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28.09.2024 à 15:35

La banlieue sud de Beyrouth, le jour d'après : les images

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Des dizaines d'immeubles de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah pilonné sans relâche par l'aviation israélienne durant la nuit de vendredi à samedi, se sont effondrés, a...
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Des dizaines d'immeubles de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah pilonné sans relâche par l'aviation israélienne durant la nuit de vendredi à samedi, se sont effondrés, a constaté un photographe de l'AFP . Certains immeubles continuaient de brûler samedi matin et de la fumée s'en dégageait, alors que les gravats obstruaient certaines rues, a-t-il ajouté. Cette banlieue populaire grouillant d'activité d'ordinaire était étrangement calme, des habitants ayant fui en masse après des ordres d'évacuation de l'armée israélienne vendredi soir. Même des postes de contrôle de l'armée libanaise aux entrées de la banlieue étaient déserts, selon le photographe.

L'armée israélienne a pilonné, jusqu'à 5h du matin, samedi, la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où un raid d'une violence inouïe a visé vendredi soir, en personne, selon les médias israéliens, le puissant chef du parti, Hassan Nasrallah. Une source proche du Hezbollah a indiqué à l'AFP que Nasrallah était indemne. Mais près de 12 heures après la frappe, (le dernier bilan très provisoire faisait état de 6 morts et d'une centaine de blessés), le parti n'avait toujours fait aucune annonce officielle.

Au petit matin, des habitants découvrent les dégâts dans la banlieue sud de Beyrouth. Anwar Amro/AFP

Les ruines encore fumantes, samedi matin, dans la banlieue sud de Beyrouth, après le pilonnage israélien. Anwar Amro/AFP

Les destructions sont massives. Le premier raid israélien de vendredi à 18h30, le plus massif, aurait aplati six immeubles. Anwar Amro/AFP

Des pans entiers du quartiers ont été écrasés par les bombes israéliennes. Anwar Amro/AFP

28.09.2024 à 13:49

Mort de Nasrallah : tous les scénarios sont désormais sur la table

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Mort de Nasrallah : tous les scénarios sont désormais sur la table
Texte intégral (1555 mots)

Que va faire l'Iran ? C'est la question qui va déterminer la durée, la nature et l'issue de cette guerre.

Une affiche géante de Hassan Narallah, sur laquelle est écrit "tu nous manques", le 18 juillet 2012 à Beyrouth. Photo by Anwar AMRO / AFP

Un séisme. Un choc. Une nuit d'horreur à regarder la banlieue sud de Beyrouth se faire pilonner par l'armée israélienne. Et le début d'un nouveau monde, où tous les scénarios semblent possibles, pour le Liban et le Moyen-Orient. La mort de Hassan Nasrallah - annoncée par l’armée israélienne puis confirmée par le Hezbollah - est le point d’orgue d’une semaine qui a redistribué toutes les cartes et auquel personne n’était préparé. On anticipait le scénario d’une guerre totale depuis près d’un an, on savait que le rapport de force était largement à l’avantage d’Israël, mais aucun expert, aucun diplomate, et probablement aucun membre du Hezbollah ou de l’axe iranien, ne pouvait imaginer que la milice la plus puissante au monde allait subir de tels coups de massue - et le Liban avec elle - en quelques jours.

On est pour l’instant loin du scénario de 2006 et loin également de ce qui se passe à Gaza : il est désormais clair que l’armée israélienne prépare cette guerre depuis près de vingt ans et qu’elle a des dizaines de coups d’avance sur son ennemi. Elle semble tout connaître du parti chiite : ses planques, ses cadres, ses commandants, ses dépôts de missiles, ses moyens de communication. Le survol de ses drones au-dessus de Beyrouth, jour et nuit, sonne d’ailleurs comme un ultime rappel : Israël surveille le Liban dans ses moindres faits et gestes.

A quel point le parti est-il infiltré ? A quel point a-t-il sous-estimé la force et la détermination de son adversaire ?

Israël a réussi à décapiter presque tout le haut commandement du Hezbollah en quelques jours, quelques semaines au plus si on inclut l’assassinat de Fouad Chokor dans la banlieue sud le 30 juillet dernier. La formation pro-iranienne paraît totalement déboussolée, en témoigne le temps qu'elle a mis à annoncer la mort de son chef.

Hezbollah à terre

Plusieurs mythes se sont effondrés au cours de ces derniers jours : celui de l’équilibre de la terreur dont se vantait le Hezbollah ; celui de la toute puissance d’un mouvement qui était devenu une véritable armée régionale ces dernières années ; celui de l’invincibilité de Hassan Nasrallah, l’un des hommes les plus puissants du Moyen-Orient ; et enfin celui de « l’unité des fronts » si cher à l’axe iranien. Le Hezbollah est à terre et personne ne lui est encore venu en aide : ni son parrain iranien, ni les houthis, ni les milices irakiennes et encore moins le régime Assad pour la survie duquel il a pourtant sacrifié des milliers d’hommes.

Malgré tout, la prudence s’impose. Nous ne savons rien de ce qui se passe à l’intérieur du parti, rien non plus des intentions des Iraniens. Israël a mené des milliers de frappes en une semaine, qui ont probablement détruit une partie de l’arsenal du Hezbollah. Mais ni les 150 000 missiles et roquettes qu’il détient, ni les dizaines de milliers d’hommes armés qui forment la milice n’ont toutefois disparu en un claquement de doigt. Même si cela paraît chaque jour plus compliqué, on ne peut pas exclure le fait que le Hezbollah ait encore les moyens de répondre à son adversaire et de mener une guerre totale et de plus longue durée. Le parti est en état de choc. Peut-il se relever ? Il a évidemment ses calculs. Et ces derniers doivent prendre en compte le pouls de sa rue et du Liban, qui ne veulent pas de cette guerre. Mais, en définitive, la décision ne lui revient pas.

C’est à la République islamique de décider si elle accepte sa défaite ou si elle se lance dans une escalade de tous les périls. Elle peut considérer qu’elle doit a minima essayer de rééquilibrer le rapport de force avant d’entamer la phase des négociations, ce qui implique probablement de donner un feu vert au Hezbollah pour utiliser ses missiles de haute précision et d’activer ses autres alliés dans la région.

Mais c’est un pari risqué qui pourrait compromettre à termes la survie du régime, les États-Unis ayant envoyé des signaux très clairs sur le fait qu’ils ne resteraient pas à l’écart de cette guerre. Malgré ses missiles et ses milices, Téhéran n’a pas les ressources nécessaires pour affronter Washington et Tel-Aviv dans un conflit direct, d’autant que les pays du Golfe et la Jordanie se tiendront du côté de l’« ennemi ». Le régime iranien, obsédé par sa survie, peut-il la mettre en péril pour éviter une défaite humiliante au Hezbollah ? Le communiqué du guide suprême Ali Khamenei samedi, affirmant qu’Israël ne pourra pas venir à bout du Hezbollah, peut être interprété de différentes manières. Comme un quasi abandon, ou comme une façon de gagner du temps avant de préparer la riposte.

Et le Liban ?

La République islamique voit se déliter sous ses yeux une grande partie de ce qu’elle a construit pendant plus de quatre décennies. Le 7 octobre et ses suites devaient lui offrir une victoire stratégique sans précédent. Mais elle semble ne pas avoir pris conscience de la détermination d’Israël à l’affaiblir avec le feu vert, à peine dissimulé, de l’administration Biden. Sa priorité est peut-être désormais de préserver son programme nucléaire, perçu comme la dernière assurance-vie du régime.

Et le Liban dans tout cela ? Israël agit sans la moindre retenue ou considération pour les pertes civiles. La frappe visant Hassan Nasrallah, vendredi soir, a fait des centaines de morts selon les estimations de l’armée israélienne auxquels il faut ajouter ceux qui ont dû périr au cours de la nuit, faute d’avoir pu fuir leurs maisons à temps. Tout cela sans la moindre condamnation internationale ! Si l’escalade se poursuit, le bilan atteindra rapidement des milliers de morts et une grande partie des infrastructures du Sud, de la Békaa et de la banlieue sud de Beyrouth sera détruite.

Si un cessez-le-feu est conclu, le pays ouvrira un nouveau chapitre de son histoire, dominée depuis maintenant plus de deux décennies par l’ombre du Hezbollah et le doigt de Hassan Nasrallah. Le secrétaire général du Hezbollah est la personnalité la plus adulée et la plus détestée du pays du Cèdre. Sa mort est une onde de choc sans précédent et sans comparaison, au moins depuis celle de Rafic Hariri. Hassan Nasrallah est le visage et la voix de « l’axe de la Résistance ». Il sera bien sûr remplacé, mais il paraît par bien des aspects irremplaçable.

Quelle que soit l’issue de la guerre, le Hezbollah en sortira très affaibli. Il lui faudra des années pour reconstruire sa crédibilité vis-à-vis de sa base populaire, de l’ensemble des Libanais et des pays de la région. Mais il ne va pas disparaître pour autant. La formation pro-iranienne va évoluer, muter, mais va rester la plus forte sur la scène libanaise. Va-t-elle redevenir une milice à l’état pur ? Va t-elle tenter au contraire de devenir un parti « comme les autres » ? Il est trop tôt pour le savoir. On peut toutefois imaginer que le Hezbollah va être encore plus paranoïaque, moins enclin à faire la moindre concession, et plus déterminé que jamais à ré-imposer, par tous les moyens possibles, un rapport de force qui lui soit favorable avec les autres parties.

Tous les scénarios sont sur la table. Celui d’une guerre totale, d’une défaite que le parti chiite fera payer au Liban, et d’une opportunité, tellement fragile, d’enfin tirer les leçons de tout ce qui a conduit le Liban, au-delà du Hezbollah, à se retrouver une nouvelle fois dans cette situation.

Un séisme. Un choc. Une nuit d'horreur à regarder la banlieue sud de Beyrouth se faire pilonner par l'armée israélienne. Et le début d'un nouveau monde, où tous les scénarios semblent possibles, pour le Liban et le Moyen-Orient. La mort de Hassan Nasrallah - annoncée par l’armée israélienne puis confirmée par le Hezbollah - est le point d’orgue d’une semaine qui a redistribué...

28.09.2024 à 12:17

Un avion iranien empêché d'atterrir à l'AIB après des menaces israéliennes

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Un avion iranien empêché d'atterrir à l'AIB après des menaces israéliennes
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Des colis déchargés d’un avion sur le tarmac de l’Aéroport international de Beyrouth, le 24 juin 2024. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour

L'armée israélienne a piraté samedi la tour de contrôle de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB), menaçant un avion iranien qui devait y atterrir et a fait demi-tour, selon des informations rapportées par une source au sein du ministère des Transports citée par Reuters.

Après des menaces israéliennes, le ministère des Transports a demandé à l'appareil de ne pas entrer dans l'espace aérien libanais, un ordre auquel s'est conformé l'avion. Cette source indique que l'avion n'était pas dans l'espace aérien libanais lors des menaces envoyées à l'AIB. Elle ajoute que l'Etat hébreu avait menacé d'utiliser la « force » si l'avion atterrissait.

Le directeur de l'Aviation civile libanaise, Fadi el-Hassan, n'était pas immédiatement disponible pour commenter cette affaire à L'OLJ.

Il s'agirait, selon des informations non-confirmées circulant sur les réseaux sociaux, d'un vol de la compagnie Qeshm Fars Air, qui s'est retrouvé à plusieurs reprises au centre de rumeurs concernant des transferts d'armes entre Téhéran et Beyrouth, notamment en 2018. Aucune liaison de cette compagnie aérienne n'était visible sur les tableaux d'arrivée de l'AIB ni sur les plateformes de suivi des vols en ligne, comme PlaneFinder et FlightRadar, consultées par L'OLJ.

Malgré les frappes massives sur la banlieue sud de Beyrouth la nuit dernière, l'AIB restait ouvert et plusieurs vols, notamment de la compagnie nationale Middle East Airlines, sont toujours programmés.

L'armée israélienne a piraté samedi la tour de contrôle de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB), menaçant un avion iranien qui devait y atterrir et a fait demi-tour, selon des informations rapportées par une source au sein du ministère des Transports citée par Reuters.Après des menaces israéliennes, le ministère des Transports a demandé à l'appareil de ne pas entrer dans...

28.09.2024 à 11:11

Hassan Nasrallah, les guerres qui ont façonné le mythe

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Hassan Nasrallah, les guerres qui ont façonné le mythe
Texte intégral (3476 mots)

Aux commandes du parti depuis 1992, Hassan Nasrallah est un enfant de la guerre, dans tous les sens du terme. Ce samedi 28 septembre, le Hezbollah a annoncé sa mort. La disparition du mythe plonge désormais la région dans l’inconnu.

Le secrétaire général du Hezbollah, le cheikh Hassan Nasrallah, le 10 juillet 1992, entouré de ses partisans durant la commémoration de Achoura dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo d'archives Oussam Ayoub/AFP

Il est dix-huit heures trente dans la capitale libanaise. La banlieue sud de Beyrouth vient d'être touchée par la plus grande frappe israélienne en date depuis la guerre de 2006. Les habitants de la ville tremblent encore au son des explosifs. Le nombre de morts est inconnu, il est question de « massacre ». Une énième tragédie ? Peut-être le début d’une guerre régionale. La rumeur la plus folle circule : le secrétaire général du Hezbollah aurait perdu la vie. Le lendemain matin, la nouvelle semble se confirmer. L’inimaginable s’est produit. Hassan Nasrallah est mort, annonce l'armée israélienne un peu après onze heures, puis le parti chiite, dans l'après-midi. La suite, personne ne la connaît. La disparition du mythe plonge le pays et la région dans l’inconnu. Mais une page se tourne ce soir. En prenant la direction du parti il y a trente-deux ans, puis en dirigeant la seule force armée perçue comme capable de contenir l’ennemi israélien, il était devenu le visage de la « résistance ». Avec la libération du Liban-Sud en 2000, puis la guerre de juillet 2006, l’homme avait construit une petite légende autour de son nom. À la fois chef militaire, leader politique et icône charismatique, il était décrit comme un nouveau Nasser.

Près d’un an après la triple offensive du Hamas en Israël, l’image du « sayyed » a pourtant été mise à l'épreuve depuis des mois déjà. Les revers militaires, les failles sécuritaires, le coût humain de la guerre et l’absence de stratégie claire donnent l’impression d’une organisation dépassée, sur le point d'être vaincue. D’un discours à l'autre, Hassan Nasrallah tente de sauver les meubles à travers une rhétorique victorieuse qui relativise les pertes et met en avant les gains tactiques. Mais de moins en moins de Libanais y croient.

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D’autant que la séquence intervient au terme d’une décennie éprouvante. Les multiples crises, l’intervention militaire en Syrie, les scandales financiers, la double explosion au port de Beyrouth et les coups de force en interne ont érodé le capital sympathie du parti de Hassan Nasrallah. Si le leader continue de donner le pouls a travers ses discours télévisés suivis d’un bout à l'autre de la planète, il ne fait plus consensus, même au sein de la communauté chiite.

Une partie croissante de Libanais refuse le va-t-en-guerre de celui qui menace à intervalles réguliers de plonger le pays au bord du précipice. Mais l’image qu’il a tissée, celle d’un stratège hors pair, avait jusque-là survécu aux intempéries. En 2011, le dirigeant apparaît dans la liste du magazine Times des 100 personnalités les plus influentes au monde. Adoré ou abhorré, il fait partie des incontournables de la région.

Pendant des mois, le pays et la région tentent d’anticiper ses faits et gestes. Jusqu'où ira-t-il ? Est-il prêt à se lancer dans un conflit qui promet d’être plus violent et plus incertain que toutes les autres ? On ne le saura pas. Pour le « Sayyed », la nouvelle guerre d’Octobre sera celle de trop, celle qui déconstruit le mythe façonné par toutes les autres.

Hassan Nasrallah s’adresse à ses partisans par vidéo dans la banlieue sud de Beyrouth, le 9 août 2022. Photo d’archives AFP

L’éveil politique

Au commencement était la guerre civile libanaise. L’enfance et l’adolescence du Sayyed sont rythmées par ce conflit, dont une partie de la communauté chiite considère qu’il ne la concerne pas. Le jeune Hassan n’a pas quinze ans lorsque les hostilités éclatent. Les Nasrallah vivent à Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth affecté par des incidents sécuritaires avant même le début officiel des affrontements. Le foyer doit fuir une première fois en 1974, puis de nouveau en 1975, lorsque les milices chrétiennes expulsent les habitants musulmans de la région de Sin el-Fil où la famille avait trouvé refuge un an plus tôt. Elle s’installe cette fois au Sud, dans le petit village de Bazouryié, près de Tyr, d’où est originaire le père, Abdel Karim.

Les premières années de guerre sont surtout celles de l’éveil politique. Hassan Nasrallah se range dès l’adolescence du côté des clercs chiites proches des révolutionnaires iraniens, opposés aux forces laïques de gauche, libanaises et palestiniennes. À Bazouryié, ces derniers « étaient très forts ( ) il n’y avait pas de croyants fervents ( ) mon intérêt principal tournait donc autour de la formation d’un tel groupe de jeunes religieux », racontera-t-il à Nida' al-Watan en 1993. L’entourage du jeune homme n’est pas tourné vers la chose publique, ni particulièrement dévot. Il est en revanche imprégné d’une culture chiite bercée par un sentiment d’exclusion et d’injustice. Moussa Sadr est alors le porte-voix d’une communauté historiquement marginalisée. Hassan Nasrallah confiera des années plus tard avoir médité de longues heures devant le portrait de l’imam trônant à l’entrée du magasin paternel. « Je rêvais de devenir comme lui », dira-t-il dans un entretien publié par l’hebdomadaire iranien Ya Lesarat al-Hoseyn le 2 août 2006.

Hassan Nasrallah rejoint les rangs d’Amal dès 1975. Fondé quelque temps plus tôt par Moussa Sadr dans le sillage du Mouvement des déshérités, le parti se définit comme un groupe libanais, porteur de cette conscience chiite émergente, mais aussi religieux. Un élément capital pour le jeune homme qui fait preuve d’une ferveur religieuse précoce, parcourant des kilomètres à pied pour aller prier dans une mosquée ou pour dénicher des livres d’occasion.

L’invasion israélienne de 1982 marque un tournant dans la vie de la communauté et de l’homme. Alors que Nabih Berry, chef du parti depuis 1980, choisit de participer au comité de salut national aux côtés de Bachir Gemayel, une branche de l’appareil partisan menée par Hussein el-Moussaoui fait sécession pour fonder avec le soutien de la République islamique d’Iran ce qui deviendra deux ans plus tard le « Hezbollah ». Dès juillet, Hassan Nasrallah intègre « la première cohorte de jeunes chiites formés au camp de Janta, dans la Békaa, sous supervision des pasdaran iraniens », relève Aurélie Daher, enseignante-chercheure à l’Université Paris-Dauphine.

La Résistance islamique au Liban est née. Elle deviendra un acteur à part entière du conflit libanais tout en gardant un lien organique — à la fois idéologique, religieux, militaire et financier — avec la maison mère iranienne. Pour le jeune homme, alors âgé de vingt-deux ans, l’investissement politique supplante désormais tous les autres engagements. « Après 1982, notre jeunesse, notre vie et notre temps sont intégrés au Hezbollah », dira-t-il lors d’un entretien accordé à Nida el-Watan le 31 août 1993. La décennie à venir sera celle d’une ascension fulgurante au sein du parti-milice. En 1987, à 27 ans, Hassan Nasrallah est nommé président du conseil exécutif au sein de la plus haute autorité de l’organisation — le Conseil consultatif (Choura).

Tout au long du conflit libanais, sa participation aux combats armés semble limitée. S’il compte dès le milieu des années 1980 parmi les principaux cadres dirigeants, le militant est davantage décrit comme un gestionnaire que comme un homme de terrain. « Il suit les affaires militaires, mais sa fonction est surtout politique : ce n’est pas un combattant au sens traditionnel du terme », explique Kassem Kassir, analyste politique proche du parti de Dieu. Le rôle qu’il occupera durant les années de conflit opposant Amal au Hezbollah (1988-1990) est en revanche moins clair. « Il est quasiment certain qu’il n’a pas participé aux affrontements : il est chargé à l’époque de responsabilités administratives au sein du parti », avance Aurélie Daher. Mais une zone d’ombre continue de planer sur les contours exacts de son implication. « Au moment de la bataille de Dahiyé notamment, il était responsable militaire. Même s’il occupe un poste politique, il garde un lien direct avec le combat de terrain », nuance Ali al-Amine, journaliste et opposant au Hezbollah.

Les années de « paix »

Si les années de conflit ont été celles du baptême en politique, la période d’après-guerre tient lieu de tremplin pour le jeune dirigeant. L’assassinat du deuxième secrétaire général du parti, Abbas el-Moussaoui, par un raid israélien en février 1992 le propulse du jour au lendemain au sommet de l’appareil politique. Les cadres du Hezbollah, qui ne veulent pas donner à l’ennemi l’impression d’une victoire, précipitent l’élection d’un successeur. Certains ne sont pas convaincus par ce junior d’à peine 31 ans, compagnon de route de longue date du chef défunt, qui semble être le favori à Téhéran. Mais le temps presse : Hassan Nasrallah est élu (troisième) secrétaire général. Il le restera, créant au fil des ans une stature de leader rarement égalée dans la région.

La stratégie politique qu’il développe tout au long des années 1990 lui permet dans un premier temps de transformer une petite milice clandestine en parti qui s’intègre progressivement aux institutions du pays. Dans cette période d’après-guerre, le nouveau secrétaire joue la carte de la pacification et de la normalisation politique. Il se présente comme l’homme du pragmatisme et de l’ouverture intracommunautaire. Les mœurs s’assouplissent. La « libanisation » du Hezbollah est en marche — le mouvement obtient douze députés lors du scrutin législatif de 1992, neuf en 1996.

Dans le même temps, le leader inaugure une nouvelle ligne militaire intransigeante vis-à-vis d’Israël. La fin des affrontements intrachiites, en 1990, avait déjà permis au parti de réorienter son action vers la « résistance ». Hassan Nasrallah va au bout de cette logique. Le 24 février 1992, une semaine après l’assassinat de Abbas al-Moussaoui, il affirme face à la foule massée devant une mosquée de la banlieue sud que son mouvement est prêt à « venger » la mort de l’ancien dirigeant. Il appelle « le peuple et les partis politiques libanais, notamment chrétiens, a se joindre à la résistance ». La messe est dite. La première salve de katiouchas (roquettes soviétiques) est lancée quelques jours après.

Sur le plan tactique également, une minirévolution s’opère. Aux attentats-suicides des années 1980, le parti préfère des techniques de guerre plus sophistiquées. La pensée militaire portée par le sayyed se veut hybride. « Elle se fonde à la fois sur l’observation des résistances palestinienne et vietnamienne et sur des concepts plus contemporains : c’est une fusion des techniques de guérilla et de guerres modernes », explique Kassem Kassir. Sous son impulsion, les troupes se professionnalisent : les unités se spécialisent, les capacités de renseignement progressent, le rythme des opérations augmente. Cette nouvelle stratégie vaut à Hassan Nasrallah respect et admiration. Il est systématiquement reconduit à la tête du parti et le règlement intérieur sera amendé afin de permettre sa réélection pour plus de deux mandats de suite.

Enfin, la libération du Sud, le 25 mai 2000, apporte ce que ces années de guérilla armée ne lui avaient pas fourni : la preuve que sa stratégie militaire fonctionne. Après dix-huit ans d’occupation, l’ennemi plie bagage. Du jour au lendemain, des semaines avant la date annoncée, lâchant au passage ses alliés de l’Armée du Liban-Sud. Le Hezbollah semble avoir réalisé ce que très peu d’armées arabes étaient parvenues à faire. Les médias du parti mettent en scène la séquence en diffusant les images des scènes de liesse. « Allah, Allah protège Nasrallah ! » entend-on dans les rues du Sud libéré. Auréolé par ce succès, le nom de Hassan Nasrallah résonne à travers la région. À la tête d’un parti-milice désormais ancré dans le paysage libanais, ayant fait ses preuves sur le terrain militaire, le patron du Hezbollah aborde la nouvelle décennie avec un capital sympathie non négligeable.

La foule massée pour écouter un discours de Hassan Nasrallah lors d’une commémoration du retrait de l’armée israélienne du Liban-Sud en 2000. Photo d’archives AFP

La consécration

L’ultime consécration vient avec la guerre de juillet 2006. En trente-trois jours d’opérations, 7 000 bombes sont tirées vers le territoire libanais, contre quelque 4 000 roquettes lancées par le Hezbollah en direction d’Israël. Avec 1 125 morts côté libanais, plus de 4000 blessés et un million de déplacés, le bilan est lourd. Mais le coût humain et matériel ne change en rien la manière dont la séquence est interprétée par la population. Bien que le parti de Dieu soit à l’initiative de l’étincelle ayant déclenché le conflit (des tirs de roquettes en direction d’Israël le 12 juillet, tandis qu’un commando prend d’assaut des soldats ennemis), Hassan Nasrallah s’impose comme le dernier rempart contre la machine de guerre israélienne. Il devient un héros de guerre. La victoire est « plus grande encore que celle de 2000 », dira-t-il. Le « nouveau modèle », explique-t-il, est fondé sur une approche offensive de la « résistance » : cette dernière n’est plus cantonnée à une position de défense.

La séquence met en lumière l’évolution des méthodes et l’émergence de nouveaux procédés afin de mobiliser les troupes et d’intimider l’ennemi. Son éloquence, son art des discours et sa maîtrise de l’image lui permettent de faire passer des messages et d’influencer l’humeur générale. La guerre devient psychologique. S’il est le visage public de la guerre, Hassan Nasrallah n’est pourtant pas le cerveau de l’opération, téléguidée par les deux grands cadres militaires de l’époque — Imad Moughniyé, ancien haut responsable militaire du parti, et Kassem Soleimani, ancien chef iranien des opérations extérieures des gardiens de la révolution. La stratégie a « été pensée collectivement » et « ses contacts avec la salle des opérations ont été permanents, quand il n’y siégeait pas en personne », rappelle Aurélie Daher. Mais le sayyed n’est pas le seul maître à bord.

Pour triomphante qu’elle soit, l’année 2006 annonce également la fin d’une époque. Parce qu’il a conscience de son coût extrêmement élevé, Hassan Nasrallah affirme au soir du conflit que le parti n’aurait « absolument pas conduit cette opération s’il avait su qu’elle allait mener à une guerre d’une telle ampleur ». Le leader semble comprendre que le pays ne supporterait pas un second sacrifice de cette envergure. À compter de 2006, le front sud se stabilise. Le Hezbollah se retient désormais de réagir aux miniagressions quotidiennes en provenance de l’armée ennemi. Les discours du sayyed gardent toute leur charge belliqueuse, mais les règles d’engagement à la frontière israélo-libanaise sont entièrement renouvelées : la « résistance » devient performative.

Le mouvement chiite ré-investit la scène politique intérieure - d'autant plus que le départ des troupes syriennes le 26 avril 2005 suite à l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, pour lequel trois membres du parti seront reconnus coupables par le Tribunal Spécial pour le Liban, redistribue les cartes. Plutôt que de disparaître, la guerre se déplace ainsi sur de nouveaux terrains. En interne, d’abord, où la quête d’une domination de l’espace politique pousse Hassan Nasrallah à user de son arsenal militaire comme d’un outil d’intimidation. Cette stratégie culmine le 7 mai 2008, lorsque le mouvement envahit les quartiers ouest de la capitale et tente de s’imposer par la force dans la Montagne afin de contraindre le gouvernement de Fouad Siniora à faire marche arrière sur son projet de démanteler ses réseaux de télécoms et de limoger le chef de la sécurité à l’aéroport de Beyrouth, réputé proche du parti. La séquence consacre la nouvelle logique, désormais dédiée aux gains politiques en interne, et le chantage à la guerre dont est capable la milice. Les lignes rouges ont été posées. Elles ne seront plus remises en question.

À partir de 2011 et jusqu’à aujourd’hui, les bouleversements régionaux induits par les soulèvements des printemps arabes modifient l’ordre des priorités pour Téhéran et pour le leader du Hezbollah. Officiellement au nom du combat contre les « takfiristes », les forces de ce dernier se concentrent dès 2013 sur le terrain syrien. En Irak et au Yémen, des contingents forment, conseillent et encadrent les alliés locaux de l’« axe de la résistance ». L’organisation armée non étatique la plus puissante au monde devient la principale force de frappe de l’appareil iranien dans la région. « D’un groupe de résistance libanais, le Hezbollah est devenu une composante essentielle des gardiens de la révolution, explique Hanin Ghaddar, chercheuse au Washington Institute. Avec une présence en Europe, en Amérique latine et en Afrique, ils ont à la fois un ancrage régional sur le plan militaire et international sur le plan financier. » Le secrétaire général, devenu le ciment du parti, porte, accompagne et incarne cette transformation. Les assassinats en série de hauts dignitaires libanais et iranien — Imad Moughniyé (2008), Moustapha Badreddine (2016) puis Kassem Soleimani (2020) — laissent un espace vacant de conseiller et de stratège militaire auprès de Téhéran qui sera progressivement rempli par Hassan Nasrallah.

Sources :

DAHER, Aurélie, « Hezbollah, mobilisation et pouvoir » (PUF, 2014).

NOE, Nicholas, « Voices of Hezbollah, the Statements of Sayyed Hassan Nasrallah » (Verso, 2007).

TRABOULSI, Fawwaz, A History of Modern Lebanon (Pluto Press, 2012).

Il est dix-huit heures trente dans la capitale libanaise. La banlieue sud de Beyrouth vient d'être touchée par la plus grande frappe israélienne en date depuis la guerre de 2006. Les habitants de la ville tremblent encore au son des explosifs. Le nombre de morts est inconnu, il est question de « massacre ». Une énième tragédie ? Peut-être le début d’une guerre régionale. La rumeur...

28.09.2024 à 10:08

Le Hezbollah confirme que Hassan Nasrallah a été tué

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Le Hezbollah confirme que Hassan Nasrallah a été tué
Texte intégral (730 mots)

La frappe monstre de vendredi soir sur la banlieue sud de Beyrouth a également tué Ali Karaki et « plusieurs autres commandants », selon l'armée.

Samedi vers 14h30, le Hezbollah a annoncé officiellement que son leader, Hasan Nasrallah, avait été tué. Quelques heures plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah », le chef du Hezbollah, dans la frappe monstre de la veille au soir dans la banlieue sud de Beyrouth.

Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne al-Manar, du parti, ce dernier a annoncé que « le maître de la résistance » Hassan Nasrallah « s'est déplacé aux côtés de son Seigneur en tant que grand martyr ». « Il a rejoint la caravane des martyrs de Karbala » et « ses compagnons, les immortels martyrs dont il a dirigé la marche pendant trente ans, les menant de victoire en victoire », a ajouté le parti. « La direction du Hezbollah s'engage à poursuivre son jihad face à l'ennemi, en soutien à Gaza et à la Palestine, en défense du Liban », ajoute le communiqué.

Dans la matinée, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee avait indiqué que la frappe a également éliminé « le commandant du Front Sud du Hezbollah », Ali Karaki, et plusieurs autres commandants.

Le texte affirme que ces assassinats ont eu lieu dans la frappe sur « le quartier général souterrain » du parti chiite, « situé sous un immeuble résidentiel » de la banlieue sud de Beyrouth. Ce bombardement « a été effectué alors que des dirigeants du Hezbollah se trouvaient » à cet endroit. Le communiqué affirme qu' « au cours de ses 32 années à la tête » du parti chiite, Nasrallah « a été responsable du meurtre d'innombrables citoyens et soldats israéliens » et de la planification d'attentats contre Israël « et dans le monde entier ». L'armée israélienne « continuera de cibler « tous ceux qui commettent des « actes de terrorisme ».

Le commandant en chef de l'armée israélienne, Herzl Halevi, a de son côté lancé une mise en garde, après l'annonce de l'élimination de Hassan Nasrallah : « À tous ceux qui menacent les citoyens israéliens, nous savons comment les atteindre ».

« Il est tout pour nous »

À Beyrouth, plusieurs personnes interrogées par notre journaliste Lyana Alameddine avant l'annonce officielle du Hezbollah oscillent entre déni et renoncement après l'annonce de l'élimination de Hassan Nasrallah faite par l'armée israélienne. Dans le centre-ville de Beyrouth, Rissala, une femme déplacée de Bourj Brajné avec ses deux enfants, ne croit pas en la nouvelle que Hassan Nasrallah est mort, comme cela a été annoncé par l'armée israélien. « Non, il n'est pas mort, il représente tout pour nous », affirme-t-elle. Une autre, dans le quartier de Mar Elias estime que l'annonce de la mort de Hassan Nasrallah « ne va rien changer », soulignant que de toute façon « rien n'est encore sorti du côté libanais sur sa mort ».

Une passante, réfugiée de Bchamoun chez sa sœur à Beyrouth, a de son côté indiqué « ne pas avoir peur que Nasrallah soit mort ». « Comme il est venu, d'autres viendront après lui ». Elle estime que la situation ne peut pas empirer. « C'est déjà trop gros, ça ne peut pas être pire ».

Quelques informations biographiques sur Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah

Hassan Nasrallah est le chef du Hezbollah depuis 32 ans , après avoir succédé à Abbas Moussaoui, assassiné par Israël en 1992.

Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah, armé et financé par l'Iran, est devenu une puissante force militaire et politique, représentée au Parlement et au gouvernement libanais .

Israël affirme que le chef du Hezbollah a été tué lors d'une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth vendredi après-midi. Le Hezbollah, lui, n’a toujours pas commenté.

Samedi vers 14h30, le Hezbollah a annoncé officiellement que son leader, Hasan Nasrallah, avait été tué. Quelques heures plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah », le chef du Hezbollah, dans la frappe monstre de la veille au soir dans la banlieue sud de Beyrouth.Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne...

28.09.2024 à 07:44

Le Hezbollah annonce que Nasrallah a été tué : ce qu'il faut savoir ce samedi

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Le Hezbollah annonce que Nasrallah a été tué : ce qu'il faut savoir ce samedi
Texte intégral (1717 mots)

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah pendant une intervention télévisée, le 24 mai 2024. Capture d'écran al-Manar

Vers 14h30 samedi, le Hezbollah a officiellement annoncé que son chef, Hassan Nasrallah, avait été tué. Après une nuit particulièrement éprouvante, marquée par un pilonnage intense de la banlieue sud de Beyrouth, l'armée israélienne avait affirmé, quelques heures plus tôt, que le chef du Hezbollah avait été tué dans le raid sur le QG du parti. Le Hezbollah a mois plusieurs heures à confirmer cette information. Samedi matin, les frappes israéliennes se poursuivaient au Liban-Sud, dans la Békaa, et dans la banlieue sud.

Les principaux faits

-Le Hezbollah a officiellement annoncé, samedi vers 14h30, que son leader, Hassan Nasrallah, avait été tué. Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne al-Manar, du Hezbollah, le parti a annoncé que « le maître de la résistance » Hassan Nasrallah « s'est déplacé aux côtés de son Seigneur en tant que grand martyr ». « La direction du Hezbollah s'engage à poursuivre son jihad face à l'ennemi, en soutien à Gaza et à la Palestine, en défense du Liban », ajoute le communiqué.

-« L'élimination de Nasrallah est l'une des actions les plus importantes de l'histoire d'Israël, et nous ne nous arrêterons pas », a prévenu le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, cité par la radio de l'armée israélienne, sur X.

Samedi peu après 11h, l'armée israélienne avait affirmé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah ». Dans ce texte, publié notamment par le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee, ce dernier indiquait que la frappe de vendredi soir sur la banlieue sud de Beyrouth a également éliminé « le commandant du Front Sud du Hezbollah » et plusieurs autres commandants. Selon le texte, ces hommes sont morts lors de la première frappe sur « le quartier général souterrain » du parti chiite, « situé sous un immeuble résidentiel » de la banlieue sud de Beyrouth. Ce bombardement « a été effectué alors que des dirigeants du Hezbollah se trouvaient » à cet endroit. Le communiqué affirme qu'« au cours de ses 32 années à la tête » du parti chiite, Nasrallah « a été responsable du meurtre d'innombrables citoyens et soldats israéliens » et de la planification d'attentats contre Israël « et dans le monde entier ».

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L'armée israélienne a affirmé, un peu plus tard, que « la plupart » des hauts dirigeants du Hezbollah libanais avaient été « éliminés ». « Nos actions contre le Hezbollah ont empêché une attaque plus large », a également déclaré le porte-parole de l'armée israélienne, ajoutant : « Il reste encore du chemin à parcourir, le Hezbollah a toujours la capacité de tirer sur Israël ».

-Samedi à la mi journée, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé, depuis vendredi soir, « plus de 140 cibles (...) du Hezbollah , notamment des lanceurs (de roquettes) visant des civils israéliens, des bâtiments dans lesquels des armes étaient stockées (...) et d'autres sites d'infrastructures terroristes (...) dans la région de Beyrouth ».

-Dans un communiqué, le Hezbollah a, de son côté, revendiqué, peu après 9h30, le lancement d’une salve de missiles Fadi-3 sur l’aéroport et la base militaire de Ramat David, située à l'est de Haïfa.

-L'armée israélienne a bombardé intensément tout au long de la majeure partie de la nuit de vendredi à samedi, la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où un raid d'une violence inouïe a visé vendredi en personne, selon les médias israéliens, le chef du parti, Hassan Nasrallah. Cette frappe, qui a eu lieu à 18h30, a touché, selon Israël, le QG du Hezbollah dans la banlieue.

-Samedi matin, le bilan exact de la nuit restait toujours incertain, alors que les secouristes étaient toujours déployés sur le terrain afin de sortir les habitants des décombres et de transporter les blessés vers les hôpitaux. Selon un communiqué publié ce matin à 8 heures par la Défense civile, le déploiement des équipes de sauvetage hier soir et dans la nuit a pour l'heure permis d’identifier 38 victimes.

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-Selon une source proche du Hezbollah, six immeubles ont été totalement détruits , soulevés par d'énormes explosions qui ont provoqué d'épaisses colonnes de fumée et creusé de larges cratères, semant la panique parmi les habitants.

-Samedi matin, d'épaisses colonnes de fumée s'élevaient encore dans le ciel, selon des journalistes de l'AFP sur place.

-Des centaines de personnes ayant fui leurs domiciles, souvent à la suite d'un message de l'armée israélienne envoyé avant les frappes, ont passé la nuit à la belle étoile. Les correspondants de l'AFP ont vu des familles entières assises à même le sol toute la nuit dans le centre de Beyrouth ou sur la corniche du bord de mer.

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-Samedi matin, le ministère de la Santé libanais a annoncé samedi que tous les hôpitaux des zones bombardés dans la nuit allaient être évacués « en raison de l'agression » israélienne. Il a demandé les hôpitaux des autres secteurs « à cesser de recevoir des cas non urgents jusqu'à la fin de la semaine prochaine, pour faire de la place à l'accueil des patients des hôpitaux de la banlieue sud de Beyrouth ».

-L'armée israélienne affirme, depuis vendredi soir, frapper des bâtiments civils abritant, selon elle, des dépôts d'armes, des fabriques de munitions et des centres de commandement du Hezbollah. Le mouvement chiite a démenti des « allégations » d'Israël sur la présence de dépôts d'armes dans les immeubles d'habitation.

-Dans la nuit, l'armée israélienne a indiqué que son aviation survolait les environs de l'aéroport de la capitale, pour empêcher l'Iran d'y faire atterrir des cargaisons d'armes destinées au Hezbollah.

Réaction iranienne

L'Iran a affirmé samedi que la « ligne de Hassan Nasrallah se poursuivrait » en dépit de l'élimination la veille du chef du Hezbollah. « La ligne glorieuse du chef de la résistance, Hassan Nasrallah, se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Qods (Jérusalem), si Dieu le veut », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un message publié sur X.

Le mouvement chiite, qui fait partie de ce que l'Iran appelle l' « axe de la résistance » contre Israël, a confirmé samedi la mort de son chef dans une attaque israélienne. Le vice-président iranien Mohammad Javad Zarif a de son côté exprimé ses condoléances pour la mort de Nasrallah, le qualifiant de « symbole de la lutte contre l'oppression ». Un drapeau noir a été érigé en signe de deuil au sanctuaire de l'imam Reza, le principal lieu de culte chiite du pays situé dans la ville de Machhad, dans le nord-est du pays, selon l'agence de presse locale Tasnim. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait déjà dénoncé samedi la politique israélienne « à courte vue », dans un message publié samedi avant la confirmation officielle de la mort de Nasrallah.

Le contexte

Ces frappes massives sont intervenues quelques heures après un discours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à l'Assemblée générale de l'Onu. Lors de ce discours, il a affirmé que son pays poursuivra la guerre contre le Hezbollah jusqu'à ce que « tous les objectifs » soient atteints. Il n'a pas dit un mot de la proposition internationale conduite par les États-Unis et la France d'un cessez-le-feu de 21 jours.

Elles interviennent également dans le contexte d'une escalade brutale, depuis plus d'une semaine, des frappes israéliennes contre le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, bastions du Hezbollah au Liban. Des frappes qui ont fait plus de 700 morts des plus d'une centaine de milliers de déplacés.

Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera « aussi courte » que possible, a assuré vendredi matin un responsable israélien de la sécurité, alors que le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre.

Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban en près d'un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation chiite libanaise en 2006. L'Unicef s'est alarmée du « rythme effrayant » auquel les enfants sont tués, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage, qui privent « 30.000 personnes d'accès à l'eau potable » dans l'est et le sud du Liban.

Vers 14h30 samedi, le Hezbollah a officiellement annoncé que son chef, Hassan Nasrallah, avait été tué. Après une nuit particulièrement éprouvante, marquée par un pilonnage intense de la banlieue sud de Beyrouth, l'armée israélienne avait affirmé, quelques heures plus tôt, que le chef du Hezbollah avait été tué dans le raid sur le QG du parti. Le Hezbollah a...

28.09.2024 à 05:25

Moyen-Orient

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Le Hezbollah annonce officiellement la mort de son chef, Hassan Nasrallah | Jour 358 de la guerre
Texte intégral (3887 mots)

Ce qu’il faut retenir

L'armée israélienne a pilonné toute la nuit la banlieue sud de Beyrouth, après deux appels à évacuation lancés par l'armée israélienne. Les hôpitaux de la zone vont être évacués.

L'incertitude continue de régner encore quant au sort de Hassan Nasrallah, visé à 18h hier dans la banlieue sud, dans des frappes successives ayant fait au moins six morts.

Le Hezbollah a lancé au moins une attaque sur le nord d'Israël depuis ce matin, mais garde le silence sur les événements des dernières heures.

Le Liban est devenu "la nouvelle cible de la politique de génocide, occupation et invasion" d'Israël , affirme le président turc Recep Tayyip Erdogan cité par Reuters.

La situation au Liban-Sud cet après-midi, selon notre correspondant Mountasser Abdallah :

- Des frappes israéliennes ont visé des habitations à Henniyé et Mansouri, dans le caza de Tyr.

- Le Hezbollah a revendiqué une frappe contre la localité israélienne de Matzuva , dans le nord d'Israël. Le parti chiite a également attaqué Ma’alot à l’aide de 50 missiles.

- L’armée israélienne a visé des habitations à Khiam (Marjeyoun).

- Une frappe israélienne a visé une maison à Bayyada (Tyr).

La compagnie aérienne Iran Air a suspendu tous ses vols à destination de Beyrouth jusqu'à nouvel ordre , a déclaré le porte-parole de la compagnie aérienne aux médias locaux, dont l'agence de presse iranienne Tasnim citée par Reuters.

Un haut responsable des gardiens de la révolution iraniens, le général Abbas Nilforoushan , aurait été tué dans les attaques israéliennes à Beyrouth, indique Reuters en citant "des médias iraniens", sans préciser de quelle attaque il s'agit.

"Je suis blessé par la mort de Hassan Nasrallah . La cruauté d’Israël a gagné", lance Issam, habitant de Dekouané, scotché au journal télévisé juste après l’annonce de la mort du chef du Hezbollah. "Je me rappelle comment les Israéliens traitaient le Liban avant le Hezbollah. En 24h ils envahissent tout et ils pouvaient arriver jusqu’à Beyrouth", poursuit-il.

L'Iran a affirmé que la « ligne de Hassan Nasrallah se poursuivrait » en dépit de l'élimination la veille du chef du Hezbollah dans une frappe israélienne menée sur son QG dans la banlieue sud de Beyrouth. « La ligne glorieuse du chef de la résistance, Hassan Nasrallah, se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Qods (Jérusalem), si Dieu le veut », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un message publié sur X.

L'armée israélienne a interdit les rassemblements de plus de 1.000 personnes dans "plusieurs endroits" du centre d'Israël , a annoncé Daniel Hagari, porte-parole de l'institution.

Au niveau de la frontière libano-syrienne, des habitants du Liban-Sud fuyant les frappes israéliennes "crient et deviennent hystériques" après l'annonce de la mort de Nasrallah, raconte Ali Bazzi, un jeune homme de 19 ans qui a fui Bint Jbeil avec son petit frère.

Zainab Hamiyé, étudiante en réalisation cinématographique à l'Université d'Etat de New York affirme de son côté qu'elle s'est précipitée vers un restaurant yéménite de l'autre côté de sa rue "pour crier". "Je ne vois pas comment le monde peut continuer à tourner après la mort du Sayyed . Et apparemment les autres Arabes pensent la même chose que moi. Le restaurant était rempli de Libanais, Syriens et Palestiniens, même de Pakistanais".

Elle souligne toutefois que "les gens sont mitigés, soit fâchés, soit soulagés qu'il ait été tué".

Le secretaire general du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 10 juillet 1992, entoure de ses partisans durant la commemoration de Achoura dans la banlieue sud de Beyrouth. Oussam Ayoub/Archives L’OLJ/AFP

Aux commandes du parti depuis 1992, Hassan Nasrallah est un enfant de la guerre, dans tous les sens du terme . Ce samedi 28 septembre, le Hezbollah a officiellement annoncé sa mort.

Qui était le chef du parti chiite ? Retrouvez ici son portrait, écrit par Stéphanie Khoury.

" Hassan Nasrallah et ses camarades ont rejoint la longue caravane des martyrs sur la route de la Palestine. J'adresse mes condoléances au Hezbollah et je rends hommage à la vie des civils innocents #Palestine #Liban", a écrit sur X le leader druze libanais Walid Joumblatt , accompagnant son message d'une photo de la mosquée du Dôme du Rocher, à Jérusalem.

À Riyad, en Arabie saoudite, une partie de la communauté libanaise poursuit sa journée "comme si de rien n'était" . "Nous ne pouvons pas montrer que nous sommes tristes, sinon nous risquons d'être immédiatement incarcérés et accusés de complicité avec des terroristes. C'est le jour le plus dur de ma vie", confie Imad, un ingénieur mécanique de 50 ans.

Dans la communauté libanaise de Benin City, au Nigeria, les femmes sont vêtues de noir et les hommes pleurent. Les commerces ont été fermés. « Notre dos a été brisé », a déclaré à L'OLJ le propriétaire d'une chaîne de restaurants libanais, originaire de Aïnata, au Liban-Sud. Il a souhaité garder l'anonymat car « en Afrique, afficher son soutien au Hezbollah peut entraîner des sanctions immédiates ».

De l’Aéroport de Beyrouth notre journaliste Dany Moudallal fait état de scènes de désespoir après l’annonce par le Hezbollah de la mort de Hassan Nasrallah. De nombreux passagers attendant dans la salle d’embarquement pour un vol en direction de Bagdad ont crié et fondu en larmes. “Qu’est-ce qu’on va faire sans toi?” , ont lancé certains, tandis que d’autres disaient s’attendre à ce qu’il s’exprime dans la journée.

L’incrédulité se lit sur les visages et dans l’affairement des passagers. “Ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai cette histoire !” , pouvait-on entendre alors que d’autres appelaient leurs proches pour confirmer les informations. Une ambiance de funérailles, rapporte notre journaliste, comme si les gens avaient perdu un membre de leur famille.

Les dirigeants israéliens savaient depuis des mois où se trouvait Hassan Nasrallah avant de décider de le frapper hier soir, selon trois hauts fonctionnaires israéliens cités par le New York Times . La décision de passer à l'acte a été prise parce qu'ils croyaient qu'il n'y avait qu'une courte fenêtre d'opportunité avant qu'il ne disparaisse dans un autre endroit, ont indiqué ces responsables.

Deux de ces responsables ont souligné que plus de 80 bombes avaient été larguées sur une période de plusieurs minutes pour le tuer. Ils n'ont pas confirmé le poids ou la marque des bombes.

Cette attaque a fait trembler Beyrouth et ses environs et provoqué l'effondrement de six immeubles résidentiels.

Selon des habitants de Beyrouth, des tirs sont entendus dans la capitale, notamment dans le quartier de Sanayeh .

"Les hommes pleurent, les femmes hurlent. On a l'impression que c'est le jour du Jugement dernier", affirme à L'Orient-Le Jour Sally Khoury, bénévole dans un centre accueillant les déplacés du Liban-Sud, installé à l'école publique René Moawad à Beyrouth.

Le Hamas a présenté ses condoléances au Hezbollah dans un communiqué, condamnant "l’attaque israélienne qui a touché des immeubles résidentiels de Haret Hreik" qu’il a qualifié "d’acte terroriste et de massacre". "L’occupation sioniste devra porter la responsabilité des répercussions dangereuses de ce crime sur la sécurité et la stabilité de la région", a déclaré le Hamas. "Nous réitérons notre soutien à nos frères du Hezbollah et à la résistance islamique au Liban", a encore dit la formation islamiste.

ECLAIRAGE : "Que va faire l'Iran ? C'est la question qui va déterminer la durée, la nature et l'issue de cette guerre" : Lisez l'éclairage de notre corédacteur en chef, Anthony Samrani, après l'annonce officielle, par le Hezbollah, de la mort de son leader, Hassan Nasrallah.

Lorsque l'ancien chef du Hezbollah, Abbas Moussaoui "a été assassiné par Israël, on a cru que c'en était fini de la résistance, mais Allah a envoyé quelqu'un d'encore plus puissant : Hassan Nasrallah ", a déclaré du Nigeria, un homme d'affaires libanais originaire du Sud , Ahmad Fawaz. "Qu'il repose en paix, et la même chose va également arriver maintenant", a-t-il lancé.

Dans Ghobeiri, quartier de la banlieue sud de Beyrouth, "des pleurs sont entendus dans toute la rue" , selon des personnes encore présentes sur les lieux, malgré les frappes massives de la nuit dernière. Des hommes dans la rue crient le nom de Hassan Nasrallah.

Le chef du courant des Marada, Sleimane Frangié , candidat à la présidentielle soutenu par le Hezbollah, a écrit sur son compte X, après l'annonce de la mort de Hassan Nasrallah : "Le symbole est parti, la légende est née, et la résistance se poursuit" .

"J'aurais préféré que ce soit moi et pas le Sayed, que ce soit toute ma famille, plutôt que lui" , a déclaré à L'Orient Today Khadija Hammoud, de Aïtaroun au Liban-Sud, qui est actuellement déplacée à Aley, peu après l'annonce par le Hezbollah de la mort de Hassan Nasrallah.

Après l'annonce, la chaîne al-Manar diffuse des prières et ne retransmet plus en direct le suivi des frappes au Liban et dans la banlieue sud de Beyrouth.

Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne al-Manar, du Hezbollah , le parti a annoncé que "le maître de la résistance" Hassan Nasrallah "s'est déplacé aux côtés de son Seigneur en tant que grand martyr" . "Il a rejoint la caravane des martyrs de Karbala" et "ses compagnons, les immortels martyrs dont il a dirigé la marche pendant trente ans, les menant de victoire en victoire", a ajouté le parti.

Hassan Nasrallah, rappelle le Hezbollah, avait pris la tête du parti en 1992 et l'a mené à la "libération du Liban en 2000", avec la fin de l'occupation israélienne du Sud, la "victoire de 2006", la guerre de Juillet.

"La direction du Hezbollah s'engage à poursuivre son jihad face à l'ennemi , en soutien à Gaza et à la Palestine, en défense du Liban", ajoute le communiqué.

Le Hezbollah annonce officiellement la mort de son chef, Hassan Nasrallah.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a tenu une réunion "d'évaluation de la situation" au siège du ministère de la Défense, en compagnie du chef d'état-major de l'armée Herzl Halevi, du directeur du Mossad David Barnea et de hauts responsables de la sécurité.

Les autorités européennes recommandent aux compagnies aériennes d'éviter les espaces aériens du Liban et d'Israël en raison d'une « intensification des frappes aériennes et d'une dégradation de la situation sécuritaire », ont-elles annoncé.

La Commission européenne et l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) ont émis un bulletin « recommandant de ne pas opérer à l'intérieur des espaces aériens du Liban et d'Israël, à tous niveaux de vol », a fait savoir l'AESA. Elle juge que la situation dans ces deux pays a eu des répercussions « sur la sûreté de l'espace aérien ». Cette recommandation est à ce stade « valable jusqu'au 31 octobre » mais pourra être « revue, adaptée ou retirée en fonction de l'évaluation » de la situation. « L'AESA va continuer à suivre étroitement la situation en vue d'évaluer s'il y a une augmentation ou une décrue des risques pour les opérateurs d'appareils de l'UE, résultant de l'évolution de la menace », écrit-elle.

Le Premier ministre français Michel Barnier a qualifié samedi d'« extrêmement grave » la situation au Liban et affirmé « se préoccuper de la sécurité » des Français sur place.

La situation au Liban, touché par des frappes israéliennes massives, « reste extrêmement grave et je ne vais pas faire d'autres commentaires parce que ce n'est pas le lieu aujourd'hui », a affirmé le chef du gouvernement en marge d'un déplacement à Mâcon (centre). « Nous suivons ces situations tragiques et aussi nous nous préoccupons de la sécurité de nos compatriotes sur place », a-t-il ajouté.

Le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, s'est auparavant dit sur le réseau social X « consterné par l'ampleur du massacre en cours au Liban » . Le Premier ministre israélien Benjamin « Netanyahu viole la souveraineté des États dans toute la région avec la complicité de l'Europe et des USA. Le génocide à Gaza se propage sans limite », a-t-il ajouté.

Des colis déchargés d’un avion sur le tarmac de l’Aéroport international de Beyrouth, le 24 juin 2024. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour

L'armée israélienne a piraté la tour de contrôle de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) , menaçant un avion iranien qui devait y atterrir et a fait demi-tour, selon des informations rapportées par une source au sein du ministère des Transports citée par Reuters.

De quel vol s'agissait-il et où l'avion a-t-il fait demi tour ? Plus d'informations ici.

Concernant les trois frappes entendues plus tôt dans la banlieue sud de Beyrouth :

Selon des informations des médias libanais al-Jadeed et MTV, ces bombardements ont visé un bâtiment entre Haret Hreik et Chiyah, ainsi que l'ancienne route de Saïda.

Selon notre correspondante dans la Békaa, une frappe ciblée à visé une camionnette sur l'autoroute de Zahlé , tuant son conducteur.

Dans le Sud, des frappes aériennes ont visé Henniyé et Mansouri , dans le caza de Tyr.

Le Hezbollah a revendiqué deux nouvelles attaques de "riposte aux attaques israéliennes barbares sur des villes et villages civils". Ces frappes ont été menées sur deux positions civiles de la zone frontalière :

- Matzuva, à 3 km de la frontière face à Alma el-Chaab (Tyr), avec des roquettes.

- Ma'alot, à une dizaine de kilomètres de la Ligne bleue, face à Marwahine (Tyr), avec "50 roquettes".

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei , a déclaré qu' Israël « ne peut pas endommager la solide infrastructure du Hezbollah au Liban », à la suite de l'annonce faite par l'armée israélienne de l'assassinat du chef Hassan Nasrallah vendredi, dans une frappe monstre sur la banlieue sud de Beyrouth.

Le sort de la région « sera déterminé par les forces de la résistance, avec le Hezbollah en première ligne », a ajouté Khamenei, ajoutant que les forces de la résistance soutiennent le Hezbollah.

À Chtaura, dans la Békaa , une frappe de drone a visé, sans l'atteindre, une voiture , selon notre correspondante locale.

Une frappe similaire avait eu lieu à Dahr el-Baïdar, sur la route de Damas, entre Beyrouth et la Békaa et la Syrie. Selon des informations des médias libanais, le conducteur a réchappé à ce tir.

Au Liban-Sud, de nouvelles frappes ont visé Majdel Selm (Marjeyoun), la place centrale de Kfardounine (Bint Jbeil), Qadmous, au nord de Tyr, Aïta el-Chaab (Bint Jbeil), et Nabatiyé. À Nabatiyé et Kfardounine, plusieurs maisons ont été détruites.

L'armée israélienne affirme avoir attaqué plus de 140 cibles du Hezbollah depuis hier soir , dont des dizaines de lance-roquettes et de bâtiments dans lesquels des armes étaient stockées, rapporte le Haaretz. L'armée israélienne avance que certaines des cibles attaquées étaient situées sous des immeubles résidentiels dans la région de Beyrouth.

D'après des informations de personnes se trouvant dans la banlieue sud, trois frappes ont à nouveau visé la zone.

Après les différentes frappes revendiquées par le Hezbollah sur le Nord israélien, le Haaretz a rapporté des dégâts occasionnés par des éclats de missiles intercepteurs à deux bâtiments de Nahariya ainsi qu'à un véhicule.

La voiture ciblée à Dahr el-Baïdar. Photo fournie par Sarah Abdallah

Une frappe israélienne a visé une voiture à Dahr el-Baïdar , localité située sur la route reliant Beyrouth à la Békaa et la Syrie et lieu de transit important.

De nouvelles frappes ont visé le Liban-Sud, selon notre correspondant :

- Des avions de guerre israéliens ont pris pour cible Jabal Blat (Marjeyoun).

- Les tirs d'artillerie israéliens se poursuivent sur Chebaa (Hasbaya), visant cette fois un centre médical.

- Un raid israélien a ciblé la route reliant Hebbariyé et Chebaa, suivi d'un bombardement d'artillerie.

- Une frappe a visé la périphérie de Tayr Debba et Jouwaya (Tyr).

Une carte de la banlieue sud de Beyrouth identifiant, en rouge, les cibles de dizaines de frappes israéliennes. Celles entourées en jaune sont celles qui ont fait l'objet d'ordres d'évacuation émis par l'armée israélienne, avant d'être bombardées.

La Direction générale de la Défense civile a annoncé dans un communiqué la mort d'un de ses membres au cours d'une opération de secours dans la banlieue sud de Beyrouth la nuit dernière. Elle a également indiqué qu'un autre membre se trouvait dans un état critique.

Ils ont été touchés dans une des frappes aériennes ciblant la zone, ce qui a fortement compliqué toutes les opérations de la Défense civile la nuit dernière, selon un communiqué.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei , a été transféré dans un lieu sûr à l'intérieur du pays , avec des mesures de sécurité renforcées, ont indiqué à Reuters deux responsables régionaux informés par Téhéran.

Les sources ont affirmé que l'Iran était en contact permanent avec le Hezbollah et d'autres de ses alliés régionaux pour déterminer la "prochaine étape après" qu'Israël a annoncé avoir tué Hassan Nasrallah.

Le Hezbollah a revendiqué, peu après midi, trois frappes successives sur des positions israéliennes :

- Sur des soldats israéliens près du site "d'el-Sadah", avec des obus d'artillerie.

- Sur le village de Sa'ar, avec une salve de roquettes.

- Sur le village de Rosh Pinna, avec des roquettes également.

Ces deux dernières positions sont positionnées à une trentaine de kilomètres de la frontière.

Une femme rencontrée dans le quartier de Mar Elias estime de son côté que l'annonce de la mort de Hassan Nasrallah "ne va rien changer", soulignant que de toute façon "rien n'est encore sorti du côté libanais sur sa mort".

Une autre, réfugiée de Bchamoun chez sa sœur à Beyrouth, a indiqué "ne pas avoir peur que Nasrallah soit mort". "Comme il est venu, d'autres viendront après lui". Elle estime que la situation ne peut pas empirer. "C'est déjà trop gros, ça ne peut pas être pire".

L'Iran est en contact avec le Hezbollah et ses autres alliés dans la région pour déterminer la "prochaine étape" après la mort de Hassan Nasrallah , selon des sources citées par l'agence Reuters.

Le porte-parole de l'armée israélienne a déclaré, selon Reuters : « Nos actions contre le Hezbollah ont empêché une attaque plus large » . « Nous nous concentrons sur l'élimination de la menace des armes stratégiques et l'élimination des hauts responsables terroristes. Nous nous concentrons aussi sur le fait de les éloigner de la frontière », a-t-il ajouté. « Il reste encore du chemin à parcourir, le Hezbollah a toujours la capacité de tirer sur Israël », a-t-il averti.

Dans le centre-ville de Beyrouth, Rissala, une femme déplacée de Bourj Brajné avec ses deux enfants, ne croit pas en la nouvelle que Hassan Nasrallah est mort , comme cela a été annoncé par l'armée israélien. "Non, il n'est pas mort, il représente tout pour nous", affirme-t-elle.

Le parti islamique libanais de la Jamaa Islamiyaa a condamné les récentes frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth , les qualifiant de "génocide" contre des civils . Le parti a accusé Israël de "bombarder sans discernement des immeubles résidentiels, de les réduire en ruines et de tuer des femmes, des enfants et des personnes âgées". "Nous considérons que la guerre de génocide menée par l'ennemi sioniste contre la population civile a pour principal objectif de pousser la résistance à hisser le drapeau de la reddition et d'imposer ses conditions au Liban, tentant ainsi de compenser son scandale à Gaza", a déclaré la Jamaa Islamiya dans un communiqué, dans lequel elle n'a pas évoqué le sort du chef du Hezbollah , Hassan Nasrallah.

Au cours des dernières heures, plusieurs frappes israéliennes ont visé le Liban-Sud , selon notre correspondant. Et notamment :

- Le nord-est de Meis el-Jabal, Bariqa, Bint Jbeil, Adloun, la périphérie de Chebaa et une zone boisée près de Yaroun , ce qui a provoqué un incendie.

- Une frappe de drone a également ciblé deux personnes qui circulaient à mobylette à Khiam , les blessant.

Hassan Nasrallah est le chef du Hezbollah depuis 32 ans , après avoir succédé à Abbas Moussaoui, assassiné par Israël en 1992.

Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah, armé et financé par l'Iran, est devenu une puissante force militaire et politique, représentée au Parlement et au gouvernement libanais .

Israël affirme que le chef du Hezbollah a été tué lors d'une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth vendredi après-midi. Le Hezbollah, lui, n’a toujours pas commenté.

27.09.2024 à 23:00

La France, dernière amie du Liban, malgré ses limites

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La France, dernière amie du Liban, malgré ses limites
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Le président Macron a pris la tête de l’initiative poussant pour une trêve temporaire entre Israël et le Hezbollah.

Elle s’engage activement sur le dossier. Depuis quelques jours, la France redouble d’efforts pour parvenir à un arrêt des hostilités entre le Hezbollah et Israël, à l’heure où les frappes intensives menées par l’État hébreu sur le territoire...

Elle s’engage activement sur le dossier. Depuis quelques jours, la France redouble d’efforts pour parvenir à un arrêt des hostilités entre le Hezbollah et Israël, à l’heure où les frappes intensives menées par l’État hébreu sur le territoire...

27.09.2024 à 21:31

Israël accule le Hezbollah à la capitulation ou... la guerre totale

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Israël accule le Hezbollah à la capitulation ou... la guerre totale
Texte intégral (1007 mots)

Il paraît très difficile d’envisager un scénario où le Hezbollah ne répond pas avec force à l’attaque qui a visé son QG dans la banlieue sud.

Des bâtiments en ruine après la frappe israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth ce vendredi. Photo AFP

Une heure avant, depuis la tribune des Nations unies, il célébrait ses récents succès, avec une arrogance et une détermination non dissimulées. Il était clair que Benjamin Netanyahu n’avait aucune intention d’accepter la proposition de trêve franco-américaine, qu’il n’a même pas pris la peine de mentionner. Le Premier ministre israélien savait-il à ce moment-là que son aviation allait mener quelques dizaines de minutes plus tard une frappe, sans précédent depuis 2006, sur la banlieue sud de Beyrouth, visant le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et plongeant tout un pays dans une terrible inconnue ?

Plus rien ne sera désormais comme avant. En bombardant avec cette intensité la banlieue sud, réduisant six bâtiments en cendres, ce qui pourrait faire des centaines de morts, Israël a fait le choix d’une guerre totale avec le Hezbollah. En ciblant son secrétaire général, dont le sort est encore inconnu, il démontre qu’il n’a plus aucune limite dans sa volonté d’écraser la formation pro-iranienne. Cette dernière était dans une logique de retenue malgré les nombreuses gifles encaissées au cours de cette dernière semaine. Cette posture paraît toutefois impossible à tenir, d’autant plus si Hassan Nasrallah est mort après cette série de frappes.

Israël fait peut-être le calcul qu’un coup aussi sévère entraînera le Hezbollah et son parrain iranien à arrêter cette guerre, indépendamment de ce qui se passe à Gaza, et à accepter un accord de cessez-le-feu qui leur serait largement défavorable. En somme : frapper très fort pour faire capituler l’ennemi. Dans la même logique, Israël a conduit toute la nuit des frappes sur la banlieue sud, provoquant un sentiment de terreur et de panique dans toute la capitale, et donnant le sentiment de ne pas vouloir offrir le moindre répit à son adversaire.

Le Hezbollah et l’Iran n’ont jamais été confrontés à ce type de situation et leur réaction pourrait peut-être nous surprendre. En outre, nous ne savons presque rien des capacités opérationnelles du parti après une semaine dévastatrice où Israël a montré à quel point il s’était préparé à cette guerre depuis presque deux décennies. Le parti chiite a-t-il les moyens de s’engager dans une guerre totale ? Qui donne les ordres, si tout le commandement a été décapité ? Et l’Iran, qui craint plus que tout une confrontation directe avec les États-Unis, va-t-il désormais prendre ce risque pour éviter de perdre sa carte la plus précieuse au Moyen-Orient ?

Les inconnues sont encore très nombreuses à l’heure qu’il est. Mais il paraît très difficile d’envisager un scénario où le Hezbollah ne répond pas avec force à cette attaque. Dans le cas contraire, tout l’axe iranien serait nu : il ne resterait plus rien de sa capacité de dissuasion et par conséquent de sa crédibilité dans la région. Une forte réponse du Hezbollah, avec l’utilisation de centaines voire de milliers de missiles de haute précision, entraînerait toutefois une riposte encore plus forte de la part d’Israël qui traiterait alors la banlieue sud comme un second Gaza. Le Hezbollah n’a jamais été aussi acculé : c’est soit l’humiliation, soit la fuite en avant contre un adversaire beaucoup plus fort que lui. Alors que la banlieue sud était pilonnée par l'armée israélienne cette nuit, le parti est resté silencieux.

Très grandes répercussions

Le fait que le parti chiite n’ait donné aucune indication quant à l’état de santé de Hassan Nasrallah quelques heures après la frappe est un signe inquiétant. S’il a effectivement été éliminé, ce serait un coup de tonnerre qui n’a pas d’équivalent dans la région ces dernières décennies. Ce serait un événement encore plus important que la mort du général iranien Kassem Soleimani ou de l’ex chef d’el-Qaëda Oussama Ben Laden. La disparition de Hassan Nasrallah aurait de très grandes répercussions non seulement au Liban, mais aussi dans toute la région.

Même si le secrétaire général du parti sera remplacé, et même si, en définitive, Ali Khamenei est le grand décideur, personne n’a le charisme et la portée du leader du Hezbollah au sein de l’autoproclamé « axe de la résistance ». Ce dernier est considéré comme un dieu vivant par ses partisans qui réclameront vengeance s’il a effectivement été assassiné.

La période qui s’ouvre est extrêmement inquiétante. Nous ne sommes plus au bord du gouffre. Nous sommes plongés dedans, sans en connaître encore la profondeur et, par conséquent, la puissance de l’impact au moment de la chute.

Une heure avant, depuis la tribune des Nations unies, il célébrait ses récents succès, avec une arrogance et une détermination non dissimulées. Il était clair que Benjamin Netanyahu n’avait aucune intention d’accepter la proposition de trêve franco-américaine, qu’il n’a même pas pris la peine de mentionner. Le Premier ministre israélien savait-il à ce moment-là que son...

27.09.2024 à 16:18

Comment Israël a piégé les bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah

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Comment Israël a piégé les bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah
Lire plus (93 mots)

Mais comment l’État hébreu a-t-il pu monter une telle attaque à distance ? Très vite, l’enquête dépasse largement les frontières du Moyen-Orient, jusqu’aux marchés européens et asiatiques, avec dans le viseur des sociétés opaques travaillant très probablement pour le compte du Mossad.

Dans ce nouveau décryptage réalisé par l’équipe vidéo de L’Orient-Le Jour , nous vous expliquons tout sur cette affaire.

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