Voilà maintenant neuf ans que je consacre à Mayotte mon existence. Ma longue carrière de chef d'établissement au cœur de ce territoire singulier me donne peut-être le droit de vous écrire ce soir à la lumière d'une bougie, car l'électricité n'est toujours pas rétablie, mais je reste un privilégié car mon logement a résisté à la fureur des vents et qu'aujourd'hui j'ai eu la chance d'avoir de l'eau et de pouvoir manger car il me restait le carburant et la monnaie nécessaires. Vous voyez que je demande finalement peu : que les personnes que je croise lorsqu'elles viennent chercher de l'eau dans des récipients de fortune, dans le lycée que je ne ferme plus car il est sur le « chemin de l'eau » puissent elles aussi rapidement bénéficier du même traitement que moi.