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09.05.2025 à 12:27

Tour de France, Giro, Vuelta : les grands tours cyclistes en Europe

Juliette Verdes
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Alors que le grand départ de la Vuelta Feminina a été donné à Barcelone (Espagne) le 4 mai, le peloton du Giro d'Italia s'élance ce vendredi 9 mai 2025, au départ de Tirana, la capitale de l'Albanie. Le slovène Tadej Pogačar, grand vainqueur du Giro et du Tour de France en 2024, ne participe pas […]

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Texte intégral (7456 mots)
Le slovène Tadej Pogačar a remporté le Tour d'Italie et le Tour de France en 2024 - Crédits : Hugo LUC / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Alors que le grand départ de la Vuelta Feminina a été donné à Barcelone (Espagne) le 4 mai, le peloton du Giro d'Italia s'élance ce vendredi 9 mai 2025, au départ de Tirana, la capitale de l'Albanie. Le slovène Tadej Pogačar, grand vainqueur du Giro et du Tour de France en 2024, ne participe pas à cette 108e édition de la Corsa Rosa.

Forts de leur succès, les Grands Tours cyclistes ne cessent d'attirer de nouveaux participants et leurs parcours se diversifient d'années en années.

La naissance des grands tours

En 1903, afin d’augmenter les ventes de leur journal L’Auto, Henri Desgrange et Géo Lefèvre créent une compétition cycliste masculine : le Tour de France. Très vite, la Grande Boucle rencontre un véritable engouement, tandis que le journal bat des records de ventes.

Dès la première édition en 1903, des coureurs européens sont invités à participer. Cinq Belges, quatre Suisses, deux Allemands et un Italien s’élancent aux côtés des Français à partir de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne.  Il faudra néanmoins attendre 1909 pour qu’un coureur étranger remporte la compétition : le luxembourgeois François Faber. Mort au combat durant la Grande Guerre, il donnera son nom à l'épreuve cycliste du Grand Prix François-Faber, organisé au Luxembourg depuis 1918.

D'un peloton principalement français à ses débuts, le Tour s’internationalise progressivement et compte jusqu'à 40 nationalités aujourd’hui. Les coureurs européens restent largement vainqueurs, avec 99 éditions remportées sur 110. La France en 1964, l'Espagne en 2008 et le Royaume-Uni en 2018 sont d’ailleurs les seuls pays à avoir remporté les trois grands tours européens la même année.

S’inspirant du succès rencontré par l’événement sportif outre-alpes, le journal italien La Gazzetta dello Sport reprend ce modèle en 1909. Le Tour d’Italie, ou Giro, connaît lui aussi un grand succès populaire. Le podium revient aux Italiens pendant une longue période : c’est seulement en 1950 qu’un cycliste d’une autre nationalité, le Suisse Hugo Kobiet, remporte le Giro.

Inspiré par le succès de ses voisins, le journal Informaciones crée à son tour en 1935 la Vuelta ciclista a España, troisième grande compétition cycliste d’Europe. Dès la première édition, c’est le Belge Gustaaf Deloor qui sort vainqueur de la compétition.

Le parcours s’européanise

A partir des années 1950, en pleine construction européenne, les étapes du Tour de France hors de l’Hexagone se multiplient. C’est en 1954 que le premier grand départ a lieu à l’étranger, depuis le Stade olympique d’Amsterdam. Un an après la signature des traités de Rome, en 1958, le départ a lieu à Bruxelles qui accueille également cette année-là l'Exposition universelle. En 1992, année de signature du traité de Maastricht, le Tour traverse six pays de l’Union européenne, un record. Les cyclistes passent par l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg puis l’Italie.

Il faudra attendre 2022 pour que l’un des Tours européens les plus prestigieux parte pour la première fois d’un pays d’Europe de l’est : la première étape du Giro se déroule en Hongrie, de Budapest à Visegràd. C’est également le Tour d’Italie qui a organisé les premières étapes d’Europe méridionale, en Grèce et en Croatie.

Depuis 2013, on compte 17 compétitions professionnelles (licence World Tour) disputées chaque année dans les pays membres de l’Union européenne (18 en comptant le Royaume-Uni) :

PaysAnnée de création
France 🇫🇷1903
Belgique 🇧🇪1908
Italie 🇮🇹1909
Allemagne 🇩🇪1911
Luxembourg 🇱🇺1918
Bulgarie 🇧🇬1924
Portugal 🇵🇹1927
Pologne 🇵🇱1928
Roumanie 🇷🇴1934
Espagne 🇪🇸1935
Royaume-Uni 🇬🇧1945
Slovaquie 🇸🇰1954
Grèce 🇬🇷1968
Danemark 🇩🇰1985
Slovénie 🇸🇮1993
Croatie 🇭🇷1994
République tchèque 🇨🇿2010
Estonie 🇪🇪2013

Quel est le palmarès du Tour de France ?

Si la dernière victoire tricolore sur le Tour de France remonte à près de 40 ans (1985), les Français demeurent largement en tête des nationalités les plus victorieuses sur l’épreuve, avec 36 maillots jaunes ramenés à Paris.

En 111 éditions disputées, 99 se sont conclues par la victoire d’un Européen. Pas étonnant donc de retrouver la Belgique, puis l’Espagne, sur les autres marches du podium des nations les mieux représentées.

AnnéeVainqueurNationalité
1903 (1re)Maurice GarinFrance 🇫🇷
1904 (2e)Henri CornetFrance 🇫🇷
1905 (3e)Louis TrousselierFrance 🇫🇷
1906 (4e)René PottierFrance 🇫🇷
1907 (5e)Lucien Petit-BretonFrance 🇫🇷
1908 (6e)Lucien Petit-BretonFrance 🇫🇷
1909 (7e)François FaberLuxembourg 🇱🇺
1910 (8e)Octave LapizeFrance 🇫🇷
1911 (9e)Gustave GarrigouFrance 🇫🇷
1912 (10e)Odile DefrayeBelgique 🇧🇪
1913 (11e)Philippe ThysBelgique 🇧🇪
1914 (12e)Philippe ThysBelgique 🇧🇪
1919 (13e)Firmin LambotBelgique 🇧🇪
1920 (14e)Philippe ThysBelgique 🇧🇪
1921 (15e)Léon ScieurBelgique 🇧🇪
1922 (16e)Firmin LambotBelgique 🇧🇪
1923 (17e)Henri PélissierFrance 🇫🇷
1924 (18e)Ottavio BottecchiaItalie 🇮🇹
1925 (19e)Ottavio BottecchiaItalie 🇮🇹
1926 (20e)Lucien BuysseBelgique 🇧🇪
1927 (21e)Nicolas FrantzLuxembourg 🇱🇺
1928 (22e)Nicolas FrantzLuxembourg 🇱🇺
1929 (23e)Maurice De WaeleBelgique 🇧🇪
1930 (24e)André LeducqFrance 🇫🇷
1931 (25e)Antonin MagneFrance 🇫🇷
1932 (26e)André LeducqFrance 🇫🇷
1933 (27e)Georges SpeicherFrance 🇫🇷
1934 (28e)Antonin MagneFrance 🇫🇷
1935 (29e)Romain MaesBelgique 🇧🇪
1936 (30e)Sylvère MaesBelgique 🇧🇪
1937 (31e)Roger LapébieFrance 🇫🇷
1938 (32e)Gino BartaliItalie 🇮🇹
1939 (33e)Sylvère MaesBelgique 🇧🇪
1947 (34e)Jean RobicFrance 🇫🇷
1948 (35e)Gino BartaliItalie 🇮🇹
1949 (36e)Fausto CoppiItalie 🇮🇹
1950 (37e)Ferdi KüblerSuisse 🇨🇭
1951 (38e)Hugo KobletSuisse 🇨🇭
1952 (39e)Fausto CoppiItalie 🇮🇹
1953 (40e)Louison BobetFrance 🇫🇷
1954 (41e)Louison BobetFrance 🇫🇷
1955 (42e)Louison BobetFrance 🇫🇷
1956 (43e)Roger WalkowiakFrance 🇫🇷
1957 (44e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1958 (45e)Charly GaulLuxembourg 🇱🇺
1959 (46e)Federico BahamontesEspagne 🇪🇸
1960 (47e)Gastone NenciniItalie 🇮🇹
1961 (48e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1962 (49e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1963 (50e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1964 (51e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1965 (52e)Felice GimondiItalie 🇮🇹
1966 (53e)Lucien AimarFrance 🇫🇷
1967 (54e)Roger PingeonFrance 🇫🇷
1968 (55e)Jan JanssenPays-Bas 🇳🇱
1969 (56e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1970 (57e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1971 (58e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1972 (59e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1973 (60e)Luis OcañaEspagne 🇪🇸
1974 (61e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1975 (62e)Bernard ThévenetFrance 🇫🇷
1976 (63e)Lucien Van ImpeBelgique 🇧🇪
1977 (64e)Bernard ThévenetFrance 🇫🇷
1978 (65e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1979 (66e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1980 (67e)Joop ZoetemelkPays-Bas 🇳🇱
1981 (68e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1982 (69e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1983 (70e)Laurent FignonFrance 🇫🇷
1984 (71e)Laurent FignonFrance 🇫🇷
1985 (72e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1986 (73e)Greg LeMondÉtats-Unis 🇺🇲
1987 (74e)Stephen RocheIrlande 🇮🇪
1988 (75e)Pedro DelgadoEspagne 🇪🇸
1989 (76e)Greg LeMondÉtats-Unis 🇺🇲
1990 (77e)Greg LeMondÉtats-Unis 🇺🇲
1991 (78e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1992 (79e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1993 (80e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1994 (81e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1995 (82e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1996 (83e)Bjarne RiisDanemark 🇩🇰
1997 (84e)Jan UllrichAllemagne 🇩🇪
1998 (85e)Marco PantaniItalie 🇮🇹
1999 (86e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2000 (87e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2001 (88e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2002 (89e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2003 (90e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2004 (91e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2005 (92e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2006 (93e)Óscar PereiroEspagne 🇪🇸
2007 (94e)Alberto ContadorEspagne 🇪🇸
2008 (95e)Carlos SastreEspagne 🇪🇸
2009 (96e)Alberto ContadorEspagne 🇪🇸
2010 (97e)Andy SchleckLuxembourg 🇱🇺
2011 (98e)Cadel EvansAustralie 🇦🇺
2012 (99e)Bradley WigginsRoyaume-Uni 🇬🇧
2013 (100e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2014 (101e)Vincenzo NibaliItalie 🇮🇹
2015 (102e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2016 (103e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2017 (104e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2018 (105e)Geraint ThomasRoyaume-Uni 🇬🇧
2019 (106e)Egan BernalColombie 🇨🇴
2020 (107e)Tadej PogačarSlovénie 🇸🇮
2021 (108e)Tadej PogačarSlovénie 🇸🇮
2022 (109e)Jonas VingegaardDanemark 🇩🇰
2023 (110e)Jonas VingegaardDanemark 🇩🇰
2024 (111e)Tadej PogačarSlovénie 🇸🇮
Les sept Tours de France remportés par Lance Armstrong entre 1999 et 2005 lui ont été retirés pour dopage.

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08.05.2025 à 10:58

[Podcast] La fête de l'Europe marquée par les 75 ans de la déclaration Schuman

Eve Bachler
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Pourquoi cette déclaration prononcée par Robert Schuman le 9 mai 1950 est-elle considérée comme fondatrice pour l’Europe ? Il s'agit d'une date clé. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, propose de mettre en commun le charbon et l’acier de la France et de l’Allemagne. Une idée simple, mais révolutionnaire […]

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Texte intégral (1410 mots)
Drapeau européen à l'occasion de la fête de l'Europe - Crédits : Igor Vershinsky / iStock
Le 9 mai est la Journée de l'Europe, l'occasion pour l'Union européenne de se rapprocher de ses citoyens - Crédits : Igor Vershinsky / iStock

Pourquoi cette déclaration prononcée par Robert Schuman le 9 mai 1950 est-elle considérée comme fondatrice pour l’Europe ?

Il s'agit d'une date clé. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, propose de mettre en commun le charbon et l’acier de la France et de l’Allemagne. Une idée simple, mais révolutionnaire : coopérer pour éviter une nouvelle guerre.

C’est le point de départ de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), réunissant six pays autour de la table : France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. Ce projet pose les bases d'une coopération entre les six pays fondateurs de l'Union européenne.

Quelles sont les villes qui se mobilisent pour faire vivre cet anniversaire largement célébré ?

Comme chaque année, il y a une grande mobilisation. À Paris, Strasbourg, Marseille, Lille, Lyon… plus de 640 événements sont prévus dans toute la France, y compris en Outre-mer. On retrouvera des concerts, des débats, des expositions, des projections, des dégustations culinaires.

Mai est un mois festif et pédagogique, à destination de tous les publics. Par exemple, à Strasbourg, une grande kermesse européenne aura lieu place du Château. Marseille organise, le 17 mai, la première édition de l’Europa Festival, un événement mêlant musique électro et débats citoyens pour toucher les jeunes, tandis que Lille prévoit un blind test spécial Eurovision !

Qu'en est-il à Paris, où un changement de lieu et un programme particulièrement dense ont été annoncés ?

Habituellement, la fête se tenait sur le parvis de l’Hôtel de Ville, mais cette année, direction la place de la République, de 9h30 à 22h30, pour une vraie immersion européenne. Un grand village européen sera installé avec des stands, des animations pour les enfants, et des concerts gratuits.

Il y aura également trois grandes tables rondes sur les carrières dans l’Union européenne, les enjeux du climat et du logement, et la question de la puissance géopolitique de l’Europe. La journée se terminera avec les concerts de Terrenoire, Oxford Drama et Alo Wala. Tout est gratuit et ouvert à tous !

Un lieu emblématique de la diplomatie française ouvre-t-il ses portes pour l’occasion…

À l’occasion de la Journée de l’Europe et des 75 ans de la déclaration Schuman, le Quai d’Orsay vous ouvre exceptionnellement ses portes vendredi 9 mai de 14h à 18h30 ! Au programme : une déambulation immersive dans l’Hôtel du Ministre, une visite du mythique salon de l’Horloge où Robert Schuman a marqué l’histoire, ainsi que des animations culturelles, rencontres et tables rondes.

Au-delà des grandes villes, comment ce « Joli mois de l’Europe » permet-il de rapprocher l’Union européenne des citoyens dans les territoires ?

Rapprocher l'Union de ses citoyens est l’objectif principal. Depuis 15 ans, le Joli mois de l’Europe met en lumière les projets soutenus par l’Union européenne dans chaque région. Il est coordonné par l’Agence nationale de la cohésion des territoires et l’initiative "L’Europe s’engage en France". Des événements sont organisés au plus près des citoyens, dans les lycées, les médiathèques, et les places de villages. Cette année en particulier, avec la commémoration des 75 ans de paix, la dimension de mémoire est très forte, notamment à Lyon, qui lie l’Europe d’aujourd’hui à celle née des cendres de la Seconde Guerre mondiale.

L'Europe c'est vous ! 

Strasbourg, Bruxelles, Francfort. L'action de l'Europe paraît parfois lointaine ! Mais où est l'Europe dans nos quotidiens ? Quel est l'impact des politiques européennes sur nos vies ? Retrouvez-nous tous les jeudis sur la radio RCF et en replay sur notre site pour notre chronique “L'Europe, c'est vous”.

Pour en savoir plus, retrouvez également tous nos podcasts “L'Europe en 3 minutes”.

En partenariat avec

Radio RCF

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07.05.2025 à 17:30

[Fact-checking] L'Union européenne est-elle toujours dépendante des énergies fossiles russes ?

Arthur Olivier
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Les Européens sont-ils sevrés des énergies fossiles russes ? Sur le papier, les chiffres sont assez clairs. Début 2022, "une unité sur cinq de l'énergie consommée dans l'Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd'hui, c'est une sur vingt", se félicitait mi-février 2024 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Avant la […]

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Texte intégral (3101 mots)
L'Union européenne a importé plus de gaz naturel liquéfié (GNL) pour combler le manque de gaz russe
L'Union européenne a importé plus de gaz naturel liquéfié (GNL) pour combler le manque de gaz russe - Crédits : Axel Heimken / Commission européenne

Les Européens sont-ils sevrés des énergies fossiles russes ? Sur le papier, les chiffres sont assez clairs. Début 2022, "une unité sur cinq de l'énergie consommée dans l'Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd'hui, c'est une sur vingt", se félicitait mi-février 2024 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Avant la guerre, l'UE dépendait pour 45 % des importations de gaz naturel venu de Russie. Cette part est descendue à 15 % en 2023 avant d'enregistrer un rebond l'an passé, pour atteindre 19 % des achats totaux de gaz de l'Union. Les Européens ont également arrêté d'acheter du charbon russe et ont drastiquement réduit leurs importations de pétrole russe. En août 2021, l'UE achetait 14,9 millions de tonnes de pétrole à la Russie, un chiffre qui s'est effondré à 1,7 million au même mois de 2023. Ce chiffre a atteint 13 millions de tonnes en 2024, soit 3 % de la consommation européenne (contre 27 % avant la guerre).

Face à l'attitude de Moscou en Ukraine et aux incertitudes sur l'approvisionnement, la Commission européenne a publié en mai 2022 le plan REPowerEU, avec l'objectif de se passer des énergies fossiles en provenance de Russie d'ici à 2027. Trois actions structurent cette stratégie qui approfondit certains aspects du Pacte vert européen : diversifier l'approvisionnement, économiser de l'énergie et parier sur les énergies renouvelables.

C'est dans ce contexte que le commissaire européen à l'énergie, Dan Jørgensen, a dévoilé au Parlement européen à Strasbourg une nouvelle feuille de route pour "débarrasser" l'UE de sa dépendance historique à l'égard du gaz russe, mercredi 6 mai 2025. "Aujourd'hui, l'UE fait preuve de force et de résolution. Le message à la Russie est clair : vous ne ferez plus de chantage à nos États membres. Les euros n'entreront plus dans votre coffre de guerre. Votre gaz sera interdit", a déclaré le Danois.

Fermeture des robinets, approvisionnement diversifié

L’Union européenne s’est donc tournée vers d’autres pays afin de diversifier son approvisionnement. L'Europe a massivement acheté du gaz naturel liquéfié (GNL) américain, transporté par bateau. Entre 2021 et 2022, les importations de GNL en provenance des États-Unis ont plus que doublé. Et au troisième trimestre 2023, la Russie n'était que le quatrième fournisseur des Européens en gaz, derrière les États-Unis (23 %), l'Algérie (19 %) et la Norvège (18 %). La Russie devrait représenter seulement 13 % des importations de gaz de l'UE en 2025, alors que Kiev a mis fin à l’acheminement de ce mélange d'hydrocarbures russe via l’Ukraine.

Le plan européen présenté par la Commission début mai prévoit que d’ici à la fin de 2025, aucun nouveau contrat d’achat de gaz ne sera autorisé. Les contrats anciens pourront continuer à courir. Mais les pays membres devront élaborer un plan pour y mettre un terme d’ici à la fin de 2027. "Il est temps pour l’Europe de rompre complètement ses liens énergétiques [avec la Russie]", a lancé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. "Nous le devons à nos citoyens, à nos entreprises et à nos courageux amis ukrainiens".

Si les Européens ont décidé de se coordonner pour moins acheter de gaz, la baisse du transit est, au départ, une décision de Moscou. Déjà fin 2021 puis au début de la guerre en Ukraine, le Kremlin a coupé les robinets vers l'ouest afin de faire pression sur les Européens. "Les Russes ont pris la décision d'interrompre le trafic via le gazoduc Yamal, entre la Pologne et la Biélorussie", rappelle ainsi Céline Bayou, chercheuse associée au centre de recherches Europe-Eurasie de l'INALCO. Fin septembre 2022, les pipelines de Nord Stream ont par ailleurs fait l'objet d'un sabotage, dont les auteurs restent à ce jour inconnus.

Pour le pétrole, l'UE a principalement regardé du côté des États-Unis, de la Norvège et de l’Arabie saoudite. Elle a même trouvé des partenaires moins traditionnels en la matière, à l’image du Brésil. Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, le pétrole russe importé en France a par exemple diminué de 22 % entre 2021 et 2022. À l’inverse, l’Hexagone s'est tourné vers l'Angola (+570 %), le Koweït (+150 %), ou encore les États-Unis (+28 %). D'après les informations de l'Insee et du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, la part du pétrole brut russe importé en France était nulle en 2023.

En plus de diversifier leur approvisionnement, les Européens ont réalisé d'importantes économies d'énergie. Entre 2022 et 2023, la demande en gaz naturel a chuté de 10 % en Italie et de 11,7 % en France. De façon générale, "on observe une baisse de 8 % de la consommation de gaz entre 2022 et 2023, et même jusqu'à 20 % si l'on compare à la moyenne des années 2017 et 2021", note Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l'institut Jacques Delors. Cette diminution est liée à la hausse des prix, à une politique active des États membres de l'UE pour économiser de l'énergie, "mais aussi à une destruction de la demande industrielle", souligne l'expert. Une situation dont il est difficile de savoir si elle est structurelle ou conjoncturelle, selon lui.

Enfin, les énergies renouvelables ont aussi contribué à ce que les Européens consomment moins de gaz. La part de ces énergies vertes dans le mix électrique européen a atteint 44 % en 2023, pour la première fois au-dessus de la barre des 40 %. De quoi faire dire à Ursula von der Leyen, le 13 février 2024, que "la tentative de Vladimir Poutine de faire chanter notre Union a totalement échoué […] Au contraire, il a vraiment poussé la transition verte". Cette part augmenté l'année suivante, pour atteindre 47 % selon un rapport du groupe de réflexion Ember rendu public le 23 janvier 2025.

L'Europe achète toujours à la Russie

Les Européens continuent toutefois d'importer de l'énergie russe, même si les quantités sont moindres. En 2022, l'Union européenne était encore le premier importateur mondial d'énergies fossiles de Russie. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE a versé davantage d’argent à la Russie pour ses importations d’énergies fossiles qu’elle n’en a accordé à Kiev sous forme d’aide selon Dan Jørgensen. Le Commissaire estime le montant global des achats de gaz russe à près de 200 milliards d’euros - soit, "l’équivalent de 2 400 avions de chasse F-35" - contre 135 milliards d’euros d’aide européenne à l’Ukraine.

Depuis le 1er janvier 2025, le transit de gaz russe via le territoire ukrainien n'est plus possible. Après "une hausse notable de 36 %" des importations de GNL provenant de Russie par bateau, selon le centre pour la recherche sur l'énergie et la propreté de l'air (CREA), l'UE a importé 18 milliards de mètres cubes de gaz russe via des méthaniers en 2023, principalement par le biais d'accords à long terme signés avant le début de la guerre. Un chiffre tiré du rapport de l'Agence de coopération des régulateurs de l'énergie (ACER), publié fin avril 2024. Les Vingt-Sept ont encore importé 52 milliards de mètres cubes de gaz russe en 2024 (les deux tiers par gazoduc et un tiers en GNL).

La situation pourrait-elle changer ? Le 24 février 2025, l'Union européenne a adopté un 16e paquet de sanctions contre la Russie. En matière d'énergie, celui-ci étend notamment "l'interdiction de fournir des biens, des technologies et des services pour l'achèvement des projets liés au pétrole brut en Russie, tels que le projet pétrolier Vostok, tout comme pour l'achèvement des projets liés au GNL qui sont en cours".

Par ailleurs, si les Européens se sont notamment tournés vers l'Azerbaïdjan pour leur approvisionnement, une partie du gaz que l’UE fait venir depuis ce pays du Caucase provient de Russie. "On ne lui achète pas directement, mais la molécule est quand même russe", résume Céline Bayou.

En ce qui concerne le pétrole, les Vingt-Sept ont imposé des restrictions sur les importations de Russie. Mais ce n’est pas le cas de tous les pays, à l'image de l'Inde ou la Turquie. Aux confins de la Syrie et de la mer Méditerranée, le terminal turc de Dörtyol envoie par exemple à ses voisins européens du diesel ou du kérosène issus du pétrole russe. "En 2023, environ 85 % du pétrole expédié depuis Dörtyol était destiné à l'Europe, principalement à la Grèce, à la Belgique et aux Pays-Bas, contre 53 % en 2022", écrit le Financial Times. De son côté, l’Inde aussi a augmenté ses importations venues de Russie. Le pétrole y est raffiné avant d’être expédié vers l’Europe, qui a vu bondir de 115 % le nombre de barils indiens entre 2022 et 2023.

L'Europe toujours dépendante aux énergies fossiles

Tous les pays européens n'ont pas le même niveau de dépendance à la Russie. Au moment où l'UE décidait d'interdire l'importation de pétrole russe, la Bulgarie et la Croatie ont par exemple bénéficié de dérogations temporaires. Les pays baltes ou la Finlande étaient quant à eux largement irrigués par le gaz de leur grand voisin, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. La France, elle, est en première ligne. Selon l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière (IEEFA), l'Hexagone a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024, et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.

Aujourd'hui, dix États membres continuent d'acheter du GNL russe. À commencer par la Hongrie et la Slovaquie, connues pour leur inclinaison prorusse, ou encore la Grèce. Mais aussi l’Espagne, la France et la Belgique, dont les ports réceptionnent ce GNL avant que des usines le regazéifient et qu'il soit réinjecté dans le réseau européen.

Pour se déplacer, se chauffer ou produire de l’électricité, les Européens restent dépendants des énergies fossiles, bien que leur part dans la production d'électricité ait diminué. Selon le dernier rapport publié par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) fin mars, la part des fossiles dans la production d'électricité dans l'UE a atteint 29 % en 2024 contre 39 % en 2019, preuve d'une prise de conscience et de nombreux efforts.

La consommation de gaz naturel, elle, a augmenté d’environ 1 % dans l’Union européenne en 2024, tirée par une reprise dans l’industrie et stimulée par des prix plus faibles. Mais la tendance reste bien différente de celle constatée au niveau mondial, où la consommation de gaz a le plus progressé avec une hausse de 115 milliards de mètres cubes (+ 2,7 %).

"L'UE a réussi à retrouver les ressorts pour faire face à la baisse de l'offre en gaz russe, de manière très rapide. Il s'agit désormais de pérenniser ces politiques", insiste Phuc-Vinh Nguyen. Et le chercheur de citer plusieurs leviers, dont les énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique et la sobriété.

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