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14.05.2025 à 10:09

Cinéma : qu'est-ce que le Prix Lux ?

Rédaction Toute l'Europe

Que récompense le Prix Lux ? Le prix cinématographique européen du public (Prix LUX du public) récompense une fois par an un film européen illustrant l'universalité des valeurs européennes et la diversité culturelle. La distinction est décernée par le Parlement européen et l'Académie européenne du cinéma, en partenariat avec la Commission européenne et Europa Cinemas. "Les films […]

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Texte intégral (2096 mots)
Le trophée du prix Lux
Le trophée du Prix Lux - Crédits : Philippe Buissin / Parlement européen

Que récompense le Prix Lux ?

Le prix cinématographique européen du public (Prix LUX du public) récompense une fois par an un film européen illustrant l'universalité des valeurs européennes et la diversité culturelle. La distinction est décernée par le Parlement européen et l'Académie européenne du cinéma, en partenariat avec la Commission européenne et Europa Cinemas. "Les films sélectionnés sensibilisent aux questions sociales et politiques de notre temps, portent les débats sur l’Europe auprès des publics et mettent en lumière la beauté et la diversité du cinéma européen", peut-on ainsi lire sur le site internet dédié au prix. Depuis l'édition 2020-2021, le Prix Lux - devenu Prix Lux du public à cette occasion - associe le public dans le choix du film récompensé.

Concrètement, celui-ci apporte un soutien particulier à la distribution des œuvres au sein de l'Union européenne, considérée par l'organisation comme "le talon d'Achille du cinéma européen". De fait, contrairement aux États-Unis, qui représentent un marché uniforme sur le plan linguistique, la diversité des langues européennes constitue un frein important à la circulation des films. Par conséquent, le film lauréat du Prix Lux se voit alloué des fonds pour le sous-titrage dans l'ensemble des 24 langues officielles de l'UE, ainsi que pour l'adaptation pour le public sourd et malentendant.

Le 29 avril 2025, la première vice-présidente du Parlement européen Sabine Verheyen (PPE) a remis le prix au réalisateur letton du film Flow (réalisé par Gints Zilbalodis). Ce dernier a devancé ses quatre concurrents : Animal de Sofia Exarchou, Dahomey de Mati Diop, Intercepted de Oksana Karpovych et Julie Keeps Quiet de Leonardo van Dijl.

Flow est un film d'animation, co-produit par la Lettonie, la France et la Belgique, racontant les aventures d'un chat et de ses compagnons qui naviguent dans un monde transformé par une inondation dévastatrice. Il aborde les thèmes de l'amitié, de la résilience, et notamment de l'impact du changement climatique.

Quels sont les films ayant remporté le Prix Lux ?

  • 2007 : De l'autre côté, de Fatih Akin (Allemagne, Turquie)
  • 2008 : Le Silence de Lorna, de Jean-Pierre et Luc Dardenne - (Belgique, Allemagne, France, Italie)
  • 2009 : Welcome, de Philippe Lioret (France)
  • 2010 : L'Etrangère, de Feo Aladag (Allemagne)
  • 2011 : Les Neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian (France)
  • 2012 : La Petite Venise, d'Andrea Segré (Italie, France)
  • 2013 : Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen (Belgique, Pays-Bas)
  • 2014 : Ida, de Pawel Pawlikowski (Pologne)
  • 2015 : Mustang, de Deniz Gamze Ergüven (France, Allemagne, Turquie, Qatar)
  • 2016 : Toni Erdmann, de Maren Ade (Allemagne, Autriche, Roumanie)
  • 2017 : Sang sami, d'Amanda Kernell (Suède, Norvège, Danemark)
  • 2018 : Woman at war, de Benedikt Erlingsson (Islande, France, Ukraine)
  • 2019 : Dieu existe, son nom est Petrunya, de Teona Strugar Mitevska (Belgique, Croatie, France, Macédoine du Nord et Slovénie)
  • 2021 : L'Affaire Collective, d'Alexander Nanau (Roumanie, Luxembourg)
  • 2022 : La Voix d'Aïda, de Jasmila Žbanić (Bosnie-Herzégovine, Autriche, Pays-Bas, France, Pologne et Norvège)
  • 2023 : Close, de Lukas Dhont (Belgique, France, Pays-Bas)
  • 2024 : La salle des profs, de Ilker Çatak (Allemagne)
  • 2025 : Flow, de Gints Zilbalodis (Lettonie, France et Belgique)

Comment sont organisées la sélection des films et la remise du prix ?

Pour l'édition 2025, le comité de sélection composé de 16 personnalités issues du milieu du cinéma (producteurs, distributeurs, diffuseurs, directeurs de festivals, critiques, représentants de la Commission et du fonds Eurimages) a été formé en juin 2024 par la commission Culture et Éducation du Parlement européen qui valide les propositions de l'Académie européenne du cinéma et d'Europa Cinemas. Depuis 2021, c'est le président de l'Académie européenne du cinéma Michael Downey qui assure la présidence honoraire du jury.

Les membres du comité ont alors sélectionné cinq longs-métrages, annoncés en septembre. De septembre à novembre 2024, les cinq films ont été sous-titrés dans les 24 langues officielles de l'UE. De novembre 2024 à avril 2025, de nombreuses projections ont été programmées, et les eurodéputés ainsi que le public ont été invités à voir ces films et à voter. Le public et les eurodéputés comptent chacun pour 50 % des voix.

Pour pouvoir figurer parmi les sélectionnés, les films devaient respecter cinq critères :

  • La durée devait être supérieure ou égale à 60 minutes,
  • La production ou coproduction devait provenir d'un ou plusieurs pays éligible(s) au programme MEDIA de l'Union européenne (27 États membres de l'Union européenne, Islande, Albanie, Norvège, Bosnie-Herzégovine et Monténégro),
  • Les films devaient avoir été remarqués ou récompensés lors d'un grand festival, ainsi qu'avoir été vendus ou projetés en salles dans au moins cinq États membres de l'UE (ou avoir vu leurs droits achetés dans au moins un État membre pour les films du festival de Cannes),
  • Les films devaient illustrer l'universalité des valeurs européennes, la diversité des cultures, ou traiter de thèmes suscitant le débat public sur le processus de construction européenne,
  • La première sortie en salle ou première mondiale devait avoir lieu entre le 1er juillet 2023 et la fin du mois de mai 2024.

Notons en outre que les films sélectionnés sont généralement des œuvres de fiction, mais que les films d'animation et documentaires peuvent également concourir.

Quels types de films sont sélectionnés pour le Prix Lux ?

Les films sélectionnés pour le Prix Lux appartiennent, à considérer que cette catégorie existe réellement, aux films d'auteurs européens. Cette catégorie se limite presque exclusivement à des productions aux moyens limités. Les longs-métrages en compétition accomplissent généralement un long parcours lors des festivals cinématographiques à travers l'Europe et le monde en vue d'obtenir un succès critique dans le but de favoriser leur sortie en salles.

Abordant souvent des sujets graves ou "sociaux", les films sélectionnés et lauréats du Prix Lux revêtent régulièrement une dimension politique et s'inscrivent dans l'actualité du moment. C'est par exemple le cas de Welcome (Prix Lux 2009), réalisé par Philippe Lioret, qui met en lumière le parcours d'un jeune Kurde irakien sans-papier prêt à traverser la Manche à la nage pour rejoindre l'Angleterre. Ou encore de Mustang (Prix Lux 2015), réalisé par Deniz Gamze Ergüven, qui traite de la question des (jeunes) femmes dans la société traditionnelle et patriarcale turque.

Si d'autres films lauréats du Prix Lux ont toutefois pu s'éloigner de ce genre cinématographique, comme Ida (Prix Lux 2014) qui suit l'itinéraire d'une jeune religieuse polonaise durant la Guerre froide et qui est amenée à retracer le parcours de ses parents décédés pendant la Seconde Guerre mondiale avant de rentrer dans les ordres, tous ont jusqu'à présent eu une forte dimension dramatique.

Notons par ailleurs que nombre des films sélectionnés et récipiendaires du Prix Lux ont par la suite obtenu un important succès public et critique. Citons à nouveau Welcome, vu par plus d'1,2 million de spectateurs en France, ou encore Mustang, qui a récolté près de 3,5 millions d'euros au box-office mondial, soit environ trois fois le coût de sa production. À cela s'ajoute l'idée que le Prix Lux tend également à devenir un "tremplin" pour ensuite concourir voire remporter l'Oscar du meilleur film dans une langue étrangère. Comme par exemple, Ida qui a remporté cette prestigieuse récompense en 2015. En 2023, Close était également nommé mais n'a pas remporté le prix.

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13.05.2025 à 18:27

Élection présidentielle en Roumanie : un second tour à haut risque pour le pays et pour l'Europe

Hugo Palacin

La Roumanie sera-t-elle le prochain État membre de l'Union européenne à porter l'extrême droite au pouvoir ? Les nationalistes roumains, rangés derrière leur candidat, George Simion, sont en tout cas en pôle position pour remporter l'élection présidentielle, dont le deuxième tour se tiendra ce dimanche 18 mai. Chef de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), une […]

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Texte intégral (2281 mots)
Arrivé en tête au premier tour, le nationaliste George Simion (à droite) devra se défaire du maire centriste de Bucarest, Nicușor Dan (à gauche), pour être élu président de la Roumanie - Crédits : AUR Alianța pentru Unirea Românilor / Flickr PDM 1.0
Arrivé en tête au premier tour, le nationaliste George Simion (à droite) devra se défaire du maire centriste de Bucarest, Nicușor Dan (à gauche), pour être élu président de la Roumanie - Crédits : AUR Alianța pentru Unirea Românilor / Flickr PDM 1.0

La Roumanie sera-t-elle le prochain État membre de l'Union européenne à porter l'extrême droite au pouvoir ? Les nationalistes roumains, rangés derrière leur candidat, George Simion, sont en tout cas en pôle position pour remporter l'élection présidentielle, dont le deuxième tour se tiendra ce dimanche 18 mai.

Chef de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), une formation ultraconservatrice et eurosceptique affiliée aux Conservateurs et réformistes européens (CRE), George Simion est arrivé largement en tête du premier tour de scrutin, le dimanche 4 mai, en récoltant 41 % des suffrages. Malgré ce score historiquement haut pour l'extrême droite roumaine, le match est loin d'être joué d'avance.

Une élection sous tension

L'organisation de cette élection présidentielle intervient dans un contexte inédit d'instabilité politique en Roumanie, causée par l'invalidation d'un précédent scrutin, dont le premier tour seulement s'était tenu le 24 novembre 2024. À la surprise générale, Călin Georgescu, candidat indépendant et méconnu du grand public, était arrivé en tête en recueillant 23 % des votes. Mais l'homme à la rhétorique ouvertement pro-russe était soupçonné d'avoir reçu un coup de pouce du Kremlin lors de sa campagne.

Résultat : à deux jours du second tour de cette élection présidentielle qui devait opposer Călin Georgescu à Elena Lasconi, candidate europhile de l'Union sauvez la Roumanie (USR, liée à Renew Europe), la Cour constitutionnelle roumaine avait décidé d'annuler le scrutin à cause de l'implication de la Russie dans une manipulation électorale en faveur de Georgescu, notamment via une campagne de désinformation orchestrée sur TikTok. Cette décision, dénoncée par l'intéressé comme par certains de ses adversaires politiques, a eu des retentissements dans l'Europe entière.

Quelques mois plus tard, un nouvel épisode est venu alimenter cette instabilité politique tout en faisant grandir, dans la population roumaine, le sentiment de défiance à l'égard des institutions. Le 9 mars 2025, la commission électorale roumaine a invalidé la candidature Călin Georgescu à l'élection présidentielle reprogrammée en mai, estimant que ce dernier a "enfreint les règles démocratiques d'un suffrage honnête et impartial", et ne remplit donc pas les conditions de légalité pour prendre part au scrutin. Dans les sondages, Georgescu était donné favori, crédité de 40 % des intentions de vote.

Cette fois, la nouvelle a même traversé l'Atlantique. "C'est de la folie !", s'était empressé de réagir Elon Musk, le multimilliardaire américain, tandis que le vice-président des États-Unis, J. D. Vance, avait fustigé les autorités roumaines qui "annulent des élections dont elles n'aiment pas les résultats". En écartant le candidat pro-russe et eurosceptique de la course à la présidence, la Roumanie s'est ainsi retrouvée au cœur d'un conflit transatlantique entre les alliés du président américain et les démocrates européens qui craignaient que Moscou ne manipule de nouveau cette présidentielle rejouée.

Un second tour indécis

Călin Georgescu écarté de la nouvelle élection présidentielle, ses électeurs ont pour la plupart jeté leur dévolu sur une autre figure populiste et eurosceptique : George Simion. Fondateur de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), principale formation nationaliste du pays, ce député de 38 ans est un admirateur de Donald Trump. Il a même assisté à son investiture à la tête des États-Unis en janvier dernier. Au premier tour de l'élection présidentielle de novembre, Simion était arrivé en 4e position en recueillant presque 14 % des voix. Le 4 mai, il est arrivé en tête du premier tour de ce nouveau scrutin, avec 41 % des suffrages.

Ancien supporter ultra de football, parfois qualifié de hooligan, il a su lisser son image en s'adaptant aux codes des réseaux sociaux pour séduire les plus jeunes électeurs, tout en bâtissant sa popularité sur un discours souverainiste, anti-immigration et farouchement critique envers Bruxelles. Bien qu'il se montre très critique à l'égard de Vladimir Poutine et qu'il défende l'Otan, il fustige régulièrement l'UE et ses "absurdes politiques", répétant par ailleurs son souhait de réduire le soutien militaire, financier et humanitaire de la Roumanie dédié à l'Ukraine. Son ambition réside plutôt dans le rapprochement avec les États-Unis et la construction sur le Vieux Continent d'une alliance souverainiste, notamment aux côtés de l'Italie de Giorgia Meloni.

Bien qu'en pôle position à l'aube du second tour, George Simion devra batailler pour prendre le dessus sur son adversaire. Car face à lui, Nicușor Dan, mathématicien de formation (diplômé de l'université de la Sorbonne) et maire de Bucarest depuis 2020, se présente en candidat de la raison. Officiellement indépendant, il est le fondateur de l'Union sauvez la Roumanie (USR), parti libéral et europhile, affilié à Renew Europe. Il s'est qualifié de justesse au second tour en recueillant 21 % des votes, avec 90 000 voix d'avance sur le candidat suivant, Crin Antonescu (20 %), pourtant soutenu par les partis formant la coalition gouvernementale au pouvoir.

Malgré ces 20 points d'écart entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, peu d'observateurs et de médias roumains prédisent d'ores et déjà une victoire finale de George Simion. Interrogé par l'AFP, Sergiu Miscoiu, professeur de sciences politiques, explique que le candidat nationaliste dispose, en réalité, "de peu de réserves de voix" parmi les électorats des candidats battus au premier tour. La clé du second tour réside surtout dans la capacité de Nicușor Dan à mobiliser les électorats de Crin Antonescu (20 %) et de Victor Ponta (13 %), tout comme le vote de la diaspora, traditionnellement pro-européenne.

L'avenir européen de la Roumanie en jeu

Cette élection présidentielle est perçue comme cruciale pour l'avenir de la Roumanie, notamment au sein de l'Union européenne. En cas de victoire de George Simion, le pays pourrait s'engager dans une trajectoire plus conflictuelle avec Bruxelles. Dans d'autres États membres, certains responsables politiques ont exprimé leur craintes sur une possible remise en cause de l'indépendance de la justice, les pressions sur les médias ou encore l'utilisation des fonds européens. De son côté, Simion a déjà évoqué la possibilité de réviser certains engagements européens du pays.

"Si l'on se retrouve avec un président souverainiste, il est fort probable que la Roumanie devienne un cheval de Troie au sein de l'UE. Une voix qui sabote les initiatives communes, bloque les décisions stratégiques et alimente l'euroscepticisme dans la région", peut-on ainsi lire dans le média roumain Contributors. L'arrivée au pouvoir d'un président eurosceptique pourrait ainsi renforcer la tendance illibérale déjà observée en Hongrie ou en Slovaquie, compliquant davantage les discussions à 27 sur des sujets sensibles comme l'État de droit, l’élargissement ou la réforme des institutions.

Une victoire de Nicușor Dan permettrait, au contraire, de préserver la stabilité institutionnelle et la continuité des réformes nécessaires à l'intégration économique et démocratique de la Roumanie dans le cadre européen. Bruxelles et le reste des capitales suivent de près l'issue de cette longue séquence électorale, débutée il y a plus de six mois. D'autant plus que la Roumanie, État membre de l'UE depuis 2007, occupe un rôle stratégique en Europe de l'Est, notamment en matière de sécurité dans le contexte de la guerre en Ukraine, avec qui elle partage 530 kilomètres de frontières. Et comme le souligne Contributors, "en l'absence de partenariat solide avec l'UE, la Roumanie risque d'être reléguée dans une zone grise. Là, précisément, où la Russie voudrait la voir."

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13.05.2025 à 18:00

La Banque centrale européenne (BCE)

Rédaction Toute l'Europe

Créée par le traité sur l'Union européenne de 1992, la Banque centrale européenne (BCE) a été mise en place le 1er juin 1998 à Francfort, en Allemagne. Elle a remplacé, à compter du 1er janvier 1999, l'Institut monétaire européen (créé en 1994). La BCE est présidée depuis le 1er novembre 2019 par la Française Christine […]

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Texte intégral (4119 mots)
Le siège de la Banque centrale européenne est situé à Francfort, en Allemagne - Crédits : Firn / iStock
Le siège de la Banque centrale européenne est situé à Francfort, en Allemagne - Crédits : Firn / iStock

Créée par le traité sur l'Union européenne de 1992, la Banque centrale européenne (BCE) a été mise en place le 1er juin 1998 à Francfort, en Allemagne. Elle a remplacé, à compter du 1er janvier 1999, l'Institut monétaire européen (créé en 1994). La BCE est présidée depuis le 1er novembre 2019 par la Française Christine Lagarde, jusqu'alors à la tête du Fonds monétaire international, succédant ainsi à l'italien Mario Draghi, en poste de 2011 à 2019.

Avec le traité de Lisbonne, entré en vigueur fin 2009, la Banque centrale européenne devient une institution de l'Union européenne, au même titre que la Commission, le Parlement, le Conseil de l'Union, le Conseil européen, la Cour de justice de l'Union européenne et la Cour des comptes européenne.

Son organisation et ses missions sont prévues aux articles 282 et suivants du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). La politique monétaire est quant à elle évoquée aux articles 123 et suivants du même traité.

L'Eurosystème, composé de la BCE et des banques centrales des 20 pays membres de la zone euro, met en œuvre la politique monétaire unique, gère les réserves et conduit les opérations de change. Pour favoriser la coopération financière et monétaire entre l'Eurosystème et les Etats membres hors zone euro, la BCE fait également partie du Système européen de banques centrales (SEBC), qui rassemble à ses côtés les banques centrales des 27 Etats membres de l'UE (y compris les banques centrales des Etats n'ayant pas adopté l'euro, comme la Suède ou la Bulgarie).

Quelle est la mission de la BCE ?

La BCE a un rôle fondamental dans l'économie européenne, en cela qu'elle est responsable de la politique monétaire de la zone euro. Sa mission, définie par les traités européens, est de maintenir la stabilité des prix, à travers la définition des taux d'intérêt, dans le but de maîtriser l'inflation et de préserver la valeur de la monnaie. Elle assure également l'émission de la monnaie unique et un rôle de supervision bancaire depuis 2014.

  • Garantir la stabilité des prix

"L'objectif principal du Système européen de banques centrales (SEBC) est de maintenir la stabilité des prix" (art. 127 TFUE).

Pour évaluer la stabilité des prix, la BCE se fonde sur deux critères : l'évaluation de la masse monétaire en circulation et les perspectives d'évolution des prix. Pour déterminer l'inflation, plusieurs indices sont pris en compte : salaires, taux d'intérêt, indices des prix…

La BCE visait, depuis 2003, une inflation "proche de, mais inférieure à 2 %". Sa nouvelle stratégie, publiée en juillet 2021, fixe désormais les 2 % non plus comme un plafond, mais comme une cible à atteindre : les écarts négatifs sont tout aussi indésirables que les écarts positifs.

Afin de maintenir la stabilité des prix à moyen terme, la BCE dispose de plusieurs instruments. Elle peut, notamment, augmenter ou abaisser ses taux directeurs, c'est-à-dire les taux d'intérêt auxquels les banques commerciales peuvent se refinancer auprès d'elle. Elle accorde aussi des "facilités permanentes" aux établissements de crédit, qui leur permettent d'obtenir des liquidités ou d'effectuer des dépôts au jour le jour auprès de la banque centrale.

Par ailleurs, la BCE a lancé en 2015 un "programme d'achat d'actifs" (Quantitative easing), une mesure "non conventionnelle" - car non définie dans les traités comme faisant partie du mandat de la BCE - visant à racheter massivement les dettes des Etats de la zone euro (puis les dettes d'entreprises à partir de 2016). Objectif : combattre la déflation, qui menaçait alors la zone, et faire repartir la croissance. Ce programme d'achat a été depuis prolongé, et étendu dans le contexte de la crise du Covid-19.

  • Autoriser l'émission des billets

La BCE planifie et gère l'émission (et le volume) des billets en euros. Elle coordonne également les activités de recherche et développement de l'Eurosystème ainsi que celles liées à la sécurité et à la qualité de la production des billets en euros. Par ailleurs, elle héberge le Centre d'analyse des contrefaçons (CAC), chargé de l'analyse et de la classification des faux billets en euros, ou encore le Centre international de lutte contre la contrefaçon.

  • Assurer le fonctionnement des systèmes de paiement

Les systèmes de paiement permettent de transférer des fonds au sein du système bancaire. La BCE est l'opérateur de T2-BCE, une composante de Target2 (transfert express automatisé transeuropéen à règlement brut en temps réel). Ce système, initié par le SEBC, relie entre eux les systèmes de paiement interbancaire. Il permet d'effectuer des transferts entre établissements bancaires de l'Union européenne en quelques minutes.

  • Superviser les banques

La crise de la dette dans la zone euro, survenue en 2010 dans le sillage de la crise financière (2007-2010), a révélé un dangereux lien entre les banques européennes et la dette publique des Etats. Lors du Conseil européen des 28-29 juin 2012, pour éviter de nouvelles crises bancaires, comme en Irlande, en Grèce ou encore à Chypre, les Etats membres se sont donc mis d'accord sur l'approfondissement de l'union économique et monétaire et la création d'une union bancaire, dans laquelle la BCE a un pouvoir de supervision des banques.

Entré en vigueur le 4 novembre 2014, le Mécanisme de surveillance unique (MSU) constitue un système de supervision bancaire pour l'Europe, composé de la BCE et des autorités nationales de surveillance des pays participants. Dans chaque banque, une équipe dépêchée par la BCE est chargée d'avertir, en cas de risque, le comité de supervision du MSU. L'Allemande Claudia Buch préside le Conseil de surveillance du MSU depuis le 1er janvier 2024.

Depuis le 4 novembre 2014, la BCE assume ainsi pleinement ses missions et responsabilités en matière de contrôle bancaire dans le cadre du mécanisme de surveillance unique (MSU). L'Eurosystème produit des statistiques monétaires, bancaires et financières, et favorise les échanges d'informations entre les autorités de contrôle bancaire. Bien que le contrôle du secteur financier relève de chaque Etat membre, il contribue à la bonne conduite de ce contrôle prudentiel. Il s'agit d'une nouvelle étape dans la création d'une union bancaire.

Avant d'assurer cette nouvelle supervision bancaire, la Banque centrale européenne a décidé de lancer en octobre 2013 des tests de résistance. Conçus par l'Autorité bancaire européenne (EBA), ces "stress tests" annuels sont réalisés depuis 2014 auprès de banques de la zone euro pour mesurer les risques et leur capacité à résister à d'éventuels chocs économiques. L'EBA a également lancé en janvier 2022 son premier "stress test climatique" afin d’évaluer l’état de préparation des banques face aux chocs financiers et économiques qui peuvent être causés par le changement climatique.

La principale tâche de la BCE et des autorités de supervision nationales, coopérant étroitement au sein d'un système intégré, est de vérifier que les banques respectent les règles bancaires européennes et de remédier aux problèmes avant qu'ils ne deviennent critiques. Cette surveillance bancaire vise à régler le sort des banques en difficulté, sans passer par un renflouement financé par l'argent public. Le sauvetage des établissements financiers est en effet assuré par un fonds alimenté par les banques elles-mêmes. La BCE contrôle ainsi directement les plus grandes banques tandis que les autorités nationales continuent de superviser les autres banques.

  • Participer à la coopération internationale et européenne

Outre ses compétences économiques et monétaires au sein de la zone euro, la BCE participe aux divers forums internationaux et européens : en décembre 1998, la BCE est devenue la seule banque centrale au monde ayant le statut d'observateur auprès du Fonds monétaire international (FMI). La BCE participe également aux réunions du G7, du G20 et au Conseil de stabilité financière, un groupement économique international chargé de la supervision et de la surveillance des institutions financières.

Au niveau européen, le président de la BCE assiste une fois par mois aux réunions de l'Eurogroupe. Enfin, l'institution peut être amenée à participer aux réunions du Conseil de l'Union européenne lorsque des questions en rapport avec les objectifs et les missions de l'Eurosystème y sont abordées.

Le fonctionnement de la BCE

La BCE, le Système européen de banques centrales (SEBC), l'Eurosystème, les banques centrales nationales… La gestion de la politique économique européenne passe par plusieurs niveaux décisionnels, dont l'Eurotower, le gratte-ciel qui héberge le siège de la BCE à Francfort, constitue le sommet.

  • Une institution indépendante

Le site de la Banque centrale européenne résume ainsi la question de l'indépendance de la BCE : "L'indépendance de la banque centrale se justifie par la nécessité de distinguer entre le pouvoir d'engager des dépenses et celui de créer la monnaie. Un gouvernement appelé à se représenter devant les électeurs pourrait être tenté d'abaisser les taux d'intérêt, ce qui stimulerait l'économie à court terme mais alimenterait l'inflation à plus long terme, réduisant, à terme, l'endettement public" .

La BCE agit donc en totale indépendance vis-à-vis des pays européens et des autres institutions européennes. Les institutions européennes et les gouvernements des Etats membres sont tenus de respecter ce principe et ne doivent pas tenter d'influencer la BCE ou les banques centrales nationales. Elle a son propre budget, indépendant de celui de l'Union européenne. Son capital est souscrit et libéré par les banques centrales nationales de la zone euro. Il est interdit à l'Eurosystème d'accorder des prêts aux organes européens ou à toute entité nationale du secteur public, ce qui accroît son indépendance en le mettant à l'abri de toute influence des autorités publiques nationales.

En outre, la BCE a le droit d'adopter des règlements contraignants sans aller au-delà de ce qui est nécessaire à l'accomplissement des missions du SEBC. Elle peut également intervenir dans certains autres cas prévus par le Conseil de l'UE.

  • Comment est organisée la BCE ?

Les organes de décision de la Banque centrale européenne sont le Directoire, le Conseil des gouverneurs et le Conseil général.

Le Directoire

Il est composé du président et du vice-président de la BCE ainsi que de quatre autres membres nommés par les Etats membres au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. Tous ses membres sont nommés pour une durée de huit ans, non renouvelable.

Sa mission est principalement de mettre en œuvre la politique monétaire conformément aux orientations et aux décisions arrêtées par le Conseil des gouverneurs de la BCE. Dans ce cadre, il donne les instructions nécessaires aux banques centrales nationales. De plus, le Directoire assure la gestion courante de la BCE.

Le Conseil des gouverneurs

Le Conseil des gouverneurs est le principal organe de décision de la BCE. Il se compose des six membres du Directoire et des gouverneurs des banques centrales nationales des Etats membres ayant adopté l'euro.

Sa mission est essentiellement d'arrêter les orientations et les décisions nécessaires à l'accomplissement des missions confiées à l'Eurosystème, ainsi que de définir la politique monétaire de la zone euro. Le cas échéant, il prend toutes décisions utiles concernant les objectifs monétaires intermédiaires, les taux directeurs et les orientations nécessaires à leur exécution. En outre, il autorise l'émission des billets de banque et le volume des pièces de monnaie dans la zone euro.

Suite à l'adhésion de la Lituanie à la zone euro le 1er janvier 2015, un système de rotation des droits de vote a été instauré au sein du conseil des gouverneurs, entre les gouverneurs des banques centrales nationales.

Le Conseil général

Il se compose du président et du vice-président de la BCE ainsi que des 27 gouverneurs des banques centrales nationales faisant partie du SEBC. Le Conseil général réunit donc les représentants des banques centrales des 20 pays participant à la zone euro, ainsi que ceux des 7 Etats membres de l'UE n'en faisant pas partie. Il est chargé d'assurer, en particulier, le travail nécessaire à l'éventuelle accession à l'euro de pays de l'Union européenne ne l'ayant pas encore adopté.

En outre, le Conseil général contribue :

  • aux fonctions consultatives de la BCE,
  • à collecter les informations statistiques,
  • à établir les rapports annuels de la BCE,
  • à établir les règles nécessaires à la normalisation des procédures comptables et d'information relatives aux opérations des banques centrales nationales,
  • à prendre les mesures relatives à la détermination de la clé de répartition pour la souscription au capital de la BCE autres que celles déjà définies dans le traité,
  • à définir les conditions d'emploi du personnel de la BCE et les préparatifs nécessaires à la fixation irrévocable des taux de change des monnaies des Etats membres faisant l'objet d'une dérogation par rapport à l'euro.

Conformément aux statuts du SEBC, le Conseil général sera dissous lorsque tous les Etats membres de l'UE auront introduit la monnaie unique.

Quels sont les niveaux des taux directeurs de la Banque centrale européenne ?

À compter du 23 avril 2025

Taux d’intérêt des opérations principales de refinancement2,40 %
Taux de la facilité de prêt marginal2,65 %
Taux de la facilité de dépôt2,25 %

Face à la forte inflation que connaît le Vieux Continent, depuis la reprise économique après la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, les trois taux directeurs de la Banque centrale européenne ont été relevés dix fois depuis juillet 2022.

A partir de mai 2023, le Conseil des gouverneurs a ralenti le rythme de cette augmentation, qui était de 50 points en février et en mars 2023. L'institution a ensuite marqué une pause dans son resserrement de la politique monétaire, laissant les taux inchangés en octobre 2023, pour la première fois depuis juillet 2022. Ces taux directeurs atteignent alors leur niveau le plus haut depuis 22 ans, dans l'objectif de lutter contre l'inflation sous-jacente (l'augmentation des prix corrigée des prix les plus volatils, comme ceux de l'énergie ou de l'alimentation).

Pour la première fois depuis ces hausses successives, le Conseil des gouverneurs a entamé une politique d'assouplissement monétaire le 6 juin 2024, en baissant de 25 points de base les trois taux de la BCE. En septembre, une nouvelle baisse de 25 points de base de son taux de dépôt, conjuguée à une diminution de 60 points de base des deux autres taux, confirme cette politique. Le 17 octobre, la BCE a décidé de poursuivre sur cette voie en abaissant de nouveau les taux de 25 points de base, estimant que les risques liés à l'inflation sont désormais écartés. Une opération réitérée le 12 décembre puis les 30 janvier, 6 mars et 17 avril 2025. Ces nouveaux taux sont appliqués depuis le 23 avril 2025.

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