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28.09.2023 à 16:45

Retrait des troupes françaises au Niger : et maintenant ?

admin_iris

  Le 24 septembre 2023, deux mois après le coup d’État militaire ayant renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, Emmanuel Macron a annoncé le retrait des troupes françaises et le retour à Paris de l’ambassadeur de France à Niamey. Après … Suite
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Le 24 septembre 2023, deux mois après le coup d’État militaire ayant renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, Emmanuel Macron a annoncé le retrait des troupes françaises et le retour à Paris de l’ambassadeur de France à Niamey. Après plusieurs semaines de tensions avec la junte, pourquoi Emmanuel Macron a-t-il finalement décidé du retour de son ambassadeur Sylvain Itté et des 1500 hommes stationnés dans le pays ? Que signifie l’annonce du retrait des troupes françaises du Niger pour le pays et pour la France ? Alors que les troupes françaises viennent de se retirer de plusieurs pays d’Afrique, comment se redessine la stratégie militaire sur ce continent ? Le point de vue de Caroline Roussy, directrice de recherche à l’IRIS, en charge du programme Afrique/s.

Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il finalement décidé du retour de son ambassadeur Sylvain Itté et des 1500 hommes stationnés dans le pays ?

La France était acculée aussi bien à Niamey que sur la scène internationale. À Niamey, si certains commentateurs ont affirmé que les manifestants étaient selon payés, selon des personnes au chômage, en déshérence, en mal d’espoir, on a au contraire assisté à des manifestations d’envergure. Des milliers de jeunes et moins jeunes se sont massés devant la base militaire française à Niamey, bravant la pluie des heures durant. Réduire ces manifestations a du seul populisme, ce n’est peut-être pas très bien comprendre les dynamiques locales de ce pays et plus largement du Sahel.

Du reste, ces manifestations anti-françaises sont clairement imputables à la politique d’Emmanuel Macron qui avait décidé de porter le fer contre la junte au pouvoir. En se montrant favorable à une intervention militaire pour restaurer le président déchu, Mohamed Bazoum, en refusant par la voix de son ambassadeur tout échange avec le nouveau pouvoir, la France a cristallisé les tensions contre elle. Depuis le 26 juillet, les opérations avec les Nigériens étaient suspendues. Donc, rester pour quoi faire ? Pour quels objectifs ?

Il convient également de noter que dans cette séquence, la France a été lâchée par ses alliés américains. Pourtant associés jusque-là dans le dispositif de lutte contre le djihadisme, ces derniers ont souhaité se démarquer de la France afin de préserver leur base d’Agadez. Dès le 8 août, la secrétaire d’État par intérim Victoria Nuland se rendait à Niamey pour rencontrer le général Barmou, formé aux États-Unis. Puis, ils ont nommé une nouvelle ambassadrice, Kathleen FitzGibbon. Les États-Unis restent au Niger en jouant sur cette argutie juridique : le président Bazoum n’a pas démissionné donc le coup d’État n’est pas consommé. Ainsi, on observe que les deux pays ont adopté vis-à-vis de la junte des positions différentes. Résultat les États-Unis restent, la France isolée est contrainte au repli tandis que la CEDEAO, après des accents belliqueux, ne semble pas près de lancer une opération au Niger… Bref, comme l’écrit le chercheur Michael Shurkin « Time’s up for France in Africa ».

Que signifie l’annonce du retrait des troupes françaises du Niger pour le pays et pour la France ?

Il y a évidemment plusieurs niveaux d’analyse. Les putschistes ont clairement remporté une victoire. Ils ont gagné le bras de fer contre la France ce qui a pour effet de les galvaniser. Dans la lutte contre le terrorisme, ils se privent sans aucun doute d’un partenaire opérationnel, d’hommes qui combattaient à leurs côtés. Mais peut-être est-ce là aussi une perception depuis Paris. Les militaires nigériens souhaitent combattre sans la France. Une initiative intéressante a été prise. Avec le Burkina Faso et le Mali, ils ont créé une alliance des États du Sahel afin de mutualiser leurs moyens dans la lutte contre le terrorisme. Cela semble plutôt judicieux dans la mesure où l’on observe une coagulation des violences dans la zone dite des trois frontières. Reste à voir comment cela peut se traduire sur le plan opérationnel. Il leur faudra peut-être aussi prendre des mesures socio-économiques pour réduire les inégalités, et développer cette zone encore appelée Liptako-Gourma.

Pour la France, le retrait du Niger est un camouflet, un échec cinglant de sa politique. Après avoir dû quitter le Mali et le Burkina Faso, le nouveau dispositif reposait sur le Niger. Cela devait être un laboratoire des nouvelles interventions françaises sous commandement nigérien. Changement de méthode, changement de paradigme. Les militaires devaient être invisibilisés. Résultat : leurs conditions de vie dégradée se sont imposées comme sujet dans le débat médiatique français…

Alors que les troupes françaises viennent de se retirer de plusieurs pays d’Afrique, comment se redessine la stratégie militaire sur ce continent ?

La France a, en effet, été rejetée des pays où elle est intervenue : Mali, Burkina Faso et aujourd’hui Niger. Au Sahel (soit ce que l’on désignait comme pays du G5 Sahel Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) il ne lui reste plus que la base de N’Djamena. Que va dorénavant faire la France ? Assez vraisemblablement, elle peut réarticuler une nouvelle fois son dispositif en direction des pays du Golfe de Guinée dont certains sont gagnés par la menace terroriste (nord Bénin, nord Togo et nord Côte-d’Ivoire). Les bases au Sénégal et en Côte d’Ivoire pourraient suivant cette nouvelle architecture être opérationnelle dans la lutte contre djihadisme. Le Bénin qui n’a pourtant pas de base pourrait également être amené à jouer un rôle. Plusieurs questions toutefois se posent. Le Sénégal est dans une séquence présidentielle, les citoyens sont appelés aux urnes le 24 février prochain. Le nouveau dirigeant sera-t-il favorable à la France, demandera-t-il un soutien de la France ? Rappelons qu’en mars 2021, il y avait eu de violentes manifestations anti-françaises dans tout le pays. Du jamais vu.  Des enseignes comme Auchan, Eiffage ou Orange avaient été mises à sac. Plus récemment, tandis que le verdict pour viol d’Ousmane Sonko sur une jeune femme masseuse était attendu, l’institut français de Ziguinchor a été incendié. S’il n’y a pas de corrélation entre la France et les affaires judiciaires de l’opposant politique de Macky Sall, on observe des débordements anti-français. Les rancœurs cumulées sont là. Depuis longtemps, Macky Sall est portraituré comme bras armé de la France. La tutelle économique, les bénéfices sur les autoroutes sont perçus comme un privilège trop visible octroyé aux Français au détriment des populations sénégalaises. La Côte-d’Ivoire est actuellement gouvernée par Alassane Ouattara. Il lui reste deux ans avant la fin de son troisième mandat. Certains observateurs avisés affirment qu’en fin limier de la politique, Macky Sall et Alassane Ouattara, feront en sorte qu’un de leur dauphin leur succède. Peut-être. Mais est-il possible de construire un nouveau plan d’action sur des bases aussi fragiles ? Du reste, les chefs d’État de ces deux pays feront-ils appel à la France ? Rien n’est moins sûr.

Enfin, sur le plan opérationnel, on peut tout à fait comprendre la logique du dispositif tel que décrit : isoler le Mali, le Burkina Faso et le Niger et tenter d’endiguer la progression de la menace terroriste vers les pays du golfe de Guinée. Là aussi de nombreuses interrogations demeurent : comment lutter contre une menace transterritoriale sans droit de poursuite ? La stratégie sera-t-elle de donner des armes et d’aider à la conception des opérations sans que les militaires français soient impliqués sur le terrain ? Dans l’équation, il y a encore beaucoup trop d’inconnus à ce stade. Scénario ultime, le chef de l’État décidera-t-il de fermer les bases et de collaborer autrement ? Cela peut être une opportunité de réinventer les relations entre l’Afrique et la France. Seul Emmanuel Macron est en capacité de décider. Il est seul face à l’Histoire.

28.09.2023 à 12:25

« Chronique des territoires » – 4 questions à David Chanteranne

Victor Pelpel

Historien et historien de l’art, diplômé de l’université de Paris-Sorbonne, journaliste et écrivain, David Chanteranne répond aux questions de Pascal Boniface à l’occasion de la parution de son ouvrage Chroniques des territoires. Comment les régions ont construit la nation qui paraît … Suite
Texte intégral (554 mots)

Historien et historien de l’art, diplômé de l’université de Paris-Sorbonne, journaliste et écrivain, David Chanteranne répond aux questions de Pascal Boniface à l’occasion de la parution de son ouvrage Chroniques des territoires. Comment les régions ont construit la nation qui paraît aux éditions Passés Composés.

 

Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

L’Histoire, on le sait, n’est pas seulement centralisée, Paris n’ayant pas toujours été le centre du pouvoir. Bien avant les épisodes contemporains, plusieurs événements ont ainsi forgé le destin du pays. L’idée d’imaginer ce livre m’est donc venue au gré des visites et des découvertes patrimoniales à travers la France. Les événements historiques me sont d’abord apparus passionnants et, à travers eux, j’ai souhaité relater quelques-unes des étapes – de la fondation de Marseille par les Phocéens à la rencontre de Colombey-les-Deux-Églises – qui ont conduit la nation à réaliser son unité.

Les symboles peuvent être instrumentalisés et déformés, à l’image de Charles Martel à Poitiers…

Lorsqu’ils ne sont pas resitués dans leur contexte historique, ces événements donnent en effet lieu, très souvent, à des lectures tronquées voire faussées. Tout l’intérêt de ces vingt-neuf épisodes présentés ici est justement de ne pas tomber dans la légende, qu’elle soit dorée ou à charge. Il convient de vérifier à chaque fois, à travers les archives, ce qui relève de l’authenticité (par la confrontation des témoignages et le croisement des sources), et ce qui, au contraire, a été transformé au fil du temps par une certaine mythologie.

L’Histoire, c’est donc aussi la rencontre d’un personnage hors du commun et d’un lieu particulier…

La plupart des sociologues ou historiens des sociétés s’intéressent au temps long, à partir d’études comparatives spécifiques. Mais il est aussi nécessaire de mettre l’accent sur ces instants qui ont changé le cours de la politique ou de la diplomatie, de relater ces réunions, ces conflits, ces opérations individuelles qui ont bouleversé le quotidien de leurs contemporains. Très souvent, l’action d’un personnage dans le cadre d’un site particulier – champ de bataille, palais, église, modeste demeure ou tout autre lieu – a transformé le destin national. Ce sont ces « rencontres » qui ont permis à la France d’être ce qu’elle est aujourd’hui.

Les lieux concernés soignent-ils suffisamment à vos yeux cet héritage culturel ?

Ils le font suffisamment pour être restés jusqu’à nous avec tant de force. Par leur diversité tout autant que par leur évocation, ils transmettent à travers les âges et donc les générations une part de cette histoire dont nous sommes à la fois les dépositaires et les héritiers. De Lyon à Strasbourg, en passant par Bordeaux, Versailles, Grenoble, mais aussi Amboise, Belfort ou Ajaccio, ces sites racontent à leur manière les soubresauts de notre passé tout en perpétuant une part éternelle de cette épopée pluriséculaire.

 

28.09.2023 à 00:45

Crise migratoire : où en est le gouvernement italien ?

admin_iris

Les arrivées sur les côtes italiennes continuent, avec Lampedusa comme symbole des difficultés que rencontre l’Italie. Les afflux de migrants sur la petite île ont relancé un débat vieux de dix ans qui ne semble pas trouver de solution. Cependant, … Suite
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