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28.07.2025 à 21:26

La corde raide avec Trump

Mykola Riabtchouk
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Lors du dernier sommet de l’OTAN, Donald Trump a amorcé un léger revirement sur l’Ukraine. Une évolution nourrie par les flatteries de ses alliés, mais pas seulement.

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Texte intégral (2043 mots)

Le politologue ukrainien revient ici sur le dernier sommet de l’OTAN, qui a amorcé le très relatif revirement de Trump vis-à-vis de Moscou. Il décrit l’atmosphère pendant ce sommet où les dirigeants des pays de l’OTAN ont tout fait pour flatter le vaniteux président américain. Cette politique a produit ses fruits, à savoir la déclaration finale de l’Alliance atlantique, signée par Trump. Mais, entre-temps, Poutine continue à détruire l’Ukraine, alors que les Européens peinent à convaincre leurs opinions publiques de la nécessité absolue d’agir avec résolution. 

Le dernier sommet de l’OTAN, qui s’est tenu les 24 et 25 juin à La Haye, était le premier depuis 2022 à ne pas avoir pour thème principal l’Ukraine et sa lutte désespérée contre l’agression russe. Pourtant, paradoxalement, ses résultats ont été largement salués dans le pays comme un grand succès diplomatique tant pour l’Ukraine que pour ses partenaires européens.

Il y a à cela deux raisons, qui sont liées : la déclaration finale en cinq points approuvée par le sommet – la plus courte de l’histoire des sommets – a clairement défini la Russie comme « la menace à long terme pour la sécurité euro-atlantique » et réaffirmé « l’engagement souverain et durable des alliés à apporter leur soutien à l’Ukraine, dont la sécurité contribue à la nôtre ». Ce qui, au cours des trois dernières années, était considéré comme acquis et n’a été que réaffirmé à La Haye, a provoqué pourtant un soupir de soulagement et même une ambiance joyeuse en Ukraine, difficile à comprendre sans tenir compte des changements radicaux survenus dans la politique internationale au cours des six derniers mois et des relations fondamentalement nouvelles entre les États-Unis et leurs anciens alliés.

Le mot le plus court pour décrire ces changements est « trumpisme », cette manière imprudente et égocentrique de faire de la politique, assez typique de nombreuses dictatures et qui, tout à coup, est devenue le style national de la plus grande, la plus ancienne et, vraisemblablement, la plus forte démocratie du monde. L’Ukraine est sans doute la principale victime collatérale de ces changements, dans la mesure où le nouveau président américain a indiqué sa volonté de conclure un accord de paix avec Moscou en acceptant tacitement toutes ses exigences maximalistes (qui équivalent à une capitulation de facto de l’Ukraine) et en exerçant toutes sortes de pressions sur Kyïv, en épargnant à Moscou de nouvelles sanctions (s’abstenant même de condamner l’agression dans des forums internationaux tels que l’ONU, le G7, etc.). Cette « politique de paix » perverse a été correctement interprétée à Moscou pour ce qu’elle est : de l’apaisement. Le nombre de frappes aériennes russes sur les villes ukrainiennes a augmenté de manière exponentielle depuis janvier, la majeure partie étant constituée de « proxy bombings », c’est-à-dire des frappes qui visent délibérément des infrastructures civiles, des zones résidentielles et des personnes.

L’OTAN pourrait bien être une nouvelle victime de cette nouvelle politique, après que le président américain a formulé des revendications territoriales étranges à l’égard du Danemark et du Canada (membres de l’OTAN), menacé de retirer les troupes américaines d’Europe (autre signal encourageant pour Moscou) et, enfin, remis en question l’applicabilité du paragraphe 5 de la Charte de l’OTAN (qui oblige tous les membres à s’entraider en cas d’agression extérieure, en considérant l’attaque contre l’un d’entre eux comme une attaque contre tous). Toutes ces déclarations ont été une musique douce aux oreilles de Poutine, qui a rapidement appris à manipuler l’ignorance, la vanité et la bouffonnerie de son « pote » autoproclamé à Washington. Les six mois de « négociations de paix » menées par Moscou constituent sans doute un excellent cas d’étude illustrant la perfidie calculée d’un côté et la stupidité mal calculée de l’autre.

Dans ce contexte, la signature par les États-Unis du document final, qui réitère l’engagement de l’OTAN à aider l’Ukraine, reconnaît la Russie comme la principale menace pour la sécurité (aux côtés du terrorisme international) et maintient implicitement, par défaut, la validité des promesses passées d’admettre à terme l’Ukraine dans le club (malgré la tendance de Trump à vouloir passer outre à la demande de Poutine). Tout cela peut constituer une agréable surprise et une bonne raison de se réjouir.

La plupart des commentateurs attribuent ce succès (relatif) aux talents diplomatiques et aux efforts pragmatiques des dirigeants européens qui auraient apparemment appris de Moscou comment jouer sur l’arrogance et le narcissisme de Donald Trump. Probablement à partir du désastre spectaculaire de Zelensky dans le Bureau ovale à la fin du mois de février, ils ont conclu de manière raisonnable (et l’ont fait savoir à leur homologue ukrainien) que le nouveau président américain n’est pas quelqu’un qui tolère les opinions contraires aux siennes, et qui n’est pas enclin à écouter des arguments qui le dérangent. Le sommet de l’OTAN à La Haye a été mis en scène comme un one-man show où tout l’univers tournait autour du roi Don. Celui-ci a été logé dans le palais royal, en tant qu’invité personnel du roi et de la reine des Pays-Bas, il a été félicité et remercié par tous les participants au sommet, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte jouant un rôle de premier plan dans ces flatteries et ces compliments. Même le président Zelensky, pour faire plaisir à son patron, a changé sa traditionnelle tenue paramilitaire kaki pour quelque chose qui ressemblait à un costume noir.

Certains observateurs se sont empressés de tourner en dérision tout ce spectacle, y voyant une humilité des Européens frôlant l’humiliation. Rishi Iyengar et John Haltiwanger, de Foreign Policy, ont même intitulé leur rapport sur le sommet de l’OTAN « Le syndrome de Stockholm à La Haye », comparant les participants à des otages ou à des victimes d’abus qui développent des sentiments positifs envers leur agresseur. D’autres ont toutefois estimé que ces efforts avaient porté leurs fruits et que c’était le succès final qui comptait vraiment. Comme l’affirmait Hans Morgenthau il y a longtemps dans son ouvrage classique Politics Among Nations (1948), « l’éthique abstraite » n’est pas applicable dans le domaine des relations internationales. « La moralité des décisions politiques, affirmait-il, ne doit pas être jugée par les intentions, mais par les résultats. » De ce point de vue « réaliste », on pourrait soutenir que c’est en réalité Trump qui a été humilié par des conspirateurs qui l’ont traité comme un enfant capricieux ou une personne mentalement déficiente, lui assurant qu’il n’était pas seulement un « Napoléon », mais le plus grand « Napoléon » de tous les temps et de tous les pays.

Il pourrait y avoir une autre raison qui a poussé le président américain, connu pour son caractère imprévisible, à adopter une position plus conciliante vis-à-vis de l’Ukraine et de ses alliés de l’OTAN. Cette raison est purement interne et découle de l’opinion publique américaine, qui désapprouve de plus en plus l’apaisement de Trump envers Poutine et sa position ferme envers l’Ukraine et les Européens. Un sondage d’opinion réalisé en mai-juin indique que 37 % des personnes interrogées estiment que l’administration Trump favorise la Russie dans les négociations visant à mettre fin au conflit, 36 % estiment qu’elle adopte une approche neutre et seulement 14 % affirment que la Maison-Blanche favorise l’Ukraine. Et comme la plupart des Américains ont une opinion très négative de Poutine, considèrent la Russie comme un adversaire majeur et une menace pour leur sécurité, et condamnent massivement son agression contre l’Ukraine, le président ne peut pas ignorer complètement ces opinions et compter exclusivement sur son électorat MAGA. Les critiques croissantes à l’égard de la politique de Trump au Congrès, y compris les voix de républicains influents, ont peut-être également contribué à modifier sa position initiale. Enfin, les membres de l’OTAN ont convenu à La Haye d’augmenter progressivement leurs dépenses de défense pour les porter à 5 % du budget, ce que le président américain, connu pour ses fanfaronnades, pourrait présenter à ses fidèles électeurs comme une victoire majeure.

On ne sait pas combien de temps il restera dans cet état d’esprit. Ce qui est clair, en revanche, c’est que le président russe a correctement évalué la menace et a répondu par une proposition trompeuse visant à reprendre les « pourparlers de paix » avec l’Ukraine à Istanbul – un écran de fumée perfide qui lui permet d’assassiner davantage d’Ukrainiens, de bombarder des infrastructures et d’échapper à toute sanction sérieuse de la part des États-Unis. 

Un autre problème pour les Ukrainiens et les Européens viendra de l’intérieur, s’ils ne parviennent pas à accompagner leur modeste succès en politique internationale par des succès beaucoup plus importants sur le plan intérieur, notamment dans le domaine délicat de la communication publique. Certes, selon des sondages réalisés à l’échelle européenne, la majorité des personnes interrogées approuvent la poursuite du soutien à l’Ukraine, reconnaissent la menace russe et acceptent d’augmenter progressivement les dépenses de défense. Elles désapprouvent les pressions exercées sur Kyïv pour que l’Ukraine cède les territoires occupés ou la levée des sanctions contre la Russie, même si les États-Unis changent de cap.

Le diable est toutefois dans les détails : ces mêmes sondages révèlent de grandes différences d’opinions et d’attitudes entre les pays, les partis politiques et les groupes sociaux. Cela signifie que le succès relatif du sommet de l’OTAN à La Haye ne marque pas la fin, mais seulement le début d’un travail difficile. Comme l’a fait remarquer avec ironie l’ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker : « Nous savons tous ce qu’il faut faire. Nous ne savons simplement pas comment être réélu après l’avoir fait. »

Traduit de l’anglais par Desk Russie

Version originale : Tightroping with Trump

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28.07.2025 à 21:26

Columbo à Washington

Marianna Perebenesiuk
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La présidence Trump ressemble à la rediffusion d’un feuilleton culte au style un peu démodé. Mais ce qui se joue, ce n’est pas un script. Ce sont des vies humaines.

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Texte intégral (835 mots)

Avec un humour caustique, notre autrice compare la présidence de Donald Trump à la série télévisée Columbo. Mais Columbo cherchait — et trouvait la vérité. C’est en revanche le cadet des soucis de Trump. Il faut résister à la fascination pour la série télé de la Maison-Blanche. Ce qui se joue n’est pas un script, ni un énième rebondissement dans une série politique. Des civils ukrainiens meurent chaque jour sous les bombes ou sont traqués par les drones de l’armée russe. Et le sort de l’Ukraine, sa survie et sa victoire dépendent d’abord de nous. De l’Europe.

Depuis le 20 janvier 2025, le public suit, presque sans s’en rendre compte, une étrange série télévisée. C’est comme une rediffusion d’un feuilleton culte au style un peu démodé. On y trouve un monsieur bizarre qui se veut vieux jeu mais qui ne respecte rien, se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et l’assume avec un plaisir à peine caché. Il parle beaucoup mais de manière tellement confuse qu’on ne sait jamais vraiment de quoi il s’agit. Il évoque parfois son épouse – qu’on ne voit jamais – mais qui semble être à l’origine de toutes ses décisions. On dirait une nouvelle saison de Columbo sans la bonne musique. Mais non : il s’agit de la seconde présidence de Donald Trump.

Et comme dans un feuilleton, le public suit chaque rebondissement au jour le jour, à coups de « priorités au direct » et de déclarations nombreuses : la guerre en Ukraine, les tensions au Proche-Orient, les conflits commerciaux. À chaque épisode, Trump tourne en rond sans logique apparente, radote, change d’avis, revient sur les mêmes sujets, les contourne, les répète sans jamais les clarifier. Le tout, dans une atmosphère de suspense absurde et d’incohérence savamment entretenue – à la manière du célèbre lieutenant au pardessus froissé.

Pour parfaire la ressemblance, Trump a même sa propre « Madame Columbo » : Melania Trump, figure aussi énigmatique que la fantomatique épouse de Columbo, évoquée uniquement à travers les propos de son mari. On ne l’entend jamais, mais c’est elle qui inspire ses choix. Mieux encore : Trump s’est entouré de toute une galerie de « Mesdames » et de « neveux », chacun servant de justification à ses décisions ou plutôt à ses absences de décision. S’il doute de l’utilité de ses échanges avec Poutine, c’est parce que Madame Trump lui a soufflé le mot. S’il n’envoie pas de troupes américaines en Ukraine, c’est « parce que le vice-président n’en veut pas ».

Que voulez-vous ? À la manière d’un Columbo, Trump écoute, interroge, rumine…

Mais la comparaison s’arrête là. Car entre Columbo et Donald Trump, il y a une différence, et de taille : la fiction, elle, ne tue pas. Ce feuilleton-là, Trump l’écrit, le met en scène et le monte lui-même. C’est sa spécialité : star de la téléréalité The Apprentice, et il continue de traiter le pouvoir comme un spectacle, avec ses effets dramatiques, ses mises en scène et ses faux suspenses. Souvenons-nous de cette scène glaçante à la Maison-Blanche, lorsque le président ukrainien fut prié de partir, conclue par la phrase adressée par Trump aux journalistes : « Ça va vous faire une belle séquence télé. »

Et c’est précisément pour cela qu’il devient urgent d’éteindre la télé.

Ce qui se joue n’est pas un script, ni un énième rebondissement dans une série politique. Ce sont des vies humaines. Des civils ukrainiens meurent chaque jour sous les bombes ou sont traqués par les drones de l’armée russe. Des milliers de soldats tombent, blessés ou tués, sur les lignes de front. Des villes sont attaquées quotidiennement.

Et cela ne dépend pas d’un scénariste à Washington. Que l’aide militaire américaine se poursuive – voire s’intensifie – ce sera un atout et il faut tout mettre en œuvre pour que ce soit le cas. Mais le sort de l’Ukraine, sa survie et sa victoire dépendent d’abord de nous. De l’Europe. Car l’Ukraine est en Europe, elle est l’Europe. Elle n’est ni un théâtre de guerre éloigné, ni un épisode dans une série politique américaine. Il est temps de cesser d’en être les spectateurs.

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28.07.2025 à 21:25

À la recherche de l’idéologie perdue

Anton Koslov
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L’un des plus odieux idéologues russes, Sergueï Karaganov, est l’auteur principal d’un texte programmatique récent qui veut définir l’essence de ce que signifie d’être russe.

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Texte intégral (4538 mots)

L’un des idéologues russes les plus radicaux, Sergueï Karaganov, est l’auteur principal d’un texte programmatique récent qui veut définir l’essence de « l’État-civilisation » russe et ce que signifie être russe. L’auteur décortique ce magma verbal qui ne donne pas de fondement rationnel à la politique, mais le remplace par une structure sacralisée, construite comme rituel ou dogme. Il s’agit d’un manichéisme néo-bolchévique : soit tu es croyant, soit tu es un ennemi. Effrayant !

Depuis le milieu des années 1990, la Russie entreprend des tentatives constantes pour formuler une idéologie d’État capable de remplacer le marxisme. Car, après l’effondrement de l’URSS, la Russie s’est retrouvée sans noyau symbolique, sans le « ciment idéologique » qui assurait auparavant la téléologie et la légitimation du pouvoir. En 1995, l’administration du président Boris Eltsine lança un concours pour une « idée nationale ». Ce fut un geste de désespoir : le pays se régionalisait, les élites se fragmentaient, et la population se trouvait dans un état de choc moral et social. Le pouvoir tentait de trouver un discours universel qui unifierait la société. Cependant, le concours tourna à l’échec. Une quantité énorme de propositions fut présentée – des orthodoxes-monarchistes aux libérales-cosmopolites, mais aucune d’entre elles ne fut véritablement unificatrice. Cela démontra l’impossibilité d’ « inventer » une idéologie par le haut – dans des conditions où la société est désunie et où l’idée même d’idéologie est perçue avec suspicion.

Néanmoins, depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir, les autorités russes, avec une persévérance qui mériterait une meilleure application, tentent régulièrement de présenter à la société et au monde ce qu’on peut appeler « l’idéologie d’État russe ». En mars 2023, le Kremlin publia une conception actualisée de la politique étrangère russe, dans laquelle, pour la première fois au niveau officiel, la Russie était déclarée État-civilisation.

Et voici qu’apparaît maintenant un nouveau projet idéologique « L’Idée vivante – rêve de la Russie. Code du Russe au XXIe siècle » [Russe est utilisé ici pour traduire le terme rossianine, c’est-à-dire tout citoyen de Russie quelle que soit son « origine ethnique », NDLR], préparé sous l’égide du Conseil de politique étrangère et de défense. L’auteur principal de ce document programmatique est Sergueï Karaganov, expert en relations internationales, directeur scientifique de la faculté d’économie mondiale et de politique mondiale de l’École supérieure d’économie. Il est connu en Europe surtout pour son appel en juin 2023 à des frappes nucléaires contre les États membres de l’OTAN en Europe.

Le retour du sacré en politique dans ce contexte ne constitue pas une simple restauration de l’éthique religieuse ou des valeurs traditionnelles. Il s’agit d’une transformation plus profonde de l’imagination politique, dans laquelle la Russie est considérée comme sujet métaphysique, porteuse d’une mission unique, appelée à sauver « l’humain dans l’homme ». Ce langage prétend être le fondement normatif d’un nouveau paradigme de gouvernance, où la légitimité se construit sur l’appartenance à une mission historico-culturelle.

Ainsi, nous avons affaire à un ensemble d’idéologuèmes, un texte destiné à l’enthousiasme mobilisateur. Ce texte est intéressant surtout par la manière dont il agit : comment il produit un sujet, construit un ennemi, sacralise la guerre, et dote le pouvoir d’un statut ontologique. En ce sens, il représente un nouveau type de mythe politique post-séculier – combinant rhétorique antiglobaliste, ressentiment post-soviétique, exégèse orthodoxe et philosophie antidémocratique de l’histoire.

Le mythe de l’État-civilisation : stratégie d’auto-identification totale

L’une des constructions clés du texte est la notion déjà mentionnée d’ « État-civilisation ». Ce n’est pas simplement un terme géopolitique, mais une désignation profondément symbolique, à l’aide de laquelle s’effectue la redéfinition de l’identité de la Russie comme sujet dépassant les limites de l’État national. Dans cette formule, la Russie cesse d’être une formation spatio-juridique et se transforme en un être mystique, englobant une multitude d’ethnies, de religions, et même de codes culturels hétérogènes – mais unis par un « esprit », une « sobornost » et une « mission » uniques.

Cette redéfinition sert plusieurs objectifs. Avant tout, elle permet d’annuler les frontières ethniques de la Russie, en les remplaçant par l’appartenance civilisationnelle. Le Russe, à l’instar du Russien, selon le texte, n’est pas tant celui qui est né russe, que celui qui « aime la culture commune », parle la langue russe et partage le « rêve de la Russie ». Ainsi, l’identité nationale se transforme en appartenance idéologique. Ce n’est pas simplement une stratégie d’intégration – c’est un moyen de créer un empire post-ethnique, dans lequel l’appartenance, déterminée par la loyauté symbolique, remplace l’origine ethnique.

Deuxièmement, l’idée de la Russie comme « civilisation de civilisations » permet d’inverser le statut de la périphérie. La multinationalité, l’hétérogénéité, le pluralisme religieux – ce qui dans les théories de modernisation était considéré comme faiblesse, est ici déclaré source de force. La Russie devient une source d’universalité civilisationnelle.

La troisième conséquence de cette conception devient le refus de l’européanité historique de la Russie. La formule « nous sommes les héritiers de Byzance et de la Grande Mongolie », répétée à plusieurs reprises dans le texte, rompt symboliquement avec l’identité ouest-européenne et transfère la source de légitimité vers l’Orient. Il ne s’agit pas d’un simple « tournant vers l’Orient » (en politique étrangère), mais d’une reconfiguration profonde de la conscience de soi historique. La Russie n’est pas simplement une non-Europe – elle ne doit pas être l’Europe, car l’Europe a déjà renoncé à sa mission spirituelle, devenant porteuse de valeurs « post-humaines ».

Ainsi nous avons affaire à une auto-identification totale, ne tolérant pas l’ambivalence. Si, dans la période soviétique la Russie se pensait comme État avec un projet universaliste (le communisme), maintenant l’universalisme a pris un signe inverse : ce n’est pas le progrès, mais le retour à la source, à la tradition, à la forme spirituelle originelle. Cela permet de formuler une opposition normative : l’Occident c’est le nihilisme, la Russie c’est le supérieur dans l’homme. Cette dichotomie rend impossible le compromis et assure également le fondement idéologique de la mobilisation.

C’est précisément dans le cadre de cette auto-identification totale que se forme la figure de l’ennemi – l’Occident comme civilisation de la décomposition et de la dégradation métaphysique. Mais contrairement au socialisme soviétique, qui proposait un modèle alternatif d’organisation sociale (justice sociale, progrès, collectivisme), ici l’alternative prend la forme d’un sentiment sacré, d’une « connaissance » intuitive – cette même « conscience d’amour » dont parle le texte. Ce n’est pas une politique d’idées, mais une politique de sentiments, une politique d’humeur. Elle exige surtout la loyauté avant la conviction.

Anthropologie contre l’Occident : de la critique de la modernité à sa démonisation

Le nerf central de l’Idée vivante n’est pas tant un programme positif qu’une anthropologie négative de l’Occident. Le modèle de « l’humain dans l’homme », que le texte propose de défendre, se forme avant tout par un rejet radical de la modernité occidentale, décrite comme processus de dégradation, de dévaluation et de déshumanisation. Dans cette logique, la Russie n’est pas simplement un pays ayant ses propres valeurs – elle devient le seul refuge pour l’humain en tant que tel.

Au centre de la critique se trouve la figure de l’homme occidental moderne, réduit au consommateur, « animal numérique », coupé de la tradition, de Dieu et de la famille. Sa subjectivité se dissout dans les flux d’information, ses désirs sont interceptés par les algorithmes, son corps – objet de manipulation, sa liberté – illusion. Tout ce qui fait l’homme humain – travail, amour, mémoire, éducation, participation – est détruit par le capitalisme, le libéralisme, les technologies numériques et les idéologies en « -isme » et autres (féminisme, transhumanisme, LGBT, etc.). Cette critique anthropologique acquiert des traits eschatologiques : la civilisation occidentale est décrite comme règne satanique, entraînant l’humanité dans l’abîme du post-humain.

Cette rhétorique fait écho tant à l’eschatologie chrétienne primitive qu’à la philosophie de la culture d’Oswald Spengler et du penseur russe Nikolaï Danilevski. Il faut noter entre parenthèses que, parmi tous les penseurs russes, le pouvoir poutinien a choisi Danilevski, un penseur fondamentalement antichrétien. Pour un chrétien, l’histoire possède un télos, une finalité, et un horizon eschatologique. Son développement est conçu comme un processus linéaire unifié. Chez Danilevski, en revanche, l’histoire est constituée d’une pluralité de cycles clos : chaque culture traverse les phases de naissance, d’épanouissement et de mort. Il n’existe chez lui ni idée de salut universel, ni concept d’une histoire unique de l’humanité. En ce sens, sa vision est antichrétienne, ou plutôt anti-abrahamique, car elle rejette l’idée même d’une histoire providentielle, orientée vers un accomplissement. Sa philosophie de l’histoire est radicalement opposée à la pensée eschatologique chrétienne. Chez Danilevski, il n’y a pas de vérité universelle, hormis celle de la pluralité des types historico-culturels. Il affirme un principe de clôture culturelle, en contradiction avec l’universalité missionnaire du christianisme.

Cependant, contrairement à Spengler ou Danilevski, le texte de l’Idée vivante renonce à l’analyse philosophique et passe à la description rituelle de la menace, dans laquelle le danger et l’ennemi sont présentés sans analyse, non en termes de relations de cause à effet ou d’arguments, mais sous forme d’énoncé répétitif, émotionnellement coloré, rappelant une incantation. L’Occident est présenté comme source de « contagion » – culturelle, sexuelle, technologique – qui a déjà commencé à détruire le fondement même de l’homme en tant que genre et espèce. Dans ce modèle, la culture devient non expression de l’esprit, mais instrument de contamination. Même des catégories comme le genre, le corps, la sexualité, l’éducation, sont présentées comme objets de transformation hostile.

S’oppose à cela la figure du Russe – comme porteur d’humanité résiduelle, lié à la tradition, et à la foi. Mais cette figure n’a pas d’enveloppe sociale concrète. Elle est à la fois populaire et élitaire, orthodoxe et multiconfessionnelle, conservatrice et messianique. C’est le porteur d’un potentiel sacré : capacité d’aimer, de se sacrifier, de porter le « rêve vivant ». Le Russe n’agit pas – il témoigne par son existence que l’homme est encore possible.

Ainsi, le texte affirme un type anthropologique particulier, enraciné dans l’altérité métaphysique de la Russie. L’Occident – c’est l’anti-homme. La Russie – c’est l’homme capable d’être plus qu’homme, porteur du divin. Une telle anthropologie ne laisse pas d’espace pour le dialogue ou l’échange : elle suppose la défense, et en perspective – l’offensive. Le texte parle directement de la nécessité d’une « défense offensive de l’humanité » – c’est-à-dire non seulement d’une résistance, mais de l’exportation de mission spirituelle. Dans cette logique, la guerre – et avec l’Ukraine, et avec l’Occident – cesse d’être un acte politique. Elle reçoit une justification anthropologique : il ne s’agit pas de défendre des frontières, mais de sauver l’homme même de la déshumanisation. La géopolitique cède ici la place à l’eschatologie. La guerre devient une forme de lutte pour l’intégrité de l’homme futur. Ainsi, le texte construit une théodicée anthropologique, dans laquelle la Russie sauve non seulement elle-même, mais l’Homme comme idée. Cette affirmation maximaliste rend impossible le compromis et le règlement rationnel : l’enjeu est l’être même de l’homme.

Idéologie sans nom : contournement de l’article 13 et sacralisation de la guerre

L’un des paradoxes remarquables de l’Idée vivante est son inventivité rhétorique pour contourner l’interdiction directe de l’idéologie d’État, inscrite dans l’article 13 de la Constitution de la Fédération de Russie. Selon cet article, « aucune idéologie ne peut être établie en tant qu’étatique ou obligatoire ». Cependant, le texte propose une démarche alternative : si l’idéologie est suspecte, appelons-la rêve. Le rêve, selon la logique des auteurs, ne contraint pas – il inspire. On ne peut l’imposer – mais on peut l’inculquer, l’éduquer, l’implanter à travers la culture, l’éducation, « les manuels et l’art ».

Ce truc euphémistique permet de produire une ré-institutionnalisation de l’idéologie, sans la nommer. Ainsi, le « Code du Russe » se révèle être une norme morale-éthique, agissant dans la logique du sacré – comme une révélation. C’est une échelle symbolique de loyauté, selon laquelle sera mesurée la disposition à entrer dans la « classe dirigeante ». En ce sens, le texte introduit un modèle, informel mais rigide, de filtrage de l’élite selon le critère d’appartenance au rêve.

Sur ce fond se forme également le second axe de légitimation – la guerre comme forme de cristallisation idéologique. Le texte souligne à plusieurs reprises que la guerre moderne n’est pas seulement un conflit pour le territoire, mais une « guerre pour l’homme », « pour le sens », « pour le code civilisationnel ». Ainsi, la guerre n’est pas une défaillance tragique du système, mais son apogée. Elle est le rituel d’auto-affirmation, dans lequel la nation se purifie, prend conscience d’elle-même, se sacrifie et renaît. Autrement dit, la guerre apparaît comme une forme de légitimation ontologique de l’État.

Ce motif continue la tradition du messianisme russe, dans laquelle souffrance et violence purifient la nation, lui donnent une dimension sacrée. Mais, contrairement à la version religieuse, où la souffrance est perçue comme voie vers la rédemption, elle devient ici instrument de mobilisation. Elle légitime les sacrifices et rend impossible l’opposition politique : toute critique de la guerre se révèle par définition trahison anthropologique, refus du rêve, de l’homme, de la Russie.

Intéressant aussi est le moyen par lequel le texte nie la possibilité de la neutralité. Toute tentative de se distancier de « l’idée vivante » est interprétée comme soit infantilisme, soit trahison, soit contamination par le virus de l’occidentalisme. Ainsi, le texte introduit la loyauté idéologique totale, tout en réfutant le terme « idéologie ». Ce n’est pas un État idéologique au sens soviétique, mais un État où l’idéologie ne se prononce pas, et pourtant agit partout : dans la culture, dans la rhétorique, dans les standards éducatifs, dans le langage de la guerre.

La sacralisation de la guerre s’accompagne en même temps d’une double fonction d’exclusion et d’inclusion. Sont inclus ceux qui rêvent, qui aiment, qui « croient en l’homme ». Sont exclus ceux qui doutent, qui insistent sur le pragmatisme, le compromis, les mécanismes démocratiques. Cette division binaire n’est pas politique – elle est ontologique. Elle forme une nouvelle forme de citoyenneté : être russe signifie être initié à l’idée vivante, être capable de mourir pour elle, être participant du corps sacré de la nation.

Telle est l’idéologie sans nom : elle ne se déclare pas, elle se respire, comme atmosphère. Elle ne s’impose pas, elle s’absorbe « avec le lait maternel ». Elle ne se prouve pas, elle se ressent comme devoir. Et c’est pourquoi il est impossible de la contester sans risquer de perdre le droit à l’existence.

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Le chef du chœur masculin Format russe remet à l’archevêque Alexandre du Kazakhstan, pour son anniversaire, un obus orné d’une « icône » représentant Alexandre Nevski. // Publication du chœur Format russe sur VKontakte

Esthétique contre démocratie : modèle d’autocratie de leadership

L’un des éléments les plus provocateurs de l’Idée vivante est sa critique conséquente de la démocratie comme forme d’organisation politique. Cette critique ne se base pas sur des défauts institutionnels concrets ou des échecs historiques, mais se construit comme dichotomie esthético-anthropologique : la démocratie est présentée comme inadéquate, et humiliant la dignité du pouvoir et du peuple. Non seulement elle ne fonctionne pas mais elle défigure l’homme et l’humain.

Suivant la logique du nihilisme culturel envers l’Occident, Karaganov affirme que la démocratie dans sa forme contemporaine n’est pas le pouvoir du peuple, mais le mécanisme de domination anonyme des oligarchies. Dans cette logique, les élections n’ouvrent pas au peuple la voie vers le pouvoir, mais servent de rituel d’auto-humiliation, dans lequel les masses se choisissent leurs semblables, c’est-à-dire les pires. C’est une référence directe à la critique aristocratique de l’égalité démocratique comme destruction de la mesure et de la dignité, d’où le mépris latent pour le principe de représentation.

En échange, le texte propose un modèle qu’on peut appeler autocratie esthétique. L’État, selon cette logique, doit être « beau », « élevé », « digne », « dirigé vers l’avenir ». On ne peut le choisir par vote, comme on choisit des marchandises au supermarché. Il doit être objet d’amour, et non de choix. Cette esthétisation du pouvoir exige la promotion d’un leader charismatique – mais comme image, figure, idée. D’où le motif de « l’idée vivante » : l’idée doit être vivante, c’est-à-dire être un phénomène incarné en quelqu’un.

Ainsi la légitimité du pouvoir politique se transfère de l’espace juridique vers l’éthique et le symbolique. Le leader ne prouve pas sa justesse, il l’incarne. Sa force n’est pas dans la procédure, mais dans l’aura. Son règne n’est pas le résultat du contrat social, mais d’une correspondance métaphysique avec l’esprit du peuple. Cela nous rapproche du modèle de monarchie sacrée ou de la théologie politique de Carl Schmitt, dans laquelle le souverain n’est pas simplement porteur du pouvoir, mais figure se tenant hors la loi, parce que c’est précisément lui qui décide quand la loi cesse d’agir.

En même temps, le texte souligne que la démocratie en tant que telle n’est pas un mal, mais l’instrument de groupes dirigeants indignes, fauteurs de décadence. L’idée de méritocratie (promotion des meilleurs) est conservée, mais elle est détachée des procédures démocratiques et se recode dans le langage d’une mission sacrée : le meilleur n’est pas celui qu’on a élu, mais celui qui est fidèle au rêve.

Dans la question de l’alternance du pouvoir, Karaganov reconnaît qu’une trop longue période sans alternance mène à l’apathie managériale mais, en même temps, il souligne que la rotation fréquente du pouvoir détruit sa continuité et sa pensée stratégique. C’est un argument en faveur de l’autoritarisme programmable, où l’alternance est possible, mais régulée par quelque « raison supérieure », logique interne du système, ou providence.

Enfin, toute la critique de la démocratie dans le texte se base sur la rhétorique de la dégradation : la démocratie occidentale, c’est le choix de l’homme infantile, faible, immature, dépendant. C’est le pouvoir des adolescents. La Russie doit affirmer le pouvoir des matures, capables de sacrifice, qui comprennent le sens du destin et respectent la verticalité. La politique, ainsi, devient affaire des forts, et non des élus.

Conclusion : l’ « idée vivante » comme mythe politique

« L’Idée vivante – rêve de la Russie » est un texte dans lequel la rhétorique du sacré remplace l’analyse, et les notions d’amour, de sobornost et d’esprit remplacent la politique concrète. Sa fonction principale n’est pas l’explication, mais la mobilisation, et la définition d’appartenance existentielle. C’est une tentative de créer un mythe politique de type nouveau.

Toute la structure discursive de « l’Idée vivante » se base sur la répétition de trois thèses : la Russie = civilisation, l’Occident = décomposition, la Russie = salut. Ces trois points, non développés et non vérifiables, deviennent axiomes, autour desquels tourne toute la rhétorique. Cela produit une tautologie idéologique, fermée sur elle-même, dépourvue de dialogue et de relation critique à son propre présupposé. Elle ne construit pas d’argumentation, elle condense la foi – précisément comme répétition du même à travers une multitude de variations.

Une telle répétition, comme l’écrivait Roland Barthes, est le seuil du mythe : quand le langage cesse de signifier et commence à symboliser,  et ne peut plus  être mis en doute. Ainsi se construit la logique rituelle de l’idéologie – elle ne convainc pas, mais rend le sens indiscutable à travers le rythme des répétitions, des images archétypiques, des mots de résonance. Le sens ne s’énonce pas – il circule.

Pour assurer une telle circulation, le texte s’appuie sur des signifiants flous et symboliquement surchargés : peuple, tradition, Dieu, amour, sobornost, empire. Leur force réside précisément dans le fait qu’ils ne fixent pas la signification, mais attirent vers eux tous les sens qui correspondent à la tâche politique actuelle. Cela donne au texte flexibilité, résistance à la critique et universalité d’application.

Tout cela compose une conception qui ne donne pas de fondement rationnel à la politique, mais le remplace par une structure sacralisée, construite comme rituel ou dogme. Ce n’est ni moderne, ni postmoderne, ni archaïque, c’est une forme de contre-modernisation symbolique, dans laquelle la politique retrouve une dimension sacrée. Mais ce sacré est dépourvu de noyau mystique : Dieu, tradition, empire, peuple – tout cela est ici enveloppes rhétoriques, signifiants flottants, remplis de contenu selon les besoins de la mobilisation politique actuelle. C’est précisément en ce sens que « l’idée vivante-rêve » n’est pas une idéologie, mais un système de reproduction rhétorique, maintenant la stabilité du pouvoir par la production de sentiments et d’émotions positifs envers ce pouvoir.

En fin de compte, « l’Idée vivante » révèle la faiblesse : l’incapacité du pouvoir russe contemporain à articuler un projet politique rationnel, basé sur les principes de responsabilité, de multiplicité et de discussion. Cela témoigne d’une misère intellectuelle profonde et d’un refus systémique de la pensée en tant que telle. Là où la pensée se substitue par l’incantation, là où la vérité se réduit à la présence rhétorique, et l’appartenance politique se détermine par la foi, disparaît l’espace public, dans lequel l’action authentique est possible.

Ainsi, nous avons affaire non simplement à un texte idéologique, mais au symptôme d’une crise plus fondamentale : perte de la cohésion sociale, d’un espace public où le désaccord sans hostilité est possible. Hannah Arendt appelait une telle cohésion « pluralité » – la présence qualitative de différences, sans lesquelles la politique comme coexistence et compromis est impensable. Dans le texte de Karaganov, au contraire, la pluralité est annihilée et il ne reste pas de sujet, mais une fonction : soit tu es croyant, soit tu es ennemi. Un tel manichéisme néo-bolchévique est une voie ouverte vers la conscience totalitaire. Et si « l’Idée vivante » reflète réellement l’état de l’élite russe, alors ce n’est pas un projet d’avenir, mais le striptease d’un pouvoir ayant perdu toute capacité de dialogue intellectuel et de pensée rationnelle.

<p>Cet article À la recherche de l’idéologie perdue a été publié par desk russie.</p>

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