L'étudiante pousse un cri d'alerte : en licence de psychologie clinique à l'université d'Aix-Marseille, « jamais les chiffres sur l'inceste ou les conséquences de ces violences ne sont évoqués », affirme Louison auprès de CQFD. Professeure de français en reprise d'études et animatrice d'un compte Instagram autour de la protection de l'enfance, « À ventre ouvert », elle dénonce dans ce témoignage les errements de sa formation sur la prise en charge de l'inceste infantile. Louison a elle-même porté plainte pour des viols subis dans son enfance.

La jeune femme pointe du doigt une école de pensée de la psychologie « totalement hégémonique » à Aix-Marseille : la psychanalyse, et sa théorie centenaire du complexe d'Œdipe comme « point de départ de nos apprentissages ». Formulée en 1925 par le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, celle-ci estime que « les symptômes [de l'inceste] seraient causés non par une violence réelle, mais par un fantasme incestueux chez l'enfant ».

Une théorie très présente en cours : « Plusieurs profs ont déjà manifesté ouvertement leur réticence vis-à-vis du signalement lorsque l'on est face à un enfant qui révèle des violences, sous prétexte qu'il pourrait ne s'agir que de "fantasmes" ». La professeure en reconversion juge toutefois que la psychanalyse « ne se résume pas non plus à Freud ou Lacan » : elle prône une « mise à jour » des enseignements, afin d'éviter que l'université forme de futurs psychologues dans le « prolongement de ce qui se passe au sein de la société : négation de l'inceste et mauvais traitement des victimes ».