01.09.2025 à 12:51
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Alors que les relations entre la Thaïlande et le Cambodge semblent s’apaiser, il semble intéressant de revenir sur la portée de ces événements pour l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Le 24 juillet 2025, des affrontements armés ont éclaté entre les deux pays, expression d’une tension qui couvait depuis le début d’année et qui s’était envenimée fin mai. Puisant sa source entre autres dans un vieux contentieux autour du tracé de la frontière commune, le conflit a provoqué la mort d’une quarantaine de personnes et le déplacement d’environ 300 000 personnes en quelques jours. Si la précédente confrontation entre les deux pays en 2011 avait déjà provoqué la mort d’une quarantaine de personnes, cette nouvelle escalade avait pourtant surpris par sa violence qui rompait avec l’ASEAN Way depuis si longtemps promu et avec la « paix » défendue. Quels sont les impacts à prévoir sur l’organisation régionale, à court et à long terme ? Que révèle cette crise de l’ASEAN ? Le point avec Christine Cabasset, docteure en géographie, associée et ex-directrice adjointe de l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine à Bangkok et associée au programme Asie-Pacifique de l’IRIS. Si ce n’est pas le premier incident entre les deux pays, peut-on s’attendre à ce que ce nouvel épisode ait des conséquences négatives pour l’image et la centralité de l’ASEAN ? Rappelons d’abord que, depuis sa formation en août 1967, l’ASEAN a fait face à de nombreuses crises, au sujet desquelles certains observateurs se sont parfois demandé si l’organisation pourrait s’en relever. Ce fut par exemple le cas lors de la crise financière asiatique de 1997 et de ses suites. L’association régionale s’est non seulement relevée, mais elle a, depuis, largement renforcé son assise, sa crédibilité et son attractivité. Le monde s’est habitué à voir en l’ASEAN un espace de stabilité, loin […]
L’article Le conflit Cambodge – Thaïlande : quelles portées et conséquences pour l’ASEAN ? est apparu en premier sur IRIS.
Alors que les relations entre la Thaïlande et le Cambodge semblent s’apaiser, il semble intéressant de revenir sur la portée de ces événements pour l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Le 24 juillet 2025, des affrontements armés ont éclaté entre les deux pays, expression d’une tension qui couvait depuis le début d’année et qui s’était envenimée fin mai. Puisant sa source entre autres dans un vieux contentieux autour du tracé de la frontière commune, le conflit a provoqué la mort d’une quarantaine de personnes et le déplacement d’environ 300 000 personnes en quelques jours. Si la précédente confrontation entre les deux pays en 2011 avait déjà provoqué la mort d’une quarantaine de personnes, cette nouvelle escalade avait pourtant surpris par sa violence qui rompait avec l’ASEAN Way depuis si longtemps promu et avec la « paix » défendue. Quels sont les impacts à prévoir sur l’organisation régionale, à court et à long terme ? Que révèle cette crise de l’ASEAN ? Le point avec Christine Cabasset, docteure en géographie, associée et ex-directrice adjointe de l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine à Bangkok et associée au programme Asie-Pacifique de l’IRIS.
Si ce n’est pas le premier incident entre les deux pays, peut-on s’attendre à ce que ce nouvel épisode ait des conséquences négatives pour l’image et la centralité de l’ASEAN ?
Rappelons d’abord que, depuis sa formation en août 1967, l’ASEAN a fait face à de nombreuses crises, au sujet desquelles certains observateurs se sont parfois demandé si l’organisation pourrait s’en relever. Ce fut par exemple le cas lors de la crise financière asiatique de 1997 et de ses suites. L’association régionale s’est non seulement relevée, mais elle a, depuis, largement renforcé son assise, sa crédibilité et son attractivité. Le monde s’est habitué à voir en l’ASEAN un espace de stabilité, loin des foyers des crises et des violences d’autres régions comme le Moyen-Orient, ou des pressions démographiques et économiques des géants que sont l’Inde et la Chine.
Face à la crise actuelle, ce n’est pas un hasard si la Malaisie – soutenue par la Chine et les États-Unis – a pu assurer une médiation entre le Cambodge et la Thaïlande, obtenir un cessez-le-feu le 28 juillet renouvelé le 7 août (et le principe d’une surveillance par des observateurs aséaniens postés de part et d’autre de la frontière) : cela va de pair avec le rôle attendu de la présidence de l’ASEAN que le pays assume en 2025. De plus, le Premier ministre Anwar Ibrahim, actif sur la scène régionale et internationale, se fait le promoteur d’un monde musulman comme force politique sur la scène internationale et d’une Malaisie musulmane et démocratique. Au-delà, on se souviendra que la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et Singapour (mais aussi le Brunei qui assurait la présidence de l’ASEAN en 2021) s’étaient déjà saisis du dossier birman à partir du coup d’État de février 2021, avant que le Timor oriental soit particulièrement expressif sur le sujet à partir de 2022. Cela dit, c’est précisément parce que le groupement régional n’a pas réussi à infléchir la crise birmane que ce nouvel épisode met un coup de canif à la « centralité » aséanienne.
Justement, alors que l’ASEAN butte sur le dénouement de la crise birmane, peut-on encore être optimiste sur l’issue du litige entre le Cambodge et la Thaïlande ? Quel rôle historique l’ASEAN a-t-elle joué dans la stabilisation de conflit en Asie du Sud-Est ? Quelles restent aujourd’hui les limites de son champ d’action ?
Il s’agit d’une épreuve qui a les capacités d’écorner l’image de l’ASEAN en illustrant sa principale faiblesse : sa difficulté à faire face aux crises politiques, d’autant plus lorsqu’elles relèvent de la sécurité conventionnelle comme c’est le cas avec ce conflit bilatéral. Alors que la région a un passé fortement marqué par les coups d’État et les régimes autoritaires, les exemples de son incapacité à y répondre sont nombreux. Lorsqu’en 1965-1966, en Indonésie, émergea de la meurtrière chasse anticommuniste (au moins 500 000 morts) le nouvel homme fort du pays, le général Suharto, celui-ci, non seulement commanda d’une main de fer le vaste archipel (1967-1998), mais exerça aussi une influence certaine sur l’ASEAN au long de ses 32 ans de pouvoir. En 1967, et jusqu’au milieu des années 1990, celle-ci ne comptait alors que les cinq membres fondateurs : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande (rejoins par Brunei dès son indépendance en 1984), fédérés d’abord en un front anticommuniste. Ceci explique entre autres que dans un contexte de guerre froide, l’invasion par l’Indonésie en décembre 1975 du Timor portugais en passe de devenir indépendant à la faveur de la Révolution des Œillets au Portugal (anticoloniale et antidictatoriale, avril 1974), puis l’annexion du territoire au titre de 27e province de la République indonésienne (jusqu’en 1999), ne rencontrèrent aucune réaction de l’ASEAN. Même si l’on considère des crises beaucoup plus proches de nous, le constat est le même. Telle la Thaïlande, sujette à des crises politiques violentes (1992 et 2010 par exemple) et coups d’État réguliers (2006 et 2014 pour les plus récents) : là aussi, au nom du principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays, l’ASEAN était restée muette. D’autres illustrations pourraient provenir de la sphère environnementale (fumées toxiques quasi annuelles à la suite des grands feux de forêt, et autres épisodes de pollution de l’air, de l’eau, etc.), l’organisation régionale ayant du mal à dénoncer les causalités et à prendre des mesures drastiques.
Tout cela a à voir avec L’ASEAN Way qui, outre la non-ingérence, repose sur quelques principes forts comme le consensus, qui requière en réalité l’unanimité, et le sens du compromis. L’adhésion à l’ASEAN n’induisant que peu de cadres ou documents contraignants, et le groupement régional n’ayant pas poussé l’intégration régionale au point d’élaborer un organe supranational, contrairement à l’Union européenne, le respect de ces principes repose sur la bonne volonté. Soulignons aussi que la Charte de l’ASEAN (2007) indique de garantir aux peuples et aux États membres de vivre dans un environnement juste, démocratique et harmonieux (article 1.4), mais elle n’inclue pas d’outils concrets, ni contre les coups d’État, ni contre les abus aux droits humains, ni contre les conflits transfrontaliers. Par ailleurs, si la Charte comprend des droits et obligations (article 5), ainsi que les procédures et critères d’admission de nouveaux membres (article 6), elle n’exprime pas la notion de sanction à l’égard d’un membre qui romprait avec les principes établis. Ainsi, la suspension à partir de 2021 de représentation officielle de la junte militaire de tout événement majeur tel que les sommets, a représenté un pas très significatif dans le contexte aséanien.
Pour se garder de simplifier, ajoutons que le fonctionnement de l’ASEAN est moins rigide qu’il n’y parait. En dépit du principe de non-ingérence, l’organisation sait coopérer dans le domaine de la sécurité non conventionnelle – l’assistance humanitaire et les secours en cas de catastrophes par exemple. De plus, elle est représentée par certains de ses membres dans le déploiement de forces de maintien de la paix, comme ce fut le cas au Cambodge (au début des années 1990), au Timor oriental (1999-2002) et à Mindanao aux Philippines (années 1990).
Compte tenu de la rareté des conflits bilatéraux dans la région sud-est asiatique et donc du caractère inédit dudit conflit entre Cambodge et Thaïlande, l’organisation régionale ne joue-t-elle pas aussi un rôle de force stabilisatrice ?
Oui bien sûr, la stabilité constitue la grande force de l’ASEAN et c’est en cela que l’organisation régionale est remarquable. Car, rappelons-le, l’ASEAN part de loin dans le domaine de la paix et de la coopération. Si l’Union européenne a été forgée par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, l’ASEAN le fut aussi dans la guerre : Seconde Guerre mondiale, colonisation japonaise, guerre du Viêtnam, théorie des dominos, guerre froide. Elle a souffert tout particulièrement de sa situation géographique – et de sa partition idéologique – entre les deux grands blocs. La déclaration de Bangkok, texte fondateur de l’ASEAN (8 août 1967) note les objectifs de croissance économique, de progrès social, de la promotion de la paix et de stabilité régionale. C’est fort, car à la formation de l’ASEAN, celle-ci est encore traversée de divisions profondes et de tensions liées à la « konfrontasi » (1962-1966) entre l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et Singapour, au sujet du statut et donc de la souveraineté qui doit s’exercer sur le nord de l’île de Bornéo (les actuels Sarawak et Sabah malaisiens et Brunei Darussalam), tandis que le reste de l’île, Kalimantan, est indonésien.
La décision prise à la fin de la guerre froide d’intégrer à l’ASEAN les quatre pays « communistes », appelés aussi les CLMV (Cambodge, Laos, Myanmar et Viêtnam), fut d’abord pragmatique. Mais le geste était très fort là aussi, compte tenu des immenses difficultés, politiques et économiques entre autres, qu’induisait la réunion de tous les pays sud-est asiatiques. Et ce, alors que la défiance était ce qui caractérisait le mieux l’état des relations entre les deux blocs : la Thaïlande avait constitué la base arrière et joué un rôle actif dans la lutte contre le Viêtnam communiste, l’invasion par le Viêtnam du Cambodge en 1978 avait, certes, permis de mettre un coup d’arrêt au pouvoir des Khmers rouges, mais sa décennie d’occupation du territoire (jusqu’en 1989) avait cristallisé les oppositions, etc. Ajoutons également que les onze pays de cet ensemble – y compris donc la Thaïlande, seul pays à être resté indépendant –, ont dû composer avec des frontières héritées des colonisations britanniques, françaises, néerlandaises, portugaises, etc., qui font encore aujourd’hui l’objet de controverses et de négociations. Bien que les facteurs de la confrontation actuelle entre le Cambodge et la Thaïlande soient multiples, les délimitations frontalières sont l’un des points de crispations régulières des relations. Le rappel de ces quelques éléments permet de mieux comprendre ce qu’instaurer des coopérations entre les différents pays et atteindre une entente régionale a pu représenter. L’ASEAN en tant qu’organisation, autant que les pays qui la composent, a pourtant réussi à surmonter ces défis, à nouer des relations pacifiées, si ce n’est de confiance, et à œuvrer pour le maintien de la stabilité. Nul doute que l’organisation régionale a pleinement conscience des enjeux de l’actuelle confrontation bilatérale et qu’elle s’active sur le sujet : à ce point de l’histoire, l’ASEAN et la région auraient trop à perdre si le conflit s’envenimait.
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29.08.2025 à 17:45
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Si la Chine occupe une place névralgique dans les débats géopolitiques contemporains, certains de ses théâtres d’influence demeurent étonnamment discrets. Tel est le cas de l’Azerbaïdjan. Ce petit État du Caucase du Sud, aux marges de l’espace post-soviétique, s’est hissé en quelques années au rang de pivot stratégique sur les nouvelles routes commerciales eurasiatiques. Situé à la croisée des corridors terrestres et maritimes reliant l’Asie centrale à l’Europe, riche en hydrocarbures et en infrastructures logistiques modernes, l’Azerbaïdjan constitue aujourd’hui un laboratoire privilégié pour observer l’évolution de la stratégie d’influence chinoise : une stratégie qui privilégie désormais la fluidité des flux économiques au contrôle territorial ou politique direct. L’étude de cette présence offre plusieurs clés de lecture. Elle illustre l’évolution des méthodes chinoises d’influence, désormais orientées vers la circulation des biens et la maîtrise des réseaux logistiques. Elle révèle la capacité de Pékin à s’adapter aux contraintes géopolitiques locales. Elle met en lumière, enfin, les limites de cette approche, entre prudence diplomatique face à Moscou, rivalités régionales persistantes et volonté affichée de ne pas heurter les équilibres existants. Dans un monde où la géopolitique des flux redéfinit les rapports de force, le cas azerbaïdjanais constitue un exemple particulièrement éclairant de la stratégie chinoise en Eurasie.
L’article La Chine en Azerbaïdjan : stratégie silencieuse d’une puissance émergente est apparu en premier sur IRIS.
Si la Chine occupe une place névralgique dans les débats géopolitiques contemporains, certains de ses théâtres d’influence demeurent étonnamment discrets. Tel est le cas de l’Azerbaïdjan. Ce petit État du Caucase du Sud, aux marges de l’espace post-soviétique, s’est hissé en quelques années au rang de pivot stratégique sur les nouvelles routes commerciales eurasiatiques. Situé à la croisée des corridors terrestres et maritimes reliant l’Asie centrale à l’Europe, riche en hydrocarbures et en infrastructures logistiques modernes, l’Azerbaïdjan constitue aujourd’hui un laboratoire privilégié pour observer l’évolution de la stratégie d’influence chinoise : une stratégie qui privilégie désormais la fluidité des flux économiques au contrôle territorial ou politique direct.
L’étude de cette présence offre plusieurs clés de lecture. Elle illustre l’évolution des méthodes chinoises d’influence, désormais orientées vers la circulation des biens et la maîtrise des réseaux logistiques. Elle révèle la capacité de Pékin à s’adapter aux contraintes géopolitiques locales. Elle met en lumière, enfin, les limites de cette approche, entre prudence diplomatique face à Moscou, rivalités régionales persistantes et volonté affichée de ne pas heurter les équilibres existants. Dans un monde où la géopolitique des flux redéfinit les rapports de force, le cas azerbaïdjanais constitue un exemple particulièrement éclairant de la stratégie chinoise en Eurasie.
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28.08.2025 à 11:14
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Dans un article publié le 8 août dernier, le New York Times a révélé l’existence d’un executive order (décret-loi) secret, signé récemment par le président américain Donald Trump. Destiné au Pentagone, il autorise le recours à la force armée contre les cartels de la drogue, sur terre comme sur mer, au-delà des frontières des États-Unis. Deux pays sont particulièrement visés : le Mexique et le Venezuela. Une initiative aux implications géopolitiques majeures, même si elle semble s’inscrire dans une certaine continuité à l’œuvre depuis une cinquantaine d’années. En 1971, lors d’une conférence de presse restée célèbre, le président Richard Nixon n’avait-il pas fait de l’abus de drogues l’ennemi public numéro 1 des États-Unis ? À l’époque, le pays était confronté à un très fort développement des consommations de substances illégales, notamment d’héroïne, qui affectait singulièrement l’armée américaine engagée au Vietnam. Même si le chef de l’État américain n’utilisa jamais le syntagme War on Drugs, la politique subséquente allait provoquer un développement agressif de l’interventionnisme étatsunien dans le monde. De la France à la Turquie, de la Colombie au Mexique, en passant par le Panama et l’Afghanistan, cette politique a souvent été le paravent de motivations visant à la préservation des intérêts américains dans le monde et à des pratiques très éloignées des objectifs d’une croisade se voulant vertueuse. Cependant, si l’initiative de Donald Trump était vraiment suivie d’effets, un nouveau palier serait franchi annonçant de nombreux bouleversements géopolitiques. Elle donne en effet à la puissance américaine une base juridique inédite à des interventions futures tout en rompant en partie avec les orientations récentes des précédentes administrations qui avaient commencé à tirer quelques leçons des échecs du passé liés à la « guerre à la drogue ».
L’article La « guerre à la drogue » de Donald Trump : vers l’unilatéralisme le plus total est apparu en premier sur IRIS.
Dans un article publié le 8 août dernier, le New York Times a révélé l’existence d’un executive order (décret-loi) secret, signé récemment par le président américain Donald Trump. Destiné au Pentagone, il autorise le recours à la force armée contre les cartels de la drogue, sur terre comme sur mer, au-delà des frontières des États-Unis. Deux pays sont particulièrement visés : le Mexique et le Venezuela. Une initiative aux implications géopolitiques majeures, même si elle semble s’inscrire dans une certaine continuité à l’œuvre depuis une cinquantaine d’années. En 1971, lors d’une conférence de presse restée célèbre, le président Richard Nixon n’avait-il pas fait de l’abus de drogues l’ennemi public numéro 1 des États-Unis ? À l’époque, le pays était confronté à un très fort développement des consommations de substances illégales, notamment d’héroïne, qui affectait singulièrement l’armée américaine engagée au Vietnam. Même si le chef de l’État américain n’utilisa jamais le syntagme War on Drugs, la politique subséquente allait provoquer un développement agressif de l’interventionnisme étatsunien dans le monde. De la France à la Turquie, de la Colombie au Mexique, en passant par le Panama et l’Afghanistan, cette politique a souvent été le paravent de motivations visant à la préservation des intérêts américains dans le monde et à des pratiques très éloignées des objectifs d’une croisade se voulant vertueuse. Cependant, si l’initiative de Donald Trump était vraiment suivie d’effets, un nouveau palier serait franchi annonçant de nombreux bouleversements géopolitiques. Elle donne en effet à la puissance américaine une base juridique inédite à des interventions futures tout en rompant en partie avec les orientations récentes des précédentes administrations qui avaient commencé à tirer quelques leçons des échecs du passé liés à la « guerre à la drogue ».
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