Lien du flux RSS

Accès libre Publié par l’association Alter-médias / Basta !

▸ les 10 dernières parutions

29.09.2023 à 10:08

Un petit monde - Lettre du 29 septembre 2023

Bienvenue dans la lettre d'information de l'Observatoire des multinationales.
N'hésitez pas à faire circuler cette lettre, à nous envoyer des réactions, commentaires et informations.
Pour rappel, l'Observatoire des multinationales dépend du soutien financier de ses lecteurs et lectrices. Un grand merci à tous ceux et celles qui peuvent nous faire un don !
Bonne lecture
Atos ou l'éternel retour
Le projet de revente d'une partie du groupe numérique Atos et ses contrats stratégiques (...)

- Actualités / , , , , , , , , , , , , ,
Texte intégral (1665 mots)

Bienvenue dans la lettre d'information de l'Observatoire des multinationales.

N'hésitez pas à faire circuler cette lettre, à nous envoyer des réactions, commentaires et informations.

Pour rappel, l'Observatoire des multinationales dépend du soutien financier de ses lecteurs et lectrices. Un grand merci à tous ceux et celles qui peuvent nous faire un don !

Bonne lecture

Atos ou l'éternel retour

Le projet de revente d'une partie du groupe numérique Atos et ses contrats stratégiques au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, annoncé en catimini au milieu de l'été, est en train de se muer en scandale politico-financier.

Il y a quelques mois, nous avions consacré un article aux origines de la fortune de Daniel Kretinksy, magnat du charbon et du gaz qui a racheté ces dernières années de nombreux médias en France et pris des participations dans des secteurs aussi variés que l'édition, l'énergie et le commerce (Casino, Fnac-Darty).

Mais si la personnalité de Daniel Kretinksy attire l'attention, l'affaire illustre autre chose qu'un nouveau « fleuron français passant sous pavillon étranger ». Si le « fleuron » en question est menacé, c'est surtout du fait de ses dirigeants eux-mêmes, plus intéressés par le prestige et par la finance et ses revenus – comme auparavant ceux d'Alstom, Alcatel et autres – que par la réalité de leur groupe. On retrouve d'ailleurs dans l'opération Atos certains des mêmes acteurs – banquiers d'affaires et consultants - qui avaient présidé à la fusion Veolia-Suez et d'autres opérations du même type, bien éloignées de l'économie réelle.

L'histoire d'Atos est aussi une histoire de portes tournantes public-privé. À commencer par celles empruntées par Thierry Breton lui-même, PDG de France Telecom puis ministre puis PDG d'Atos puis commissaire européen. Le groupe a aussi nommé à son conseil d'administration l'ex Premier ministre Édouard Philippe à son départ de Matignon (jusqu'en juin dernier), et voulait également y recruter l'ex secrétaire d'État au numérique Cédric O – sauf que celui-ci s'est vu opposer le veto de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Et si c'était la culture française de connivence public-privé qui était la première responsable – avant même les milliardaires et les investisseurs étrangers qui viennent ensuite cueillir les proies – du triste destin de nos « fleurons » industriels ?

Lire notre article.

On n'est jamais mieux servi que par soi-même (et inversement)

Alors que l'Assemblée nationale s'apprête à examiner le projet de loi de finances 2024, le député François Jolivet, rapporteur du volet logement, n'a pas trouvé mieux que d'embaucher comme assistant David Miodownick, jusqu'alors « responsable des affaires publiques », c'est-à-dire lobbyiste en chef, d'Airbnb. Il avait rejoint la plateforme en janvier dernier, après avoir occupé un poste au cabinet de la Première ministre Elisabeth Borne. Interrogé par Mediapart, David Miodownick évoque un « conflit de valeurs » avec Airbnb. Pour la plateforme, la préservation des très critiquées niches fiscales pour les locations saisonnières est un enjeu majeur.

Sans doute le député espère-t-il que l'expertise de son nouvel assistant lui permettra de mieux contrer les argumentaires de la plateforme et de déjouer ses stratégies d'influence ? C'est surtout une nouvelle illustration de la tendance troublante à embaucher d'anciens lobbyistes – à l'image de Marie-Anne Barbat-Layani propulsée à la tête de l'Autorité des marchés financiers - pour contrôler leurs anciens collègues, sous prétexte qu'ils sont les plus compétents pour ce faire...

L'embauche d'anciens conseillers et hauts fonctionnaires est devenue une habitude pour les GAFAM et les plateformes comme Uber et Airbnb, comme nous l'avions montré dans notre rapport GAFAM Nation. Déjà en 2017, Airbnb avait débauché le conseiller en communication de la ministre Axelle Lemaire, chargée du numérique sous François Hollande.

Voir notre page spéciale Les portes tournantes

Soutenez l'Observatoire

Parce que le débat démocratique mérite mieux que la com' du CAC 40.

Faites un don

En bref

Stellantis ciblé par les syndicats américains et Joe Biden. Voilà deux semaines, le syndicat américain UAW a lancé une grève historique par son ampleur qui paralyse une partie de l'industrie automobile américaine. Un groupe français est directement concerné : Stellantis (ex PSA), désormais propriétaire de Chrysler. Le patron de l'UAW Shawn Fein s'en est même pris directement aux rachats d'actions du groupe ainsi qu'à la rémunération stratosphérique de son patron Carlos Tavares – deux sujets que nous avons abondamment documenté dans nos analyses sur les superprofits du CAC40. Les grévistes – qui ne bloquent à ce stade que certains sites logistiques et prévoient une montée en puissance progressive du mouvement - réclament notamment des augmentations de salaires. Ils ont reçu le soutien appuyé de Joe Biden, qui s'est rendu sur un piquet de grève. Ford a signé un accord partiel avec le syndicat, au contraire des deux autres géants ciblés, General Motors et Stellantis.

Droit à l'information contre ventes d'armes. Les 39 heures passées en garde à vue par la journaliste Ariane Lavrilleux – autrice d'enquêtes importantes pour le média Disclose sur les ventes d'armes à l'Egypte (entre autres) – et la validation par la justice de la saisie d'une partie de son matériel représentent une nouvelle étape franchie dans la remise en cause de la liberté de la presse, et en l'occurrence de la protection des sources. L'affaire illustre une nouvelle fois l'invocation abusive de « secret défense » pour maintenir l'omertà sur des transactions commerciales avec des régimes autoritaires et répressifs. Il s'agit surtout de supprimer la possibilité même du débat démocratique sur ces questions. Un comble alors que le gouvernement s'apprête à lancer des « états-généraux du droit à l'information ».

Devoir de vigilance : premier procès sur le fond pour La Poste. La première audience sur le fond dans le cadre de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales – et non sur des points de procédures comme on l'a trop vu avec notamment les procédures contre Total – s'est tenue le 19 septembre dernier, suite à une plainte du syndicat Sud PTT. Dans le viseur : La Poste, accusée de fermer les yeux sur les conditions de travail chez les sous-traitants qu'elle charge de la livraison des colis, et qui emploient de nombreux sans-papiers. L'occasion de rappeler que la loi sur le devoir de vigilance ne vise pas seulement les abus des multinationales à l'autre bout du monde, mais aussi en France même, et aussi des entreprises publiques. L'un des enjeux du procès, mis en délibéré au 5 décembre prochain, est de savoir si la loi sur le devoir de vigilance pourrait permettre de combler certaines lacunes du droit du travail en France qui permettent à La Poste de se défausser sur ses sous-traitants.

Il pleut encore des milliards. Mi septembre, le gouvernement français a officialisé une nouvelle subvention de plusieurs milliards d'euros au secteur de la voiture électrique, en l'occurrence pour l'usine de batteries du groupe Verkor à Dunkerque. L'argent provient du plan France 2030 (lire notre enquête) et de l'Union européenne. Selon la communication officielle, Verkor est une « startup française ». En réalité, elle est portée par des poids lourds de l'industrie dont Renault, CMA-CGM, Plastic Omnium, Schneider Electric, alliés à l'Etat français et à la région Rhône-Alpes, tous deux actionnaires. L'annonce des nouvelles aides publiques a permis à Verkor de nouveaux financements auprès d'investisseurs institutionnels et de fonds de private equity.

Comment enquêter sur le lobbying ? À la demande générale et suite au succès de la formation que nous avons proposée en juin, nous organisons une nouvelle formation « Comment enquêter sur le lobbying à Bruxelles et à Paris ? » les 13 et 14 novembre à Paris. Renseignements et inscription ici.

29.09.2023 à 08:12

Atos, ou la répétition de l'histoire

Olivier Petitjean

La revente programmée du groupe numérique Atos et ses contrats stratégiques au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky fait scandale. Au-delà de la personnalité du repreneur, l'affaire est une énième illustration du mélange d'aveuglement patronal et de relations incestueuses avec la sphère publique qui caractérise le capitalisme français.
Il y a quelques années, le groupe Atos – spécialiste des services informatiques et de la cybersécurité - pouvait sembler promis à un brillant avenir du (...)

- Actualités / , , , , , , ,
Texte intégral (1283 mots)

La revente programmée du groupe numérique Atos et ses contrats stratégiques au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky fait scandale. Au-delà de la personnalité du repreneur, l'affaire est une énième illustration du mélange d'aveuglement patronal et de relations incestueuses avec la sphère publique qui caractérise le capitalisme français.

Il y a quelques années, le groupe Atos – spécialiste des services informatiques et de la cybersécurité - pouvait sembler promis à un brillant avenir du fait de la numérisation accélérée et du souhait des dirigeants français de faire émerger des champions européens dans ce secteur. Aujourd'hui, Atos s'est effondré en bourse et s'apprête à se couper en deux pour faire face à ses difficultés financières. La première moitié du groupe, sous le nom de Tech Foundations, reprendrait les activités historiques d'infogérance, tandis que la seconde, Eviden, garderait les activités dans les mégadonnées, les supercalculateurs et la cybersécurité, avec des contrats stratégiques liés au secteur nucléaire et à la défense.

Tout ceci n'aurait sans doute pas intéressé le grand public si, au milieu de l'été, les dirigeants d'Atos emmenés par le président Bertrand Meunier n'avaient pas annoncé une double opération avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinksy (allié à des hommes d'affaires français comme Marc Ladreit de Lacharrière). Non seulement celui-ci allait racheter Tech Foundations – dans des conditions qui semblent extrêmement favorables, puisqu'on parle aujourd'hui d'une vente un prix négatif de 900 millions d'euros -, mais il allait également prendre une participation importante dans Eviden, dont il deviendrait le premier actionnaire.

La lourde responsabilité des dirigeants

L'opération devait être validée à l'occasion d'un assemblée générale extraordinaire en octobre. C'était sans compter sur la fronde d'une coalition hétérogène de parlementaires et de militaires soucieux de la protection des intérêts stratégiques français, de fonds d'investissements se posant en défenseur des petits actionnaires (mais dont le profil pose question, puisqu'il s'agit avant tout d'un fonds basé à Singapour dont le dirigeant est cité dans les Panama Papers et derrière lequel se cache l'homme d'affaires Hervé Vinciguerra), et de représentants des travailleurs qui craignent, non sans raison, d'être les premières victimes de toute l'affaire. Aujourd'hui, le deal semble au bord de l'explosion, et le président Bertrand Meunier sur un siège éjectable [1]

Il y a quelques mois, nous avions consacré un article aux origines de la fortune de Daniel Kretinksy, magnat du charbon et du gaz qui a racheté ces dernières années de nombreux médias en France et pris des participations dans des secteurs aussi variés que l'édition, l'énergie et le commerce (Casino, Fnac-Darty).

Mais si la personnalité de Daniel Kretinksy attire l'attention, l'affaire illustre autre chose qu'un nouveau « fleuron français passant sous pavillon étranger ». Si le « fleuron » en question est menacé, c'est surtout du fait de ses propres dirigeants. Comme auparavant ceux d'Alstom, Alcatel et autres, il se sont montrés plus intéressés par le prestige et par la finance et ses revenus que par le développement de leur groupe en lui-même. L'ex PDG d'Atos Thierry Breton, ancien ministre et aujourd'hui commissaire européen, est montré du doigt pour sa stratégie de rachats tous azimuts payés rubis sur l'ongle qui ont fait grandir le groupe jusqu'à la faire entrer – de manière éphémère – dans le CAC40, mais au prix d'un endettement massif et d'une perte de son centre de gravité. Le président actuel Bertrand Meunier est issu tout droit du milieu du capital-investissement et semble avoir monté son projet de revente d'Atos en collaboration étroite avec des banquiers d'affaires – les mêmes qui avaient orchestré la fusion Veolia-Suez – et le cabinet de conseil McKinsey. Un nombre impressionnant de membres du conseil d'administration d'Atos viennent du monde du conseil et de la finance (on y trouve notamment l'ancien supérieur de Jérôme Kerviel à la Société générale).

Zone grise publique-privée

Atos dépend pour une grande partie de son chiffre d'affaires des marchés publics et des aides de l'État français. En plus de jouer un rôle clé dans les secteurs de la défense et du nucléaire, Atos (à travers Tech Foundations) est responsable des logiciels sous-jacents au fonctionnement de nombreux services publics, depuis la carte vitale jusqu'à France Connect et au compteur Linky (voir la liste dressée par la CGT Atos). La plupart de ces liens avec la sphère publique sont un héritage historique de Bull, l'ancêtre du groupe qui a été nationalisé en 1982 puis progressivement privatisé au fil des années 1900 et 2000. Avant l'arrivée de Daniel Kretinksy, personne ne semblait se soucier que tous ces contrats soient confiés à une une entreprise désormais 100% privée.

Il faut dire que cela n'empêchait pas Atos d'être très proche du pouvoir politique... mais par d'autres biais. L'histoire d'Atos est aussi une histoire de portes tournantes public-privé. À commencer par celles empruntées par Thierry Breton lui-même, PDG de France Telecom puis ministre puis PDG d'Atos puis commissaire européen. Le groupe a aussi nommé à son conseil d'administration l'ex Premier ministre Édouard Philippe à son départ de Matignon (et jusqu'en juin dernier), et voulait également y recruter l'ex secrétaire d'État au numérique Cédric O – sauf que celui-ci s'est vu opposer le veto de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Siège également au conseil d'administration d'Atos Laurent Collet-Billon, ancien directeur général de l'Armement qui a été chargé ce printemps d'une mission par le ministre des Armées tout en travaillant pour les industriels de la défense via une société de conseil.

Et si c'était la culture française de connivence public-privé qui était la première responsable – avant même les milliardaires et les investisseurs étrangers qui viennent ensuite cueillir les proies – du triste destin de nos prétendus « fleurons » industriels ?

OP


Photo : Département des Yvelines cc by-nd


[1] On peut trouver plus d'informations sur les nombreux replis et points obscurs de l'affaire dans les articles de Martine Orange pour Mediapart et de Marc Endeweld.

27.09.2023 à 16:13

Comment enquêter sur le lobbying à Paris et à Bruxelles ? - Formation les 13 et 14 novembre à Paris

L'Observatoire des multinationales organise une nouvelle session de formation, sur deux jours, sur « Comment enquêter sur le lobbying à Paris et à Bruxelles ? »
Cette formation « Comment enquêter sur le lobbying ? » propose une introduction complète au lobbying des grandes entreprises au sens large, ses stratégies, ses mécanismes et ses différents acteurs en France et au niveau de l'Union européenne (avec quelques aperçus sur les Etats-Unis). Nous présenterons, à partir d'exemples (...)

- Actualités
Lire plus (401 mots)

L'Observatoire des multinationales organise une nouvelle session de formation, sur deux jours, sur « Comment enquêter sur le lobbying à Paris et à Bruxelles ? »

Cette formation « Comment enquêter sur le lobbying ? » propose une introduction complète au lobbying des grandes entreprises au sens large, ses stratégies, ses mécanismes et ses différents acteurs en France et au niveau de l'Union européenne (avec quelques aperçus sur les Etats-Unis). Nous présenterons, à partir d'exemples concrets, les sources publiques disponibles et la manière dont elles peuvent être utilisées pour mettre au jour les campagnes d'influence, ainsi que les méthodes qui peuvent être utilisées pour aller au-delà des sources publiques.

Cette formation est ouverte à tout public mais conçue pour un public de journalistes (apprentis ou confirmés) et de salariés et militants associatifs.

Elle aura lieu les 13 et 14 novembre à Paris (le lieu exact sera précisé aux participants inscrits) en deux sessions consécutives, de 10 à 12h30 et de 14h à 16h30. Elle sera assurée par Olivier Petitjean et Lora Verheecke de l'Observatoire des multinationales.

Inscription obligatoire ici.

Participation aux frais pour ceux et celles qui en ont les moyens.

Le lieu exact vous sera confirmé lors de la validation de votre inscription.

Programme indicatif

Lundi 13 matin

  • Introduction - qu'est-ce que le lobbying, acteurs, stratégies
  • Registre de transparence, rendez-vous, accès à l'information - Union européenne

Lundi 13 après-midi

  • Registre de transparence, rendez-vous, accès à l'information - France
  • Invité : Kevin Gernier (Transparency)
  • Aperçu des sources disponibles aux Etats-Unis

Mardi 14 matin

  • Exercices pratiques - France et UE
  • Enquêter sur les “portes tournantes” et les réseaux d'influence (France et UE)

Mardi 14 après-midi

  • Liens et conflits d'intérêts, expertises (France et UE)
  • Think tanks, médias, communication (France et UE)
  • Invité à confirmer
5 / 10