09.12.2025 à 11:41
L'Autre Quotidien

Alexandra Jabre, Life Cycle of a Split Soul (1-5) — 26 x 36cm — Watercolour on paper © Alexandra Jabre
Jusqu’ici, Analix Forever n’avait pas encore exploré les représentations artistiques de la spiritualité, la télépathie ou des relations avec l’au-delà. Aujourd’hui, le temps semble propice à cette recherche que mènent les artistes sur les réalités humaines, naturelles et surnaturelles, sur leurs ondes, auras et karmas. Parmi celles qui empruntent ce chemin, déjà largement exploré, entre autres, par les surréalistes, on pense à Janet Biggs, Rachel Labastie ou Mimiko Türkkan.
© Alexandra Jabre
À quelques mètres seulement de ses enfants et de son conjoint, dans son atelier londonien, Alexandra Jabre accueille sur ses toiles et son papier les forces cosmiques et leurs chutes, qu’elle traduit en formes, corps et beautés grâce à sa maîtrise virtuose de l’aquarelle. Si l’énergie cosmique se manifeste le plus souvent chez l’être humain sous forme d’énergie sexuelle, les œuvres d’Alexandra Jabre la transforment en une rencontre corporelle, avec soi, avec autrui et avec le monde. L’art d’Alexandra Jabre, à la fois puissant et délicat, mature et sensuel, capte notre regard, éveille nos émotions et fait surgir les sentiments souvent enfouis que nous éprouvons vis-à-vis de notre place dans le monde et l’au-delà.
Phil Spectro, le 9/12/2025
Alexandra Jjabre - Connexions -> 14/02/2026
Galerie Analix Forever 10 rue du Gothard 1225 Chêne-Bourg (Suisse)
09.12.2025 à 11:31
L'Autre Quotidien

En plein cœur de Paris, chaque début décembre, vous pouvez retrouver la plus grande proposition d’ouvrages sur la bande dessinée, essais, beaux livres et revues ; mais aussi des expositions thématiques dans le cadre de la programmation ou monographiques autour des invité.e.s.
Cette année, ce sont Anne Simon, autrice, & Lucie Servin, journaliste, qui sont à l’honneur avec une série de table rondes, masterclass et expo. Une occasion de les rencontrer et de découvrir leur travail sous plusieurs facettes.
Pour Lucie Servin vous pouvez la retrouver dans la conférence des invitées d’honneur le samedi (15h – 15h50) et dans la rencontre Lucie Servin : portrait, parcours, engagements (dimanche de 14h15 – 14h50).
Pour Anne Simon, en plus de la conférence des invitées d’honneur, vous pouvez découvrir ses planches dans l’exposition le musée éphémère d’Anne Simon ou la rencontrer en signature le dimanche 7 décembre à partir de 15h ou encore assister à sa Master class vendredi 5 décembre 16h30
L’autre point d’orgue de cette 15e édition du SoBD, c’est le moment de la BD chilienne à paris avec 23 invité.e.s dont des auteurices, des spécialistes et des professionnels du livre au Chili.
Les artistes Antonia Bañados, Sol Díaz, Rodrigo Elgueta, Sofía Flores Garabito, Germán Gabler, Alberto Montt, Panchulei, Maliki, Oficinisma, Félix Vega Encina seront présents tout le week-end en dédicace et tables ronde. La plupart des artistes ont des traductions françaises de certains de leurs livres à retrouver sur le salon et une librairie chilienne est également installée pour découvrir toutes leurs publications.
Vous pourrez retrouver leurs travaux dans l’exposition Bande dessinée chilienne contemporaine au cœur du salon avec des planches des invité.es.s mais également les rencontrer lors des tables rondes thématiques tout le week-end [tout le programme est dispo ici].
En plus de la délégation d’artistes, le salon invite deux éditeurs Claudio Álvarez (Acción Cómics) & Daniel Olave Miranda ( Reservoir Books (Penguin Random House)) ; ainsi que des spécialistes Claudio Aguilera Álvarez (Responsable des archives graphiques à la Bibliothèque nationale du Chili) & Paloma del Pilar Domínguez Jeria ( Directrice du diplôme Bande dessinée de l’Université Diego Portales)
En plus des expositions déjà mentionnées : le musée éphémère d’Anne Simon & Bande dessinée chilienne contemporaine ; vous pouvez découvrir les expo :
Artima, un grand éditeur populaire du milieu du xxe siècle
Infos
Les belles gravures du SoBD
Infos
Jeunes talents étudiants
Expo hors les murs
Infos
Déconfetti, l’aventure déconfinée
Expo hors les murs
Infos
Ce vendredi 5 décembre, vous pouvez assister à deux master class (payantes) :
Raconter et dessiner : la façon d’Anne Simon
16h30 -19h
Mettre une séquence en images avec Mezzo
14h – 16h15
Mais également des ateliers gratuits : Création de fanzines, Gravure sur brique de lait, Linogravure, Le dessin BD et ses styles, Charadesign avec le Webtoon Café, Crowdfunding, Initiation au webtoon.
De nombreuses rencontres sont proposées pendant tout le week-end, voici une sélection :
Dessiner aujourd’hui : deux parcours croisés Anne Simon & Delphine Panique
Samedi 14h – 14h50
Les éditeurs bd et le crowdfunding avec Laurent Lerner (Delirium) et Thomas Dassance (iLatina)
Samedi 14h – 15h30
Conférence des invitées d’honneur : Anne Simon & Lucie Servin
Samedi 15h – 15h50
L’utopie dystopique avec Anne Simon, Lucie Servin et Lauren Triou
Samedi 16h – 16h50
Rire du désastre : l’humour dans la BD chilienne avec Sol Diáz, Alberto Montt et Claudio Aguilera
Dimanche 14h30 – 15h20
Qu’est-ce que la critique de bande dessinée ? avec Lucie Servin, Irène Le Roy Ladurie et Christian Rosset
Dimanche 15h – 15h50
« Brigida » et la Polola : deux initiatives féminines chiliennes avec Maliki, Sol Diáz et Paloma Domínguez
Dimanche 16h30 – 17h20
Fiction et non-fiction dans la BD chilienne avec Antonia Bañados, Félix Vega et Paloma Domínguez
Dimanche 17h30 – 18h20
Toutes les infos sur les rencontres ici
💡 Et les infos pratiques
SoBD 2025 est en accès libre et gratuit (sauf pour les master class)
Une inscription préalable est demandée pour assister aux rencontres, tables rondes et ateliers. Pour vous inscrire gratuitement : sobd2025.com
Accès au salon : 48 rue vieille-du-temple 75004 paris
Horaires
Vendredi 5 décembre : 16 h – 20 h
Samedi 6 décembre : 11 h – 19 h
Dimanche 7 décembre : 11 h – 19 h
Rien à voir avec la programmation du festival cette fois mais je voulais absolument vous informer que pour la dernière dédicace de l’année, on a réuni 5 auteurices de Bubble éditions, c’est la première fois qu’ils/elle sont toustes réuni.e.s.
Souky, Yoann Kavege, Anne Masse, Nicolas Bazin & Thomas Mourier
Vous pouvez venir discuter avec nous, vous faire signer des livres au stand S5.
Thomas Mourier, le 9/12/2025
SoBD 15e
09.12.2025 à 11:21
L'Autre Quotidien

Depuis plusieurs mois, mes nuits sont troublées par l’irruption d’un rêve étrange. Une maison s’introduit dans mon sommeil, accapare mes rêves.
Un visage inconnu, dans une fête, au fond d’une pièce noire de monde, me fixe avec une inexplicable insistance. Intriguée par ce regard qui me lance un appel muet, je me fraie un chemin dans la foule. Mais l’inconnu a disparu. Personne ne se souvient de lui, à croire que j’ai inventé sa présence.
Le rêve a fait son apparition au début de l’automne, quelques jours après mon embauche dans l’agence immobilière Geoffroy de Birague, place des Ternes.
Le plus souvent, ça commence comme ça… Un lieu que je n’ai jamais vu m’emplit d’inquiétude et d’apaisement. J’ignore si l’écho que le lieu suscite en moi (trop faible pour se transformer en souvenir) résonne comme une sonnette d’alarme. Quand le rêve s’achève, je voudrais retourner devant la demeure où mes nuits trop courtes m’empêchent d’entrer. En fermant les yeux, chaque soir, j’attends et redoute le retour du rêve.
J’hésite à inviter un homme dans mon lit, de crainte que le rêve, au contact de l’intrus, ne s’évapore.
Après sa visite, je sombre dans le sommeil lourd de l’aube, d’où j’émerge, certains jours, en ayant raté mes rendez-vous matinaux.
Quelque part sur le trottoir d’une avenue du 17e ou du 8e arrondissement (l’agence est spécialisée dans les transactions haut de gamme du « triangle d’or »), un homme d’affaires américain ou anglais attend, en vain, une négociatrice bilingue dont le téléphone sonne dans le vide.
Laura Kern est une jeune agente immobilière parisienne, spécialisée dans les biens de luxe du Triangle d’Or et de la Plaine Monceau. Elle est aussi aux prises depuis quelque temps avec un rêve aussi inquiétant que récurrent, dans lequel une mystérieuse demeure se fait envahissante et oppressante. Lorsque lors de la visite apparemment anodine d’un grand appartement aux pièces en enfilade, l’enfant du couple d’acquéreurs potentiels disparaît – fût-ce brièvement – de manière totalement inexplicable, la jeune femme, comme la lectrice ou le lecteur, éprouve un intense vacillement entre la possibilité du fantastique, contre toute raison, et celle, hélas plus crédible en apparence, de la folie pure et simple, entre psychose hallucinatoire et possibles premiers symptômes de la maladie de Huntington, héréditaire et incurable, qui a précisément conduit son propre père vers la démence relativement précoce. En quête d’une clé qui expliquerait ou dénouerait la montée du danger, Laura entreprend de fait une étrange quête mémorielle – mais aussi physique, sensible et localisée -, quête dans laquelle les secrets ne sont pas nécessairement ce qu’ils semblent.
e 31 avenue des Ternes est un immeuble haussmannien situé à l’angle des avenues Niel et Mac-Mahon. Il fait partie des biens qui séduisent notre clientèle familiale – vieille bourgeoisie ou parvenus désireux de s’établir dans la Plaine-Monceau -, les autres clients, souvent américains, exigeant des appartements d’exception au cœur du Triangle d’Or. Comme je parle couramment anglais, c’est à eux que j’ai affaire, mais les Américains se font plus rares ces derniers temps.
Depuis mes premières visites, jamais aucun client ne m’a identifiée. J’ai beau arpenter, dossier dans une main, cigarette dans l’autre, le porche où nous avons rendez-vous, le client me demande souvent du feu avant de s’éloigner pour me téléphoner, inquiet du retard de la négociatrice qui se tient en face de lui. Est-ce ma chevelure rousse, impossible à discipliner ? Ou le Burberry trop grand, hérité de mon père, dans lequel je me sens protégée comme par une vieille couverture ?
Ce matin-là, le père de famille qui remonte l’avenue des Ternes à grands pas, sa femme et son fils trottinant derrière lui, se dirige sans aucune hésitation dans ma direction et me tend une main ferme. Bouleversée qu’il me reconnaisse avant même de m’adresser la parole, je laisse tomber ma cigarette. Le gamin qui nous a rejoints éclate de rire. (La fiche transmise par l’agence précise que le couple vient de faire un bel héritage, et recherche un appartement familial dans le style haussmannien de la Plaine-Monceau. Nos clients apprécient les enfilades tristes de pièces peuplées, à l’identique, de parquets, moulures, miroirs, cheminées.)
Le père de famille me laisse seule avec sa femme devant l’ascenseur, une cage grillagée antique suspendue au-dessus du vide. Entre chaque étage, le petit garçon (sa mère l’appelle Arthur) nous adresse de grands gestes enthousiastes. Il doit avoir sept ou huit ans. Lui et son père s’adorent. La mère se tient en retrait.
Une fois franchie la porte d’entrée majestueuse, le produit est sans surprise. Réceptions parquetées au point de Hongrie, cheminées en marbre blanc, rose et gris, miroirs, trumeaux, peu de lumière en provenance de la cour, en dépit du cinquième étage.
Les plafonds sont si hauts que la voix aiguë du petit garçon résonne en écho.
Publié en 2013 chez Actes Sud, le cinquième roman d’Hélène Frappat, après « Sous réserve » (2004), « L’agent de liaison » (2007), « Par effraction » (2009) et « Inverno » (2011), propose un chemin inédit et dérangeant, riche en ruse fantastique et en spéculation médicale intime, vers les abîmes de mensonge conscient et inconscient que secrète la mémoire – contre nous-mêmes.
Dans sa réécriture audacieuse du roman gothique que l’on dirait d’abord « classique », sous le signe obsédant d’Alfred Tennyson et de son célèbre poème « La Dame de Shalott » (1833), elle crée discrètement des atmosphères troubles et fondamentalement inquiétantes, dignes de spécialistes telles que Mélanie Fazi ou Lisa Tuttle, pour entraîner et briser les grands appartements bourgeois de la plaine Monceau dans un voyage géographique et mémoriel joliment insensé, aux pays des landes, galloise ou bretonne.
Nourri en profondeur de la confrontation chez l’autrice du matériau échangé lors d’une résidence d’écriture dans le service de psychopathologie de l’enfant de l’hôpital Avicenne à Bobigny (coïncidence de lectures, le lieu était lui-même récemment au centre du bouleversant « Les colonies intérieures » de Denis Lemasson) et d’une histoire familiale tout à fait personnelle – même si une distance romanesque salutaire exclut tout aspect autobiographique ou autofictif -, « Lady Hunt » utilise savamment le carburant du shining cher à Stephen King comme celui des comptines enfantines à significations multiples et pas toujours recommandables, pour nous offrir une ronde éminemment diabolique, et parfaitement inattendue.
Dans l’appartement sans électricité, il fait noir. En hiver la nuit tombe vite. Personne ne m’a vue emprunter les clés. je vais devoir retrouver le trousseau manquant à tâtons. Les miroirs renvoient des ombres menaçantes. Le défilé de nuages d’un ciel d’orage. Au-dessus de la cheminée, je sursaute en apercevant la lueur rouge de mes cheveux.
Les pièces vides sont immobiles. Même les arbres de l’avenue des Ternes se tiennent droit. Leur cime nue a cessé de se balancer dans le vent. L’appartement retient son souffle. La cabine de phare m’attend.
J’ai caressé le marbre des cheminées, le relief des moulures, les lames rugueuses du parquet. Sur la paume de mes mains, je sens la morsure de petites échardes.
Les portes des trois chambres sont fermées. J’étais sûre de les avoir laissées ouvertes dans ma fuite. L’une après l’autre, j’ouvre chaque porte brutalement. Le choc du bois résonne plus fort dans le noir.
Une chose me serre le cœur. Un sentiment informe, une grosse ombre grise à l’intérieur de moi, une vibration. Ce n’est pas l’obscurité, le vide, ma solitude dérisoire en ces pièces trop hautes, trop grandes. Une radio dévoilerait la tache qui obscurcit peu à peu mes organes.
Et ma voix. Je lance un appel vague :
– Oh hé…
Il me revient en écho. Le cri rend un son voilé. En sourdine. Des mains invisibles ont tendu, en mon absence, les murs de feutre.
– Oh hé…
Les deux syllabes rebondissent vers la porte de la dernière chambre, la cabine de phare. Le trou noir qui a englouti l’enfant. La chambre secrète. Le dépôt obscur de toutes mes peurs.
Derrière la porte, je ferme les yeux. Une force invisible m’entraîne doucement. Mais dans quoi ? Une chambre d’enfants rêvée, ou la faille du temps ?
Une présence me guide ici comme le chien d’un aveugle. Sans faire un geste, j’ai le vertige. La force tourbillonne autour de moi. Elle voudrait me connaître, me défier. Brusquement, il ne fait plus froid.
J’ai ouvert les yeux, juste à temps pour voir le trousseau de clés s’abattre devant mes pieds. Quand il atterrit sur les lames du parquet, l’entrelacs de clés métalliques ne fait aucun bruit en heurtant le sol.
Hugues Charybde, le 9/12/2025
Hélène Frappat - Lady Hunt - éditions Actes Sud
l’acheter chez Charybde, ici