • National Extinction Rebellion XRUS (chapters across US)
  • Extinction Rebellion Australia (Sydney, Australia)
  • Extinction Rebellion Justice Eugene (Eugene, Oregon)
  • Extinction Rebellion Boston (Boston, MA)
  • Extinction Rebellion Philadelphia (Philadelphia, PA)
  • Extinction Rebellion Delaware (New Castle, DE)
  • Extinction Rebellion Bloomington (IN)
  • Extinction Rebellion (Portland, OR)
  • Extinction Rebellion New York
  • Extinction Rebellion NYC (New York City)
  • No Coal No Gas (NH)
  • Cascadia Forest Defenders
  • Atlanta Antifascists (Atlanta, GA)
  • Atlanta Community Press Collective
  • Atlanta Justice Alliance (Atlanta, GA)
  • People 4 The People (Atlanta, GA)
  • Community Books (Stone Mountain, GA)
  • Savannah Federation of Democratic Women (Savannah, GA)
  • Savannah Against Cop City! (Georgia)
  • Blue Mountains Biodiversity Project (OR)
  • Willamette Valley Abolition Project (OR)
  • October 22nd Alliance to End Homelessness (South Florida)
  • Roanoke Peoples’ Power Network (Roanoke, VA)
  • Sunrise Ann Arbor (MI)
  • Sunrise Movement (Bowling Green, KY)
  • Sunrise Hunterdon County (Hunterdon County, NJ, USA)
  • Sunrise New Haven (New Haven, CT)
  • Sunrise Movement Pittsburgh (PA)
  • Sunrise PDX (Portland, OR)
  • Sunrise Movement Boston (Boston, MA)
  • Sunrise Movement Connecticut (Connecticut, USA)
  • Sunrise Movement Morris County (Morris County, NJ)
  • Green New Deal Virginia (Virginia)
  • River City Climate Collective (St. Louis)
  • Doctors for Global Health
  • Bay Area Coalition for Headwaters (Berkeley, CA)
  • Survival Resistance, (Atlanta, GA)
  • Michigan Solidarity Bail Fund
  • Decolonial Solidarity (Canada)
  • Detroit Will Breathe (Detroit, MI)
  • Mountain Area Abortion Doula Collective (NC)
  • Charlotte Uprising (Charlotte, NC)
  • Resurgens John Brown Gun Club (Atlanta, GA)
  • Green Cove Defense Committee (Olympia, WA)
  • Arm in Arm 4 Climate (Washington, DC)
  • Human Rights Coalition (Philadelphia, PA)
  • Oil and Gas Action Network (Oakland, CA)
  • Solarpunk Surf Club (Lexington, KY)
  • Just Transition Northwest Indiana (Indiana)
  • Dirty South Right Watch
  • East Tennessee Harm Reduction
  • Autonomous Research Institute for Direct Democracy and Social Ecology
  • Bay Area Anti-Repression Committee (Bay Area, CA)
  • CrimethInc.
  • PM Press
  • On Our Own Authority! Publishing (Atlanta, GA)
  • Rose City Antifa (Portland, OR)
  • NJ Hate Watch
  • Mutual Aid Disaster Relief
  • Tilted Scales Collective
  • Three Way Fight
  • Burning River Anarchist Collective (Cleveland, OH)
  • Green Mountain John Brown Gun Club (Vermont)
  • Chicago Anti-Fascist Action
  • Autonomies Collective
  • Twin Cities Logistics Collective (MN)
  • Tilted Scales Collective
  • Semillas Collective (LA, NYC and Mexico)
  • Neighborhood Anarchist Collective (Eugene, OR)
  • Cheyenne River Grassroots Collective (Lakota Territory, aka so-called South Dakota)
  • Filler Distro (Pittsburgh, PA)
  • Certain Days (North America)
  • NorCal Resist (Sacramento, CA)
  • Queers Bash Back (Columbia, SC)
  • Firestorm Books
  • Florida Prisoner Solidarity
  • Friend of a Friend NYC (Manhattan, NY)
  • Friends Print Collective (Minneapolis, MN)
  • Hellbender (Asheville, NC)
  • Ill Will magazine
  • Industrial Workers of the World Tallahassee
  • Atlanta IWW GMB (Atlanta Metro Area, GA)
  • Industrial Workers of the World Washington DC
  • Northern New Jersey Industrial Workers of the World GMB (Paterson, NJ, USA)
  • South Carolina IWW GMB
  • It’s Going Down
  • Black Powder Press
  • Detritus Books
  • Brown Recluse Zine Distro (Oakland, CA)
  • Chicago Against Cop City (Chicago, IL)
  • Colorado Springs Anti-Fascists (Colorado Springs, CO)
  • Colorado Springs Peoples Coalition (Colorado Springs)
  • Popular Organization Francisco Villa de Izquierda Independiente (Los Panchos) (Mexico)
  • Ahuehuete.org (Mexico)
  • Parque Comunitario Panul (La Florida, Chile)
  • Red por la Defensa de la Precordillera (Santiago, Chile)
  • Salvemos el santuario de Hualpén (Bio Bio, Chile)
  • Coordinadora Territorial Wallpen (Bio Bio, Chile)
  • Les Peuples Veulent/The Peoples Want
  • Lundi Matin (France)
  • Fridays for Future Flensburg (Germany)
  • Black Mosquito (Germany)
  • Montreal Anarchist Bookfair Collective
  • Czech Anarchist Federation (afed.cz)
  • A-ryhmä (Finland)
  • The Blockade Australia Network
  • Embros Theater (Athens, Greece)
  • Void Network (Greece and worldwide)
  • Support Earth (Greece)
  • Copwatch (Greece)
  • ZahedanStrong (Iran)
  • Save the Hammarby Forest (Stockholm, Sweden)
  • Bokkafé Angbett (Sweden)
  • Anarkism.info (Sweden)
  • Irregular Rhythm Asylum (Tokyo, Japan)
  • North East Anarchist Group (UK)
  • La Mer Monte, cycle d’écologie anticapitaliste, Marseille (France)
  • Youth for Climate Justice (Slovenia)
  • Graduate Employees Organization (GEO-3550) at the University of Michigan (Ann Arbor, MI)
  • Graduate Employees Organization, AFT Local 3550 (Ann Arbor, MI)
  • Students Allied for Freedom and Equality (Ann Arbor, Michigan)
  • NYC Public Sector Rank and File (PSRF)
  • Coffee with Comrades
  • Tucson Bail Fund (AZ)
  • Pride was a Riot (Sacramento, CA)
  • The Lavender Angels
  • Geoff Doner, Bureau of Power and Light Art Collective (Toronto, CA)
  • Antimidia
  • Asheville Anti-Racism (Asheville, NC)
  • Clouded Mind
  • The Fellowship of the Hellbound
  • Minneapolis Against Cop City (Minneapolis, MN)
  • Jax Veg Fest (Jacksonville, FL)
  • Jersey Counter-Info Collective (NJ)
  • North California Environment Protection Group (CA)
  • Olympia Jail Support (Olympia, WA)
  • Save the Meadows (Philadelphia, PA)
  • Seitanic Jax (Jacksonville, FL)
  • Soup For My Family (Atlanta, GA)
  • Yanawana Herbolarios (San Antonio, TX)
  • Yes We Cannibal art collective (Baton Rouge, LA)
  • The People’s Media NYC
  • The Healing Underground
  • Mergoat Magazine (Knoxville, TN)
  • Margot Land Design (Knoxville, TN)
  • Michigan General Defense Committee
  • Dirty Hands Collective
  • Distribuidora Anarquista Polaris (Galicia, Spain)
  • Manchester GMB (UK)
  • Judith’s Dagger
  • Washington Square Park Mutual Aid (NYC)
  • subMedia
  • Guerrilla Grafters
  • Charis Books and More (Decatur, GA)
  • Coven Intelligence Program
  • Antidote Zine (antidotezine.com)
  • Community Not Cages (Winona, MN)
  • Agency Collective
  • Charlotte John Brown Gun Club
  • Solano Unity Network
  • Seaside Sounds Club of Connecticut
  • Illegibles (Poland)
  • Street Medics Corpus Christi (TX)
  • SAFE Boulder (Boulder, CO)
  • Spill Paint Art Action Collective (Twin Cities, MN)
  • Siskiyou Abolition Project (OR)
  • Colombia Freedom Collective
  • The Antifada Podcast
  • Emergency Release (NY) emergencyrelease.org
  • Iglesias Gardens (Philadelphia, PA)
  • Workers Voice / La Voz de los Trabajadores
  • Herban Bridge Allies (Bridgeport, CT)
  • @OccupyWallStNYC
  • Reale Justice Network (Kansas City, MO)
  • Green and Red Podcast
  • Anarchist Radio Relay League
  • The Syrian Cantina (France)
  • Edist.ro Project
  • Recalcitrant Seeds
  • Breach Collective (Eugene, OR)
  • Emma Goldman Book Club (Dallas, TX)
  • Drymifolia Collective (Cascadian Bioregion)
  • Kolektiva
  • Beautiful Days Press (Brooklyn, NY)
  • Fifth Sun Project (Las Vegas, NV)
  • Direct Action Drumline (San Diego, CA)
  • FAMU SDS (Tallahassee, FL)
  • Climate Justice Committee (Minneapolis, MN)
  • Crooked River Anarchist Distro (Cleveland, OH)
  • Usufruct Collective International
  • Sound Off: Music for Bail (New York, NY)
  • Osterholzsoli (Wuppertal)
  • Bvlbancha Liberation Radio (New Orleans, LA)
  • Federation of Cascadian Anarchists and Syndicalists
  • Progress for Science (Los Angeles, CA)
  • Arboretum Detroit (Detroit, MI)
  • Mayakov+sky Platform (Oakland, CA)
  • Miami Valley Abolitionists (Dayton, Ohio)
  • Occupy Biden (Greenville, DE)
  • FTP DISTRO (Washington, DC)
  • Taller Ahuehuete
  • Crooked Moon Solidarity Space (Occupied Chinook Territory)
  • Grassroots 2 Global
  • AFP (Anarhistična Fronta Posavje, Slovenia)
  • MZPP (Youth for climate justice Brežice, Slovenia)
  • Leinemasch BLEIBT (Hannover, Germany)
  • REDCLT - Rad El Dub Community Land Trust (Lake Worth, Florida)
  • Earth Neighborhood Productions
  • @1000people1000trees
  • Twin Cities Workers Defense Alliance (MN)
  • San Francisco Bay Area Independent Media Center (CA)
  • Cop-Free AFSCME
  • Socialist Rifle Association (National)
  • Charlotte Metro Chapter of the Socialist Rifle Association (NC)
  • Los Angeles Socialist Rifle Association
  • Tennessee Socialist Rifle Association
  • Canadian Socialist Rifle Association
  • North Georgia SRA (ATL, GA)
  • Triad NC Socialist Rifle Association (Unceded Haudenosaunee, Mohican, and Munsee Lenape Land)
  • Upstate NY Socialist Rifle Association
  • Rogue Climate (Southern Oregon)
  • Radix Media
  • Panic! In The Discord research collective (disbanded)
  • Los Angeles Movement Advancing Socialism
  • Puget Sound Prisoner Support (Seattle, WA)
  • East Bay Prisoner Support (CA)
  • People’s Health Sanctuary (Troy, NY)
  • Get Lit Zine Distro (Boise, ID)
  • Movement Rights / movementrights.org
  • Animal Activism Mentorship
  • Black Cats CPH (Copenhagen, Denmark)
  • Progressive Global Commons
  • People vs. Fossil Fuels (Washington, DC)
  • Fossil Free Media (Washington, DC)
  • Palm Beach County Environmental Coalition (FL)
  • Gainesville-Area Action for Environmental Justice (Gainesville, FL)
  • Sabal Trail Resistance (FL)
  • Everglades Earth First! (FL)
  • Earth First! Of Mastodon Valley (aka Hudson Valley, NY)
  • Riot Act Books (Unceded Onondaga Territory (Binghamton, NY))
  • Neurodivergent-U
  • Boundless in Motion (Kritee Kanko) (CO)
  • Rustbelt Abolition Radio (MI)
  • Open Oversight Virginia (Richmond, VA)
  • Police Free Penn (Philadelphia, PA)
  • Salem Neighborhood Anarchist Collective (OR)
  • Salem Food Not Bombs (OR)
  • DC Food Not Bombs (Washington, DC)
  • Jersey Shore Food Not Bombs (NJ)
  • Kingston Food Not Bombs (NY)
  • Food Not Bombs Memphis (Memphis, TN)
  • Food Not Bombs - South Bend (IN)
  • Lehigh Valley Food Not Bombs (Bethlehem, PA)
  • Tallahassee Food Not Bombs (FL)
  • Jedzenie Zamiast Bomb 2B (Food Not Bombs, Poland)
  • Garden Anarchist Network (NJ)
  • Soflaexit.com
  • Black Lives Matter - South Bend (IN)
  • Free Lexington (Lexington, KY)
  • Bates Leftist Coalition (ME)
  • End Solitary Santa Cruz County (CA)
  • Red Hammer Sports Club (Occupied Kalapuya territory)
  • Georgia Human Rights Clinic
  • Remora House (Washington, DC)
  • nolapeoplespage.raffle (New Orleans, LA)
  • Lucy Parsons Knife and Gun Club (North Georgia)
  • Lucy Parsons Knife and Gun Club (Atlanta)
  • Slanted House (Arcata, CA)
  • Workers Tap (Portland, OR)
  • Serve The People Akron (Akron, OH)
  • Tumultuous Ruin band (CA)
  • Atlanta Youth Liberation Front (Atlanta, GA)
  • DC Youth Liberation Front (DC)
  • SouthWest Youth Liberation Front
  • Municipal Adhesives
  • Beads Against Fascism
  • Judi’s Midnight Diner (Medford, OR)
  • Big Idea Bookstore (Pittsburgh, PA)
  • Northfield Against Line 3 (MN)
  • Unity and Struggle (Atlanta, GA & New York City)
  • Umpqua Watersheds (Roseburg, OR)
  • Atlanta Peoples Power Assembly
  • Autonomous Revolutionary Nordic Alliance (Sweden, Denmark, Finland)
  • Sly Badges Infoshop (Indianapolis, IN)
  • Rise Up Printings (Springfield, MO)
  • Woodbine NYC (Queens, NY)
  • For the People - STL (Saint Louis, Missouri)
  • For the People, Long Beach (Long Beach, California)
  • Radical Anthropology Group (London, UK)
  • Voices of VV (Solano County)
  • Project Mayday (West Virginia)
  • Indivisible Lumpkin (Dahlonega GA)
  • Bookspace Columbus (Columbus, OH)
  • Planting Resistance Collective (Homestead, Fl)
  • Boise Mutual Aid (Boise, Idaho)
  • Alleghenies Abolition (Central PA)
  • Montclair Area Solidarity Network (Montclair, NJ)
  • DCBC Zine (Orange County, California)
  • Revolutionary Abolitionist Movement
  • Allan Gardens Community Aid Collective (Toronto, ON)
  • SoCal Antifa (Southern California)
  • Ratzon: Center for Healing and Resistance (Pittsburgh, PA)
  • White People 4 Black Lives / SURJ (Los Angeles, CA)
  • Atl Bike Life (Atlanta, Ga)
  • EAV Defends the Trees (Atlanta)
  • Emergent Goods (Worldwide)
  • Autonomy Recovery Self-Defense (Portland, OR)
  • Incarcerated Workers Organizing Committee (North America)
  • Ten Demands for Justice: The Road to Abolition
  • The Enviro Show (Florence, MA)
  • Toronto Against Fascism
  • Terra Advocati
  • Taller Libertario Alfredo López (Cuba)
  • Burning Books (Buffalo, NY)
  • PeaceWorks (Brunswick, Maine)
  • Oakland Abolition and Solidarity (CA)
  • Anarchist Initiative Ljubljana (APL-FAO, Slovenia)
  • People’s Spark KC (MO)
  • Promoting Enduring Peace
  • Palestine Legal
  • Zero Hour
  • Northwest Community Bail Fund
  • Left Voice
  • OMAS GEGEN RECHTS Deutschland Bündnis
  • Charlotte Revolutionary Study Group (NC)
  • Tamarack Oakland (CA)
  • Global Prison Abolition Coalition
  • Oregon New Economy (ONE) Project (Portland, OR)
  • KING’S BATTLEFIELD CHESS (R) (Philadelphia,PA)
  • Community Fridges Toronto (Toronto, Canada)
  • No Jail Deaths (Tucson, Arizona)
  • VIDAS NGO (Vega Baja, Puerto Rico Env)
  • Pittsburgh Palestine Solidarity Committee (Pittsburgh)
  • Negate City Zine Distro (Greensboro, NC)
  • Real Food Media (Minneapolis, MN)
  • HEARD Advocates (United States)
  • Appalachians Against Pipelines (Appalachia)
  • Fayetteville Police Accountability Community Taskforce (Fayetteville, NC)
  • Promoting Enduring Peace (New Haven, CT)
  • Wald statt Asphalt Bündnis (Germany)
  • Pollinator Rare Plants
  • Dirtbag Garden Club (Occupied Munsee Lenape Territory, so-called New York)
  • Celebrate845 (Hudson Valley NY)
  • Sober Rides Atlanta (Atlanta, GA)
  • eco haus collective (North Georgia)
  • avtonom.org (Russia)
  • Tekoşîna Anarşîst (Rojava)
  • MPower Change (New York, NY)
  • Chicago Action Medical (Chicago)
  • Bvlbancha Collective (Bvlbancha/New Orleans, LA)
  • Queers Against Kremlin (Dnipro, Ukraine)
  • Defund Newton Police (Newton, MA)
  • Mid-Ohio Valley Climate Action (Parkersburg, WV and Lowell, OH)
  • Alternative Library (Bellingham, WA)
  • VOCAL-NY Albany Chapter (Albany, NY)
  • Social Justice Action Center (SJAC) (Portland, OR)
  • Agroecology Research-Action Collective (US)
  • Center for Biological Diversity (Tucson, AZ)
  • Sane Energy Project (NY)
  • Grassroots Global Justice Alliance
  • International Concerned Family and Friends of Mumia Abu Jamal
  • Coalition to Protect New York
  • East River Park Action (NY)
  • Our Revolution Massachusetts Climate/Trees as Public Good working group
  • No North Brooklyn Pipeline Alliance (NY)
  • Pittsburgh Labor Choir (PA)
  • PARA (Vancouver, BC)
  • Eco Owl Press (South Bend, IN)
  • Carrboro Really Really Free Market (North Carolina)
  • Institute for Anarchist Studies
  • Stop the Sweeps Seattle (Seattle)
  • Our Sacred Earth (Boulder, CO)
  • Freedom, Inc. (Madison, WI)
  • Amazon Watch (Traditional Ohlone, Muwekma, and Chochenyo lands)
  • Fletcher Energy and Environment Club (The Fletcher School at Tufts University, Medford, Massachusetts)
  • Global Women’s Strike – US (Philadelphia, PA; Los Angeles & SF Bay Area, CA)
  • Women of Color / Global Women’s Strike – US (Philadelphia, PA; Los Angeles, CA)
  • US Prostitutes Collective (US PROS) (SF Bay Area)
  • Payday men’s network – US (Philadelphia)
  • Legal Action for Women – US (SF Bay Area)
  • Every Mother is a Working Mother Network (Philadelphia, PA; Los Angeles, CA)
  • Network in Solidarity with the People of Guatemala // Red en Solidaridad con el Pueblo de Guatemala (EEUU)
  • Presente.org (National)
  • Abuse Survivors Collective (North Carolina)
  • Iowa Buffalo Rebellion Coalition (Ioway/Báxoje land)
  • Bronx Climate Justice North (Bronx, NY)
  • North Bronx Racial Justice (Bronx, NY)
  • Institute for Policy Studies Climate Policy Program (Washington DC)
  • Wall of Women (Denver)
  • Freedom to Thrive (Portland, OR)
  • Reclaim the Block (Minneapolis, MN)
  • Incarcerated Workers Organizing Committee-Milwaukee
  • System Change Not Climate Change (North America)
  • Feminist Bird Club
  • Feminist Bird Club of Tucson (Tucson, AZ)
  • The Trellis - Bloomington Cooperative Living (Bloomington, IN)
  • Kinetic Communities
  • Occupy Bergen County (Bergen County, New Jersey)
  • Our Revolution Massachusetts Climate Justice group (Massachusetts)
  • Carceral Tech Resistance Network (Portland, OR)
  • Climate Hawks Vote (national)
  • Guerrilla Intellectual University (USA)
  • Dissenters (USA)
  • Generation Ratify
  • Hope Community Fridge (Chattanooga)
  • Fight Toxic Prisons
  • A-Radio Berlin
  • Actrices et Acteurs des Temps Présents (Brussels, Belgium)
  • Plant the Land (Gaza, Palestine)
  • University of Arizona College of Law National Lawyers Guild Student Chapter
  • Central Ohio Youth Liberation
  • Freedom Road Socialist Organization
  • Committee to Stop FBI Repression
  • Sunrise Corvallis (OR)
  • Boise Abolition Project
  • 198 Methods
  • Resiste!
  • Scientist Rebellion Turtle Island
  • Climate Justice Alliance
  • No Detention Centers in Michigan
  • NYC Jericho Amnesty Movement
  • Center For A Stateless Society
  • FossielVrij Nederland (Netherlands)
  • Antifascist Music Alliance (Berlin, Germany)
  • Robin Wood (Germany)
  • Lincoln Ave Progressives
  • UConn UNCHAIN (CT)
  • Coalition to Abolish the Fur Trade (USA)
  • Jews for Palestinian Right of Return (USA)
  • Domestic Workers United (New York City)
  • Madison Infoshop (Madison, WI)
  • Madison Really Really Free Market (Madison, WI)
  • Tufts Climate Action (Somerville, MA)
  • Nuclear Information and Resource Service (“for a nuclear-free, carbon-free world”) (Takoma Park, MD)
  • UVA Survivors (Charlottesville, VA)
  • Labor for Palestine (USA)
  • Brittlebush Distro (Inland Empire, Ca)
  • Fridays for Future US (USA)
  • Anti-Police Power Surrey (Surrey, BC)
  • Food & Water Watch (Washington, DC)
  • Against Bigotry, Responding with Action (Tujunga, California)
  • Inland Empire Harm Reduction (Riverside, CA)
  • People’s Justice Council (Birmingham, AL)
  • Environmental Performance Agency (New York City, NY)
  • VOICE Buffalo (Buffalo, NY)
  • Free the People WNY (Buffalo, NY)
  • Sextas Grietas Del Norte (US/Mexico)
  • IVICA RUS (Croatia)
  • Climate Families NYC (New York City)
  • Stockholm Anarchist Bookfair (Stockholm, Sweden)
  • Black Organizing Project (Oakland, CA)
  • Private Equity Stakeholder Project
  • Friends of Swazi Freedom (Worldwide)
  • Fund The People New Orleans (New Orleans, LA)
  • Sunrise Movement Kansas City (Kansas City, MO)
  • Western Movement Assembly (California)
  • Co–Star Astrology Society (New York, NY)
  • Alternatives for Community and Environment (Roxbury, Boston, Massachusetts)
  • Oil Change International (International)
  • National Campaign for Police Free Schools (National)
  • Great Falls Books Through Bars (Massachusetts)
  • Collective98
  • Anti-Police Power Surrey (Surrey, BC)
  • You Matter (Atlanta, GA)
  • PRAHM (WA)
  • Nattsvart Verkstad (Sweden)
  • Freedom & Captivity (Maine)
  • Peace Collective (California)
  • Outlive Them NYC (NYC)
  • Center for International Environmental Law (US/International)
  • Cienfuegos Cooperative (Miami, Florida)
  • Michigan Environmental Justice Coalition (Detroit, MI)
  • The John Cornyn Houston Office Protest (Houston, TX)
  • Central Ohio Revolutionary Socialists (Columbus, Ohio)
  • National Police Accountability Project
  • Charles H. Kerr Publishing Company
  • Partisan Gardens - WFHB
  • Agência de Notícias Anarquistas-ANA (Brasil)
  • Care Not Cages (Bloomington)
  • Labor For Palestine (USA)
  • 31 Red LLC (Plano, TX)
  • Smugtown Mushrooms (Rochester, New York)

Individual Endorsements

  • Noam Chomsky
  • Starhawk
  • Rev. Seth Wispelwey (Tucson, AZ)
  • Rev. Alan Dicken (Cincinnati, OH)
  • Rev. Anne Dunlap
  • Rev. Chava Redonnet (Rochester, NY)
  • Rev. Cecil Charles Prescod (Portland, OR)
  • Allan Antliff (Canada)
  • Peter Linebaugh (Ann Arbor, Michigan)
  • Alan W Moore (Madrid, Spain)
  • Dr. Alexander Dunlap (Oslo, Norway)
  • Tatiana Seryán
  • Sumi Hasegawa
  • Payton McDonald, Elements of Mutual Aid
  • Leah Ayer, Elements of Mutual Aid
  • Josh Fox, director of Awake, A Dream from Standing Rock
  • Natasha Lennard (NY)
  • Shane Burley
  • Joshua Potash
  • Andrew Culp (Los Angeles, CA)
  • Panagioti Tsolkas (Lake Worth, FL)
  • Vicky Osterweil
  • Cindy Barukh Milstein
  • Mattilda Bernstein Sycamore (Seattle, WA)
  • Kevin Carson (Winslow, AR)
  • No Bonzo
  • Donna Oblongata (Philadelphia, PA)
  • Scott Campbell
  • Barbara Wendeborn Brandom
  • Victor Wallis, author of “Red-Green Revolution”
  • Wesley Scott
  • Daniel McGowan (New York)
  • Charis Circle (Georgia)
  • Adam Horowitz (Decatur, GA)
  • Lib Aubuchon (Southside Atlanta)
  • Madison Green (Atlanta, GA)
  • Charlie Mackey (Atlanta, GA)
  • Lara Freedman (Atlanta, GA)
  • Cindi (Marietta, Georgia)
  • Sarai Turner (Decatur, Georgia)
  • Glenn Carroll (Decatur, GA)
  • Nicole Roos (Atlanta, Georgia)
  • Ziggy Bleau (Atlanta, Georgia)
  • K’Ann Parchment (Decatur, Georgia)
  • Robert Evans (Atlanta, Georgia)
  • Destiney Dempsey (Atlanta, Georgia)
  • Isabel Coyle (Decatur, Georgia)
  • Dawn B. Jones (East Point, Georgia)
  • Lisa Magee (Atlanta, Georgia)
  • Ellen Gebre (Atlanta, Georgia)
  • Alison Ross (Atlanta, Georgia)
  • Isabel Elmore (Alpharetta, Georgia)
  • Claire Wilkins (Dallas, GA)
  • Seth Maurizzio (Powder Springs, GA)
  • Kat Gomez (Atlanta, GA)
  • Emma Marzullo (Athens, GA)
  • Eden Taylor (Athens, GA)
  • Arabella Reddish (Marietta GA)
  • Jill Calderon (Atlanta, GA)
  • Sandy Barrett (Douglasville, GA)
  • Chase Harvey (Atlanta, GA)
  • Joely Barrios (Decatur, GA)
  • E.R. Anderson (Decatur, GA)
  • Timothy Jouet (Atlanta, GA)
  • Ralph Macdonald (Decatur, Georgia)
  • Lisa Jouet (Atlanta, GA)
  • Christopher Brannen (Atlanta, GA)
  • Adrienne Carey Hurley
  • Andrew Hinz (Baltimore, MD)
  • Andrew Zonneveld (Atlanta, GA)
  • Patrick Farnsworth, host of Last Born In The Wilderness
  • caitlin manning (San Francisco, CA)
  • Anonymous comrades from Pellice, Infernotto, Susa valleys (Piedmont, Italy)
  • Beth Foss
  • Daniel Fischer
  • Jarrod Shanahan
  • Jules Bentley (Athens, Greece)
  • Lauren Sobchak (Kansas City, MO)
  • Merrie M Kelly, Oregon Insurance Lady (OR)
  • Nix Makoff (Chicago, IL)
  • Ray Gorlin
  • Robert Lee (Tallahassee, FL)
  • Ryan Deitsch (Parkland, Florida)
  • Timothy Cominghay
  • Tess Moschetta
  • Frankie Baker
  • Alisha Bicknell
  • Andi Smith
  • Joshua Robinson (Edwardsville, IL)
  • John Johnson (Knoxville, TN)
  • Charli Ash
  • Chris de Ocejo (Holyoke, MA)
  • Caleb Wexler
  • Jeff Clark (Ypsilanti, MI)
  • Megan Rosner (Roswell, GA)
  • Lane Phillips (Omaha, NE)
  • Margaretha Haughwout
  • Oliver Kellhammer
  • Keyanna Jones
  • Jerrod Moore
  • L.A. Kearns (Decatur, GA)
  • Medusa & Waffles (Atlanta, GA)
  • Ricky Maddix
  • Kelly Hayes, Lifted Voices (Chicago, IL)
  • Nicholas Isom (Atlanta, GA)
  • Anna Harrison (Mableton, GA)
  • John Leslie, Mid-Atlantic Workers’ Voice (Philadelphia, PA)
  • Michael Schreiber (Philadelphia, PA)
  • Timothy Eugene White Aiken
  • Jerome Jackson (Silver Spring, MD)
  • Ricardo Levins Morales (MN)
  • Karly Scott (OR)
  • Clayton Trumbull
  • Gibson
  • Rachel Arney
  • Ben Ritter
  • Erin
  • Ashley Pollard
  • Jenn P. (Roanoke, VA)
  • Jay Ulfelder
  • Peter Lubbs
  • Kendall Hayes
  • Arthur Fonseca (Picuris Puebla, NM)
  • Joseph Albernaz (NY)
  • Lateef McLeod (Oakland, CA)
  • Deanville Celestine
  • Liana
  • Astro Rys (Brooklyn NY)
  • Treye K. (Boise, ID)
  • Sara M. (Athens, GA)
  • Guillermo Kuhl (Forsyth Co, GA)
  • David Carter
  • Allyson Ngyuen (GA)
  • Emily Heineman (Auburn, AL)
  • Alex Davies (PA)
  • Jenipher Jones Bonino, A People’s Law Office (Denver, CO)
  • Melissa Bonaccorso (Hadley, MA)
  • Primrose Harm Reduction (Austin, TX)
  • Kati Hinman (Philadelphia, PA)
  • Lauryn-Elizaveth Dewberry (Pell City, AL)
  • Alexandria Dennis
  • Twisha (Atlanta, GA)
  • Alice Choup (Huntsville, AL)
  • Rae Kurland (Brooklyn, NY)
  • Shannon Mardis (Hillsboro, OR)
  • Wendy White (Boulder, CO)
  • Rachel Crew Sylvester
  • Suzanne Weir Brault (MD)
  • Amber S. (Atlanta, GA)
  • Sally Weltner (Baltimore, MD)
  • Lydia (Atlanta, GA)
  • Spencer (Atlanta, GA)
  • Jada Ackley (Philadelphia,PA)
  • Cristina Murphy (Fulton County, GA)
  • Emily Contract (Columbia, SC)
  • Kyle Krakow
  • Jordan (Arcata, CA)
  • Lauren Rosen (Detroit, MI)
  • Heather Paulson (Minnesota, MN)
  • Ryan Bingham (St. Louis, MO)
  • E Berry (Jacksonville, FL)
  • Hazel (Atlanta, GA)
  • Peter Clavin (NJ)
  • J Hallie Roberts (Dexter, Oregon)
  • Julio César Ramírez
  • Connie Li
  • Amy Harris (CT)
  • Reva, Andrew, Friend Russell English (Lexington, KY)
  • Leon Elcock
  • Mollie Greenough (Kennewick, WA)
  • Seth M (Occupied Kumeyaay Land)
  • Emma Armbruster (St. Louis, MO)
  • Ziggy Berkoff (Tualatin, OR)
  • Zola (Montreal, CA)
  • Alyssa Doyley
  • Lindsey P. (SC)
  • Benji Hart (Chicago, IL)
  • Solanum Carolinensis (Atlanta, GA)
  • Natalie (Burbank, CA)
  • Megan (Arlington, VA)
  • LOKI (Montreal)
  • Diana Eaves
  • Kavi Duvvoori (Ontario)
  • Nick Shillingford, Host - Socialist News and Views Podcast (Minneapolis MN)
  • Dean Spade (Seattle, WA)
  • Jess Dillard-Wright (Springfield, MA)
  • Bigg Chief (Stone Mountain, GA)
  • Taylor
  • Sam (New York, NY)
  • Tina McKim (Seattle, WA)
  • Aimee Dandrea (Ohlone Territory)
  • Ellen Taylor, Lost Coast League Chairperson (Petrolia, CA)
  • Jacqui Zeng (Chicago, IL)
  • Darlene Neal (Murfreesboro, TN)
  • Carlina Green (San Francisco, CA)
  • Max Granger
  • Jessica McCollum (Spokane, WA)
  • Mariah Parker (Atlanta, GA)
  • Adrian Glover (Decatur, GA)
  • Chris Bolus (Detroit, MI)
  • Hannah Davis (VA)
  • Karpani Burns (Arcata, CA)
  • Flynn Hibbs (MT)
  • Yvonne Yen Liu (Los Angeles, CA)
  • Wyatt Reeves
  • Connor Warmuth (Marietta, GA)
  • David Angel (Bristol, UK)
  • Gussie
  • Sara Ysen (CA)
  • stanley wolukau-wanambwa (Providence, RI)
  • Rachel Gunter (NYC)
  • Edgardo Delgado (Mayaguez, Puerto Rico)
  • Ava B. (Boston, MA)
  • Michael Harris (CT)
  • Alyssa Landa (Pittsburgh, PA)
  • Lucy K. (New York, NY)
  • Jack B. Duffy (CT)
  • Sophie Lewis
  • Liet Borowski (so-called Canada)
  • Gaia Sartori Pallotta (Milan, ITALY)
  • Luca Passafaro (Milan, ITALY)
  • Justin Seda
  • Evan B. (Washington)
  • Tom Anderson (Occupied Ohlone Territory)
  • Bee (Atlanta, GA)
  • Berj Alexanian (Decatur, GA)
  • DJ (Kansas City, MO)
  • Derrick Beining (30308)
  • Cate Hall (Ventura, CA)
  • Lorie Fincik (Pennsylvania)
  • Andrew (Dallas)
  • Anthony B (Atlanta, GA)
  • MJR (Middletown, CT)
  • McKenna Vanhorn (Jesup, GA))
  • Evan Murphy
  • Erica (Taiwan)
  • Kristen Doty (Brooklyn, NY)
  • Ella Edelstein
  • Abe Drayton
  • Rowan Cheyne
  • Avril Marx (Chicagoland, IL)
  • Aubréy Bang-Guérin (Paris, France)
  • Deb Malkin
  • RJS
  • Hillary McInerny
  • Emma Wusi
  • Renee Myers (Missouri)
  • Sylvia Shriner (Washington)
  • Katherine Pina (Arlington, TX)
  • Eluned Li
  • Grace (Oregon)
  • Alan L. Stewart (Olympia, Washington)
  • Evalla (Oregon)
  • Stephanie B (Connecticut)
  • Remy Rose Way (Montgomery County, Pennsylvania)
  • Diane Falkowski
  • Pamelaj Paro (Portland, OR)
  • Sommer Anderson (Richmond, VA)
  • Jennifer K. Falcon, ikiyA Collective (San Antonio, TX)
  • C. Anderson (Decatur, Georgia)
  • Felecia Phillips (Alabama)
  • Evan Bode (Syracuse, NY)
  • Justianna (Georgia)
  • Trisha Pahawa (Marietta, Georgia)
  • Thomas Kopp, Nashville Antifascist (Nashville, TN)
  • Laurel Kearns (New Jersey)
  • Joanne Lavine (Oklahoma City, OK)
  • RJ Murray (Pittsburgh, PA)
  • Aleksandra Belotserkovskaya (Atlanta, GA)
  • Tori (Bay Area, CA)
  • Hector Vera (CA)
  • Stephanie Winfree
  • Will Pruett (Decatur, GA)
  • Simone Scott (Richmond, VA)
  • Todd Eaton (Brooklyn, NY)
  • Chanan Suarez (Flagstaff, Arizona)
  • T.W. Collins (Upstate NY, “but Atlanta is my hometown”)
  • Kaisa (Boston, MA/Atlanta, GA)
  • Maya Rae Miller (Boston, MA)
  • Dove ER* (Occupied Piscataway and Susquehannock land (so-called “Baltimore”))
  • Cara Sanford (Marietta, GA)
  • Brett King (Grundy, Tennessee)
  • Doreen Stewart (TN)
  • Savannah Markham
  • Faye Ecklar (Decatur, GA)
  • Kat Wolfram (NY)
  • Nate Wendt (SD)
  • Sarah Cuk
  • Lillian Allen (Illinois River Valley)
  • Michael Hessel-Mial (College Station, TX)
  • Phoebe Weseley (FL)
  • Anna Stevens (Atlanta, GA)
  • Brendan Wissinger (Mount Union, PA)
  • Philadelphia Housing Action (Philadelphia, PA)
  • Steve Leigh (Seattle, Wa)
  • Cutte: The Transfeminine Trainwreck (WA)
  • Jenny Hubbard (Soquel, CA)
  • Johnny Joestar (Upstate New York)
  • Clare (Atlanta, GA)
  • Alexandra Mastorakis (Atlanta, GA)
  • Bloc from the Block (New York)
  • December Lee (NYC)
  • Lupita (Atlanta, GA)
  • Maria Low (WI)
  • Morgan Waite (DC)
  • rebecca
  • 庖丁 (Chikashsha I̠yaakni)
  • Leslie Dreyer (Durham, NC)
  • Kay Whitlock (Missoula, MT)
  • Anita Duvall (IN)
  • Nick M (Athens, GA)
  • Harpreet Chima (Stockton, CA)
  • Lee Abidakun (Canada)
  • Sebastian Sean Crow (TX)
  • Hunter (MI)
  • Will Voss (Champaign, IL)
  • Jacqueline Reed (IL)
  • Erin McNalley (Encinitas, CA)
  • Caroline Hallman (CA)
  • Br Scott Michael Pomerenk BSG (CO)
  • Ruth Boyajian (Atlanta, GA)
  • Jody Wynn Rodiger (Hartford, CT)
  • Maria Caicedo (NYS)
  • Jake Krakovsky
  • Matthew Owcarz
  • Redowl.org: Fynn (Baltimore, MD)
  • Paula Guthat (Detroit, MI)
  • Nicolette Hook (Atlanta, GA)
  • Vanessa Montijo (San Diego, CA)
  • Yaira Matos (Boston, MA)
  • Irene Domingo (St Paul, MN)
  • Gavin Healy (San Francisco, CA)
  • Cydnii Wilde Harris (Atlanta, GA)
  • Patrick Derilus (Brooklyn, NY)
  • Gitz Crazyboy (Treaty 7 Territory)
  • Kathryn F (VA)
  • Heather Hale (Atlanta, GA)
  • Julz (Atlanta, GA)
  • Jen Willsea
  • Barry Zhang
  • Mariska Harshbarger
  • Niko Johnson-Fuller (Champaign, IL)
  • Alina Rose (Atlanta, GA)
  • Muireall Brown (Portland, Oregon)
  • Catherine Kiley Glass (Warner Robins, GA)
  • Peter Stedman
  • Michael Jason Daly (Clarkston, GA)
  • Maddie Thomson Crossman (Jackson, ME)
  • Cyndia Hunnicutt
  • Michelle Kweder (Brunswick, ME)
  • M Cathy Harmon-Christian, PhD
  • Bart Heath (Newburgh, IN)
  • Julian McDaniel (East TN)
  • Sean McCaffery (Charlotte, NC)
  • Michael Bennett Smith (Atlanta, GA)
  • Hailey DeWolf (Indianapolis, IN)
  • Kathryn Silverstein (Portland, ME)
  • Aivy Vu
  • Erin (Atlanta, GA)
  • Stephanie Ellis
  • Elizabeth King (Chicago, IL)
  • Bridget Kitson (Boise, ID)
  • Luke Otwell (Atlanta, GA)
  • Faith Coffman
  • Bria Goeller (San Francisco, CA)
  • Greta B (Atlanta, GA)
  • Michael Coard (Philadelphia, PA)
  • Kyler Ferrill (Austin, TX)
  • M. Martin (Birmingham, AL)
  • Samuel Beaver (Tampa, Fl)
  • Basil (Occaneechee)
  • aiko hamamoto (Chicago, IL)
  • Hansen Hardin (Athens, GA)
  • Maria (GA)
  • Vani Natarajan (Brooklyn NY)
  • Megan Ives (Denver)
  • Jonas Berlin (California)
  • Mary Doyle (New York City/Lenape land)
  • Christel Loar (Eugene, OR USA)
  • Nathalie (Asheville, NC)
  • Robert Schneider
  • Stephen C (Ohio)
  • Joshua Higginbotham (Oklahoma City, OK)
  • Rachael Chavez (California)
  • Dylan Jarrell (North Carolina)
  • Tareq Fayyad (Seattle)
  • Chloe Jaques (WA)
  • Sean Parson (Flagstaff, AZ)
  • Kelli (Atlanta)
  • anastasia (Geneva, NY)
  • Netters (Los Angeles, CA)
  • Madelyn Fetzko (Los Angeles)
  • Fane (Indiana, USA)
  • Teagan (CA)
  • Nishant Mohan (Atlanta, GA)
  • Becca Smith (Chicago)
  • Octavia Washington (Brooklyn, NY)
  • Edward Smith (Occupied Mascogo, Miccosukee, and Timucua territory)
  • Brooke Bastinelli (Los Angeles)
  • Elizabeth Schongar (Pennsylvania)
  • J.A. Vasquez (Pittsburgh, PA - Las Vegas, NM)
  • Mary H (Atlanta, GA)
  • George Jackson (Port Angeles, WA)
  • Deborah Elise White (Decatur, GA)
  • Mikah C
  • Carlos Gonzalez (Bloomingdale, FL)
  • Jasper Knox (Missouri)
  • Hunter McCray Wheeler (Morgantown, WV)
  • Paul Ottaviano (mid-west)
  • Jess I. (Atlanta, GA)
  • Lee Gough (Esopus, NY)
  • Trevor Leach (Asheville)
  • Apple/CliffordTMcGriff (Atlanta)
  • Melanie (Virginia)
  • Journey Martin (Boston MA)
  • Jami F (Atlanta, GA)
  • Kai Lopez (Homestead, Fl)
  • Cecelia Ruble (Minneapolis, MN)
  • Shane Meyer
  • Abi Hurland
  • Jada Thompson (Chicago)
  • Jhovan Murray (Atlanta,Ga)
  • Shay Black (Ottawa)
  • Steve (Atlanta)
  • Tony P (NYC)
  • Pauline St Denis (NYC)
  • Lauren Bosley (UK)
  • Pamela Skripak (Albany, NY)
  • Maggie Lyn (Sweden)
  • Lee Williams (Virginia)
  • Bailey Bond-Trittipo (Miami, FL)
  • Carolyn
  • Jeanmarie Swiontkowski (NY)
  • Kristin Hamilton (New Orleans)
  • Mari Sage F.
  • John Webster (Southern California)
  • Mari Sage F. (Athens, GA)
  • SJ Avery (Asheville, NC)
  • Dean B (Blackpool, UK)
  • Stephen Lett (Norman, OK)
  • Garrett Davis
  • T’ana Williams (Austell GA)
  • Shuvu Bhattarai
  • Vickie L (Atlanta, GA)
  • Timera Bennett
  • Maren Stephens
  • Ima O
  • Frances Yeager (Atlanta, GA)
  • Mercii Thomas (Washington, DC)
  • Jill Dimond (Ann Arbor, MI)
  • Jason Venegas (TN)
  • Peterson Silva (Florianópolis, Brazil)
  • Elliott Bauer (Decatur, GA)
  • Keely Quinn (Portland, OR)
  • Free Jessica Reznicek
  • Tyler (Columbus)
  • Grace Goulson (Louisville, KY)
  • Sam Harris (Atlanta, GA)
  • Fosia N.
  • Anna Rodriguez
  • Danielle Gonzalez (Florida)
  • Maraky A (Tonga & Chumash land (Los Angeles))
  • Callie Arechiga (Decatur, GA)
  • Sophia Spindel (Oakland, California)
  • Leandra Lovejoy (Atlanta, GA)
  • Han Kanzler (Orange County, California)
  • dana balicki (Joshua Tree, CA)
  • Devon Ingram
  • Berkeley Barnhill Stewart (Arkansas)
  • David Klein (Los Angeles, CA)
  • Connie Totera (Pittsburgh PA)
  • T. J. Demos (Santa Cruz, CA)
  • Jenna Prosperi
  • Mat Ross (Logan Township, NJ)
  • Angela Mathis (Atlanta, GA)
  • Katelyn Grimmett (Miami)
  • Heather (Michigan)
  • Dustin (Atlanta, GA)
  • Aliyah Auerbach (Atlanta)
  • Rachel Ogi (Chicago, IL)
  • Elizabeth Wilkowski (Douglasville, GA)
  • Pilar Maschi (NYC)
  • Alyse Wheelock
  • Avery Quinn (Olympia, WA)
  • Seth (Sioux City, IA)
  • Michael Almond (Marietta, GA)
  • Graeme Shaw (Winnipeg, Canada)
  • gayle dorothy (PNW)
  • Sydney Advani Ernest (California)
  • Pamela Yvette Cook (Atlanta, GA)
  • Janet Anna (San Diego)
  • Sarah Taylor (Atlanta, GA)
  • Joseph J Balkis (IL)
  • Izzy Esparza (Atlanta, GA)
  • claire eggimann (scottsdale, az)
  • Guadalupe Vazquez (Tempe, AZ)
  • Kasey Page (San Francisco, CA)
  • Aiden Harmon (Dallas, Georgia)
  • Bat (Chicago)
  • Michaela Wehner
  • Ania Hornowski (Roscommon, Ireland)
  • aubrianna sainz (arizona)
  • Kennard Bonilla (Maryland)
  • Jay B.
  • Jonathan Pomboza (NYC)
  • keri leigh merritt (Decatur, GA)
  • florian haller (Munich)
  • Kathl Stinson (Stone Mountain, GA)
  • Nathan (Texas)
  • Moss Lilith (Chattanooga, TN)
  • Frankie Judy (Bay Area, CA)
  • Harvey Holtz (Pittsburgh)
  • Eliza Adelle Gorman (Athens, Ga)
  • Grace Davies (Minneapolis, MN)
  • Seth Marino Donnelly (Bay Area California)
  • Brittney (Atlanta, GA)
  • Shelby Lopez (Duluth, GA)
  • Paul Till (Fishers, IN)
  • Elizabeth Daniell (New York)
  • Angela Marino Donnelly (Bay Area California)
  • jack (Arizona)
  • Yasser Munif
  • Jess (Atlanta, GA)
  • Jennifer Jewell (Toronto, Canada)
  • azey wang (Council of Three Fires Territories (Chicago))
  • Marta Jimenez (Atlanta, GA)
  • Stuart Selig
  • Meghan Smith (Atlanta, GA)
  • Gabriella Marcarelli
  • Marc Triller (Jersey City, NJ)
  • Isaac Wayne (Cleveland, OH)
  • Andrea (South Florida)
  • Dr. Rebecca Hall (Cambridge, MA)
  • Retta Sola (Atlanta, GA)
  • Marissa (California)
  • Skylar L (GA)
  • Warren Wagner (Chicago, IL)
  • Yasmeen Alfaqeeh (CA)
  • Cayden
  • Elise (Atlanta, GA)
  • Brigette Gillespie (Stone Mountain, GA)
  • Brooks Franklin (Otto, NC)
  • Robin Isherwood (Santa Barbara, CA)
  • Erik Kuranko (Bridgeport, CT)
  • Megan Cencula (NY, NY)
  • Katie W. (Woodstock, GA)
  • Iz
  • Bernie Eisenberg (Los Angeles)
  • Juliet H (Davis, CA)
  • Lila (Maryland)
  • Nehemiah Blodget (Oreland, Pennsylvania)
  • Cheyenne Turner
  • Lori A Crockett (Winchester, VA)
  • Kat Meyer-Reed (Decatur, GA)
  • Taylor Tutt (Queens, NY)
  • Barae Hirsch (Baltimore MD)
  • Baltimore Jail Support (Baltimore MD)
  • Phil Gasper (Madison, WI)
  • Sierra Russell (Canandaigua, NY)
  • Andrea Nasca (Bvlbancha)
  • Scott Ritchie (Atlanta, GA)
  • Joseph (VA)
  • Oakley Weiler (Hershey, PA)
  • erik agard (KCMO)
  • Sumi Hasegawa (Canada)
  • Georgia (Wisconsin)
  • Ximena Stroubakis (Winchester Va)
  • Ann Kennedy (Maine)
  • Eve Wesson (Colorado)
  • Daniel Mills (Iowa)
  • Mark Miele (Alabama)
  • Katy
  • Karen Bray (Macon, GA)
  • Kelsey Williams (Cartersville Ga)
  • Aella Rose-Hill (Minneapolis, MN)
  • Christian Noakes (Atlanta)
  • Tenzin Yangzom (Boston, MA)
  • Margaux Ratcliff (Atlanta, GA)
  • Nan Nitecka (Wisconsin)
  • Pipsqueak (Seattle, WA)
  • Adryan Corcione
  • Sacha MacLean (Ottawa, ON)
  • Samuel Abels (Parkersburg, West Virginia)
  • Katherine Cherry (Tucson, Arizona)
  • Lauren Francis
  • Rick (Bridgeport, CT)
  • doug shaeffer (chicago)
  • Emily Rodriguez
  • Kylie Alexander (Kansas)
  • Ryan Haberlein
  • grace ferzely (Athens, Georgia)
  • Jared Ware (Millennials Are Killing Capitalism) (Philadelphia)
  • Jeanette Jordan (La Habra, CA)
  • Leigh Ann Luscan (Richmond, VA)
  • Sophia Jane Blankinship (Poughkeepsie, NY)
  • Elli Rosa (Richmond VA)
  • Kaylee (Crested Butte, CO)
  • Alex L
  • Jillian Murphy (Portland, OR)
  • James Cooper (China, Maine)
  • Alecia Wallingford (Tokyo/NY)
  • Monique ortiz (NM)
  • Jackie Morales (Stockton, CA)
  • Lennie Wetmore (Occupied Oregon)
  • Julianah Vernon (Nashville, TN)
  • Omid Shekari (Pittsburgh)
  • Josh Rohrer (California)
  • Alyssa Leiva, Stockton Stands (Stockton, CA)
  • Brittany McLaughlin (New Jersey)
  • Nancy
  • Zachary Janick (Atlanta, GA)
  • Jodi Reeves (Pittsburgh, PA)
  • Harmonie Coleman
  • Ruth @Rooflesser (Los Angeles)
  • Riley (PA)
  • Mary K (Columbus, OH)
  • Marina Szende (Seattle, WA)
  • Dara Brown (Chicago)
  • Brianna Joyce
  • Jenny O’Connell (Brooklyn, NY)
  • Mason
  • Kara H (Atlanta, GA)
  • rosza daniel lang/levitsky (nyc (occupied lenapehoking), NY)
  • Elena (Los Angeles, CA)
  • Meghan Keane Studio (NYC)
  • J (Olympia, WA)
  • Sarah (Tennessee)
  • Emma (Atlanta)
  • Judy Gutierrez
  • Caitlin Kehler (Portland, Or)
  • Rose City Radical (Portland, OR)
  • Micaela Godfrey (Berlin, MA)
  • June Levier (Topeka, KS)
  • Grace Lane
  • Riley Harrington (Prescott, AZ)
  • Shiloh (Dayton, Ohio)
  • Madeleine (Brooklyn, New York)
  • Rose
  • Zoey Laird (Decatur)
  • Steve Schueth (Chicago, IL)
  • Caroline Nixon (Athens, Ga)
  • Pamela Brubaker (Bethlehem, PA)
  • Thad Danielson (Conway, MA)
  • Paul Reddy (Welwyn Garden City, England)
  • Maissa Albourini (Atlanta, Georgia)
  • Rye Butler-Corbett (Oregon)
  • Kara W (GA)
  • Alanna Morton (New York)
  • Holly A Stovall (Macomb, IL)
  • James M. Joyce (Louisville, KY)
  • Logan Metzler (Nebraska)
  • Malachy (Glasgow, Scotland)
  • Zena Kocher (MN)
  • Rebecca Quinn (Los Angeles, CA)
  • Phil Runkel (Waukesha, WI)
  • Cathy Cronin (Napanee, Ontario, Canada)
  • Peter Koch (Woodstock, New York)
  • Kevin Gallagher (Seattle, WA)
  • Peg Coogan (Ithaca, New York)
  • Richard Coogan (Ithaca, NY)
  • Dee Grady (British Columbia, Canada)
  • Rae Mariz (Stockholm, SE)
  • Carolyn Sara Beckingham (Lewes, East Sussex, UK)
  • gerhard zarbock (germany 34131)
  • Banj (VA)
  • Mr. Cristian J. Ramis (United Kingdom)
  • Vicki Fox (New York)
  • Elijah Mirman (Boston, MA)
  • Annabel Sammons (Rochester, NY)
  • Janice Stevenson (Asheville, NC)
  • Christine (Ontario, Canada)
  • Jake (Springfield, MA)
  • Wendy L. Haaf (London, Ontario, Canada)
  • Sandra Reischel (Washington, DC)
  • Candace (MA)
  • Diane
  • Alice Symmes (Massachusetts)
  • Joy Rosengarten (Merrick, NY)
  • Omekah Edmondson (Raleigh, NC)
  • Judy Katz (NY)
  • John Liss LL.B. (Toronto Canada)
  • Stephanie Bilenko (Illinois)
  • Joseph (Arkansas)
  • Sherah Faulkner (Chapel Hill, NC)
  • Teal (Clarkston)
  • Alessandra Nichols (Vermont)
  • Mary Ann Viveros
  • Paul O’Banion (Pacific Northwest)
  • Linda Scherzinger
  • Paul C. Garver (Acton MA)
  • Michael Lucero (Charleston, SC)
  • Bill Gawne, Jr. (North Riverside, IL)
  • Eric Miller (Columbia, MD)
  • Sherri J (Atlanta Metro)
  • Audrey Chapman (Ireland)
  • Kathleen McHendry (Massachusetts)
  • Carrie Ferguson (Western MA)
  • tracie ashe (new orleans, la)
  • Ashley Shepherd (Denver, CO)
  • Janet Smeltz (Needham, MA)
  • Michelle B. (USA)
  • Patricia Layden (Seattle, WA)
  • Bjorn (Ohio)
  • Angela
  • Tadea Klein (Massachusetts)
  • Cindy Sass (Omaha, NE)
  • Mauricio Hollis
  • Susanna H Miller (Virginia Beach)
  • Arta Amiti (Hickory Hills, IL)
  • Fiona Gregory (Athabasca, Alberta, Canada)
  • Nick Kaye (Ormewood Park, Atlanta)
  • Myles Robertson (Tallahassee, FL)
  • Esther Seawell (Austin, TX)
  • Emily Townley
  • Joe Byars (Kalamazoo, MI)
  • Andrew Wehrheim (West Allis/Milwaukee, WI)
  • drew chafee (Tacoma, WA)
  • Bailey (Minneapolis, MN)
  • Max Moorhead (New York)
  • Elissa Fultz (Los Angeles, CA)
  • Summer (Berkeley, CA)
  • Heather Carver (Portland, OR)
  • Meera B.
  • Alissa Azar
  • Barbara Rahder
  • Norma Field (Chicago, IL)
  • Jessica Moskowitz (Atlanta, GA/Gwinnett County)
  • Deborah Webb
  • Stefan Christoff (Montreal/Tiohtià:ke)
  • Emma Henkel
  • Jonathan Nack, DSA* (*For identification purposes only)
  • Sandra Cobb (Moreland Hills, OH)
  • Brittany (California)
  • Brandon Kalber (Atlanta, GA)
  • Molly Hartnett (Berkeley, CA)
  • Susan Garrison (St Louis, MO)
  • Sierra Mckie (Atlanta, GA)
  • Marguerite Pilger (Toronto, Canada)
  • Leora Harris (New York, NY)
  • Henry A Nelson (Wichita KS)
  • Marcy Chen (Virginia)
  • Zoe Webb (Atlanta, GA)
  • Deborah Kahkejian (Williamstown NY)
  • Stanley Williams (Atlanta, GA)
  • Rebecca Schwarz (Vermont)
  • Michael Czajkowski (Atlanta, GA)
  • Olivia
  • HP Lovesauce (Canada)
  • Nora Privitera (California)
  • Maddie Malone (Austin, Texas)
  • Caleb Klipowicz (Iowa City, IA)
  • April Woods (Anchorage, Alaska, USA)
  • Levi Vonk (Washington, DC)
  • Dan La Botz (Brooklyn, NY)
  • Sebsatian Cadiz Garcia (So called “Georgia”)
  • Jessica (Virginia)
  • S. Temple Sullivan (Asheville, NC)
  • Debra Reynolds Banting (Nova Scotia, Canada)
  • Angela Hoehne (Bavaria, Germany)
  • Stephen Oren (Chicago, IL)
  • Judith Doane (San Francisco, CA)
  • Liz Lundquist
  • Peoples Cauldro (Cottekill, NY)
  • Rebecca Brachmann (St Petersburg, FL)
  • Greg C (Santa Ana, CA)
  • Brenda Morgan
  • Kirk Fast (Ozawkie)
  • Diane DiFante (WV)
  • Katie Siegmund
  • Ellie Roman (Florida)
  • Gigi McGaughey (London, United Kingdom)
  • Douglas M Mason (Port Matilda, PA)
  • Elizabeth Elliott (Columbus)
  • Ivana Morris (AZ)
  • Emily S
  • Alexandra Rhoads (San Jose, CA)
  • Laurel Kornfeld (Highland Park, NJ)
  • Kate Morales (Atlanta)
  • Leigh Fullmer (Utah)
  • Hannah C (Boston, MA)
  • Mira
  • Susan (Astoria OR)
  • Leslie Lomas (Colorado)
  • Hannah Truelsen (New York)
  • Janine Jones (Greensboro, North Carolina)
  • Joshua Slade Maddox (Alpharetta Georgia)
  • Rick Peterson (Portland, ME)
  • Hurd Hess (Iowa)
  • Keith Sosa (Phoenix, AZ)
  • Noelle
  • Jack Bellows (Atlanta, GA & Salt Lake City, UT)
  • Elio
  • Haley South (Alexandria, VA)
  • Stephen R. Shalom (Montclair, NJ)
  • Luna (Arizona)
  • Robert Winston (Surrey, BC)
  • Ruby Arnone (Minneapolis, MN)
  • Nancy Holmstrom (NYC)
  • Arlo Fitschen (Phoenix, AZ)
  • Circe Wallace (California)
  • Jan Bargen (Reliquias, Portugal)
  • Chelsea Davidson (Tunnel Hill, Ga)
  • Christiana Constantinou (Kentucky)
  • Brendan O’Sullivan Olsen (Vancouver, BC)
  • Fay Bracken (Apopka, Florida)
  • Judy J. Kohnson (California)
  • John Doucette (Pawtucket, Rhode Island)
  • Michael Schmotzer (York PA)
  • Steve Ongerth (cofounder, IWW Environmental Union Caucus) (Richmond, CA)
  • Kat Wiseman (Charlotte, NC)
  • Laura Sokoloski (New Hampshire)
  • Sharon Anderson (Toronto, Canada)
  • Amanda (WA)
  • Lina F. (Claremont, N.H.)
  • Neamhain Virtue (Portland, OR)
  • Caroline Gihlstorf
  • Jonathan Weintraub (British Columbia, Canada)
  • Sueño Fugaz (Tongva (Los Angeles, CA))
  • Zachary
  • Gwen Labbe (Gainesville, FL)
  • Anne P (Michigan)
  • William Gisselquist (Tempe)
  • Mya Chabarria
  • Robert Moore (NC)
  • Ash-Lee W. Henderson (New Market, Tennessee)
  • Benjamin (Wales)
  • Caroline Kottmeier (North Hollywood)
  • Jonah Murray
  • J Kenderby (Toronto)
  • Eli Effinger-Weintraub (Minneapolis)
  • KTG (Fort Worth, Texas)
  • Daljit Soni (Maryland)
  • Raspberry of the Surface
  • Jen Nitz (Montana)
  • Penelope Shannon (Livingston, TX)
  • Kristen Annett (Cincinnati, OH)
  • Michael Slutsky (Minneapolis)
  • Kale Ratcliffe
  • Jerry Rivers (Roosevelt NY)
  • Howard Switzer (Nashville, TN)
  • Pat Lord (USA)
  • Vanessa (California)
  • Evan Feldberg-Bannatyne (Cambridge, MA)
  • Jack Morehouse
  • Susannah Duncan
  • Rosie Thale (Chicago, IL)
  • ray mendoza
  • Dirk Marple (Kittredge, CO)
  • Clare Daher (Pennsylvania)
  • Blake (Atlanta, GA)
  • Noah Streng (Northampton, MA)
  • Michel Legendre (Brooklyn, NY)
  • Greg Camphire (Santa Ana, CA)
  • Kristen Bossert (Milton, DE)
  • MaryKate Bonner (Norwood, MA)
  • Mary (Kansas City, Mo)
  • Takeo Granroth (Gilbert, Arizona)
  • Curtis Blankinship (Eugene, Oregon)
  • Amy (Buffalo)
  • Roman Christopher Reid (Las Vegas, NV)
  • Tiziana Perinotti
  • Jane Congleton (Providence RI)
  • Fae Summers (Stolen Powhatan land [Richmond, VA])
  • Mahroosa Haideri
  • Rachel Jones (Brooklyn, but from Atlanta)
  • Bethany Dusenberry (Hendersonville NC)
  • Jake Lowe (Washington, DC)
  • Abby (Worcester, MA)
  • George S. Buck (Decatur, Georgia)
  • Darla Eckart
  • Ronald Wolniewicz (Toledo Ohio)
  • Stand.earth (Bellingham, WA)
  • Tamera Derby (Milwaukee, WI)
  • Shoshana (Tempe Arizona)
  • Rachel B. (Cheonan, South Korea)
  • Ted Scheinman (Washington, D.C.)
  • Aurora Brush
  • Corinna Schulenburg (Lenapehoking/New York City)
  • Jane Argodale (Asheville, NC)
  • Cali Zinga (Texas)
  • Rya (Las Cruces, NM)
  • Rita Rooney (Massachusetts)
  • Rebecca Fasman (Washington, DC)
  • mlou christ (WA)
  • David Huseth (Illinois)
  • Catherine (Concord, CA)
  • Sweta (Oakland)
  • Ted Griese (Kingston NY)
  • Vivienne Simon (Northampton, MA)
  • John P. Heyneman (Rochester, NY)
  • Kai (Duluth, MN)
  • Susan Heath (Oregon)
  • Sarah Mountz (Albany, New York)
  • Peter (St. Louis)
  • Takeo Suzuki
  • kd (Salem, Oregon)
  • Diana Cumming (MN)
  • Lauren Tatarsky (Ann Arbor, Michigan)
  • Michael Gilbreath (Wayland, MA)
  • Sheana Brown (Charlotte, NC)
  • Gael (Berkeley, CA)
  • Nguyen Hall (New York)
  • Alison Taylor (British Columbia, Canada)
  • Robin Bergman (Arlington MA)
  • Leslie Boyd (Illinois)
  • Celene Lyon (Rockport, MA)
  • Maria Goller (Union, WA)
  • Sue and John Morris (Marshfield, VT)
  • Debbie Campbell (St. Louis, MO)
  • Christopher Shepherd (BC, Canada)
  • Sam Law (Austin, Texas)
  • Matthew Heizman
  • Beth Ribet (Los Angeles, CA)
  • Sori Bannon (Chicago, IL)
  • lore wintergreen (Vashon, WA)
  • Alyssa (USA)
  • Susan Morrissey (California)
  • Sandra Phipps (Decatur, GA)
  • Edythe Cox (Boston, MA)
  • Wilson Stewart
  • Clarissa Smith (Portland, OR)
  • Gail Pearlman (Oakridge, OR)
  • Joey Ziegler (Seattle, WA)
  • Jesse Ginsburg
  • Sanjay Kumar
  • Janie Ginsburg
  • Larry Ginsburg
  • Selena Blick (Bend, OR)
  • Maiya Hoffman (Michigan, MI)
  • Haley Webb
  • Emilee Ann Wasiewski (Texas)
  • Elaine Nonneman (Seattle, WA)
  • Caroline Conrad (Brooklyn)
  • mary thompson (CA)
  • Jennifer Schwarzenbach (Seattle, WA)
  • Maria Jimenez-Zepeda (Seattle)
  • Molly O’Brien (New York City, NY)
  • Andrew McGlashan (Melbourne, Victoria, Australia.)
  • Mark M (“Here”)
  • Kathy Kerridge (Benicia)
  • Jonathan Mitchell (Madison, AL)
  • Jill Dunham (California)
  • Michael Letwin (Brooklyn, NY)
  • Lin Griffith (Oakland, CA)
  • Lisa Tyler (Victoria, BC)
  • Kori Paganucci (Roseville, California)
  • Exen (Sacramento)
  • Raresh Vlad Bunea (Toronto)
  • C. Martinez (San Diego, CA)
  • Stellan Vinthagen, Endowed professor (University of Massachusetts Amherst)
  • Clive L Ocnacuwenga
  • Millen Kerry (NJ)
  • Thomas Körtvélyessy (Rotterdam, the Netherlands)
  • Keelan (Rhode Island)
  • Melissa Topacio Long (Bellingham WA)
  • Ann Smith (St. Johns, FL)
  • Jane P (Brookline, MA)
  • Melina Hammer
  • John Link (Home Park, Atlanta, GA)
  • Sasha S Switz (Boca Raton, FL)
  • Katie Wehrheim (Milwaukee, WI)
  • Mallorie (Raleigh, NC)
  • Denise Lytle (Woodbridge, NJ)
  • Emma Sopchak (Boston)
  • Lisa Berkovits (Massachusetts)
  • Nicolle (Illinois)
  • Victoria de Dios
  • Fred Wright (Brooklyn)
  • Gloria Chevalier (Fresno, California)
  • Harrison Stoneking (Columbus, Ohio)
  • Tierney Acosta (Silver Spring, MD)
  • Andrea Snoddy (Atlanta, GA)
  • Rose Marmion (St. Mary’s Convent, UK))
  • Erin Bloom (Tennessee)
  • Avi (Halifax/Kjipuktuk, NS)
  • Semoni Weaver
  • Andy Dillon (NY, NY)
  • Kevin Maxwell Smith (Kent, Ohio)
  • Aderonke (Mantua, NJ)
  • dezeray lyn (Tampa, FL)
  • Mia
  • Nia Carter (NY)
  • Mars Scharf (Philadelphia, PA)
  • Jess Kenney (Northampton, MA)
  • Leila Salazar-Lopez (Oakland, CA)
  • Jacq (Kansas City, MO)
  • Nicole (Phoenix, Arizona)
  • Sparrow (Canada)
  • Alex H (NYC)
  • David Pellow (Santa Barbara, CA)
  • Marjorie Coppola (Arizona)
  • Jay (VT)
  • Joy Jennings (Atlanta, GA)
  • Patricia Morton (Los Angeles, CA)
  • Noelle Surat-Mosher (Boston, MA)
  • Lindsey Wagner (MD)
  • April
  • Grace Winternheimer (Salt Lake City, UT)
  • Maria Thomas (Michigan)
  • Gretchen Crawford (Rockland, Maine)
  • Zoe Ward (Fort Worth, Texas)
  • punkti Gandhi (Houston, TX)
  • Jacob Metz-Lerman (Brooklyn, New York)
  • Alexandra Foreman (Auburn)
  • Cullen Pospichal (Grafton, WI)
  • Abbey T
  • Sara Gutierrez (Dallas, Texas)
  • Anastasia Watson (Atlanta, GA)
  • Nadya Harrison (New Orleans, LA)
  • Eden (Atlanta, GA)
  • Akiem Rose (Los Angeles, CA)
  • Daphne Wysham (Washington)
  • Colin Krysl (Washington State)
  • Alexandra Everson (California)
  • Hannah DeWitt (Seattle)
  • Caitlin Ott (Philadelphia, PA / Lenapehoking)
  • Colin McElroy (Cobb county, GA)
  • Devi gopinathan (Seattle, WA)
  • jocelyn carpenter (Winder, GA)
  • Katherine Landesman (Boston, MA)
  • Perrine Guérin (Belgium)
  • Sara Landrey
  • Hillary Geller (Chicago, IL)
  • Anna-Marie Dolan (UK)
  • Rebecca Jean Emigh
  • Kelsey Nguyen
  • Alexis Fox
  • Khrizia K Velacruz (Oakland, CA)
  • Meghan Burrows (Florida)
  • Caden Healander (Los Angeles)
  • Mollie Wills (Vermont)
  • Namita Money (Baltimore, MD)
  • Jesse Drew (California)
  • Steve Riege (Connecticut)
  • Maggie Shanahan (Minnesota, USA)
  • Alexa
  • Gabriel Goffman (San Francisco)
  • Joan Steffen (Chicago, IL)
  • Anna Ingram (Tulsa, OK)
  • Elizabeth Seltzer
  • Kate Schram (Maryland)
  • Lauren Matheson (Canada)
  • Giorgio Losi (Bloomington, Indiana)
  • Ally R (Atlanta, GA)
  • tianna yellowbird (Canada)
  • Austin Hill (MA)
  • Imani Lawrence (New York)
  • Ellen (Ottawa)
  • Sarah Stark
  • Stephanie Sparrow (Michigan)
  • Molly Anderson (Middlebury, VT)
  • Tara (Bentonville, AR)
  • Samuel Ufford (Winnetka, IL)
  • Gloria Sanchez (Hawthorne, CA)
  • Ryan Dominguez
  • Love Hansell (Gothenburg, Sweden)
  • Hannah Landau
  • Rachel (Ohio)
  • Zara Khalid (McDonough)
  • Barbara Benas
  • sofia
  • Alison Page (MA)
  • Simone Ver Eecke (Brooklyn, NY)
  • Carissa Bolinski (Knoxville, TN)
  • emily (PA)
  • Jessica Ryan (Olympia, WA)
  • Renna Hintermeister (St. Paul, MN)
  • Nick Mercurio (Southeast Michigan)
  • Alyce Currier (Brooklyn, NY)
  • Michelle Sayles (Worcester, MA)
  • Ky Peterson
  • Josh B (Tucson, AZ)
  • Abby Leschinger (North Carolina)
  • Olivia Sullivan
  • Sarah (NC)
  • Julianne McCabe (Columbus, GA)
  • Sarah Duggan (Brooklyn, NY)
  • Kevin Gosztola (Chicago, IL)
  • Hannah Whitlark (Columbia SC)
  • Heather Montgomery (Old Fourth Ward, Atlanta, Georgia)
  • Ashton Valentine (Colorado)
  • Asha Salgado (Canada)
  • Elanny
  • Laila McCutcheon
  • Anne-Lise Francois
  • Emillie Adams (CT)
  • Tabatha (Seattle, Washington)
  • Eleanor Craig
  • Zeina Khalife (Athens, GA)
  • Micky
  • Alia s (BC, Canada)
  • Samara Johnson (Connecticut)
  • Nathan Stein (Chicago, IL)
  • Hannah Staples (Arizona)
  • Heidi A Hughes
  • Diane Doctor
  • Aodhán Connor-Farrell (Manahoac land)
  • Sirma Bilge (Canada)
  • Sabine von Mering (Wayland)
  • Sandra Barrett (Douglasville, GA)
  • Aaron (Atlanta, GA)
  • Grove Galusha (Vermont)
  • Belinda Parra
  • Silver Damsen
  • Bonnie Lockhart (Oakland, CA)
  • M.J. Williams (NYC)
  • Rachel E Partain (America)
  • Emily Magnesi (Atlanta, GA)
  • Miki Nabetani
  • Athena Landy (Denver, CO)
  • Kaja (Brookhaven, GA)
  • Melisa Pacheco-Jaimes (Lawrenceville, GA)
  • Jessie Whitfield (Arizona)
  • Christina Cruz (Athens, GA)
  • Pamela L Blau
  • Max Loxterkamp (Bristol, UK)
  • Annabelle Roh (Brooklyn, NY)
  • aliza
  • Mary Anna Thompson (Denver)
  • Courtney Mattinson (Alpharetta GA)
  • Phoenix W. Lee (Occupied Piscataway Land)
  • Lynese King
  • Ian Latinette (Pennsylvania)
  • Callie Cranfill
  • Shannon Duffy (Atlanta, GA)
  • Lynn Feinerman (San Francisco/Mill Valley California)
  • Janice (Las, Vegas)
  • Denisse Del Monte (Lawrenceville, GA)
  • Jamie Williams (Michigan)
  • Keagan Cranshaw (Savannah, GA)
  • Monica Campbell (New Jersey USA)
  • Haley Roeser (Los Angeles)
  • Rilyn Wagner (Atlanta, GA)
  • Kristina Todd
  • marta (Wompanoag land)
  • Lalita Martin (Atlanta, GA)
  • Omkar Joshi (Duluth, Georgia)
  • sonia marino (Vancouver, BC)
  • Crystal J Hoffman (Pittsburgh, PA)
  • Mariam Moazed
  • Morgan Lindsay (Ashland, OR)
  • Daniela (Miami, FL)
  • Mac McLaughlin (South Jersey, NJ)
  • Rebecca Scarborough (Camden, ME)
  • Katie Walkiewicz (San Diego, CA)
  • Jenna
  • Aili Thompson (Ottawa, Canada)
  • Kathiria Zorrilla-Feliciano (PA)
  • Jack Herold (Lakeville, CT)
  • Elijah Fountain
  • Jack Sanders (Madison, Wisconsin)
  • Bobby Timms
  • Vanessa Christaldi (Orlando, Florida)
  • Jason Cusell-Barnes (Alachua, Florida)
  • Matt Sessions (Florida)
  • Nayeli Maxson Velazquez (San Francisco, CA)
  • Calie Stark (Portland, OR)
  • remo giancola (Corvallis, OR)
  • dave gioia (Oregon)
  • Mary Trulley (Wisconsin)
  • Ivy (Canada)
  • Alexandra Lynn (Seattle, WA)
  • Gabrielle
  • Josie Vida
  • Shannon H. (MD)
  • Setsu Shigematsu (Riverside, CA)
  • David Riley (Freight riding the US)
  • Yana Lysenko (NYC)
  • Kailey Williams
  • Clara (Washington)
  • Mason Rollings (Inman Park)
  • Delta Delacruz
  • Llewyn Máire
  • Ashley Stevens (Vancouver, WA)
  • Malcolm Grant (NYC, NY)
  • Skye Murphy
  • Christina Powers (San Bruno, California)
  • Alejandra Bellavance (CA)
  • Megan Dobkin
  • MT
  • Jodi StJohn (Atlanta, GA)
  • Morgan (Los Angeles, CA)
  • alejandra olvera (Riverside, CA)
  • Josie Iller (FL)
  • Sarah Flickinger (Washington)
  • Suki deJong (Lake Worth, FL)
  • Carlo Zucchi (Como, Italy)
  • Elizabeth Violett
  • Eleen
  • Aleksander Varadian (New York)
  • natavia gage (Ohio)
  • Brina (Slovenia)
  • Priscilla J (CT, USA)
  • Miep (Gent)
  • Thomas Moran (Minneapolis, MN)
  • Samantha
  • Laima (Toronto)
  • Jessie Collins
  • Barbara Humphrey (Ludowici, GA)
  • Esther V. John (Seattle, WA)
  • David Copper (Staunton, Virginia)
  • Ashley Petersen (Pennsylvania)
  • Kara Moller (Washington, DC)
  • Bobby Timms
  • Susan Shearouse (Glen Allen, Virginia)
  • Ananta Alva (NJ)
  • Ruth Podolin (Medford, NJ)
  • Chris Rom (New York)
  • B. Alexandra Kedrock (Virginia)
  • Jake Padilla (Chicago,IL)
  • Sam Whitney (Washington)
  • Lindsey Schnabel (Atlanta, GA)
  • Celina Kong
  • Mesha Moore
  • Phil Runkel (Waukesha, WI)
  • Mike Harrington (Brooklyn, NY)
  • Meghana Karumuri (East Lansing, Michigan)
  • Evelyn L Ophir (Delray Beach, Florida)
  • Luanne Pasik (WA and AZ)
  • Lily Dusseau (Akron, Ohio)
  • Alexis (Texas)
  • Anne Craig (Asheville, N.C.)
  • victoria yusibova (Philadelphia, PA)
  • Cynthia Heil (Asheville, NC)
  • Blue Delliquanti (Minneapolis, MN)
  • Tereza Castillo (Phoenix, AZ)
  • Caitlin Schroering (Grew up in Atlanta, now in Charlotte, NC)
  • Sandra L Parks (Bridgewater VA)
  • Catherine T. Scott (Asheville NC)
  • Vincent Kolb (Pittsburgh)
  • Ella Fratantuono (North Carolina)
  • Atlas (Burlington, Vermont)
  • Bobbie Schroering (WV)
  • Samuel Korn (Minnesota)
  • Johnathan O’Keeffe (Lincoln, NE)
  • Molly Freiberg (Troy, NY)
  • Fred Wright (Brooklyn)
  • Paul Turner (Leicester, NC)
  • eva wo (Philadelphia, PA)
  • Evan Mulholland (Minneapolis, MN)
  • Melanie Willing (Richmond, VA)
  • Killashandra K
  • Donna Schutt (Asheville, NC)
  • Alexandra Melinchok (Silver Spring, Maryland)
  • Raven Rauth (Frederick MD)
  • Eliana Ruben (Texas)
  • Sharon Palmer (California)
  • Leigh Manley (Dennis, MA)
  • Hope Wilson (Buda, TX)
  • Damien (Bend, Oregon)
  • Iman Zouiten (Port Charlotte FL)
  • Ellen E Barfield (stolen Piscataway tribal land now called Baltimore, MD)
  • José María Saraví (Tandil)
  • Lori Kershner (PA)
  • Tom Nisse (Brussels, Belgium)
  • Bennett Berkowitz
  • Karen C.L. Anderson (Southeastern Connecticut)
  • Kathy Self (Asheville, NC)
  • Elizabeth Rodkewich (Madison)
  • Briana Conway (Sacramento, CA)
  • Gerritt and Elizabeth Baker-Smith (Portsmouth, VA)
  • Jacob Apenes (Portland, OR)
  • Donatella Galella (Riverside, CA)
  • Marshall (Brooklyn, NY)
  • Gianna Fine (Queens)
  • Felicity Quartermaine (Portland, OR)
  • Constance Rice
  • Julia Keane (Washington, DC)
  • Nancy C Tate (Riegelsville, PA)
  • Jenae Hemminger (Milledgeville, GA)
  • Lois Jordan
  • Brynn (Utah)
  • Martie Leys (Cotati, CA)
  • Liliana Noonan (Houston, TX)
  • Christine Niskanen (Binghamton, NY)
  • Ava Perl
  • Michelle Fairow (Rural WA State)
  • Drew Hudson (Vermont)
  • Kahlan
  • Carlos Martínez
  • Julia Kirn
  • Lucia Hernandez Larios (Austin, TX)
  • Laura Denick (New York, New York)
  • Cathy Holt (Barichara, Colombia)
  • Audra King (Hartford, CT)
  • Jonathan Stegall (Minneapolis, MN)
  • Emily Gottschling (Detroit)
  • Jacob (Florida)
  • Jacqueline Garduno Franco (NYC)
  • Cas Copher (WI)
  • Nina Chester (Navajo Nation, USA)
  • Meg Wright (Arizona)
  • Molly Adams (NY)
  • Rachael Denny (Bradley, California)
  • Lorrie Streifel
  • Jacqueline (Maryland)
  • Lyndzie Zolac (Parma, Ohio)
  • Hayley Sanchez (Texas)
  • Noah Grigni (Atlanta, GA)
  • Lisa Adams
  • Maria Martinez (Alexandria, Virginia)
  • Hala Carter (Winterville, GA)
  • Iris Bordman (Vashon, WA)
  • Jennifer Scarlott (Bronx, NY)
  • Ana Cheng Jaramillo
  • Shelby Melton (Annapolis MD)
  • Drew de Man (South Fulton)
  • Sarah Medley (Portland, Oregon)
  • Cassidy DiPaola (Okeechobee, Florida)
  • Tiffany Mouzon (Jonesboro, GA)
  • Ally Langenkamp (Michigan)
  • Peter Rachleff (St. Paul, Minnesota)
  • Landon Adams (Kansas)
  • alexis duran (San Francisco, California)
  • Eric Morris (Akron, OH)
  • August (Oakland)
  • Kelly Wright
  • Brandy Knapton
  • Braven (NE Pennsylvania)
  • Elspeth Meyer
  • K [sic]
  • tony j hintze (Chicago, il)
  • Shana L. Redmond (New York, NY)
  • Maritza Mendoza
  • Jackson Kishbaugh-Maish (Berwyn, IL)
  • Wendy Mallette (Atlanta, GA)
  • Tracey Rocha (California)
  • Julian Dautremont (Columbus, OH)
  • Taylor Snodgrass (Indiana)
  • Muskaan Khemani
  • Rhea Hartwell (California)
  • Taven Zoe Frank (IL)
  • Christine Pappas (Los Angeles)
  • Elizabeth Berger (Oakland, CA)
  • Salem
  • A. Smith (Decatur, GA)
  • Nancy Graham (Chicago)
  • Caroline jordan (Atlanta)
  • Anne Marie Hertl (Grand Rapids, Michigan)
  • Moregan Szumanski (Michigan)
  • Hannah Zaritsky (Denver, Colorado)
  • Louise Halverson (Minneapolis, MN)
  • Sharon OHara Bruce (southeastern Michigan)
  • Teresa Brown (Canada)
  • Leah (Kansas City)
  • Nancy Yuill (Portland, Oregon)
  • Kendra Whelan
  • Don Kimball (Jacksonville, FL)
  • Laura Matthew (Worcester, MA)
  • Paige Coe (San Diego)
  • Michelle (TN)
  • Hannah Lane (San Rafael, CA)
  • Sara Melish (Oakland, CA)
  • Malia Kawaguchi
  • Marissa
  • Phil (Atlanta, GA)
  • Adam Denton (London, UK)
  • Sara (Kansas)
  • Josette Bailey (NYC, NY)
  • Barbara Thomas (Atlanta, GA)
  • Shari Sirkin (Corbett, Oregon)
  • Luke Anavi (Portland, Oregon)
  • John MacDougall
  • Casey
  • Jessica Scherer (Minnesota)
  • Samantha Love
  • Dee Allen (Oakland, California)
  • Ray Acheson (Brooklyn, NY)
  • Pat Albright (Philadelphia, PA)
  • Wren NS (Sweden)
  • Brian Kaneda (Los Angeles, CA)
  • Earnest Arky Solomon
  • Maya (Georgia)
  • Benjamin Colfax (Atlanta, GA)
  • Madison (Atlanta)
  • Henry Lear (Atlanta, GA)
  • Priscilla Merlo
  • Melissa Brown (Newton, MA)
  • Andrew Free (Atlanta, GA)
  • Mahnker Dahnweih (Madison, WI)
  • Marc Ramoneda
  • Maya Gomberg (Bulbancha)
  • Gail King (New York City, NY)
  • Gabriel Frazier (Savannah, GA)
  • Cloudy the Scribbler (Springfield, MA)
  • Madi Ugan (Chapel Hill, NC)
  • Yasmin E Mayer (Arcata, CA)
  • Corey Couch (Lula, GA)
  • Marissa Henriquez (Davis, CA)
  • Emily Smarte
  • Mathi Mugilan (So-called South Florida (land of Seminole))
  • Mars McCann Coruh (Los Angeles, CA)
  • Kara Reece (Virginia Beach, VA)
  • Bex Goolsby (New York City, NY)
  • Maria Gorman (Queens, NY)
  • Rodney Rowan Chandler (California)
  • Xavier Melvin (Savannah, Georgia)
  • Sonja Darai (Maine)
  • James (Texas)
  • Jada (Bowling Green, KY)
  • Matt (Atlanta, GA)
  • Kate Bergbower (Asheville, NC)
  • Michael Siptroth (Belfair, WA)
  • Michael Biggiani (Atlanta, GA)
  • Valerie Russo (Athens, GA)
  • Katy
  • Patrick (Oregon)
  • Siena Rafter
  • Aliyah S (Raleigh, NC)
  • David Cohen
  • Ezra Chaviv (Arkansas)
  • Debbie Kim
  • Pooja Patel
  • Clover Shillings (NY, USA)
  • Ken Schendel (Canada)
  • Kaniya Davis (Greensboro, NC)
  • Francisco Eraso (NYC, NY)
  • Sam Mera-Candedo (Baltimore, MD)
  • Helen Mrema
  • Liana Mestas
  • Rachel Goodman (Savannah, Georgia)
  • Nicole Baldy (Pittsburgh, PA)
  • Hannah (Atlanta, GA)
  • Luke (Nomadic)
  • John R Huff Jr (Denton, Texas)
  • Kyla Somerlot (Alabama)
  • Isabelle Borsanyi (New York)
  • Samantha (Sammie) Lewis (Detroit, MI)
  • Jerrica Martinez (Bloomington, IL)
  • Cris Hernandez (Los Angeles, CA)
  • Judy Ochoa (Orange, CA)
  • Evan (WA)
  • Barbara Wendeborn Brandom
  • Victor Wallis, author of “Red-Green Revolution”
  • Wesley Scott
  • Hector Brandt (Philadelphia, PA)
  • Asel Luzarraga (Basque Country)
  • Abi Stephens
  • Lauren Killion
  • David Beaulieu (Los Angeles)
  • Lindsay Culbertson (Buckhead, GA)
  • Sarah Gerringer (Virginia)
  • Alexis (Phenix City, Alabama)
  • Chuck Modi
  • Enma Hopkins
  • Emma (Philadelphia, PA)
  • Misha Choudhry
  • Caitlin Swirczynski (Ohio)
  • Michael Heslar
  • Julia Mcatee
  • Judith Lienhard (Oregon)
  • Dylan (Atlanta)
  • Derya Sever (Turkey)
  • Jaime O. (Oakland, Ca (Stolen Ohlone Land))
  • Prem Parekh (Suwanee)
  • Annabelle Pharrow (Stillwater, Oklahoma)
  • Amy Verdonik (San Diego, CA)
  • Mackie Elwell (Gwinnett County, GA)
  • Lauren Kesterson (Tuscaloosa, AL)
  • Emily Mooshian
  • Leo (Seattle, WA)
  • Morgan Patterson (New Haven, CT)
  • Amanda Bernard
  • Anna Marie (Massachusetts)
  • Melanie Evans (Marion, NC)
  • Emilie Casey
  • Avery (Midlothian, VA)
  • Michela Rose (Boston, MA)
  • Nicholas Fesette (Decatur, GA)
  • Nia (Chicago, IL)
  • Rosemari Roast (Connecticut)
  • Journey Martin (Dorchester MA)
  • Brianna Simmons (Riverside)
  • Hannah Eichorst (Atlanta, GA)
  • Mk Moskowitz (Boston, MA)
  • Hannah Kass (Madison, WI)
  • Rose Fairley (Los Angeles, CA)
  • Vanessa Bretas (Brooklyn, NY)
  • Feitian Ma (Baltimore, MD)
  • Zak Zulty (USA)
  • Leah Brindley (Florida)
  • Jackie Harris (St. Louis, MO)
  • Abigail (Pennsylvania)
  • Genea (Lenapehoking)
  • Alicia Hesselton (Broomfield, CO)
  • Sophia (Saint Paul, Minnesota)
  • Donna Shaunesey (Virginia)
  • Miranda M
  • Presleigh Hayashida
  • Walker Caplan (Brooklyn, NY)
  • Hallam Tuck
  • Cameron Miller
  • Rose Abramoff (Knoxville TN)
  • Stacey Stewart
  • Dutsch Dorman (Murfreesboro TN)
  • Jenny (Florida)
  • Ruth Bahl (Baltimore, MD)
  • Margo Williams (Thomasville, GA)
  • Carly Rizzuto
  • Jacob Ruiz (Los Angeles, CA)
  • Dave R
  • Kal (Pennsylvania)
  • Timothy Judson (Syracuse, NY)
  • Alyce Trelawny Coleman (CT)
  • Sara Redd (Atlanta, GA)
  • Madison Mayhew
  • Padma Dyvine
  • Josh Klipp (San Francisco, CA)
  • Olivia Lockhart (Kirkland, WA)
  • Michael Whetten (Garland, TX)
  • Charles Lockard (Jacksonville, FL)
  • Autumn Sternemann (Columbia, SC)
  • Emily Scholl (Grand Rapids, MI)
  • Katie Anne Graves (Atlanta, GA)
  • Theo (Raleigh, NC)
  • Stefanie Wills
  • Thomas Bolton (Phillipsburg, NJ)
  • Emilynne Widick (Nashville, TN)
  • Owen Schwartz
  • Sophie Brant (North Carolina)
  • John Mark Rozendaal (New York City, NY)
  • Daniel Garcia (St. Louis, MO)
  • Littlebird Dee (Black Mountain, NC)
  • Brantley Littlejohn (Indiana)
  • Julia Brokaw (St Paul, MN)
  • Jean Cushman (Baltimore, MD)
  • Kenneth Hardy (Austin, TX)
  • Meredith A Smarr (Colorado)
  • Maria A (Texas)
  • Jeremy B
  • Anthea Mitchell (Jenison, MI)
  • Katie Chun (Boston, MA)
  • Nicole G (Washington, DC)
  • Allie Woodard (Savannah, GA)
  • Ava (Austin, TX)
  • Josie Saint (Jasper, GA)
  • Rahul Deshpande (Atlanta, GA)
  • Abby Oberg (South Coast Oregon)
  • Susan Meeker-Lowry (Delanson, NY)
  • Holly Manning (New Hampshire)
  • Natalie Koski-Karell (San Diego, CA)
  • Mal Johnson (Michigan)
  • Alice Mar-Abe (Seattle, WA)
  • Emily Kincanon (Moose Lake, MN)
  • Kris Acuña (Rochester, MN)
  • Emma Ryan (Northampton, MA)
  • Terry Tompkins
  • Mark Scott (Marfa, TX)
  • Lydia Burkett
  • Maria Altamura (Connecticut)
  • Autumn White Eyes (Minneapolis, MN)
  • Riddhi S. Patel (Central Valley, CA)
  • Jennifer Silverstein (Windsor, California)
  • Zachary Oppenheimer (Amherst, MA)
  • Elizabeth Scrafford (Chicago, IL)
  • Frances Craik (Phoenix, Az)
  • Katya Drake
  • Jenny
  • Kurt Christian Reynolds (Atlanta, GA)
  • Serena Soplop (Florida)
  • Dee
  • Griffin Franklin (Flagstaff, Arizona)
  • Taylor Simonette (Los Angeles, CA)
  • Hailey Olson (Nevada)
  • Rich Averitt (Soddy Daisy, Tennessee)
  • Denise Rischel
  • Susan Larson (Paso Robles, CA)
  • Joyce Grabush (United States)
  • Tamara Hendershot (Miami, Florida)
  • Linda Cummings (Ohio)
  • Glow (Boston, MA)
  • Dustin Mcdaniel, Abolitionist Law Center (Pittsburgh, Pa)
  • Ann Thryft
  • Lisa A. Jacobson
  • Alex Amonette
  • Luci Evanston (California)
  • Cindy Roper (Northern NM)
  • Marilyn Mooshie (Oregon)
  • Sally Jenks Roth (Bristol, Vermont)
  • Martha Turobiner
  • Martina Pilz (Germany)
  • Wrenn Reed
  • Nyssa Mccarthy (Pittsburgh, PA)
  • Abby Petersen (Minneapolis, MN)
  • Michele Frisella (Tucson, Arizona)
  • Karen Van Es (Virginia)
  • Nia Howard (Michigan)
  • Richard Solomon (Oakland, California)
  • Craig Murray (Windsor, Ontario, Canada)
  • Alex Kowtun (Hornell, New York)
  • Anneliese Schultz (Maine)
  • Robin Ouellette (Massachusetts)
  • David Curtis Taggart (Woodbridge, Virginia)
  • Usman Khan (Austin, TX)
  • Sarah Frutig (Arleta, CA)
  • Alyssa Jones (West Virginia)
  • Ellen M Hinchcliffe (Minneapolis, MN)
  • Kellie Osborne
  • Maura Bradfield (Ireland)
  • William Forrest (Rochester, NY)
  • The Zemanick Family (FL)
  • Janet Torgerson (Arkansas)
  • Ryan Kuczynski (New Jersey)
  • Deborah (Philadelphia, PA)
  • Keith Wahl (Florida)
  • Joseph Chin (Indiana)
  • Debra Rehn
  • Thomas Perez (Titusville, FL)
  • Dan Peacock (Texas)
  • Christopher Fuentes (Seattle, WA)
  • Debra Wright (Arizona)
  • Crystal Coddington (PA)
  • Sheila Anderson
  • Rita Garvey (Florida)
  • Haley Horaz
  • Shelley Simcox (Bremerton, WA)
  • Janet G Heinle (Santa Monica, CA)
  • Shanice
  • Rev. David Sickles (Cleveland, Ohio)
  • K. Strong (New York)
  • Eesha Williams (Dummerston, Vermont)
  • Martha Eberle (Dripping Springs, Tx)
  • Kathleen Bungarz (Walnut Creek, CA)
  • Joanne Desposito
  • Mike Mcgowan (USA)
  • Jenifer Johnson (Marietta, GA)
  • John Mcginn (Providence, Rhode Island)
  • Cheryl Voelker (New York)
  • Erica Acebo (Marietta, GA)
  • Diane Kraft (Lewiston, NY)
  • Fayette Krause (Pt. Townsend, WA)
  • Becky Franklin (Minneapolis, MN)
  • Julia Lindemuth
  • Glenn Majeski (Daly City, California)
  • Steve Jones (Sebastian, FL)
  • Charles Krueger (Snellville, GA)
  • Paul Ukrainets (Austin, TX)
  • Karen Wolf (Maryland)
  • June (Pootatuck Watershed)
  • Caroline Herritt (Atlanta, GA)
  • Richard Payne
  • Sarah Mozal (Los Angeles, CA)
  • Forest Shomer (Port Townsend, WA)
  • Lisa Haugen (WA)
  • Melody C. (Falmouth, MA)
  • Tony Beum
  • Anthony Obst (Berlin, Germany)
  • Charles Unger
  • Tony Beum (Littleton, Colorado)
  • Susan Yarnell (Chapel Hill, NC)
  • Sea Branca (Mendocino, CA)
  • Nancy C
  • Janet Riordan (Snohomish, WA)
  • Maryanne Tobin (Philadelphia, PA)
  • Erik Boyd (La Crescenta, California)
  • Barbara Rosenkotter (Eastsound, WA)
  • Mary Almendarez
  • Alexandra Rappaport (Las Vegas, NV)
  • Elizabeth Phelan (New York)
  • Gina Cipriano (Kentucky)
  • Patrick Mcintyre (Ypsilanti, MI)
  • Risa M Mandell (Pennsylvania, PA)
  • Robin Weirich (Irvine, CA)
  • Desi Bolanos (New York)
  • Geraldine Gauer (Louisville, Kentucky)
  • Chris Tarn (France)
  • Michael Henderson (California)
  • Shaun Mosley (Atlanta, GA)
  • Jesse Goode (Washington, DC)
  • Chris Dacus
  • Elizabeth Smyth (Valley Of The Mahicantuck)
  • Kathy Mcmath (Ft Thomas)
  • Shelbie (Missouri)
  • Donna Shellabarger (California)
  • Manny Guerra (Denver, Colorado)
  • Zachary Bowman
  • Alison Thirkield (Emory, GA)
  • The Red Dove (NJ)
  • Cherry Hayes (British Columbia, Canada)
  • Daniel Q. Moore (Rochester, NY)
  • Ifeanyi Awachie (Decatur, GA)
  • Imani
  • Kathleen Ventrella
  • Bernadette Gillick
  • Michael D Markham
  • Ann Duggan (Barton, VT)
  • Katherine Roberts (San Francisco, Formerly - Atlanta, GA)
  • Maggie Copeland
  • Lisa Goodrich (Boulder, CO)
  • Michael Crowden
  • Lucia Pollock (Washington, DC)
  • Viktoriya Abakumova
  • Marlene D Bicardi (North Miami Beach, Florida)
  • Suzanne L Swinconos (Janesville, WI)
  • Susan C Peterson (Michigan)
  • Zachary Jeffreys
  • Deanna (St. Louis, MO)
  • Suzanne Stamatov (Santa Fe, NM)
  • James Lamont (St. Petersburg, FL)
  • Logan Threedouble (California)
  • Denyse Chambers (Canada)
  • Lucy Wills (United Kingdom)
  • Mark Reback
  • James And Rita Grauer
  • Courtney Conover (Level Cross, NC)
  • Teresa Mynko (Southern California)
  • Bettina Hempel (Teaneck, NJ)
  • Grace Tacherra Morrison (Los Angeles, CA)
  • Anne Dwyer (Seattle WA)
  • Anne Dwyer (Seattle WA)
  • Robert Osborn (Tacoma, Washington)
  • Janine (Atlanta, GA)
  • Brigid (Massachusetts)
  • Linda Walters (Virginia)
  • Ji Montgomery (Pennsylvania)
  • R (California)
  • Grace Hunter (Deland, FL)
  • Juliana Shepard (Massachusetts)
  • Anna (Oregon)
  • Eliet Donley (Japan)
  • Nancy (AZ)
  • Edward R Handley (Louisville, KY)
  • Patricia Rodriguez (Tucson, AZ)
  • Anne Rara (TX)
  • Meg Doyle (New York, NY)
  • Ashley
  • Lorraine Gray (Massachusetts)
  • Mary C. Whiteside
  • Rupal Nanavati (Marietta, GA)
  • Parag Sampat (Atlanta, GA)
  • Sarah Hearon
  • Amy Bramblett (Georgia)
  • Stephanie Anderson (Florida)
  • Allen Singleton (Atlanta, GA)
  • Elizabeth Watts (Florida)
  • Jennifer
  • Claudia Reed
  • Gwendolyn Torres (Pennsylvania)
  • Peggy S. Collins (Southfield, MI)
  • Laura Wall
  • Maria Esser (Madison, WI)
  • Ron Raz (Pennsylvania)
  • Tessa Marie (Mount Clare, WV)
  • Julie Beer (Palo Alto, CA)
  • Brooke Leader
  • Kelly Sierra (Arvada, Colorado)
  • Benay Blend (Albuquerque, NM)
  • Noah Hewitt (California)
  • Janet Selby (Phoenix, AZ)
  • Alexandra H (Billings, MT)
  • Jessica Tep (Brooklyn, NY)
  • Jae
  • Byron Cohea (San Diego, CA)
  • Sarah Daggett
  • Vicki Ingham (Iowa)
  • Elissa (Austin, TX)
  • Rebecca Leas (Venice, FL)
  • Lynn Driessen
  • Miranda Paige
  • Jan Tucker (Temecula, CA)
  • K
  • Danna Dearborn (Kittery Point, ME And Osprey, FL)
  • Chantez Neymoss
  • Diana Wilkinson (Flagstaff, AZ)
  • Olivia Mcnamara
  • Abigail Klein (California)
  • Elizabeth Costlow (Fletcher, NC)
  • Ruthie Weller (Waco, TX)
  • Galena Wurtzel
  • Leslie Smith (Oakland, CA)
  • Marge Maloney
  • Maureen Schiener (Buffalo, NY)
  • Kathryn J Damon (NYC, NY)
  • Sabine Bradley (Rochester NY)
  • Meredith (Oklahoma)
  • Wm Briggs
  • Mary Dicioccio
  • Diego Henriquez (Phoenix, AZ)
  • Erin Kidd (Charlottesville, VA)
  • Christopher Mell (Roswell, GA)
  • Charlotte Bicking
  • M Callahan
  • Hera Gerber (St. Louis, MO)
  • Gerry Kumagai (Toronto, Canada)
  • Kate Shepard
  • Margaret R. Beegle (Tucson, Arizona)
  • Ian Kpachavi (Chicago, IL)
  • Eric Burr (Mazama, WA)
  • Diana Morgan-Hickey (San Jose, CA)
  • Matt Berry (Bardstown, Kentucky)
  • Ira Gerard (South Elgin, Illinois)
  • Emily Myers (Atlanta, GA)
  • Patricia Bocanegra
  • Margo Gross (Arcata, California)
  • Patrick Diehl (Tucson, AZ)
  • Bob Summers
  • Monica Nelson (Southern Islands)
  • Noriko Kumagai (Toronto, Canada)
  • Carrie Lippy
  • Donna Reynolds (Upstate New York)
  • Eva Gabrielle Dickerson (Chiang Mai, Thailand)
  • Diane-Michele Petrillo
  • Carolyn Potts
  • Rosalind Morehead
  • Tinna (Kansas City MO)
  • Michael Mahoney (Texas)
  • Ulises Avila (Seattle, WA)
  • Ivette Lopezfreeman (Atlanta, GA)
  • Ben Mayerik (Marietta, GA)
  • Erin Glasco (Chicago, IL)
  • Dawn Oneal (Atlanta, GA)
  • Amanda Gormsen (Los Angeles, CA)
  • Audreyana Boyd (Los Angeles, CA)
  • Dr. Amy Eisenberg (Tohono O’odham Sacred Homeland, The Sonoran Desert)
  • Monroe Person (Texas)
  • Dani S
  • Aurora Massari (Los Angeles, CA)
  • Ian (Long Beach, CA)
  • Joseph Retsky (Tucson, Arizona)
  • Jacob Abiad (Canada)
  • Emily Harding (Washington, DC)
  • Susan Bannister (Maryland)
  • Ivica Rus (Croatia)
  • Danielle Eveillard
  • Ariel Fybush (NYC, NY)
  • Karen Gilliland
  • Issie
  • Marian Hussenbux (Britain)
  • Cristina De Jesus Morales (Chicago, IL)
  • Joan How (United Kingdom)
  • Gianluca Guaitoli (Italy)
  • D’anna Asher (Kauai)
  • Sierra Jones (Eureka, CA)
  • Josh G (North Dakota)
  • David Beaulieu (Los Angeles, CA)
  • Carol Schaffer
  • Sabree Galvan
  • Lex Clearwater
  • Bernard De Volder
  • Maria Geusebroek (France)
  • Ann Marie Daly (Ireland)
  • Doris Verkamp
  • Angela (NC)
  • Marina Ris
  • Kristin Seegert (Michigan)
  • Stella (Montreal, Canada)
  • Marja Leino
  • Phyllis Grande (Ny)
  • Elizabeth Urban (Niles, Illinois)
  • Elisabeth Sidler (Switzerland)
  • Cindy Hatcher
  • Phillip Anderton (Poole, UK)
  • Kiersten Lapense (New Jersey)
  • Maggie Martin (Decatur, TN)
  • Katherine O’Sullivan (New York City, NY)
  • Landis Crockett
  • Tishea (Houston, TX)
  • Natrice Tilghman
  • Jennifer Hunt (Chicago, IL)
  • Terri Friedline (Michigan)
  • Michael Wilaon (Watertown, MA)
  • Adrianna (UK)
  • Julie Alley
  • Michael Gulley (San Antonio, TX)
  • Elizabeth Jones (New York)
  • Samuel Morningstar
  • Shannon M. Coleman (Rochester, NY)
  • Evan Villeneuve (Detroit, MI)
  • Ari Braverman (Queens, NY)
  • Paul Reddy (W.G.C., Hertfordshire, England)
  • Tori Parsons (Maine)
  • Ernie Boyd (Asheville, NC)
  • Alana (Rochester, NY)
  • Victoria Jackiw (Erlangen, Germany)
  • Rebekah Steers (Colorado)
  • Robert Moore (NC)
  • Kathryn Elizabeth Reichard (California)
  • Conor Wrigley (Illinois)
  • Dawn Paley (Puebla, Mexico)
  • Hanna Novak (Detroit, MI)
  • Grayson Hester (Atlanta, GA)
  • Michelle Dyrness (Altadena)
  • C (NM)
  • Zephyr Converse
  • Brittany Shaheen (Michigan)
  • Stephen Benson, Phd (Blue Hill, ME)
  • Monica Shores
  • Robin How (UK)
  • Brianna Chastain (Texas)
  • Emily Trincado (Indiana)
  • Sara
  • Joan Carol Welte (Philadelphia, PA)
  • Clifford L. Snook (Milford, PA)
  • Savannah Baird
  • Julie Singh (Atlanta, GA)
  • Sharon Franco (Fort Myers, FL)
  • Ashley Barrienots (Murfreesboro, TN)
  • Devin Murphy (California)
  • Brenda Ramos (New Jersey)
  • May (New York)
  • Van Hopper (Portland, OR)
  • Katie Luther (Atlanta, GA)
  • Raimi L
  • Cindy Hwang (Brooklyn, NY)
  • Sativa Nadeau-Benton (Macon, GA)
  • Lexie Vogel
  • Scott Buchner (Port Townsend, WA)
  • Robin Wood (Germany) (Germany, Hamburg)
  • Mrs. Marilyn Dougher (Anchorage, AK)
  • Elizabeth Fox
  • C Day (Florida)
  • Elena
  • Rodger Field (Chicago, IL)
  • Alexis B (Georgia)
  • Evan Mccoy (Englewood, CO)
  • Takis Karakatsanis
  • Sara Wicoff (Texas)
  • Amelia Madden (California)
  • Mitra (Santa Cruz, CA)
  • Eric Patel (New York, NY)
  • Jenna Yeakle (Duluth, MN)
  • George Leddy (Los Angeles, CA)
  • Ann Currie
  • Erica Baum (New York)
  • Frieda Weinstein Biton (Montreal, Quebec Canada)
  • Elizabeth Weaver (Atlanta, GA)
  • Jason Tishler
  • Autumn Ribbens (CA)
  • Daniel Mihalyi (The Dalles, OR)
  • Karen Kirschling
  • Ak (Upstate NY)
  • Liz (East Atlanta Village, GA)
  • Cate Manochio (Caldwell, NJ)
  • Mindy Blank (Barre, VT)
  • Colin Sphar (Chicago, IL)
  • Federico José Abelik (Argentina)
  • Tamatrion Javers (Cobb County, GA)
  • Zaila (Atlanta, GA)
  • Madeline Beke (Atlanta, GA)
  • Sarah B Stewart (MA)
  • Michelle Macy
  • Charles Soeder (Carrboro, NC)
  • Kevin Alan Mann (Oakland, CA, on unceded Ohlone Territory)
  • Michael Marek (Phoenix, AZ)
  • Rhetta Eubanks (New York, NY)
  • Cody Lougher
  • Jackson Gregory (Kennesaw, Georgia)
  • Anah M.
  • Renee Marino (Tampa, FL)
  • Cris (Detroit, MI)
  • Liz
  • Emily Luken (Chicago, IL)
  • Cynthia Mcginnis (Ronkonkoma)
  • Fannie Ip (NYC, NY)
  • Nikki Dennis (Portland, OR)
  • Devyn Hall (Iowa)
  • Millie Mcwhorter
  • Sky Hanzas (Bay Area, CA)
  • Justin Gallicchio (West Hartford, CT)
  • Ali
  • Rebecca Jones (New York City, NY)
  • Autumn Sanford (Athens, GA)
  • Karina Dansie
  • Lisa Coleman
  • Kathryn Minervino (Raleigh, NC)
  • Sudan Young (New York)
  • Cameron Rasmussen (New York)
  • Sudan Young (New York)
  • Oliver (Portland)
  • Nicolas C. (Montreal, Quebec, Canada)
  • Shelly Williams (Sacramento, CA)
  • Lizbeth Hernandez (Berkeley, California)
  • Michelle Merrill (Santa Cruz, CA)
  • Sam Butler (Cleveland, Ohio)
  • Alex Hatzakis
  • Sarah Y. (FL)
  • Simone Biedermann (Fehmarn, Germany)
  • Mo
  • Regan Luebbert (Pennsylvania)
  • Braden Baker (Atlanta, Georgia)
  • Eleanor Dunn (Los Angeles, CA)
  • Gabriel Oakes (Seattle, WA)
  • Val (Athens, GA)
  • Michele Hines (KY, UT, WA, AK)
  • Chelsea Hillman
  • Abbie Porto (Chicago, IL)
  • Mya (California)
  • Clare Redlick
  • Idit Cahana (New York)
  • Theresa Bucher (Tarzana, Ca)
  • Jill Grief (Toronto, Canada)
  • Sarah (Minnesota)
  • Helen (Wisconsin)
  • Nora Chesnut (Austin, TX)
  • Carrie H (Evans, GA)
  • Elina
  • Catherine F Talbott (Southern Illinois, Home of the Shawnee National Forest)
  • Haley (Chicago, IL)
  • Isabel Tenison
  • Marilyn Oliva-Rivas (Washington, DC)
  • Magie
  • Emily Schukai
  • Megan Bouwkamp (Upstate, SC)
  • Alina Lasseter (Valdosta, GA)
  • Mark Spencer (Atlanta, GA)
  • Lindsay Miller
  • Laurel (Missoula, MT)
  • Amber C Smith (Colorado)
  • Lilly (Omaha, NE)
  • Alana
  • Al Johnson-Kurts (Vermont)
  • Melissa Specht (New Haven)
  • Parithy S
  • Kelly Kyutoku (Corvallis, Oregon)
  • Bailey Veloria
  • Maggie Shears
  • Han Ward
  • Jennifer Palmer (Pasadena, CA)
  • Stephanie Johnson
  • Angelic Dominguez (Donna, Texas)
  • Sylvia Gonzalez (Tucson, AZ)
  • Raven (Indiana)
  • Emily (New Zealand)
  • Abby (Atlanta, GA)
  • Amanda
  • Sara
  • Paulina Soto (Oklahoma)
  • Andrea Ramos Campos
  • Carolyn Serebreny (Haines City, FL)
  • Kayla A. (Indiana)
  • Nicole Ramirez
  • Rebecca Roberts (NJ)
  • Miles Gorman (Morristown , New Jersey)
  • Claire (Wisconsin)
  • Hina
  • Hunter
  • Joel Pantuso-Iwaskewycz (Oxford, OH)
  • Nikelle Knox
  • Sophia Czyzewski (Las Vegas, NV)
  • Zoe Muzyczka (Cincinnati, OH)
  • Mindy Holmes (Detroit, Michigan)
  • Ashlyn
  • Lise Ullman (Oregon)
  • Mary Claire Kelly (Boston, Massachusetts)
  • Alyssa Shields (Pennsylvania)
  • Lauren Labarre (Athens, Georgia)
  • Carol E Gay (Brick, NJ)
  • Rita (Atlanta, GA)
  • Noir Oliver
  • Heather Harmon (Warwick, RI)
  • Richard Namkung (Los Angeles, CA)
  • Antónia Audi
  • Josie Mccartney (Chicago, IL)
  • Judy
  • Madison
  • Maude Burns (Rochester, NY)
  • Caroline Benda (Jasper, GA)
  • Emily Yelton (North Carolina)
  • Ziah Cloud (Seattle, WA)
  • Gina Bennett
  • Clarinda Karpov (Omaha, Nebraska)
  • Alexandra Cousins
  • Jaime Justen (Brooklyn, NY)
  • Anna Patriarche (Phoenix, AZ)
  • Tara Kamath (Santa Monica, CA)
  • Patrick O’reilly (Belleville, NJ)
  • Chalit Ratapana (Bangkok, Thailand)
  • Brooke Gilley (Wisconsin)
  • Maria Golner
  • Izzy Darwin
  • Karen Manzo (Westminster, Colorado)
  • Megan Baxter
  • Ashley Martinez (Oregon)
  • Sealah Jeter (Oregon)
  • Haniya Hassan (San Diego, CA)
  • Kelsey Brodt (Minnesota)
  • Arya Jemal (New York, NY)
  • Mckenzie Forbes (California)
  • Ana Vujadinovic
  • Lucero Ramos (Corona, CA)
  • Roya Lippe (Illinois)
  • Hannah Demke
  • Jamison Murphy (Baltimore, Maryland)
  • Arianna Alexander
  • Tara Fredenburg (Memphis, TN)
  • Marelle
  • Linnea Wolff (Pittsburgh, PA)
  • Laura Beckman (New York, NY)
  • Emily
  • Amelia Ragusano (Howell, NJ)
  • Olesya
  • Lizzie
  • Alissandra Valdez
  • Lisa Meader
  • Cinthia Romero Silva (Chicago, IL)
  • Alissa Torrez (Colorado)
  • Ahvionna (Minnesota)
  • Madeleine Cane (Vancouver, WA)
  • Keren Giovengo (Brunswick, GA)
  • Jordan Schindler (Illinois)
  • Breanna Mcgowan (Atlanta, GA)
  • Natalie
  • Corinne Haley (Idaho)
  • Marlene Campbell (Katy, TX)
  • Elizabeth Thomson (Milford, MA)
  • Heather (New Orleans, LA)
  • Tracie Hoops (California)
  • Amy Sindorf (Seattle, WA)
  • Chandler Mccormick (Denver, Colorado)
  • Estephanie
  • Maya Reynolds (Ohio)
  • Kolbi Bradley (Dc)
  • Calvin Brandt (Cincinnati, Ohio)
  • Ankhet Holmes (DC)
  • Abbigail Corwin (Lewisburg, TN)
  • Lauren Zachary (Morris, MN)
  • Sam Hines
  • Rachel Jeayes
  • Patricia Gray (Orlando, FL)
  • Laron (South Carolina)
  • Emma Ross (Rochester, NY)
  • Marc James Léger (Montreal, Canada)
  • Jenna
  • Annick (USA)
  • Jenasen M. (Michigan)
  • Nadia M (Texas)
  • Zed
  • Ms. Norris (Idaho)
  • Sarah Brown (USA)
  • Cat Demers
  • Ella Johnson
  • Sonny Mercer (Lithonia, GA)
  • Mortimer D. Pendragon (NC)
  • Sydney Warner
  • Nicholas Smith
  • Jessica Bolding (WA)
  • Sylvia Manning (TX)
  • Kilynne Higgins
  • Patrick Hr Lindley
  • Aj Henry
  • Jenasen M. (Michigan)
  • Nadia M (Texas)
  • Zed
  • Ms. Norris (Idaho)
  • Sarah Brown (USA)
  • Kimberly Edwards
  • David (Earth)
  • Makenzie Fogg
  • Haley (Snoqualmie, WA)
  • Cian Doran
  • Naomi Emma Lederman
  • Spark
  • Haley Mchatton Ballou (Wakefield, MA)
  • Gillian Dunn
  • Olivia Cavalluzzi
  • Saorla (Boston, MA)
  • Delsin
  • Ava Ackerman (Boston, MA)
  • Emma Neuman
  • Lisa
  • Racheal Matheny (Dublin, CA)
  • Jamie Jenkins (Atlanta, GA)
  • Brooke
  • Haley Frey (Reno, NV)
  • Gayle Bell (Florida)
  • Emily Hoffmeister
  • Mila (NY)
  • Ashley Yong
  • Paula Munoz (Florida)
  • Gregory Geboski (Wisconsin)
  • Hans Schub
  • Grey Crouch (Los Angeles, CA)
  • Sara Itkis (Quincy, MA—on Massachusett, Pawtucket, and Wompanoag Land)
  • Vanessa Sanchez (Arcata, CA)
  • Jean Kim
  • Krystina Melville (Virginia)
  • Liz Goldhammer (La Verne, CA)
  • Margherita Bonazzi (Italy)
  • Betelhem Teshome (California)
  • Jennifer Chou (Vancouver, Canada)
  • Sadie Kinne (Arizona)
  • Elijah (New York)
  • Emanuela Bianchi (New York)
  • Amber Meister (Pittsburgh, Pennsylvania)
  • Chelsea Mckee (Brownsville, TX)
  • M. Flores
  • Catherina Ebert
  • Alexandra Smith
  • Mikayla Kinghorn (Idaho)
  • Tobias Jones (Texas)
  • Gail Courtney (Walthsamstow)
  • Carlos Umaña (Madrid, Spain)
  • Annie Eldon (Arizona)
  • Theresa Reuter (Mother Earth)
  • Tina Shull (Charlotte, NC)
  • Janet Yoshida-Gordon
  • Andrew Wilson (Prague, Czech Republic)
  • Barbara Mccane (Chesapeake, VA)
  • Millie (France)
  • Hyunjee N. Kim (New York, NY)
  • Joseph Wenzel
  • Bryana Miller (Florida)
  • Jt Haines (Minnesota)
  • Mia Treinen (Tampa)
  • Leah Schultz (Chicago)
  • Benjamin Kügerl
  • Christina Slabinski
  • Freeda Cathcart (Roanoke, Virginia)
  • Kealani Charbonneau (Lawrence, KS)
  • Coral Kendall (Norfolk, VA)
  • Kaitlyn Leblanc (Denver, CO)
  • Jessica Gutierrez (Manhattan, Ks)
  • Tracy Basile (New York)
  • Kristina Naso (Brooklyn, NY)
  • Lily Nwanesi
  • Alina Dollat (Italy)
  • Gabriel Diaz (La Puente, CA)
  • Ashley-Ann Cooper (Florida)
  • Lise Commeyras
  • Josie Bedore
  • Margaret Seiler (New York)
  • Pat Miguel Tomaino (Boston, MA)
  • Holley Alane White (New York)
  • Sophie Stachl
  • Ellen Walsh (New Jersey)
  • Ember Z
  • Jane Broendel (DC)
  • Azure
  • Elin Anderson (Connecticut)
  • Amanda Camp (Monroe, GA)
  • Cambria Smith (Nevada)
  • Emily Davies
  • Pepper Elvin (Edinburgh, UK)
  • Allison Allender (Cleveland, OH)
  • Sarah Tucker (Ohio)
  • Gail
  • Shelli Nelligan-Anderson
  • Liesl Cole (Seattle, WA)
  • Rhett
  • Jessica Lopez (CT)
  • Anthony Adame (Brooklyn)
  • Austin Lindberg (West Hartford)
  • Sloan Bukowski (Colorado)
  • Shawna Anderson (New York, NY)
  • Elysa Tulek
  • Dale Stephenson (Maine—former Atlanta resident)
  • Analeeze Quintanilla (Houston, TX)
  • Mara Kapno
  • Mayra Pantoja (Atlanta, GA)
  • Laura Harvester (Tampa, FL)
  • Kendall Potts
  • Alex Levy
  • Taté Garcia (San Diego, California)
  • Xueyi Lu
  • Ash Knight (Minneapolis, MN)
  • Judith Peascoe (Vienna, WV)
  • June Hill (Tallahassee, FL)
  • Lois Klein (New York)
  • Richard Spotts (Saint George, Utah)
  • Isabelle (Ottawa, Canada)
  • Khalid Johnson (Decatur, GA)
  • Sophia Daniluk
  • Santonja Julie
  • Adria Tenisson (Ventura, Ca)
  • David L
  • Aaron Kenna
  • Joseph Dipietro (San Diego, CA)
  • Nancy Wallace Nelson (Mendocino, CA)
  • Angela (California)
  • Carol Deem (Pennsylvania)
  • Carlisle Tang (Doreville, GA)
  • Danica C Kubick (Maine)
  • Rama Bharadwaj
  • Lauren Falls (Connecticut)
  • Hender Winer (Boston, MA)
  • Ileana D Vasquez (Seattle, WA)
  • Carolyn C (Wilmington, NC)
  • Stacey Dillingham (Louisville, KY)
  • Robin Templeton
  • Brittanee Walker-Williams (Seattle, WA)
  • Elena Chute (Pomona, California)
  • Ruth (Chicago)
  • Tanya Jisa (Carrboro, NC)
  • Kevin Caron (Atlanta, GA)
  • Linda Wing (USA)
  • Kristin Swenson (Charlottesville, VA)
  • Linda Soldan (Hartland, WI)
  • Luca De Sanctis Barton (San Diego, CA)
  • Joshua
  • Jenna Colemire
  • Brady Comenduley
  • Regine Adrien (New York)
  • Rebecca Borrer (Hudson, NY)
  • Nathan (Virginia)
  • Jesse Brown (Indianapolis, IN)
  • Jessica Decker (San Diego, CA)
  • Kat Lewis (Minneapolis, MN)
  • Leigh Kimberg (San Francisco, CA)
  • Darakshan Raja
  • Catherine Mcivor
  • Diana Lleras (Atlanta, GA)
  • Clare Timmerman (Atlanta, GA)
  • Ani (Portland, OR)
  • Adrianne Micco (CA)
  • Allison Kytta (Atlanta, GA)
  • Boudicca Walsh (Rochester, NY)
  • Keke Norment (Philadelphia, Pennsylvania)
  • Mariana
  • Steve Edwards (Ventura, CA)
  • Jimmy Lovett Jr (San Diego, CA)
  • Pamela K Jensen
  • Elliot Tables (Atlanta, GA)
  • Stephanie Insolia (Philadelphia, PA)
  • Lake Best (Nashville, TN)
  • Shayne Cytrynbaum
  • Oliver Presson (Philadelphia, PA)
  • Kiley Smith (Virginia)
  • Gerald Hallead (Traverse City, Michigan)
  • Monica Mishima
  • Layla Weide
  • Jenina Podulka (Jersey City, NJ)
  • Ariana Decker
  • Dan Dileva (Seattle, WA)
  • Serena Wohlrab (Avondale Estates, GA)
  • Marybeth Holleman (Anchorage, Alaska)
  • Adam P Gottlieb (Chicago, IL)
  • Kathryn Mullins
  • Alex Gruber (Wisconsin)
  • Andrew Pavlock (Punta Gorda)
  • Kyla (Denver, CO)
  • Ivy Borden (Tuscaloosa, AL)
  • Sneh Modi (Edmonton, Canada)
  • Emily
  • Andrew Mcglashan (Melbourne, Victoria, Australia)
  • Leah James (Massachusetts)
  • Kim De La Cruz (Austin, TX)
  • Eugenia Bukhman
  • Sofia Adams (Brooklyn, New York)
  • Anna Hepp (California)
  • Vicki Tran (Ontario, Canada)
  • Ilana Fischer (Atlanta, GA)
  • Sandy Commons (Sacramento, CA)
  • J (Midway City, California)
  • Charlie Blue Brahm (Seattle, WA)
  • Lulu Balbi (Sydney, Australia)
  • Jamilet Soto
  • Blue Guang
  • Jesus Rabadan (Midway City, California)
  • Bror Welander (Chicago, IL)
  • Carolina
  • Briana Moss (Dubuque, Iowa)
  • Ellie (RI)
  • Isabella Frederick (Seattle, WA)
  • Heidi Tähtinen (Finland)
  • Valerie
  • Ericka (Minnesota)
  • Ollie (US)
  • Ryan Crowley (Maine)
  • Joseph Fifer (Houghton, MI)
  • John Abbott (Chicago, Il)
  • Brenna Goldberg (Athens GA)
  • Carole Womeldorf (Cincinnati, OH)
  • Elias
  • Lexanne Painter
  • Ren Rodriguez (Canarsie Land)
  • Laura Markstein (Rock Hill, SC)
  • Jack (New York)
  • Ashley Mang (Chattanooga, TN)
  • Carrie West (PA)
  • Faith Eshbaugh (Washington, DC)
  • Rebecca Hadley (Brooklyn, NY)
  • Cathleen Mari (Atlanta, GA)
  • Mirian Amaya (Providence, RI)
  • Megan (Athens, Georgia)
  • Kelsie Herzer (Arizona)
  • Aly Bryson (Seattle, WA)
  • Matthew Maloney (Saugerties, NY)
  • Katherine Kushin (Philadelphia, PA)
  • Ann Gauthier (Decatur, Georgia)
  • Sol (Raleigh, NC)
  • Susan Meeker-Lowry (Delanson, NY)
  • Luke D (Atlanta, GA)
  • Jamie Jones (East Point, GA)
  • Alex Marterre (Oakland, CA)
  • Quinn Ava Singer
  • Kylie Fuller
  • Juan Verala Luz (Northern California)
  • Amity (Detroit, MI)
  • Danielle
  • Pia Müller (Grafenwöhr, Germany)
  • Jaci Christenson (White Bear Lake, MN)
  • Reneeb (Maryland)
  • Nicholas Sammond (Toronto, Ontario, Canada)
  • Naamah J.
  • Mallory Decker (Issaquah)
  • Jethro Heiko (Philadelphia, PA)
  • Kaitlin Greer (KY)
  • Melissa Deorazio (Alabama)
  • Lukas Schwab
  • Zoe Edington
  • Liza Berngartt
  • Christina (New York)
  • Samantha Humphrey (California)
  • E R Perez
  • Ryen W
  • Sylvia M.
  • Siobhan Mitchell (San Francisco Bay Area, CA)
  • Lee Schureck (Marietta, GA)
  • Lauren Kessler (Illinois)
  • Natalie (Cleveland, OH)
  • Ashley Mackenzie (Michigan)
  • Taylor Jackson
  • Mckenna Lohr (Lawrence, KS)
  • Sydney Bogan (Fort Worth, Texas)
  • Danett Abbott-Wicker (Orange, CA)
  • Mr. Tyler Putnam
  • Raven Hoopes (California)
  • Rosemarie Pace
  • Laurelyn Veatch (Plainfield, Vermont)
  • Amanda Silver
  • Cathy Cowan Becker (Columbus, OH)
  • William Brownlee (Ellensburg, WA)
  • Erin Milionis (Nashville, TN)
  • Shirley Cason Jenkins (Durham, NC but born and raised in Atlanta, GA)
  • Sophie Guthrie
  • Rev. Dexter Kearny
  • Ilana W (San Jose, CA)
  • Rebecca Williams (New York City, NY)
  • Jeff Stack (Columbia, MO)
  • Marvin Roman (Mountain Center, CA)
  • Anna Minsky (Oakland, CA)

10.01.2023 à 03:33

8 Janvier, le 6 Janvier Brésilien

CrimethInc. Ex-Workers Collective

Pourquoi la débâcle du 6 janvier 2021 a-t-elle été jugée suffisamment réussie pour mériter d'être répétée ?
Texte intégral (4320 mots)

Le 8 janvier 2023, des partisan·nes d’extrême droite de l’ancien président brésilien vaincu Jair Bolsonaro ont pris d’assaut des bâtiments gouvernementaux à Brasília, apparemment dans une imitation grotesque du fiasco au cours duquel les partisan·nes de Donald Trump avaient fait la même chose à Washington, DC, le 6 janvier 2021. Dans l’article suivant, nos camarades brésilien·nes racontent la trajectoire qui a conduit à ces événements et discutent des dilemmes auxquels les opposant·es au fascisme sont confronté·es au Brésil à la suite de ces événements.

Le coup d’éclat de l’extrême droite hier pose des questions auxquelles les anarchistes et autres antifascistes doivent faire face dans le monde entier.

Qui dirige les actions de l’extrême droite pour intensifier les conflits civils et transformer les institutions de l’État en champ de bataille ? Alors que beaucoup aux États-Unis ont suggéré l’implication de Steve Bannon, le Brésil et l’Amérique latine en général ont une longue histoire de coups d’État menés par des militaires locaux et des forces de droite et soutenus par des centristes ainsi que des conservateurs au sein du gouvernement des États-Unis. Contrairement à Trump, Bolsonaro lui-même était absent du Brésil lors de la prise d’assaut des bâtiments, ayant fui avant la fin de son mandat présidentiel. Il est probablement erroné de réduire ces événements aux machinations de quelques autocrates.

Qui que ce soit derrière cette opération, pourquoi la débâcle du 6 janvier 2021 a-t-elle été jugée suffisamment réussie pour mériter d’être répétée ? L’objectif des participant·es était-il de prendre le pouvoir, d’exercer une pression sur l’administration entrante ou de la pousser à réagir de manière excessive, de légitimer des tactiques extra-légales en tant qu’étape vers la construction d’un mouvement fasciste ? Ou bien n’y a-t-il pas ici d’objectif rationnel, mais seulement les effets secondaires des stratégies de campagne des démagogues d’extrême droite, la polarisation croissante d’une société qui se fragmente, et l’attraction irrésistible des tactiques mémétiques ?

Comment les populations marginalisées qui sont ciblées par les mouvements fascistes peuvent-elles se mobiliser pour se défendre sans légitimer les mêmes institutions de l’État que les fascistes et les centristes utilisent contre elles ? Comment les anarchistes et les autres personnes qui s’investissent dans un changement social profond peuvent-elles empêcher les “rebelles” d’extrême droite de monopoliser la perception du grand public des tactiques que nous serons peut être amené·es à utiliser, dans une but de libération cette fois ?

Nous espérons que cette contribution sera utile à nos camarades pour réfléchir à ces questions.


Les élections n’arrêtent pas le fascisme

Depuis la défaite de Jair Bolsonaro et la victoire de Luís Inácio Lula da Silva avec une marge de moins de 2% aux élections présidentielles brésiliennes du 30 octobre 2022, les mobilisations de l’extrême droite n’ont cessé de gagner en ampleur et en violence. Peu après l’annonce de la victoire de Lula, des manifestant·es ont campé autour des casernes de l’armée et bloqué des routes, contestant les résultats de l’élection et appelant à une intervention militaire. Nombre de ces camps étaient équipés de toilettes chimiques, de tentes et de cuisines ; iels étaient financé·es par des hommes d’affaires et des politicien·nes aligné·es sur le bolsonarisme et l’extrême droite. En novembre, la Cour supérieure fédérale a ordonné le blocage des comptes de certain·es des financeur·euses, signant des mandats de perquisition et de saisie.

Comme nous l’avons documenté, les chauffeurs de camions organisés par des groupes d’employeurs ont bloqué des centaines de routes à travers le pays, bénéficiant de l’indulgence de la police fédérale des autoroutes (PRF). Lorsque ces blocages ont été mis en échec, l’élan s’est déplacé vers les mouvements bolsonaristes urbains, en particulier les campements devant les casernes militaires. Les campements, qui avaient commencé avec un caractère plus diversifié, comprenant des personnes âgées et des enfants, sont devenus majoritairement masculins, avec des participants plus enclins à faire usage de la force. Les lynchages de personnes tentant de franchir les barrages, les enlèvements et même la torture de celleux qui n’étaient pas d’accord avec leurs tactiques ou leurs points de vue sont devenus monnaie courante.

Dans la nuit du 12 décembre, lors de la reconnaissance officielle du président Lula et de son vice-président Geraldo Alckmin comme vainqueurs des élections, la base de rue radicalisée du bolsonarisme a fait un pas de plus dans une répétition générale des événements du 8 janvier. Des groupes qui campaient à Brasília ont attaqué un poste de police et le siège de la police fédérale. Des partisans de Bolsonaro ont incendié cinq bus et trois voitures en réponse à l’arrestation d’un indigène nommé Serere Xavante, pasteur évangélique bolsonariste. Xavante a été accusé d’organiser un coup d’État, de proférer des menaces et de promouvoir des attaques contre l’État de droit démocratique ; le ministre de la Cour suprême fédérale, Alexandre de Moraes, a ordonné son arrestation.

Le Tribunal suprême fédéral a ordonné l’arrestation de dizaines de personnes impliquées dans les manifestations pro-Bolsonaro et dans le financement des camps. La gauche a continué à parier que la répression institutionnelle suffirait à contenir les Bolsonaristes. Compter sur des lois et des institutions qui n’ont rien fait pour freiner l’élan de l’extrême droite laisse les rues ouvertes à l’organisation des fascistes. En général, malgré les arrestations susmentionnées, la police et les autres autorités ont continué à traiter le mouvement bolsonariste avec permissivité.

L’image d’un bus en flammes, autrefois symbole de la lutte contre la répression étatique et l’exploitation capitaliste, telle qu’on l’a vue lors des manifestations contre l’augmentation du prix des billets de bus en 2013, la Coupe du monde de football en 2014, et les violences policières dans la périphérie urbaine, est désormais associée au “terrorisme d’extrême droite”. La gauche légaliste et institutionnelle, représentée par le nouveau gouvernement, adopte le rôle de “défenseur de la loi et de l’ordre”.

Incapable de supporter une défaite électorale, Bolsonaro a laissé ses partisan·nes se battre seul·es pour réaliser son rêve de coup d’État. Le 30 décembre, il est parti pour Orlando, en Floride, à bord de l’avion présidentiel, avec ses proches et les membres de sa famille ; l’argent public a tout payé. Son vice-président, le général Hamilton Mourão, est devenu président par intérim, faisant une déclaration louant “l’alternance du pouvoir dans une démocratie”.

L’extrême droite considère désormais Bolsonaro et Mourão comme des traîtres. Mais sans Bolsonaro, les Bolsonaristes sont devenus encore plus enragés et volatiles.

La veille de Noël 2022, le chauffeur d’un camion-citerne a trouvé un engin explosif dans son véhicule et a alerté la police. L’auteur de la tentative d’attentat, George Washington de Sousa, a été arrêté et a avoué son intention de faire exploser le véhicule près de l’aéroport de Brasilia avant l’investiture de Lula, dans l’espoir de contraindre le président Bolsonaro, encore en exercice, à instaurer l’état de siège. Les autorités ont découvert un stock considérable d’armes dans l’appartement de Washington de Sousa, qui a affirmé les avoir acquises au fil des ans, motivé par les discours de Bolsonaro. Cette découverte a attiré l’attention des autorités, y compris de l’administration entrante de Lula, sur la manière dont les occupations bolsonaristes recrutaient et radicalisaient l’extrême droite.

Le 1er janvier 2023, Lula a prêté serment sous haute sécurité. Il est ainsi devenu le seul président élu trois fois par un vote démocratique au Brésil, et Bolsonaro le premier président à ne pas être réélu, ainsi que le premier président de l’ère démocratique à refuser de transmettre l’écharpe présidentielle lors d’une cérémonie d’investiture. Les images des représentant·es des peuples indigènes, des travailleur·euses, des Noir·es, des handicapé·es et des exclu·es transmettant la bannière à Lula ont circulé dans le monde entier, en signe d’optimisme, même si les mesures palliatives pour une société capitaliste en déclin évident n’offriront probablement pas beaucoup plus qu’une brève amélioration superficielle avant l’effondrement.

En tout état de cause, le sentiment d’apaisement après la “défaite du fascisme dans les urnes” n’a même pas duré une semaine.

8 janvier 2023, Brasília.

La révolte de ceux qui sont escortés par les flics

Bien que la participation ait diminué après l’arrivée au pouvoir de Lula, les manifestations et les campements d’extrême droite se sont poursuivis. Dans les premiers jours de janvier, les partisans de Bolsonaro ont appelé à une manifestation pour le dimanche 8 janvier. Environ 4 000 personnes qui avaient manifesté aux portes des casernes dans plusieurs villes du Brésil ont pris des bus affrétés pour se rendre à Brasilia, la capitale, et ont uni leurs forces pour une manifestation de masse répudiant l’investiture de Lula en tant que président. La foule était composée d’un grand nombre de fonctionnaires, d’employé·es de représentant·es parlementaires et même d’adjoint·es au maire de petites villes. Iels ont affirmé que les élections avaient été truquées et que Lula était à la tête d’une bande criminelle cherchant à détourner l’argent du Brésil pour financer le “communisme”.

Lorsque les bus sont arrivés dans la capitale, les fascistes vêtu·es des T-shirts de l’équipe de football brésilienne ont défilé en début d’après-midi, sans subir d’interférence ou de harcèlement policier dans un lieu habituellement très surveillé et difficile d’accès. Iels se sont approché·es des bâtiments du Congrès national, de la Cour suprême fédérale et du Palácio do Planalto (le palais présidentiel). Ce sont les sièges des trois pouvoirs fédéraux du Brésil : législatif, judiciaire et exécutif. Les manifestant·es ont pris d’assaut les bâtiments, détruisant les fenêtres, les équipements et le mobilier, endommageant et volant des objets historiques et des œuvres d’art rares de Candido Portinari, Emiliano Di Cavalcanti et Victor Brecheret, d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Iels ont volé des documents et des armes au Bureau de la Sécurité Institutionnelle situé au rez-de-chaussée du Palais du Planalto, ce qui suggère la possibilité que certain·es d’entre elleux aient eu accès à l’avance à des informations sur l’emplacement de ces armes.

Comme lors des événements survenus au Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021, les manifestant·es ont filmé elleux-mêmes tout ce qu’iels faisaient, montrant leurs visages et publiant les images en direct sur les réseaux sociaux sans se soucier des risques. Ironiquement, iels ont mené une action attaquant les pouvoirs qui étaient censé suffire à débarrasser la société du fascisme après l’élection d’un gouvernement progressiste de gauche, selon l’espoir d’une partie de la population

Les envahisseur·euses ont bénéficié du soutien tacite de la police militaire du district fédéral, commandée par le gouverneur Ibaneis Rocha ; iels n’ont rencontré aucune opposition ni répression policière pendant au moins trois heures. La police leur a permis d’entrer dans les bâtiments. Ce n’est qu’à 18 heures que la police a pris l’initiative d’encercler les bâtiments. Plusieurs vidéos montrent des policiers prenant des selfies et riant pendant que les manifestant·es envahissaient le Congrès ; d’autres montrent des policiers fraternisant avec les Bolsonaristes à l’intérieur des bâtiments envahis.

8 janvier 2023, Brasília.

Ce n’est qu’après 20 heures que la police, y compris la Force nationale, habituellement si prompte à attaquer les enseignant·es, les étudiant·es et les peuples indigènes, a réussi à “contenir” pacifiquement la manifestation, en arrêtant environ 200 personnes. Sur les vidéos, on voit la police expulser les Bolsonaristes pacifiquement, sans aucun·e blessé·e ni mort, alors que la police brésilienne est sans doute la plus meurtrière au monde.

Cette réaction institutionnelle n’a commencé que lorsque Lula, qui se trouvait dans une ville de l’intérieur de São Paulo, a publié un décret pour une Intervention Fédérale dans la Sécurité Publique du District Fédéral, nommant le Secrétaire de la Sécurité Publique du Ministère de la Justice, Ricardo Cappelli, en tant qu’intervenant jusqu’au 31 janvier 2023. En pratique, cela signifie que la police gouvernementale (police militaire et police civile) est dessaisie de l’affaire et qu’elle est confiée à la police du gouvernement fédéral (force de sécurité nationale et police fédérale). Dans la soirée du 8 janvier, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique a fait une déclaration indiquant que des enquêtes avaient été ouvertes, que les financeur·euses des bus avaient été identifié·es et qu’environ 200 personnes avaient été arrêtées.

Le ministre de la Justice, Flávio Dino, ancien juge et ancien gouverneur de l’État du Maranhão, a également pris la parole, prononçant un discours mesuré dans lequel il a tenté de sauvegarder la légitimité des institutions gouvernementales, dépeignant les participant·es aux manifestations pro-Bolsonaro comme des radicale·aux isolé·es qui seraient traité·es comme des criminel·les, vidant ainsi l’événement de son contenu politique tout en le décrivant comme une tentative de coup d’État. Le ministre de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, qui avait été actif tout au long de l’administration de Bolsonaro en tant que “gardien de l’ordre institutionnel démocratique”, a également ordonné la destitution du gouverneur du District Fédéral, partisan bien connu du Bolsonarisme.

Aujourd’hui, au lendemain des événements, la situation reste déconcertante pour la presse et les autorités, alors que la manifestation était annoncée depuis des mois sur les réseaux Bolsonaristes.

Manifestation locale d’une vague fasciste mondiale

Il existe de nombreuses similitudes entre les événements du 8 janvier 2023 au Brésil et ceux du 6 janvier 2021 à Washington, DC. Mais il y a aussi des différences significatives, à commencer par le leadership politique des fascistes.

Jair Bolsonaro s’est toujours positionné comme un partisan de Donald Trump, s’alignant sur les mouvements d’extrême droite mondiaux comme ceux de la Pologne et de la Hongrie. Bolsonaro a des liens avec Steve Bannon, qui a servi de mentor aux fils de Bolsonaro pour la campagne présidentielle de 2018 et a affirmé l’année dernière que l’élection de Bolsonaro était la deuxième plus importante pour son mouvement. Après la défaite, Bannon et Trump ont conseillé à Bolsonaro de contester le résultat de l’élection. Malgré cela, il n’est pas possible d’affirmer qu’il y a une ingérence directe de Bannon ou de l’extrême droite internationale.

La motivation des deux invasions de bâtiments gouvernementaux est également similaire dans le contenu de la conspiration supposée : les partisan·nes de Bolsonaro allèguent que les élections ont été truquées en faveur d’une élite mondialiste sympathisante du communisme et de la Chine, dans le but de déstabiliser les gouvernements nationalistes afin de diffuser ce qu’iels appellent “l’idéologie du genre”, d’encourager la consommation de drogue et de promouvoir les intérêts des cartels criminels internationaux. À l’instar de l’alt-right ailleurs dans le monde, iels se déclarent libérale·aux dans leur programme économique et conservateur·ices dans leur programme culturel. Ainsi, iels revendiquent la défense de la famille chrétienne traditionnelle comme moyen de promouvoir la suprématie blanche, la haine des personnes LGBTQI+ et l’inquiétude face à une supposée menace communiste.

Le 6 janvier 2021 et le 8 janvier 2023, une foule fasciste prétendant être les vrai·es représentant·es du peuple et refusant de reconnaître la légitimité du processus électoral qui a rejeté leur candidat a envahi le siège physique des pouvoirs constitués pour semer le chaos dans l’espoir de suspendre le résultat des élections.

Après des décennies de gestion démocratique, au cours desquelles pratiquement tous les partis ont accepté que ce soit la seule forme de politique possible à l’ère de la mondialisation capitaliste, l’extrême droite a replacé la politique sur le terrain du conflit et de la confrontation. Il est de plus en plus clair que le consensus construit dans la période de l’après-guerre autour de la formule capitalisme + démocratie libérale + droits de l’homme, qui ignorait les contradictions et les inégalités inhérentes au système capitaliste et étatique, a été rompu. Il est significatif que ce soit la droite qui parie sur cette rupture, en soutenant explicitement la guerre civile, alors que la majorité de la gauche s’accroche encore aux institutions démocratiques et à la gestion d’une paix de plus en plus précaire.

Les événements au Brésil diffèrent des événements aux États-Unis en ce que les bolsonaristes se sont regroupé·es autour de quelque chose de plus ancien que le culte de Trump, quelque chose qui est spécifique à l’histoire politique brésilienne : la nostalgie de la dictature qui a été mise en place par un coup d’État civilo-militaire avec l’aide des États-Unis en 1964 et l’allégeance à tous les aspects de la dictature qui persistent dans la société brésilienne.

Selon la formule du psychanalyste Tales Ab’Sáber : “Que reste-t-il de la dictature au Brésil ? Tout, sauf la dictature”.

Contrairement à ce qui s’est passé aux États-Unis après l’élection de Biden, les forces armées brésiliennes, composées d’officiers formés dans des écoles militaires imprégnées du discours anticommuniste de la guerre froide et de révisionnisme historique qui qualifie le coup d’État civil militaire de “révolution de 64”, sont un élément fondamental des mouvements putschistes. Le bolsonarisme social et électoral implique de nombreux officiers de réserve de l’armée, de la marine et de l’armée de l’air. Les officiers en service actif dissimulent à peine leur soutien aux manifestant·es pro-Bolsonaro ; depuis 2014, ils ont fait des déclarations publiques exprimant leur opposition aux partis et candidat·es de gauche. La preuve la plus évidente du soutien des forces armées aux mouvements putschistes est leur tolérance des campements devant leurs casernes, qui n’auraient certainement pas été acceptés si le contenu des manifestations avait été différent.

Dans l’espoir d’un rapprochement avec les institutions, la coalition de la gauche institutionnelle qui a remporté les élections d’octobre a nommé José Múcio au ministère de la Défense, un homme politique de droite, ami des militaires, dont le parti (le Partido Trabalhista Brasileiro) utilise la devise “Dieu, Famille, Patrie et Liberté”. Dans sa déclaration sur les manifestations, Lula a admis que le ministre de la défense n’avait pas agi pour expulser les occupant·es autour des casernes.

Des anarchistes et d’autres antifascistes défilent le 9 janvier 2023 à Belo Horizonte contre la menace du fascisme au Brésil.

Ce qui se passe aujourd’hui au Brésil montre la force que l’extrême droite a acquise au cours de la dernière décennie, en capitalisant sur un fascisme social diffus qui a toujours existé dans la société brésilienne. Les institutions démocratiques mises en place avec la Constitution brésilienne de 1988 n’ont pas su ou voulu se défendre contre ce phénomène. Nous l’avons constaté dès le début, avec la participation des militaires au processus de réintroduction des élections démocratiques dans les années 1980 et le “rôle constitutionnel” des militaires en tant que garants du pouvoir de l’État.

La plus grande honte pour la gauche dans son ensemble, et surtout pour celleux qui se considèrent comme radicale·aux, est que le gouvernement de Jair Bolsonaro et ses milices ont réorganisé toute la structure de l’État, démantelé la santé publique, l’éducation et les protections environnementales tout en ciblant les Noir·es et les indigènes, les femmes et les personnes LGBTQI+, le tout au milieu d’une pandémie mondiale qui a tué plus de personnes au Brésil que la moyenne par habitant dans le monde entier. Pourtant, nous n’avons pas été en mesure de réagir à ces événements, ni par une grève générale, ni par le blocage des villes et des autoroutes, ni par l’invasion du palais présidentiel.

Désormais, toutes ces actions, que nous aurions dû entreprendre pour nous défendre contre l’extrême droite, sont associées à l’extrême droite. Cela contribue à un discours qui nous peut nous paralyser, rendant impossible l’exercice de la force dont nous avons besoin contre les fascistes à l’extérieur et à l’intérieur des institutions de l’État, sans parler des autres partis qui utiliseront également les institutions du gouvernement pour continuer à nous imposer les pires effets du capitalisme.

Nous devons fomenter une révolte populaire qui implique tous les secteurs de la société privés de leurs droits, tous·tes celleux qui sont la cible des fascistes, tous·tes celleux qui souffrent du capitalisme, même lorsqu’il est géré par un gouvernement progressiste. Nous ne devons pas délégitimer l’insurrection lorsque l’appareil d’État est aux mains du centre-gauche alors que les rues restent aux mains des fascistes et des forces de sécurité. Nous devons trouver des moyens de résister, en rejetant le chantage de celleux qui prétendent que le plus important est de maintenir l’ordre, avec leur éternel moralisme en défense de la propriété privée et du pouvoir d’État.

Des anarchistes et d’autres antifascistes défilent le 9 janvier 2023 à Belo Horizonte contre la menace du fascisme au Brésil.

25.11.2022 à 22:52

Elon Musk bannit CrimethInc. de Twitter à l'instigation d'un troll d'extrême droite

CrimethInc. Ex-Workers Collective

À la demande d’un troll d’extrême droite, Elon Musk a suspendu le compte Twitter @crimethinc. L’objectif de Musk en acquérant Twitter n’avait rien à voir avec la “liberté d’expression”.
Texte intégral (1607 mots)

Le 25 novembre, à la demande d’un troll d’extrême droite, Elon Musk a suspendu le compte Twitter @crimethinc. L’objectif de Musk en acquérant Twitter n’avait rien à voir avec la “liberté d’expression” - il s’agissait d’une démarche partisane visant à faire taire l’opposition tout en ouvrant un boulevard à l’extrême droite. Cela met en évidence les dangers de dépendre des plateformes de médias sociaux appartenant aux grandes entreprises.

Suivez Crimethinc sur Mastodon et Telegram et abonnez-vous à leur flux RSS. Vous pouvez même les trouver sur Tumblr et Reddit. Si vous voulez les aider à continuer à sensibiliser les gens hors ligne, commandez des autocollants et d’autres matériels à distribuer ici.


Le 24 novembre, un nationaliste blanc qui intervient lors de conférences aux côtés de Richard Spencer1 a publié un tweet approuvant une vague d’interdictions sur Twitter. Elon Musk lui a répondu favorablement, et le troll d’extrême droite Andy Ngo a répondu à Musk, demandant spécifiquement que le compte @crimethinc soit banni de Twitter. Quelques heures plus tard, Musk a exécuté la demande de Ngo2.

Le compte @crimethinc sur Twitter date de mai 2008. Le compte n’a jamais été suspendu ni reçu d’avertissement au cours des quatorze années d’administration de Twitter. Ngo n’a pas apporté de nouveaux éléments à l’attention de Musk, mais a reposté des captures d’écran vieilles de plusieurs années. D’autres utilisateurs de Twitter ont également été bannis dans des circonstances similaires aujourd’hui.

La rhétorique de Musk sur le fait de faire de Twitter un lieu de “ libre expression “ était un mensonge. Musk a acheté Twitter afin d’imposer son programme sur ce qu’il considérait comme la plateforme de médias sociaux la plus influente, échappant au contrôle de personnes comme lui. Comme Donald Trump, Musk dit effrontément le contraire de ce qu’il pense, et ses partisans interprètent cela comme une démonstration de force.

En même temps qu’il fait de nouveau bon accueil à Donald Trump, aux nationalistes blancs et aux fascistes sur Twitter, Musk élimine ceux qui font obstacle à ses aspirations autoritaires. Ne vous méprenez pas, l’intérêt de faire taire nos voix est de préparer le terrain pour d’autres types de violence.

Une partie de la classe dirigeante s’est toujours alignée sur l’extrême droite et les fascistes. À cet égard, Elon Musk emprunte un chemin déjà emprunté par Henry Ford, en soutenant des réactionnaires qui visent explicitement à s’attaquer à de larges couches de la population et à des mouvements sociaux. Comme à l’époque de Ford, le reste de la classe dirigeante, y compris les centristes et les libéraux, espère bénéficier de l’élimination forcée des voix radicales du discours public sans avoir à se salir les mains.

Cela est possible, en partie, parce que la majorité des employés de Twitter ont démissionné ou ont été licenciés. Les employés restants dépendent de manière disproportionnée de leur emploi chez Twitter pour obtenir des visas leur permettant de rester aux États-Unis - un exemple sinistre de la manière dont les frontières servent à imposer le programme de la classe dirigeante aux travailleurs, même aux travailleurs relativement riches.

Lorsque Musk dit qu’il construit Twitter 2.0, il fait référence à la transition de la première itération d’Internet - forums de discussion, indymedia, un modèleplus ou moins ouvert et participatif - au Web 2.0, dans lequel toutes les interactions sont façonnées par les algorithmes de quelques seigneurs de la technologie. Ils visent à déterminer ce que nous sommes capables d’imaginer ainsi que ce que nous sommes capables de dire et de faire. Ce qui s’est déjà produit sur Facebook et Instagram et se produit maintenant sur Twitter est la conséquence inévitable d’une dépendance aux plateformes médiatiques des entreprises de plus en plus généralisée .

En réponse, nous vous encourageons à diminuer votre dépendance à Twitter et aux autres plateformes médiatiques des grandes entreprises, à explorer d’autres sources d’information et d’autres moyens de communication. Nous vous invitons à vous mobiliser contre l’extrême droite sur tous les terrains qu’elle tente de conquérir et à continuer à vous organiser contre le capitalisme, la violence d’État, la suprématie blanche, le patriarcat et les autres formes d’oppression. Nous vous invitons à discuter avec vos amis et voisins de ce qu’il faudrait faire pour créer un monde dans lequel un seul milliardaire ne pourrait pas contrôler la façon dont tout le monde peut communiquer.

Rencontrons-nous dans un espace où aucun algorithme ou autocrate ne peut déterminer ce que nous sommes capables de rêver et de créer ensemble.


Je peux confirmer que mon compte a été suspendu après qu’Elon Musk a été informé de mon existence par des extrémistes d’extrême droite qui ont tenté de me faire assassiner à de nombreuses reprises. J’ai également été placé sur la liste “antifa” créée par les nazis et utilisée par des bots pour signaler en masse les comptes qui s’opposent au fascisme. Mes derniers tweets ont mis en évidence le montage visant à supprimer mon compte en abusant du système de signalement ainsi que les preuves certifiées qu’Andy Ngo était sciemment ami avec le célèbre pédophile Amos Yee. J’ai également mis en lumière le passé nazi du fondateur de Gays Against Groomers, Jaimee Michell. Je ne cesserai pas mon travail de dénonciation des fascistes malgré les campagnes organisées pour me faire taire et m’assassiner.

-Vishal P. Singh

Quand nous disons “abolir Twitter”, nous ne voulons pas dire supplier les politiciens de le réglementer. Nous voulons dire prendre des mesures à la base pour l’empêcher de continuer à faire du mal - jusqu’à ce que des fleurs poussent dans les décombres de leur système de médias sociaux.

Abolir Twitter signifie développer des moyens de communiquer et de s’adresser à des publics qui ne dépendent pas de la concentration de toute la force coercitive et communicative dans des institutions non responsables. C’est un projet qui s’étend de nos relations interpersonnelles et numériques à l’action de masse contre la violence des États et des entreprises.


Thanks to MIA for this translation.

  1. Militant d’extrême droite américain à l’origine de l’expression « alternative right » en 2008, il préside depuis 2011 le National Policy Institute (en), un think tank destiné à la promotion du suprémacisme et du nationalisme blancs. 

  2. Le même matin, à 9 h 21, nous avons reçu un courrier électronique de notify@twitter.com établissant que notre compte n’était pas en violation de la politique de Twitter, se présentant comme suit : “Twitter est tenu par la loi allemande de fournir une notification aux utilisateurs qui sont signalés par des personnes d’Allemagne via le flux de signalement de la loi sur l’application des réseaux. Nous avons reçu une plainte concernant votre compte, @crimethinc […] Nous avons examiné le contenu signalé et avons constaté qu’il n’est pas susceptible d’être supprimé en vertu des règles de Twitter (https://support.twitter.com/articles/18311) ou de la loi allemande. “ Nous n’avons pas reçu d’autres courriels de ce type. Cela suggère que la décision de bannir notre compte peu après a été dictée par Musk lui-même. 

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