13.12.2024 à 09:45
Le procureur fédéral de Brooklyn aux États-Unis a annoncé le 20 novembre dernier l'inculpation pour corruption du magnat indien Gautam Adani et de plusieurs cadres dirigeants de son groupe. L'annonce a précipité la chute du groupe en bourse.
Conglomérat présent dans de nombreux secteurs, Adani a construit sa fortune sur son port de Mundra, dans le Gujarat, et a profité de ses relations privilégiées avec le Premier ministre Narendra Modi pour devenir l'un des hommes les plus riches au (…)
Le procureur fédéral de Brooklyn aux États-Unis a annoncé le 20 novembre dernier l'inculpation pour corruption du magnat indien Gautam Adani et de plusieurs cadres dirigeants de son groupe. L'annonce a précipité la chute du groupe en bourse.
Conglomérat présent dans de nombreux secteurs, Adani a construit sa fortune sur son port de Mundra, dans le Gujarat, et a profité de ses relations privilégiées avec le Premier ministre Narendra Modi pour devenir l'un des hommes les plus riches au monde. Son groupe est à la fois l'un des plus gros producteurs mondiaux de charbon et l'un des premiers producteurs d'énergies renouvelables. Il construit aujourd'hui en partenariat avec TotalEnergies le plus grand parc solaire et éolien du monde.
Nous vous présentions le groupe Adani et ses relations avec le groupe pétrolier français dans notre enquête Gautam Adani : milliardaire magnat du charbon et faux ami écolo de Total en Inde.
Pour TotalEnergies, le partenariat avec Adani est tout sauf anodin. Sa prise de participation dans la filiale verte du conglomérat indien en 2020 lui a permis d'augmenter significativement son portefeuille nominal d'énergies renouvelables. Cela lui a fourni des arguments précieux pour rassurer les investisseurs institutionnels soucieux de l'impact climatique de leur portefeuille et contrer les militants qui contestent ses nouveaux projets dans le pétrole et le gaz (sur cette dynamique, lire notre rapport TotalEnergies : comment mettre une major pétrogazière hors d'état de nuire).
Les deux groupes ont également noué des partenariats dans le secteur du gaz et de l'hydrogène. Ce caractère stratégique explique sans doute que malgré une première alerte en janvier 2023 lorsque le cabinet Hindenburg a alerté l'opinion sur les manipulations financières d'Adani, TotalEnergies a maintenu et même renforcé son partenariat avec le conglomérat indien.
Encore récemment, en septembre 2024, le groupe français a injecté 444 millions de dollars dans sa coentreprise avec Adani Green Energy pour prendre une part dans le parc solaire de Khavda, au centre des accusations de corruption. Et ce, alors même que les dirigeants du groupe indien se savaient sous le coup d'une enquête.
Les accusations de corruption concernent spécifiquement le secteur des énergies renouvelables. Le magnat est accusé d'avoir versé des pots-de-vin à des fonctionnaires pour obtenir des marchés dans l'énergie solaire.
Adani est la cible des militants du climat pour ses investissements massifs dans le charbon, notamment en Australie (lire Sous pression, les banques françaises renoncent au charbon australien).
Suite à l'annonce de la mise en examen, TotalEnergies s'est contenté d'annoncer un gel de ses nouveaux investissements dans ses coentreprises avec le groupe indien.