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18.03.2024 à 22:00

L’Europe à la conquête des « petits réacteurs nucléaires modulaires »

admin_iris

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Le 6 février 2024, la Commission européenne lançait l’alliance des SMR[1]. Une étape pour doter l’Europe de ces petits réacteurs nucléaires mobiles, capables de répondre localement aux besoins énergétiques. Pris frontalement, cette annonce peut surprendre quand on sait que la … Suite
Texte intégral (1200 mots)


Le 6 février 2024, la Commission européenne lançait l’alliance des SMR[1]. Une étape pour doter l’Europe de ces petits réacteurs nucléaires mobiles, capables de répondre localement aux besoins énergétiques. Pris frontalement, cette annonce peut surprendre quand on sait que la seule évocation du nucléaire exacerbe les divisions intra-européennes. Mais il semble que les SMR fassent exception.

Quand on parle de petit réacteur modulaire, les esprits se focalisent sur la taille et spéculent sur un futur possible où de petites piles à l’uranium seraient chargées à l’arrière de véhicules. En réalité, cette miniaturisation n’est ni une innovation ni la révolution promise. Car ces réacteurs existent depuis longtemps et sont en réalité aussi anciens que l’industrie nucléaire elle-même.

À gauche le réacteur PM-3A, dit « Nuckey-Poo » déployé en Antarctique de 1962 à 1972. À droite, le MH-1A Sturgis, un réacteur nucléaire flottant, actif de 1968 à 1976 aux abords du canal de Panama. Deux exemples de réacteurs nucléaires miniaturisés, utilisés dès les années 1960.

Concrètement, l’originalité des SMR tient dans leur modularité : une conception sous forme de bloc intégré et standardisé, pouvant être produit en série et déployé rapidement, à un coût bien plus abordable que les réacteurs actuels.

Comparaison entre un réacteur à boucle semblable aux modèles en fonction dans les centrales à eau pressurisée d’EDF et un SMR reposant sur un concept similaire. Source : EDF

 Pour la filière, c’est une opportunité considérable, pour ne pas dire révolutionnaire. Car construire une centrale nucléaire reste une gageure à plusieurs milliards d’euros sur des années, voir des décennies. Un processus long au cours duquel s’ajoute le risque d’un changement de politique de l’État ou d’une mobilisation de l’opinion publique à l’encontre du projet. Or, grâce aux SMR, il devient théoriquement possible de déployer et de rentabiliser un réacteur en un temps record, pour produire de l’électricité ou de la chaleur pour les villes, les usines et même la production d’hydrogène ou d’eau potable.

Les SMR permettraient donc non seulement de dynamiser l’offre nucléaire, mais aussi de la diversifier vers d’autres besoins et d’autres acteurs, possiblement moins défiant vis-à-vis de l’atome. Ce pourrait notamment être le cas dans des pays en développement qui y voient une option abordable pour électrifier, décarboner et mieux intégrer leurs territoires.

Pour l’Union européenne, le risque minimal posé par ces réacteurs peu puissants et peu gourmands en combustible semble avoir convaincu, en témoigne le « Net Zero Industry Act » qui sacralise les SMR comme des technologies net zero , ou encore l’alliance des SMR qui pourrait marquer le début d’une mutualisation des efforts.

Mais malgré ces avancées politiques, l’Europe accuse un retard considérable. Alors que les États-Unis, la Chine, la Russie, le Japon et même l’Argentine disposent déjà de modèles avancés, voire opérationnels, l’Europe ne présente aucun projet susceptible d’être opérationnel avant la fin de la décennie. L’Union a non seulement tardé dans le développement de ces technologies, mais encore continue-t-elle à avancer en ordre dispersé avec une multitude de projets parallèles.

Le risque est bien sûr économique, car ce marché exigu par nature ne laissera que peu de place aux derniers entrants. D’autre part, cette technologie, prétendument modeste en capacité, ne dispose pas moins d’un fort potentiel géostratégique.

En Chine, deux prototypes destinés au développement des zones côtières et isolées, pourraient aisément être déployés sur des îles contestées en mer de Chine, pour les rendre impénétrables à tout assaillant un tant soit peu soucieux des principes de sureté nucléaire.

Le SMR ACP100S, un réacteur de 125 MW électrique, spécialement conçu par CNNC [2]et NPIC[3] pour être déployé sur des zones côtières ou des îles isolées

Côté russe, on peut facilement anticiper un usage similaire pour sacraliser les territoires annexés de l’Est de l’Ukraine et autonomiser les forces d’occupation. Quant aux États-Unis, où la nature duale des SMR est assumée, le département de la Défense finance d’ores et déjà des projets à finalité militaire. L’impact que pourrait avoir cette technologie sur le champ stratégique est donc loin d’être négligeable.

Pour autant, il faut relativiser. Si tout est possible dans un laboratoire, l’industrialisation d’une technologie aussi complexe reste une étape souvent infranchissable. Que ce soit d’un point de vue technique, logistique ou économique, la faisabilité des SMR reste incertaine. Sans oublier l’acceptation sociale et politique, souvent dénigrée et pourtant essentielle aux succès de toute innovation, aussi « révolutionnaire » soit elle.

Enfin, il ne faut pas fermer la porte au débat écologique. Si ces réacteurs sont effectivement une solution pour la décarbonatation, ils restent une énième approche destinée à dynamiser une offre énergétique toujours plus importante et ainsi entretenir une demande énergétique tout aussi démesurée et décomplexée, ce qui ne doit pas manquer de nous interroger.

————————————————-

[1] Small Modular Reactor – Petit Réacteur Modulaire

[2] China National Nuclear Corporation

[3] Nuclear Power Institute of China

18.03.2024 à 16:34

À propos du « Journal de guerre » de Gilles-William Goldnadel

Victor Pelpel

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Gilles-William Goldnadel a publié en janvier 2024 son Journal de guerre avec comme sous-titre « C’est l’Occident qu’on assassine » chez Fayard. Ce n’est pas un essai. C’est un journal au premier sens du terme. L’auteur nous livre jour après jour ses … Suite
Texte intégral (886 mots)

Gilles-William Goldnadel a publié en janvier 2024 son Journal de guerre avec comme sous-titre « C’est l’Occident qu’on assassine » chez Fayard.

Ce n’est pas un essai. C’est un journal au premier sens du terme. L’auteur nous livre jour après jour ses impressions à partir du 7 octobre et des attentats du Hamas. On sait ce qu’il pense, ce qu’il mange et quels sont ses états d’âme. Il y ajoute des articles qu’il a publiés au cours de cette période. Donc un livre écrit à la va-vite, mais qui s’est placé immédiatement en tête des ventes et est devenu un best-seller.

Gilles-William Goldnadel reprend ses thèmes de prédilection, amplifiés par l’horreur des attentats : les dangers qui pèsent sur la communauté juive française, sur Israël, les dangers de l’immigration massive et islamique… Il dit craindre autant pour sa famille vivant à Sarcelles que pour celle vivant en Israël. Et pour lui, l’heure est à la résistance non seulement en Israël, mais aussi ici, car : « nous sommes en guerre ».

Les peurs de Gilles-William Goldnadel sont à sens unique. Il ne faut pas attendre un mot de compassion pour les Palestiniens. Et s’il reprend, sans problème, les fake news concernant les bébés décapités, ou le bébé qui aurait été mis dans un four ou encore de femmes enceintes éventrées, il ne s’attarde pas sur les femmes et enfants palestiniens tués par les bombardements israéliens, sauf pour écrire le fait que les Palestiniens dansent de joie après chaque attentat terroriste, que les foules de Gaza dansaient de joie, après le grand pogrom (du 7 octobre), « ce qui ne m’empêche pas, moi, de pleurer, la mort d’un enfant de Palestine ». Des larmes qui semblent avoir séché assez vite. Il évoque également les enfants palestiniens tués « par mégarde ». Pourtant, les bombes ne sont pas lancées par « mégarde » sur les civils palestiniens.

Il estime qu’un juif est plus chez lui en Judée qu’un algérien clandestin à Saint-Denis. Pour lui, tous les membres de l’UNRWA à Gaza sont membres du Hamas. L’ONU et son secrétaire général Guterres sont une officine et un employé acquis aux pays islamistes.

Il admet qu’il se fout de l’antisémitisme « des papas ». Il combat celui d’origine islamiste aujourd’hui.

Il attaque beaucoup France Inter, accusé d’être complice objective du Hamas, mais rend hommage à Sofia Aram qu’il qualifie d’excellent et à laquelle il reconnaît une hauteur de vues.

Gilles-William Goldnadel se comporte comme un avocat, en l’occurrence celui d’Israël. Il ne s’embarrasse pas sur la véracité ou non des arguments qu’il emploie pour défendre son client.

En 2010, j’ai publié un livre de débat avec Gilles-William Goldnadel. J’avais été contacté par David Reinharc qui montait sa maison d’édition et qui voulait faire un livre de confrontation d’idées.

Je venais d’en publier un avec Élisabeth Schemla. À l’époque, Gilles-William Goldnadel était considéré comme un extrémiste et j’avoue avoir un peu hésité.

Il s’est avéré être un partenaire/adversaire réglo, agréable dans le contact. Et par ailleurs appréciant le Football et Léo Ferré. Il n’y a jamais eu de tentative de coup bas de sa part, contrairement à l’exercice précédent.

Nous avons débattu vivement de tous les sujets, et je pense que fondamentalement ni lui ni moi n’avons guère changé depuis. C’est le paysage médiatique qui a totalement évolué.

Il était à l’époque aux marges de l’extrême droite dans le paysage médiatique.

Gilles-William Goldnadel en est devenu aujourd’hui un élément central, tant dans le monde de l’édition, que dans le monde des médias et sur les réseaux sociaux – il réunit 320 000 abonnés sur X (ex-Twitter).

Il n’a pas changé et affirme ses convictions avec la même brutalité qu’il y a 15 ans. Au moins, il n’est pas hypocrite comme certains qui se réclament de la gauche pour accuser d’antisémitisme ceux qui critiquent le gouvernement d’extrême droite au pouvoir en Israël. Mais, alors qu’il était considéré comme sulfureux, il tient désormais le haut du pavé.

Le succès de Goldnadel témoigne de la montée en puissance dans le paysage éditorial et médiatique des idées néoconservatrices, et de la défense inconditionnelle d’Israël, bien au-delà des cercles communautaires. Un auteur qui aurait écrit un journal de bord avec une perspective palestinienne n’aurait pas été publié chez Fayard et n’aurait pas eu les éloges du Figaro ou de CNEWS, sans parler des autres médias…Goldnadel est resté le même. C’est le centre de gravité médiatique qui s’est déplacé.

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