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27.06.2025 à 12:13

Les Héros du Punk sont Immortels

Euryale
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Au Poste, média indépendant 100% Live & Libre: 100% Live & Libre. Adonnez-vous! ► http://www.auposte.fr/dons

C’est une histoire sortie d’un roman noir, mais tout à fait authentique. Gilles Bertin, figure du punk français, chanteur de Camera Silens (Bordeaux, début des années 1980, braqueur d’un dépôt de la Brink’s en 1988, puis fantôme sans visage trente ans durant. Disparu, réapparu, malade, repenti. Il revient de tout. Et meurt en 2019, à Barcelone, là où il s’était caché.
C’est ce destin hors norme que retrace Stéphane Oiry, dessinateur au trait sec et fraternel. Ses Héros du peuple sont immortels, publié chez Dargaud, n’est pas une BD hommage, ni un plaidoyer. C’est un regard. Lucide, inquiet, parfois amusé. Oiry ne juge pas. Il redonne de la chair à un nom devenu mythe, ou mauvaise conscience de toute une génération. C'est sa première convocation Au Poste.

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Texte intégral (2535 mots)

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« Je ne pouvais rien attendre d’autre d’une émission sur le punk ». Stéphane Oiry débarque dans Au Poste en pleine tempête : Internet coupé, antenne en vrac, l’émission vire au chaos. Ça bidouille, ça galère, ça se reconnecte sur d’autres canaux. Le tchat jubile : on sent que cette entrée en matière colle parfaitement au thème du jour . À ce moment-là, on ne pouvait qu’être d’accord : c’était un live punk pur jus. Florent Calvez, fidèle du tchat, s’en amuse : « 200 orages attaquent le Poste », une façon d’embrasser la pagaille.

Oiry, loin de râler, se marre : « Ah non mais ça commence très bien ». Il explique qu’il ne s’attendait pas à autre chose pour une émission sur le punk. À cet instant, le ton est posé : détendu, « bordélique» mais bienveillant.

« J’aime beaucoup travailler sur les faits divers »

Une fois la connexion stabilisée, l’invité se présente : dessinateur de presse, auteur de bande dessinée, prof à Paris. Il raconte : « Je travaille beaucoup pour la presse, j’illustre très régulièrement des faits divers ».

Il précise que ces histoires l’attirent : pas pour le sensationnel, mais pour leur vérité humaine : « C’est tout pour l’éthique quand même ». Il aime fouiller ces petites tragédies, voir ce qu’elles disent de nous.

Son dernier album en est un exemple : une bande dessinée sur Gilles Bertin et Camera Silens, publiée chez Dargaud.

Un punk de l’intérieur

Avant de parler du livre, il revient sur ses propres années punk. Il était collégien quand il a plongé : « J’y ai vraiment plongé éperdument ». Radios libres, cassettes copiées : tout est bon pour partager le son.

La scène punk de l’époque c’est  un milieu très bricolé, souvent marginalisé : peu de moyens, des concerts dans des salles modestes ou des squats, une circulation clandestine de la musique, et un public jeune, avide d’alternatives culturelles et politiques. Le groupe se choisit un nom fort. Camera Silens  une référence aux cellules d’isolement utilisées pour l’incarcération des membres de la Fraction armée rouge, la bande à Baader ( Baader-Meinhof), « ils sont précaires, ils volent  ils achètent un bouquin pour en voler trois »,

Il confesse : « Plus rien n’a jamais été pareil ». Cette musique l’a formé : rageuse, libre, sans compromis. Pourtant, Camera Silens n’est pas son groupe fétiche. Il admet : « Je l’avais même un peu oublié ». Ce n’est que plus tard, en entendant un documentaire sur France Culture, qu’il retombe sur histoire épique.

« Une histoire sortie d’un roman noir »

Dufresne raconte : Bertin est cette figure punk bordelaise, charismatique mais obscure. En 1988, il braque un dépôt de la Brinks à Toulouse : un casse parfaitement planifié, quasi militaire, sans coup de feu, mais lourd : près de 12 millions de francs empochés, un butin qui restera dans la nature..

C’est le genre de fait divers qu’Oiry adore : « On en avait un très beau avec cette histoire de cavale », dit-il.

Après le braquage, Bertin s’évapore. Pendant près de 28 ans, il vit sous de fausses identités, principalement en Espagne. Il fonde une famille, travaille, tombe malade (sida). Il reparaît en France car il souhaite être jugé, il échappe à la prison grâce à sa santé fragile et meurt à Barcelone en 2019 à l’âge de 58 ans.

« C’est une histoire sortie d’un roman noir mais tout à fait authentique »David Dufresne

Dessiner la cavale et l’homme

Oiry explique qu’il n’a pas voulu faire une biographie hagiographique. Il s’intéresse à l’homme : ses choix, ses failles. Il insiste sur la méthode : « Je documente beaucoup », dit-il. Il se plonge dans les archives, interroge des témoins, recoupe : « Je suis pas sociologue, mais j’observe ». Il veut restituer l’ambiance des années 80 : Bordeaux, la scène punk, la précarité.Il détaille : « J’essaie de raconter un destin, pas de juger. Montrer la trajectoire ». Pour lui, le dessin permet ça : rendre vivant sans figer. Il veut montrer la fuite, la clandestinité, la vieillesse. Capter les silences autant que les cris.« J’aime beaucoup les histoires vraies, parce qu’il y a déjà tout » Stéphane Oiry

Le tchat comme caisse de résonance

Au Poste n’existe pas sans son public : le tchat, omniprésent, commente, questionne, se moque gentiment. Florent Calvez en est l’âme : « 200 orages attaquent le Poste », « Jolies rouflaquettes », il relance, blague.

Dufresne rappelle qu’Oiry et Calvez ont travaillé ensemble : ils ont illustré un reportage sur le commissariat de Roubaix pour La Croix. Preuve qu’Oiry n’a pas peur de traiter du réel brut, même des lieux de pouvoir.

Cette complicité se sent : le tchat, l’invité et David Dufresne tissent ensemble une conversation vivante.

« Ça va un peu m’aiguiller »

Oiry se montre humble : il reconnaît qu’il ne connaissait pas toute l’histoire avant de s’y mettre : « Ça va un peu m’aiguiller ». Il aime se laisser surprendre : « Je ne fais pas de thèse, je raconte ». Il veut donner au lecteur la sensation de découverte, d’empathie. Pas question de grand discours moral : il veut qu’on comprenne Bertin sans le disculper. Montrer l’humain derrière le fait divers.« On sent qu’il veut comprendre, pas juger »

Punk, crime et tendresse

L’émission jongle entre humour et gravité. On rit des nouveaux  bugs : « Oh là là le bazar », on se moque des câbles et des caméras plantées.Mais le sujet reste sombre : un braquage violent, une fuite interminable, la maladie, la mort. Oiry ne cherche pas à édulcorer : il assume cette tension.Sa BD montre tout : le punk comme cri de liberté, mais aussi comme dérive ; le romantisme de la cavale et sa misère quotidienne.

« On peut parler de mélancolie ?» interroge David Dufresne.

L’invité acquiesce et rajoute « Je pouvais rien attendre d’autre que d’une émission sur le punk »

Malgré les thèmes lourds, l’émission garde une vraie humanité, les moqueries du tchat, les rires partagés : tout ça donne un ton unique. C’est punk au meilleur sens : rageux, sincère, mais jamais cynique.

À la fin, on sent qu’Oiry a livré bien plus qu’un projet : un morceau de lui-même, entre la bande dessinée, le journalisme et la mémoire collective. Et bien sûr un extrait de Camera Silens  « Pour La Gloire» vient ponctuer cet entretien.

Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.

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25.06.2025 à 20:10

Michel Feher: combattre la «connivence des brutes»

David Dufresne
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Le monde vacille, mais certains regardent encore droit. A la tête du nouveau site Diagrammes, Michel Feher, philosophe bien connu de nos services, vient Au Poste en tracer les contours. Pas un énième blog de plus, mais une architecture pensée pour tenir ensemble ce qui, trop souvent, reste éparpillé. Face à la droitisation rapide des sociétés, à la montée des pouvoirs prédateurs et aux renoncements démocratiques, Diagrammes veut documenter, relier, comprendre — et armer celles et ceux qui refusent la résignation.

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Texte intégral (2494 mots)

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Entretiens exigeants, croisés, accessibles, accompagnés de dossiers pour donner prise au réel,
Diagrammes est un espace critique comme on les aime, une cartographie évolutive des forces qui travaillent notre époque — et un outil pour ne pas se perdre dans le bruit. À la fois francophone et anglophone, Diagrammes vise à populariser les travaux anglophones chez les publics francophones, et vice-versa, dans le but de nourrir une compréhension transnationale des mutations en cours.

Parmi les premiers entretiens publiés par Diagrammes, on note celui de Melinda Cooper, historienne de la crise de 2008, qui décrypte la montée des « barons voleurs » et l’inversion du capitalisme managérial. Et celui d’Eyal Weizman (Forensic Architecture) qui explore à Gaza la dimension géopolitique de la violence israëlienne, entre cartographie critique et pouvoir destructeur.

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Combattre la «connivence des brutes»

« On voulait relier ce qui reste trop souvent épars »

« On est pris dans le vertige d’une droitisation qui s’accélère sans cesse » lâche Michel Feher, d’une voix calme mais déterminée. On sent qu’il ne veut rien lâcher : il veut comprendre ce qui nous arrive, et outiller la critique.

L’échange commence dans une ambiance presque cabossée : bugs techniques, ventilateur bruyant, éclats de rire avec l’animateur. On redémarre comme on peut. Mais très vite, le ton se fait grave. Ce matin même, l’équipe et les aupostiens (nes) était « bouleversée » en recevant la famille de Souheil El Khalfaoui, tué par la police. L’émission se déroule dans cette atmosphère lourde, comme un rappel : comprendre le présent n’est pas un exercice théorique.

Feher arrive avec une proposition : Diagrammes. Pas « un blog de plus », mais « une architecture » pensée pour relier des morceaux épars du réel. Il raconte : « On voulait faire une espèce de puzzle », filmer des entretiens exigeants et accessibles, « donner le temps », adopter « une focale large » pour embrasser la complexité.

Il insiste : « Ça nous aide à comprendre ce qui nous arrive ». À ce moment-là, on ne pouvait qu’être d’accord : on le sent sincère, presque vulnérable, conscient des limites de l’exercice mais convaincu de sa nécessité.

Comprendre, relier, documenter

Diagrammes se veut un lieu critique, à la fois francophone et anglophone. Feher détaille : il s’agit de faire circuler des savoirs trop souvent confinés à des cercles académiques ou linguistiques. Les entretiens sont filmés, accompagnés de dossiers thématiques, pour « donner prise au réel » et permettre aux lecteurs de « croiser les regards ».« On voulait se donner plus d’amplitude », explique-t-il, « pour comprendre en croisant encore un peu plus les regards ».« Diagrammes, c’est une cartographie évolutive des forces qui travaillent notre époque » Michel FeherCette « cartographie » ne prétend pas donner une seule lecture, mais offrir des outils, des pistes, des résonances entre des voix parfois éloignées. Il s’agit d’assembler ce qui est trop souvent séparé : économie politique, affects, idéologies, géopolitique.

Une équipe engagée

Feher rappelle qu’il ne travaille pas seul : Diagrammes est né d’une complicité intellectuelle de longue date avec la journaliste Aurélie Windels. Ils avaient déjà co-fondé l’association et la série de livres Cette France-là, qui documentait la politique migratoire sous Sarkozy.

Ils avaient même tenté un premier site, « Near Futures Online », mort-né mais riche en leçons. Avec Diagrammes, ils veulent aller plus loin : proposer des contenus bilingues, organiser des dossiers, publier des analyses, mais surtout filmer des entretiens exigeants et accessibles, pour que la pensée ne reste pas confinée.

Feher souligne la difficulté : « On s’était dit que filmer nous laisserait du temps pour écrire, mais c’était la fausse bonne idée par excellence ». Il avoue le labeur, la complexité, mais ne cache pas sa fierté : « Ça commence à prendre ».

« On n’est pas là pour commenter les élections »

Davis Dufresne le pousse sur ce point : pourquoi lancer encore un « site » ? Feher se crispe presque : « On ne veut pas qu’on nous dise : vous êtes là pour commenter les élections. Non ! ».

Il explique que Diagrammes veut aller aux causes profondes : les « économies morales », les dispositifs qui façonnent la peur et la haine, la production de la résignation démocratique.

« On veut relier des voix, tisser des résonances » Michel Feher.Il évoque son travail éditorial aux États-Unis (Zone Books), ses liens avec des auteurs de part et d’autre de l’Atlantique : Diagrammes veut faire circuler ces idées, traduire, populariser sans simplifier.

Le tchat en embuscade

L’émission prend un autre relief grâce au tchat, attentif et exigeant. Les questions fusent, obligeant Feher à préciser sa pensée : cheradenin demande : « Vous avez parlé de vivre des résistances et de les théoriser, diriez-vous que nos implications « construisent » nos identités ? »Feher opine : oui, c’est même central comprendre que nos engagements forgent nos subjectivités.

bouyacapex relance : « Quelle est la stratégie viable face aux Brutes en connivence ? La pensée critique face à la force/violence ? » Feher admet la tension : il faut penser sans renoncer à l’action. « Comprendre avant de riposter », c’est essentiel, même quand la violence impose son rythme.

« Il ne s’agit pas de dire aux autres quoi penser, mais de se donner les moyens de comprendre » Michel Feher

Guerres froides, idéologies, résistances

Le tchat creuse encore :

feminasapiens : « Pourrait-ce être une guerre indirecte contre la Chine ? »

Feher nuance : les rivalités géopolitiques existent, mais la droitisation se fabrique « chez nous ».

feminasapiens insiste : « Les communistes et anarchistes sont-ils encore à la page ? »

Feher voit dans ces traditions des ressources critiques, mais rappelle qu’elles doivent se réinventer face aux nouvelles formes de capitalisme financier et de gouvernance algorithmique.

pajakju questionne : « Ces libertariens réfléchissent-ils aux conséquences ou c’est « après moi le déluge »? »

Feher souligne l’attrait individualiste de l’idéologie libertarienne, qui évacue toute responsabilité collective.

feminasapiens encore : « Sommes-nous à un moment de bascule ? Fin du capitalisme au paroxysme de sa destruction ? »Feher reconnaît cette crise, mais y voit aussi le risque d’une alternative autoritaire ou ultra-libertarienne : la bifurcation reste ouverte.

« On ne veut pas juste coller des textes, mais créer des liens »Michel Feher

Annick Ollivier (YT) : « Est-ce le même système que celui qu’impose Macron ? »

Feher le dit clairement : c’est la même logique néolibérale, celle qui démantèle les droits sociaux et détruit l’industrie.supamurgeman : « Le Covid a-t-il ouvert les chakras libertariens et fascisants ? »

Feher estime que la gestion autoritaire de la pandémie a normalisé des restrictions tout en renforçant la défiance libertarienne.

pajakju : « Y a-t-il encore des démarches anti-trust ? »

Feher regrette la faiblesse des contre-pouvoirs et l’emprise des monopoles.

supamurgeman : « L’approche Forensic Architecture vous semble-t-elle encore possible ? »

Feher défend ces stratégies : investir tous les forums possibles, malgré la violence des contraintes économiques.

Un outil, pas un oracle

On ressort avec l’impression d’avoir assisté à la construction d’une pensée, pas à sa récitation.

Feher ne prétend pas tout savoir. Diagrammes n’est pas là pour dicter la ligne : il veut « offrir un outil » pour « ne pas se perdre dans le bruit ».Et cette lucidité qu’on retient : « Si on ne s’équipe pas pour penser ensemble, d’autres s’occuperont de nous dire quoi penser. »

Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.

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25.06.2025 à 10:22

Scandale des pièces à convictions disparues au parquet de Marseille: le digne et implacable témoignage du père et de la tante de Souheil El Khalfaoui

David Dufresne
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L’enquête sur la mort de Souheil El Khalfaoui, tué d’une balle en plein cœur par un policier en août 2021 à Marseille, est un cas d'école. L'affaire est aujourd'hui entachée d’un nouveau scandale : neuf pièces à conviction, dont la balle mortelle et des vidéos, ont disparu.

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Texte intégral (2872 mots)

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Ces scellés avaient été sortis pour les besoins de l’enquête à la demande du parquet. Ils n’ont jamais été restitués. Le père de Souheil, Issam El Khalfaoui, sa tante, Samia El Khalfaoui, étaient ce matin Au Poste pour nous détailler la plainte déposée pour détournement de biens visant l’ancienne procureure Dominique Laurens. Avec nous, également, Alimi Arié, leur avocat. Attention, c’est dur. Mais essentiel à connaître.

MISE A JOUR du 26 JUIN 2025, 16h30:

Communiqué de la famille: «Le procureur de la République de Marseille vient de nous annoncer que les scellés avaient été retrouvés dans le bureau du premier juge d’instruction désigné dans le dossier, M. De Firmas. La famille est particulièrement inquiète du déroulement de l’instruction dans la mesure où c’est le même juge qui avait fait la demande de recherche des scellés.»

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Le père de Souheil, Issam, sa tante, Samia étaient ce matin Au Poste pour nous détailler la plainte déposée pour détournement de biens visant l’ancienne procureure Dominique Laurens, mutée depuis à la cour d’appel de Reims.On ressent avec eux la fatigue, la colère, mais surtout une détermination entière et sans faille.« On ne nous a pas laissé le choix. » Samia El Khalfaoui lâche ça, calmement, presque résignée. Son neveu Souheil est mort d’une balle tirée par un policier( Romain Devassine) en plein cœur en août 2021 à Marseille au cours d’une opération de contrôle . Depuis, sa famille se bat pour une vérité qu’on leur refuse.Ils racontent tout : l’enquête bâclée, les scellés «disparus », les manœuvres dilatoires. 

Un tournant politique 

Une conférence de presse s’est tenue ce jeudi 24 juin à l’Assemblée Nationale en présence de la famille et leur avocat Arié Alimi à l’initiative de députés communistes, écologistes et insoumis. 

La famille décide de solliciter directement des députés pour porter l’affaire à l’Assemblée nationale. Samia explique qu’ils ont contacté tous les partis de gauche, obtenant un front commun pour poser la question au gouvernement.C’est Manuel Bompard (LFI) qui en séance interpelle Gérald Darmanin. Le ministre de la Justice répond en insistant sur la valeur des images pour la vérité, mais sa réponse est jugée minimale, presque administrative.Pour Samia, c’est un geste nécessaire mais insuffisant : la disparition des pièces, y compris la balle mortelle, c’est comme « effacer administrativement » la mort de Souheil.

Issam rappelle que ce recours parlementaire n’aurait jamais dû avoir lieu: l’État aurait dû ouvrir une enquête interne dès la découverte de la disparition des scellés, sans attendre l’intervention des députés.

« Tout a été fait pour brouiller la vérité »  Arié Alimi

Arié Alimi en visio depuis un train nous apporte son éclairage.« Les scellés sont arrivés dans le bureau de la procureure. Après, on ne sait plus où ils sont. »  l’avocat de la famille, raconte son parcours du combattant pour accéder aux pièces du dossier. 

« On a déjà un certain nombre d’enquêtes pénales ou d’instructions en cours contre des enquêteurs de l’IGPN pour des fausses retranscriptions de vidéos qui nous font dire qu’à chaque fois on doit tout vérifier. »

« Tout le travail qu’on essaye de faire à la place des enquêteurs depuis le début, c’est la famille qui s’en occupe. »

« On vient de se rendre compte que c’est le bordel absolu au tribunal judiciaire de Marseille. »

Les scellés ont été déplacés, ouverts partiellement, jamais remis en place. La procureure de l’époque les avait même mis dans son bureau avant d’être mutée.On se rend compte d’un système kafkaïen : aucun suivi, pas de procédure claire, des pièces qui disparaissent. 

Et toujours la même conclusion : « La police enquête sur la police. »

« La balle mortelle a disparu. »  Issam El Khalfaoui

« Depuis le mois de décembre, la juge Cassandra Vial s’est rendue compte que neuf scellés avaient « disparu ». 

On écoute Samia expliquer sa stupeur en découvrant la lettre de la juge d’instruction qui confesse avoir cherché en vain ces preuves capitales : vidéos, la balle, les enregistrements des appels de secours. La juge a fouillé le parquet, interrogé l’IGPN, même le procureur en place avant son arrivée. Rien. Silence pesant. À ce moment-là, on sent la honte de la machine judiciaire incapable de garder trace d’une balle meurtrière.

Un dossier parasité dès le départ

Issam, le père, se souvient : son fils est arrêté, lors d’un contrôle, au volant de sa voiture. Il démarre en marche arrière, frôle ou « blesse » un policier adjoint de sécurité. Le policier pourtant hors de danger, tire en plein thorax.

David Dufresne résume avec une précision glaçante : « C’est à peu près la même image que Nahel. »

Et le plus terrible ? Les vidéos qui permettraient de prouver la scène ont disparu, celles des caméras de la Caisse d’Épargne censées filmer l’intégralité du meurtre n’ont jamais été versées au dossier. Une obstruction méthodique ? Issam en est persuadé.

« On a dû faire le travail d’enquête nous-mêmes »

La famille se substitue aux enquêteurs : reconstitution 3D commandée, enquêtes de voisinage, démarchage des témoins terrifiés.Issam raconte avoir retrouvé un témoin jugé crucial que la police n’arrivait soi-disant pas à localiser. Mais même après l’avoir livré aux autorités, les bonnes questions ne sont pas posées.

« Tout est fait pour que l’enquête s’arrête. » Issam. On entend la lassitude, la rage contenue. Samia évoque la reconstitution 3D, accablante pour la police, rendue inutilisable car basée sur des vidéos… « disparues ».

L’errance à la recherche de son fils

Issam a découvert que son fils était à l’hôpital parce qu’un passant a pris le téléphone dans la voiture et comme il venait d’appeler sa maman il a alors composé le dernier numéro.

Il raconte l’errance cauchemardesque pour retrouver son fils : après l’avoir cherché en vain dans tous les hôpitaux de Marseille, il apprend par le Samu qu’il est à l’hôpital Nord… là même où on lui avait affirmé qu’il n’était pas. Il attend 45 minutes sans qu’aucun médecin ne vienne, avant d’apprendre la mort de son fils par un vigile qui lui confirme brutalement la vérité. Pire encore, un major de police prétend ce soir-là que son fils a écrasé un policier, imposant cette version mensongère qui sera relayée officiellement dès les premières heures, avant même toute enquête sérieuse.

Racisme systémique et loi 435-1

« S’il avait été blond aux yeux bleus, il ne serait pas mort. » Issam 

La famille ne tourne pas autour du pot. Pour eux, Souheil est mort parce qu’il était racisé. Samia et Issam dénoncent la loi 435-1, votée en 2017, qui autorise la police à tirer sur des conducteurs jugés « dangereux ».

Ils rappellent qu’en France, la police a tué 134 personnes depuis cette loi, avec une surreprésentation des racisés. Samia insiste : « On se bat pour Souheil, mais aussi pour toutes les familles. »

Elle évoque leur association Stop aux violences d’État et la campagne « 435-1 m’a tué » qui recense et dénonce ces morts « administrativement légales ».

« On n’a plus confiance dans la justice »

Issam est sans illusion : « La solution est politique. » Pour lui, le judiciaire ne garantit rien : actes refusés, plaintes au point mort, frais écrasants. Il a déjà déboursé 100 000 euros pour se battre.

« Un silence assourdissant »  déclare Samia  qui  rappelle que le maire de Marseille, Benoît Payan, s’était engagé à ce qu’aucune preuve ne soit « glissée sous le tapis ». Résultat : un mutisme total. Issam enrage : « Il ne s’est jamais exprimé. » C’est ce silence des institutions qui révolte le plus. « On se bat pour les autres aussi. » 

Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste, revuet corrigépar la rédaction.

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