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15.05.2024 à 06:00

« Ces humanitaires sont morts dans le même silence qui nous enveloppe »

Rami Abou Jamous

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Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi. Il partage maintenant un appartement de deux chambres avec une autre famille. Il raconte son quotidien et celui des Gazaouis de Rafah, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié. Lundi 13 mai. (…)

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Texte intégral (1526 mots)

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi. Il partage maintenant un appartement de deux chambres avec une autre famille. Il raconte son quotidien et celui des Gazaouis de Rafah, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié.

Lundi 13 mai.

Aujourd'hui je voudrais rendre hommage à cet employé des Nations unies qui a été tué par l'armée israélienne, et à sa collègue qui a été blessée.

Leur voiture clairement siglée ONU a été visée par des tirs. Ils ont été frappés par les mêmes balles que les Palestiniens, et dans le même silence qui émane du monde entier. Bien sûr, les Nations unies ont publié un communiqué exprimant leur tristesse et condamnant ce qui s'est passé. L'homme qui a été tué appartenait à l'UNDSS, le Département de la sécurité et de la sécurité des Nations-Unies. La voiture se dirigeait vers l'Hôpital européen de Rafah, sur la route Salaheddine.

L'ONU n'a mentionné ni les noms ni la nationalité de ses deux employés. Pareil pour la plupart des médias, qu'ils soient occidentaux ou arabes. Selon mes sources, le mort était indien, ancien colonel de l'armée de son pays et père de deux enfants. Sa collègue est jordanienne. Tout le monde sait qu'ils ont été visés par les Israéliens.

Comme d'habitude, Israël est au-dessus des lois

Plus de 250 travailleurs humanitaires sont morts depuis le début de la guerre. Ils étaient membres des Nations unies, notamment de l'Unrwa, ou d'ONG internationales comme Medical Assistance International (MAP) ou Médecins sans frontières (MSF). La plupart d'entre eux étaient palestiniens, donc ça passe. On donne l'info, et ça s'arrête là. Quand il s'agit de Français ou de Britanniques, comme ce fut le cas avec World Central Kitchen (WCK), le monde s'est ébranlé, cela a un peu changé la direction de la guerre et il y a eu des conséquences au niveau humanitaire. Mais là, on en parle peu. Peut-être à cause de la nationalité des victimes ? Cet homme était ici pour une bonne cause, et il est mort en martyr, comme les autres humanitaires tués à Gaza. Mais comme d'habitude, Israël est au-dessus des lois. Les Israéliens « feront une enquête », concluront que les tirs venaient sans doute des combattants du Hamas et on refermera le dossier.

J'aimerais bien parler de cet homme-là, dont je ne connaissais même pas le nom. Il est venu ici pour aider la population gazaouie. Il savait très bien que c'était risqué. Il travaillait dans un département de sécurité, il savait qu'il allait se trouver dans une zone de guerre. Pourtant il avait fait ce choix. Qui était-il ? Jusqu'ici, je n'ai pas vu grand-chose sur lui.

Cet homme et cette femme étaient là par sens de l'honneur, par humanité. Ils étaient venus tous les deux en risquant leur vie, juste pour aider les Palestiniens. Mais devant Israël, personne n'ose dire qu'ils ont été visés directement. Ils se contentent de dire : il faut faire une enquête. Comme tous les humanitaires, ils avaient donné leurs coordonnées GPS à l'armée israélienne. À chaque fois que celle-ci bombarde des personnes localisées par GPS, elle prétend que c'est une bavure. Personne ne réagit, sauf si Israël touche des ressortissants de l'une des cinq grandes puissances mondiales. Là au moins on a quelques déclarations.

Matador et taureau

Ces deux employés avaient laissé leurs enfants, leurs familles et sont venus pour arrêter la guerre ici, pour soutenir les blessés, les malades, les infrastructures, pour faire ce qu'ils pouvaient. Pour moi, ce qui se passe à Gaza, c'est comme une corrida. Israël est le matador, il est bien habillé, respectable, il plante ses banderilles, et la population de Gaza est le taureau. En Occident, on contemple l'agonie de la bête et certains s'indignent même de la rage du taureau. Et si quelqu'un vient en aide au taureau, le matador le blesse avec ses banderilles, ou le tue avec son épée. Parce que le but, c'est d'anéantir le taureau, et à la fin, le public applaudit. Le matador est toujours le gagnant, il est toujours respecté, parce qu'il était « en train de se défendre ».

Toutes les guerres sont bonnes contre ce pauvre peuple palestinien : la guerre des bombes, la guerre des soldats, la guerre de la famine, la guerre psychologique, la guerre de la cigarette… Et personne ne bouge. Quand les grands pouvoirs bougent, ils le font pour leur intérêt, parce qu'ils ont des élections, ou parce qu'il y a une mobilisation dans leur pays, ou en fonction de l'évolution de leurs intérêts dans la région, ou des intérêts personnels de leurs dirigeants. Mais ils ne bougent pas par humanité, même devant ces massacres, ni devant ce que tout le monde voit : la famine qui est en train d'étrangler maintenant le sud de la bande de Gaza depuis la fermeture des terminaux de Rafah et de Kerem Shalom.

On a appris lundi que des camions d'aide humanitaire étaient entrés au Nord, par le terminal de Zikim, mais ils sont seulement destinés à la ville de Gaza et au nord de l‘enclave. Je crois que le Sud entre Rafah et la route de Netzarim va vivre ce qu'a vécu le Nord auparavant. Mais cette fois, la famine va concerner beaucoup plus de gens. Au nord, on parle d'environ 500 000 à 700 000 personnes, alors qu'au Sud on parle de 1,5 million de personnes, qui sont déjà en train mourir, pilonnées chaque nuit par les bombes. Et maintenant, la faim et la soif, avec ces terminaux toujours fermés.

Étranglement financier

Le pire, c'est que si l'attention se concentre sur Rafah, les bombardements continuent au Nord. L'armée israélienne occupe Jabaliya, le quartier de Zeitoun où se déroulent de nouveaux massacres sans pitié, de nouveaux déplacements de la population.

Le monde est en train de regarder ce qui se passe à Rafah, mais ailleurs, c'est pire. On parle peu de la Cisjordanie. Là-bas, pas de F-16 qui bombardent. Mais c'est juste parce que la Cisjordanie est pleine de colonies, et que les Israéliens ont peur d'utiliser leur aviation quand il y a des colonies. À Gaza, ils ne l'ont fait qu'après le retrait des colons en 2005, notamment en passant le mur du son qui faisait exploser les vitres, même celles des voitures.

L'autre méthode, c'est l'étranglement financier. Les Israéliens refusent de transmettre à l'Autorité palestinienne (AP) l'argent des taxes qu'il prélève en son nom aux frontières. Ce qui fait que celle-ci ne peut plus verser à ses fonctionnaires que la moitié de leur salaire. C'est valable aussi pour les fonctionnaires de l'AP à Gaza, qui continuent à être payés même s'ils ne travaillent plus depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007. Alors que les prix ont été multipliés par dix ou par vingt.

Mahmoud Abbas a accepté de continuer à suivre une voie politique, et non militaire. Et malgré cela, les Israéliens le considèrent comme un ennemi et lui font la guerre. Ils ont violé tous les accords.

Ce mercredi, c'est le 76e anniversaire de la Nakba, la Catastrophe, la création d'Israël qui entérina l'expulsion de la majorité des Palestiniens. À l'époque, les Palestiniens s‘étaient réfugiés à Gaza, en Cisjordanie ou dans les pays voisins. Aujourd'hui, ils fuient d'un endroit à un autre à l'intérieur de la bande de Gaza. C'est toujours le même matador, et toujours le même taureau.

14.05.2024 à 06:00

Nord de la France. Les musulmans entre autocensure et départ à l'étranger

Nadia Daki

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Soupçonnés en permanence d'islamisme radical et craignant d'être accusés d'apologie du terrorisme, une partie des Français musulmans et/ou d'origine maghrébine choisissent de se taire. D'autres, souvent parmi les plus qualifiés, décident de quitter leur pays. Le nord de la France apparait comme un laboratoire de cette ambiance délétère par bien des aspects. Une succession d'affaires, de suspicions, de polémiques ou de lois (adoptées ou en projet) conduisent un certain nombre de Français (…)

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Texte intégral (3278 mots)

Soupçonnés en permanence d'islamisme radical et craignant d'être accusés d'apologie du terrorisme, une partie des Français musulmans et/ou d'origine maghrébine choisissent de se taire. D'autres, souvent parmi les plus qualifiés, décident de quitter leur pays. Le nord de la France apparait comme un laboratoire de cette ambiance délétère par bien des aspects.

Une succession d'affaires, de suspicions, de polémiques ou de lois (adoptées ou en projet) conduisent un certain nombre de Français musulmans et/ou d'origine maghrébine à se demander s'ils ont bien leur place ici. Pour Mouloud1, quarantenaire né dans le nord de la France et fonctionnaire dans cette région, « nous avons été, en quelque sorte, précurseurs avec des associations musulmanes fortes portées par des musulmans engagés. C'est pourquoi les pouvoirs publics tentent depuis quelques années de les mettre à mal ». Une « attaque systémique et structurelle », assure-t-il en égrenant la liste des institutions mises en cause : « Le lycée Averroès, la radio Pastel FM, la mosquée de Villeneuve-d'Ascq. Le préfet et la région ont redoublé leurs efforts pour les empêcher d'exister. »

Ainsi, les dirigeants de la mosquée de Villeneuve-d'Ascq ont été poursuivis pour abus de confiance, avant d'être finalement relaxés mi-mars. « Le tribunal a estimé qu'il ne ressortait aucun élément de radicalisation », a déclaré le président du tribunal2.

De son côté, depuis 2017, la radio Pastel FM à Roubaix s'est vue amputer des subventions de la Région qui l'accuse de prosélytisme religieux. Pourtant, dans son arrêt rendu le 14 mars dernier, la Cour d'appel de Douai a tranché en faveur de la radio, faute d'éléments probants. Le conseil régional, présidé par Xavier Bertrand (Les Républicains) a, depuis, annoncé sa volonté de se pourvoir en cassation.

Dernier exemple local cité : le lycée Averroès. Orient XXI a exposé, en février, les conditions de l'annulation de son contrat le liant à l'État. Et Mouloud de s'interroger :

Si ce n'est pas une attaque organisée en règle contre les musulmans, de quoi s'agit-il alors ? Il y a un climat délétère pour nous, Français musulmans issus de l'immigration, et ce, depuis de nombreuses années. Cela en devient étouffant.

Il décrit l'autocensure à laquelle il s'astreint sur la guerre en Palestine. Faisant allusion à Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT Nord, condamné le 18 avril à une peine d'un an d'emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Lille pour apologie du terrorisme3, il précise :

Ce serait suicidaire de s'exprimer publiquement sur la situation en Palestine. Quand on voit ce qu'ils sont capables de faire à un Blanc non musulman qui a osé faire un rappel historique de l'occupation illégale, imaginez ce qu'ils pourraient faire à un bronzé comme moi.

En tant que fonctionnaire, il s'interdit toute discussion sur le conflit. « Si je le fais, je dois donner une version "officielle" qui plaît, donc je m'autocensure pour ne pas me retrouver dans un charter ». Il en est convaincu : « Pour nous (arabo-musulmans), il n'y a aucune nuance possible. Si l'on s'émeut de la situation en Palestine, on nous taxe de soutenir le Hamas. Et les conséquences de mise à mort sociale, juridique et professionnelle sont immédiates ».

Racisme décomplexé et islamophobie

Alors Mouloud s'investit ailleurs. « Je participe à des manifestations et au boycott des produits venant d'Israël. J'informe mes enfants et c'est ça le plus important pour moi. Peu importe si je dois baisser la tête au boulot ». Néanmoins, pour lui, l'autocensure ne se limite pas à la question palestinienne. Il pointe un climat général qui tendrait à réduire au silence tout ce qui aurait trait à la culture arabo-musulmane. Il raconte :

De manière isolée, tout va bien. Je m'entends très bien avec mes voisins et avec tous ceux que je peux croiser dans mon quotidien. Mais sur le plan politique, la libération de la parole islamophobe est prégnante, que ce soit chez les politiques ou dans les médias. En réalité, on n'en est plus au stade de la parole, dans les actes aussi ça se ressent.

Il faut dire que dans le Nord, l'affaire du lycée Averroès a beaucoup marqué les esprits, en raison de son caractère injuste et disproportionné. Surtout lorsque la comparaison est faite avec le lycée catholique Stanislas à Paris, dont les manquements à la laïcité ont été démontrés. Cela indigne Madjid, 42 ans, conseiller en insertion professionnelle qui, comme Mouloud, tient à garder l'anonymat : « Ils ont voulu faire un exemple et mettre au pas les bougnoules. Averroès c'était un modèle qui marchait bien et ça posait problème. Pour moi, il y a un racisme totalement décomplexé dans ce genre d'attaques ».

Pour Mohamed, 63 ans, conseiller à l'emploi à Lille, cette affaire est la goutte de trop :

Je suis de culture musulmane mais je ne suis pas la meilleure âme sur le plan religieux. Quand je vois ce genre d'attaques injustes se répéter, ça me révolte. C'est ce genre d'injustice qui me pousse à prendre fait et cause pour les jeunes filles voilées, alors qu'il y a quelques années, j'avais une position radicalement différente sur la question.

La circulaire Castaner en 20194 provoque chez lui « une prise de conscience ». « Sous couvert des signes ostentatoires de religion, tout le monde a en fait compris qu'il s'agissait d'une chasse aux musulmans », tranche-t-il. Alors à « sa grande surprise », il se voit soutenir financièrement le lycée Averroès5.

Né en France, il a l'impression de suffoquer de plus en plus. « Même si je ne mets pas tous les Français dans le même sac, il y a une sorte de haro sur les Arabes et/ou les musulmans surtout dans certains médias ». Lui aussi dit éviter d'évoquer la situation palestinienne dans son milieu professionnel. Pourtant, « considérer que l'histoire ne démarre pas le 7 octobre ne veut pas dire que nous sommes avec le Hamas. Il y a, en réalité, de très grandes lacunes dans l'enseignement de l'histoire sur cette réalité du monde ». Il craint, entre autres, les clichés et la déformation de ses propos. « Si je dis réellement ce que je pense, je suis sûr de choquer certains collègues qui vont vite faire l'amalgame : "c'est un arabe, forcément il est avec les terroristes puisqu'eux-aussi, ce sont des arabes" ». Il préfère donc se taire. « Je suis dégoûté de cette situation. Jamais je n'aurais pensé être obligé de travestir ma pensée en France. Je vois déjà certains dire : "retourne dans ton bled". Mais mon bled, c'est ici ».

À 30 ans, Tarik, chercheur en sciences politiques a déjà vécu dans d'autres pays. Il ne s'est jamais senti « aussi pleinement français qu'en dehors de la France ». Cependant, il en est convaincu : « Je sais pertinemment que je ne serai jamais membre de la communauté nationale en France. J'ai grandi dans une culture à la fois arabe et très occidentale dans sa manière de vivre. Pourtant, je serai toujours un indigène, un étranger aux yeux de certains ». En cause selon lui, « une construction de l'État profondément raciste, attestée notamment par la succession de lois sur le séparatisme. J'ai beau chercher, je ne trouve pas d'éléments qui pourraient me faire penser le contraire ». Il évoque, lui aussi, un sentiment d'étouffement qu'il fait remonter aux années 2014-2015. « Depuis, il y a une accumulation. L'approche autoritaire installe un climat de suspicion généralisée à l'égard des Arabes, des personnes qui ont un patronyme et un pedigree marqués. » Pour ce jeune papa, son avenir est à Lille. « Je suis né ici, j'ai grandi ici. Mes parents ne m'ont jamais parlé arabe. Ma langue maternelle est le français. Ma vie est ici avec ses malheurs et ses bonheurs. »

La tentation de l'ailleurs

Mouloud, lui, a plus de mal à se projeter en France. « Le pays va de plus en plus mal économiquement. Quand on aura atteint un point de non-retour, on sera montrés du doigt et on sera les boucs émissaires. Il n'y a aucun voyant au vert pour nous », craint-il. Alors il envisage fortement de s'installer ailleurs. Un ailleurs de moins en moins hypothétique, mais un ailleurs contraint. « Je trouve ça dingue : nos parents ont émigré et nous l'envisageons aussi. Certes, les raisons ne sont pas les mêmes. Finalement, nous autres nés en France ne sommes-nous pas voués à être juste une parenthèse historique ? », se demande-t-il. Avec sa femme, ils font des tableaux pour évaluer leurs besoins et préparer au mieux leur départ, sans doute au Maroc. Il analyse :

Les raisons sont multifactorielles, toutefois la plus importante est l'islamophobie. On a été élevés à la méritocratie, on a travaillé et redoublé d'efforts et on a obtenu des postes importants. La désillusion est d'autant plus forte.

Il ne veut surtout pas « arnaquer ses enfants. Je ne vais pas leur servir les mêmes salades que nos parents nous ont servis ».

« La France se prive d'une partie de ses élites »

Julien Talpin, Olivier Esteves et Alice Picard ont publié fin avril, un livre au titre évocateur, La France, tu l'aimes mais tu la quittes (Éditions Seuil, Paris, 320 pages, 23 euros). Nous avons rencontré Julien Talpin, chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à l'université de Lille, qui nous a d'abord expliqué comment lui et ses collègues ont mené leur enquête, de 2020 à 2022.

Nous avons recueilli, compilé et analysé les réponses de mille personnes et de deux cent cinquante entretiens auprès de ceux partis récemment ainsi que d'autres ayant quitté la France il y a près d'une vingtaine d'années. Parmi les raisons évoquées, la volonté de mettre à distance les discriminations vécues en tant que musulman arrive en tête (70 % des cas). La deuxième (63 %) est de pouvoir vivre sa religion sereinement. Vient ensuite l'épanouissement professionnel.

Talpin estime que les éléments déclencheurs du départ sont l'élection présidentielle de 2022, « le rôle de certains médias comme Cnews ou la présence surmédiatisée d'Eric Zemmour ». Cela contribue à créer « une atmosphère diffuse », davantage évoquée que « les expériences directes de discrimination ».

Contrairement aux idées reçues,

les pays de destination ne sont pas majoritairement musulmans. On retrouve en premier les pays du Nord comme l'Angleterre, puis le Québec et Montréal, et enfin les Émirats arabes unis. Le départ n'est pas vécu comme une hijra [départ vers la terre d'islam]. D'ailleurs, les personnes sondées ne se définissent pas comme extrêmement religieuses.

Ceux qui partent sont le plus souvent des Français binationaux de deuxième ou troisième génération, et plus de 53 % de ceux qui ont répondu à l'enquête sont diplômés du supérieur (bac +5). Leur trajectoire est différente de celle de leurs parents, notamment du fait d'une ascension scolaire. « Ils partent souvent lorsqu'ils accèdent au marché du travail, car les progressions de carrière sont plus compliquées pour eux que pour leurs camarades de promo non musulmans ou blancs. Autrement dit, c'est d'une partie de ses élites dont la France se prive. » Beaucoup ont déjà fait des expériences à l'étranger au cours de leurs études, des stages, des années de césure, etc. Pour partir, il faut en avoir « les moyens financiers et relationnels. Il faut un emploi, un logement. Cela constitue un risque. Et puis, il y a un coût émotionnel avec une mise à distance de sa famille et de ses amis ».

La plupart des personnes qui quittent la France ont fréquenté des universités publiques. « Au fond, note Talpin, le système éducatif et social français leur a permis de s'élever socialement, mais cette focalisation constante sur l'islam et les musulmans fait qu'elles ne peuvent pas s'épanouir autant qu'elles le voudraient ». Deux choses se télescopent : la situation personnelle et la situation globale.

Les personnes enquêtées nous disent : « Il y a la situation de ma famille, de mes enfants, et c'est pour ça que je m'en vais. Non seulement on est discriminés, mais toutes les formes d'organisation de l'islam qui avaient permis des avancées, sont remises en cause ». La dissolution du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a été parfois évoquée avec au fond cette idée : on ne peut même plus s'organiser pour lutter contre les discriminations.


1Le prénom a été changé.

2Magalie Ghu, « Relaxe générale pour les responsables du Centre islamique de Villeneuve-d'Ascq », La Voix du Nord, 15 mars 2023.

3Il lui est reproché d'avoir publié, le 10 octobre 2023, sur le site internet de la CGT59 un message avec ce passage : « Les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre 2023), elles reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées ».

4Une circulaire du 27 novembre 2019, envoyée à l'ensemble du corps préfectoral, demandant de faire du « combat » contre « l'islamisme », non défini et contre le « communautarisme », le « nouvel axe » fort de l'action de l'État.

5Pour tenter d'assurer sa réouverture à la rentrée prochaine, le lycée a ouvert une cagnotte en ligne juste avant ramadan, espérant récolter un million d'euros. Elle comptabilise à ce jour 474 125 euros.

13.05.2024 à 06:00

États-Unis. Les étudiants bousculent la complicité des universités avec Israël

Sylvain Cypel

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Du jamais-vu depuis les années 1970 : malgré les accusations d'antisémitisme et la répression, les étudiants américains se mobilisent en masse, y compris au sein de la communauté juive. Ils réclament notamment l'arrêt des financements de leurs universités par les marchands d'armes servant à massacrer les Palestiniens. Les manifestations sont si importantes que Joe Biden a dû menacer Tel-Aviv de suspendre certaines de ses livraisons d'armes. Shany Littman, journaliste israélienne, (…)

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Texte intégral (3583 mots)

Du jamais-vu depuis les années 1970 : malgré les accusations d'antisémitisme et la répression, les étudiants américains se mobilisent en masse, y compris au sein de la communauté juive. Ils réclament notamment l'arrêt des financements de leurs universités par les marchands d'armes servant à massacrer les Palestiniens. Les manifestations sont si importantes que Joe Biden a dû menacer Tel-Aviv de suspendre certaines de ses livraisons d'armes.

Shany Littman, journaliste israélienne, s'inquiète : « Où sont les étudiants protestataires israéliens contre la guerre à Gaza ? » Alors que les campus américains s'enflamment, dans les universités israéliennes, c'est le « calme plat »1. En période de préparation des examens, on ne quitte la bibliothèque que pour se sustenter à une terrasse au soleil. Les assassinats massifs de Gazaouis n'intéressent pas les étudiants. Enfin si, note-t-elle : depuis le 7 octobre, la seule manifestation sur un campus a été menée par Im Tirtzou (« si vous le voulez » en hébreu), un mouvement colonial venu exiger l'expulsion des universités de professeurs non conformes à ses vues, en particulier Nadera Shalhoub-Kevorkian, spécialiste des violences familiales et l'une des rares enseignantes palestiniennes de l'université de Jérusalem.

Constatant que les professeurs israéliens se soucient du risque croissant de boycott à leur encontre réclamé par les étudiants américains, Littman estime qu'ils feraient mieux de s'inquiéter de ce qui se passe à Gaza et de se mobiliser « comme à Columbia et à Yale ». Sinon, pourquoi l'académie « ne resterait-elle pas identifiée au gouvernement israélien et à ses politiques destructrices ? », s'interroge-t-elle.

Les grandes industries américaines

La mobilisation contre Israël sur les campus états-uniens est inédite depuis celle contre la guerre du Vietnam des années 1970 — à cette différence près qu'à l'époque, des jeunes américains étaient mobilisés et risquaient donc de rentrer morts ou blessés. Cette contestation surgit sur un fond strictement politique : comme l'écrivait il y a plus de vingt ans l'historien anglo-américain Tony Judt, Israël apparait aux manifestants étudiants comme « un anachronisme »2, un État d'un autre temps, à la fois ethniciste et colonial, l'un des derniers de la planète. C'est pour ce motif qu'ils s'insurgent contre ce qu'il advient à Gaza.

Ceux qui manifestent exigent une « gestion éthique » des avoirs des universités, en particularité des plus riches. Ainsi, la dotation dont disposait Columbia en 2023 atteignait 13,64 milliards de dollars (12,66 milliards d'euros). Or une partie non négligeable de cet argent est investi dans des portefeuilles d'actions incluant des sociétés de fabrication d'armes et d'autres fournitures qui participent à la colonisation israélienne. Un financement qui a souvent pour contrepartie la présence des dirigeants d'entreprise dans les conseils d'administration des universités privées. Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, siège à celui de l'Université de New York (NYU). Tout comme des dirigeants de sociétés d'armements dans de nombreuses universités.

Résultat : le 17 avril 2024, le comité consultatif de la responsabilité des investisseurs de Yale (ACIR) a annoncé qu'il ne recommanderait pas à ses administrateurs de se priver des fonds des fabricants d'armes américains parce que, selon lui, cette industrie n'a pas « atteint le seuil de ‘‘préjudice social grave”, condition préalable au désinvestissement ». À Gaza, a-t-il estimé, les armes fournies à Israël soutiennent « des utilisations socialement nécessaires, telles que l'application de la loi et la sécurité nationale »3. Un cas parmi d'autres.

Le mouvement engagé concerne donc autant les grandes industries américaines que les universités. En premier lieu parce que les groupes du « secteur militaro-industriel », comme Boeing, Raytheon, Northrop Grumann, Lockheed Martin ou General Dynamics figurent parmi les grands donateurs des universités et les fournisseurs d'emplois de leurs laboratoires. Ces institutions académiques se trouvent ainsi directement intéressées à la poursuite de la livraison gratuite d'armes au pouvoir israélien (pour 4,2 milliards de dollars annuels, soit 3,89 milliards d'euros). L'un des premiers rassemblements étudiants en appui à la cause palestinienne qui a eu lieu le 22 avril à NYU s'est focalisé sur deux exigences : la rupture du rapport financier de l'université avec les fabricants d'armes utilisées par Israël à Gaza, et la fermeture de son campus ouvert à Tel-Aviv, en raison des liens avec la colonisation des territoires palestiniens.

Être « Américains juifs » sans interférence d'Israël

Les références les plus souvent utilisées par les étudiants sont la ségrégation raciale aux États-Unis, abolie en 1965, la guerre du Vietnam, perdue en 1975, et l'apartheid sud-africain, aboli en 1990. Autant de situations où l'alliance du colonialisme et du suprémacisme racial a été vaincue. L'État d'Israël leur apparait comme une manifestation tardive, incongrue et inadmissible d'un suprémacisme ethnique là aussi ancré dans un colonialisme initial.

Ces manifestations s'insèrent dans un mouvement de distanciation de la jeunesse vis-à-vis de ce pays qui a commencé dès les années 2000, et dans lequel les jeunes juifs ont joué un rôle important. Cette distanciation n'a fait que croître, le long de deux grandes lignes de force. L'une, politique et minoritaire, est radicalement hostile au caractère colonial de l'État israélien. L'autre, plus communautaire, souligne la volonté de vivre en tant qu'« Américains juifs », sans interférence d'Israël ni soumission à son égard. Les deux apparaissaient aux dirigeants de Tel-Aviv comme une menace pour le sionisme, qui a toujours ambitionné d'être l'unique représentant de la totalité des juifs du monde.

Le phénomène le plus marquant chez les jeunes juifs américains est l'accroissement exponentiel du nombre des adhérents aux organisations antisionistes ou non sionistes qu'a suscité la guerre à Gaza. Une association comme Jewish Voice for Peace, fondée en 1966 et antisioniste assumée, n'avait que très peu d'adhérents et une audience très limitée. La moyenne d'âge de ses adhérents était élevée. Depuis quelques années, elle a vu poindre de jeunes adhérents, et des milliers depuis la guerre à Gaza.

Le cas de la revue Jewish Currents est encore plus spectaculaire. La lettre hebdomadaire de son journal en ligne dirigé par Peter Beinart, un universitaire issu du sionisme qui a publiquement rompu avec cette idéologie en juillet 2020, disposait de 34 000 abonnés à l'automne dernier. En sept mois, leur nombre est passé à 300 000.

Beinart a publié le 28 avril un article en défense des étudiants américains. Son titre dit tout de son contenu : « Les manifestations sur les campus ne sont pas parfaites, mais nous en avons désespérément besoin »4. Il y déplore l'ignorance ou l'outrance de certains manifestants qui s'aventurent sur des terrains fleurant l'antisémitisme, mais il dénonce la menace, beaucoup plus grave à ses yeux, des tentatives permanentes de réduire toute critique de la guerre menée par Israël à une résurgence de l'antisémitisme. Il note en particulier qu'elles émanent souvent de cercles juifs qui, par ailleurs, n'ont aucune réticence à s'acoquiner avec des suprémacistes blancs affichés. Ainsi Beinart écrit :

Le cœur du mouvement en cours est l'exigence de mettre fin à la complicité de l'université et du gouvernement américain avec le système d'oppression d'Israël, qui aujourd'hui culmine dans cet effroyable carnage de la population de Gaza. Cette complicité doit cesser.

Hier hostiles, les médias évoluent

Dans la phase qui a suivi le massacre du 7 octobre 2023, la quasi-totalité des grands médias américains a basculé dans une rhétorique très favorable à la guerre. Pourtant depuis, certes à des degrés divers, leur regard a évolué au fil des crimes bien plus effroyables encore commis par l'armée israélienne. Lorsque le mouvement en défense des Palestiniens a pris son essor sur les campus, la réaction de ces mêmes médias, là encore, a été globalement très hostile. L'idée systématiquement promue par les partisans de Tel-Aviv selon laquelle les mobilisations étudiantes incarnent une poussée violente d'antisémitisme a été amplement relayée. Le simple usage du mot « intifada » en est devenu une preuve, par exemple.

Avec le temps, cet argumentaire s'est lentement désagrégé. Le vénérable magazine The New Republic (fondé en 1914) dénonçait récemment « une couverture honteuse par les médias des manifestations contre la guerre dans les universités »5.

La répression de toute activité en solidarité avec les Palestiniens a commencé dès les lendemains des bombardements de Gaza, rappellent huit étudiants de la faculté de droit de l'université Yale6 dans l'hebdomadaire The Nation. Ils affirment que plusieurs grands cabinets d'avocats américains ont exclu de leurs offres d'emploi les candidats ayant exprimé des vues pro-palestiniennes. À Berkeley, le recteur de la faculté de droit a voulu interdire tout débat public sur la question palestinienne tant que la totalité de son université n'aurait pas accepté la légitimité du projet politique sioniste. Dans des établissements de premier plan tels que Yale, Columbia, Brandeis, Rutgers ou Harvard, des mesures interdisant l'expression du soutien aux Palestiniens ont été imposées. À Columbia, le 9 novembre 2023, la participation de Jewish Voices for Peace et de l'association Students for Justice in Palestine a mené à l'annulation d'un débat. Ces interdits se sont multipliés. Les étudiants écrivent :

Si la liberté d'expression doit avoir un sens sur les campus, elle doit inévitablement englober ce qui est controversé, inconfortable et dérangeant. Mais nous assistons à une micro gestion administrative de la liberté d'expression.

Le correspondant du quotidien britannique The Guardian a signalé le 10 mai que des chercheurs californiens ont constaté la présence parmi les agresseurs des étudiants manifestant en faveur du combat palestinien sur les campus de l'université de Californie, des militants notoirement connus comme des suprémacistes blancs.

Cependant, on assiste désormais à un net recul de la capacité des soutiens d'Israël à faire taire tout débat sur le sort de Gaza. L'argumentaire assimilant la défense de la cause palestinienne à une forme d'antisémitisme est de plus en plus inopérant, perçu comme une misérable feuille de vigne visant à masquer les crimes israéliens massifs en cours. D'ores et déjà, diverses universités ont passé des accords avec les manifestants afin d'autoriser leurs activités sur les campus.

Des « mesures légales en dehors de la loi »

Dans les années 2015-2019, Benyamin Nétanyahou avait créé un ministère des affaires stratégiques doté de moyens financiers conséquents, qui avait pour objectif quasi unique de combattre le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) sur les campus américains. Avec l'aide d'associations locales (souvent liées aux milieux coloniaux israéliens en Cisjordanie), ce ministère a mené la bataille. Elle s'est achevée par une débâcle. Au lieu de disparaître, BDS n'a fait que se renforcer. Aujourd'hui, son poids et celui d'une flopée d'associations estudiantines anticolonialistes — dont celles des étudiants juifs se réclamant de l'antisionisme, du post-sionisme ou de l'a-sionisme — ont crû de manière spectaculaire, tant en nombre d'adhérents que de campus touchés, passant en dix ans de quelques dizaines à plusieurs centaines actuellement.

Cette guerre contribue à accroitre fortement la critique et la prise de distance des milieux universitaires, tant à l'égard de la politique que du type d'État qu'Israël représente. Dernier exemple en date : le campement des scientifiques contre le génocide au Massachussetts Institute of Technology (MIT), le plus important institut de recherche scientifique des États-Unis, a demandé à son université de mettre un terme à l'investissement du ministère israélien de la défense (11 millions de dollars, soit 10,21 millions d'euros) dans ses « recherches liées à la guerre », arguant que l'institut « ne reçoit de financement d'aucune autre armée étrangère ». Le groupe rappelle que le MIT avait mis fin à sa collaboration universitaire avec un institut technologique russe juste après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.

Que fait Nétanyahou pour combattre ce qu'il considère comme des « manifestations d'antisémitisme » ? Il constitue une équipe de travail (task force) dirigée par le ministre des affaires étrangères Eli Cohen, elle aussi dotée de moyens conséquents, pour mener un « plan d'action » de « lutte contre l'antisémitisme » sur les campus américains. On y retrouve les mêmes partenaires locaux qu'il y a dix ans, notamment Israel on Campus Coalition, Amcha, Canary Mission, The David Project et d'autres.

Selon ynetnews, le site d'informations du quotidien Yedioth Ahronoth, le plus diffusé en Israël, il s'agit de mener des « opérations politiques et psychologiques » pour « infliger des conséquences économiques et professionnelles aux étudiants antisémites et obliger les universités à les éloigner des campus ». Par « étudiants antisémites », il faut évidemment entendre hostiles à la politique coloniale israélienne.

Un chapitre intitulé « L'axe économique » expose les pressions financières permettant d'amener les responsables universitaires à résipiscence et à briser la carrière des étudiants ou des enseignants récalcitrants. Ce « plan d'action » est très similaire à celui qui a échoué en 2015-2019. Son avenir n'apparait pas plus prometteur. D'après ynetnews, il serait spécifié qu'il « ne doit pas porter la signature d'Israël », et évoque la nécessité de « prendre des mesures légales en dehors de la loi contre les activités et les organisations qui représentent une menace pour les étudiants juifs et israéliens sur les campus ». Le sens de l'expression « mesures légales en dehors de la loi » n'est pas explicité.

Apparaissant de plus en plus comme une tentative d'éluder le débat sur l'avenir de la Palestine, la répression du mouvement estudiantin a causé plus de dégâts que de bénéfices aux soutiens israéliens. Un sondage de la chaîne CNN du 27 avril indiquait que 81 % des Américains de moins de 35 ans désapprouvent la manière dont Joe Biden a soutenu la guerre contre Gaza. L'image de l'État d'Israël se ternit un peu plus chaque jour, aux États-Unis comme ailleurs. Le 7 mai 2024, dans le quotidien El País, l'Espagnole Diana Morant déclarait : « En tant que ministre des universités, je ne peux qu'exprimer ma fierté de voir les étudiants manifester leur pensée critique, l'exercer et la transmettre à la société . »

La journaliste israélienne Dahlia Scheindlin pose la question suivante en titre de son article dans le quotidien Haaretz, le 2 mai : « Israël devient désormais un État paria international. Les Israéliens s'en préoccupent-ils ? ».


1Shany Littman, « Where are Israel's students protesters against the Gaza War ? », Haaretz, 2 mai 2024.

2Tony Judt, « Israel : The Alternative », The New York Review of Books, 23 octobre 2003.

3Columbia Law Students for Palestine, « From the Encampments : Student Reflections on protests for Palestine », LPE Project, 2 mai 2024.

4Peter Beinart, « The campus protests aren't perfect. And we need them desperately », Jewish Prospects, 28 avril 2024.

5Alex Shepard, « The Media's shameful coverage of the College antiwar protests », The New Republic, 30 avril 2024.

6Alaa Hajyahia, « The Student Crackdown didn't start last week. Months of repression got us here », The Nation, 1er mai 2024.

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