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01.05.2024 à 05:00

Rappelons-nous, en cette journée internationale du travail 2024, qu'il n'y a pas de démocratie sans syndicats

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L'année 2024 est décrite comme une « super année électorale » historique, et pour cause : près de quatre milliards de personnes se rendront aux urnes dans plus de 40 pays. Pourtant, si nous examinons l'état de la démocratie dans le monde, a fortiori à l'aune des droits syndicaux, nous constatons qu'elle est gravement malade et qu'elle a besoin de soins urgents. Le mouvement syndical international est le plus grand mouvement social au monde. Nous constituons un maillon essentiel de tout système (...)

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Texte intégral (1575 mots)

L'année 2024 est décrite comme une « super année électorale » historique, et pour cause : près de quatre milliards de personnes se rendront aux urnes dans plus de 40 pays. Pourtant, si nous examinons l'état de la démocratie dans le monde, a fortiori à l'aune des droits syndicaux, nous constatons qu'elle est gravement malade et qu'elle a besoin de soins urgents. Le mouvement syndical international est le plus grand mouvement social au monde. Nous constituons un maillon essentiel de tout système démocratique qui se veut efficace, et nous possédons les valeurs démocratiques et l'expérience nécessaires pour prendre position « Pour la démocratie ».

La détérioration de la démocratie est évidente. Son affaiblissement peut être observé dans toutes les régions du monde. Chaque année depuis 2018, plus de pays connaissent un recul net plutôt qu'une amélioration des processus démocratiques, selon le rapport 2023 Global State of Democracy de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale (International Institute for Democracy and Electoral Assistance, IDEA), basé à Stockholm.

Le classement annuel des démocraties (Democracy Index) établi par The Economist Intelligence Unit a attribué au monde une note globale de 5,22 en 2023, contre 5,29 en 2022, à mesure que les guerres et les conflits aggravent les tendances antidémocratiques négatives existantes. Selon cette enquête, si 45,5 % de la population mondiale vit dans une forme de démocratie, seuls 7,8 % des personnes, soit moins d'une sur dix, vivent dans une « démocratie complète », et 39,4 % vivent sous un régime autoritaire.

Cette tendance antidémocratique va de pair avec des attaques antisyndicales à l'échelle mondiale. L'Indice des droits dans le monde 2023 préparé par la Confédération syndicale internationale (CSI) montre que les violations des normes fondamentales ont atteint des niveaux inédits : 87 % des pays ont violé le droit de grève, tandis que 79 % ont violé le droit de négociation collective. L'Indice CSI a suivi l'aggravation de ces chiffres sur une période de dix ans.

Cette hausse notable des atteintes aux droits syndicaux s'est doublée d'une augmentation parallèle des inégalités économiques et de l'insécurité.

Dans les pays où le taux de syndicalisation et la portée des conventions collectives sont élevés, les richesses et le pouvoir sont répartis plus équitablement et la confiance des citoyens dans la démocratie est plus grande.

En 2023, l'Institut V-Dem a identifié la Norvège – où le taux de syndicalisation atteint 49 % et la couverture des conventions collectives 72,5 % – comme la démocratie la plus délibérative et la plus égalitaire au monde. Toutefois, les chercheurs ont également relevé que « le taux de syndicalisation a diminué dans l'ensemble des pays développés et que, dans la plupart des pays, l'avantage salarial lié à la syndicalisation a, lui aussi, reculé ».

Par ailleurs, l'essor de nouvelles formes de fascisme, de nationalisme, de populisme et de xénophobie se serait vu conforté par les politiques d'austérité du capitalisme. Selon une étude de 2022 qui portait sur 200 élections en Europe, les politiques d'austérité auraient, en effet, entraîné « une augmentation significative de la part de voix remportées par des partis extrêmes, une baisse de la participation électorale et une augmentation de la fragmentation politique ». Au lieu de conduire à des économies plus fortes à même de soutenir un État social plus inclusif, les profits ont été privatisés et les pertes socialisées.

Cela revient à trahir la confiance de l'électorat. L'histoire nous montre que les travailleurs recherchent invariablement des alternatives qui promettent de répondre à leurs besoins et que les populistes exploitent cette situation pour remporter les élections et ensuite démanteler les éléments de la démocratie qui leur ont permis d'accéder au pouvoir.

Aucune région du monde n'est épargnée par cette recrudescence des forces antidémocratiques, et ce, alors que nous assistons à une convergence de crises mondiales. Les conflits armés se multiplient, l'urgence climatique s'accélère, la crise de la dette ne peut plus être ignorée et la croissance non régulée des technologies pose d'énormes risques sociaux.

Il est temps de se mobiliser « Pour la démocratie »

Pour contrer ces tendances, nous avons besoin d'un mouvement véritablement démocratique qui dépasse les frontières et rassemble tous les groupes sociaux, un mouvement qui ait le pouvoir et la responsabilité de modifier l'équilibre des pouvoirs sur chaque lieu de travail, dans chaque pays et dans chaque institution mondiale. Ce mouvement, nous l'incarnons, car la démocratie est le projet des travailleurs.

Il est temps que nous, syndicalistes, assumions notre rôle en tant qu'acteurs, combattants et défenseurs des valeurs démocratiques que nous exerçons chaque jour.

C'est pourquoi la CSI a lancé la campagne « Pour la démocratie », qui vise à défendre les fondements de la démocratie sur trois fronts cruciaux : au travail, au niveau national et au niveau mondial.

– Pour la démocratie au travail : sachant qu'il n'y a pas de démocratie sans syndicats, nous affirmons notre droit à la liberté syndicale, à la syndicalisation et à la grève. Nous revendiquons des négociations collectives et un dialogue social, un traitement égal pour tous les travailleurs, un pouvoir égal dans les décisions qui ont un impact sur notre santé, notre sécurité, notre environnement et nos perspectives d'emploi, la fin de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail, ainsi que la démocratie et la représentation au sein de nos structures syndicales.

– Pour la démocratie au niveau sociétal et national : nous revendiquons le droit de manifester et la liberté d'expression. La liberté de la presse joue un rôle essentiel en ce sens. Aussi, devons-nous défendre le rôle des journalistes qui, dans le cadre de démocraties fortes, doivent dénoncer les injustices et sensibiliser l'opinion publique, à l'abri de toutes attaques et persécutions. Nous revendiquons une véritable égalité des genres, des systèmes fiscaux justes, qui soient à même de financer la protection sociale universelle, ainsi qu'une transition juste qui soutienne tous les travailleurs. Nous résistons aux idéologies haineuses d'extrême droite et à la mainmise des entreprises sur l'élaboration des politiques nationales.

– Pour la démocratie au niveau mondial : nous demandons la réforme des structures économiques internationales en vue de la création de systèmes inclusifs qui accordent la priorité au bien-être public, aux droits humains et aux normes du travail plutôt qu'au profit privé. Nous demandons la protection et la promotion d'un multilatéralisme démocratique représentatif et d'une coopération mondiale équitable pour parvenir à la paix universelle et à la sécurité commune.

Au cœur de la campagne « Pour la démocratie » se trouve un nouveau contrat social ; une économie mondiale repensée, centrée sur les voix des travailleurs et fondée sur les piliers de l'emploi, des droits, des salaires, de la protection sociale, de l'égalité et de l'inclusion, pour faire face à la convergence des crises mondiales. Seule une approche démocratique et participative qui permette aux travailleurs d'influer sur leur avenir pourra déboucher sur un nouveau contrat social, et seul un nouveau contrat social permettra de reconstruire durablement la démocratie.

En ce premier mai, nous devons rendre hommage à tout ce que les syndicats ont fait pour la démocratie par le passé et exploiter le pouvoir collectif des syndicats pour défendre et reconstruire la démocratie aujourd'hui et à l'avenir. La campagne « Pour la démocratie » est un appel lancé aux travailleurs, aux syndicats et à leurs alliés dans le monde entier pour qu'ils se mobilisent en faveur d'un changement démocratique.

La démocratie n'est pas seulement un idéal politique, mais une réalité vécue que les travailleurs sont les mieux à même de définir, de défendre et de faire avancer.

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