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21.04.2020 à 15:48

Ces généraux syriens ont-ils assisté à une attaque chimique contre un hôpital ?

Syrie Factuel

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Le 8 avril dernier, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a publié le premier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification (IIT). Elle a examiné trois attaques chimiques aux alentours de Latamné : deux au sarin les 24 et 30 mars 2017, et une au chlore le 25 mars 2017. L’attaque du 25 mars a […]

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Texte intégral (2613 mots)

Le 8 avril dernier, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a publié le premier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification (IIT). Elle a examiné trois attaques chimiques aux alentours de Latamné : deux au sarin les 24 et 30 mars 2017, et une au chlore le 25 mars 2017. L’attaque du 25 mars a frappé un hôpital vers 15 heures, heure locale, tuant un médecin et blessant 30 personnes. L’IIT a conclu qu’il existait des motifs raisonnables de croire que ces attaques avaient été menées par le gouvernement syrien.

Nous savons qu’une délégation de généraux a visité un poste de commandement de la province de Hama et a assisté à des frappes sur Latamné le 25 mars 2017, le jour même de l’attaque au chlore contre l’hôpital. Parmi cette délégation, Ali Abdallah Ayoub et Souheil al-Hassan. La présence d’al-Hassan est significative : il est le commandant des « Forces du Tigre», qui ont déjà été associées à l’utilisation de munitions au chlore larguées par hélicoptère.

Cette visite a été rapportée à la fois par SANA, une agence de presse de l’État syrien, et le ministère syrien de la Défense. En effet, SANA a réalisé une vidéo de cette visite, qui a été supprimée par la suite, lorsque SANA a purgé son compte YouTube. Cependant, Syrian Archive a réussi à en collecter une copie avant la suppression.

Notre évaluation montre que les généraux en visite étaient probablement présents à ce poste de commandement pour observer des frappes sur Latamné, moins de deux heures avant l’attaque au chlore contre l’hôpital de Latamné :

Il existe deux méthodes grâce auxquelles nous pouvons établir l’heure de cette visite. La première consiste à analyser les ombres. Pour le faire avec précision, nous devons savoir où se trouve l’objet projetant l’ombre.

Les ombres que l’on distingue le mieux sur la vidéo de SANA sont celles projetées par des soldats alignés pour une inspection. En examinant la vidéo, nous pouvons identifier une route allant d’est en ouest, un talus au nord, une jonction en T à l’est et une structure en béton du côté nord de la route. Un seul endroit à proximité du poste de commandement correspond à ces caractéristiques, et c’est un tronçon de route situé aux coordonnées 35.205926, 36.771009.

Remarquez le remblai de terre au nord, le virage de la route à l’est et une structure en béton avec un trou

Malheureusement, il n’y a pas de points de référence clairs que nous pourrions utiliser pour situer les ombres. Le meilleur marqueur que nous avons est la route, avec laquelle les ombres des militaires semblent presque former un angle droit.

Nous pouvons simuler ces ombres en utilisant Suncalc, un outil utilisé pour calculer les emplacements des ombres à des dates et heures particulières. En plaçant l’ombre perpendiculairement à la route, nous obtenons 13h comme heure approximative. Après avoir testé différentes hypothèses, il semble que le passage en revue des troupes a eu lieu entre 12h et 14h.

Pour faciliter l’analyse, la hauteur de l’objet virtuel projetant l’ombre sur Suncalc a été fixée à 100 mètres. Étant donné que cela n’affecte pas l’angle de l’ombre, cela n’a aucun impact sur le calcul de l’horaire, sauf pour faciliter la visualisation de l’ombre simulée.

Simulation d’ombres avec Suncalc

Une meilleure analyse des ombres peut être effectuée sur ce qui semble être des images d’un appareil de reconnaissance, probablement un drone, comme repéré par @MCantow. Dans ces images, les ombres sont claires, tout comme les points de référence tels que les bâtiments et les routes. Le flux vidéo affiche la latitude et la longitude de sa cible en bas à gauche de l’écran, il est donc facile de trouver son emplacement.

Images de reconnaissance visibles à 00:41 dans la vidéo de SANA

Dans le flux vidéo, les ombres semblent s’aligner presque parfaitement avec une route secondaire, que nous pouvons utiliser pour établir leur angle. Ce point de référence clair nous permet d’être beaucoup plus précis qu’avec la précédente analyse des ombres et nous donne un horaire proche de 14h15. Un changement de quinze minutes par rapport à celui-ci change l’angle de l’ombre et elle n’apparaît alors plus cohérente avec les images de reconnaissance.

En utilisant Suncalc, nous pouvons donc obtenir une évaluation raisonnablement précise de l’heure à laquelle certaines parties de cette visite ont eu lieu. Cependant, en regardant les cadrans des montres des participants présentés dans les images, il est peut-être possible d’obtenir une évaluation encore plus précise.

Bien que la plupart des montres que nous voyons dans la vidéo soient trop floues pour distinguer leur cadran, nous voyons à un moment celle du général Ayoub.

Vidéo SANA à 01:31

Sa montre semble indiquer l’heure approximative de 13h15.

Nous avons décidé d’utiliser l’outil d’accentuation des contours de Topaz pour obtenir une image plus nette, dont il convient cependant de noter qu’il s’agit de l’interprétation de l’outil. Nous avons placé l’image plus nette à côté d’une montre similaire pour faciliter la comparaison. Les aiguilles semblent indiquer 13h15, ce qui est cohérent avec l’analyse des ombres que nous avons effectuée plus tôt.

Le cadran de la montre affiné à l’aide de Topaz avec une montre similaire pour comparaison

Au cours de leur visite, les généraux ont à un moment donné observé Latamné, et le reportage de SANA comprend des images de ce qui semble être des frappes aériennes sur la ville.

En haut : vue de Google Earth depuis le poste d’observation. En bas : le général Ayoub reçoit un briefing en surplomb de Latamné.

En traçant des lignes droites passant par des points fixes sur la carte, nous pouvons établir des zones linéaires là où les frappes montrées à Latamné dans la vidéo de SANA ont eu lieu.

Les lignes le long desquelles les frappes aériennes visibles dans la vidéo de SANA ont eu lieu. Le cercle jaune correspond à l’emplacement de l’hôpital qui a été touché par une munition au chlore plus tard dans la journée.

Bien qu’aucune de ces frappes ne corresponde à l’attaque chimique contre l’hôpital sur laquelle l’IIT a enquêté, cela démontre que les visiteurs observaient bien des frappes en cours sur la ville de Latamné.

Conclusion

La présence du général Ayoub et du brigadier-général al-Hassan à un poste de commandement, assistant à des frappes sur Latamné dans les deux heures précédant une attaque au chlore contre cette ville, est un fait potentiellement significatif. Si les images de reconnaissance qui apparaissent dans la vidéo de SANA étaient bel et bien en direct, alors ils étaient présents au poste de commandement environ 30 minutes avant que les hélicoptères ne décollent de la base aérienne de Hama pour attaquer Latamné avec du chlore.

Compte tenu du temps requis pour les vérifications avant le décollage et le chargement des munitions, il semble probable que cette visite ait donc eu lieu alors qu’une attaque chimique était en préparation sur la ville que les généraux étaient justement en train d’observer.

Comme mentionné précédemment, les Forces du Tigre de Souheil al-Hassan ont déjà été associées à l’utilisation de bombes au chlore larguées par les airs. Sa présence dans un poste de commandement le 25 mars 2017, en train d’assister à des attaques contre Latamné, est une donnée potentiellement importante pour établir la responsabilité de l’attaque au chlore qui a eu lieu plus tard dans la journée.

Avec mes remerciements à Timmi Allen pour avoir aidé à affiner l’imagerie

Article de Nick Waters traduit par le collectif Syrie Factuel

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09.03.2020 à 14:10

Les forces de sécurité grecques feraient usage de munitions de gaz lacrymogène potentiellement mortelles

Syrie Factuel

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Des images et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux suggèrent que les forces de sécurité grecques pourraient utiliser un type de munitions de gaz lacrymogène similaires à celles qui ont causé de graves blessures et la mort de dizaines de manifestants en Irak. Ces images et vidéos publiées par des journalistes, des militants et […]

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Texte intégral (1778 mots)

Des images et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux suggèrent que les forces de sécurité grecques pourraient utiliser un type de munitions de gaz lacrymogène similaires à celles qui ont causé de graves blessures et la mort de dizaines de manifestants en Irak.

Ces images et vidéos publiées par des journalistes, des militants et des politiciens turcs montrent des munitions épuisées à proximité de manifestations de réfugiés tentant d’entrer en Grèce depuis la Turquie.

Image publiée sur le compte Instagram de Radiye Sezer Katırcıoğlu montrant une munition épuisée.

Ces munitions semblent être des grenades de gaz lacrymogène à longue portée, qui ont été identifiées pour la première fois par la Omega Research Foundation. Contrairement aux grenades de gaz lacrymogènes normales, qui ont une portée limitée et sont peu susceptibles de causer des blessures importantes, ces munitions à longue portée sont conçues pour être tirées à des distances beaucoup plus grandes, généralement à 150 m. Elles disposent ainsi généralement de beaucoup plus d’énergie cinétique que les grenades de gaz lacrymogène normales. Dans le cas présent, le projectile a également une tête pointue.

Image d’une munition qui aurait été récupérée à la frontière gréco-turque.

Les inscriptions sur ces projectiles indiquent qu’il s’agit de CS 560 longue portée provenant du fabricant Defence Technology – Federal Laboratories. En bref : des grenades lacrymogènes à longue portée.

Inscriptions : CS 560, n ° 560 FEDERAL SPEDEHEAT, LONG RANGE PROJECTILE, IRRITATING AGENT (CS) (« projectile à longue portée, agent irritant »). (Source)

À gauche : grenade 555 CS de Federal Laboratories (Source). À droite : grenade CS 560 récupérée à la frontière gréco-turque (Source)

Une fiche technique de la police datant de 1969 précise que cette munition pèse 284 grammes, que sa vitesse à la bouche (vitesse à laquelle un projectile sort d’une arme) est de 68,58 mètres par seconde et que sa portée est de 150 mètres. Impossible pour l’heure de dire si les versions récentes de cette munition possèdent des caractéristiques différentes.

Fiche technique de la grenade Federal 560 CS

La combinaison d’une plus grande énergie cinétique et d’une tête pointue rend ce type de munition potentiellement mortelle pour quiconque la reçoit. Selon Amnesty International, des munitions similaires de grenade lacrymogène, étourdissantes ou éclairantes de longue portée ont été largement utilisées lors des récentes manifestations en Irak, entraînant ainsi la mort de dizaines de personnes. Leur sobriquet de « moins létales » a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses moqueries.

Des images prises le 1er mars montrent clairement un membre des forces de sécurité grecques chargeant une grenade 560 CS dans son arme, confirmant ainsi que ce type de munition est actuellement utilisé à la frontière.

Les images et vidéos de cette munition semblent avoir été prises à la frontière gréco-turque. Plusieurs comptes distincts ont publié des images et des vidéos de ces munitions, affirmant tous qu’elles étaient utilisées à la frontière. Katırcıoğlu a ainsi affirmé que les images qu’elle avait publié avaient été prises au poste frontière de Pazarkule, près de la ville d’Edirne. Ces images correspondent aux images taguées de cet emplacement sur Google Earth.

À gauche : image du poste frontière d’Edirne Pazarkule taguée sur Google Earth. À droite : image publiée par Katırcıoğlu

L’utilisation de ce type de munitions pourrait expliquer les nombreuses affirmations, images et vidéos parlant de manifestants grièvement blessés ou morts à la frontière gréco-turque. Ainsi, le 2 mars, un Syrien aurait été tué par un tir à la gorge. Un porte-parole du gouvernement grec a déclaré qu’il s’agissait d’une «fake news».

Tweet d’un porte-parole du gouvernement grec, affirmant que la mort d’un manifestant serait une «fake news»

Article de Nick Waters, traduit par le collectif Syrie Factuel

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09.03.2020 à 13:23

La fusillade en Syrie qui révèle un environnement précaire pour les forces américaines

Syrie Factuel

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Un simple poste de contrôle situé dans le Nord-Est de la Syrie est récemment devenu un point de grand intérêt. Dans cette nouvelle collaboration de Bellingcat avec Newsy, nous vous expliquons pourquoi. Les troupes américaines patrouillent à la frontière syro-turque depuis 2017. Ces patrouilles ont pour objectif d’essayer de calmer les tensions entre différentes factions […]

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Lire plus (424 mots)

Un simple poste de contrôle situé dans le Nord-Est de la Syrie est récemment devenu un point de grand intérêt. Dans cette nouvelle collaboration de Bellingcat avec Newsy, nous vous expliquons pourquoi.

Les troupes américaines patrouillent à la frontière syro-turque depuis 2017. Ces patrouilles ont pour objectif d’essayer de calmer les tensions entre différentes factions locales. Ces tensions ont notamment concerné la Turquie – qui est, et c’est un point crucial, un partenaire de l’OTAN – et les milices kurdes qui ont aidé les États-Unis dans leur combat contre l’État Islamique.

Pourtant, en octobre 2019, le président américain Donald Trump a soudainement annoncé que les troupes américaines allaient se retirer du Nord-Est de la Syrie. Ce qui laissait à la Turquie toute la liberté d’y envoyer ses propres troupes. L’invasion turque a finalement amené à la mise en place de patrouilles russes, et a renforcé la présence des forces du régime syrien dans la zone.

Selon un vieil adage, « trop de cuisiniers gâtent la sauce ». C’est exactement de cela qu’il s’agit ici, d’autant que le retrait total des troupes américaines n’a finalement pas eu lieu.

Regardez la vidéo pour comprendre comment une situation déjà extrêmement tendue et confuse peut finir par déraper.

Note : L’équipe the Newsy + Bellingcat a reçu début mars le prestigieux Scripps Howard Award for Innovation.

Un article de l’équipe d’investigation de Bellingat traduit par Syrie Factuel

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