16.12.2024 à 10:46
Présenté comme un « minerai stratégique » pour la transition, le niobium est surtout utilisé dans des secteurs comme la sidérurgie, les énergies fossiles, l'armement et l'aéronautique.
- Chiffres / Brésil, extractivisme, Climat et greenwashing, chaîne d'approvisionnementCliquez ici pour voir l'infographie en grand
Réputé pour sa résistance et son point de fusion élevé, le niobium est l'exemple même de ces « minerais critiques » réputés nécessaires pour la transition énergétique. Ce métal figure dans la liste des minerais critiques et stratégiques élaborée par l'Union européenne, de même que dans celle des États-Unis.
S'il trouve effectivement des utilisations dans l'électrification, le niobium sert aussi et surtout à fabriquer de l'acier, en particulier pour des usages en conditions de forte pression comme l'aérospatiale, les moteurs d'avions à réaction, les pipelines ou les turbines. Il est aussi utilisé pour fabriquer des drones ou des missiles hypersoniques.
85% des réserves mondiales de niobium sont situées au Brésil. Et la grande majorité d'entre elles, soit 75% des réserves mondiales, sont exploitées par une seule entreprise, Companhia Brasileira de Metalurgia e Mineração ou CBMM.
Le groupe Mapping (De)Globalization de l'université du Sussex et de King's College London, en partenariat avec le Transnational Institute et Greenpeace, s'est penché sur la chaîne d'approvisionnement du niobium en utilisant des bases de données commerciales. (Leur note détaillée est à lire ici en anglais.)
Le résultat de cette enquête confirme que la majeure partie du niobium est utilisé dans la sidérurgie (acteurs marqués en gris), l'automobile (jaune), les énergies fossiles (noir) et l'armement et l'aéronautique (rouge). Les utilisations pour l'électricité – d'origine renouvelable ou non – sont marquées en vert.
Dans beaucoup de cas, les clients sont des conglomérats (marqués en bleu), de sorte qu'il est encore plus difficile de distinguer entre des usages qui seraient « bons » pour le climat et d'autres qui bénéficieraient à des secteurs très polluants.
Dans une enquête publiée l'année dernière alors que l'Union européenne mettait la dernière main à son Règlement sur les minerais critiques, nous alertions sur le risque que, derrière les beaux discours verts, cette législation serve surtout les intérêts d'industries problématiques pour le climat ou plus généralement les droits et la paix, comme l'industrie de l'armement et de l'aéronautique (lire Du sang sur le Pacte vert ?).
Cette analyse sur la chaîne d'approvisionnement du niobium confirment que la ruée actuelle sur les « minerais critiques » pourrait se révéler contre-productive du point de vue climatique.