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07.11.2025 à 06:00

Les vendeurs ambulants, « épine dorsale des systèmes alimentaires urbains » en Asie du Sud-Est, sont-ils préparés aux conséquences du changement climatique ?

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Loan (nom d'emprunt), la quarantaine, vit de la vente ambulante de jus d'orange pressé. Son étal se trouve dans une zone industrielle de Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam. Pour répondre à la demande des travailleuses et travailleurs des usines proches, elle doit presser les oranges à la main à longueur de journée. Elle se sent souvent accablée par la foule de problèmes auxquels elle se heurte au quotidien : que ce soit le fait de devoir passer des journées entières debout, l'irrégularité de ses (…)

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Texte intégral (2502 mots)

Loan (nom d'emprunt), la quarantaine, vit de la vente ambulante de jus d'orange pressé. Son étal se trouve dans une zone industrielle de Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam. Pour répondre à la demande des travailleuses et travailleurs des usines proches, elle doit presser les oranges à la main à longueur de journée. Elle se sent souvent accablée par la foule de problèmes auxquels elle se heurte au quotidien : que ce soit le fait de devoir passer des journées entières debout, l'irrégularité de ses revenus dû au manque d'aides publiques ou encore les harcèlements constants de la part des pouvoirs publics locaux.

Ces jours-ci, toutefois, un autre obstacle majeur vient s'ajouter à sa liste déjà longue : le changement climatique. « Lorsqu'il pleut à verse et que les rues s'inondent, je dois pousser ma moto chargée de marchandises à travers les flots », explique Loan. « C'est à la fois épuisant et dangereux. J'ai été à deux doigts de déraper avec ma moto. »

Les choses ne sont guère plus faciles lorsqu'il fait chaud. « Les jours ensoleillés, le travail est tout aussi éreintant », dit-elle. « Au moment de la fermeture quand je me prépare à rentrer, je suis exténuée », ajoute-t-elle.

Pour les personnes qui vivent de la vente ambulante, les événements climatiques extrêmes peuvent perturber, voire paralyser, l'activité commerciale et entraîner des baisses de revenus et des pertes parfois lourdes. Les urgences climatiques peuvent aussi occasionner un stress thermique, des infections cutanées ainsi que des maladies d'origine hydrique, des affections respiratoires, la fatigue, voire des glissements et des chutes. « Les vendeurs de rue sont l'épine dorsale des systèmes alimentaires urbains », souligne Nash Tysmans, organisatrice au sein de StreetNet International (SNI), une alliance mondiale d'organisations représentant les travailleuses et travailleurs du secteur de la vente ambulante. « Ils sont aussi parmi les plus vulnérables face aux impacts climatiques croissants », poursuit-elle.

Une nouvelle étude intitulée Weathering the ChangeRésister au changement ») publiée par SNI en juillet 2025, offre la première analyse régionale de l'impact des changements climatiques sur les vendeurs ambulants en Asie du Sud-Est. Les chercheurs de trois pays – Cambodge, Vienam et Laos – ont conclu que les urgences climatiques non seulement érodent le revenu des vendeurs de nourriture ambulants mais les exposent à des risques sanitaires, contraignant beaucoup d'entre eux – en particulier les femmes – à travailler dans des conditions potentiellement nuisibles pour leur santé.

L'étude a fait ressortir plusieurs similarités entre les trois pays concernés. Premièrement, que les vendeurs ambulants représentent une majorité écrasante de la main-d'œuvre informelle. D'après SNI, le secteur de la vente ambulante absorberait approximativement 80 % des travailleurs informels au Cambodge et 68 % au Vietnam. Au Laos, les vendeurs ambulants représentent 45 % de la main-d'œuvre informelle.

Pourtant, au Vietnam comme au Laos, la vente ambulante est en grande partie illégale et les revendications de ces travailleurs sont largement ignorées par les décideurs politiques. Figure d'exception parmi ces trois pays, le Cambodge se distingue pour avoir passé, en décembre, 2024 une loi qui vise à formaliser la vente ambulante en enregistrant les marchands qui la pratiquent.

« Face à l'intensification des phénomènes climatiques extrêmes à travers l'Asie du Sud-Est, il est impératif que les gouvernements reconnaissent la vente ambulante comme un travail essentiel, garantissant aux travailleurs des droits et une protection sociale résilients aux changements climatiques », a déclaré Nash Tysmans.

D'autre part, aucun des pays étudiés ne dispose d'une législation complète visant à protéger les droits des vendeurs de rue, tandis que les réglementations locales censées régir la vente ambulante engendrent dans bien des cas des difficultés supplémentaires pour les travailleuses et travailleurs concernés.

« Les vendeurs de rue paient un impôt au gouvernement », explique Pao Vorn, président de l'association syndicale cambodgienne IDEA (Independent Democracy of Informal Economic Association). « Nous devons donc exercer une pression sur le gouvernement pour qu'il promulgue des lois qui les protègent », précise-t-il.

Le droit d'adhérer à un syndicat est essentiel pour permettre aux vendeurs ambulants de négocier leurs cotisations. Au Laos, les vendeurs de rue n'ont pas pu se syndiquer jusqu'en 2019, année où le gouvernement laotien a modifié la loi afin de reconnaître les droits des travailleurs du secteur informel.

Au Vietnam, les vendeurs ambulants ne pouvaient pas adhérer à un syndicat jusqu'à récemment. Une nouvelle loi entrée en vigueur en juillet 2025 accorde à tous les travailleurs vietnamiens, y compris ceux de l'économie informelle, le droit d'adhérer à un syndicat. Selon le professeur Thanh Pham de l'Université ouverte de Hô Chi Minh-Ville, qui a mené des recherches sur le commerce de rue au Vietnam dans le cadre du rapport SNI, de nouvelles formes de syndicats voient le jour pour les travailleurs de l'économie informelle, notamment les vendeurs de rue, les coiffeurs, les vendeurs de billets de loterie, les conducteurs de motos-taxis et les travailleurs domestiques. « Ces syndicats apportent certaines formes de soutien aux vendeurs de rue », explique M. Pham. « Cependant, leur rôle reste limité », ajoute-t-il. « Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer et développer ces syndicats, tant en nombre qu'en portée. »

Les femmes subissent de plein fouet les effets du changement climatique

Un deuxième point commun entre les trois pays étudiés est que la majorité des vendeurs de rue sont des femmes. Selon un rapport de WIEGO (Women in Informal Employment Globalizing and Organizing) basé sur l'enquête sur la population active de 2007 menée dans les villes vietnamiennes de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, environ 70 % des quelque 291.000 vendeurs de rue interrogés étaient des femmes. Selon le recensement économique du Cambodge de 2022, les femmes représentent 75 % des quelque 77.000 vendeurs de rue du pays. Au Laos, plus de 90 % des vendeurs sur les marchés alimentaires frais à travers le pays sont des femmes, selon un rapport de l'ONU Femmes de 2017.

Ces chiffres confirment que les femmes sont les plus touchées par les événements climatiques, étant amenées à concilier leurs responsabilités familiales et domestiques avec leur activité de vente ambulante. Le rapport « Weathering the Change » indique que les vendeuses ambulantes subissent une perte de revenus plus importante que leurs homologues masculins, dans la mesure où elles sont contraintes de rester à domicile plus souvent. Elles courent également des risques physiques plus importants quand elles doivent transporter des marchandises à travers des zones inondées. De plus, elles disposent généralement de moins de solutions de rechange en cas de catastrophe climatique, ce qui les oblige à travailler malgré la maladie et l'épuisement.

Un troisième point commun entre les vendeurs ambulants au Cambodge, au Vietnam et au Laos est le fait que, malgré leur rôle essentiel, ils ne reçoivent que peu ou pas d'aide publique spécifique pour faire face aux chocs climatiques, ce qui ne fait qu'ajouter à leur extrême vulnérabilité. Selon le rapport du SNI, les vendeurs de rue affirment bénéficier d'un « soutien officiel minimal de la part des pouvoirs publics ou des organisations sociales face aux risques climatiques ». Toujours d'après le même rapport, « la plupart des programmes d'aide sont soit sans lien avec les conditions climatiques extrêmes, soit inaccessibles en raison de restrictions d'éligibilité ou de procédures de demande complexes ». Les événements climatiques non seulement réduisent considérablement les revenus des vendeurs, mais les exposent également à des risques sanitaires accrus, contraignant nombre d'entre eux à travailler dans des conditions dangereuses.

Lorsque des catastrophes surviennent, les vendeurs dépendent de leurs économies personnelles ou doivent emprunter auprès de leur famille et de leurs amis, ce qui entraîne une instabilité financière et un endettement personnel.

Au Cambodge et au Laos, les vendeurs de rue peuvent s'inscrire à la Caisse nationale de sécurité sociale, mais peu le font en raison du manque de sensibilisation et de la complexité du processus d'inscription. Qui plus est, les programmes de sécurité sociale de ces deux pays ne tiennent pas compte des urgences climatiques. « Le gouvernement devrait élargir la portée de la protection sociale pour les vendeurs de rue », a souligné M. Vorn, de l'IDEA.

Selon le professeur Pham, les vendeurs de rue au Vietnam n'ont pas accès aux régimes officiels de sécurité sociale et ne peuvent bénéficier d'une aide que s'ils appartiennent à un groupe vulnérable, comme les ménages pauvres ou les personnes en situation de handicap. Pour faire face aux chocs climatiques, ils doivent donc compter sur des réseaux d'entraide informels, tels que leurs proches ou les membres de leur syndicat de vendeurs ambulants. « Ce soutien est toutefois limité », ajoute-t-il.

« Les initiatives personnelles des vendeurs de rue ont leurs limites »

Faute d'un soutien adéquat de la part des pouvoirs publics, les vendeurs ambulants de nourriture au Cambodge, au Laos et au Vietnam sont contraints de recourir à des moyens informels pour faire face aux événements climatiques et à la perte de revenus qui en résulte. Ainsi, ils adaptent leur offre alimentaire en fonction des conditions météorologiques, évitent de commander des quantités excessives de produits frais, transforment les viandes et poissons de moindre qualité en produits transformés et semi-transformés tels que des saucisses ou de la viande et du poisson séchés, consomment leurs propres produits et effectuent même des livraisons à domicile pour leurs clients réguliers.

Tuyet (nom d'emprunt) est une vendeuse de rue âgée d'une trentaine d'années qui vend du café dans la même zone industrielle de Hô Chi Minh-Ville que Loan. « En cas de fortes pluies, nous ne pouvons rien vendre, car les travailleurs ne peuvent pas se rendre à notre échoppe », explique Tuyet. « Nous nous soutenons mutuellement en achetant les unes chez les autres », ajoute-t-elle. « Je préfère acheter auprès des femmes qui vendent ici, car c'est une façon de nous entraider. »

Les vendeurs de rue doivent également supporter des coûts supplémentaires pour se protéger et protéger leurs produits, comme l'achat ou la location de tentes en plastique, de parapluies, de bâches, de ventilateurs, de glacières et d'autres articles qui peuvent les aider à faire face à la chaleur extrême ou aux fortes pluies. « Les initiatives personnelles des vendeurs de rue ont leurs limites », insiste Mme Tysmans.

Un aspect que le rapport n'a pas beaucoup approfondi est l'impact des catastrophes climatiques sur la production et l'approvisionnement en produits agricoles, les coûts des intrants associés et les répercussions sur les vendeurs ambulants de nourriture.

« Les urgences climatiques telles que les sécheresses, l'intrusion saline, les fortes pluies et les inondations perturbent de plus en plus la production et l'approvisionnement en fruits et légumes », explique M. Pham. « Ces événements entraînent souvent des pénuries soudaines et une volatilité des prix », ajoute-t-il.

Il développe son propos à l'aide d'exemples concrets provenant du sud et du centre du Vietnam. Dans le delta du Mékong, situé dans le sud du Vietnam, les récoltes de fruits tels que la noix de coco, la mangue et le fruit du dragon, ainsi que celles de légumes comme la citrouille, les épinards, la tomate et le chou-rave, ont toutes diminué en raison de la sécheresse et de l'intrusion saline. Dans les provinces centrales, les typhons et les inondations ont endommagé les terres agricoles, limitant l'approvisionnement en produits tels que le chou, les tomates, les carottes et les pommes de terre.

Ces perturbations entraînent également une augmentation des coûts de transport et de logistique. Étant donné que la clientèle des vendeurs de rue est composée essentiellement de personnes à faibles et moyens revenus, qui tendent à être particulièrement sensibles aux prix, les vendeurs de rue s'efforcent de maintenir des prix stables ou de ne les augmenter que légèrement, afin de ne pas perdre de clients. « La forte augmentation des prix des intrants réduit leurs marges bénéficiaires, leur causant par-là même des pertes de revenus », explique M. Pham.

Dans son rapport, le SNI a également formulé plusieurs recommandations, dont la formalisation et la légalisation du commerce de rue afin de permettre aux vendeurs ambulants d'accéder à la protection sociale et aux services publics, la création de programmes d'adaptation au changement climatique destinés spécifiquement aux travailleurs de l'économie informelle, ainsi que l'extension des programmes de sécurité sociale existants afin de couvrir les besoins en matière de soins de santé et de soutien au revenu liés au climat. Des zones de vente désignées, protégées des intempéries et équipées des services essentiels, permettraient aux vendeurs de rue de continuer à exercer leur activité malgré des conditions climatiques défavorables, tandis que des politiques sensibles au genre répondraient aux besoins spécifiques des femmes et à leurs responsabilités familiales.

Mme Tysmans a indiqué que les conclusions de ce rapport seront examinées avec les participants des trois pays lors d'une série d'ateliers sur le changement climatique et la protection sociale organisés par le SNI en novembre. « L'objectif est d'examiner ensemble les recommandations et de les utiliser comme référence pour la planification », a-t-elle précisé. « La justice climatique implique de protéger les travailleurs touchés en premier et le plus durement par la crise climatique. »

05.11.2025 à 10:59

Elsa Arnaiz Chico : « On ne peut exiger des citoyens qu'ils s'expriment davantage, qu'ils participent davantage, s'ils sont appauvris »

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Elsa Arnaiz Chico est présidente de l'association Talento para el Futuro, une plateforme qui fédère une centaine d'organisations de la société civile et qui met l'accent sur l'autonomisation de la jeunesse et, plus spécifiquement, sur la promotion de la participation des jeunes dans les processus de prise de décision.
Souvent de passage à Bruxelles pour nouer des liens avec d'autres organisations de la société civile et rencontrer des représentants des institutions communautaires (UE), (…)

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Texte intégral (2499 mots)

Elsa Arnaiz Chico est présidente de l'association Talento para el Futuro, une plateforme qui fédère une centaine d'organisations de la société civile et qui met l'accent sur l'autonomisation de la jeunesse et, plus spécifiquement, sur la promotion de la participation des jeunes dans les processus de prise de décision.

Souvent de passage à Bruxelles pour nouer des liens avec d'autres organisations de la société civile et rencontrer des représentants des institutions communautaires (UE), elle a accepté de répondre aux questions d'Equal Times sur le rôle des jeunes (comme collectif civique et effectif) pour le présent et l'avenir de nos démocraties et du monde du travail, ainsi que sur leur rôle pour réduire le fossé entre les générations. L'analyste, professeure d'université et activiste, a aussi saisi cette occasion pour évoquer certaines revendications spécifiques adressées aux gouvernants, aux administrations et aux générations précédentes.

Vu depuis votre poste au sein de la plateforme citoyenne Talento para el Futuro, quelle est votre analyse de l'autonomisation de la société civile, et des jeunes en particulier, compte tenu du fait que l'indépendance économique constitue un facteur clé ?

En effet, il est très important que la société civile dispose des ressources nécessaires. On ne peut pas exiger des citoyens qu'ils s'expriment davantage, qu'ils participent davantage, s'ils sont appauvris. En Espagne, une partie non négligeable de la population est menacée d'exclusion sociale, alors même qu'elle a un emploi.

Si l'on veut comprendre, par exemple, comment fonctionnent le Congrès des députés espagnol ou les institutions européennes (pour ensuite pouvoir peser sur les politiques qui nous affectent), il faut y consacrer du temps, et sans les ressources nécessaires [alors] l'autonomisation se limitera à quelques « tweets » et aux réseaux sociaux.

L'autonomisation politique et la véritable participation citoyenne restent marginales en raison du manque de ressources, en particulier chez les plus jeunes. Autrement dit, les personnes qui débattent de l'avenir du logement ne sont pas celles qui sont confrontées au problème du logement. Les personnes vivant dans un sous-sol à peine éclairé n'ont même pas la possibilité d'en débattre, car elles pensent uniquement à arriver à la fin du mois.

Pour l'immense majorité des personnes, indépendance économique et emploi sont étroitement liés. Comment les jeunes perçoivent-ils le monde du travail ?

Actuellement, je crois qu'il existe une conception très paternaliste (qui consiste à nous traiter comme des garnements capricieux) chaque fois que nous abordons les conditions de travail en évoquant un emploi qui fait sens : nous ne voulons pas vivre uniquement pour travailler ; nous voulons travailler et vivre. Il faut s'opposer à ce discours. En Espagne, les jeunes citoyens sont très instruits, mais ils se heurtent à la réalité d'un monde du travail où ils ne trouvent pas d'emploi ou, s'ils en trouvent un, c'est à travers le piège des faux stagiaires ou des faux indépendants.

Atteindre un avenir désirable dans une démocratie, dans une société, n'est possible que si ses citoyens ont un emploi de qualité. Et je ne parle pas seulement de travailler dans l'entreprise de technologies la plus prestigieuse (même si, pourquoi pas), mais aussi de toucher un salaire digne, de travailler moins d'heures, d'avoir un travail qui a du sens, de ne pas prendre le balayeur, la caissière de supermarché, les agriculteurs de haut… Il faut repenser l'avenir du travail, qui ne se limite pas à l'automatisation, et aspirer à un meilleur avenir du travail.

Pour changer la trajectoire d'une réalité qui semble partir dans une autre direction, quelle serait la stratégie à adopter ?

D'une part, il serait important que l'administration ne se contente pas de les certifier, mais facilite et encourage la création de plus de B Corp (« Benefit Corporation »), à savoir des entreprises qui ne cherchent pas uniquement le profit économique, mais qui ont également un objet, un impact social (et environnemental) positif. Il faudrait également que les gens prennent conscience qu'il existe d'autres façons de construire cet avenir du travail. Il est essentiel de multiplier les exemples de ce type, tout comme les opportunités, et de faire en sorte que les jeunes sachent qu'ils peuvent évoluer pour aller vers des emplois dans ce type d'entreprises.

Il convient également d'aborder le discours sur la trop grande charge fiscale qui empêcherait les entrepreneurs de verser des salaires dignes, ou sur le fait que l'augmentation du salaire minimum serait une mauvaise nouvelle… Je pense que nous pouvons parvenir à instaurer la semaine de quatre jours et nous pouvons tenter de la mettre en place progressivement. Il faut continuer à mettre certaines questions sur la table, ce qui n'a rien d'un caprice, mais exigent un effort de pédagogie.

En dernier lieu, du moins dans le cas de l'Espagne, la formation professionnelle doit être davantage valorisée. La stigmatisation qui veut que ces formations soient « réservées aux jeunes qui n'ont pas pu aller à l'université » est en train de disparaître, car l'obsession de l'accès à l'université nous fait du tort. Parallèlement, nous devons repenser le rôle de l'université : elle ne doit pas seulement former des travailleurs, mais aussi des individus. Ne devrait-on pas intégrer davantage d'éthique et de philosophie, même dans les filières techniques ? Et, bien sûr, combler le fossé entre l'université publique et privée.

Comment restaurer la confiance des citoyens dans la politique, la démocratie et les institutions ?

Il convient de commencer là où l'on peut réellement avoir le plus grand impact (dans le cas de Talento para el Futuro, en Espagne) et de montrer que la participation citoyenne est un élément fondamental pour construire cet avenir démocratique désirable qui semble aujourd'hui de plus en plus inaccessible. Il est indispensable que cette participation citoyenne soit réelle. Et pour qu'elle soit réelle, il faut se rapprocher du citoyen, s'adapter à sa réalité et faire preuve de pédagogie.

À propos de la communication intergénérationnelle, comment peut-on l'améliorer ?

En prenant le temps, pour permettre une véritable conversation, et en y consacrant l'espace nécessaire, pas derrière des portes closes. Souvent, le fossé se résorbe en optant pour la simplicité. En effet, il ne s'agit pas seulement de s'adresser à un ministre (même si cela vaut la peine également), mais aussi à son voisin, à son beau-frère que l'on n'apprécie pas nécessairement, etc. Ces beaux-frères ou ces personnes plus âgées d'autres générations doivent également se montrer ouverts et disposés à écouter.

À l'instar des relations que l'on tisse avec les politiciens pour échanger sur la législation et les politiques publiques, entretenez-vous des contacts similaires avec les syndicats pour discuter du monde du travail ?

Nous avons collaboré sur quelques projets, notamment sur un projet qui fait le lien entre l'avenir du travail et l'économie circulaire, mais les contacts ont tendance à être plus fréquents avec la branche jeunesse des syndicats. Je pense que les syndicats sont une structure qui peine à se renouveler, surtout en Espagne. Ils sont perçus comme une structure du siècle dernier…

Pourtant, lorsque l'on évoque, par exemple, le travail sur les plateformes, la précarité professionnelle qui y est déjà associée et la nécessité pour les travailleurs de s'organiser (pour modifier cette réalité hostile), on finit par avoir besoin d'un syndicat ou en créer un, n'est-ce pas ?

Il ne fait aucun doute que les syndicats, pour les questions liées au travail, et les organisations de la société civile sont essentiels, entre autres, pour contrebalancer le poids des lobbies.

Il est toutefois important de comprendre qu'il ne faut pas attendre d'arriver à une situation catastrophique (peu importe qu'il s'agisse des livreurs ou du logement), pour mener une action collective (essentielle pour obtenir des changements). Le fait de s'affilier à un syndicat ne devrait pas être considéré comme une action « de gauche ». Il faut comprendre cette dimension collective comme faisant partie intégrante de notre vie citoyenne, de notre quotidien, chose qui tend à se perdre (dans nos sociétés de plus en plus individualisées). Dans le même temps, il convient de fournir les espaces et les opportunités (c'est-à-dire le temps) nécessaires.

Quels sont vos conseils pour une action civique efficace ?

Il faudrait réintroduire ce cours que l'on appelait « Éducation à la citoyenneté, » dont le but n'était pas d'endoctriner, mais d'enseigner, et qui m'a permis, par exemple, de comprendre le rôle des syndicats. Il est très important de donner une visibilité : souvent, il ne s'agit pas seulement d'un cours, mais aussi d'avoir l'occasion de rencontrer ces personnes, qu'il s'agisse d'un syndicaliste, d'un député, etc. Savoir, par exemple, où se trouve son siège et comment y adhérer. Comment peut-on faire partie d'un collectif si l'on en ignore l'existence ?

Il faut aussi que les jeunes comprennent que nous, citoyens, disposons d'un grand pouvoir lorsque nous nous organisons, et que cela ne se résume pas à une vision conflictuelle (organisation citoyenne contre l'institution), mais simplement à échanger davantage entre nous. [Les partis et les syndicats devraient] adopter une approche plus authentique et sincère en disant « écoute, je souhaite vraiment que tu fasses partie de ce projet, car je veux que tu comprennes que la démocratie se construit au travers de cette dimension collective qui consiste à comprendre que nous avons tous une responsabilité ».

Il faut comprendre et aller à la rencontre des jeunes là où ils se trouvent, trouver de nouvelles façons de communiquer avec eux. Malheureusement, les entités les plus autoritaires sont celles qui y parviennent le mieux.

Dans ce contexte, les « chambres d'écho » semblent indissociables de l'addiction au téléphone portable. Où le bât blesse-t-il ?

À un moment donné, les réseaux sociaux ont permis la création d'une agora numérique et ont favorisé certains mouvements mondiaux. Malheureusement, le pouvoir corrompt : on voit aujourd'hui que ce qui rapporte de l'argent (pour les dirigeants de ces réseaux) est un algorithme polarisateur dont le but est de créer ces chambres d'écho dans lesquelles les gens se mettent de plus en plus en colère. Le problème est encore plus grave lorsque ces forums ne sont pas ouverts.

Les réseaux comme TikTok posent de sérieux problèmes, car ils sont très addictifs. Les créateurs de contenu savent parfaitement ce qu'ils doivent faire et ces chambres d'écho prennent de plus en plus d'ampleur. Les jeunes commencent à avoir des référents qui ne savent pas du tout de quoi ils parlent, mais qui s'expriment avec l'autorité que leur confère le fait d'avoir autant d'abonnés.

Pour les libérer de leur téléphone portable, il faut leur offrir une alternative, créer des espaces culturels, des espaces collectifs qui soient intéressants pour les jeunes citoyens. Le problème est que les loisirs sont de plus en plus privatisés.

Par contre, si le discours ambiant ressasse sans cesse que c'est la fin du monde, il est normal que l'on veuille s'évader, que l'on n'ait pas envie de lire un livre ou de participer à un club de discussion.

Comment vous rebellez-vous contre cela ? Quelles sont vos propositions pour changer de cap ?

Nous soutenons, par exemple, l'interdiction du défilement infini (scrolling) et que cette restriction soit appliquée par défaut, dès la phase de conception. Il importe également d'étudier l'effet des smartphones sur le cerveau des plus petits. Des recherches supplémentaires sont nécessaires, car il est très difficile de savoir quelles propositions avancer si nous ne connaissons pas les impacts exacts.

La télévision publique doit se réinventer et proposer des programmes destinés aux publics plus jeunes. J'en reviens également à ce que je disais précédemment : il est important de proposer des loisirs alternatifs. Il faudrait davantage de rues piétonnes, davantage de rues où les jeunes peuvent jouer au basket, où les jeunes de 25 ans peuvent prendre un café qui ne soit pas un café de spécialité… Retrouver les choses simples, comme être à l'extérieur et se regarder dans les yeux.

Et puis, pour finir, il faut se dire que le problème de l'addiction au téléphone portable, de ces chambres d'écho, de cette polarisation, ne concerne pas seulement les jeunes, mais bien chacun d'entre nous.

Pour terminer, les technologies permettent déjà de vivre dans des bulles personnalisées (triées par goûts, par lieu de résidence). Comment une société civile active peut-elle neutraliser cela ?

Malheureusement, il faut passer par des solutions réglementaires, même si elles ne nous plaisent pas, même si les entreprises technologiques nous sortent l'argument de la liberté d'expression. Il ne faut pas oublier que ce sont justement ces PDG qui la contrôlent.

Même si cela peut sembler utopique, il est essentiel de disposer d'une réglementation sur les droits numériques, car la vie sur les plateformes numériques est aussi la vie réelle, au même titre que nous avons une déclaration des droits humains. Les règles du jeu doivent être les mêmes pour tous, sinon, une fois encore, peu importe ce que font l'Espagne ou l'Union européenne, si les choses fonctionnent autrement ailleurs.

Un volet d'éducation numérique doit également être intégré à la formation des jeunes et des citoyens, car nous sommes plongés (bien que personne ne veuille l'admettre) dans une guerre numérique. Cette guerre ne se livre pas avec des chars, mais elle est marquée par la polarisation et la reconstruction interne de la démocratie. Il est réconfortant de penser que la politique reste assez humaine. Nous devons donc nous efforcer de rapprocher nos positions.

03.11.2025 à 11:59

« Je suis un survivant, pas une victime » : En Pologne, les réfugiés veulent travailler dignement, pas subir et survivre

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En Pologne, des réfugiés venus du Moyen-Orient et d'Afrique tentent de reconstruire leur vie au milieu de la précarité : avec des aides publiques minimales, des possibilités limitées d'apprentissage de la langue et des perspectives d'intégration restreintes, beaucoup acceptent des emplois mal rémunérés, avec des journées de travail à rallonge et la crainte constante de perdre leur emploi du jour au lendemain. Rares sont celles et ceux qui parviennent à accéder à des conditions de vie (…)

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Texte intégral (2226 mots)

En Pologne, des réfugiés venus du Moyen-Orient et d'Afrique tentent de reconstruire leur vie au milieu de la précarité : avec des aides publiques minimales, des possibilités limitées d'apprentissage de la langue et des perspectives d'intégration restreintes, beaucoup acceptent des emplois mal rémunérés, avec des journées de travail à rallonge et la crainte constante de perdre leur emploi du jour au lendemain. Rares sont celles et ceux qui parviennent à accéder à des conditions de vie décentes. Ils constituent l'exception plutôt que la règle. La majorité d'entre eux aspirent à reconstruire leur vie conformément à leurs aspirations et leurs capacités.

Suhaib, réfugié algérien, rêve de pouvoir exercer son métier de coiffeur. Dans le jardin d'une maison d'accueil pour réfugiés, il taille la barbe d'un de ses compagnons. Jazdów (Varsovie), 25 mai 2025.
Photo: Hanna Jarzabek

« J'ai beaucoup de chance », affirme avec le sourire Abdelsalem, un Yéménite de 24 ans. « J'ai toujours trouvé des emplois où j'étais respecté et apprécié, mais je sais aussi que mon cas est une exception. La plupart de mes amis ont vécu des situations très difficiles. J'ai pu loger deux mois dans un appartement d'accueil de la Fondation Kuchnia Konfliktu, ce qui m'a permis d'économiser de l'argent, de chercher un logement et de travailler à mon compte. Aujourd'hui, je travaille en tant que mécanicien, mais j'ai l'intention d'apprendre le polonais et de reprendre mes études de dentisterie. »

Abdelsalem vit à Varsovie et travaille comme mécanicien – dix heures par jour, sept jours sur sept – pour la plateforme de trottinettes électriques Dott. Sur cette photo, on le voit en train de préparer des plats pour le Veggie Burger Fest, une collecte de fonds organisée par Solatorium et la fondation Kuchnia Konfliktu. 24 mai 2025.
Photo: Hanna Jarzabek

Abdelsalem vivait depuis des années en Russie, où il travaillait et faisait des études de dentisterie. Il a quitté la Russie pour éviter d'être envoyé sur le front ukrainien. « Si j'ai quitté mon pays pour fuir la guerre, ce n'était pas pour me retrouver à me battre dans une autre guerre, en plus du côté de l'agresseur », explique-t-il.

Il n'avait d'autre choix que de traverser la frontière de la Biélorussie vers la Pologne, en passant par la forêt de Białowieza. Lors de sa deuxième tentative, il a réussi à entrer et à demander l'asile. Il a passé plusieurs mois dans un centre de détention, puis dans un centre ouvert, avant d'être enregistré dans un système qui semble conçu pour décourager les réfugiés et les pousser à quitter le pays, déplorent les personnes concernées. Ceux qui restent acceptent souvent des emplois mal rémunérés dans des conditions difficiles : un cercle vicieux qui les empêche d'accéder à des emplois correspondant à leur formation et à leurs aspirations.

Le premier obstacle majeur est le logement attribué par le bureau des étrangers : la plupart des centres pour migrants sont situés dans des zones boisées, éloignées des centres urbains, où les opportunités d'emploi sont rares et les transports publics limités.

Vue aérienne du centre ouvert pour migrants à Podkowa Lesna (au sud-ouest de Varsovie). 23 juillet 2025.
Photo: Hanna Jarzabek

De nombreux réfugiés cherchent à déménager dans des villes plus importantes, en particulier Varsovie, où les loyers sont bien au-dessus de leurs moyens. Trouver un employeur qui propose un emploi et un logement semble donc être la seule issue.

« Tout d'abord, j'avais besoin d'un endroit où je me sentirais en sécurité », explique Mohammad (nom d'emprunt), un réfugié somalien. « Quand j'y suis parvenu, j'ai commencé à réfléchir à la manière de reconstruire ma vie. Le travail ne procure pas seulement des revenus, il permet également de rencontrer des personnes et d'apprendre la langue et la culture. Comment y parvenir si l'on est confiné dans un centre isolé ? Il était impératif de quitter cet endroit coûte que coûte. »

Vue sur la caserne militaire depuis une chambre du centre ouvert pour migrants, dans la localité de Grupa Grudziądz. Après avoir déposé sa demande d'asile, Mohammad y a passé près de sept mois à attendre sa carte de séjour et son permis de travail. 21 mars 2025.
Photo: Hanna Jarzabek

Mohammad a fini par décrocher un emploi dans un entrepôt à proximité de l'aéroport de Varsovie-Modlin, à une quarantaine de kilomètres du centre. Il n'y avait pas un seul Polonais parmi ses collègues. Il travaillait dix heures par jour, pour un salaire inférieur au salaire minimum. « Je travaillais, dormais et me préparais à manger, c'est tout. Il n'y avait ni supermarché ni transports publics à proximité », se souvient-il. Une fois par semaine, le patron les emmenait faire les courses. Un jour, on lui a annoncé qu'on n'avait plus besoin de lui et qu'il devait partir le lendemain, perdant du même coup son logement et son emploi.

« Nous avons observé de nombreux cas de personnes qui se sont littéralement retrouvées à la rue du jour au lendemain », expliquent Adam et Marta, de l'organisation Kuchnia Konfliktu. « Quand ils arrivent dans nos foyers d'accueil, ils commencent tout d'abord par dormir et reprendre des forces. Ensuite, nous les aidons à rédiger leur curriculum vitae, pour leur permettre de reconstruire leur histoire et de reconnaître leurs capacités, mais ils parviennent rarement à trouver un emploi correspondant à leur expérience. La plupart finissent comme livreurs de repas, un travail physique, mal rémunéré et dépourvu de protection sociale, et en plus la crainte constante de le perdre. »

Danya, réfugié iranien, photographié dans le foyer d'accueil de la fondation Kuchnia Konfliktu. Actuellement, Danya vit seul et travaille pour son compte en tant que mécanicien de trottinette électrique. Il aspire à pouvoir un jour exercer à nouveau son métier de coiffeur. 23 mai 2025.
Photo: Hanna Jarzabek

Danya a perdu son premier emploi de coursier parce qu'il n'atteignait pas la vitesse exigée par l'entreprise. Il utilisait un vélo conventionnel prêté par Kuchnia Konflictu. Dans ce secteur, les travailleurs doivent venir avec leur propre véhicule et ne signent pas de contrat de travail avec la plateforme, mais plutôt un accord de « location » avec un intermédiaire.

Dans d'autres secteurs, tels que les entrepôts ou les abattoirs, des contrats existent, mais ils sont généralement informels : une partie écrite et une partie verbale, avec des paiements en espèces, sans relevé des heures travaillées, expliquent Adam et Marta.

Ezra, réfugié ougandais de 39 ans, a trouvé un emploi dans une usine de viande, dans la ville d'Elk, à quelque 220 kilomètres de Varsovie. Il travaillait entre dix et quatorze heures par jour, avec un salaire inférieur au salaire minimum pour une journée de huit heures. Les choses se passaient bien jusqu'au jour où la police lui a annoncé qu'il allait être expulsé car son visa ne serait pas renouvelé. « Cela faisait sept mois que je travaillais, je n'ai pas compris. Aujourd'hui, je soupçonne mon employeur de ne pas avoir payé mes cotisations sociales », dit-il.

Ezra, au Veggie Burger Fest. 24 mai 2025.
Photo: Hanna Jarzabek

Dans son cas, la seule façon d'éviter la déportation a été d'introduire une demande d'asile. Pendant trois mois, la fondation Kuchnia Konfliktu lui a fourni un logement et des bons alimentaires. « J'avais un toit au-dessus de ma tête mais je vivais dans la crainte. Je n'ai pas mis le nez dehors durant tout ce temps », se souvient-il. Le bureau des étrangers a émis un ordre pour son transfert dans un centre situé à 300 kilomètres de Varsovie. Une fois que le permis de travail lui a été délivré, il est retourné dans la capitale et a trouvé une place dans la construction, logement compris. « Un mois plus tard, un garde est venu me trouver et m'a dit : “On n'a plus besoin de toi, va chercher tes affaires.” Je suis parvenu à négocier une nuit de plus, le temps de faire appel à l'aide de Kuchnia Konfliktu », raconte-il.

Il est difficile de quantifier cette main-d'œuvre. Beaucoup ne sont pas enregistrés et ne sont souvent pas pris en compte dans les statistiques, car contrairement aux Ukrainiens, ils constituent une minorité. Cependant, la présence des migrants sur le marché du travail ne cesse de croître : ils représentaient 7 % de la main-d'œuvre en 2024 (plus d'un million) contre 1,2 % en 2015 et 4,6 % en 2021, selon l'institut polonais de la sécurité sociale (ZUS). Selon les estimations de l'OIT, les migrants constituent 9 % de la main-d'œuvre en Europe centrale.

Aujourd'hui, Ezra vit seul, travaille comme coursier et bien que son emploi soit précaire et ses revenus variables, il a le sentiment d'avoir enfin le contrôle sur sa vie. Il envisage de passer son permis de conduire afin de pouvoir travailler dans un véhicule motorisé, dans l'espoir de pouvoir un jour se réunir avec sa femme et ses quatre enfants.


La production de cet article a été rendue possible grâce à une subvention du fonds IJ4EU.
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