
03.11.2025 à 09:27
David Dufresne
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Le sociologue Renaud Epstein démonte la mécanique de l’oubli : les quartiers populaires se révoltent, mais la République détourne le regard.
La militante Rachel Simon, condamnée à six mois ferme pour avoir aspergé Matignon de peinture à l’eau, raconte la répression qui s’abat sur les voix écologistes.
Entre mémoire des luttes et criminalisation de la désobéissance, leurs paroles se répondent. C'est France Déter, la matinale aupostienne
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Mais aussi Météo des luttes, revue de presse antifa, retour sur les lieux du crime, convocations de la semaine, radio police.
Est venue témoigner ce matin la courageuse Rachel Simon, militante Riposte alimentaire, condamnée à six mois de prison ferme par le tribunal de Paris, le 23 septembre, pour avoir aspergé de peinture orange la façade de l’hôtel de Matignon, fin 2023.
Et, à 7h30, le délicieux Renaud Epstein, Professeur de sociologie et chercheur au CESDIP, était avec nous pour évoquer le colloque « Quand les quartiers protestent » qui aura lieu les 6 et 7 novembre à Paris.
Chaque lundi matin, Au Poste tente de mettre un peu de trouble dans l’ordre médiatique dominant. «France Déter» accueille des invité·e·s, tient des revues de presse particulières, donne le temps des nuages et des luttes, explore le passé, étrille le présent. C’est en direct, c’est fait maison. Préparez le café!
« On en parle comme des événements ponctuels, mais ces révoltes laissent des traces, des graffitis, des mémoires transmises entre générations. » (Renaud Epstein)
Epstein montre que les révoltes de 2005 et 2023 ne disparaissent pas : elles se sédimentent dans les quartiers, dans les mots et sur les murs.
« Les policiers sont mieux équipés, mieux coordonnés, il y a eu apprentissage organisationnel. » (Renaud Epstein)
Il décrit une police plus rapide, plus militarisée, et une société qui, elle, s’enferme dans la peur.
« Quand on produit de l’urbanisme, maintenant on pense à la sécurité. » (Renaud Epstein)
Réintroduire des routes, supprimer les toits accessibles : urbanisme contre-insurrectionnel.
« Le Monde n’a rien fait, pas une ligne sur les 20 ans de Clichy. » (Renaud Epstein)
Silence médiatique organisé : effacer les révoltes, c’est neutraliser leur sens politique.
« On passe d’une relaxe à la condamnation la plus sévère qu’on ait jamais vue pour des militants non violents. » (Rachel Simon)
Condamnée à six mois ferme, Simon dénonce la dérive autoritaire d’un État qui punit la désobéissance pacifique.
« On avait rempli deux extincteurs d’un mélange d’eau et de peinture orange pour asperger Matignon. » (Rachel Simon)
Un geste symbolique contre le 49.3, devenu “violence volontaire” pour la justice.
« En quoi est-ce que c’est de la violence volontaire ? » (Rachel Simon)
Elle démonte la logique absurde de la condamnation : quatre gendarmes indemnisés pour avoir reçu… de la peinture à l’eau.
« On préfère parler de la condamnation légère de Sarkozy plutôt que de la nôtre, très sévère. » (Rachel Simon)
La militante oppose son procès à celui des puissants : la balance penche, lourdement.
« On demandait une sécurité sociale de l’alimentation, pour que chacun puisse manger sainement. » (Rachel Simon)
Nouvelle étape de son combat : de la rénovation thermique à la souveraineté alimentaire.
« Parce qu’il y a une augmentation de la répression, c’est précisément à ce moment-là qu’il faut qu’on soit de plus en plus nombreux à lutter. » (Rachel Simon)
Son appel est clair : ne pas céder, transformer la peur en action collective.
28.10.2025 à 20:31
David Dufresne
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Trois figures, trois gauches, un seul plateau: François Ruffin, Lucie Castets et Olivier Besancenot se livrent à un échange rare, sans faux-semblants. Entre démontage en règle du RN, critiques des divisions internes et appels à l’unité, les lignes bougent. Ruffin alerte ; Castets nuance, Besancenot appelle au dépassement. Ce débat orchestré par David Dufresne révèle autant les fractures que les espoirs. À voir, écouter, confronter.
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Soirée publique, micro ouvert, esprits affutés. François Ruffin, Lucie Castets et Olivier Besancenot se retrouvent sur le plateau d’Au Poste pour une discussion libre et incisive sur les enjeux de l’union de la gauche, la montée du Rassemblement national, l’urgence écologique, la fiscalité, la crise démocratique, les médias et le capitalisme. Chacun expose ses divergences stratégiques mais partage la conviction d’un nécessaire sursaut politique face à l’extrême droite et à la résignation populaire. Le dialogue, bien que (ou parce que) vif, illustre une tentative de recomposition d’une gauche à la fois sociale, écologique, démocratique et antifasciste, «unitaire et radicale» pour reprendre les mots de Besancenot.
Pourquoi y participer ? Parce que les élections ne suffiront pas. Parce qu’il est temps de réinventer la politique – par en bas. Parce qu’Au Poste, on croit depuis toujours au dialogue entre invité·es et spectateurs.
En un mot: débattre pour ne pas se battre (entre nous).
La bataille culturelle et l’horizon post-capitaliste sont présentés comme urgents et nécessaires, avec un appel à dépasser la résignation et recréer un imaginaire collectif d’émancipation.
Ruffin affirme s’adresser aux électeurs RN pour les alerter qu’ils « vont se faire avoir », dénonçant le virage pro-Medef du RN et sa défense des grandes fortunes.
Lucie Castets démonte le programme économique du RN, notamment ses conséquences néfastes sur les services publics.
Besancenot parle de néo-fascisme transnational et appelle à une réponse antifasciste, sociale et unitaire à la hauteur.
Tous appellent à une réinvention démocratique, certains évoquant une Constituante ou un processus d’appropriation populaire du pouvoir.
Sur l’écologie, Castets et Besancenot défendent une planification écologique juste et un service public renforcé.
Ruffin propose un “travaillisme climatique”, articulant transition écologique et réhabilitation du travail populaire.
Besancenot dénonce la dépendance de la gauche aux logiques électoralistes et à la Vème République ; il plaide pour un front social large, militant et radical.
Les intervenants se divisent sur le rapport au Parti socialiste, entre stratégie d’arrimage (Castets, Ruffin) et rupture assumée (Besancenot).
Tous dénoncent l’emprise des oligarques sur les médias et la politique, notamment Bolloré et Arnault, qui soutiennent le RN.
Le député Debout se présente comme un militant de terrain, ancré en Picardie, région historiquement de gauche aujourd’hui conquise par le RN. Il affirme parler « tout le temps, tout le temps » aux électeurs du Rassemblement national, et leur adresse une alerte :
« Vous allez vous faire avoir » (François Ruffin)
Une formule qu’il revendique comme ligne politique centrale, reprise dans ses interventions à l’Assemblée et qu’il compte diffuser dans un tract national. Il veut démontrer que le RN trahit son discours « social » en s’alignant désormais sur les positions du Medef.
Il critique la triple nature du RN : raciste dans son ADN, populiste-social dans sa stratégie 2010, et désormais ultra-libéral sous Bardella, « qui se fait applaudir au Medef » et rejette toutes les propositions fiscales en faveur de la justice sociale.
Son objectif est de réconcilier classes populaires et écologie via une stratégie de « travaillisme climatique », appuyée sur les métiers du bâtiment, du lien, de la réparation, qu’il veut valoriser comme des métiers d’avenir :
« Le travail est la clé de voûte de la société » (François Ruffin)
Il insiste sur le besoin de créer un horizon commun pour contrer l’étouffement social et la résignation ambiante :
« L’absence d’horizon est la principale arme de l’extrême droite » (François Ruffin)
Sur le plan institutionnel, Ruffin affirme qu’il ne suffit pas de prendre le pouvoir sans appui populaire :
« Un gouvernement ne reste pas de gauche face aux forces qu’il a en face » (François Ruffin)
Il défend une stratégie d’alliances, même avec le Parti socialiste, tout en gardant ses distances :
« Le Parti Socialiste ne sera jamais le moteur de l’histoire » (François Ruffin)
Enfin, sur les médias, il dénonce le contrôle oligarchique et appelle à sortir l’information du marché :
« Il faut ramener les riches sur Terre » (François Ruffin), citant un yacht baptisé Limitless pour illustrer la « démesure » de la classe dominante.
Elle insiste sur la nécessité de déconstruire le mythe d’un RN social. Pendant la campagne législative, elle a travaillé à mettre en lumière les conséquences de son programme sur les services publics.
« Le programme du RN est totalement contraire aux principes fondamentaux du service public » (Lucie Castets)
Elle affirme la nécessité de parler aux électeurs RN, non pas en reniant l’antiracisme, mais en répondant aux colères légitimes sur les abandons de l’État.
Castets plaide pour une gauche de gouvernement radicale et compétente, sans opposer gestion et utopie :
« Être compétent, être responsable, être raisonnable, c’est être radical » (Lucie Castets)
Elle défend un service public de l’excellence, contre les logiques de “bouclier social minimal” :
« Les services publics ne sont pas un bouclier, ce sont le patrimoine de tout le monde » (Lucie Castets)
Sur la transition écologique, elle réclame un plan d’investissement massif, une réforme fiscale profonde et une mobilisation de l’État :
« Il faut une grande conversation nationale sur la transition écologique » (Lucie Castets)
Face à la montée du RN, elle milite pour une stratégie de reconquête des circonscriptions perdues, en soutenant des figures issues du terrain :
« J’ai lancé l’appel de Bagneux pour proposer ce que serait une France après 5 ans de pouvoir de gauche » (Lucie Castets)
Enfin, sur la recomposition politique :
« Une vraie gauche qui arrive au pouvoir, elle sait gouverner » (Lucie Castets)
Le militant NPA aborde la montée du RN comme un phénomène néo-fasciste global, soutenu par des pans du capitalisme transnational.
« Ce n’est pas un jeu. C’est orwellien » (Olivier Besancenot), dit-il, dénonçant l’ère de la post-vérité et la confusion généralisée dans les débats publics.
Il appelle à affirmer collectivement des vérités simples et à mener une bataille culturelle de long terme:
« Il faut simplement affirmer ensemble que 2 plus 2 égale 4 » (Olivier Besancenot)
Il insiste sur la nécessité de tenir bon sur les questions sociales ET antiracistes, quitte à perdre des voix à court terme :
« Le sectarisme est un poison » (Olivier Besancenot)
Il critique vivement la stratégie du Parti socialiste et défend une gauche « unitaire et radicale », fondée sur une pratique militante :
« La seule force de l’extrême droite, c’est la faiblesse de la gauche sociale et politique » (Olivier Besancenot)
Besancenot rejette les logiques de gouvernement de compromis et prône une stratégie révolutionnaire pour appliquer même des mesures modestes :
« Le capitalisme ne peut plus s’accommoder de la moindre mesure, même partielle » (Olivier Besancenot)
Sur les luttes culturelles, sociales et démocratiques, il appelle à l’élargissement des fronts :
« Même quand on attend rien d’eux, ils arrivent encore à nous décevoir » (Olivier Besancenot, à propos du PS)
Il conclut par une image forte : face aux murs du capitalisme qui se rapprochent, il ne faut pas discuter des meubles ou des livres, mais « casser les murs » ensemble — pour que le combat ne soit pas perdu avant d’avoir été mené.
27.10.2025 à 19:19
David Dufresne
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Ce soir, immense honneur d'avoir reçu Jean-Pierre Mignard, ci-devant alors avocat des familles de Zyed et Bouna. Durant une heure, il est revenu sur l'affaire, les dix ans de batailles juridiques, les dessous politiques. Un témoignage rare au cœur de l'affaire.
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Il y a 20 ans, jour pour jour, heure pour heure, Zyed Benna et Bouna Traoré meurent électrocutés dans un transformateur de Clichy-sous-Bois. Dans la ville, c’est la panne générale. Leur mort est vécue par procuration par toute la cité. Les langues se délient: la faute aux flics, qui ont coursé Zyed et Bouna. La police avait été appellée pour un cambriolage (qui n’a pas eu lieu). Zyed et Bouna jouaient au foot et voulaient s’éviter un énième contrôle.
Le soir même, une première émeute surgit. Puis des centaines, partout en France. Trois semaines durant, la France connait une «révolte populaire des quartiers» selon un rapport des RG, qui coûtera son poste à leur directeur.