Lien du flux RSS
Travail, Droits humains, Culture, Développement, Environnement, Politique, Économie, dans une perspective de justice sociale.

Accès libre Edition trilingue Anglais - Espagnol - Français

▸ les 20 dernières parutions

12.08.2025 à 05:30

Ce n'est pas de l'apathie, mais de la stratégie : comment les jeunes réinventent la société civile

img

Loin de l'image d'apathie, les jeunes d'aujourd'hui dans des pays comme l'Espagne sont profondément mobilisés par des causes très concrètes et urgentes, dont l'une des plus visibles est sans doute la crise climatique. Inspirés par des mobilisations mondiales telles que les « Vendredis pour l'avenir », des milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour réclamer des mesures contre le réchauffement de la planète.
Ils sont également motivés par la défense des droits humains et de l'égalité (…)

- Opinions / , , , , , , ,
Texte intégral (2443 mots)

Loin de l'image d'apathie, les jeunes d'aujourd'hui dans des pays comme l'Espagne sont profondément mobilisés par des causes très concrètes et urgentes, dont l'une des plus visibles est sans doute la crise climatique. Inspirés par des mobilisations mondiales telles que les « Vendredis pour l'avenir », des milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour réclamer des mesures contre le réchauffement de la planète.

Ils sont également motivés par la défense des droits humains et de l'égalité de genre – il suffit de rappeler les grandes mobilisations du 8 mars de ces dernières années. Ils vivent de près la précarité de l'emploi et la crise de l'accès au logement : près des trois quarts des jeunes Espagnols citent le logement comme leur principale préoccupation, suivie par la pénurie d'emplois décents (67 % des interrogés). Cela ne doit pas surprendre, sachant que plus d'un jeune sur quatre vit en situation de pauvreté ou d'exclusion sociale (27,4 %, soit environ 2 millions de personnes entre 16 et 30 ans).

Cette réalité économique précaire – contrats temporaires, bas salaires, difficulté à s'émanciper – se conjugue avec d'autres causes telles que la santé mentale (46 % mentionnent la nécessité de politiques dans ce domaine) et l'urgence climatique (31 %).

En somme, les jeunes générations se mobilisent non pas sur un coup de tête, mais parce qu'elles sentent que leur avenir immédiat est menacé sur des enjeux aussi fondamentaux que le fait d'avoir une planète habitable, un emploi décent et un logement.

Contrairement à leurs aînés, les jeunes d'aujourd'hui ont une conscience mondiale très développée grâce à Internet. Ils font le lien entre un problème local comme le prix du logement et les grandes tendances internationales (gentrification, fonds vautours) ; de même, les causes mondiales – du changement climatique à #BlackLivesMatter – trouvent un écho chez les jeunes Espagnols. Parallèlement, ils rallient également les luttes intersectionnelles : ils comprennent que la crise climatique aggrave les inégalités sociales, que les jeunes migrants sont les plus touchés par l'insécurité de l'emploi et que la lutte féministe doit inclure toutes les identités.

Une telle sensibilité globale se traduit par le fait que les jeunes soulèvent des questions qui auparavant étaient reléguées au second plan. Par exemple, en 2025, des collectifs de jeunes ont encouragé des grèves étudiantes féministes contre la violence masculine, plaçant l'antiracisme et le féminisme intersectionnel au cœur du débat public. Les jeunes d'aujourd'hui sont donc loin d'être indifférents, bien au contraire, ils sentent avec acuité que bon nombre des enjeux brulants de notre époque reposent sur leurs épaules et ils n'ont pas l'intention de rester les bras croisés.

La plupart des jeunes ne se sentent pas représentés par les partis, les syndicats ou les institutions traditionnels. Le taux de participation diminue à chaque élection et beaucoup estiment que le vote ne change rien à leurs problèmes quotidiens. Plus de 80 % déclarent ne pas se sentir écoutés par les responsables politiques et près de 60 % ne se considèrent pas représentés dans le système politique actuel.

Le manque de représentation est aussi générationnel : il n'y a pratiquement pas de jeunes de moins de 30 ans au Congrès ou dans les gouvernements régionaux. Cette réalité a pour effet de renforcer la perception selon laquelle la politique institutionnelle tourne le dos aux nouvelles générations. Alors que certains tentent de réformer de l'intérieur, beaucoup d'autres construisent leurs propres canaux de participation, loin des cartes de membre, des structures hiérarchiques ou des comités.

Nouvelles formes d'action : numérique, horizontale, urgente

L'action directe, la désobéissance civile pacifique et les réseaux sociaux sont les principaux outils de l'activisme des jeunes. Des flashmobs ou appels éclairs sur Instagram aux campagnes virales sur TikTok ou Change.org, l'activisme numérique permet une mobilisation rapide, transversale et souvent efficace.

Des exemples comme Extinction Rebellion ou les collectifs d'étudiants qui promeuvent les grèves féministes climatiques témoignent d'une organisation plus horizontale, avec une prise de décision en assemblée et sans porte-parole officiels. Les formes traditionnelles cèdent la place à des mouvements plus fluides, sans hiérarchie ni structure formelle, mais dotés d'une grande capacité d'action.

Ce nouvel écosystème contribue par ailleurs à politiser d'autres espaces : les festivals, les plateformes telles que Twitch ou les bulletins d'information destinés aux jeunes, qui analysent l'actualité sous des angles ignorés par les médias traditionnels. La créativité est un langage politique : les mèmes, les performances, les vidéos TikTok au ton ironique ou éducatif font partie du répertoire des jeunes.

Risques : syndrome du burn-out, précarité et répression

Ce modèle comporte aussi des faiblesses. Le syndrome d'épuisement professionnel (burn-out) touche de nombreux militants qui combinent leur engagement avec des emplois précaires ou des études exigeantes. L'absence de structures de soutien ou de financement stable fait que de nombreuses initiatives s'essoufflent au bout de quelques mois.

L'exposition numérique, quant à elle, implique un risque de cyberharcèlement, de campagnes de haine ou de surveillance policière. Les femmes jeunes, les personnes racisées et les personnes LGBTQI+ subissent des attaques spécifiques qui se traduisent souvent par l'autocensure ou l'abandon temporaire du militantisme.

Au niveau institutionnel aussi, la répression est bien réelle : de la loi Mordaza (loi bâillon en Espagne) aux amendes en cas de rassemblements spontanés ou d'interpellations policières. Les jeunes ont réagi en renforçant les réseaux de soutien juridique, en se familiarisant avec la cybersécurité et en mettant en place des espaces d'entraide.

L'étincelle qui ravive la démocratie

Malgré les difficultés, l'activisme émergent des jeunes marque déjà les esprits et laisse entrevoir d'immenses possibilités de revitalisation de la société civile et de la démocratie.

Divers exemples récents illustrent leur potentiel de succès. Les grèves pour le climat, une initiative des écoliers – inimaginables il y a dix ans – ont imposé la crise climatique comme une question d'urgence dans l'agenda politique. En Espagne, le gouvernement a déclaré l'urgence climatique en 2020, un geste applaudi par les écologistes et qui répondait en grande partie à la pression populaire émanant des jeunes. Depuis lors, les politiques environnementales occupent une place plus centrale dans le débat public.

De même, la marée féministe portée par les jeunes a permis d'obtenir des changements concrets. Ainsi, suite aux mobilisations massives du 8 mars 2018 (soutenues par près de 6 millions de grévistes), l'Espagne a adopté d'importantes mesures en faveur de l'égalité, telles que la loi sur la liberté sexuelle ou l'allongement du congé paternité. Ces victoires législatives ont été rendues possibles grâce à la persévérance des collectifs de jeunes qui, année après année, ont maintenu la flamme allumée dans la rue et sur les réseaux sociaux. Dans le domaine du travail également, les mouvements de protestation des jeunes, des livreurs (riders), des stagiaires ou des travailleurs de la culture numérique ont fait avancer les réformes : ainsi, la loi dite « Riders », qui a reconnu les droits du travail des livreurs des plateformes, a été en partie le résultat de la pression exercée par les jeunes concernés en marge des syndicats traditionnels et parallèlement à ceux-ci.

Il est important de souligner que la contribution de ces mouvements ne se mesure pas uniquement à l'aulne du nombre de lois adoptées, mais aussi et surtout en termes de renouveau du tissu civique.

Alors que la société civile espagnole était considérée comme démobilisée après des années de désenchantement, la jeunesse lui insuffle aujourd'hui une nouvelle vie. On voit ainsi émerger des plateformes et des associations d'un genre nouveau, dirigées par des jeunes qui mettent en relation des secteurs divers.

Par exemple, la plateforme Talento para el Futuro (Talent pour l'avenir) cherche à mettre en relation des jeunes professionnels et des étudiants afin d'influencer les politiques publiques, démontrant ainsi la capacité de la génération émergente à s'organiser de manière formelle, sans perdre pour autant son essence.

Des campagnes novatrices telles que Fridays For Future España (Jeunesse pour le climat) ont en quelque sorte professionnalisé leur activisme, en dialoguant avec les mairies et en présentant des propositions concrètes (augmentation du nombre de pistes cyclables, plans en faveur des énergies renouvelables, entre autres) sans pour autant se convertir en partis politiques traditionnels. Cette interaction constructive commence à combler le fossé entre les jeunes et les institutions, dans la mesure où elle oblige les autorités à prêter attention aux idées nouvelles et apporte aux militants l'expérience nécessaire pour négocier et concrétiser leurs revendications.

Une autre contribution essentielle de la jeunesse est le renouveau des pratiques démocratiques à partir de la base. Des initiatives telles que les budgets participatifs pour les jeunes dans certaines villes (où les jeunes sont invités à décider de l'affectation d'une partie du budget municipal) ou les conseils de la jeunesse démontrent que, lorsqu'on leur donne voix au chapitre, les jeunes répondent avec responsabilité et créativité.

Même au niveau européen, le militantisme des jeunes s'est frayé une place au sein des instances officielles : en 2022, l'UE a organisé la Conférence sur l'avenir de l'Europe, où de nombreux délégués avaient moins de 30 ans, et où ont été formulées des recommandations sur l'éducation et le climat émanant des forums de jeunes.

Tout cela concourt à renforcer l'idée que l'implication des jeunes dans la prise de décision améliore la qualité de la démocratie. Il est temps de rejeter la vision paternaliste qui infantilise la jeunesse. Les jeunes ne sont pas seulement l'avenir, ils sont le présent, et leur participation est essentielle à une démocratie dynamique et solide . Les institutions commencent à le reconnaître, certes lentement, alors que certains partis politiques ont intégré dans leurs programmes des propositions issues des mouvements de jeunesse, notamment des mesures en faveur de loyers abordables ou des objectifs climatiques assortis d'échéances plus ambitieuses.

À terme, l'énergie transformatrice que la jeunesse insuffle à la société civile pourrait constituer l'antidote à la fatigue démocratique. Là où les générations précédentes voient des institutions sclérosées, les jeunes voient une page blanche sur laquelle ils peuvent innover. Leur insistance sur la justice climatique, l'égalité et la dignité économique oriente le débat public et oblige les administrations et les entreprises à réagir. Il est vrai que ce militantisme jeune est, pour l'instant, plus fragmenté et parfois plus éphémère que les organisations traditionnelles, mais il est aussi plus horizontal, plus inclusif et capable de s'adapter rapidement aux nouveaux défis.

Se renouveler ou disparaître

La démocratie au 21e siècle pourrait bien s'appuyer sur ces nouvelles formes de participation pour se régénérer. Si l'on parvient à canaliser l'énergie des jeunes sans la réprimer, par exemple en encourageant un véritable dialogue intergénérationnel, nous en sortirons tous gagnants. D'où la nécessité d'un pacte intergénérationnel dans lequel les aînés reconnaissent et légitiment les préoccupations et les aspirations des jeunes, et vice versa. C'est la seule façon de reconstruire la confiance et le tissu social nécessaires pour relever les défis communs.

Loin d'être démobilisée, la jeunesse réclame à grands cris la possibilité de construire un monde différent. Et elle ne le fait pas depuis une position de soumission, mais en prenant l'initiative dans les rues et sur les réseaux sociaux. Son message est clair : elle n'attendra pas son tour ni ne demandera la permission pour incarner le changement.

Bien canalisée, une telle attitude non conformiste peut, en effet, contribuer à revitaliser la démocratie en la rendant plus participative, transparente et tournée vers l'avenir. Il incombe désormais à toutes les parties prenantes, institutions, médias et générations plus âgées, de soutenir et de ne pas entraver ce réveil politique et social de la jeunesse. Ignorer son mécontentement – ou pire, criminaliser son militantisme – n'est pas une option dans un pays qui aspire à un avenir démocratique dynamique.

La jeunesse a désormais allumé le feu. Que ce feu s'embrase et donne lieu à un renouveau profond de la société civile dépendra de la main tendue à ces nouveaux acteurs. La démocratie ne peut être protégée que par un effort collectif. La jeune génération fait sa part. Le reste de la société fera-t-il la sienne ?

08.08.2025 à 05:30

Après la débâcle du référendum « Voice », les autochtones d'Australie continuent de se battre pour se faire entendre

img

Le 14 octobre 2023, au soir du résultat d'un référendum historique sur l'avenir des peuples autochtones en Australie, de nombreux Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres sont restés bouche bée. Ce vote, qui visait à inscrire dans la constitution australienne la reconnaissance des deux groupes autochtones du pays et à leur accorder une « Voix » auprès du Parlement, s'est soldé par un rejet massif de la proposition.
« Nous appelons à une semaine de silence à partir de ce soir pour (…)

- Actualité / , , , , , , , ,
Texte intégral (2947 mots)

Le 14 octobre 2023, au soir du résultat d'un référendum historique sur l'avenir des peuples autochtones en Australie, de nombreux Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres sont restés bouche bée. Ce vote, qui visait à inscrire dans la constitution australienne la reconnaissance des deux groupes autochtones du pays et à leur accorder une « Voix » auprès du Parlement, s'est soldé par un rejet massif de la proposition.

« Nous appelons à une semaine de silence à partir de ce soir pour faire le deuil de ce résultat et réfléchir à sa signification et à sa portée », annonçaient dans un communiqué publié dans la soirée les leaders autochtones qui soutenaient la proposition de referendum.

Le rejet massif de la proposition, avec plus de 60% de « Non » à l'échelle nationale, questionnait alors la volonté réelle de l'Australie de faire la paix avec son passé colonial, et de résoudre les inégalités encore majeures entre les autochtones et le reste de la population.

Alors qu'ils ne représentent qu'à peine plus de 3 % de la population australienne (bien que le recensement sous-estime le nombre exact de ressortissants des Premières nations, de sorte que le chiffre officiel de 984.000 Australiens aborigènes et/ou insulaires du détroit de Torres pourrait en réalité être plus élevé), les Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres restent désavantagés dans tous les aspects de la vie et font l'objet d'un racisme systémique, d'une discrimination généralisée, de préjudices et de partis pris inconscients.

Ainsi, le revenu hebdomadaire médian des ménages des Premières nations est inférieur de 28 % à celui des ménages non autochtones, l'espérance de vie des hommes et des femmes aborigènes et insulaires du détroit de Torres est inférieure d'environ huit ans à celle des Australiens non autochtones, et les Premières nations représentent 33 % de la population carcérale alors qu'elles ne constituent que 3,8 % de la population totale.

L'échec d'une tentative de rupture avec le passé

L'actuel gouvernement travailliste dirigé par le Premier ministre Anthony Albanese avait fait du référendum « Voice » une priorité de son premier mandat lorsqu'il a été élu en 2022. Mais il s'est retrouvé pris au piège.

Aux prises avec une inflation galopante et une crise du logement, la plupart des Australiens se sont désintéressés de la question, et l'argument des conservateurs opposés à la proposition, selon lequel l'octroi de droits supplémentaires aux Aborigènes diviserait davantage le pays, a fait son chemin en amont du référendum. Au lendemain du scrutin, les enjeux liés aux communautés des Premières nations d'Australie ont été relégués au second plan.

« Depuis le référendum… la reconnaissance des droits des Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres a vraiment quitté le débat politique », explique Bartholomew Stanford, maître de conférences au centre de recherche et d'études autochtones de l'Université James Cook, en Australie.

« Avec le référendum, le gouvernement travailliste préconisait une approche différente : une approche de la politique autochtone davantage axée sur les droits autochtones. Depuis lors, toutefois, l'approche politique s'est concentrée sur les aspects économiques généraux, une approche très large qui a été utilisée au cours des 20 dernières années », explique M. Stanford, lui-même d'origine insulaire du détroit de Torres.

Malgré sa réélection en mai 2025 à la tête du gouvernement australien, le Parti travailliste n'envisage pas d'organiser un autre référendum ni d'apporter des changements politiques majeurs concernant les Australiens autochtones.

La voie vers la « réconciliation » initialement empruntée par le gouvernement était celle recommandée par la Déclaration d'Uluru (Uluru Statement from the Heart), une pétition rédigée et approuvée en 2017 par les leaders aborigènes et insulaires du détroit de Torres à l'intention du peuple australien, appelant à une modification de la Constitution et à des réformes structurelles significatives afin d'établir une relation fondée sur la vérité, la justice et l'autodétermination.

La déclaration définit trois grandes étapes : la création d'une « Voix » aborigène au Parlement ; la reconnaissance des vérités historiques (décrites par la Commission australienne des droits humains comme « un processus global visant à exposer toute l'étendue des injustices subies par les peuples aborigènes et insulaires du détroit de Torres ») et la signature d'un traité entre l'Australie et les peuples autochtones (partant du principe que la souveraineté n'a jamais été cédée aux colons britanniques).

Bien que la première étape ait échoué, « on ne sait pas encore ce que le gouvernement d'Anthony Albanese fera des deux autres principes de la Déclaration d'Uluru : “vérité” et “traité” », précise M. Stanford.

Eddie Synoth, avocat constitutionnel et chercheur à l'université Griffith, à Brisbane, était l'un des partisans de la campagne pour le « Oui » lors du référendum de 2023. Pour ce membre de la communauté aborigène Wemba Wemba, l'échec du vote est « une occasion manquée de vraiment changer les choses ».

Il a déclaré lors d'un entretien avec Equal Times : « Je pense que l'on peut affirmer que le gouvernement travailliste a, pour l'instant, abandonné les principes de “vérité” et de “traité”. Il ne voulait pas de débats qui divisent ou qui soient présentés comme tels. »

Les avancées désormais aux mains des États

Le gouvernement fédéral n'osant plus s'attaquer au problème, les progrès en matière de droits autochtones sont laissés aux mains des six États du pays. Malgré le rejet massif du référendum national « Voice » sur la voix des peuples autochtones, l'État d'Australie-Méridionale, également dirigé par un gouvernement travailliste, a décidé en mars 2023 de créer son propre organe de représentation autochtone au sein du Parlement. Une loi a été adoptée à cet effet à quelques mois du référendum national.

« Le cas de l'Australie méridionale montre que le monde ne s'écroule pas lorsque cette mesure est mise en œuvre et que vous nous donnez la parole », explique Lara Watson, responsable des questions autochtones au sein de l'Australian Council of Trade Unions (ACTU), la principale centrale syndicale nationale d'Australie. Mme Watson, qui appartient à la communauté Birri Gubba, estime que la mise en place de ce nouvel outil démocratique pour les populations autochtones s'est faite « de manière transparente et intelligente », agissant comme un symbole d'espoir après l'échec du référendum, qui a laissé « des traumatismes qui commencent tout juste à se manifester aujourd'hui ».

Major « Moogy » Sumner est l'un des 46 membres élus en 2024 pour représenter les Aborigènes au Parlement d'Australie-Méridionale. Ils sont chargés de formuler des recommandations sur les décisions concernant les peuples autochtones. Militant de longue date pour les droits autochtones, culturels et environnementaux, cet aîné des peuples Kaurna et Ngarrindjeri se réjouit de cette « Voix parlementaire sans précédent en Australie ».

Il explique : « On fait des réunions, puis nos porte-parole vont rapporter ce qui en ressort devant le Parlement. Lorsqu'ils s'y rendent, nous y allons aussi et prenons place à leurs côtés pour les soutenir. » M. Sumner espère que cet outil démocratique apportera « davantage de droits » pour les Aborigènes d'Australie-Méridionale.

Pour April Lawrie, autre membre élue de « Voice » dans la circonscription électorale d'Adélaïde, les bénéfices de ce nouvel organe consultatif se font déjà sentir, un an après sa mise en place.

« Voice a déjà fourni des conseils directs sur les textes législatifs en cours de révision ou sur la nouvelle législation en cours d'introduction, en ce qui concerne leurs effets. Je pense donc qu'il y a un certain degré d'efficacité rien que pour cet aspect », explique cette ancienne commissaire à l'Enfance et aux Jeunes Aborigènes pour l'Australie-Méridionale.

Cependant, malgré ces avancées initiales, l'avenir de cet organe consultatif autochtone auprès du Parlement d'Australie-Méridionale reste incertain, dans la mesure où il dépend de la volonté du gouvernement en place dans l'État.

« Le référendum “Voice” à l'échelle nationale visait à instaurer un organisme qui aurait été protégé par la Constitution. En Australie-Méridionale, si un nouveau parti arrive au pouvoir, il pourrait décider d'abolir complètement tous les organismes établis pour les Premières nations », précise M. Stanford.

Par ailleurs, d'importants dysfonctionnements [sont pointés du doigt par certains membres élus de cet organisme. Quatre d'entre eux ont démissionné au cours de la première année d'activité de Voice.

« Certains représentants élus connaissent vraiment des problèmes en termes de charge de travail, et du fait qu'ils ne sont pas rémunérés ou indemnisés de manière juste pour le temps qu'ils consacrent à cet organisme », reprend le maître de conférences.

April Lawrie confirme que de nombreux représentants élus ont effectivement un autre emploi et que la rémunération et l'indemnisation pour la participation aux réunions de « Voice » sont insuffisantes. « Cependant, beaucoup n'ont pas démissionné car nous croyons en ce modèle. Nous pouvons collectivement contribuer à améliorer ce modèle. »

« C'est une machine toute neuve, on doit encore apprendre à l'appréhender pour qu'elle fonctionne à l'avenir », abonde Major Sumner.

Le danger du retour en arrière

Comme l'Australie-Méridionale, l'État de Victoria tente également de mettre en œuvre des politiques visant à appliquer la feuille de route des initiatives de « réconciliation » recommandées par la déclaration d'Uluru.

Dès 2019, en effet, cet État a mis en place une Assemblée des Premières nations, chargée de négocier les traités entre les peuples autochtones et le gouvernement du Victoria, afin de trouver les moyens de protéger la culture et la langue aborigènes, et de donner aux communautés un droit de regard sur la politique relative aux affaires autochtones.

« Il a été question ces dernières semaines de rendre cet organe permanent, et de lui conférer un rôle plus important dans l'État du Victoria après la signature d'un traité », explique Bartholomew Stanford.

« Je pense que les autres États et territoires doivent s'inspirer de ce qui se fait en Australie-Méridionale et dans l'État de Victoria », a indiqué Lara Watson, de l'ACTU.

Dans les faits, la plupart des États d'Australie ont à ce jour évoqué l'idée d'une feuille de route vers un traité avec les populations autochtones. Cependant, nul n'est véritablement à l'abri d'un revers en cas de changement de gouvernement d'État.

Le retour au pouvoir de la coalition libérale-nationale dans l'État du Queensland en octobre 2024 en est un parfait exemple. Quelques jours seulement après le scrutin, le nouveau Premier ministre de l'État, David Crisafulli, chef du Parti libéral national du Queensland, a annoncé l'annulation de l'enquête en cours sur les vérités historiques concernant les peuples aborigènes de l'État. Il a également mis fin à tout espoir de progrès pour les populations autochtones au cours de son mandat. S'appuyant sur les résultats du référendum dans le Queensland, le chef du parti conservateur de l'État a également avancé l'argument selon lequel le processus diviserait les citoyens. « Le gouvernement du Queensland a immédiatement torpillé l'idée du traité », précise M. Synoth.

« J'ai participé au lancement du processus de négociation du traité dans le Queensland », reprend Lara Watson. « Forcément, j'ai été très déçue lorsque David Crisafulli est revenu sur ce processus. »

« C'est pourtant un État qui avait fait beaucoup de progrès dans ce domaine », regrette Bartholomew Stanford. « À présent, tout a été mis en suspens pour une durée indéterminée et nous ne verrons probablement aucun progrès jusqu'à ce que le gouvernement de l'État change à nouveau. »

Syndicats : un espace pour l'avancement de la cause autochtone

Face à l'incertitude qui pèse sur l'avenir des droits des autochtones au niveau national et dans les différents États d'Australie, l'ACTU a adopté une position claire à l'issue du référendum. En soutenant inconditionnellement le « Oui » pour une Voix autochtone au Parlement en 2023, le principal organe du mouvement syndical australien s'est engagé à « continuer à soutenir la lutte des Premières nations pour le processus Voice, Treaty and Truth (voix, traité et vérités historiques) », a déclaré Lara Watson.

L'ACTU a pendant longtemps été un espace de progrès pour la représentation des autochtones. « Il est très important pour nous que les Aborigènes et les Insulaires du détroit de Torres sachent qu'ils ont leur place au sein du mouvement », a souligné Mme Watson.

Le Congrès de l'ACTU, qui se tient tous les trois ans, rappelait en 2024 qu'une « Voix » autochtone existe bel et bien au sein du mouvement par le biais du Comité des Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres de l'ACTU. Un comité dont la création remonte à 1991.

Pour la responsable des questions autochtones, même si le référendum s'est soldé par un échec en 2023, il a permis d'illustrer la place prise par les membres des Premières nations au sein de l'ACTU.

« Il était très important pour l'ACTU de jouer un rôle d'allié et de permettre aux membres de son Comité des Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres de briller dans cette campagne, de se mobiliser et de prendre les devants », se rappelle Lara Watson. « De fait, la First Nation Workers Alliance et le Comité ont été les points de référence pour l'ACTU et ses affiliés. »

Aujourd'hui, l'ACTU continue de lutter pour la représentation des personnes autochtones sur leur lieu de travail et au sein des structures syndicales, ainsi que pour leur participation « à tous les niveaux des processus et des structures de prise de décision des syndicats ».

L'ACTU fait également pression sur le gouvernement australien pour qu'il signe la Convention relative aux peuples indigènes et tribaux (C169) de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui, bien qu'adoptée en 1989, n'a été ratifiée que par 24 pays.

Même si les perspectives de progrès pour les peuples autochtones d'Australie ne sont pas claires, Mme Watson reste optimiste : « Je pense que nous obtiendrons la signature de la convention avec ce gouvernement. Et bien que je sois en colère contre le gouvernement d'Anthony Albanese et ses ministres, je pense qu'ils comprennent mieux que n'importe quel autre gouvernement avec lequel j'ai travaillé jusqu'à présent les enjeux qui concernent les Premières nations. »

06.08.2025 à 05:24

Quatre-vingts ans après Hiroshima et Nagasaki, l'accélération de la course à l'armement nous éloigne-t-elle de la paix ?

img

Chaque année depuis 80 ans, les 6 et 9 août, deux villes du Japon se réveillent en observant une minute de silence pour commémorer et transmettre la mémoire que deux bombes atomiques ont laissée sur leur population civile. Mais alors qu'Hiroshima et Nagasaki s'engagent pour la paix et prônent la non-prolifération nucléaire à l'échelle mondiale, les caisses des puissantes industries d'armement tintent de plus belle aux quatre coins du monde. Des États-Unis à l'Europe, de la Chine au Japon, (…)

- Actualité / , , , ,
Texte intégral (1986 mots)

Chaque année depuis 80 ans, les 6 et 9 août, deux villes du Japon se réveillent en observant une minute de silence pour commémorer et transmettre la mémoire que deux bombes atomiques ont laissée sur leur population civile. Mais alors qu'Hiroshima et Nagasaki s'engagent pour la paix et prônent la non-prolifération nucléaire à l'échelle mondiale, les caisses des puissantes industries d'armement tintent de plus belle aux quatre coins du monde. Des États-Unis à l'Europe, de la Chine au Japon, les dépenses de défense augmentent dans une spirale de réarmement et de nouveaux conflits.

« Plus jamais d'Hibakusha » est le slogan des survivants de la bombe atomique au Japon. « Ne laissons pas l'humanité s'autodétruire avec des armes nucléaires ! Travaillons ensemble pour créer une société humaine, dans un monde sans armes nucléaires et sans guerres ! ». C'est en ces termes que Terumi Tanaka, nonagénaire et survivant de la bombe de Nagasaki, a conclu son discours de réception du prix Nobel de la paix au nom de l'association Nihon Hidankyo. Son plaidoyer en faveur des droits humains est-il plus urgent que jamais ?

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), en 2023, les 100 plus grandes entreprises impliquées dans les ventes d'armes et les services militaires ont vu leurs recettes augmenter de 4,2 %, toutes régions confondues, du fait d'une demande mondiale en pleine recrudescence.

En tête de liste, on trouve cinq entreprises des États-Unis, suivies d'une entreprise britannique, d'une entreprise russe et de trois entreprises chinoises. Ce classement compte 27 sociétés d'armement européennes (France, Allemagne, Italie, Pologne et Espagne, entre autres), contre 41 américaines. La guerre en Ukraine a stimulé les achats européens de munitions, d'artillerie, de systèmes de défense et de chars, ainsi que la rénovation et la modernisation des arsenaux. C'est ce qui ressort de divers travaux de recherche réalisés par les organisations Fundipau et SIPRI.

En termes de ventes, les entreprises russes et du Moyen-Orient ne sont pas, non plus, en reste, la guerre à Gaza et le conflit en Iran laissant même présager une tendance à la hausse. Trois entreprises israéliennes enregistrent des chiffres d'affaires records selon le SIPRI, alors que le bilan des victimes dans la bande de Gaza est déjà estimé à plus de 80.000 morts – dont un tiers d'enfants – et qu'il ne cesse de s'alourdir, un cessez-le-feu définitif n'étant pas encore en vue.

Vingt-trois entreprises asiatiques figurent également dans cette liste, dont plusieurs nouveaux acteurs. Le Japon, avec cinq entreprises, et la Corée du Sud, avec quatre, gagnent du terrain dans la course mondiale, tandis que leurs gouvernements augmentent leurs dépenses de défense, d'une part en raison du climat de menace perçue du fait de la montée en puissance de la Chine et, de l'autre, du fait de leur adhésion au parapluie militaire des États-Unis. La liste des fabricants d'armement comprend, en outre, neuf sociétés chinoises, trois sociétés indiennes, une société basée à Taïwan et trois sociétés turques.

Une décennie de dépenses militaires accrues et « loin de la paix »

Nous assistons à la plus forte hausse des dépenses militaires depuis la guerre froide, comme le montrent les estimations du SIPRI, avec une hausse de 9,4 % et un total de 2.720 milliards USD en 2024. Cette tendance est observée sur dix années consécutives. Par pays, les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Allemagne et l'Inde affichent les budgets militaires les plus importants au monde, représentant 60 % du total, mais ils ne sont pas les seuls, loin s'en faut. Plus d'une centaine de pays ont, en effet, rehaussé leur budget militaire. Rien qu'en Europe, Russie comprise, les dépenses militaires ont augmenté de 17 %, créant un effet d'entraînement à l'échelle mondiale.

Selon Jesús Núñez, codirecteur de l'Institut d'études sur les conflits et l'action humanitaire (IECAH), l'intensification de la course aux armements résulte de la rivalité mondiale entre les États-Unis et la Chine, mais il ne s'agit pas du seul facteur.

Washington attend de ses alliés du Pacifique qu'ils accroissent leur effort militaire pour l'accompagner dans son endiguement de la Chine, tandis que d'autre part « l'Union européenne a formulé l'objectif d'une autonomie stratégique face à la menace russe résultant de la guerre en Ukraine, mais aussi par crainte que les Etats-Unis cessent d'être le garant ultime de sa sécurité et retirent la couverture qu'ils lui ont apportée au cours des dernières décennies. Voilà ce qui motive le réarmement de l'UE », explique M. Núñez. Il ajoute un dernier facteur, l'agenda local ou régional d'autres conflits :

« Des puissances moyennes se disputent le leadership régional et mènent la course. Le Maroc et l'Algérie, par exemple, rivalisent pour le leadership au Maghreb ». Selon l'expert, le contexte actuel reproduit la dynamique des tensions de la guerre froide et « nous éloigne de la paix ».

En juin dernier, 32 dirigeants de l'OTAN réunis à La Haye se sont mis d'accord sur une nouvelle augmentation historique des dépenses de défense, à hauteur de 5 % du PIB national d'ici à 2035. Tous les pays, à l'exception de l'Espagne, ont accepté de s'engager dans la voie de l'armement. Cependant, la priorité donnée à la sécurité militaire se fera au détriment d'autres postes budgétaires, ce qui aura des conséquences économiques et sociales pour les citoyens, avertissent les experts et les activistes.

Ainsi, face au réarmement européen, des organisations pacifistes telles que la Campagne contre le commerce des armes (Campaign Against Arms Trade) et le Réseau européen contre le commerce des armes (European Network Against Arms Trade, ENAAT) ont redoublé de critiques à l'égard de plans qu'elles considèrent comme hautement lucratifs pour l'industrie de l'armement, mais néfastes pour les dépenses sociales.

Comment prévenir un conflit ?

« L'ONU est le principal organe de prévention du fléau de la guerre pour les générations futures », affirme M. Núñez à propos de la charte fondatrice des Nations Unies, un dispositif mis en place en 1945 pour maintenir la paix et la sécurité internationales, suivie en 1948 par la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Cependant, déplore l'expert, « nous sommes en régression, l'ONU se trouve affaiblie et dans une situation d'impuissance, du fait d'un manque de volonté politique de la part des pays membres ». M. Núñez souligne le rôle de la promotion de la démocratie dans la prévention des conflits violents, mais il met en garde contre le recul croissant des démocraties et la montée de l'autoritarisme, associés à un manque de leadership et au court-termisme qui domine l'ordre du jour des gouvernements nationaux, sans considération pour les générations à venir.

Le cas du Japon est paradigmatique : ce pays augmente également ses dépenses de défense et se dirige vers un objectif de 2 % de son PIB d'ici à 2027.

Malgré une société civile qui prône le pacifisme en raison de son statut de victime de la débâcle nucléaire, le gouvernement nippon n'a pas ratifié le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), en vigueur depuis 2021. Un traité qui porte en son cœur Hiroshima et Nagasaki et qui mentionne dans son préambule les survivants de la bombe atomique.

Le Japon se justifie en invoquant le fait qu'aucun État doté de l'arme nucléaire ne l'a ratifié, et en soulignant l'existence du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), dont il est signataire, qui agit davantage comme un outil de dissuasion, sans pour autant freiner le développement nucléaire. La préfecture d'Hiroshima considère toutefois le TNP « essentiel pour parvenir à un monde sans armes nucléaires », et a demandé à plusieurs reprises au gouvernement japonais de revoir sa position.

Le contexte de réarmement mondial ne laisse, toutefois, pas augurer d'une diminution ou d'un arrêt de la modernisation des arsenaux nucléaires, bien au contraire. Aussi, comme le souligne le SIPRI dans un autre rapport récent, « les risques nucléaires augmentent dans le contexte d'une nouvelle course aux armements ».

De fait, presque tous les pays dotés de l'arme nucléaire (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël – qui maintient son ambiguïté nucléaire) modernisent ou augmentent leurs arsenaux nucléaires et, s'ils ne l'ont pas encore fait en 2024, comme c'est le cas du Royaume-Uni, il faut s'attendre à ce qu'ils le fassent à l'avenir.

Paix et mémoire historique, une lutte permanente

Les survivants des bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, appelés hibakusha au Japon, sont des témoins vivants et un symbole mondial de la paix. Aujourd'hui octogénaires et nonagénaires, ils sont conscients que le temps presse. En 2024, Nihon Hindankyo, la confédération nippone des associations de survivants, fondée en 1956, s'est vu décerner le prix Nobel de la paix en Norvège pour son dévouement et son impact mondial.

Pour Agustín Rivera, journaliste et auteur de Hiroshima : Testimonios de los últimos supervivientes (2023), « leur combat a été sans relâche, cependant leurs efforts ont trop tardé à être reconnus ». Ce journaliste espagnol a suivi pendant des années les traces des derniers survivants de l'atrocité afin de recueillir, avant qu'il ne soit trop tard, leurs témoignages dans un ouvrage délicat d'une grande valeur historique.

M. Rivera rappelle que « le Bureau international de la paix (BIP), une organisation de désarmement récompensée du prix Nobel de la paix en 1910, avait proposé la candidature de Nihon Hidankyo pour ce prix en 1985. Il l'a, à nouveau, proposée en 1994, mais sans succès. Idem en 2005, lorsque l'Agence internationale de l'énergie atomique s'est vu décerner le Nobel ».

Les survivants des bombes atomiques accomplissent depuis des décennies un important travail d'éducation, impliquant les générations futures de Japonais afin que leur mémoire ne sombre pas dans l'oubli et que les jeunes puissent, à leur tour, la transmettre à l'avenir.

Ils sont convaincus, pour reprendre les propos de Terumi Tanaka, que ce n'est que par le témoignage et l'empathie humaine que les gens peuvent devenir « une force de changement » et influer sur les politiques nationales. Le travail qu'ils mènent est un phare pour les droits humains.

16 / 20

 

  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
Le Canard Enchaîné
La Croix
Le Figaro
France 24
France-Culture
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE ‧ RUSSIE
Courrier Europe Centrale
Desk-Russie
Euractiv
Euronews
Toute l'Europe
 
  Afrique du Nord ‧ Proche-Orient
Haaretz
Info Asie
Inkyfada
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
L'Orient - Le Jour
Orient XXI
Rojava I.C
 
  INTERNATIONAL
CADTM
Courrier International
Equaltimes
Global Voices
I.R.I.S
The New-York Times
 
  OSINT ‧ INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
Global.Inv.Journalism
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Hors-Serie
L'Insoumission
Là-bas si j'y suis
Les Jours
LVSL
Médias Libres
Politis
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Reseau Bastille
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Curation IA
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
🌞